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Une vie tranquille

Serena, l'aurait pas du. Serena, l'a déconné grave. Et Serena, l'marche pas droit, Serena...
L'veut plus dire « je » pour parler d'elle, Serena. L'a trop mal à l'orgueil, encore plus au p'tit sac qu'elle se traîne, là, dans sa tête, qui s'appelle fierté. Fierté de qui de quoi et d'où, l'sait pas. Mais l'est là, lui permet d'vivre, d'gueuler quand l'monde l'agresse. Ou a l'air d'l'agresser.

Putain de bordel de merde, mais pourquoi est-ce qu'il faut toujours que ça tourne autant ?

Tourner ? Héhé. L'a fait qu'ça, Serena, d'puis qu'elle a du galon aux épaules. Au nord, au sud, à l'est, à l'ouest. L'a tout fait, des plus grandes bases au plus chtiotes, jusqu'à v'nir s'échouer sur Tanuki. La lettre de mutation, l'était formelle, la lettre. Bien polie, avec les « lieutenant » et les «  veuillez agrérer. » Arégrer ? Bref. Ces conneries, tout ce velours crasse qui enrobe le fait brut : j'ai encore déconné.

Enfin, Serena. Pas moi, hein. Qu'on soit d'accord.

C'est drôle ça, quand même. Tu te mets minable, t'as les mirettes qui brillent tellement que t'es plus capable de lire une enseigne écrite en gros caractères noirs sur fond blanc, tu sens plus vraiment tes jambes et tes bras. Oh. Dégueulasses, les géraniums. Ahah.
T'as aussi comme un casque qui te sers le crâne et tout le corps, l'équilibre qui répond plus, les muscles mous. Et de tout ça, t'as qu'une conscience entrecoupée, parce que t'as l'impression que ta cervelle et tes yeux jouent au yo-yo. Ça monte et ça descend... ça monte et ça descend... ça monte et ça desc...

Beurg.

Non, non. Aller, redresse toi... Ouais, je m'redresse tête appuyée contre le crépi d'une façade. Ça doit m'écorcher un peu l'oreille, mais j'sens rien d'autre que mon cœur qui bat dans l'éraflure. J'me raccroche à ce drôle de bruit pour pas tomber. Garder une ligne, un rythme, un point de fuite. Mais j'y peux déjà plus rien. J'ai des remords, je savais bien que j'aurais pu ne pas en arriver là. Pas aller boire, en sortant de la caserne.

Ce con m'avait donné une permission, aussi. Une perm', toute seule, sans mes hommes. Qui m'aiment pas. Qu'ont pas trop de raisons de m'aimer non plus, peut-être. J'me sens si sale, si seule. La rue non plus, elle m'aime pas. Pas plus que la bouteille. Le monde est pas fait pour moi. Alors je tourne mes yeux vitreux vers le ciel pluvieux, encore une fois. Il me renvoie mon propre vide, parce que le Seigneur est pas l'ami des poivrots. Ça me tue, je me sens encore plus minable.

Et c'est mon propre dégoût qui tombe dans le tout à l'égout de Tanuki. Je gerbe tout ce que je peux, c'est ma perception des choses qui achève de basculer. Le cœur au bord des lèvres, j'ai l'âme qui se barre entre deux morceaux de fayots et une bouillie terne. Les mélanges, j'aurais cru que ça ferait plus de couleurs.

Puis d'un coup, vlam bam, c'est le noir. Deux trois focus, un réverbère, des pas pressés sur ma gauche, ma main qui tâte le caniveau souillé, mon autre main qui trouve un morceau pas net dans ma crinière fraichement rincée.

Je sais pas combien de temps s'est passé. Je m'relève, en lutte contre une force qui vient de moi et qui me dépasse. Je suis plus légère, mais les choses n'en tournoient que plus vite et plus fort. Y'a deux bras qui me soulèvent, sous les aisselles. Je me débats, j'crois reconnaître des gars du poste. Mais y'a personne, j'me bats contre des fantômes en pleine rue. Une petite mamie insomniaque me regarde de son balcon, mi-inquiète, mi-gênée. J'bloque sur elle. Je crois que j'l'insulte, mais ça, j'en suis pas sûre. Ce que je sais, par contre, c'est que ça m'a suffit pour me souvenir du pourquoi.

La lettre de mutation. Dans deux mois, je m'en vais sur Grand Line. Les Blues n'en peuvent plus de moi.

J'aurais vraiment aimé rester sur Tanuki. Une petite île sans histoire, qu'on m'avait dit, et c'était vrai. Je pensais que j'allais pouvoir m'y refaire une vie, loin de l'agitation des grandes villes et de la tension des QG. Que j'allais avoir mon temps en plus d'avoir la discipline militaire pour cadrer ma vie. Je m'étais déjà fait tout mon scénario : la petite maison que j'habiterais, la cuisine que je me ferais, le chien que j'adopterais. Tout un tas de conneries vides et creuses, mais j'en avais besoin. Je pensais vraiment en avoir besoin pour donner du corps et du cœur à tout ça.

Mais non. Mutée sur Grand Line. J'avais rien fait de mal à Tanuki. Un peu gueulé sur mes gars, sans plus. J'y étais bien. Et on va m'en arracher pour me balancer à l'aventure et à la dérive sur une mer qu'est faite rien que pour ça.

J'en chialerais, mais l'alcool m'a sucé jusqu'à la dernière goutte d'eau. On m'a fait croire des choses alors que mon cas était déjà décidé. Peut-être qu'ils prennent ça pour une récompense, là-haut ? Pour ma monté en grade plutôt rapide, mes coups d'éclat que j'serais prête à renier pour pas partir. Ils pigent pas, putain. Ils pigent pas que c'est mon putain d'arrêt de mort ou de folie qu'ils signent, en me jetant là-bas.

J'suis sans force. Je me pose, en essayant d'éviter la flaque de gerbe. Ouais. Moyen, pour l'esquive, hein ? Boh. Faudrait que je rentre. Mais pas la foi. Que je prenne un bain. Mais pas le courage. Que je dise un truc au grand mec qui me regarde du haut de ses deux mètres. Mais j'ai rien à dire d'autre que ça :


-Dégage, putain.

Ce qui a au moins le mérite d'être clair. C'est pas mon soir.

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Tanuki. Cette île était idéale pour se reposer, se ressourcer, faire sa vie qui sait. Au départ, tout cela lui avait paru trop beau pour être vrai. Il avait presque réussi à tourner la page sur son ancienne vie pour en démarrer une nouvelle. Il ne roulait certes pas sur l'or mais tout le travail qu'il fournissait lui permettait de survivre assez convenablement. Et voilà qu'ils étaient venus tout gâcher. Cette fameuse nuit. Il était passé de l'autre côté. Totalement de l'autre côté. Il s'y était engouffré sans même pouvoir résister.
A cause de cette fameuse phrase. Pourritures. Il y avait été contraint. C'était lui ou eux. Et pourtant il avait toujours des remords. Son esprit était malmené. Deux semaines. Cela faisait deux semaines que cela c'était produit. Et il n'avait toujours pas oublié. Cette phrase.

Tu sais ce qu'il nous reste à faire. L'éliminer.


Ils y avaient cru hein? Ouais qu'ils y croyaient. Pourquoi vouloir le tuer? Il avait bien effectué le travail et les imperfections étaient minimes. Nan. Le monde était juste pourri. Il ne savait pas pourquoi. Il ne savait pas à cause de qui mais c'était ainsi. Et il était passé de l'autre côté. Il s'était ouvert à cette autre voix en lui. Quelque chose s'était brisé en lui. Et maintenant, il essayait de recoller les morceaux. Combien de temps tolérerait-il de vivre de cette manière? Il n'en savait rien. Peut-être qu'il allait partir. Probablement. Mais pour quelle raison? Aucune idée.
Et depuis il essayait d'être quelqu'un de meilleur, de s'aérer. Pitoyable. Il n'était qu'un être pitoyable. Et il avait tué. A de multiples reprises. Sans aucun remord. Il n'était qu'un être horrible. Et c'est pourquoi il était dans les rues si tard. A déambuler comme un dindon sans tête. Ivre? Non. Très légèrement alcoolisé! Pas de quoi vomir comme certains individus hein... D'ailleurs... En parlant de vomi.

