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Le départ des rois.

Mes panards me mènent au port. L'crachin qui pisse des cieux m'raffraichit les douilles. Fais du bien. J'vois Dead End, qui s'éveille, autours, sans jamais vraiment s'être endormie. Les odeurs de sang et d'brulé qui montent, envahissent, pour disparaitre, remplacées par d'autres, pires, souvent. Au r'voir, Dead End. J'vais partir, moi, eux, nous. Au r'voir, j't'aimais bien. Vraiment. Encore maint'nant, j'm'y sens comme chez moi. Mais chez moi, c'est large, et j'suis pas fait pour rester à un endroit. On a fait c'qu'on avait à faire. Affaiblis, seuls, blessés, on s'est relevé, renforcé, pour sortir plus brillants encore. Les Saigneurs sont encore, vive eux, les Saigneurs sont plus forts. Encore. Le sang neuf nous parcoure, tout comme l'effervescence de nos victoires. Notre succès est total.

J'arrive à destination, ou presque. Je me dirige vers un entrepôt, pas plus pourri qu'un autre. C'est là que je dois le retrouver. En passant, j'ris intérieurement, d'ces r'gards qui sont posés sur ma carcasse. Ils savent. Ils me reconnaissent, me craignent, moi, Jack, le Roi de Dead End, depuis notre coup d'éclat, il y a presque une semaine. Si la prise fut de longue haleine, elle fut comparativement facile par rapport à ce qui a suivi. Il a fallu... organiser. J'aime pas le mot. Mais fallait le faire. Sinon, tout s'rait parti en fumer. Placé les pions c'est bien, garder la partie c'est mieux. J'ai dû assurer ma position, laisser ma trace. D'abord, j'ai remis les rennes d'l'endroit à Mongom'. Il connait, il sait comment ça se passe, et il m'en redevable. En plus, il a pu constater de ses yeux vrais ce qu'il se passe quand on m'oppose de la résistance: ça m'excite, et personne ne veut ça, surtout pas lui. Mais tout soumis qu'soit l'ancien chef de clan, j'me méfie quand même. L'a fallu placer les gardes fous. Ils se sont trouvé d'eux même. D'abord Noah. Le vétéran n'a plus sa prime jeunesse, il fatigue. Alors il s'est proposé. Rester ici, faire tourner les affaires, travailler en chantier, tout en étant un point de contact tout acquis à ma cause. J'm'y attendais un peu, à sa décision. D'autres mon plus surpris. Walter entre autre. Il ne remontera pas sur le bateau. Lui aussi reste. Une affaire d'orphelinat, disait-il. Peu importe, avec Walt' sur l'ile, même s'il est ce qu'il est, c'est l'assurance de dérouter le pékin de base qui voudrait jouer au con. D'autant plus que j'ai une autre surprise pour toi, Dead End. Elle s'appelle Oz. C'est une très grande surprise. Et elle sillonera tes côtes, prêtes à réduire en miettes les idiots et les offensants.

Ouais, j'te laisse entre de bonnes mains. Et je compte même pas Bonzo et ses gars, ou encore Louis, barman informateur et mine de sagesse. Une bonhommie totale pour un véritable allié. Planqué dans les ombres, toujours là, où on l'attend pas. J'entre dans l'entrepôt. Fait sombre, mais je le discerne, là dans le coin, avec son iroquois, juste à coté de son impressionnante coq de noix. Parle moi Kiril, jeune Kiril. Dis moi tout.
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Dans l’brouillard y a le crade et le propre. Le propre est au fond, l’fond du fond, et oui. Puis l’crade recouvre tout ça. Pour ça qu’on a du mal à voir. Alors, j’dis que, j’suis sûr qu’au fond on a du bon, nous, les abandonnés d'Dieu. Et là, j’le découvre, le mien. J’suis Saigneur depuis qu’Jack m’a serré la pogne, on a serré d’la gnôle puis il est allé serré des gonz. Et j’l’ai plus revu. Mais y a que, on va bientôt partir et qu’sur Dead End, ma jolie Dead End, j’ai laissé un trésor. Un trésor qu’en vaut dix milles à mes châsses d’ivrogne.

Jack entre et j’sors de mon coin. Pas tout sourire, pas pas sourire non plus. J’prends ma topette, j’bois une gorgée du nectar d’ma déesse et j’lui tends. Sinon mecton, y a rien d’autre à décrire. Y a qu’le silence. Et l'silence, laisse lui l'temps et il s'décrira tout seul. J’organise les mots dans ma tête parce que sinon j’vais paraître con. Ouais, mon trésor. J’vais pas l’laisser à cette radasse d’île ni à Walt, oh non, pas ça, pas à Walt.

Salut et fraternité m’sieur, tu m’connais pas, j’vais t’faire me connaitre. Châsse le plan, hé. Y a pas longtemps, on a fini c’te carvel. Mate la grandeur, le patron du chantier l’avait décrit comme machine de guerre. J’voudrais l’emporter.

J’fais le tour d’mon amoureuse flottante avec l’futur cap qui m’suit. La couverte en tamboti en ferait tomber plus d’un. Un des bois les plus beaux du monde. Marron très foncé, y a la haine dedans. Quand j’suis sur le pont, c’est plus mon amoureuse non, c’est mon fils. Un fils véner qui veut détruire tout sur son passage. C’bateau me parle. Il m’dit qu’il veut enfin prendre la mer et qu’il a trouvé avec qui il l’voulait. Les Saigneurs. Parce qu’on partage la même âme. Même si elle parait mauvaise, j’suis sûr qu’au fond, y a du bon. Ah, et l’bon. J’oubliais.

Comme t’as pris Dead End, ce bateau t’appartient déjà, tu crois, mais c’est l’mien. Viens voir la bonbonnière, y a les canons, la poudre. Ça sent la violence, la mort et l’alcool. Ça peut qu’être le mien. Mais il est pas fini, non. C’t’un navire de guerre, un navire pas classe. La classe, c’est un mot qu’les tapettes ont inventé pour s’donner d’la joie quand ils sont tristes. J’disais, c’est un bateau fourbe. Il attaquera par devant et par derrière. Comme moi avec une radasse. Il attaquera par les côtés aussi. Il répandra le sang. Car il fera partie d’l’équipage. Ce sera un Saigneur.

Ce sera un Saigneur pour les navires ennemis, surtout. Un Seigneur pour l'angoisse et la peur. Leur père. Et pour ça, j'ai ma p'tite idée. Un dingue qui pourrait nous fournir in extremis des armes de première classe. Rah, l'autre mot d'tapette. Non. Elles fouteront nos ennemis à l'ombre, elles seront synonyme de destruction pour les navires qui leur feront face. Des armes qu'ont zéro classe. Juste un monstrueux panache.


Dernière édition par Kiril Jeliev le Dim 16 Juin 2013 - 23:53, édité 1 fois

    Je tire un coup d'la gnôle qu'y m'tend. Avale. En reprend. Elle est bonne. Mire l'iroquois, en agitant la gourde avant d'la lui rendre.

    Tu t'mets bien.


    Lui m'montre alors la bête. Le rafiot. Son enfant. J'l'entends quand y parle, il aime c'te navire. Et y a de quoi. Je laisse trainer mes doigts sur le bois. Puis sur la quille. Mire les finitions. Bel ouvrage.

    C'est toi qu'l'a fait?



    Qu'je dis en m'tournant vers Kiril. Il agite la trogne, en mode oui. Et moi, j'suis impressionné. Sous ses airs de cogneur alcoolo (je juge pas héhé) s'cache donc un charpenteur d'talent. Un ouvrier d'la guerre faut croire. Vu d'en bas en tout cas. J'mire les plafonds, r'père une poutre. Saute. D'ici j'vois l'dessus. Le pont, les mâts. C'te coque de noix, elle est agressive. Violente. Des espaces sont aménagés pour accueillir des canons. Enfin... a partir d'une certaine taille, j'sais pas si on nomme encore ça comme ça. Même Anthrax, pas loin, a l'air impressionné. Ce truc va cracher fort. J'doute qu'il trace par contre, mais pour ça, on a toujours le Santa. ... J'redescends.

    Il est parfait. Superbe. Mais... Y manque les cracheurs de mort, non? Quel est l'plan pour ça? Faudra pas lésiner, ce s'rait insulter ton bébé létal. Et maintenant qu'les Saigneurs ont des fonds...

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    Jack sourit, Jack est content. Suffit pour m’en décrocher un d’la margoulette aussi. Action. T’as vu ça, fiston ? On dirait qu’tu vas prendre la mer avec plein de gens qui m’ressemblent. L’était temps. C’t’île te convenait mais plus maintenant. Action. Enfin, y soulève… j’sais plus comment qu’on dit... sur ce qui nous intéresse. En ce moment, t’es nu. Un mec sans poil, c’t’un mec classe, enfin, une tapette. T’auras compris.

    Y a un temps qu’on doit lui foutre un peu d’virilité à c’mecton. Y a un type. L’a c’qui faut. On avait pas les moyens d’les lui payer, ses armes. Elles sont epastrouilllantes, autant qu’le prix. J’te laisse alors d’viner l’pépin qu’on a rencontré à l’époque. Alors l’est resté comme ça.

