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Ccio, Gaspaccio

18h moins le quart, devant le Gaspaccio, le resto très branché de Bliss, le Car un cheval de Pastrik Couillard se stationnait. Aussitôt, le portier vint ouvrir la portière et, se glissant sur le côté, il fit une légère révérence de la tête et présenta l'allée d'un mouvement circulaire avec son bras. Il ne pipa mot. Après tout, le Commandant était un homme de l'élite.

Du Car sortirent treize hommes, le nombre nécessaire pour, en file, rejoindre la porte du restaurant. Aussi absurde que celui puisse être, vu la taille de la voiturette. Tous bien rangés au garde-à-vous, les soldats de Pastrik saluèrent haut et solennellement, tandis que le Commandant foulait le tapis rouge. Couillard était un homme qui aimait les procédures militaires. Allez à la guerre ou au restaurant n'avait aucune différence : il fallait toujours respecter la hiérarchie d'une haie d'honneur face au Commandant.
Cependant, Pastrik se garda bien de tirer les treize coups de canon, qui annonçaient un repas succulent...

Couillard était en tenu de soirée. Comme tous ses hommes, d'ailleurs. Un peu comme tout les jours en fait... Bien qu'il avait troqué son chapeau melon pour un haut-de-forme, qu'il avait ciré ses chaussures et assombri sa garde-robe, son apparence restait sensiblement la même. « La Chouette » était chic dans tous les cas, quels qu'ils soient.
Une lubie, paraissait-il.
Suivi de ses fidèles recrues les plus prometteuses, le soldat Poivrot et le caporal Baka, le Commandant pénétra l'établissement en grandes pompes. Un vacarme y régnait déjà, les serveurs servant difficilement dans cette foule. Les musiciens, en fond de salle, avait quelques difficultés à jouer paisiblement. Le contre-bassiste avait un air décontenancé.

On vint aussitôt à la rencontre des marines d'un grand sourire. Le grand patron lui-même — atteint de calvitie lustrée, la petite moustache et se tortillant sans cesse lorsqu'il se présentait devant des clients un peu trop célèbre — et quelques autres débarrassèrent le groupe de leur manteaux.

    - Commandant Couillard, qu'elle bonne surprise de vous voir ici ! Il y avait bien longtemps que vous — et vos recrues ! — n'aviez honooorés mon restaurant de votre présence fa-bu-leu-se ! Vous de-vri-ez venir plus souvent, notre cuisine ne cesse de s'améliorer, vous savez ? Puis-je vous servir un apéritif le temps que vous patientez, ce soir, c'est plutôt plein.
    - Nous avions une réservation.
    - Oh ! Laissez-moi vérifier. Mmmh. C... Couill... Non ! Désolé, aucune réservation à votre nom, Commandant !
    - ...
    - Hohoho ! Mais vous n'avez qu'à patienter un peu, le temps que je vous serve un plein , ce soir, c'est plutôt apéritif...
    - CAPORAL BAKA ! JE VOUS AVAIS ORDONNÉ DE RÉSERVER ! OÙ EST CETTE FOUTUE RÉSERVATION ?!
    - Je ne sais pas Commandant, pourtant, j'ai bien réservé. Réservé sous votre nom, Commandant. Avec un C majuscule, comme vous me le précisez sans cesse, Commandant.
    - Et quel nom, abruti ?
    - Eh ben... Commandant, Commandant !
    - Oh ! Laissez-moi vérifier. Mmmh. C... Comm... Oui ! Voilà, ici, table réservée pour Commandant, table pour quatre. Quelle drôle d'idée de réserver sous Commandant...
    - Ah, vous savez, lui...
    - Eh, vous savez, moi...
    - Et vos hommes, n'ont-ils pas de table ?
    - Hahaha! Ils n'ont même pas de quoi se payer le repas !... Servez-leur donc un temps puisque c'est plein ce soir, l'apéritif de patienter.

Et Couillard de s'attabler seul.