Comment dire?

Il y avait cette jeune fille d'à peu près son âge. En train de vomir à ses pieds. Sur ses pieds? Non. Le temps d'une esquive préventive et la jeune dame était déjà en train de déverser sa bile sur la chaussée. Aie aie aie. Instinctivement, il n'eut que de la compassion pour cette damoiselle. Quels qu'en soient ses problèmes... Etrange. Serait-il pris d'un quelconque attachement envers cet individu femelle? Peu probable. Mais bon... Elle avait l'air dans le besoin et il la regarda se vider un instant. Que faire? Il ne savait pas trop comment s'y prendre. Et voilà qu'elle le regarde avec des yeux floutés par l'alcool. Aie aie aie. Elle voulait qu'il dégage? Un faible sourire apparût sur ses lèvres. Vu l'état de cette dame elle n'irait pas bien loin. Il avait envie de l'aider.

"Euuuuuh... Tu veux un mouchoir pour t'essuyer?"


Ouuuh! Quelle gentillesse. Il venait de sortir un mouchoir de sa poche et le lui proposait. C'était pas fameux mais tout de même un bon début. Il aurait aimé lui proposer de le suivre mais il y avait d'énormes chances pour qu'elle refuse. Et il ne sut pas pourquoi mais il lui prit la main. Probablement une des plus grosses erreurs de sa vie mais, d'un signe de tête, il ajouta:

"Allez amènes toi. T'es complètement fracassée. J'vais t'offrir un café."


Pourquoi pas? De toute manière, la maison était à deux pas. Et il avait largement de quoi se permettre d'héberger une personne dans le besoin. Enfin bref. Il n'aurait probablement pas du lui tourner le dos. La prise sur sa main se resserra. Un mauvais pressentiment. De la violence dans tous les cas. Il n'eut que le temps de sourire faiblement avant qu'elle n'agisse.

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Y'a des gens comme ça, qui se posent en bons samaritains. Les autres te passent devant, tranquilles, avec un petit regard mi-flippé, mi-désolé pour la forme. L'anonymat des grandes villes qui s'étend aux villages quand il y a une épave humaine dans l'affaire. On lui cause pas, au monstre des océans qui vient s'échouer sur la côte. Il est énorme, et on est si petit. On peut rien y faire, alors on détourne les yeux et on trace sa route.
Là, faut avouer que ça m'irait bien ce silence, ces gens qui vont les pieds rivés sur terre, mais la tête dans les étoiles. Ils te captent à peine, c'est tout juste s'ils éprouvent un pincement au cœur en voyant ta charpente qui se vide et qui s'effondre. C'est même pas humiliant, pour le coup. C'est comme si tu étais seul au milieu des bêtes sauvages. Pas celles qui ont des griffes et des crocs, celles qui ont peur de l'homme et qui fuient à son approche.

Mais là, j'ai un animal trop curieux en face de moi. J'ai envie de dormir, mais je lutte pour penser malgré les images qui vont et viennent et les idées qui se coupent et s'entrecoupent. Le temps de réagir et de mâcher quelques injures, réflexe persistant même noyé sous le sang saturé d'alcool, j'suis embarquée. Je sens un truc sur ma bouche, je devine un mouchoir. Bon, c'est plutôt gentil, sans doute la vieille dame de l'hospice du coin qui passait par là. Me semblait pourtant bien avoir vu un grand type blond.

Minute.

… Ouais, minute.

… A quoi je pensais, déjà ?

Ah, oui, je l'ai. Grand type blond d'un côté, fille en rade de l'autre. Et un bout de phrase qui me revient : « amène toi, fracassée. Offrir café ». Soit je suis tombée sur le samaritain du coin; en manque de reconnaissance et qui se cherche un bon faire valoir. Faire valoir qui hoquete, soit dit en passant, et lui bave un peu sur l'épaule sur lequel il s'appuyait. Mais la reconnaissance vient toujours un temps plus tard, avec ce qu'il faut de rouge aux joues et d'excuses plates.
On se demande pourquoi, d'ailleurs. Je t'ai rien demandé, moi, connard.

Soit il pense avoir trouvé une belle opportunité pour bien finir sa soirée, en mode mais si elle était consentante. J'suis pas certaine d'être en état de lutter contre quoi que ce soit. D'autant qu'il fait facile deux têtes de plus que moi, même si ça bouge trop pour que j'en sois sûre.

Mais c'est long d'réfléchir en essayant de marcher avec deux tiges de coton à la place des jambes. Faut sans arrêt s'arrêter pour se rappeler ce qu'on fait, et généralement, c'est trop tard. On est déjà au sol et on se fait relever avec une paire de claque. Poupée de cire, poupée de son, rien à en tirer. Je crois pas que je vais pouvoir être très active en ce qui concernera la décision de mon sort, pour la soirée : servir de faire-valoir à un égo en manque, ou jouer les baisodromes. Charmante perspective qui me fait cogner mon poing dans le vide, toujours soutenue par mon samaritain peut-être pas si bon que ça.

Comme j'ai l'impression quasi-mystique d'avoir exploré toutes les possibilités, je m'en remets à ma démarche vacillante et à l'épaule que je devine, à ma gauche. Le chemin s'étend, j'ai l'impression familière que je ne cesserais jamais plus de le parcourir ainsi. En butant au moindre obstacle, obsédée par cette sensation de vertige constant, ramassée et relevée plus ou moins malgré moi par des mains inconnues.

Et finalement, posée sur une chaise, après un blanc (ou plutôt, un noir) en ce qui concerne l'éventuel passage de porte et grimpette d'escaliers.

J'attends la suite.
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Beurrée jusqu'aux yeux. Cette fille était ivre morte. A se demander comment elle pouvait encore tenir debout. Elle n'avait même plus la force de parler et vacillait sur ses jambes comme une feuille ballottée par le vent. Effarant. Il se demanda comment elle avait pu finir par se mettre dans cet état. Elle devait probablement s'en vouloir ou être terriblement triste. Même pas la force de lui résister. Il aurait pu lui vouloir du mal. L'étranger, l'éviscérer après l'avoir violée. Une personne mal intentionnée aurait vu là un geste facile. Au contraire, il était là pour se pardonner et voulait aider les gens. Cette femme là serait le sujet de sa première bonne action depuis un moment. Elle avait du mal à marcher. Et pourtant... Ils n'avaient que deux rues à traverser. Leur périple dura une éternité.
"Grmbllll"

Un ventre qui gargouille ou...?


Un flageolet. Il avait l'impression de guider un flageolet vivant et se tortillant dans la rue. Cela le fit sourire. Elle bava sur ses vêtements un nombre incalculable de fois. Il n'en avait rien à faire et voulait simplement arriver chez lui. Essuyant ses lèvres à chaque fois qu'elle s'abandonnait à l'inconscience. Pourquoi était-il si gentil? Pourquoi n'était-il pas mauvais? Il aurait aussi bien pu prélever ses organes et les vendre au plus offrant. Non. Il ne fallait pas qu'il tombe plus bas que ce qu'il était déjà. C'était bien assez. Et puis ils arrivaient chez lui. Sur le perron tout du moins. La jeune dame avait sombré dans les limbes depuis quelques instants et il la portait du mieux qu'il pouvait. Vu de loin, on aurait pu croire à un kidnapping. M'enfin...