    J’mate la taille du flottant, et j’suis fier. Mais j’me sens pas encore comme maître ici ni comme mâchoiron. Clair qui lui manquait quelque chose. Attends.

    L’mec, Jamie Cent. Emplacement, pas trop loin d’ici. C’qui fait, s’défonce la bobine en attendant l’grand bateau. Enfin, on fait tous ça, un peu.

    ***

    Au sous sol d’la piaule de Jamie, c’est l’matos. Gros. Il dit qu’il a pécho ça sur un navire d’géant. Y a qu’ça comme explication possible, j’le crois. Y a Jack qui châsse c’qu’est le plus gratiné dans la pièce. Le grand canon. Le Tsar Cannon, j’dirai, même. Un truc gigantesque d’six mètres de long avec ses boulets dans l’coin d’la pièce, aussi impressionnant. Une baliste et un tromblon géant qui feraient bander un belliqueux. La blague, c'est qu'il est mort.

    Jamie est tout excité, depuis l’temps qu’il veut d’la thune et qu’il vit dans sa chiasse. A mon avis, l’allait être servit. L’attire mon attention sur un canon spécial dit-il, qui d’après lui peut brûler la mer. Un type sympa mais qu'a un grain. Voyons.

    Si, si Kiril faut m’croire, j’te jure faut m’croire c’est vrai j’l’ai vu d’mes propres yeux, c’est vrai Kiril, faut m’croire, hein, hein tu sais qu’j’ai pas les roubignoles de t’mentir, tu l’sais ça hein, hein ?

    Oh, oh. Ferme là ou sinon c'est moi qui t'la ferme. Parle plus doucement.

    Oui… Oui… Ces canons ils brûlent la mer, ils la brûlent, je l’ai vu, je l’ai vu, hein. M’sieur Jack, faut m’croire. Une grosse fumée, une énorme fumée ! J’dis pas ça pour qu’t’achètes m’sieur Jack, c’est vrai quoi, j’ai pas les roubignoles de l’faire…

    La composition d’ton machin, Jamie.

    Son visage se raidit comme si qu’j’ai parlé d’un truc qui faut pas. Moi, j’force le regard, intrigué mais surtout pressé. 'viens m’chuchoter à l’oreille puis montre des sacs. La poudre que la r’cette a donné. J’me retourne vers Bloody Jack qui mate d’partout dans tous les sens.

    Qu’est-ce que tu prends ?


    Dernière édition par Kiril Jeliev le Sam 22 Nov 2014 - 22:01, édité 2 fois

      J'réfléchis. Une seconde. Puis Bast. Bast bast.

      On prend tout.


      J'vois la gueule du dingue qui change. En bien. L'est heureux. J'précise, parce que j'aime pas rendre les gens heureux.

      J'espère qu'y march'ront, tes cracheurs de morts. J'espère pour toi, parce qu't'as pas envie qu'j'revienne t'voir pour un service après vente.


      Il déglutit. Là c'est mieux. Mais dans l'fond, j'ai pas de doute. Dead End est connu pour la qualité d'ses armes navales. Et l'plus dingue des vendeurs peut qu'être l'meilleur. C'est toujours comme ça qu'ça marche.

      Le fric quand tout s'ra installé. J'veux pouvoir lever les voiles ce soir. Fais ça bien.


      Il agite la trogne, plusieurs fois, rapidement. Moi j'allume une tige, me r'tourne pour partir. Mais j'ai un doute.

      Anthrax...


      J'téléscope la trogne, juste assez vite pour voir l'infâme macaque des Enfers qui pointe un flingue sur le dingue. J'mire le singe, il hésite... baisse l'arme et court sauter sur mon épaule. Sale bête, j'dois m'méfier. Chaque fois qu'j'avertis un gus, l'animal y voit une occaz' de meurtre. Il est drogué. Camé à la flinguette. On sort, avec Kiril. Temps d'aller rejoindre les autres, aux bateaux. Temps de préparer. Ce soir, on lève les voiles.
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      Bordel de merde.

      On est un peu sur le cul. Un peu, le mot est faible.

      Franchement ? ça a de la gueule. Ouais. Mieux que la Santa et l’Ecume réunies. C’est plutôt bien fait. J’dis ça, mais Noah semble sur un petit nuage. Voire même un peu dégouté d’avoir choisi de rester sur Dead End.

      Finalement, je vais p’t’être…
      Non, ta gueule Noah. Tu restes ici que Jack a dit. Et que t’as dit à Jack.
      Et merde.

      Le vieux fait la tronche. Il a de quoi. Vrai que Dead End, à côté, ça fait un peu tâche comme lieu de retraite. Mais c’est ça, quand on commence à prendre de l’âge que je lui balance sournoisement. On vieillit, on flétrie, on a plus la fougue des jeunes qui reprennent le flambeau. Il me traite de salope alors que je monte sur le navire comme si de rien n’était. J’ai droit de le narguer, ouais. Ça, je peux. Parce que moi, j’y monte, et j’y reste.
      La première impression a fait bon effet, le reste suit. On se dit que par politesse, on va pas visiter l’endroit trop tôt, avant le retour de Jack et Kiril, tout ça. Puis on se rappelle vite qu’on est des enfoirés de pirates, des Saigneurs des mers, et qu’on a jamais été du genre très polis. On reste sympa pendant la visite, et on fout pas le bordel. On respecte le boulot des autres, surtout quand il est bien fait.

      Le premier lieu que je vais voir ? A votre avis ?
      La cuisine. Je m’en fous d’avoir une chambre, on m’a embauché pour la bouffe, pas pour dormir. Quand j’y pense, c’est même ça qui m’a sauvé les miches, la première fois qu’on s’est vu. Je suis pas du genre nostalgique, j’l’ai jamais été. Pas sur ces choses-là, en tout cas. Un équipage, c’est juste une bande de paumés qui font route ensemble pour être moins paumés. Les Saigneurs échappent pas à la règle. Ils sont juste paumés et dégénérés, souvent.
      Là, avec ce navire, c’est un autre équipage. Différent, parce que tout a changé. Le bateau, les membres, le meneur des troupes. J’saurais pas dire si c’est mieux ou pas. Entre la peste et le choléra, tu saurais pas faire un choix. J’ai testé les deux, j’approuve pour aucun. Mais les faits sont là. Avec les Saigneurs, ma gamine entend ma voix. Pas de la plus belle des façons, mais elle m’entend, et c’est déjà beaucoup.

      Pas vrai Lia ?
      Oui.
      Hm.
      Ils reviennent.
      Les valises sont prêtes.

      Même si ça fait une plombe que j’ai plus de bagage.

      Rassemblement, félicitations, tapes sur l’épaule. C’est beau tout ça. Mais quoi…

      On se tire d’ici, Capitaine ?
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      Ouais, j'suis aussi là moi. J'les r'garde, d'un peu loin, qui s'font la bise. C'pas qu'j'veux pas, mais j'me sens pas d'humeur aux contacts humains droit là. J'regarde, donc, et j'admire aussi, un peu. Faut dire qu'c'est un beau colosse qu'nous est tombé dans les mains...

      Erf... J'pense encore en nous...

      C'quoi c'te main qui s'pose sur mon épaule ? J'croyais avoir dit qu'j'étais pas d'humeur aux contacts humain ! Mmmh... La fille Polav... Joli brin, mais elle a pas c'truc particulier. J'vois ses lèvres qui bougent, j'entend vaguement un truc à propos des sentiments... J'écoute pas, j'bloque pas l'oreille par où ça r'ssort. J'refourgue mes sentiments, pas parce qu'ils m'font mal, mais parc'qu'ils servent à rien. 'Sont pas constructifs ces trucs.

      Mais ils r'viennent à la r'charge quand j'vois les marmots qui s'pointent. J'vois dans leurs yeux c'qu'is s'disent tous. Pourquoi on part pas ? ou un truc du genre. Mais ils l'comprennent pas, qu'on s'ra bien et qu'on s'amus'ra aussi ici...

      Moins...

      Merde, c'est que j'commence aussi d'y penser... Pourquoi j'dois décider ? Pourquoi que j'dois m'occuper d'tout ça moi ? Ch'tain...

      J'met les mains dans les poches, c't'un vieux manteau qu'j'ai r'trouvé au manoir. Ma baraque... J'sens qu'au fond y'a un truc dur. J'le sors, c'est petit, rond, aplati avec des dessins d'chaque côté. Un peu comme un berry mais pas pareil. Un pièce quoi, un truc d'une autre époque...

      J'aime pas décider... J'vais l'faire au hasard du coup. S't'une solution comme une autre. J'pose la rondelle sur mon index et mon pouce, j'relâche tout, ça s'envole...

      "Face... J'me casse."

      Arrêtes, tu sais déjà qu'ce s'ra pas pile

      Merde... Ouais j'sais, j'l'avais déjà vu, et alors ? J'attrape la pièce, la r'fourgue dans la poche du seul mantal qu'j'vais prendre avec. Comme au début, pas d'aut' frasque qu'celle qu'j'ai sur l'dos.

      "Viendez les gosses."