♥♥♥♥♥

Une sublime créature se présenta au Gaspaccio. Elle portait une robe noire nuit, bleu sombre dans les reflets des lumières de l'entrée, sous une imposante fourrure sombre qui auréolait son doux visage. Mis à par les deux mèches tombantes, le reste des cheveux étaient ramenés en chignon lâchement serré ; sobre mais efficace.
Sur ses hanches arrondis, son fessier rebondi, le tissu étincelait également. Épaules et dos nus, les bras étaient cependant couverts jusqu'aux bouts des doigts. La robe, digne des galas, se fendait sur le cuisse droite, un peu plus haut que le genou, jusqu'au bas — en coupe diagonale, le côté droit étant plus long que le gauche.
La jolie femme se présenta à l'accueil et fut dirigé vers une table ou deux hommes en costard l'attendaient déjà. Une dame qui savait se faire désirer. Elle et son teint pêche.
Lorsqu'elle marchait, ses pieds qu'on aurait cru nus — mais sur des talons très fins, un peu comme une sandale de diamant surélevée — produisant un son cristallin. Les têtes des messieurs se retournaient sur son passage et celles des dames la jalousaient.

Pourtant...

    - *Gromf* Pastrik, Cul-d'poule, m'v'là, tch.

Old Crow s'écrasa les jambes ouvertes sur une chaise retournée, l'air bourrue ; elle mâchouillait sa pipe d'une façon garçonne. La robe craqua.
    Mavim aurait pu sourire à la vue du visage de Couillard si les muscles nécessaires à cette action existaient sur son visage. Ou s'il l'avait vue. Son regard était en effet plongé au fond du verre de vin qu'il remuait, perdu dans ses pensées...

    C'étaient les même raisons qui l'empêchèrent d'éclater de rire face à l'expression de la demoiselle accompagnant le commandant. Le lieutenant sorti de sa torpeur, le temps de réveiller les autres.

    "Bon, et si nous passions à la salle à manger, maintenant que nous sommes tous présents."

    Ignorant l'expression de la recrue Sarah, probablement poussée un peu plus à bout par le fait de devoir se relever juste après s'être assise, Sebastian emporta son verre de vin vers le lieu où le repas serait servi. Les sons provenant de la grande salle se turent dès que les portes se refermèrent, et débuta alors un festival de serveurs de blanc vêtus, paradant avec des plats aussi raffinés que les sous-vêtements d'une princesse. Et le commandant continuait de faire tourner son vin sans le boire.

    Tout ça avait été trop simple.

    Les révolutionnaires, l'embuscade, les quais... Quelque chose clochait. C'était peut-être le fait que tout c'était passé comme il l'avait prévu... Ce n'était pas habituel, il aurait fallu un élément perturbateur, une peau de banane mal placée, un trou dans les pavés, un dragon... Bref, quelque chose.
    Mais non, tout c'était passé comme sur la partition. Aucune fausse note. Rien.

    "Mavim ? Vous n'voulez pas répondre à mademoiselle ?"

    "Hein ? Quoi ?"

    La question que Sebastain n'avait pas pu entendre concernait le déroulement de sa mission. Et en effet, il n'avait pas vraiment envie d'y répondre. Il s'exécuta tout de même, retraçant chaque étape du déroulement. Il ne manqua pas de remercier le commandant pour les troupes du Bellissime.

    Musicalement parlant, la réaction de Couillard était l'équivalent d'un triton diabolique.

    "Comment ? Je n'ai envoyé personne, il n'y a même pas de navire de ce nom au port..."

