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Mission pour la bleue

La nuit tombait sur Shell Town, la pénombre grignotait les pièces de l’appartement, la pluie résonnait à la fenêtre, elle voulait qu’on lui ouvre pour pouvoir inonder de ses milliers de petits soldats l’intérieur chaud de la cuisine de Sephiria. Celle-ci posait un regard vide à travers les carreaux de verre qui reflétait la ville, les fines gouttes jouaient de ses yeux en déformant le paysage urbain pour le rendre étrangement brumeux et invisible. Elle pensait.

*Enfin une vraie mission !*

En effet son commandant lui avait confié dans la matinée une tâche à accomplir sur une île perdue de North Blue. La première chose que Sephiria s’était demandée fut:

*Mais pourquoi aussi loin, on ne peut pas intervenir là-bas, ni notre garnison ni notre flotte ne peut agir dans ce secteur puisqu’il est attribué au QG de North Blue.*

Après les explications détaillés du Colonel, elle comprit que cette mission était plus particulière qu’elle ne l’avait imaginé, ainsi l’opération Ninja Revo -telle était son nom de code- consistait à arrêter, voire tuer, un messager révolutionnaire transportant des informations sur la base de Shell Town, le commandant ne connaissait pas le destinataire mais le messager a été pisté et on savait où il ferait halte pour se ravitailler. Pour ne pas éveiller les soupçons, les deux QG de la Marine concernés s’étaient entendus d’un commun accord pour une action discrète pour que le révolutionnaire ne soit pas informer du guet-apens par leur réseau de taupes et d’espions très développé parmi le gouvernement mondial. C’est pourquoi le Colonel nomma Sephiria chef de mission avec sous ses ordres seulement six personnes : un adjudant et cinq matelots de 1ére classe.

*Avec un navire courrier de la Marine, on mettra dans les dix jours à atteindre l’île de Tanuki en passant par Riverse mountain…. J’espère que ce révolutionnaire vaut le coup parce que l’île est fichtrement paumée ! Commerce de laine principalement, des campagnards quoi…*

Plongée dans sa pensée, Sephiria souriait en se demandant quel choc cela produirait aux habitants de Tanuki, paisibles éleveurs à travers d’immenses étendues vides, s’ils débarquaient sur Shell Town, une gigantesque ville ressemblant à une fourmilière qui ne cesse jamais de fonctionner. A côté d’elle, sur la gazinière, bouillait joyeusement de l’eau dans une casserole pour son dîner, le bouillonnement devint plus agressif et des bulles de plus en plus énormes et hautes se formèrent, l’eau monta puis fini par déborder. Sortant de sa rêverie en sursaut, Sephiria éteignit le feu et éloigna d’un coup vif le petit livre en cuir posé là où une gigantesque bulle atterrit nonchalamment avant d’exploser quelques secondes plus tard. Ce livre, ouvert et présentant une image colorée d’où ressortait des plaines vertes et des montagnes blanches, Sephiria l’avait emprunté à la bibliothèque de Shell Town après avoir reçue sa mission. Comme on lui avait appris durant ses études : « il vaut mieux connaître le terrain pour agir sereinement», Sephiria trouva donc dans les étagères ce livre aux reliures dorées parlant de l’île Tanuki sur North Blue et de sa population. Selon sa lecture, rien d’extraordinaire ne devrait lui tomber dessus hormis le révolutionnaire une fois sur l’île.


Dix jours plus tard, sur un navire courrier, une femme et six hommes débarquèrent dans un petit port de pêcheur où seul un vieillard les accueillis en leurs lançant une corde depuis un minuscule ponton en bois qui faisait office de port à lui tout seul.

- Bon, je vous le répète une nouvelle fois : ne dites et ne faites rien qui pourrait dévoiler notre réelle identité, agissez comme des facteurs de la Marine. Et personne n’utilise son arme sauf si on trouve le révolutionnaire, compris ?

- Oui lieute… euh capitaine.

- Juste oui suffira une fois à Terre, vous deux restez à bord, gardez le vaisseau. Adjudant, quel est votre prénom déjà ?

- Heu… C’est Patrick.