      J'sens les r'gards qui m'fixent. C'ui des p'tits, du vieux qui sourit, et c'ui d'Suzie, qui capte pas. J'entend l'aut' qui m'dit qu'j'y fait du mal à la pauvre. J'm'en tape, elle a qu'à encaisser, comme les autres.
      Les plus gros ont d'jà r'levé les planches, reste plus qu'la Santa du coup. Bien, p'tit et cozy, ça m'va bien. J'vois l'Noah qui m'accoste, j'crois qu'lui aussi, il a r'ssenti l'appel du large, ou un truc du genre. J'l'ai vu s'faire rabattre. Pas d'chance mon gros, deux fois d'suite que tu t'le prends dans la gueule...

      "Essaies même pas d'me dire c'que j'dois faire. T'sais où est ta place, j'sais où qu'elle est la mienne."

      Il reste en pause, la bouche ouverte. C'dingue c'que j'peux êt' méchant des fois... Allez, c'est un bon gars l'Noah. J'lui fout une accolade quand même.

      "Bon vent, mec. Garde bien s'caillou à ma place, et brûle moi ça tu veux bien ?"


      J'me r'tourne, j'croche Amy pas la patoune au passage, et j'embarque. Les gars du bord n'disent rien, ils on qu'à accepter, comme les autres. J'lève les yeux, j'vois pas l'Jack, mais Anthrax. La bestiole me tire le sourire le plus malsain qui soit. Ouais petit, on va encore pouvoir s'amuser ensemble... Et pendant qu'les voiles se gonflent, qu'on nous applaudit, qu'on nous pleure ou qu'on nous hue, j'remue l'doigt qu'j'ai laissé à Noah, J'crois qu'il a sursauté... J'espère. Héhé...
        Il y a de ces endroits où les gens tendent à se rassembler spontanément. Tel était le cas des quais d'où partait le nouveau navire des Saigneurs. Comment expliquer autrement le fait, ô combien mystérieux, que la populace soit venue assister à leur départ ? D'accord, la majorité était surtout là pour s'assurer que la bande de Bloody Jack allait décarrer vite fait. Un nouvel an comme celui que l'île venait de vivre, très peu pour eux. Les habitants de Dead End avaient beau être dans leur majorité des flibustiers, ils s'étaient rouillés en se sédentarisant. Pas d'bol pour les gars des clans. Par contre y'avait de la possibilité d'embauche pour les plus débrouillards, ou les plus rapides à retourner leur veste c'était selon. Il y avait de nouvelles places à prendre tant sur l'île que sur les navires du Jack.

        C'est qu'il y avait foule pour s'engager chez les Saigneurs. Les exploits de la fine équipe avaient fait le tour de l'île et Crack Joe n'était pas peu fier d'avoir participé. Il avait misé sur le bon cheval, à lui le haut de l'affiche ! Mais pour ça, il fallait d'abord recruter et c'est ce que Crack Joe faisait ou plutôt qu'il faisait faire par ses gars. La Fouine avait un véritable don pour embobiner les autres et les navires des Saigneurs allaient nécessiter une bonne dose de chair à canon ou main d'oeuvre faisant l'objet d'un haut taux de mortalité comme disait l'écrivaillon. De l'aventure, de l'or et des femmes. Voilà ce qu'il leur promettait. Brave petite fouine. Alors en attendant l'arrivée du Boss, Crack Joe jouait les mannequins. Admirez le, beau comme un sou neuf dans son costume tout propre. Les pirates sont sensés être des puants aux chicots pourris ? Que nenni ! Les dents qui brillaient et le cheveu lisse, l'ami Joseph ressemblait à une véritable gravure de mode. Il fallait bien leur faire envie aux recrues potentielles pas vrai ? Ça en impressionnerait plus d'un pour sûr.


        Les valises étaient prêtes. Il y en avait une bonne demi douzaine et pas de petite taille, qui a dit que seules les femmes devaient garnir leur garde robe ? Crack Joe emportait aussi des souvenirs, sa première affiche Wanted, le sabre de The Samurai, le flingue de Bloody Jack, le coffret qui avait contenu son fruit, etc... Il aurait bien voulu emmener la tête de la femme-vache en souvenir mais celle-ci avait servi à une cause plus noble... erm... rémunératrice. Ça avait été un bien beau colis tout de même... 

        Mais Joseph ne pouvait se laisser à la nostalgie, les Saigneurs arrivaient. Il en frissonnait de plaisir. Lui, un pirate, un vrai qui pouvait faire tout ce que bon lui chantait ? Ô joie ! Et quelle équipe ! Crack Joe souriait à s'en décrocher la mâchoire tant il était heureux de voir ce ramassis de tueurs qui constituait désormais sa famille. Le premier arrivé fut Walt' l'increvable, si tu l'emmerdes y t'enterres. Vas y que je t'ignore et que je monte sur le rafiot avec ma marmaille. Peu après débarquèrent Bloody Jack, le Boss, la violence personnifiée et le p'tit nouveau, Kiril le punk, ami, rival ou tâche de graisse maculant son costard à nettoyer au plus vite, allez savoir... Mais Crack Joe l'aimait bien ce petit et puis il n'avait pas encore soldés leurs comptes... La seule femme arriva bonne dernière. Michaela Hope aka la Reine de la Poêle était sûrement la plus sensée de la bande et le nouveau bras droit du Jack.

        Le blondinet mima une parodie de salut, s'inclinant tellement que c'en était ridicule tandis que les autres approchaient du navire. Son sourire ne le quittait pas un seule instant, fou ce qu'il devait être heureux.

        "Le navire de destruction massive de Bloody Jack est avancé. Mais avant de prendre la mer, il faut le baptiser. Tout bon marin sait qu'un navire qui n'a pas été baptisé porte la poisse. Le vaisseau du Maître de Dead End se doit d'avoir un nom qui en jette, pas vrai ?"

        Crack Joe fit signe à l'un de ses porte flingues qui lui donna rapidement une bouteille de champagne, la dites bouteille finissant sa course entre les pattes du Jack.

        "La meilleure bouteille de mon rade pour l'plus balèze des navires et l'Saigneur en chef."

        Bah ouais, fallait faire les choses bien. Au pire il pouvait toujours fracasser le crâne d'un des recalés contre la coque pour baptiser le navire dans le sang. L'idée était intéressante...
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        On est prêt. Même Walt'. Il avait dit qu'y v'nait pas. Y vient quand même. Rien d'surprenant, ou d'neuf. C'la dit, son r'tour a changé des choses. Sans lui sur l'ile, n'importe quel zozo un peu bien organisé peu v'nir y foutre le boxon. Le temps que j'revienne le cramer, on s'entend. Mais c'est d'la promesse de problème et j'aime pas trop ça, les problèmes. Surtout maintenant. Depuis qu'tout  me sourit. Héhé. Alors j'ai engagé des gros rudes. Le genre qui ne croit qu'en l'argent. Ça tombe bien. On en a. Eux aussi maintenant. J'leur ai filé de quoi s'acheter une belle brochette d' "employés" sur les marchés de Dead End, et surtout, un hangar, rien que pour eux, sur les docks. Ils pourront y trafiquer tout ce qu'ils veulent, tant qu'ils respectent LA loi de Dead End, ou qu'ils la respectent pas, mais en planqué.

        Et parlant de transactions douteuses, c'était pas la seul. Je reviens du ponton 5, quai Est. Là-bas, dans l'indifférence la plus totale, une centaine d'esclaves ont changé de mains. D'anciens fières pirates, d'venus piètres viandes à Saigneurs, vendus, pour une bouchée de pain. Groupés par paquet de 20, dans des caissons étanches, avec bouffe et boissons et suffisance (héhé) pour qu'ils puissent survivre à la traversée... Traversée qui devrait les mener vers les fonds marins, j'ai l'impression. Sinon, pourquoi des caissons étanches? Enfin, ça n'est plus mon business. C'est celui de Thunder F. Moi, j'ai encore plus de pognon, et de belles boites de cigares. Tiens, allumons-en un. Et revenons à nos moutons.

        Le Kultuur est là. Prêt à prendre les flots. Il est beau, il est puissant. Armé comme il est, c'est un délice. Je me poste derrière lui, pour le pousser vers l'eau. Il glisse, sur ses rails, pour délicatement (v'nant d'un navire couvert d'engin d'mort, j'aime l'adjectif) délicatement donc, se poser sur les flots. Le voila, le nouveau bateau des Saigneurs, au milieu de ses deux grands frères, réparés et clinquants. Il a été baptisé, presque. Je bondis dessus. Les Saigneurs sont là. Sur les bateaux. Tout le monde regarde dans le même sens. Celui d'l'avenir. Des choses vont se passer. Des choses ont déjà changée. Je ris, fort. Lance un cigare à tout l'monde, tandis qu'Anthrax se pose sur mon épaule. A Dead End, je m'adresse.

        Ciao, la moche. Et n'oublie pas! Tu es à moi.