    Si vous avez déjà vécu l'expérience de passer d'un état d’ébriété à celui de gueule de bois sans passer par l'étape de sommeil comateux qui se situe entre d'habitude, vous avez une chance de comprendre ce que Sebastian vécu à l'instant.
    C'était un peu comme de se faire réveiller par une claque monumentale, en plein air et de s'arrêter sur le sol la seconde suivante, sans les fractures et tous les bruitages ennuyants qui vont avec. La seule différence avec la gueule de bois était, qu'à la place du mal de tête habituel, c'était une clarté d'esprit plus que parfaite. Parfaitissime s'approcherait autant qu'imperfectible, mais ce ne serait toujours pas suffisant.
    Par exemple, Sebastian ne se demanda pas pourquoi cela lui arrivait. Il savait que c'était à cause de sa carence en alcool. Il ne se demanda pas non plus depuis combien de temps il n'avait pas bu, vu qu'il savait parfaitement que cela faisait trois heures et cinquante-huit minutes. Il savait aussi combien de secondes, mais contrairement à un maniaque qui les aurait énumérée les unes après les autres pendant un certain temps, il savait que cela n'était qu'une perte de temps dont la fonction était un simple effet de style.

    Donc, à la place, son esprit alla directement à la conclusion auquel un dédale de question l'aurait mené. C'est à dire: l'équipage du Bellissime sont des révolutionnaires déguisés en marins qui vont libérer ceux qui sont prisonniers et tenter de détruire la base marine de l'île avant d'étendre leurs forces au reste de Bliss. L'opération était audacieuse, et d'autant plus géniale. La marine ne serait pas sur ses gardes, et se ferait aisément submerger par un nombre restreint d'hommes.

    Sebastian vida son verre d'un trait, attrapa la bouteille, la considéra un moment, puis lui infligea le même sort qu'à son prédécesseur. Il se leva et se dirigea vers la porte en déboutonnant sa chemise minutieusement. Il aurait pu l'ouvrir d'un coup sec, mais cela aurait fait voler les boutons partout dans la salle. Cela aurait provoqué du désordre. Sous la chemise se trouvait, signe irrévocable que l'ordre allait agir, l'armure du lieutenant Mavim.

    "Recrue Sarah, debout, nous allons bientôt subir une attaque de la part des révolutionnaires."

    "Mais, Mavim, pourquoi vous... ? C'est insensé ! Et même si c'était possible, avec quels hommes arrêteriez-vous cette attaque ?"

    "Ceux que vous m'avez confié, bien entendu."

    Couillard reçu l'équivalent Mavimesque du rictus du héros de cinéma sûr de lui. C'est à dire, un sale tronche. Sebastian poussa les portes de la salle à manger ouverte sur un spectacle désastreux. Dans la grande salle, plus d'une centaine de marins d'élite en court de formation ripaillaient joyeusement. Le lieutenant grimpa sur une table et, concédant cette petite victoire au désordre, ramassa deux bouteilles vides qu'il éclata l'une contre l'autre. Il savait que c'était la seule façon qu'il aurait d'attirer l'attention de la foule.

    "Messieurs, nous reprenons du service. Je vous veux tous, dans cinq minutes, dans la cours centrale de la base. MARCHE ! Recrue Sarah, quant à vous, faites un détour par le port. Cherchez le Bellissime et assurez vous qu'il ne quitte pas l'île. Une fois que vous aurez terminé, rejoignez nous à la base."

    "Mavim ! Pourquoi au nom du diable donnez vous des ordres à ces hommes ?"

    "Vous avez la mémoire courte, commandant. Vous ne vous souvenez pas ? Vous les avez placé vous-même sous mes ordres ce matin même..."

    "Très bien, mais alors dites-moi, QUE FONT-ILS ICI ?!"

    "Réfléchissez..."

    En quelques secondes, le Gaspaccio se vida, ne laissant que Couillard, la femme qui l'accompagnait, le personnel et un désordre que seule une section militaire peut laisser derrière elle. Le commandant n'en revenait pas. Ce n'est qu'après avoir, d'une manière absente, signé la note qu'on lui tendait qu'il comprit ce qu'il venait de se passer.

    Mavim avait promis de partager ses éventuelles récompenses avec ses hommes.
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    Ah voilà, Mavim, tu savais finalement parler aux femmes !

