Le Deal du moment :
Aliexpress : codes promo valables sur tout le site
Voir le deal

Détournement qui tourne mal.

Le Royaume de Novus, un endroit pouilleux appartenant au Gouvernement Mondial et tirant sa richesse de sa position relais entre West Blue et South Blue. Le schéma que l'on y retrouvait était classique, une élite aristocratique accaparait l'essentiels des bénéfices tirés des impôts sur le transit de marchandises, la majeure partie de la population vivait dans une misère tolérable, suffisamment bien pour ne pas se plaindre et suffisamment mal pour ne pas être heureux.
Enfin bref je n'étais pas ici pour me lancer dans une diatribe anti gouvernementale, d'un geste je portais la bière à mes lèvres et en avalait une gorgée pour constater que le tavernier la coupait avec de l'eau. Je la reposai en tirant une grimace puis reportait mon attention sur les lieux qui m'entouraient, un bar miteux de la ville portuaire, quelques marchands discutaient à une table tandis qu'au bar des pêcheurs noyaient leurs soucis dans l'alcool, quant à moi je me tenais dans l'ombre seul à ma table à observer ce beau monde. J'engloutissais les quelques piécettes qui me restaient en une série de bières salvatrices après le long voyage de retour depuis West Blue quoique à y penser une compagnie féminine n'aurait pas été de refus. D'un geste je tâtais ma bourse, celle contenant les pièces, puis me passait la main dans les cheveux, les folies ne seraient pas pour cette fois. Qu'importe je n'étais pas ici par hasard mais bien pour me refaire une santé financière, et pour cela mon plan était simple mais ingénieux même si certains aurait dit complètement fou, qu'y a t-il de fou à détourner un cargo ? Hmmm eh bien c'est vrai que seul cela peut paraître osé mais tout est question de préparation.

Mais pour l'heure fini de débattre intérieurement, mon gibier était levé. Un des marchand du bar venait en effet de se lever et sortait du rade pour emprunter les ruelles, des espaces étroits et puant mais surtout mal famé, sans me presser je me levais et marchais à sa suite en prenant soin de garder une distance certaine.
La nuit était fraîche et des nuages obscurcissaient les rayons de la lune créant une obscure danse sur les masures encadrant les voix de circulation, mon but était de ne pas éveiller les soupçons de ma cible je restais donc hors de son champ de vision me risquant de temps à autre à un regard en travers d'un angle de rue, le petit jeu allait finalement toucher à sa fin au bout d'un petit quart d'heure.
Subitement quatre brutes surgirent des ténèbres pour encercler le marchand et le sommer de se délester de ses biens et ce à grands renforts de coups et d'insultes, sans attendre je dégainais ma fidèle rapière et m'élançais sur les gredins. Quelques passes d'armes et les gibiers de potence s'enfuyaient comme des dératés d'où ils étaient venus me laissant avec un homme transpirant la reconnaissance, tout se passait à merveille et mes acteurs avaient bien mérité leur salaire

-Vous m'avez sauvé la vie jeune homme, ces fripouilles avaient l'intention de m'égorger j'en suis certains, votre intervention tient du miracle et je tiens à vous remercier.

L'homme me fourra une bourse dans la main en insistant pour que je l'accepte le tout soutenu par un sourire figé. Il semblait visiblement désireux de se débarrasser de moi le plus vite possible, ah la nature humaine.

-Eh bien je ne peux accepter, je n'agis point par appât du gain, je fais seulement ce qui me semble juste, en revanche je suis prêt à gagner mon salaire. Je ne suis qu'un marin désœuvré si vous aviez quelques travaux à m’offrir nous serions quitte.

Comme prévu j'avais fait mouche car le marchand repris aussitôt sa bourse flairant une bonne affaire, il m'observa quelques instants mais finalement il vint à bout de sa méfiance et me serra la main en affichant un sourire resplendissant.