        Noah fait un signe de main, là, sur le quai. Au Saigneurs, j'adresse:

        Mauvaise troupe, on a un monde à conquérir. Volez haut, mes aigles!
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        Même si c'est la pire des racailles qui puissent exister sur Grand Line, même si z'ont fait des choses atroces comme faire pleurer les péchons, même si certains ont zigouillés leurs parents, z'affichent quand même un sourire sur leur bobine d'empeigne. Y a la joie, la bonne humeur, tout comme quand une radasse s'offre une nouvelle paire de chaussures. Des trucs qu'arrivent rarement, n'empêche. Et quand Jack sonne le départ, ils crient tous en cœur. Pas moi, c'est pas mon truc. Puis pas Joe, au cas où il nous massacre encore les oreillons. Turellement, j'tourne la face vers la terre conquise. Attends donc, c'est p't'être promise qu'elle est, la terre dans l'expression originelle ? Celle-ci elle nous est pas promise, j'espère, c'est un cimetière de vivants. Bon, bon. En montant, j'tourne la face. Et c'que j'vois. C'que j'vois, la ville la plus pitoyable du monde mais c'est à mon niveau donc j'suis content. Hein. Content, j'montre mes dents à une île qui n'en veut pas. Tu m'manqueras pas, à moi. Tocarde d'île.

        On monte. Hé, fait longtemps qu'j'ai pas posé mes groles sur la couverte d'un navire pour autre chose que sa construction. Content. Hein. Z'embarquent tous sur un, y en a trois. Moi, j'prends l'écume avec la madame cuistot. Pas qu'j'l'aime bien mais c'est qu'c'est stratégique, tu vois. Y a le Scott qu'est avec ses gamins glauques et insupportables sur la Santa, y a le Crack qu'on va finir par se battre sur le Kultuur. Stratégique comme ils disent les mecs à lunettes, comme Périclès. Et tout. J'fais un jolie pas-sourire à la demoiselle et j'vais à l'avant. Ma caboche tourne vers la droite Bloody Cap'taine avec Anthrax et Joe, placé pareil. Encore plus loin, Scott, pareil. Derrière moi, poêle et afro. Redoutable poêle de pacotille. C't'à peine si j'ai pas envie d'la jeter à la mer.

        Prêt à dominer l'monde avant qu'celui-ci nous domine, hen. J'peux voir l'sourire du Sans Honneur de là, p'tit ricanement. Moi aussi, j'mate l'horizon. Mais l'horizon ça s'mate pas, ça s'conquiert mon bon capitaine. Parce qu'ils disent qu'on peut pas et qu'c'est un truc infini. Bien pour ça qu'on le veut. Et puis c'est tellement cliché qu'on pouvait faire que ça, pour marquer le coup. Hé, un coup, tiens. Topette, gorgée d'rhum, range la topette. Ah, j'aime bien. Reprends la topette. Mais.

        Mais ?

        Hé, y a des choses qui tombent sur terre, hoy. Elles s'rapprochent, héhé. Merde, l'rhum est fort... Qu'est-ce qu'il m'a servit comme merde l'piollier ? Et j'vois pas flou, Micha aussi derrière ses lunettes noires à l'air d's'y intéresser. J'aime pas qu'on cache les yeux, Micha, on sait pas à qui on parle. Quoi ? Qu'est-ce qui arrive, l'Afro ? Pourquoi tu te casses, attends espèce de lâche ! J'savais qu'elle avait peur de moi, héhé, ça reste une femme. Elle faisait la mal-

        Un bruit.

        Kiril ne pourra poursuivre le récit. En effet, il avait l'intention de débattre avec vous sur le rôle des femmes dans la société mais apparemment Dieu ne doit pas posséder de cojones parce qu'il lui a envoyé une météorite en plein la tronche. On souhaite qu'il meurt alors on lui dit "Bonne mort". Bonne mort. C'est bien les enfants. En attendant qu'Il exauce notre vœu, on remarque des légumes étranges un peu partout et à côté de la tête de celui qu'on espère de tout notre cœur mort. Crève, crève, crève. On dirait qu'ils sont tombés sur les trois navires de la flotte. On se pose la question de ce que ça peut bien être... Qu'est-ce que ça peut bien être. C'est bien les enfants. On souhaite maintenant que le punk meurt. Meurs, meurs, meurs. Bons marmots.
          Quitter Dead End ne fut pas aussi anodin que Crack Joe l'espérait. Mine de rien il s'y était attaché à cette île de sauvages. C'est qu'il y avait passé un moment sur ce caillou le Joseph, il avait même cru pouvoir y creuser son trou. Mais l'étoile Crack Joe avait été totalement éclipsée par l'astre qu'était Jack. Dans le genre éblouissant, de noirceur bien entendu, on ne faisait pas mieux que Bloody Jack. Tahar Tahgel avait illuminé le ciel aussi mais c'était aujourd'hui un astre mort qui croupissait dans les sous-sols d'Impel Down. Non, Joseph avait décidément misé sur le bon cheval, il n'y avait qu'à regarder l'armement monstre qu'il y avait à bord du Kultuur pour s'en convaincre. Les Saigneurs et Bloody Jack étaient l'avenir. Crack Joe le pirate serait bientôt en haut de l'affiche ! Il faudrait d'ailleurs qu'il songe à accrocher la sienne dans sa cabine, c'était un peu sa carte de visite après tout.
           
           
          Mais avant de s'occuper de la décoration de ses quartiers, l'ami Joseph prit un peu de temps afin d'observer son environnement. Il fallait qu'il s'approprie ce navire, il était chez lui dessus après tout. Certes, il n'avait encore jamais été pirate... du moins officiellement. Cela dit, il en avait traqué suffisament pour en connaître un rayon. Du genre, comment on faisait des noeuds marins, qu'est ce que les pirates chantaient comme chansons, ce genre de trucs quoi. Crack Joe avait toujours été un truand plutôt terre à terre mais il s'adaptait vite. La preuve, de vagues souvenirs de connaissances maritimes lui revenaient déjà. Alors l'avant du bateau c'était... ah oui, "le bout pointu" ou en l'occurrence, le bout où se trouvait le Giga Mega Gros Cannon, aussi connu sous le nom de Tsar Cannon.
           
          Bref, c'est vers l'avant du navire que Joseph se dirigeait d'un bon pas, fallait qu'il découvre le monstre. Le Kultur était mastoc', trois ponts et de la longueur en veux tu en voilà. Heureusement qu'ils avaient recruté de la main d'oeuvre à Dead End pour faire avancer le rafiot. D'ailleurs en parlant de Dead End, Joseph avait repéré une tête connue sur le navire à sa gauche, Kiril le punk. Vivement le troisième round, il allait lui faire bouffer ses dents à ce punk, en toute amitité bien sûr. Crack Joe avait hâte de lui faire goûter à ses nouvelles techniques fruités. Il était désormais un surhomme après tout.

          C'est donc en bon surhomme qu'il s'apprêtait à gueuler un message fruité et très subtil à son grand copain Kiril quand il constata ou plutôt encaissa la chûte de nombreux légumes. Et oui, sur Grand Line il pleut des légumes ! Ô joie, ce soir ça allait être ratatouille.
           
          KRASH !
           
          Le boxeur souhaitait si ardemment mettre une épaisseur de bois entre ces légumes et lui qu'il faillit manquer le plus beau du spectacle, une météorite qui tombe tout droit du ciel sur la tronche de Kiril. Pur bonheur pour l'ex-agent Patchett qui ne put ni s'empêcher de sourire, ni de se moquer de son meilleur rival.
           
          "Bah alors Kiril ? Qu'est ce qu'y t'arrive mon grand ? Tu nous fais une allergie aux légumes c'est ça ? Bwhéhéhéhé. Mis K.O. par une courgette volante, t'as pas honte de toi ? Hahaha. T'assures carrément pas Kiril ! Tu veux que je t'envoie de quoi te faire une soupe peut être ?"
           
          Penché sur le bastingage, Joseph apostrophait Kiril directement sur l'autre navire. Vu qu'il se servait de son pouvoir démoniaque, l'intégralité des personnes présentes sur les deux navires pouvaient l'entendre. Et le pire, c'est que non seulement Joseph le savait, mais en plus il aimait qu'on soit obligé de l'écouter.
           
          "Une soupe ? Beurk... Vous voulez pas faire une ratatouille plutôt M'sieu Joseph ? C'est bien meilleur et tellement plus nourissant !"
           
          "Carrément !"
           
          Derrière Joseph, les hommes de bord commençaient déjà à ramasser les légumes tombés du ciel. Il ne fallait rien gâcher quand on était en mer. Qu'il s'agisse de légumes volant, de poissons mutants ou de conserves, tout était bon à prendre et surtout à manger. Même si ça ne plaisait pas forcément au palais, désormais trop choyé, de Joseph
           
          "Sans déconner..."
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          Dans ce post, nous ne partirons pas sur un débat à propos de l’inutilité masculine plus qu’évidente tant elle crève les yeux. Nous n’en parlerons pas, parce que j’aurais évidemment raison d’un bout à l’autre. Nous ne parlerons pas non plus de comment Kiril est parfois idiot. Souvent idiot. Là aussi, ça crève les yeux. Ni de comment se retrouver au milieu d’une pluie de météorite et courgettes géantes, c’est vraiment bizarre, même sur Grand Line.
           