- Ah… C’est un peu démodé mais bon… on va faire avec, Patrick et vous deux prenez les sacs de lettres et allez demander des chevaux à la ferme du coin.

- Oui. Aller les gars on est parti ! répondit l’adjudant.

Tandis que l’équipage s’affairait à amarrer le navire et à le décharger de ces faux sacs de lettres, Sephiria s’équipa de son pancho, y camoufla son sabre ainsi que son pistolet, sauta hors du bateau et rejoignit tranquillement le vieux pêcheur qui les avait aidés. La première impression de Sephiria une fois à terre fut la fraicheur que dégageait l’île, on aurait dit une île paradisiaque où il faisait bon vivre, loin de tout souci où le travail dans les champs et avec les bêtes occupaient les habitants tous les jours de l’année. Comme quoi, parfois vivre dans l’ignorance permet de mieux apprécier l’existence. Le soleil ne brûlait pas mais il dorait la peau comme il le fallait, le vent ne soufflait pas mais il brisait le silence de la campagne comme il le souhaitait. Tandis qu’elle profitait d’une légère brise, Sephiria sortit ses lunettes de soleil, les installa au sommet de son front et accosta le vieillard.

-Bonjour, belle journée n’est-ce pas ?

-Bonjour charmante demoiselle, que me vaut cette visite impromptue ? Vous auriez pu accoster au port principal, il n’y a rien ici ma chère.

-Nous venons livrer du courrier de ce côté de l’île, où habitez-vous ?

-Pas très loin, j’habite seul voyez-vous, ma femme est morte depuis pas mal d’année et je finis ma vie ici, c’est un endroit magnifique…

-Je n’en doute pas… Sentant au plus profond d’elle le désarroi de l’homme, Sephiria s’agenouilla pour se mettre à sa hauteur, savez-vous garder un secret ?

Le vieux tanukien rabattit ses yeux sur Sephiria et répliqua avec un sourire :

-Si je peux aider n’importe qui avant ma mort, surtout s’il s’agit d’une femme splendide, alors j’emporterai dans ma tombe tous vos secrets et je serai le plus heureux des hommes sur cette île.

-Merci de votre honnêteté, puisque vous l’êtes avec moi, cela me paraît normal de l’être avec vous.

-Judicieuse morale que vous avez là.

-Je suis lieutenant au sein de la Marine. Un révolutionnaire est sur cette île, à tout hasard, vous ne sauriez pas où le trouver ?

-Mmmmh, je n’ai aucune idée d’où pourrait être votre malfrat, toutefois je sais qu’il n’y a qu’un endroit pour vous aider sur cette petite île : le port. Suivez ce chemin qui monte vers le Nord et vous tomberez dessus.

-Merci pour tout, répondu Sephiria en se relevant.

-Questionnez le forgeron de la cité, il est au courant de tout ce qu’il se passe sur cette fichtre île.

-Vous le connaissez ?

-Oui c’est un vieil ami, dites que vous venez de la part du président d’honneur du comité de la tradition tanukienne. Mais vous devriez ne pas en avoir besoin, c’est un moulin à parole qui court dans tous les sens en agitant ses jouets métalliques, vous allez adorer.

*Ce forgeron a l’air légèrement taré… De toute façon c’est la seule piste, je suis obligée d’aller le voir*

-Encore merci pour votre aide et vos conseils.

-Il n’y a pas de quoi. Alors à bientôt lieutenant, sourit le vieillard. Il lui manquait des dents mais cela ne retirait en rien le bonheur que venait de lui procurer cette discussion sortant du commun.

-A bientôt président.

Satisfaite des informations qu’elle venait d’apprendre, Sephiria se retourna et abattit ses lunettes de soleil sur son nez. L’adjudant Patrick et les deux matelots revenaient l’air penaud de la ferme traînant derrière eux seulement un cheval.

-On a pu avoir qu’un cheval, le fermier ne voulait rien savoir et…

-Ce n’est pas grave, coupa le lieutenant qui monta sur le cheval avec souplesse, la ville principale est au Nord, elle doit être portuaire puisque la majeur du commerce de cette île est avec le reste du monde. Interrogez les gérants du port, et j'insiste ne vous faites pas remarquer.

-Oui ! Euh et vous, vous allez où ?