    Crow se leva sans attendre. Le mot attaque résonnait entre ses oreilles comme une sourde colère pouvait faire trembler ses poings. Elle respirait bruyamment, un peu étouffée par sa robe de gala. Sa lourde poitrine se soulevait difficilement donc, et menaçait de faire sauter les quelques coutures qui tenaient tant bien que mal de soutenir le tout. Crow n'en avait que faire. Elle mâchouillait sa pipe d'un air rageur. L'ordre du lieutenant donné, voilà qu'elle fonçait aussi vite qu'elle était arrivée, la main devant comme un bon joueur de rugby, déplaçant toute personne qui tenterait de l'empêcher d'avancer. D'ailleurs, on ne se mit plus dans son chemin une fois que les portes du Gaspaccio s'ouvrirent dans un vacarme digne des plus grands orages.

    Pour la première fois depuis qu'elle avait rencontrée Mavim, la recrue Sarah, en bon soldat, avait compris ce que Mavim avait bien voulu ordonné. Pas de mots d'ombre dans sa phrase, c'était clair comme de l'eau de roche ! « Faire un détour au port pour y arrêter le Bellissime. » Rien de plus simple ! Old Crow était d'ailleurs bonne dans la casse. La proue comme le mât central ne résisterait pas à la tornade qu'elle reproduirait !


    ♥♥♥♥♥

    Old Crow était une femme qui fonçait tête baissée, sans se questionner, qui répondait parfaitement aux exigences du chien de poche de la Marine, bien qu'elle avait un caractère explosif. Aussi, lorsqu'elle arriva au port mais qu'elle ne trouva pas trace du Bellissime, elle empoigna le premier gusse sous le bras et le brassa un peu avant de lui gueuler qu'elle devait détruire ledit bateau. Malheureusement pour le pauvre garçon, il ne sut quoi répondre pour apaiser la colère de la dame. Old Crow l'écarta et continua son chemin, laissant derrière elle le garçon tout déboussolé.

    Elle avait beau arpenter de long en large les quais, pas une seule embarcation qui ressemblait de loin ou de proche à un navire marine. Voilà qui était embêtant. Heureusement pour la brute, un soldat exécutait sa ronde et elle alla se présenter à lui. Sans même faire le salut traditionnel, elle explosa :

      - J'dois détruire un navire, j'dois détruire un navire ! T'as pas vu l'bateau qu'était just' là ? Hein ? Hein ? Hein ?
      - Holà ma p'tite dame, on va s'calmer un peu et m'expliquer ce qui se passe. Y'a personne qui va détruire un bateau lors de ma ronde. Donc on se calme et on répète.
      - Tch. Des révolutionnés. Plein un bateau. J'dois les casser.
      - Je vois. Mmmh. OK, et votre nom madame ?
      - Crow. Sarah X. Crow.
      - Crow... Mmmh. OK, je vais faire un rapport à la base marine. Après ma ronde, vous voudriez pas m'accompagner prendre un verre ?


    ♥♥♥♥♥

    Un soldat encastré dans le mur plus tard, Crow rejoignait la garnison de Mavim, furax. Elle longea le chantier de construction navale et des hommes la sifflèrent. Old Crow leur lança un regard assassin qui les refroidit aussitôt.
    Elle dégomma d'un coup de pied les gonds des portes et se présente au lieutenant les pieds très larges. Bras croisés, elle remonte sa poitrine. Sa robe craque encore.

      - MAVIM ! Y'était pas là, ton bateau ! J'ai cherché hein. J'sais pas où y'est passé. J'ai même posé la question. À deux gamins... I'savaient pas. Pourtant, j'ai ben fait c'que tu m'as dit hein : j'suis d'abord venu à base pour faire mon détour par l'port. Pis y'était pas là.

    Tsé, pour une fois où elle faisait ce qu'on lui demandait.
      Merci, recrue Sarah.

      Sebastian était assis en face d'un individu qui ne portait plus le masque couvrant son visage quelques heures plus tôt. Ce dernier ne faisait plus trop le malin maintenant que son visage était à découvert. À vrai dire, son attitude avait radicalement changé. Il suait, tramblait dans ses menottes et béguayait en parlant. Et, surtout, il ne prévoyait plus à l'avance ce que le lieutenant (ignorant toujours la propomotion surprise que lui réservait Couillard).
      Mais il ne parlait pas.