          Parlons plutôt de Joseph.
           
          Un gars étrange, fort désagréable avec une gueule très grande. Pas que ça change beaucoup des gars de l’équipage en règle générale, car après tout, se la mesurer pour savoir qui a la plus grande est un sport national… J’ai l’habitude, donc, de ce genre de type, et j’ai vite appris à les ignorer. Le souci réside dans le fait que depuis qu’il a mangé son fruit du démon qui le rend presque utile, mes tentatives pour l’ignorer sont vaines... Voilà. Mais je suis joueuse, et moqueuse aussi, et même si l’assomage du punk fait plaisir à voir, je préfère me moquer de Joseph. Lui, c’est un type qu’a souvent la bouche ouverte pour vomir des bêtises, et je suis intimement convaincue que y’a pas beaucoup d’hésitation à avoir pour lui montrer qu’il est bon, parfois, de ne pas l’ouvrir.
          Armée de ma plus belle poêle, je ferme simplement les yeux et visualise la distance entre notre nouveau navire et  l’Ecume que je dirige désormais. Prenant de l’élan, faisant un mouvement ample du bras, ma poêle rencontre un concombre d’une taille conséquente. Le concombre décrit une courbe magnifique, évite les autres légumes et atterrit droit sur la tête de ce bon petit nouveau, en éclatant en mille petits morceaux, dans un « sssflosh » équivoque.
           
          Home Run !
           
          Un vague signe de la main, adressé au blondinet, je rejoins vite l’assistante du docteur qui surveille la bosse grandissante sur le front de Kiril. Elle y pose simplement un pansement, tenant au-dessus de sa tête un parapluie sous lequel je me glisse pour éviter la pluie de légume.
           
          Tu crois qu’il va mourir ?
          Non, ça devrait aller.
          Je peux l’achever, hein.
          J’ai dit que ça allait…
          Ah… Merde… Bon…
          On le met à l’abri ou on le réveille ?
          J’sais pas. Tu vois ça comment toi ?
          Je te laisse faire Micha.
          D’accord.
           
          CLONG !
           
          REVEILLE TOI, FEIGNASSE ! TU T’ES CRU OU HEIN ???! T’AS DES LEGUMES A RAMASSER POUR CE SOIR ! ET PECHE MOI UNE VINGTAINE DE SAUMONS, ILLICO !
           
          Le coup a vite fait de le réveiller, en plus de lui rentrer cette bosse qui prenait de plus en plus de place sur son front. Je me tourne vers les autres membres de l’écume qui trouvent ça drôle de se moquer du p’tit nouveau, pour gueuler à la suite :
           
          PAREIL POUR VOUS LES CONNARDS ! VOUS AVEZ UNE HEURE POUR ME TROUVER CE QU’IL FAUT POUR LE DINER ! ET VOUS MAINTENEZ LE CAP !
           
          Je ramasse un des légumes éclatés pour le regarder. Je le sens. Avise. Hausse les épaules… même si ça vient du ciel, ça ressemble à une courgette. Ça sent comme une courgette. Ça doit être une courgette. Ça peut pas être mauvais.
           
          Héhé.
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          J'avais pas vu les choses comme ça, mais on se r'trouve un peu serrés sur la Santa, à trois mec, trois mioches et moi. Faudra réviser ça la moindre je crois. Les trois mecs, Geese, Nolan et Haar, la fine équipe, ils m'ont accueilli comme d'habitude: avec le gros sourire plein de tendresse et un jeté de bouteille de gnôle que j'aurais limite pu mal le prendre si ça ne v'nait pas d'eux. Les trois mioches, il s'amusent à se mettre la tête dans l'eau alors que la barque que j'peux caractériser comme à moi fuse sur les vagues. Et moi, ben moi, je bois quoi...


          Sauf que visiblement, on a un message de l'office de la santé publique interstellaire qui veut nous rappeler de croquer nos huit fruits et légumes par jours. Ch'tain, mais y'a quoi dans c'te bouteille ? J'ai dit interstellaire ? C'est quoi s'mot là ?
          'Fin bref, pluie de cruditéorites dans notre face. Dans celle plus que d'autres apparemment. J'entends qu'y'a l'Kiril qui c'est fait mettre au tapis par une tomate...
          Non, pas une tomate, c't'un fruit ça.


          J'jette des coups d’œil aux gus, ils captent et partent à la récolte maritime de pédoncules aériens. J'mire les gosses, ils veulent donner un coup d'main, c'bien. C't'une bonne chose que d'apprendre à cultiver les produits d'la terre, j'en suis la preuve vivante, même si certains redisent des choses à ce sujet. Mais bon, c'du détail ça. J'mire en direction du Kuultur, j'avise le Jack, j’évite une carotte et j'pousse de la voix.


          "Maique, faut pas gâcher toute c'te bouffe, et j'pense pas qu'nos câles puissent tout encaisser. On s'fait d'la ripaille ce soir ? Reste encore quelqu'bouteilles du vieux pour tout faire descendre !"


          Voilà, j'crois qu'j'vien d'm'auto-élire sellier d'l'équipage. Bah, s'pas grave, ça m'convient dans l'ensemble. Accès privilégié à la biture, ça fait pas d'mal à son homme.


          ***


          Mon idée a du plaire à Jack, parc'que sinon j'serais pas sur ses planches, prêt à donner d'la fourchette. Ouaish, j'viens d'monter une échelle pour débarquer, et déjà j'sens les r'gards des péons autours qui s'demandent qu'est-c'qui vient d'leur embarquer. J'leur en veux pas, la plupart m'connais pas. Ceux pour qui c'est l'cas, en revanche, s'fendent la poire. Y'a d'quoi. J'm'écarte pour faire d'la place à Am, puis Stram, et enfin Gram, qui porte ma tête. J'tourne l'oeil vers mon corps et j'admire mon oeuvre, posée sur mes épaules.
          J'ai toujours été doué pour graver les citrouilles.
            J'en ai miré, des trucs étranges sur Grand Line. Vagues en embuscades, aux formes animales, grêle et neige sous un soleil de plomb, ciel aux couleurs d'un oeil au bord noir... Ouais, j'ai miré une chiée d'trucs pas kasher sur c'te courant, mais jamais j'm'étais mangé une pluie d'légumes. Sournoiserie. Ca a pas l'air comme ça, mais calcule: une goutte d'eau, ça pèse qued', et déjà ça fait chier. Un grêlon, c'est d'jà plus lourd, et ça peut faire très mal. Ben imagine, un légume. Ca fait bien douze fois l'poids d'un grêlon. Et le reste. Ca tape fort donc, surtout quand ça tombe d'puis si haut. C'est pas Kiril  qui va m'contredire.

            J'me penche. Ramasse le truc, tombé pas loin d'moi. Plus loin, sur la rambarde, Anthrax, les bras vers le ciel, tape des incantations maléfiques dans sa langue de singe dégénéré. Moi je mire le légume traitre. On dirait.. je sais pas vraiment, j'connais pas c'genre là. L'est bizarre. Genre pas normal. Un truc louche, en somme. J'entends Walt' qui beugle. Faisons une soupe, ou un truc dans l'genre, il beugle. Puis Micha' qui suit l'idée, commence à lancer les préparations. Même Jo' a pas l'air contre. Je ressent le légume. Mais genre, avec mon coeur et mon âme quoi. Je le sursens, j'capte son âme. Et ça m'confirme un truc que j'entrevoyais déjà: ces légumes, c'sont des crasses monstres. Sont mauvais, plus qu'on pourrait l'imaginer. Ma main à couper. Ni une ni deux, j'm'adresse à l'équipage, bien fort.

            Faites en une soupe, on va tout bouffer.

            Héhé. Pas de panache sans jeu. Vivre, c'est voir le mur en face, et continuer à accélérer.
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            Y a le bleu et les étoiles. Une affreuse douleur, aussi. Mais j’sais pas où qu’elle est et j’ai vu pire. Ça passe. J’respire. Ça sent pas bon. Comme sur le bateau. Pourtant j’y suis pas sur le bateau, si ? Encore un d’mes mondes où j’vais quand m’arrive que’que chose. Et là, la chose c’tait une gigantesque courgette. Il fait bon vivre, ici. C’est mieux qu’en bas. Et pourtant ces démons viennent m’chuchoter d’vilaines choses pendant que j’fais ma sieste. Le premier, c’est Crack Joe. Il se bauche de moi avec sa voix de fillette qu’à ses problèmes de…fillettes. Tu sais, tous les mois… J’arrête, j’arrête, héhé. D’ailleurs lui aussi il s’arrête. Et j’entends le bruit d’un corps sur le plancher. Héhéhé, quelques insultes à Micha en plus, des moqueries qui viennent du Kultuur. J’vais faire vite de me remettre debout pour m’foutre de sa bobine à mon tour.

            CLONG.



            Elle a fait vite de me remettre debout pour qu’on se foute de ma bobine. Et elle gueule, elle gueule. Devoir supporter cette espèce de…peluche. Mais vous avez vu ce qu’elle a sur la tête ? Ramasser, pêcher ? Elle parle à qui, là ? J'me retourne pour voir, ça lui plaît pas. Elle m'frappe avec la courgette.