D’un sourire énigmatique au-dessous de ses lunettes noires, Sephiria tapota le flanc du cheval qui se mit à avancer.

-Je vous rejoindrai. Yah !

D’un coup plus sec dans les flancs, le cheval partit au galop en direction du Nord, laissant les soldats déconfits et obligés de marcher jusqu'à la capitale.

*Je les ai bien plantés sur ce coup là, bah, ils sauront se débrouiller. Cette histoire de forgeron m’intéresse beaucoup, autant que j’aille y faire un tour seule, j’en profiterai pour me renseigner sur les épées, peut-être même les meitous ! Une pierre deux coups comme on dit.*

Traversant une forêt haute aux hêtres et bouleaux espacés puis aux quelques buissons clairsemés, la lumière transperçait de toute part le bois. De temps à autre quelques champs apparaissaient irrigués par un cours d’eau caressant par des petits méandres le sentier que suivait la cavalière. Sephiria finit par chevaucher la rivière d’une eau pure et invisible en montant sur un pont court et large fait de bois. La forêt s’épaississait au fur et à mesure de l’avancée du destrier vers le Nord, a contrario le chemin s’élargissait petit à petit. Dix minutes plus tard, le chemin de terre devint pavé et des charrettes pleines de blés, d’avoines, de laines, d‘épices se croisaient de temps à autre, puis au détour d’un énorme saule-pleureur, une rangée de majestueuses bicoques apparut devant Sephiria, un écriteau graniteux annonçait l’entrée dans le quartier résidentiel de la cité portuaire de l’île.
Aucune fortification, aucun canon, aucune agressivité émanaient de la ville comme si la tranquillité de la campagne traversait lentement mais sûrement les ruelles et le quai de la cité aux senteurs salées des vents venant de la mer. Les tanukiens appelaient ça une ville mais on n’y voyait qu’un port pouvant accueillir deux à trois gros navires équipé d’un entrepôt rempli majoritairement de stocks de laine prêts à partir, ainsi qu’une église de marbre et de granit tranchant le ciel et dont le clocher droit et solitaire affrontait les éléments naturels. Les habitations faites de bois et de pierres, de deux étages voire trois ou quatre quand on s’approche du centre et arborant des toits de chaume formaient quatre pâtés distincts autour de l’église.
Sephiria entra au trot dans la cité, une première impression vint à elle.


*Pas très chaleureuse cette cité, et anormalement silencieuse… Il n’y a personne !*

Puis, après quelques pas de sabots, elle déboula sur la rue principale du bourg, large et aux pavés énormes, reliant l’église au port d’une ligne droite et tractant une foule de personnes. Une chaleur commerçante se dégageait, les cris attractifs des vendeurs, le babillage des acheteurs, les travailleurs gémissant sous le poids des cageots à porter, de plus on y trouvait tout ce que l’on souhaitait, du plus commun au plus sordide, du kumquat rouge du désert d’Alabasta aux plantes aromatiques aquatiques du royaume des hommes-poissons. Une ville vivante et colorée grâce aux stores multicolores des commerces apparut face à Sephiria.

*C’est comme si toute la population du bourg était ici…*

Sephiria descendit de son cheval puis l’accrocha à la clôture d’un bar ne servant que de la bière locale selon son écriteau. Remontant la rue vers l’église, Sephiria cherchait la pancarte affichant une enclume et un marteau, la pancarte désignant l’atelier du forgeron, l’homme qui savait tout de l’île Tanuki. Marchant délibérément lentement, Sephiria observait d’un œil assidu tout autour d’elle, n’apercevant toujours aucune forge. Elle alla demander à une vendeuse de tomates qui lui pointa du doigt l’église et lui dit : « Derrière l’église y’a son atelier ! Dépêchez-vous il ferme tôt, enfin il essaye… ». C’est sur cette phrase étrange que Sephiria passa devant l’église, beaucoup plus majestueuse et impressionnante vu de près. Enfin elle vit le panneau avec l’enclume qu’elle recherchait, la façade de l’atelier était composée de deux larges fenêtres identiques de chaque côté d’une porte en métal indiquant que la boutique était ouverte. La jeune femme poussa la porte puis entra, et sans avoir le temps de découvrir l’intérieur un petit homme à l’air loufoque et souriant courut vers elle.