Il venait de franchir la porte d'entrée et la claqua du pied en essayant de ne pas réveiller sa mystérieuse invitée. Où la mettre? Voilà le dilemme. Il avait l'embarras du choix. Par terre, ou par terre, ou par terre... Ou sur le canapé. Peut-être plus humain sur le canapé mouais. On eut dit un colis qu'il ne savait pas où mettre. Bordel. C'était un humain que diable! Il la déposa sur le canapé en laissant un paquet de mouchoirs à proximité et mit du café à chauffer. Il se surprit un instant à regarder la jeune fille comater puis se ravisa et lui apporta des habits à lui qui trainaient. Un jean ample un peu élimé et une chemise probablement trop grande. De toute manière, c'était soit ça soit des habits tachés au vomi.

Les apportant sur une chaise à côté de la comateuse, il entreprit de faire chauffer quelque chose d'autre. Au cas où son invitée pouvait avoir faim. Ce n'était pas grand chose mais c'était tout ce qu'il pouvait faire. Il fit un instant les cent pas en attendant que l'eau qu'il avait mise à bouillir ne soit prête. Bon. Il sortit rapidement une tranche de lard fumé et de pain avec un peu de fromage au cas où cette dame ait faim.

Quelques bruissements lui indiquèrent que son invitée était en train d'émerger. Il retourna donc dans le salon en déposant le repas sur une chaise. Comment allait-elle réagir face à ce qui venait de lui arriver? Il n'en savait rien. Peut-être mal. Peut-être bien. De toute manière il n'en avait que faire. Il avait fait ce qu'il fallait.

"Ca va un peu mieux? T'as des habits propres là et à manger là si ton ventre tolère. Ah... Et au fait, moi c'est Kanbei. Kanbei Wanajima. Mais tu peux m'appeler Kan'"


Ce n'était pas sa meilleure introduction en la matière mais il était plutôt satisfait et avide de savoir qui était cette personne. Il avait même sorti son sourire le plus sincère pour l'occasion. Ridicule. Il devait paraître ridicule. C'était néanmoins sa seule façon de se rendre utile. Ou peut-être partir loin. En tout cas, il se devait de faire attention à la dame qui allait se présenter et c'est pourquoi il y reporta son attention.


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Bon. J'suis posée, du coup, ça tourne plus que d'un côté. Canapé ? Ouais, mais en solo; intérieurement, j'coche la case « bon samaritain ». Celle de celui avec l'égo malade, le boyscout qui avait besoin de faire sa BA du jour pour dénouer son foulard. C'est bon, mec, t'es content ? Tu vas pouvoir respirer un peu, maintenant.

Comme je sens que ça y va tranquille, je m'remets encore un peu à penser. Recoudre le fil des évènements, fixer un point dans la salle. Fermer les yeux, y revenir. J'suis mal, en phase « coupable ». Parce que je sais que cet état là, cet état où c'est tout juste si tu peux penser, j'ai tout fait pour y arriver. Mon break, je l'ai eu, il a du durer quoi ? Cinq minutes ? Cinq minutes où je me souviens vaguement avoir castagné un gonze. P'tit coup d'œil sur mes mains. Ouais. Phalanges rougies de sang, j'ai bel et bien cogné. Si seulement je pouvais me souvenir sur qui. Pas pourquoi, y'a jamais de pourquoi qui tienne, et je le sais. Je cède pratiquement plus, quand j'suis nette. Mais dès lors que j'me mets à brasser autre chose entre les ventricules, ça me monte direct aux hémisphères. Et dans le fond, j'aime ça, parce que ça me sert d'excuse. J'pense plus, et la rage de vivre, elle devient rage tout court. Le genre qui tape dur et qui casse tout.

Pas un mec de la caserne, en tous les cas. J'étais la seule en perm'... c'est déjà ça, j'aurais pas un problème de plus avec la hiérarchie. On m'a déjà dit que c'était la dernière fois qu'on laisserait passer, la dernière... dernière, dernière, dernière... En fait, y'en a eu d'autres. D'autres castagnes pour rien du tout, d'autres mutations. D'autres mauvais mots, d'autres vengeances soudaines et violentes. D'autres mutations.

J'peux même pas dire que j'aime ça. Boire et cogner. M'humilier et m'abaisser. Vomir et laisser mon démon régner sur un cœur noyé dans l'alcool et le sucre.

Bwoh.


-Merci, mais t'aurais pas du.

Ça paraît civilisé, ça l'est pas. J'en suis au stade « malade ». Faim, mais estomac trop noué pour avaler quoi que ce soit. Soif, mais encore envie d'vomir alors que ça fait longtemps que j'ai plus rien à lâcher. Je sens mes propres odeurs de gerbe. Une odeur de misère et de vice, l'une des subtilités des fumets du Grey T. en été. En hiver, ça buvait encore plus, mais les galettes gelaient direct sur le fer.

J'ai mérité d'en arriver là. Parce que j'ai trop bu, et parce que j'ai trop marché à la rage. Pas assez écouté mes voix les plus douces, toute entière laissée en proie aux appels du Grey T. Julius me verrait qu'il me tuerait.

Qu'il me tuerait ?

… j'essuie une larme perfide d'un revers de manche trop vif et saccadé. Le genre qui fait peur, vu de l'extérieur. On sent que t'as pas vraiment tout le contrôle, et que n'importe quoi peut se passer. Faut jamais ramasser les trucs que tu trouves dans la rue, Kan. Tu sais pas sur quoi tu peux tomber.

En attendant, j'ai le blanc de l'œil rouge, et la colère qui remonte. Non, non, il me tuerait pas. Si j'ai fait ça, c'était qu'un pas en arrière, une mise en pause à la manière lâche. J'ai toujours envie de vivre, toujours envie de relever le défi. Tant pis pour le côté tranquille et structuré à Tanuki. Il me l'avait bien dit, que je n'aurais pas le choix. Qu'il me faudrait sans cesse me battre, maintenant que j'ai tué, et que j'ai décidé de me poser en juste. Marrant comme ça ressemble à « juge ». Je peux plus avoir une vie normale, le clebs, la baraque et les géraniums. Puis de toutes façons, j'aime pas les géraniums.

D'y penser, j'passe une main dans mon dos, sous mon grand manteau tout dégueu'. Main d'Ange est là. J'suis folle de l'avoir prise, c'était un coup à tuer. Ou peut-être que j'espérais que la simple vue de la lame à la pointe arrondie me rappelle mes choix, même à-travers les eaux brumeuses et pas très saintes du rhum.

J'ai choisi de vivre, et j'ai encore la rage qui monte, la rage qui me rappelle que j'ai pas renoncé. Je sais plus trop ce que je fais, je me relève brusquement. Droite, ou presque. Le Kan, je lui offre mon plus beau regard, ma plus belle plongée dans mon abîme. Et je vois le sien, en contrepartie.
J'sais pas si c'est encore les mélanges qui me portent au délire. Mais l'espace d'un instant, j'crois voir une lueur dans ses yeux. Un truc qui parle d'orgueil foulé au pied, d'une vieille tristesse et d'un mauvais bagage. Ça réveille mon instinct de « moic'estpireducon », instinct dégueulasse que je recrache avec deux trois mots tirés au révolver :


-Serena. Lieutenant... Serena Porteflamme.

Et vlan le galon qui sort de nulle part, avec presque un garde à vous... la discipline militaire, c'est un cadre qu'on prendrait presque au sérieux, à force de se la répéter. Et c'est dans des moments comme ça que j'me dis que ça a fini de me rentrer dans la chair sans retour possible.





Dernière édition par Sören Hurlevent le Ven 24 Mai 2013 - 23:20, édité 1 fois (Raison : relecture finaleuh)
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Cosa puoi sapere di me? Il semplice fatto di avermi parlato in maniera negativa avrebbe potuto portare il tuo essere ad una morte abbastanza terribile.