            ...

            J’me retiens d’la traiter de lémurien. J’respire fort. J’soupire bas. Ça lui plaît pas. Elle m’frappe avec la courgette.

            ...

            J’dis rien. J’regarde vers le Kultuur. Et merde, pas eu le temps de voir la gamelle de Jo. J’respire. J’lui tourne le dos, un doigt dans l’oreille. Un type m’voit passer et pouffe de rire. J’dis rien, mais j’frappe assez fort pour que son corps aille rencontrer les pieds d’notre merveilleux second. J’lance un regard aux autres qui voudraient peut-être se baucher à l’avenir ? Ils gloussent, non, ça va aller. Bien.

            Tranquille, j'suis sur la couverte sirotant une dégueulasserie du monde qui provient d’ma gourde. Mais faut qu’on m’fasse chier, c’est plus fort qu’eux. On me dit alors que faut vraiment que je suive les ordres du terrible lémurien Hope ou sinon j’risque de passer un sale quart de siècle au fond des océans. J’tourne la tête pour châsser la Micha, elle est énervée, poêle la tête d’un mec et le fait passer par-dessus bord. Oh merde, c’est pas des conneries. Oh merde, qu’elle essaie avec moi, hé. J'retourne à mon sirotement.

            Mais, attendez, attendez, le type essaie remonter sur l’Ecume. Elle tourne leeentemeeent la tête, fonce dans sa direction et le ramène sur le plancher. Ah ben ! Elle est humaine, quand même. Ah, elle le piétine, l’écrase avec des légumes et le refout dans la flotte. Ah, et elle crache sur lui avant qu'il ne fasse plouf.

            Hn.

            Où est la canne à pêche ?
              Kiril est un bon. Enfin, surtout depuis son coup sur la tête… Et depuis sa belle prise de dix beaux saumons. J’en serais presque admirative. Faut croire que quand je me montre persuasive, il peut faire des miracles pour moi… héhéhé. La suite, on la connait. Quand il s’agit de faire des miracles culinaires, c’est moi qu’on appelle. Et quand on se retrouve tous réunis autour d’une grande table, à quelques exceptions près, à lorgner sur différents plats à base de poisson et de légumes tombés du ciel, on sait que j’ai accompli mon devoir de bonne cuisinière. Au menu ? Du légume sous toutes ses formes : en vapeur, bouilli, en purée, doré,… Et avec ce qu’il faut comme protéine pour contenter ces messieurs (et quelques dames).

              Bon appétit !

              Le cri du cœur suit. Cri qui précède le bruit des fourchettes et des conversations à table, tandis que je rejoins ma chaise sans prêter attention au reste. J’observe. Le Jack, en bout, comme tout bon capitaine et dominant. Le capitaine qui a pris la place du capitaine et qui tient son rôle. A côté, le Joseph. Qui fait son beau parleur, son beau suiveur. Walters, entouré de ses gamins qu’il n’arrive pas à tenir. Gamins qui piquent dans les assiettes des voisins. Kiril est plus loin, il parle de sa fabuleuse prise. Il a raison. Bishop rit avec sa suppléante, peut-être encore à vouloir la séduire. Depuis le temps, il devrait savoir qu’il n’a aucune chance. Je mange un morceau. Mâche. Et à côté de moi, au milieu de tout ce beau monde, Haar. Qui me tape l’épaule en semblant me féliciter :

              Chébethr poeleleohre !
              … On parle pas la bouche pleine.
              Hevgvertbr hé ?

              Clong !

              Le coup part vite, très vite. Il se perd au milieu de ce Brouhaha incompréhensible que je cherche pas à comprendre plus que ça. Mais. Mais au milieu de tout ça, une voix perce. Au milieu des miennes qui se taisent pour écouter. Et l’une m’oriente vers Jack. Vers l’épaule de Jack. Ou le singe sautille d’une épaule à l’autre en exigeant de son maitre bien des choses :

              Jack, si tu me donnes pas ta bouffe, je bute un membre de l’équipage ! La tortue punk, là ! Je le bute ! File-moi ton saumon ! Non ! File-moi une BANANE ! Hinhinhin ! C'est toi la banane ! Hinhinhin ! Je suis trop drole !

              Je le fixe, retire même mes lunettes pour mieux comprendre de quoi il cause. Enfin, pour mieux comprendre comment il cause, surtout. Parce que Marisa, à côté, elle, balance des trucs complètement sans sens. Et lui. Lui, je comprends. Que c’est un putain de p’tit enfoiré qui cause, bordel…

              Anthrax ?
              Quoi ? Qu’est-ce qu’elle a la grognasse ? Hinhinhin !

              Attends… C’est moi la grognasse ?!

              Il trace sur le chemin de table et se plante devant moi en fauchant, au passage, une brochette de saumon. Il se la fourre entre les dents avec un sourire satisfait, grignotant avec un certain plaisir :

              Jack, quand est-ce que t’as appris à ce singe à parler, putain de merde ?
              Gnh ! Comment elle te cause ! Hin ! Jack ! Frappe-la ! Non ! Laisse-moi la tuer ! Laisse-moi la tuer !

              Clang !

              Jack me cause, mais je pige keud. Et le coup part plus vite, aplatissant le compagnon de Jack sur la table et coupant court à toutes conversations :

              C’est quoi ces conneries ?
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              Une Vodka-Martini. Mélangée au shaker, pas à la cuillère.


              Le crime que Jack l'avait forcé à commettre avait laissé des séquelles à notre écrivain. Durant plusieurs jours son sommeil fut très, trop (?) léger puis après vint une dépression qui le cloua au lit, dormant près de dix huit heures par jour. Il se fit porter pâle au chantier naval. De toute manière ça n'avait plus d'importance, les Saigneurs prenaient le contrôle de l'île au tournoi du nouvel an. Ankoü se força à assister  à la scène. Il nota tout ce qu'il put voir, pas assez surement à cause de son taux important d'alcool dans le sang. La bibine l'aidait à atténuer ses remords. Puis vint la réorganisation de l'île, là encore, l'écrivain œuvra dans l'ombre du Jack. 
              On vint chercher le scribouillard à l'hôtel un petit matin. Il avait récupéré la chambrée désertée par Jack qui s’accommodait d'un endroit plus rustique pour se reposer. Un des sbire du désormais Capitaine Corsaire; Jack sans honneur cogna sans tact sur la porte qui vibra avec violence. Le coursier fut concis; Départ dans la journée, ramener son postérieur au dock, Adios Dead End. L'écrivain remercia le messager qui n'en avait cure puisqu'il était déjà dans les escaliers. Ankou soupira des sourcils puis commença son déménagement. Bien entendu il fit acheminer par les services de l'hôtel toutes ses malles et valises devant l'énorme navire des Saigneurs. Arrivé en fiacre, le dandy, fièrement vêtu d'un trench coat et d'un borsalino admira le navire. Vu la taille, il imaginait la taille non négligeable de sa cabine. D'ailleurs il s'empressa d'attraper le premier gus qui lui passa sous le nez. 

              Bonjour mon brave, j'embarque sur ce rutilant navire avec vous. Ne posez pas de questions je vous prie, gagnons du temps, sachez simplement que c'est une affaire entre Mr Calhugan et moi même. Maintenant j'aimerai que vous me rendiez une petit service. Pouvez-vous me montrer les cabines les plus luxueuses de ce vaisseau sans tarder et faire convoyer mes bagages dedans ? 
              Pour toute réponse, il reçut un doigt d'honneur et un rire mesquin. Il fallait s'y attendre, les pirates ne valaient pas un service d'étage, ne serait-ce même d'un simple deux étoiles. Ankou peina à faire convoyer contre quelques pièces ses affaires à bord. A un autre matelot il demanda avec politesse de lui indiquer la chambre de Jack. Ce qui fut fait. Une fois dans le même couloir que Jack, Ankou déambula et visita les quelques cabines à proximités et s'installa finalement dans celle qui lui sembla la moins décrépite.
               ...
              Occupé à s'installer confortablement en écoutant sur son phonographe de la bonne musique sans modération acoustique, il passa à côté du bombardement végétal. 
              Des bruits en provenance des coursives alertèrent tout de même notre grand reporter qui tendit l'oreille. Des matelots hurlaient à tout rompre des "A la soupe" en pagaille. L'écrivain trouva que le moment était opportun pour aller s'alimenter, il s'habilla en vitesse, sans trop faire attention aux détails. L'opération de préparation dura néanmoins près de trente minutes. Une fois dans les coursives il demanda à quelques matelots de lui indiquer le chemin pour rejoindre Jack et ses lieutenants. Les hommes regardaient le dandy avec méfiance mais obtempérèrent. 
              Bien entendu, vu le temps de préparation vestimentaire, quand il débarqua dans la pièce, Jack et ses lieutenants dégustaient le souper, il entra donc en retard et tous les yeux le fixèrent. Il ne pouvait rêver meilleur instant pour se présenter à l'assemblée, ce qui fut chose faite avant de s'asseoir près de Jack. 
              Le départ des rois.  Prepra_imagesia-com_9b8c