      "Recrue Sarah, je suis sincérement désolé de vous avoir fait perdre votre temps, et je comprend votre frustration. J'essayait justement de faire comprendre à cet homme qu'il pourrait nous faire gagner du temps en nous disant où se trouve le navire des révolutionnaires et d'où ils sont tous venus."

      Mavim se releva, se tourna vers Crow et la fixa dans les yeux. Il y avait toujours ce petit quelque chose que les autres marins n'avaient pas. En fait, ce petit quelque chose remplissait maintenant ces yeux à ras bord. Peut-être que cela avait quelque chose à voir avec la violence de la recrue... Enfin, il aurait bien l'occasion de le comprendre s'il avait à passer plus de temps avec. Sinon, ce serait le problème de quelqu'un d'autre.

      "Sarah, je crois que vous pourriez vous montrer plus persuasive que moi. Je vais donc vous laisser en tête à tête avec cet individu."

      Sebastian sorti, ferma la porte et s'appuya contre le mur à côté. Les soldats qu'il avait posté devant la cellule du reste des révolutionnaires lui jettaient des regards, visiblement mal à l'aise en sa présence. Ignorant ces marines, le lieutenant sorti un cigare et l'alluma. Le goût du vin s'adoucit un peu et laissa sa place à celui du tabac. Il se mit à réfléchir...

      ...Il ne c'était encore rien passé. Aucune tentative d'évasion, pas de rebellion quelconque, pire même, l'équipage du Bellissime avait disparu de la circulation. C'était ça, ou ils c'étaient parfaitement fondus dans les rangs des marins. C'était mauvais. Il avait fait attention de ne pas soulever l'attention jusqu'à maintenant...
      Fiiiiiiii

      ...Les plans des révolutionnaires devait donc toujours être en marche. Mais il ne parvenait pas à se figurer comment ils allaient agir. Tous les soldats de garde étaient en service depuis plusieurs années, et leur dossier était aussi irréprochable que pouvait l'être celui d'un marin de garnison: après l'avertissement pour être rentré à la caserne saoûl, la pire sanction devait être une corvée de chiotte pour s'être trompé de régiment après une soirée sensiblement trop arrosée...
      Fiiiiiiii

      ...Ce qui signifiait qu'un élément lui échappait. Il se repassa la journée en revue. Le rassemblement, la division, l'embuscade, le souper avec Couillard...
      Fiiiiiiiiiiiiiii

      "Est-ce que vous pourriez arrêter ce sifflement ? C'est vraiment perturbant !"
      Fiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii

      ...L'embuscade: le canon. Il avait oublié le canon !
      ...

      KABOUM


      Mavim réussit à trouver la poignée de la cellule dans la poussière qui volait dans l'air. Il entra dans la cellule où se trouvait l'ex-masqué et la recrue Sarah. Les murs étaient intacts, à l'exception d'un coin qui était tombé dans l'explosion. Sebastian se précipitat vers ce coin afin de voir ce qu'il se passait à l'extérieur. Les révolutionnaires courraient dans la base de la marine. Ils ne se dirigeaient pas au hasard, loin de là. Sebastian attrapa son arbalète, chargea un carreau explosif sur le fil déjà tendu se mit en joue, et tira dans la foule de révolutionnaires.

      "Sonnez l'alarme, on a une évasion !"

      Sebstian fit signe à Crow de le suivre pendant que les autres s'occupaient d'alerter le reste de la base. Ensemble, ils retrouvèrent le reste des recrues d'élite. Les bavardages allaient bon train, mais ils étaient toujours sagement en rang, en train d'attendre qu'on leur donne des ordres.
      Quelque part derrière le batiment, une seconde explosion se fit entendre.

      "Messieurs, tous à l'armurerie. Le dernier arrivé cire les bottes de toute la compagnie. MARCHE !"
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        - Comme tu veux, cul-d'poule ! répondit à son lieutenant la recrue Sarah, un très grand sourire sur les lèvres, le poing gauche dans la paume droite d'un claquement sec.