- Bonjour ! Comment allez-vous ? Belle journée n’est-ce pas ? Mais vous êtes splendide ! Mmh, mais je ne vous connais pas, vous venez du port sûrement, vous venez d’amarrer et il faut que vous refassiez votre stock d’artillerie ! Ou peut-être avez-vous besoin de renforcer votre coque ?

- Bonjour, euh…

- Ou des boulets de canons ? Je vais vous en chercher ! J’ai même des boulets de feu ! Je vais vous montrer ils sont exceptionnels, ils explosent quand ils percutent quelque chose ! N’est-ce pas magnifique !

-Euh si sûrement mais ce n’est pas ça que je veux…

Il était trop tard, le petit bonhomme était déjà partit en trottinant tout en vantant les qualités de ses articles.

*Drôle de monsieur ce forgeron ! J’espère que je n’aurai pas besoin d’acheter quelque chose pour avoir des informations...*

L’intérieur de la boutique était illuminé de nombreuses bougies qui éclairaient toute sorte de pièces métalliques, allant de panoplies complètes d’armure aux fusils les plus sophistiqués du moment en passant par les inévitables boucliers de l’ancienne époque. Tout était là, brillant comme des joyaux sous le feu des bougies, reflétant la propreté avec laquelle tous ces articles étaient traités. Un coin de la salle tapa dans l’œil de Sephiria, les murs présentaient de multiples épées, sabres, katanas, des longs, des courts, des effilés, des double-tranchants, à bout pointu, rond ou carré, toute sorte d’épées se dressaient fièrement sur leur piédestal d’exposition, Sephiria s’émerveilla devant un tel étalage. Soudain, dans un fracas continu et assourdissant le forgeron revint de l’étage supérieur en apportant avec lui un boulet, marqué de rayures rouges, tellement énorme qu’il était obligé de le rouler au sol pour le transporter.

-Regardez mon boulet ! Il est pas beau mon boulet ?! Il crache du feu !

-Non, non, je ne viens pas pour vos boulets, aussi magnifiques soient-ils, ce n’est pas ça qui m’intéresse…

-Vous préférez ces épées peut-être ? Mmmh ? Je vois dans votre œil une étincelle d’envie d’essayer une de ces lames, n’est-ce pas ?

Pour cette fois, le petit personnage avait tapé dans le mille, était-ce dû au hasard ou à son expérience de forgeron et d’amoureux inné du métal ? Sephiria doutait de l’honnêteté et de la simplicité que dégageait cet homme notamment parce que beaucoup de secrets scellés étaient enfouis dans sa mémoire et son cœur, toutefois rien n’indiquait que ces secrets étaient sombres et la philosophie de vie du personnage que Sephiria avait pu entrevoir depuis leur rencontre avait l’air sainte et joviale. Sephiria tenta sa chance.

-Quel est votre nom forgeron ?

-Stanislas Douglas, pour vous servir, du moins, seulement entre ces quatre murs ! D’ailleurs ces murs je les adore, ils ont été crépis en…

-C’est vrai, j’ai un faible pour ces épées à une main, coupa Sephiria comprenant en même temps que Stanislas était une vraie pipelette et que le pire n’était sûrement pas encore arrivé.

-Aha ! Je m ‘en doutais ! Mais ce n’est pas facile de le deviner sur une si belle jeune femme comme vous ! Vous n’êtes pas le genre de client que j’ai l’habitude de recevoir !

-Oh, excusez-moi, je ne me suis pas présentée. Sephiria A. Forenlord, lieutenante de la Marine.

-Marine ! Forenlord dites-vous ? Mmmh… vous ne faites pas partie de la caserne de l’île ! A ce propos, l’avez-vous visité ? L’île ? Elle est splendide, et regorge de merveilles cachées ! Discutaillons autour d’une bonne tasse de thé !

Stanislas partait comme un boulet, emballé par l’excellente idée qu’il venait d’avoir.

-Attendez ! J’aimerais énormément partager ce moment mais hélas je n’ai pas le temps, je suis en mission.