-Ahah qui aurait cru que je rencontrerais un homme d'une telle honnêteté en ces lieux sordides, eh bien figure toi que c'est également ton jour de chance mon ami car je t'engage comme matelot sur mon navire. Je me nomme Jack Blackapple et mon vaisseau est un cargo, l'Abondance qu'il s'appelle, nous faisons voile dès demain vers le royaume de Saint Urea alors présente toi à l'aube et tu intégreras l'équipage. Quant au salaire et aux menus modalités nous verrons cela plus tard.

J'acceptais l'offre avec joie bien évidemment tandis que cet idiot ne se doutait pas qu'il venait de faire entrer le loup dans la bergerie. Je n'avais pas choisi le bon vieux capitaine Jack par hasard, je m'étais au préalable renseigné durant plusieurs jours dans diverses tavernes afin de connaître ce qui se disait sur les hommes importants de passage à Novus et ce que j'avais appris sur ce Blackapple était édifiant.
Une ordure et un rapiats qui n'hésitait pas à économiser sur le confort de son équipage, des pauvres hères sous payés et qui haïssaient leur capitaine. Mon objectif une fois à bord était de monter une mutinerie pour m'emparer du navire, le voyage jusqu'à Urea prendrait plusieurs semaines et j'aurais ainsi tout le loisir de jouer mes cartes. Bien évidemment si cela ne fonctionnait pas il resterait la manière forte, après tout ce n'était que des matelots pas des combattants mais ce genre de coup d'éclat ne devait avoir lieu qu'en dernier recours.
Pour l'heure je regagnais la taverne pour prendre quelques heures de repos bien mérités en attendant les premiers rayons du soleil.
    Le soleil illuminait une journée qui s'annonçait sous les meilleures hospices, une chaleur agréable berçait le port tandis que dans le ciel se faisait entendre le piaillement des mouettes et autres oiseaux marins, une journée qui respirait l'aventure. Ayant rassemblé mes affaires je me rendais vers les quais, vers ma proie en train d'être grassement chargé de toutes ces marchandises pouvant se revendre une fortune sur le marché noir. A vrai dire l'intégralité de mes possessions se résumaient à mes habits et mes armes, cela donne une idée de la nécessite de réussir ce plan, en réalité détourner ce navire était également la seule solution que j'avais de me tirer de ce trou à rat qu'était Novus.
    L'Abondance était un monstre de bois aux armatures d'acier, sa coque arrondie lui donnait l'allure d'un homme gras ayant trop abusé des mets de ce monde, cependant malgré sa taille il conservait une vitesse raisonnable grâce à ses trois mâts. Le capitaine était justement à quai en train de surveiller le chargement des caisses lorsqu'il me vit arriver, il se montra bien moins chaleureux que la veille à croire que lui sauver n'était qu'une broutille que l'on oubliait aisément.

    -Eh bien mon garçon c'est à cette heure là que tu arrive ? Si tu veux travailler pour moi il va falloir montrer plus de bonne volonté, alors maintenant monte sur le pont et trouve un matelot nommé Gary, un grand rouquin, il va te montrer où tu dormiras puis redescend fissa pour aider avec les caisses.

    J’acquiesçais avec un resplendissant sourire et arpentait la planche reliant le port au navire. A bord régnait une certaine cohue en raison de l'imminence du départ, des matelots s'agitaient en tout sens aux cordages, la plupart au visage calleux et fouetté par les nombreux voyages, leur vêtements en guenille et chacun tirant une gueule d'enterrement. On ne m'avait visiblement pas menti sur ce cher Jack. Je balayais les alentours du regard jusqu'à trouver un grand type à l'abondante chevelure rousse et sale en train de s'affairer sur un cordage, j'allais le voir pour le saluer.

    -Oh là c'est toi Gary ? Jmappelle El, le patron m'a dit que tu pourrais me montrer où je dormirais.