Son introduction avait peut-être été un peu trop incisive. La majorité des gens auraient pu le prendre pour une personne mal intentionnée. Qui pouvait savoir qui il était? Personne. Son esprit aurait pu aussi lui intimer de faire subir d'atroces sévices à cette damoiselle dans la rue tout à l'heure. Quelque chose de bestial. D'animalement féroce. Mais non... Il n'en avait rien fait. Ses instincts n'étaient pour l'instant que de vagues ombres planant sur sa personne. Et toute son attention était dirigée vers la personne qui squattait son canapé après un Drink Time un peu trop violent.

Elle venait de lui sortir un vieux remerciement du fond des âges. Pourquoi n'aurait-il pas du? Il n'y avait pas mort d'homme de toute manière. Et les individus ne portant pas aide à leurs prochains n'étaient que de vulgaires ordures masquées sous un revêtement d'ordre social. Il les haïssait. Peu de gens étaient capables de voir à travers tout cela. Peu transcendaient leurs conditions et arrivaient à briser le voile de brume qui régissait l'ordre des choses. La vraie vérité restait pour toujours immanente et tellement proche de nous qu'elle en devenait insaisissable. Un véritable paradoxe en somme. Il aurait voulu dire quelque chose. Rompre le silence. Non. Les mots restaient cloués au fond de sa gorge. Quelle faiblesse. Plus pitoyable était difficile. On eut dit un individu des plus gênés. Non... Il ne fallait pas. Il était Kanbei. Kanbei Wanajima. Quelles que soient les obstacles qu'on lui imposerait, il serait toujours présent. Toujours capable de faire face. Toujours était-il qu'il allait parler quand la dame lui cracha quelques mots au visage.

Son nom. Accompagné de son rang. Hmpff... Il ne manquait plus que le salut militaire et tout y était. Quelque chose le répugnait dans cette attitude totalement détachée de ce qui se passait. Elle était complètement à côté de la plaque. Associer son nom à son rang lors d'une présentation dans de telles circonstances... Voilà de quoi donner une bonne image de la Marine. Il s'en branlait de toute manière. La petite dame était tellement en vrac qu'elle risquait de vriller à tout moment. M'enfin.

"Tu peux prendre une douche si tu veux c'est là-bas, fit-il d'un signe de tête. C'est pas que j'avais pas envie de le dire maiiiiis..."

Il laissa quelques secondes s'écouler. Histoire d'être sur de bien capter le regard de la dame. Mon Dieu... Ce qu'il allait dire était sans doute regrettable mais tellement vrai. Son odorat était en train de se désagréger... Oui. Mieux valait le dire.

"Tu pues!"


Ca c'est fait. Il risquait de se prendre une belle gifle ou quoi. En même temps... C'était une question de survie. Avec une telle odeur, elle aurait peut-être pu tuer un putois à quelques mètres. Il n'avait cependant pas été très faim et s'apprêtait à voir roussir sa joue en regardant la réaction de la personne en face de lui. Portes tes baloches qu'on lui avait appris! Il aurait peut-être du les garder au chaud quelques instants de plus...

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Quoi ? Tu peux répéter, là ? …

Ah, y'a pas à dire, il est beau mon samaritain. Il est brave ! Regarde ça, Seigneur : ça ramasse une pauvre fille dans la rue, ça se croit grand et fort, parce que ça vient en aide à plus faible que soi. Aide appréciable ou non, je sais pas, j'en sais rien, je veux pas le savoir. Mais humiliante, ça, oui. Humiliante. J'aurais bien tenu le coup, évité d'en arriver là. Mais pour ça, pour ça, mon couillon, il aurait fallu que tu fermes un peu ta grande gueule et que tu te poses pas tel que tu es, là, maintenant. En maître. Ouais, parfaitement. Je pue, hein ? Je pue, c'est bien ce que t'as dit ? Attend de voir si je pue. Attend que je me lève. Que je te montre un peu qui je suis. Je suis rien, c'est ce que t'as l'air de vouloir dire. Tu sais quoi ? T'as raison.

Mais qu'est-ce qui t'a pris au juste ? Faut quand même être un parfait salaud pour récupérer une épave en train de cuver, la forcer à suivre, la poser dans un canap', et limite lui reprocher d'être là après. De vicier l'air. Quoi. T'as quelque chose contre le galon ? Ça tombe bien, moi aussi. Mais par contre, par contre...

… que tu me reproches de souiller l'air que tu respires, ça, c'est mort. Tu oublies. Forcément, dans le noir, t'as pas du bien comprendre ce que tu étais allé chercher. Et maintenant qu'on est au chaud, à la lumière, tu vois. Tu vois, tu lis sur ma gueule et dans mon odeur de gerbe que je viens d'un coin où il fait pas bon vivre. Tu piges que t'as ramené le Grey T. chez toi, et que c'est l'essence la plus noire de la rue qui squatte un bout de ta surface. Et ça, tu peux pas. T'aimerais croire que ça s'en ira avec une douche, cette ascendance foireuse, hein ? Oh oh, moi aussi j'aimerais bien le croire, mon coco. Mais moi, moi, j'suis pas comme toi. J'suis pas une samaritaine. J'ai pas besoin d'un faire valoir, et je vois clair dans la nuit. Tu m'avais mal évaluée, et moi, j'ai été juste. T'es un connard paumé qu'a besoin de se mettre au service de l'humanité pour exister. Passe encore. Mais t'es même pas foutu d'assumer le rôle jusqu'au bout. De supporter la vue de la déchéance que t'es supposé assister.

J'me suis levée. J'sais pas si c'est la rage ou la colère, ou un peu les deux. Mais ça a arrêté de tourner.


-Alors, Kan le samaritain.

J'touche pas à Main d'Ange. J'ferais de mal à personne avec ça. Mais cet enculé a besoin d'une leçon de courage. Et j'm'en vais la lui donner. J'commence par chopper un coussin, que j'lui balance. Ça a l'air de rien, mais mes yeux cernés de noir, et noirs jusqu'au fond suffiraient à faire comprendre à un rhinocéros que je joue pas.

-On ramasse n'importe quoi dans le caniveau, et on s'attend à ce que ça sente la rose ?

Posture agressive, poings serrés et voix dans le coton. Mais sévère quand même, ça sent la menace qui gronde. En face, ça sait pas trop quoi faire, le cadet de mes soucis. J'avance, j'avance, j'attrape par le col. Souffle mon haleine de chacal, et cogne. Une fois, pas deux, mais fort. Dans le creux de la mâchoire. Et je balance le mec sur son canap'. T'inquiète, je l'ai pas bousillé. Tu peux t'y poser sans craindre l'épidémie dans ta baraque.

-Tu l'as pas volée. Ça te donnera matière à méditer, même. Aller, salut, je m'en vais dormir avec les rats. Eux, au moins ils s'en branlent, et ils attendent rien.

Sauf que j'ai un peu raté ma sortie, 'faut le dire. Y'avait un tapis, j'me suis pris les pieds dedans et ma tête a cogné un truc dur. Comme un pied de table, sûrement. Je sais pas trop, mais ce que je sais, c'est que je me suis assommée. Séchée nette, la Serena. Et bonne pour passer la nuit sur place, de fait...
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Que celui qui réside fasse en sorte que celui qui passe se souvienne.


Hahahaha. Elle osait lui faire des remarques chez lui? Et le cogner. Une fois. Et bon sang! Cette femme cognait comme un homme. Et elle empestait. Pestilence. On eut pu dire de la putréfaction! Mais bon... Même un monceau de fennecs en décomposition ne sentait pas la même chose. Cela paraissait logique! Mais bon. Quelle sacrée frappe! Sa mâchoire aurait pu voler en éclats bon dieu! Et le coussin qu'il venait de se prendre dans la tête l'avait légèrement déstabilisé. Alors oui, il s'était fait envoyer au tapis, enfin, plutôt au canapé par une femme. Il n'y avait pas de mal à ça. Elle avait du répondant. Et elle le raillait. Plutôt ironique!