-Sur cette île ? Mais il ne se passe jamais rien ici !

-Je suis à la recherche d’un révolutionnaire qui aurait accosté sur le pays depuis quelques jours.

-Ah…

-Vous en avez entendu parler ?

-Euh… Non, cela ne me dit rien.

Le brusque silence qui venait de tomber ne correspondait pas avec l’ambiance habituelle de l’endroit, de plus Sephiria sentait que Stanislas cachait quelque chose, d’un bref sourire elle reprit la discussion brisant ce silence dérangeant.

-Mon cher ami, si je peux vous appelez ainsi, vous êtes de très bonne compagnie mais s’il y a quelque chose que ne savez pas faire, c’est mentir.

-Je vais chercher le thé !

Stanislas partit d’un air paniqué derrière le comptoir de la boutique, il s’apprêtait à ouvrir la porte arrière lorsque Sephiria répliqua en s’avançant jusqu’au comptoir :

-Attendez ! C’est le président d’honneur du comité de… je sais plus quoi…

-… de la tradition tanukienne ? finit le petit forgeron en se retournant vers elle.

- Oui c’est ça ! répondit Sephiria, heureuse d’avoir intéressé son interlocuteur, il m’a conseillé de venir vous voir…

- Vous voulez dire Edward ? Celui qui habite de l’autre côté du fleuve ?

- Mon équipage et moi avons accosté plus bas vers le Sud.

- Dans le domaine d’Edward ! Oui oui ! je le connais bien ce lascar, nous sommes de vieux amis voyez-vous… et il vous a dit de venir ici ? Le charlatan ! Je lui avais pourtant dit d’arrêter de m’envoyer des inconnus pleins de problèmes pour seul prétexte que j’aime bien discutailler !

- Pouvez-vous m’aider ?

- Mais bien sûr !

A ce moment-là, trois jeunes hommes masqués entrèrent brutalement dans l’atelier, le premier pointa un pistolet vers Stanislas tandis que les deux autres équipés de battes refermèrent violemment la porte et se positionnèrent de chaque côté de Sephiria. Celui avec le flingue et qui semblait être le chef prit la parole :

- Donne-nous la caisse et aucun mal ne sera fait.

La voix peu virile de l’homme fit lever un sourcil dubitatif à Sephiria sur la viabilité de ce cambriolage. Ce qui se confirma lorsque le forgeron répondit.

- Mais enfin ! Vous n’allez pas remettre ça ! Vous avez déjà essayé la semaine dernière, et ce n’est pas avec ce que j’ai que vous allez devenir des.. des pirates !

La réponse de Stanislas surprit la jeune lieutenante, ainsi c’était des novices…

- Tais-toi ! Qu’est-ce que tu sais de nous hein ?! Tu crois qu’on veut devenir éleveur ou vendeur de légumes ?! On veut partir de cette île remplie d’incultes, de débiles incapables de voir ce qui se passe réellement !! Alors donne nous ta caisse ainsi que des armes, et si tu ne le fais pas, je te jure que cette fois-ci elle va vraiment arriver entre tes deux yeux salopard…

… en manque d’action de surcroît. Stanislas semblait paniqué et son visage figé dans une expression de torpeur lui indiquait que ces jeunes novices pouvaient être imprévisibles, Sephiria savait maintenant qu’elle avait les cartes en main. Toutefois, un des voleurs masqués qui se tenait derrière elle remarqua l’air malicieux de Sephiria, il s’approcha de celle-ci et demanda :

-C’est qui elle ? Tu ne nous l’as pas présenté…, soudain son ton changea devenant plus subtile et suave, Mademoiselle vous m’avez l’air renversante sans ce poncho…

Regardant toujours Stanislas, Sephiria répondu en ne bougeant que ses lèvres :

-Ah si tu savais.