    Le fameux Gary me toisa d'un œil mauvais avant de me faire signe de le suivre. On descendit aux ponts inférieurs, en effet l'Abondance était une véritable ruche comportant trois ponts inférieurs sous le pont principal, le premier des trois ponts comportait la cabine du capitaine à l'arrière ainsi que les dortoirs des officiers et la salle conservant les armes à bord. Le second pont était le dortoir des matelots, étroit et humide, ils dormaient dans des hamacs pour ne pas se faire attaquer par les rats dans leur sommeil, sur ce pont se trouvait également les cuisines du navire. Enfin le dernier pont, le plus vaste, conservait les nombreuses marchandises du navire. Gary désigna un hamac avant de remonter vers le pont sans un mot, pas commode le type, c'est alors que j'entendis une voix dans mon dos.

    -Fais pas attention à lui, il a bossé tellement longtemps pour le vieux Jack qu'il est devenu aigris, il se comporte comme ça avec tout le monde. Moi c'est Jimmy ravi de faire ta connaissance.

    L'homme en question était un jeune homme, un gamin devenu adulte à vrai dire, il me tendit sa main avec un sourire en coin. J'acceptais son salut avec joie lui rendant son sourire puis l'invitait à m'accompagner sur le pont.
    Au cours du trajet d'ascension j'en profitais pour discuter avec lui de l'équipage, connaître les personnes importantes ect..... Mais une fois sur le pont je tombais nez à nez avec un type portant un long imperméable mauve d'où dépassait à la taille un katana, il portait un bandeau cachant son œil droit tandis qu'une balafre verticale entaillait son front, plus haut se trouvait une abondante chevelure sombre décoiffé. Il me toisa de son œil froid avant de poursuivre sa route en me bousculant.

    -C'est qui celui là ?

    -Un chasseur de prime, le boss l'a embauché il y a plusieurs expéditions pour assurer la sécurité, il dit qu'il y a eu trop d'attaques de navires ces derniers temps.

    -Comme si un seul homme allait repousser un équipage pirate.

    -Te marre pas, j'ai entendu dire que ce type était une vrai terreur sur East Blue, il aurait massacré des groupes entiers de pirates et à ce qu'il parait y a pas plus dangereux que lui avec un sabre.

    Cette dernière remarque me fît me passer la main dans les cheveux, je n'avais pas prévu ce détail et cela compliquait tout. Je descendais aider au chargement tandis que mon esprit s'affairait à trouver un nouveau plan, la traversée ne serait pas de tout repos.
      Les journées à bord d'un navire de transport de marchandises n'avaient rien d’exaltantes, c'est le moins que l'on puisse dire. Nettoyer le pont, monter aux cordages, aider à la manœuvre de l'Abondance voila à quoi se résumer les tâches que l'on me confiait. Le capitaine Jack s'était complètement désintéressé de moi et ne me saluait que brièvement lorsqu'il me croisait sur le pont, chose rare étant donné qu'il passait l’essentiel de son temps enfermé dans sa cabine à siroter de l'alcool tout en jouant aux échecs avec quelques officiers de bord. Ces même officiers assuraient la direction complète du navire, donnant les ordres et tenant la barre, certains étaient appréciés des matelots mais la plupart étaient des incompétents que Jack pouvait se permettre de payer au rabais pour faire des économies.
      On touchait là au cœur du problème, les nombreuses "économies" de Jack. Ce dernier rognait sur tout, la nourriture, les matériaux, les salaires et même comme dit précédemment, la qualité de ses officiers. Autant dire que l'équipage le haïssait sincèrement et crachait sur son nom dès que les officiers avaient le dos tournés car il restait néanmoins celui qui versait leur maigres salaires aux familles de ces pauvres hères. Certains néanmoins lui vouaient une fidélité sans faille parmi les matelot, c'était le cas notamment du fameux Gary qui était l'homme de confiance de Jack parmi les matelots ainsi que son plus ancien employé.