Elle OSAIT le railler après qu'il l'ait accueillie? Quelle mauvaise invitée. Mais bon. Il allait devoir faire avec et son étincelle de "samaritain" n'était pas prête de s'éteindre. La voix au fond de lui rugissait de colère. La tuer? Non. Lui faire vivre mille et un supplices tous plus horribles les uns que les autres. Lui faire sauter les dents une par une avec un pied de biche. Arracher ses ongles avec une pince. Lui broyer les os dans un étau. Quoi de plus réjouissant? Rien. Mais il était là tout mielleux tout gentil car sa bonne conscience était littéralement en train d'écraser la voix... Minable au vu des belles choses qu'il aurait pu faire. Il n'allait pas la cogner. Non pas parce que c'était une femme. Mais parce qu'elle n'était pas dans son état normal.

Rien qu'à la voir s'écraser au sol il pouffa. Elle venait de se rétamer le crâne sur un angle un peu trop acéré. Et voilà. KO technique. Bonne à passer la nuit. C'en était risible. Totalement risible. D'ailleurs il sourit... Un sourire moqueur et plein de compassion. Il ne savait pas trop quoi lui dire. Cette fille était à côté de la plaque. Complètement barrée. Se triturant la mâchoire, il se releva et déclara:

"Tu cognes plutôt bien pour un Lieutenant. Et c'est vrai que je l'ai pas volée. Mais je te proposais juste de prendre une douche hein. Après si tu veux dormir dans ton propre vomi entourée de rats, je t'en empêcherai pas. C'est juste que je pensais pouvoir aider. M'enfin bref..."


Il se gratta la tête et aida la jeune femme... ou la porta carrément de nouveau sur le canapé en lui montrant les habits propres qu'il avait mis sur la chaise. Enfin bon. Son ventre commençait à gargouiller et il se dirigea vers la cuisine. Déroutante. Voilà le mot qu'il cherchait. Cette jeune femme était totalement déroutante. Elle semblait en avoir bavé et ne voulait pas s'ouvrir aux autres. Plutôt bizarre comme réaction. Mais bon... Il faut ce qu'il faut comme on dit.

"Ah... La douche est au fond du couloir, ajouta-t-il d'un signe de tête en entrant dans la cuisine"




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... C'est drôle, c'est comme si j'avais vu du rouge et entendu crier. Pas sous la colère, hein. Plutôt forcé, le cri, comme arraché au fer chauffé à blanc sur les mollets.
J'suis dans le coaltar, avec ça. Dur d'm'en dépêtrer, il a l'air de pas mal tenir à moi. Puis j'ai mal au crâne, besoin d'aller dormir au calme. Cuver dans la rue. Rentrer à la caserne, me poser sur mon pieu avec un bouquin. Un de ces bouquins qui m'aideraient à voir où je me suis trompée, où j'ai agi ou pensé de travers. Ces petits livres magiques qui se trouvent pour le prix d'une baguette de pain chez tous les vieux bouquinistes, bien cachés et qui désespèrent de ne jamais plus être lus. Ces livres qui passent pour si chiants que personne n'y fait vraiment attention, ces livres qui renferment des secrets, des petites vérités et des choses qu'ont l'air de rien, comme ça, mais qui peuvent te retenir d'aller pointer le canon de ton flingue contre ta propre tempe. Et faire du mal aux autres, c'est plus que lié.

Bref, du sang, des cris, et les yeux du Kan au milieu. Le con est venu m'relever, j'le sens confusément. J'ai les mirettes ouvertes, mais j'distingue rien dans le flou. C'que j'ressens, par contre, c'est pas rassurant. J'avais un peu la rage. Une bosse, ça calme, et ça laisse place à ce qu'il y avait en-dessous. J'l'ai pris avec cynisme, mais j'sais bien que j'suis vulnérable. Et que c'était tout, sauf une chance que de me faire ramasser. J'ai peine à penser à demain, mais j'sais déjà que ça va être pénible. Les excuses pour le coup de poing, tout ça. Forcées par la récupération de ma conscience pleine et entière, et par les tirades stoïciennes qui reviendront me tirer la manche. Y'a ça, déjà. Et puis y'a autre chose.

Ce mec, je le sens pas, Seigneur. Il joue les samaritains, mais dans le sens populaire, pas dans celui qui émane de Toi. Sa charité à lui, elle est glauque et elle pue le ressentiment, le type qui a quelque chose à se faire pardonner. Je délire ? Quoi, je délire ? Non, non. C'est pas parce que je me fie davantage à mon instinct qu'à ma raison sur ce coup que ça a pas de sens. D'avoir peur. Le Grey T., tu crois vraiment que c'était le lieu idéal pour survivre à grands coups de raisonnements et de déductions logiques ? Non, non. On vivait comme des bêtes, aux odeurs, à la première impression et à l'œil. Et ça marchait.
T'étais peut-être pas absent du coin, je le crois du fond du cœur. Mais le décor te cachait bien, mieux que partout ailleurs aux yeux des hommes.

En fait, le Kan, il m'a reposée sur son canap'. Pas trop compris ce qu'il a raconté, par contre. Vaut p'têtre mieux pour lui, si c'était du même tonneau que tout à l'heure. Le décor se balance encore, mais en interne. De nouveau du mal à me gérer au milieu du tourniquet. Dur de fixer un point, de se dire « c'est moi, là, je pense », quand tu as l'impression de jouer les satellites maboules sans centre ni planète pour leur donner un mouvement bien lisse et circulaire. Et puis, j'suis de plus en plus attirée par le confort du canapé. C'est limite obsessionnel, p'têtre parce que c'est le seul truc qui bouge pas trop et qui me supporte sans me gonfler avec des remarques à la con...

Une seconde de plus et j'ai pour de bon basculé du côté trou noir, de toutes façons. Tant pis pour la douche, ton côté bizarre et merci quand même pour les fringues. Mais on avisera demain, si tu veux bien.
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Une forte odeur de café régnait dans la cuisine du jeune Wanajima. Pas n'importe quel café du Lara Bicah. Le top du café. Le café qui réussit à faire danser les gens sur la tête pendant des heures. Le vrai. Le café 120% de caféïne. Celui qui fait noircir le sang. Le café de la muertaaaaaa!

Bref. Cela faisait environ une heure que Kanbei était levé. Et il essayait de préparer son breuvage sans réveiller la délicate dame, ou pas, qui dormait dans la pièce d'à côté. Il ne voulait plus se faire pardonner ou quoi que ce soit. Juste faire preuve d'un peu d'hospitalité. Il était même sorti acheter des croissants dans la boulangerie d'à côté. Hmff. Il se surprit à sourire tout seul. Serait-il tombé amoureux de cette femme? Non. C'était quelque chose de plus ténu, de moins puissant. Une profonde empathie en réalité. Elle semblait avoir vu de terribles choses et il la respectait pour cela même si son penchant pour l'alcool était un peu trop débordant à son goût, et ce dans tous les sens du terme. Ses mains étaient toutes tremblantes. Il n'avait pas peur non. Il était excité dans l'attente de la réaction de la jeune damoiselle au vu du déjeuner qu'il lui préparait. Allait-elle le frapper? Cela pourrait être drôle. Etait-il en train de devenir masochiste? Non. Il devenait fou. Purement et simplement fou. Toute la nuit durant, la voix avait crié dans sa tête. Il avait mangé et dormi à côté de cette femme sans défense. Son corps s'était vu offert au jeune Wanajima. Et il n'en avait rien fait. Pourquoi? Une part de lui s'était battue contre cette voix. Tout ce qu'il avait de plus pur avait mis en échec la monstruosité qui croissait lentement en lui. Même maintenant, il avait un couteau en main et luttait contre lui même. Trancher une douce trachée ou ces quelques oranges. Chaque geste était un effort pour lui. Il tremblait de tout son être, un rictus d'effort peint sur ses lèvres. Les oranges virent leur chair tendrement fendue et furent pressées dans un ultime spasme. Il parvenait à se calmer difficilement et dut se concentrer sur l'arrangement de son plateau. Chocolat chaud, croissants, jus d'orange, tartines de confiture, verre d'eau, yaourts, cuillères. Tout était en ordre.