C’est alors que Sephiria se retourna accompagner d’un tournoiement de tête largement exagéré qui fît voler ses cheveux blonds jusqu’à passer au-dessus de son épaule puis ils retombèrent en cascade et avec souplesse sur sa poitrine, les trois malfaiteurs parurent comme aspirés et éblouis par un scintillement irréel émanant de la chevelure de Sephiria. Durant ce geste, Sephiria sortit son sabre de sous son poncho sans gêne et sans se faire remarquer, puis les brigands revinrent à leurs esprits petit à petit mais il était trop tard. La lieutenante frappa avec son coude gauche la gorge du malfaiteur le plus proche tandis que de la main droite elle brandit son épée pour abattre violemment le plat de la lame sur le poignet de la main armé du jeune leader qui lâcha son pistolet d’un cri plaintif. Le dernier novice situé devant Sephiria l’attaqua d’un coup de batte qu’elle esquiva et répliqua par un coup de manche dans les dents de son adversaire. Le chef de la bande, se tenant la main meurtrie, regardait d’un air terrorisé ses deux coéquipiers, l’un accroupit cherchant sa respiration et l’autre allongé saignant de la bouche, Sephiria pointa son épée vers lui et dit de manière éloquente :

-Dégagez.

Les trois pseudos bandits déguerpirent sans demander leur reste. Fière et toute souriante, Sephiria se tourna, en rengainant sa lame, vers le gérant du lieu qui était étrangement resté planter derrière son comptoir avec une expression de béatitude à en gober des mouches gravée sur son visage.

-Vous… Vous voulez ma caisse ? Tenez je vous donne tout mon argent si vous le souhaitez…

*Mais… Qu-est-ce qui lui prend ? Ah il est toujours sous le choc de la cascade de cheveux ! Et il croit que je veux sa tirelire ! Il faut que je lui rende ses esprits…*

-Non, regardez-moi Stanislas, ouh ouh Stanislas ?

Tandis que le gnome s’exécutait Sephiria tenta la première chose qui lui vint à l’esprit ; elle claqua des doigts. L’effet fut immédiat, au son du claquement, le forgeron battit plusieurs fois des paupières et se mit à bouger plus normalement, comme s’il sortait d’une léthargie trop longue.

-Nom d’une truie en porte-jarretelles ! Ils… ils ont tous déguerpis ? Oh ! Merci, merci mille fois !

-Ça, ça ne dépend que de vous.

-Que voulez-vous dire ?

-Je veux dire que j’accepterai vos remerciements seulement si vous m’aidez en retour, et vous savez quoi faire , taquina Sephiria.

-Oh oui c’est vrai ! Le révolutionnaire, il est passé aujourd’hui, dans cette boutique oui. Il voulait des armes, plein d’armes !

-Et ?

-Et quoi ?

-Eh bien qu’est-ce que vous lui avez vendu ?

-Oh, des épées, des flèches, des explosifs et des boulets. Je vous l’ai dit, une bombe humaine ce type.

-Ah.

-Hé oui.

-Ca complique les choses.

-J’vous le fait pas dire.

-Et il vous a dit où il allait ?

-Ha ! Il n’a rien dit du tout mais je sais ! du moins je savais parce que le temps s’est écoulé depuis…

-Et alors ? coupa Sephiria.

-Et alors quoi ?

-Eh ben où est-ce qu’il est ?

-Oui j’y viens, mon ami du bar d’en face, Roger le tavernier, vous avez vu comment ça rime ? Pas mal n’est-ce pas ? Je me demande s’il n’a pas changé son nom avant d’ouvrir sa taverne, donc Roger m’a dit que, selon Urlong l’homme-poisson de l’île…

-Stop, intervint Sephiria, la version courte s’il vous plaît, comme vous ne l’aurez pas remarqué je traque un ennemi moi et je n’ai pas tout mon temps.

-Ah oui, excusez-moi, euh oui… Votre lascar recherche donc des infos.

-Des infos…

*Il recherche des informations… Mais sur quoi ? Si il sait déjà où il va et comment… Il cherche sûrement à savoir s’il est suivi avant d’arriver à son but…* Terminant sa courte réflexion Sephiria reprit son laborieux interrogatoire :

-Savez-vous où il est ?

-A votre avis, quel est le lieu le plus propice pour aller à la pêche aux infos sans se faire connaître ?

-Le bar.

-et je vous conseille le bar Mite Z’va, celui qui sert de la bière locale.

*« Bière locale » j’ai déjà entendu ça, mais où ? Non je ne l’ai pas entendu, je l’ai lu sur un écriteau… Là où j’ai accroché mon cheval, et crotte !*

-Merci beaucoup !