      Quant à moi je m'intégrais au fur et à mesure de la traversée, sympathisant avec les hommes d'équipages au cour de parties de cartes où je perdais intentionnellement mon hypothétique salaire du voyage mais toujours avec le sourire et en racontant quelques bonnes histoires drôle. Dès la fin de la première semaine de voyage j'étais déjà venu ami avec la plupart des matelots, sur ce genre de traversée où le travail était rude les amitiés se nouaient plus aisément qu'à l'accoutumée. Toujours est il que je pouvais commencer mon travail de sappe en attisant l'hostilité contre le capitaine.
      Tout était une question de subtilité, d'abord pester discrètement contre des menus choses agaçant le plus grand nombre, la nourriture infect servis à bord, le confort misérable des dortoirs. Des sujets où tout le monde tombait d'accord et où le nom de Jack pouvait revenir régulièrement. Ensuite créer des altercations entre les officiers et les matelots, révéler au grand jour l'absence de compétences de certains. Lorsqu'une chose est su de manière officieuse son impact est limité car tout un chacun continu de jouer le jeu et de respecter l'autorité de la personne concernée mais une fois révélée, l'autorité vole en éclat et nul ne veut plus respecter l'officier. Ainsi se crée de menu mutinerie lorsque l'officier en question tente en vain de donner des ordres à des matelots qui refuse de l'écouter.
      Les premiers opposants furent envoyés à la cale pour purger un temps correctionnel mais en vain et face au nombre croissant de rebelles, les officiers incompétents se détournèrent peu à peu de leurs tâches pour s'adonner à l'alcool et aux jeux d'argent. Un capitaine compétent aurait pu retourner la situation mais Jack s'obstinait à ne rien voir et à rester cloîtrer dans sa cabine à compter le pactole imaginaire qu'il toucherait à Saint Urea.

      Le seul élément inquiétant restait ce fameux chasseur de prime, un certain Zangief. Un type effrayant et constamment silencieux qui aurait grandit dans North Blue pour ensuite gagner en célébrité sur East Blue. Toutes mes tentatives pour discuter avec lui s'étaient soldées par un mur de silence soutenu par son regard froid. Sans doute avait il senti quelque chose de déplaisant chez moi.
        Ma patience porta ses fruits car l'ambiance à bord du navire devint explosive alors que nous n'étions plus qu'à une semaine de Saint Urea. Même Jack s'en était rendu compte mais ses quelques interventions et tentatives de rapprochement avec les matelots avaient empirés la situation. Désormais il ne suffisait que d'une étincelle pour embraser l'équipage et cet événement survint sans que je ne l'ai prémédité.

        Visiblement ce cher Zangief avait fait part de ses mauvaises impressions me concernant car un petit matin deux officiers vinrent s'emparer de moi pour me jeter à fond de cale. Je restais là un long moment dans l'obscurité des entrailles de navires au milieu des caisses à attendre un quelconque signe de l’extérieur mais rien ne semblait se décider à arriver. Je passais et repassais ma main dans mes cheveux en craignant que mon plan n'ait échoué et que je me sois moi même jeté en enfer mais après tout que risquait il de m'arriver ? Ils me débarqueraient à Saint Urea et me diraient de ne plus remettre les pieds sur le navire, c'était probable et toutes ces rumeurs de mutins jetés aux requins n'étaient rien d'autre qu'une légende de marins. Je déglutis en pensant à la mâchoire d'une de ces bestioles se refermer sur ma cuisse.

        Toute attente à une fin cependant car un soir j'entendis des bruits venant des ponts supérieurs et peu de temps après la porte de la cale s'ouvrit laissant passer un type avec une lampe à huile. Mes yeux se réhabituèrent à la lumière et je pus finalement distinguer Jimmy qui en plus de la lampe portait ma rapière et mes couteaux qu'il me tendit d'un air grave.

        -C'est en train de barder là haut, moi et les gars on en a eu assez de se faire traiter en esclave et puis y a eu un incident avec un officier il nous a entendu parler du capitaine et a cru qu'on préparait une mutinerie, il a dit qu'il allait nous dénoncer et....enfin bref on a pris le contrôle des ponts inférieurs et de la salle des armes mais on aura besoin de ton aide pour le reste.