Il se rinça les mains et déplaça le plateau sur la table du salon. Son invitée était encore en train de dormir. Avait-elle rêvé? Il ne saurait le dire. Sa nuit s'était résumée à: Tuer ou ne pas tuer, telle est la question. Une nuit horrible en somme. Il avait cependant tellement dormi les jours auparavant qu'aucune cerne de type crevasse n'était visible sous ses yeux. Horreur! La tremblote qu'il avait eu l'avait presque fait suer. Il se rua silencieusement dans la douche et se jeta sous l'eau chaude. Les questions s'accumulaient dans sa tête. Qu'allait-il pouvoir faire de son invitée? Qu'allait-il apprendre d'elle? Traiter un membre de la Marine de cette manière était-il autorisé? Tant de questions inutiles en somme. Il eut tôt fait de se rincer et de se sécher avant d'enfiler un short et un débardeur blanc. Un bruissement dans le salon attira son attention. Elle devait probablement se lever. Il alla s'installer dans le fauteuil en face d'elle et zieuta attentivement pour ne rien perdre du spectacle.

Sa mâchoire allait-elle avoir droit à un second round?
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Mmh.

Ma tête. J'sais pas c'qu'elle fout là, c'te barre derrière les mirettes, mais elle m'aide pas trop à voir droit... j'suis où, d'ailleurs ? 'Me souviens pas trop être rentrée quelque part pour dormir.

Non, ce que je revois direct, la faute à mon foie qui tiraille un peu, c'est les mélanges. Les mauvais rhum, la piquette, les bières tiédasses que je me suis enquillé sans trop chercher à y penser. A analyser le goût, à comprendre à quel point c'était de la merde. Puis des détails à la con. Le cheveu incrusté dans la crasse du comptoir. La cendre de la clope du barman qui tombe dans les verres à servir. Les sales trognes qui me matent avec une étincelle pas rassurante dans les yeux. Quelques propos un peu déplacés, la chaise que j'éclate dans la bouche du plus entreprenant. Que je termine aux poings. Les autres qui me choppent par les épaules, me retiennent, qui disent des trucs sensés comme non, mais pourquoi ? Il t'a rien fait, un brave type comme ça... arrête, bon sang, mais arrête !

J'ai pas arrêté, mais c'était le rhum qui me faisait bouger comme une petite poupée. La rage dans la tête, qui bat au rythme du cœur et du décor qui se balance. Un coup sur le crâne, alors. Du noir, et le vomi dans le caniveau. Puis la culpabilité, t'aurais pas du. Eh non, j'aurais pas du. Sauf qu'on ne se le dit jamais qu'après.
Et puis après... putain de mal de crâne...
J'me frotte les yeux, histoire de voir si ça fait moins flou. J'me redresse un peu aussi, pieds au sol et fesses sur le canap'. En face de moi, toi.

Kan', le samaritain. Oui, c'est bon, maintenant j'me souviens. Pas besoin de m'regarder comme ça, j'bouffe jamais personne de bon matin. Question de principe, parce qu'il en faut bien. Oh ? Mâchoire salement gonflée. Je me demande même pas d'où tu tiens ça, c'est signé. Bon. J'mexcuse, ou pas ? Coup d'œil sur le plateau, on dirait que j'suis aux petits soins. Café ? On peut toujours commencer par ça.



Toujours dans le pâté, mais le cœur s'est remis à pulser un peu de sang dans la cervelle. J'vois bien que j'suis chez toi, et encore mieux : je te fixe, mais t'as les yeux fuyants et les mains qui restent pas bien en place. Un truc à cacher ? Non, mieux que ça, Seigneur. Attend que je te raconte, parce que ce mec là, c'est peut-être mieux qu'un samaritain. Je l'ai percé à jour, je crois, avec ses petits jeux d'ombre et de lumière, ses cajoleries et ses intentions fourbes.

En fait, Kan', c'est le mec qui assume pas son côté dégueulasse, parce qu'il a été bien éduqué. Et que ça suffit encore à le contenir, à le retenir de se jeter sur moi. Mh. De toutes façons, j'suis pas certaine que ce qui aurait été une idée pas trop mauvaise y'a quatre ou cinq ans le soit encore aujourd'hui. J'suis vidée, mais les réflexes militaires, ça s'en va pas comme ça. Et puis, j'ai toujours Main d'Ange, sous le manteau dans lequel j'ai dormi. Miné comme il faut d'ailleurs, le manteau. Mais je m'en occuperai à la caserne. Le temps de reprendre des forces et de régler deux trois points de détail avec mon hôte que je commence à voir un peu pourquoi je l'aimais pas au point d'aller le cogner.

Cette nuit, je crois qu'il aurait pu se passer de drôles de choses. Sans exagérer.

… Si, j'exagère. Je repasse en délire paranoïde, alors j'cogne ma tempe avec la paume histoire de réaligner les neurones. Mais rien à faire, ils prêchent toujours le même message d'alerte. Sauf que, oh, faut pas déconner non plus. J'ai pris la décision de vivre selon la raison, alors ce genre de petites voix, passe encore quand j'ai bu... passe encore que je boive encore. Mais là, j'suis soft. J'fais un signe à mon salopard de sauv... non, pas salopard, j'ai dit. A mon... gentil récupérateur à l'égo en manque. C'est mieux ça ? Oui, c'est mieux.


-B'jour, Kan'. Merci pour le p'tit déj', c'est sympa.

La bouche un peu pâteuse, les mots sortent comme ils peuvent. C'est à dire, en se contorsionnant entre les deux dents du fond qui baignent encore un peu et la langue alourdie par les excès de la veille. Je m'avale une tartine, l'air de rien. Pas très faim, mais 'faut manger. Alors, je mange, devant un Kan' qui a l'air de plus en plus nerveux. Pas dans le sens premier de la classe en mal d'amour. Plutôt dans le sens que ma cervelle continue à hurler sous forme de signaux d'alerte. Mais j'reste tranquille. T'as de la chance dans ton malheur, mec. Le silence m'a jamais beaucoup dérangée. Et puis, y'a à manger, ça meuble un peu. D'ailleurs, t'en prends pas ? C'est pas mal, chez toi. Chouette baraque.

-Bon, aller. 'Vais prendre une douche. Au fond du couloir, t'as dit ? Puis je traînerai pas trop. Ah, puis tiens, attrape.

J'lui lance un baume, piqué à l'infirmerie. Le genre de truc dont j'ai tendance à avoir l'utilité trop souvent pour que ça paraisse parfaitement honnête.

-Pour ta joue. 'Te demande pardon.

Je t'avoue que ça m'a arraché la gueule jusqu'à l'estomac, Seigneur ? Que tout mon corps a manifesté contre ces trois mots balancés à l'arrachée ? Enfin, c'est fait. Et puis, même en méprisant les orgueilleux, faut savoir que les plus grands drames viennent des orgueils blessés. Alors autant les arroser un peu tous les jours, pour qu'ils fassent de belles feuilles qui ne pensent pas à devenir carnivores.