              Bonsoir à tous, permettez moi de me présenter et de déguster ce plat qui sent si bon avec vous. Je suis Ankoü, écrivain talentueux mais peu reconnu, ma plume est désormais à votre service, je suis le biographe officiel de Mr Calhugan. Je vais vous accompagner dans vos périples afin de retranscrire votre histoire et vous rendre ainsi immortel, pour ma part je me contenterai des recettes des ventes ainsi que de la renommée que ce livre, que dis-je, ce best seller m'apportera. J'espère votre entière collaboration et si jamais vous désirez en savoir plus sur les quelques essais que j'ai déjà écris, nous en reparlerons en privé. Mais je vais mettre fin à ce monologue avant que ce repas ne soit froid, bon appétit madame et messieurs. 
              A grand renfort de sourires, l'écrivain se glissa à table et regarda alternativement chaque membre afin d'enregistrer les visages de la fine équipe. Certains n'avaient pas été gâtés par la nature. Le regard charmeur du dandy s'attarda sur la plantureuse créature de la tablée. D'après ce qu'il tira des conversations en cours, c'était elle la responsable de la restauration. Il lui tira son chapeau imaginaire pour la soupe qui sentait merveilleusement bon. Il eut envie de la complimenter à haute voix mais une telle audace aurait surement été mal perçu dès le premier soir. Il se contenta de saluer le patron qui trônait en bout de table. Chaque regard que lui portait Ankoü faisait jaillir en lui des remords pour le crime abjecte qu'il avait du commettre pour être à cette table. 
              La soupe était vraiment onctueuse et plus le temps passait plus les esprits s'échauffaient. La femme semblait avoir une poigne de fer et la poile facilement percutante. L'écrivain annota son carnet pour se rappeler ultérieurement de faire un chapitre sur les repas en groupe des forbans. Soudain, alors qu'il avait le nez plongé dans ses notes, la femme dérouilla le singe favoris de Jack. Ce repas partait en cacahuète, comme dans les légendes. Ne voulant pas risquer sa peau, le scribouillard en profita pour aller soulager sa vessie. Il s'excusa auprès de ses hôtes et sorti de table. 
              Chose étonnante, il longea la table en marchant sur les mains à la recherche des toilettes. Le situation ne le choqua pas avant d'avoir trouvé les Wc. Dans une posture abracadabrante, il percuta enfin qu'il venait de marcher sur ses mains sur plusieurs mètres et que défaire sa braguette était difficile à une main. Il chuta sans ménagement sur le sol et l'incompréhension le gagna. Pourquoi avait-il fait ceci ? Il l'avait naturellement qui plus ait.  
              C'est quoi ce bordel...

              L'avait-on drogué ? Il était désorienté, il ne comprenait pas la situation, il retourna à la table sans même avoir fait son affaire et à nouveau sur les mains. Il allait évoquer ce passage un peu honteux quand il s'aperçut qu'il n'était pas le seul touché par d'étranges et soudaines manies...


              Dernière édition par Myosotis De Ville le Mar 30 Juil 2019 - 14:41, édité 3 fois (Raison : Corrections + Mise en Forme)
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              Nota Bene pour soi même: ne jamais énerver Michaela Hope. En dehors de tous les tourments qu'un cuisinier de bord ordinaire peut infliger à son équipage (somnifères, poisons ou autres joyeusetés), Miss Hope disposait aussi d'une arme fatale qu'elle maniait aussi bien que Red sa batte: sa poêle. Le concombre géant qui avait explosé sur la tête de l'ex-agent Patchett l'avait coupé en plein élan et laissé vaguement pantois. Quoi ? On osait s'en prendre à lui par légumes interposées ?! Sa première impulsion fut de laisser libre court à sa rage et, disons le franchement, de faire un gros caprice. Mais Joseph n'était plus un sale gosse, enfin si mais pas que. Alors, une fois n'est pas coutume, il respira calmement et fit le vide dans son esprit. Zeeeeeeen !

              Ça avait failli marcher. Une des recrues de Dead End ne pouvait s'empêcher de pouffer de rire en voyant le jus de concombre qui dégoulinait du visage de Joseph. Flairant le danger, la Fouine tenta de d'éloigner le malheureux. Pas d'bol, Joseph avait besoin de se défouler. Alors au diable la zenitude ! La mandale sonique qui explosa la mâchoire du rieur eut un effet calmant assez immédiat. Comme le père Jeliev, Crack Joe avait à cœur de montrer qu'on ne rigolait pas avec lui. Le second, c'était le second, fallait pas la chercher. Les autres... Il valait mieux qu'ils l'évitent lui.


              ***

              Ce ne fut qu'après avoir pris une bonne douche brûlante et revêtu un nouveau costume que ce brave Joseph se présenta à la grande table. La navigation entre les sièges et les gangsters ne fut pas simple. Les places près de Jack étaient déjà toutes prises mais Crack Joe y tenait à son siège à la droite du Saigneur. Alors il fit craquer ses phalanges et comme par magie une chaise se libéra. C'est beau l'autorité tout de même. Mine de rien, c'est qu'il y en avait de la bouffe sur cette table et du monde autour pour piocher dedans. Bloody Jack, ce punk de Kiril, le second et le corps qui le portait (bah ouais, le second c'est l'Afro, faut pas déconner), un homme avec une tête de citrouille et une ribambelle de flibustiers, truands et autres vauriens. Que du beau monde quoi !

              Les yeux de Joseph s'étrécirent. Il fit la mise au point sur son assiette puis sur la citrouille qui semblait lorgner dans sa direction. Assiette, citrouille. Citrouille, visages autour. Citrouille... Depuis quand ça existait les hommes citrouilles ! Crack Joe était interloqué, un monstre se trouvait à leur table et nul ne semblait y prêter attention ? Enfer et damnation ! Tous paraissaient trouver sa présence à table normale alors il convenait de faire de même. On se concentre et on efface la citrouille du tableau. Un homme citrouille ça n'existe pas, il avait du rêver. Oui, c'est ça, il avait rêvé. Et pour faire passer le mauvais rêve, le remède souverain restait de se blinder le bide. Ce que Joseph mit un point d'honneur à faire.

              Tout concentré qu'il était à engloutir un saumon entier, arrêtes comprises, le boxeur ne manqua point l'entrée en scène du scribouillard. Pensez donc ! Un biographe qui veut écrire un best seller ! Il avait parlé de les rendre immortel ! Ils allaient devenir célèbres, enfin plus encore que maintenant. Dans la tête de moineau de l'ex-agent Patchett, des rouages s'enclenchèrent. Livre, renommée, étoiles. La présence du scribouillard à bord allait peut être se révéler une bonne chose finalement. Jouant subtilement de son fruit dont il commençait à maîtriser les effets, Crack Joe augmenta son volume de décibels afin d'être sûr de se faire entendre par dessus le brouhaha ambiant.

              "Hey Ankoü ! Viens un peu par là tu veux ? On a à causer d'tes essais. Ca te dirait pas d'avoir..."

              SHPLAF !

              C’est quoi ces conneries ?

              Et un singe écrasé, un ! Hope venait d’aplatir l'infect animal répondant au nom d'Anthrax sur la table et avait, du même coup, tué toutes les conversations. Un coup d'oeil rapide informa le pirate que l'écrivaillon avait profité de l'occasion pour prendre le large. Bah tant pis pour lui, il allait rater l'entrée en scène du grand Joseph Patchett. Attention les yeux !

              "Bwhéhéhé. Et une crêpe à l'Anthrax une ! 'tention les gars y'a des coups de poêles qui se perdent !"

              Bizarrement, nul ne sembla trouver sa blague drôle. Certes ce n'était pas la première fois que personne ne riait mais là, le résultat était particulièrement inquiétant. La majorité des pirates présents grimaçaient en se tenant les oreilles. L'humour de Joseph était il donc si insipide ?! Il ne pouvait le croire. Son égo se refusait à admettre cette triste vérité. Heureusement, le cerveau de Joseph finit par rattraper son égo et attira l'attention du propriétaire sur un rapport d'urgence en provenance des yeux. Il y avait des types autour de la table qui avaient les oreilles en sang ! Son pouvoir s'était activé tout seul et il avait réglé le mode mégaphone sur la puissance maximum en plus !

              "Oh merde..."

              Cette assertion pleine de dépit fit, pour les présents dans la salle, le même effet que si quelqu'un avait fait exploser une bombe contre l'oreille. La moitié des présents ne devaient déjà plus s'entendre les uns, les autres à en juger par leurs cris. Autant dire que le mutisme guettait Joseph Patchett si celui-ci souhaitait ne pas rendre l'intégralité de l'équipage sourd. Ou s'il tenait à ses cordes vocales que le gorille en chef n'allait pas manquer d'arracher si le boxeur s'avisait de lui vriller de nouveau les tympans.
              Mourir ou ne plus parler... Quel était le pire ? La question méritait d'être posée.
              • https://www.onepiece-requiem.net/t6586-crack-crack#80645
              • https://www.onepiece-requiem.net/t6519-joseph-patchett-en-attente-de-validation
              Le repas commun. Un moment important. Un moment de communion, de partage. C'est tellement significatif, pour nous Saigneurs, qu'on arrête les bateaux au frein à main pour se rassembler sur le même, et y partager la pitance. On dirait pas comme ça, mais on a nos petites habitudes. Celles de la bienséance. Ainsi donc nous y voila. Tous, voir la plupart. Certains sont d'corvés. D'autres sont blessés. Ca arrive, en tout cas eux n'sont pas là. Mais nous, ça, t'inquiète pas. On est au rendez-vous. Et on mange la soupe. Ou p't'être c'est d'la potée. Ou d'la rata'. On sait plus, à force. Mais on baffre, et c'est l'important.