        Je saisis mes armes avant de me tourner vers Jimmy.

        -Le chasseur de prime où est il ?

        -Aucune idée on l'a pas trouvé mais si ce type est aussi balèze que dans les rumeurs on aura besoin de tout le monde pour le neutraliser.

        J’acquiesçais puis me dirigeais vers les étages d'un pas rapide, Jimmy sur mes talons. Il n'avait pas menti les trois ponts étaient sous le contrôle des mutins, des types aux regards paniqués qui tenaient nerveusement un fusil ou un sabre. Le dortoir des officiers était une vrai boucherie, des corps tailladés gisaient au sol ou contre un mur tandis que flottaient dans l'air le dernier râle des blessés. Les survivants de la révolte s'étaient réfugiés dans la cabine du capitaine qu'ils tenaient comme une place forte, le bon vieux Jack était avec eux visiblement car j'entendais ses cris à travers l'épaisse porte de chêne, des cris désordonnés où se mêlaient des propositions de négociations et des promesses de pendaisons, jusqu'au bout ce type se montrerait désespérant.

        -On a tenté d'entrer mais ils ont renversés les meubles et n'hésitent pas à tirer au travers de la porte, on a perdu trois types comme ça.

        -Je vois, on a de la poudre il me semble ? Envois quelqu'un me la chercher et envois quelqu'un prendre la barre également.


        Une dizaine de minutes plus tard deux matelots rapportaient avec eux un lourd sac de poudre, je saisissais une poignée que j'enfournais dans le vêtement d'un cadavre afin de confectionner un petit sac de matière explosive.

        -Avec ça on le place près de la porte avec une traînée de poudre et on pourra faire péter leur bunker à distance.

        Mais avant de pouvoir mettre le plan à exécution je fus interrompu par l'arrivée d'un matelot venant du pont supérieur, le pauvre bougre était en sang et il avait une plaie profonde au niveau du foie. Il parvint à articuler quelques phrases avant de s'effondrer sous les yeux effrayés des autres, les termes "Zangief" et "barre" se distinguèrent clairement et la panique s'empara de l'équipage.
          Le pont était désert et mortellement calme, après y avoir passé plusieurs semaines au milieu d'une activité débordante il y avait quelque chose de malsain dans ce silence. Au loin de sombres nuages semblaient se rapprocher à toute allure du navire, les signes d'une tempête qui s'annonçait mais pour l'heure c'était les signes d'une autre catastrophe qui m'inquiétait. Des traces de sangs et de coups d'épées parsemées le sol en direction des escaliers menant à la barre, je me dirigeais sans attendre vers ce que je savais être une situation mortelle, j'enjambais plusieurs cadavres pour finalement le retrouver, il était assis à même le sol en train de nettoyer sa lame.
          Son œil se fixa sur moi, il n'y avait aucune surprise dans ce regard, il m'attendait et au fond de moi je ressentais le même sentiment. Dès que j'avais vu cet homme j'avais su que nous finirions par nous affronter, il n'était pas le genre de type à se laisser abuser par des ruses tout comme il ne laisserait personne lui dicter sa conduite. Depuis le début ce projet de mutinerie me menait vers ce moment, un affrontement sanglant contre cet homme.

          -Tu savais toi aussi que ça finirait comme ça pas vrai ?

          -Ouais. Il cracha au sol avant de reprendre. T'avais rien d'un matelot je l'ai tout de suite senti, t'as ce regard, le regard d'un type qui a déjà tué et qui recommencera. Je savais que tu allais foutre la merde mais y a toutes ces conneries de lois et de bienséance. Là je me sens bien ! Plus besoin de réfléchir ou de faire semblant, juste trancher.
          Il éclata d'un rire rauque tandis que la pluie commençait à tomber, le courant nous entraînait droit sur la tempête bientôt le tonnerre se ferait entendre et la mer deviendrait furieuse, les chances de survie d'un navire en pleine mutinerie étaient minces.