En attendant, douche. Je schlingue.
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Un réveil fracassé. Voilà comment elle était fracassée. Mais bien mieux emboutie que la veille. Son hôte ne s'était pas levée du pied gauche et c'était tant mieux. Kanbei n'avait pas les mêmes dispositions de sauveur que la veille. Même s'il était d'humeur joviale, il n'était pas prêt à ramasser des inconnues de sitôt. Surtout si elles se mettaient à cogner sur tout ce qui bouge. M'enfin. Ce qui était fait était fait. Et son invitée s'éveillait avec une mine pâteuse et une haleine à en faire pâlir un coyote. Au moins, elle semblait bien vivante. Quoi que vu l'odeur, elle aurait aussi bien pu se décomposer dans la nuit. Mais non, elle respirait au vu du baillement éléphantesque qui jaillit de sa bouche.

Et v'là qu'elle lui fait signe. Bizarrement, Kanbei se contente de sourire et de la regarder engloutir quelques éléments du plateau repas. Une vraie goinfre. En même temps, vu l'état noir charbon dans lequel elle était la veille, mieux valait pour elle reprendre des forces. Et des couleurs. Ses joues reprenaient de l'éclat à vue d'oeil et Kanbei se permit un sourire joyeux. Chose rare.

Et... OH MON DIEU! Là voilà qui le remerciait. Et bah voilà. Ca n'lui avait pas arraché la gueule hein. Comme quoi, elle était capable de remords. Ce n'était donc pas une machine formalisée de la Marine ou autre chose aussi mécanique que ce soit. Bref, elle avait donc une âme! Intéressant. Kanbei mourrait d'envie de meubler la conversation mais il n'arrivait pas à détacher son regard de la Serena. Elle était si sensible et puis... c'était un vrai sac de noeuds. Une fille intéressante en somme.

Fin bref. Voilà qu'elle devait aller se doucher. Au vu des effluves qu'elle émettait, ce choix était plus que raisonnable. Et v'là qu'elle lui lançait un baume. Le Wanajima était presque ému. Il ne manquait que la petite larme qui roule au coin de l'oeil et les lèvres qui tremblent. Tout quoi. M'enfin c'était plus que sympa de la part de... Comment aurait-il pu la définir déjà? Hmmm... Une brique. Aussi sympathique qu'une brique mais avec des sentiments. Oui. Elle ressemblait à une brique au physique généreux avec des sentiments. C'était plutôt pas mal sur l'échelle du Khan. Et d'ailleurs, mieux valait répondre à ses excuses au risque de paraître malpoli.

"C'est pas grave. J'ai pas été très délicat. Tu peux piquer des fringues qui te vont s'tu cherches du propre aussi."


Et voilà. Elle venait de fermer la porte de la douche. Que faire? A manger pour le midi. Oui c'était une bonne idée. Le Khan repartit aux fourneaux.
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Quand j'y pense, je me suis peut-être un peu trop laissée malmener par mon instinct sur ce coup. L'a pas l'air si terrible que ça, le Khan. J'entends d'ici le bruit de la porte du four qui se relève en claquant et des feux qui font grésiller l'huile sur la barbaque. Il tente rien. Puis quand bien même il tenterait quelque chose... à moins de se pointer avec un colt et un surin entre les dents, j'vois pas bien comment il pourrait s'y prendre pour me faire quoi que ce soit.

J'vais quand même éviter le coup de lui piquer des fringues. Pas que ça me tente de remettre mes hardes pleines de sang, de gerbe et de sueur, mais j'ai pas bien envie d'avoir des trucs à lui rendre plus tard. Quoique, à la réflexion, ça vaudrait peut-être mieux que d'attirer les mauvaises intentions du première classe Martin qui gère les entrées et les sorties de la caserne. En perm', on fait ce qu'on veut, ouais. A peu près. N'empêche que j'ai pas envie qu'on m'ajoute un motif du style « mauvaise conduite en permission » pour mieux me faire quitter la zone.

J'en ai marre d'être baladée comme une patate chaude. J'suis pas folle, j'suis pas une merde, j'ai du mérite. J'ai mérité mon grade, bon sang, j'suis pas allée leur foutre la dague sous la glotte pour qu'ils me filent du galon. Je me suis sortie de la merde à la rage et à la force de mes ongles, pourquoi j'aurais pas droit à une putain de vie tranquille ?

Bordel. J'veux pas aller sur Grand Line. J'ai pas envie de savoir ce que je pourrais trouver là-bas, et quel effet ça pourrait avoir sur moi.

Eau froide. Ça remet les idées au clair, et ça fait du bien à la migraine qui tape sévère dans l'hémisphère gauche, jusqu'à l'œil. Paye ta soirée, gamine. Tu sais bien que t'as l'alcool mauvais et les lendemains vraiment trop rudes. Faut que tu lâches, que t'arrêtes, que tu te ranges.

Ouais. Et comment je fais ? J'ai pas voulu être comme ça, moi, Seigneur. Je me suis battue contre ma condition, contre la fatalité et contre les déterminismes qui me régissaient. Et quand je vois qu'ils m'ont pas vraiment lâchée, que j'ai toujours à batailler contre les mêmes fantômes, et bah ça me tue.

Bon, la douche, haut lieu de méditation, c'est bien connu. Aller, une chemise qui traîne, à peu près ma taille, ça ira bien. Et un futal style bas de kimono, ça fait vieille époque comme pas permis, mais ça ira aussi. Hop. Trois coups de brosse histoire de remettre de l'ordre dans la crinière détrempée, et je suis déjà dehors.

Ou pas. Puisque t'es là à m'attendre pour passer à table, le Khan. Bon, bah écoute, on va faire simple : j'ai pas envie de rester là. Et en plus, je peux pas, je reprends le service en début d'aprem'. Puis t'as été sympa, t'as joué ton rôle de samaritain comme il fallait, mais là, c'est trop. J'ai pas envie d'avoir une dette vis-à-vis de toi, surtout pour un service que j'avais pas demandé.

Je veux rester maître de ma vie, ou au moins en avoir l'impression. Ça te parle, ça ?


-Merci pour tout, Kan', mais j'vais pas rester pour le repas de midi. Pour les fringues, tu peux passer les récupérer à la caserne quand tu veux. Ou alors, faudra attendre ma prochaine perm', mais ça, ça dépend pas trop de moi... voilà.

Sur ce, je m'en vais pour le planter là et passer la porte sur un « salut ! » bref et expéditif comme il faut. Sauf qu'il a pas trop l'air de vouloir le prendre comme ça.

Parce qu'il me barre la route. Et qu'en haut, j'ai de nouveau les alertes rouges qui s'allument...
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Et voilà le retour de la voix. De son double. Et le trio de voix monte dans sa tête pendant que la jeune femme traverse la porte d'entrée. Ses mains se pressent contre son crâne. Tout se met à battre autour de lui. Les voix crient dans sa tête. Il n'est plus lui même. Il est le mal. La Bête. Le monstre. Celui qui ne devrait pas être. La colère venait de le remplir tout entier. De l'engloutir. Il était noyé par ce déferlement de haine. Il ne pouvait rien lui opposer. Pas encore. Plus tard peut-être. Toujours est-il que le son monte. Petit à petit. Ses yeux se noircissent. Ses membres se raidissent. Il est le mal. Celui par lequel l'univers vient à se déséquilibrer.

Il n'est plus rien qu'une ombre. Samaritain? Pff. Il est la partie sombre du Khan. L'amas de fureur enfoui sous un visage plutôt sympathique. Et voilà qu'il lui bloque le passage. Son corps est entre elle et la porte. Un rictus malsain lui tord le visage. Et le coup part. Elle frappe la première. Pourquoi? Son corps ne préfère pas le savoir. Elle est plutôt vive. Mais le Khan des ténèbres esquive. Il est plutôt surpris qu'elle ait pris les devants. Elle a du s'en douter. Qu'importe. Elle n'a pas le temps d'esquisser de second mouvement. Il la saisit à la gorge et la lance à travers le couloir de l'appartement comme si elle n'était qu'une vulgaire poupée de chiffon. Il veut qu'elle vole. Et c'est le cas. Elle s'écrase dans un grognement sourd à l'autre bout de la pièce. Folie 1. Ivrogne à peine réveillée 0.