              J'les r'garde, là autours, attablés. Mon coude sur la table, j'promène mes yeux sur l'équipage, du simple mousse aux têtes "pensantes". J'aime notre égalité, ici, face à la soupe. Pas question pour moi, sous un prétexte de capitaine ou que sais-je, de m'priver d'ça, en mangeant ailleurs ou genre sur un tabouret plus haut. J'suis un mec simple, avec des gouts simples, et c'est très bien comme ça. Sur mon épaule, Anthrax commence à faire des siennes. Avec le temps, puis mon fruit, j'commence à comprendre la bête. Ici, il est question de nourriture ou de meurtre. Sale bête. J'fais comme si j'comprenais rien, et tant mieux, parce que j'ai pas les nerfs. Puis, un truc me fait tiquer. J'mire Micha', elle mire le singe. Sur la tronche de ma s'conde, le doute. Puis d'un coup, elle s'adresse au Monkey, indirectement, via moi. Elle s'adresse à lui comme si... elle le comprenait. Bizarre. L'Anthrax le r'marque aussi, se bouge pour aller s'pavaner face à elle. Deux, trois provoc' d'la part du bestiau, par mouvement imaginaire de masturbation primale feinté, Micha' lui répond à nouveau, jusqu'à l'écraser d'un coup d'poêle. Bworf, ça lui fera les pieds. Pourtant j'ai pas rêvé, elle a compris l'singe.

              C'est plus au moins l'moment qu'choisit le Ankou pour nous r'joindre. A base de phrases interminables et de discours puants, comme d'hab', mais il fait son petit effet. Puis il est des nôtres, maintenant, j'le signifie derechef à l'équipage autours, d'un regard. Ankou a tué, pour les Saigneurs, on lui doit une sorte de premier respect. Pourtant, lui tourne pas rond non plus. Pas qu'il soit plus zarb' que d'hab', non non. Juste... j'le savais pas acrobate. Pas un soupçon. Pourtant l'voila qui cabriole sur les paluches. Bizarre. Vraiment. Je r'prend un coup d'rhum, ça fera passer. Les étrangetés, puis aussi les gueulages. Ceux de Jo, principalement. Il se bidonne depuis qu'Anthrax s'est fait élargir la tronche, il se bidonne fort. Très fort. Non de Dju, Jo', tu gueules comme un sourd, on croirait ma mère (irl, qu'est sourde d'une oreille, une pensée pour elle). C'est pas qu'ça m'gêne de base, on est pas du genre à chuchoter, mais là TU ABUSES! Autours, les autres semblent d'accord avec moi, à en voir les mains qui couvrent les oreilles, les mires qui se plissent. Jo', ta gueule. Dans dix secondes je te rosses. 10. 9. 8. 6. Rosse!

              J'envoie un coup d'pouce sur la tronche à Jo'. Je le manque. Le type à coté il quitte sa chaise, en volant. Héhé. Sorry. Héhé. Héhé? C'était.. c'était bien un coup de pouce! Je mets du temps à piger, mais mes globes de l'âme qui s'fixe sur mes pouçailles, haut d'deux pieds, évacuent l'hypothèse de ma folie. D'autant qu'les autres remarquent aussi. Autant Ankou, Micha', Jo', c'était discret, autant là, pas de doute permis. Soit je fais une allergie, soit... L'idée sonne silencieusement dans l'air. Nos regards se baissent, tous, en même temps. La Soupe. Les légumes... tombés du ciel. Bas oui va. Pas d'mystère. Tandis qu'le gus qu'a valsé se r'lève péniblement, je mire les autres, et laisse tomber.

              On est baisé. C'est la soupe. Les légumes.

              Une vanne fuse, sur la cuisine à Micha'. Mais elle relève pas, ses yeux toujours pointés vers Anthrax, qui l'invective. Jo' lui n'arrête pas de gueuler, et ça commence à être infâme. Je me dis que, foutu pour foutu, c'est pas une raison de laisser tomber les vieilles habitudes. Toute maudite que soit la pitance, on l'a bouffée, et c'est la fin du repas. Y a des traditions à r'mettre en place, et ce sont pas l'une ou l'autre mutation qu'vont changer ça. Je m'saisis donc, encore, d'une bouteille, en m'y r'prenant à deux fois, à cause du pouce masta. J'la vide d'un trait. Et mire Jo'. PAF! La bouteille vient s'éclater sur sa trogne! Malicieux, j'check les autres autours, sourire en coin. Ils me mirent, puis Jo', comprennent, on s'détend, s'apprête. Et c'est parti! Un pain s'égare à l'autre bout de table? Jo' tente de m'rendre la monnaie d'ma pièce, j'essaie d'éviter, mais un coup d'pied m'cueille, sur l'arrière du crâne! Me r'tourne, rend un pain! Bagarre générale les gens, c'est bon pour la digestion! Hésitez pas à user d'la bouffe comme un arme! Bien là, à gauche, t'as raison mon gars, un travers de monstre marin, ça fait une très bonne massue! Haha! C'est l'dessert!
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              Hn.

              Teh.

              Hm ? Là, j’essaie de comprendre pourquoi je me suis discrètement mis sous la table. Laissez-moi deux minutes. Donc. Hn… Ah non, ils veulent pas me laisser vu que soudainement ils commencent à se daubler… Et.

              Non… Non… Pourquoi tant de personne use de la violence ? Je ne peux pas être mêlé à ça, je dois me cacher. Le plus vite possible. Et s’ils essayaient de me frapper ? Et s’ils voulaient me défigurer pour que je leur ressemble ? Non. Il faut que j’aille au pon- Attends pourquoi je parle comme une gonzesse ? Saleté de légume de merde. Ça doit être cause à eux, comme dit Jack. Hé, moi aussi j’ai envie d’aller m’casser la tronchiole avec des crados. Y vais en sortant d’sous la table, les bourre-pif en avant. Pour bourrer des pifs, comme ça dit. J’m’apprête à bouchonner un type et puis… AH ! Non !! Il va me frappeeeeeer ! Ahhh pourquoi Jack a-t-il des gros pouces, c’est immonde ! Ahhh pourquoi Micha a-t-elle une grosse touffe, c’est immonde !

              Pourquoi sont-ils si monstrueux. Dans quel monde j’ai atterri. Je ne peux pas rester ici. Je.. vais sauter. L’eau est plus calme, plus sereine, moins effrayante. Il n’y a qu’elle qui puisse me sauver. Mais non que dis-je ! Dans l’océan il y a des requins, des piranhas, des…saumons. MERDE ! Qu’est-ce tu racontes comme connerie le dégueu ? J’retourne à la table et sans ton avis de pisseuse. Pisseuse… T’aurais pas mouillé mon calcif quand même ? AHH ! Quelle est cette sensation étrange qui me gêne « en bas » ? Peut-être… peut-être que c’est un effet secondaire d’une maladie très grave et dans ce cas je vais mouriiiiiir…

              Merde merde merde… Le capon marche sur les mains, l’aminche Jo gueule encore plus fort… Et moi, moi je tombe sur cette putain de peur. Je vais aller défoncer ces mecs pour leur prouver. Je vais leur dire, merde !

              J’ai peur de personne les sans nibards!

              Bon p’t’être que j’ai peur des meufs sans nibards. Puis qu’ce soit des mecs. Ah oui, non, les travelos c’est un cas à part. Et là j’m’accroupis en voyant une chaise voler en ma direction.

              Non pas ça ! Pitiééé.

              Si elle le faisait pas pour  moi, j’aurais déjà pleuré. Pas pour les mêmes raisons. J’ai perdu toute ma putain de crédibilité… Et elle se cache comme Chopper trouvant effroyable la moindre rouste, le moindre crachat. Elle sursaute au bourdonnement d’une mouche. En aucun cas ce type là, qui se cache les yeux comme les enfants quand ils voient un couple s’embrasser, ne peut être moi. Je m’en détache et vous dis adieu.

              Si ce liquide peut me tuer, il faut que j’enlève mon pantalon. C’est… fait. J’ai pensé à tout enlever mais je risquerai de me faire tuer. Maintenant, atteindre les toilettes pour y prendre du papier. Doucement, j’essaie de parcourir la pièce en redingue et caleçon. Je longe les murs à quatre pattes. Sous la cohue générale, ils ne me remarquent pas, ouf. Et là.. Malgré tous mes efforts de discrétion, je tombe sur Anthrax qu’à l’air de bien se marrer. Quand je lève les yeux, je vois

              Micha ? Non, non attends attends je peux tout t’expliquer. C’est à cause de ces putains de AHH ! Ne me frappe pas !
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