          -Tu devrais me laisser prendre la barre, ces nuages n'annonce rien de bon, on pourra toujours régler ça après. Il arrêta de rire et son œil se refixa sur moi mais empli de fureur cette fois. Je vois, au moins la pluie lavera le sang.

          Un dernier sourire provocateur avant de sortir ma lame, à partir de ce moment tout devint flou, il se jeta sur moi et la mémoire musculaire prît le relais. Esquiver, parer et contrer, les lames dansaient sur le pont dans des éclats furieux tandis que tout s'obscurcissait autour, les ténèbres s'emparaient du ciel tandis que les vagues faisaient valser la coque du navire. Ce type était fort, plus fort que tous ceux que j'avais pu rencontrer jusque là, ce n'était pas une simple question de technique il possédait quelque chose que je n'avais pas, je pouvais le sentir dans son regard. Une expérience profonde surpassant la peur ou la soif du carnage.
          Ma lame racla le sol de bois pour s'envoler vers la garde de mon adversaire, mon attaque Fente portée à pleine puissance et comme prévu Zangief fût déséquilibré laissant une vaste ouverture, suffisamment vaste pour que je place Mortimer. D'un bond je fusais sur mon adversaire le dépassant pour réapparaître dans son dos, une giclée de sang éclaboussa le pont tandis qu'une entaille apparaissant dans le dos du chasseur de prime, il posa un genoux à terre tandis que je savourais mon triomphe. Même l'expérience d'un homme tel que lui restait vaine face à mon talent inné du moins c'est ce qu'il me laissa penser. Je compris mon erreur quand je vis son sourire alors qu'il se relevait, je fis un pas en arrière désarçonné par la situation et c'est alors qu'une douleur vive me transperça la poitrine. Du sang commença à couler abondamment d'une profonde entaille que j'avais au torse et que mon mouvement venait d'ouvrir, ce type était parvenu à retourner Mortimer contre moi, il avait eu le temps de me frapper durant le déplacement éclair et avait visé un point critique.

          Ma vision s'obscurcissait tandis que je tentais de m'agripper à la rambarde du pont, je sentais le roulis déchaîné de la mer, la tempête était en plein sur nous et pourtant mon principal soucis venait de cet enfoiré goguenard qui avançait droit sur moi en prenant son temps. Il agitait son sabre faisant de grands moulinets provocateurs pour finalement se ficher devant moi, son arme s'éleva vers le ciel tel un sinistre monolithe annonçant mon trépas et la foudre frappa à ce moment. Dans un craquement terrible l'un des mâts s'effondra sur le pont secouant la structure du navire, le choc m'envoya valdinguer ainsi que ce maudit chasseur de prime et à nouveau je me retrouvais à m'accrocher désespérément à une rambarde du navire. J'avais perdu de vue mon ennemi mais tout ce qui comptait désormais était de me redresser et atteindre la barre, il fallait à tout prix sortir de cet enfer si ce n'était pas trop tard. Malgré ma blessure je parvins à me hisser sur mes jambes et à rengainer ma rapière que je tenais fermement depuis le début du combat, un pas, deux pas vers la barre et la mer se déchaîna à nouveau. Une vague colossale balaya le pont du navire m'arrachant du plancher pour me projeter dans un chaos humide et sombre, je me souviens m'être débattu mais le courant me plia à sa volonté comme un fétu de paille. Je me réveillais étalé sur un tas de planches humides avec une furieuse douleur à la poitrine, mes yeux peinèrent à s'habituer à la lumière du soleil mais je parvins à distinguer le soleil à son zénith, autour de moi des formes monstrueuses et difformes qui au fur et à mesure que ma vue devenait plus perçante se révélaient être des carcasses de navires, j'avais déjà entendu parler de cet endroit. Le cimetière d'épaves.