      Voilà qui terminait bien la journée : une petite interrogation avec le champ libre. Sebastian fermerait les yeux sur ce qu'il entendrait — peut-être — et nierait les actes de la recrue — elle l'espérait. Il faisait le bon choix.
      La porte se refermait dans un grincement sinistre, le fin carré de lumière se dissipant peu à peu, pour ne devenir qu'une raie au sol, léchant les getas de la belle. D'ailleurs, l'ombre de Mavim s'étira en biais dans la lumière et assombrit encore plus la petite salle. Une ambiance pesante. Crow, invisible pour le masqué démasqué, posa ses deux mains sur les accoudoirs de sa chaise et approcha au maximum ses lèvres de son oreille. Elle ne parla pas, néanmoins. Elle ne respirait pas non plus, enfin, pas dans son oreille. Elle ne faisait que doucement ricaner, très bas, presque inaudible. Mais d'aussi proche, la basse risée se répercutait contre les tympans de l'interrogé. Et des sueurs froides lui coulèrent le long de l'échine.
      La belle appuya alors de sa paume sur l'une des menottes, enfonçant le métal froid dans la chair de son poignet, pour y laisser une belle marque rouge. Elle y mettait du coeur, à son ouvrage...
      G. gigota généreusement. Mais tint bon pour ne pas crier. Après tout, ce n'était que le début.

      Old Crow recula son buste et empoigna les bras tendus le col du démasqué masqué. Elle le souleva sans peine, bien plus haut que sa tête, la chaise suivant malgré elle — menottée au prisonnier. Crow devina que sa victime lui lançait un regard apeuré. Elle en profita donc.

        - Where the others going?! fit-elle d'un anglais très grave.

      Et sans laisser le temps de répondre, elle le lâcha et il s'écrasa sur ses genoux. Elle ne lui laissa même pas le temps de prendre conscience de l'état de ses genoux. Et hop, une nouvelle fois dans les airs.

        - Answer me!! gueulait-elle, le ton très grave.

      Cette fois, avant de le laisser durement tomber au sol, elle le lança un peu dans les airs, pour que la descente soit plus longue. Les genoux fracassèrent durement le sol, mais avant que la tête ne suive, Old Crow récupéra son client. Une nouvelle fois, elle le monta très haut.

        - Are you sure?! demandait-elle d'un air très grave.

      La chute, l'autre la devina et se réceptionna tant bien que mal sur ses jambes, avant de s'écrouler. Mais le pied de la belle le cueilli au ventre et il valdingua vers l'arrière, la chaise suivant malgré elle.
      Old Crow alla le récupérer au côté du mur et le releva, cette fois d'un seul bras.

        - WHAT?! cria-t-elle très grave.

      Son autre main vint serrer son genou et elle le catapulta au-dessus de son épaule. Avant qu'il ne touche le sol, elle attrapa la chaise et il fut drôlement suspendu — un bras tordu dans son dos, son omoplate un peu trop sortie.

        - I repeat : where were the others going?!
        - Mmm... mmm... mh,
        fit l'autre, d'un ton aigüe.

      Old Crow agrippa mieux la chaise, et d'un tour de force, vint plaquer ses quatre pattes au sol. Le corps du (dé)masqué s'y cala, d'une parfaite position. De deux claques, elle le réveilla un peu. Enfin, c'était son objectif, mais il ne fit que cracher une dent. Enfin, elle ne la vit pas mais l'entendu cracher et le son de quelque chose qui rebondissait au sol.
      Crow agrippa solidement la mâchoire du révolutionnaire. Elle serra, lui tordant le visage de douleur. Ses lèvres ressortaient de sorte à ce qu'il ne puisse plus parler. On voyait ses dents. Enfin, pas dans le noir.
      Old Crow rapprocha son visage pour le fixer. Malgré la pénombre, on distinguait le regard de la tortionnaire. Les deux paires de lèvres étaient indécemment trop proches.