*sourire carnassier*

Il ne peut pas lui laisser le temps de se ressaisir. Ce serait rééquilibrer la partie. Et il fonce donc sur elle. Le chasseur a ferré sa proie. Saura-t-elle lui échapper? Le jeu ne fait que commencer et déjà il s'amuse comme un fou. La décharge d'adrénaline parcourt son corps comme le ferait un courant haut voltage. Il est dans son domaine. Elle ne peut lui échapper. Et le voilà qui fond sur elle en bondissant. Arc-bouté en arrière, son poing siffle dans l'air et fonce vers la jeune femme ou plutôt le nuage de poussière et de lambris qu'il vient de générer. Et il cogne encore et encore. Ses mains crient à la délivrance. Elle doit payer. Payer pour son mauvais comportement.

Et là voilà qui riposte. Elle est plutôt bien charpentée la dame mine de rien. Des coups précis et efficaces. Un parfait petit produit made in GM. Et ils se cognent au milieu d'un salon des plus originaux. Il vient de retapisser son intérieur de plâtre brisé et de quelques tâchelettes de sang qui s'étendent petit à petit. Jusqu'où sa folie ira-t-elle avant qu'il ne s'arrête? Il n'en sait rien. Pour le moment, son corps ne lui obéit plus.

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-Putain, arrête ça Kan !

Il est fou. J'savais bien que c'était pas clair, pas net, comme forcé toutes ces conneries d'hospitalité. Et vas-y que je te récupère, que je te laisse me vomir sur les pompes et que je te laisse me tabasser, et que je fais mon gentil connard parce que mes parents m'ont dit que c'était bien de faire ça... et que je me suis toujours forcé... et que là, je me rends compte d'un coup d'un seul que c'était pas mon truc. Qu'au fond, j'étais un parfait petit salaud violent et égocentré. Mais que je me cachais bien derrière tout un tas de bonnes manières.

J'déteste la haute société. Tu vois pourquoi ?

Que je gueule, que je cogne ou que je tende la main, ça viendra toujours du fond du cœur et j'attendrais jamais rien en retour. Ou alors, j'y penserai pas, au moins. Qu'est-ce que tu veux que j'y fasse si t'es rien qu'un putain de frustré ? Prends-en toi qu'à toi-même ! Quoique, non, évite. Faudrait pas que ça soit pire. Remarque...

J'ai la bouche en sang, tu m'as pas loupée. Et moi non plus. J'ai commencé, mais t'allais le faire. J'l'ai senti. J'l'ai toujours senti quand les gens avaient pas d'bonnes intentions. On est jamais naïfs très longtemps, quand on pousse au milieu des poubelles.

Tu cognes dur, tu beugles, tu t'arrêtes pas. J'ramasse sec. Putain, c'est dingue. J'ai pas de haine contre toi, j'arrive juste à te trouver complètement pathétique. Peut-être parce que ta façon d'être, elle m'a pas plus touchée que ça ? Puis j'me souviens pas bien, j'avais la tête dans le seau... juste l'impression d'avoir affaire à un énième ennemi qui cherche à me buter. Bon, j'dis pas, y'a bien des fois où j'les ai détestés. Les quelques révos qui m'ont craché au visage en m'traitant de catin du gouvernement alors que justement, pour moi c'était soit marine, soit catin, ces petits enfants poussés sur des coussins et bordés de velours ou au moins de l'amour d'une mère qui venaient me donner des leçons de vie alors que pour moi, rester en vie et continuer de faire de cette vie quelque chose de sain, c'est un combat de tous les jours.

J'dis pas, on a tous à le mener ce combat. Même toi, le Kan, t'as à le mener. Tu vois pas qu't'es en train de le perdre, là ? Tu te fais bouffer par un truc qui t'appelle à plus être toi, juste parce que t'es frustré comme un chapon.

-Arrête ça, le Kan.

Ouais, arrête ça. Tu m'fais mal, ducon, et j'ai pas envie de te ravager la face. C'est comme ça, aujourd'hui, j'ai pas la gnaque. Mais t'écoute pas, t'écoute rien. Comme t'as pas écouté quand je t'ai dit, ça je m'en souviens, qu'il fallait pas ramasser tout ce que tu trouvais dans la rue.
J'ai pas demandé à ce qu'on m'aide, moi. J'ai voulu me détruire un peu, hier, tu m'as pas laissé mon droit d'assumer. Et maintenant que ça va mieux, que j'suis de nouveau un peu posée dans ma tête parce que tout ce qui devait partir est parti, t'es là et t'essayes de renverser les choses.

Putain, mais comment tu veux qu'on s'en sorte ? Merde !

-Droite du père.

Tu l'avais pas vue venir, celle-là ? C'est mon direct. Droit dans le plexus, ça te couche un bonhomme qu'a eu le malheur de baisser sa garde. Et t'es à mes pieds. J'demande pas mon reste, j'ouvre la porte et j'me barre en courant. Il est tôt, mais ça bosse déjà dans les rues. J'prie pour que tu m'suives pas jusqu'à la caserne. J'suis sûre que ça me retomberait encore dessus, et j'ai pas besoin de ça.
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Les coups pleuvaient. Ils cognaient comme des charognes enragées. Chacun avait son honneur, ou sa folie, à défendre. Une part de lui haïssait cette femme. Elle était si... Normale. Il aurait aimé pouvoir être ainsi. Chasser de lui cette part de folie et de haine qui le rongeait depuis la mort de sa mère. Sa colère ne s'apaiserait pourtant jamais. Une part de lui serait toujours abîmée et il allait devoir vivre avec longtemps. Il l'avait su depuis le début. Depuis que ça avait commencé. Et il n'arrivait pas à s'en dépêtrer. Et cela l'énervait encore plus. Il hurlait de rage. Et ses poings virevoltaient en direction de la jeune femme.

Dur. Cela cognait très dur. Elle voulait juste qu'il arrête et lui voulait simplement se déchaîner. Libérer tout ce qu'il avait en lui pour mieux l'y retenir. Et cela devait probablement marcher. Du moins il y croyait dur comme fer. Néanmoins, une autre part de lui s'accrochait. Elle voulait revenir à la surface. Le vrai Khan. Le gentil Khan. Celui qui sauve les jeunes femmes alcoolisées la nuit ou qui leur offre l'hospitalité. Le vrai. L'homme quoi. Cette part là essayait de revenir dans son esprit. Et plus elle s'y essayait plus les coups pleuvaient durs et fort. Ils s'était tous les deux bien amoché. Il avait mal foutrement mal. Tellement mal qu'il n'en conservait plus sa garde. Elle voulait qu'il arrête et il n'y arrivait pas. Cette voix. Ces cris. Il ne les supportait plus. Pourquoi? Pourquoi lui? Pourquoi cette fausse vie heureuse?  Il n'en savait rien. Et il était si seul. Un frisson glacé parcourut son corps. Oui...
Il était si seul.  
Et elle frappa. Une unique fois. Quelque chose de fort. De puissant. De direct. En plein plexus. Il s'étala à genoux et son esprit vola en éclats. Il avait mal. Seule la douleur le maintenant éveillé. Ses jambes s'étaient dérobées sous lui comme s'il n'avait jamais réussi à marcher. La Serena vient d'claquer la porte en fuyant. Sac à vinasse féminin 1 - Gros con fou 1. On dirait que ça va se finir sur une égalité. Oui... Il revient peu à peu à lui. Les yeux troubles. Et il est seul... Si seul. Les larmes commencent à rouler sur ses joues et il sanglote. Pourquoi lui?

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