      Puis elle relâcha tout d'un coup, et lui attrapa le chignon à la place. Elle lui laissa le temps de reprendre son souffle, néanmoins.

        - J'te dirai pas.
        *CLAQ*
        - J'te dirai rien.
        *CLAQ* *CLAQ*
        - Aouch. C'est bon, c'est bon, j'vais te dire ! Frappe plus !
        *...*
        - GAHAHAHAHA ! G. GAGNE TOUJOURS CONTRE LES GROSSES GONZESSES, GAHAH*
        *CLAQ* *CLAQ* *CLAQ* *CLA-CLA-CLA-CLA-CLA-CLA-CLA-QQQQQQQ*
        *SAN-G*
        - Kof kof. Kof. Peuh. Pas juste.
        *CLA...*
        - OK OK, c'est bon ! Ils sont tous proches... Ils devraient déjà être là...
        - Quoi ?

      La fragmentation vint éclater le mur et projeta une vive lumière dans la salle. Soufflée, Old Crow s'écrasa contre le mur, sans pouvoir faire autrement. Également soufflé, G. se retrouva inconscient lorsqu'ils se frappa durement le crâne contre un débris. Old Crow, aidée de Sebastian, se remit sur pieds et s'épousseta, se boucha une narine pour souffler du sang de l'autre. Elle laissa G. roupiller et partit à la suite de son lieutenant.


      ♥♥♥♥♥

      En rang serré, les marines accourraient dès qu'ils voyaient la petite formation de Mavim courir dans la panique générale. Sous des ordres criés, c'était la second fois aujourd'hui que Bliss était chamboulé. Cette fois, la peur était bien plus grande ! Déjà, les révolutionnaires étaient armés et avaient une longueur d'avance.
      D'ailleurs, lorsqu'ils arrivèrent aux portes de l'armurerie ouvertes par un coup de pied sauté de Crow, la petite troupe de marines le trouva vide des plus gros morceaux. Un trou béant débouchait de l'autre côté. D'un regard complice avec Mavim, Old Crow s'élança au travers.

      Suivant le chemin qu'avait laissé derrière eux les révolutions — soit du sang et des coups de feu — Old Crow déboucha au port, annexé aux docks du chantier. Les flammes montaient déjà haut, des plus puissants navires prêts à mouiller, et les matelots présents, ou les ouvriers, tentaient de les étouffer grâce à des chaînes de sceaux d'eau. Au loin, sur l'horizon, se profilaient les bâtiments révolutionnaires victorieux. Avec eux, le faussement marine Bellissime.
      Ils naviguaient vers une destination prévisible. Old Crow, de sa grande vie sur cette blue, devinait où...

      Un jeune soldat, servant d'abord et avant tout de messager dans la garnison, vint trouver la brute sur les quais. Elle avait tout de même fière allure, les poings sur les hanches, la chemise et les cheveux au vent. La fumée noire semblait l'ignorer, virevoltant plutôt au dessus de sa tête. Elle mordillait sans pire, éteinte.

        - C'est... Ouf ouf.... C'est le lieutenant Mavim qui m'envoie. Le prison*
        - Mouais. J'arrive. Laisse-moi l'temps d'fumer un peu. Puis j'arrive.
        dit d'un ton perdu au large la recrue Sarah.
        "C'est c'la commandant, une grande partie des prisonniers ont réussi à s'échapper. Par chance, j'ai réussi à arrêter l'homme qui semblait les diriger."

        Pastrik Couillard hocha la tête. Le rapport de Sebastian Mavim s'annonçait plein de surprises. Le marin d'élite repoussa le souvenir de son humiliation au restaurant pour se concentrer sur les évènements s'étant déroulés durant la soirée que le vieil homme en face de lui allait relater.

        "Semblait ? Vous n'êtes pas certain de son rôle ?"

        "En effet, mais j'y viendrai plus tard. J'ai laissé la recrue Sarah partir de son côté. Il aurait été contre-productif d'essayer de l'en empêcher. J'allais me lancer à la poursuite des évadés avec le reste des hommes quand je me suis souvenu qu'on avait laissé l'homme masqué dans sa cellule. Je me suis donc séparé du groupe afin de voir ce qu'il en était."

        "Laissez moi deviner: envolé ?"

        "Presque. J'ai juste eu le temps de le voir fuir avec une poignée de ses hommes. Je les ai suivis. Ils étaient tous habillés de la même manière: de grands manteau noir avec de larges chapeaux. Ils se dirigeaient vers le port. Je pense qu'ils ont été surpris par notre réaction: ils devaient prévoir une plus grande désorganisation parmi nos rangs."

        "C'est vrai, sans votre spontanéité, ils auraient bien pu prendre la base. S'il vous plait, pourriez-vous vous abstenir de boire dans mon bureau ? Ce n'est pas très professionnel."

        Mavim ignora la requête et pris une longue lampée du breuvage contenu dans sa gourmette.

        "Je vous prie de m'excuser, c'est médical: troisième page de mon dossier."

        Sebastian rangea le flacon dans un des recoins de son armure, se redressa et repris:

        "J'ai donc suivi les fugitifs dans les ruelles, tentant d'identifier lequel d'entre eux était le leader. Aucun ne portait de masque, et c'est quand ils sont arrivés sur la place du port que j'ai réussi à entrevoir son visage. Il courait en dernière position, sans plus attendre, je l'ai arrêté."

        Couillard se pencha en avant, une question lui venait à l'esprit.

        "Ils devaient être bien en avant, comment vous y êtes vous pris pour l'arrêter à une telle distance ?"

        "Une combine à moi: vous prenez une corde, l'attachez à un carreau d'arbalète et à un objet qui ne bougera pas. Ensuite, il vous suffit de tirer à hauteur du cou pour que votre homme se retrouve les quatre fers en l'air sans comprendre ce qui lui arrive."

        "Et les autres ne se sont pas arrêtés pour le relever ?"

        "C'est ce qui me fait douter de son rôle dans cette opération. Cela et autre chose-"

        "S'il vous plait Mavim, rangez ce cigare. Je suis au courant pour l'alcool, mais s'il vous plait, pas de tabac."

        Sebastian remit le cylindre à sa place avant de reprendre.

        "Et autre chose donc. Vous vous souvenez du masque que l'homme portait ? C'est à cause de lui que nous avons suspecté qu'il s'agissait du chef, ça et le fait qu'il donnait des ordres, bien entendu. Comme je l'ai dit, aucun d'entre eux n'en portait à ce moment là. Et lorsqu'ils ont remarqué que leur comparse était à terre, l'un d'entre eux c'est retourné, m'a regardé et a enfilé le masque."

        Couillard était dubitatif. C'était parfaitement compréhensible: il avait l'impression de se trouver au milieu d'un drame. Ses adversaires se comportaient comme des acteurs, profitant de la moindre occasion pour marquer l'instant d'un geste théâtral.

        "Vous êtes en train de me dire que leur leader était un faux ? Ils vous a regardé: est-ce que vous avez reconnu cet homme ?"

        "J'ai déjà donné son signalement. Il se nomme Gérard."

        ***

        De retour dans sa cellule, la chaise du prisonnier était régulièrement secouée par des sursauts dus au stress. Il était exténué et tentait aussi fort qu'il le pouvait de résister à l'envie de dormir. Il regarda autour de lui: la pièce était plongée dans l'obscurité profonde qui précède les premiers rayons du soleil. Dans le fond de ses entrailles, le prisonnier savait que dès qu'on lui poserait la question, il dirait tout. Il avouerait que Gérard était bien celui qui avait mis cette opération au point. Il dévoilerait aussi que leur base se situait sur le Cimetière d'épaves et les différentes activités qui s'y tramaient.
        Dans les ténèbres, une allumette craqua, et alla allumer le bout d'un cigare.

        "Très bien, je vois que t'es réveillé. Si on reprenait notre petite discussion ? Ou bien tu préfèrerais parler à ma collègue ?"
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