Sephiria se précipita sur la porte et l’ouvrit brusquement avant de se rappeler soudainement qu’un bon interrogatoire et un interrogatoire complet, elle se retourna vers Stanisals.

-Le révo’ ressemble à quoi ?

-Mmmmh… Grand chapeau, foulard rouge, chemise à carreaux…

-Dépêchez-vous ! pressa Sephiria dont tout le corps était dehors sauf la tête qui restait comme suspendue dans la boutique.

-Il est black !

-Et bien voilà, vous voyez quand vous voulez, minauda Sephiria plus à elle-même qu’au forgeron.

Sephiria partit en courant, tout se bousculait dans sa tête ; pourquoi était-il armé jusqu’aux dents ? Bon ça encore pouvait paraître normal se dit la blonde sulfureuse mais savait-il que la Marine avait débarqué sur l’île ? Avait-il repéré le cheval devant l’entrée ? Avait-il des soupçons sur son propriétaire ? Et est-ce que ses hommes ont-ils été suffisamment discrets ? Toutes ces questions sans réponses laissaient un suspens désagréable plané dans l’esprit de la jeune officier et elle n’aimait pas ce désordre interrogatif. Il fallait une affirmation, même si celle-ci devait être probatoire. Elle courait vers la rue centrale en contournant la lourde église de marbre, le renégat pouvait être à quelques dizaines de mètres dans le bar qu’elle commençait à distinguer ou en train de cavaler pour fuir cette île. L’adrénaline monta et paradoxalement rendit ses idées plus claires : trois possibilités, soit il est dans l’auberge, soit il est dans la rue à vérifier les informations qu’il vient d’apprendre, soit il fuit vers son navire car il a vu les soldats de Sephiria au port. Seule la dernière possibilité effrayait la lieutenante car elle ne savait pas où sa proie avait accosté.
La jeune héroïne fonça vers la taverne, une attitude et un geste très dévolus mais peu expérimentés puisque s’afficher publiquement en courant n’a rien de plus suspect pour un fugitif qui chercherait ses poursuivants. Toutefois, l’esprit encombré de Sephiria ne releva pas ce manque de finesse et continua dans sa lancée en remarquant au passage que son cheval était toujours là. Alors que dix mètres la séparait du porche en bois menant aux portes-battantes du bar, ces dernières s’ouvrirent dans un grincement inaudible. Mais ce n’est ni une femme ni un homme qui en sortit mais une arbalète. Elle était taillée dans un bois flottant avec quelques parures de fer à certains endroits stratégiques ainsi qu’une fine corde solide qui s’imprégnait de toutes les tensions que son utilisateur, caché dans la pénombre de la brasserie, lui imposait pour retenir un long morceau de bois au bout métallique et pointu, communément appelé une flèche, situé au centre de l’instrument diabolique prêt à transpercer ce qui se trouvait sur son chemin.
Sephiria s’arrêta net de torpeur, voir si soudainement une arme pointée sur elle la figea.


*C’est sûrement lui… Bouge… Bouge… Bouge !*

S’imprégnant des conseils de survie de son corps, la blonde prit ses appuis au moment où l’adversaire camouflé décocha la première flèche de son arbalète, Sephiria sauta sur le côté en effectuant une roulade pour ensuite courir de plus belle à la recherche d’un quelconque abri. Durant cette esquive risquée mais réussie, l’individu hostile sortit sous le porche, son visage sombre et rugueux apparu, en y associant son chapeau, son foulard ainsi que son long manteau de cuir, il avait la tenue parfaite du cowboy. Celui-ci lâcha l’arbalète déchargé qui tomba lourdement au sol pour en soulever une suivante prête par son autre bras et prête à l’emploi. Le geste était lent mais précis, les deux manches qui dépassaient au-dessus de ses épaules indiquaient la présence d’autres armes à distance et rajoutait au cowboy un effet de tueur à gages souhaitant en découdre de manière radicale, pis encore, fatale. Sephiria se cacha derrière des cageots de légumes entassés et reprit son souffle tout en jetant un furtif coup d’œil au grand black qui s’éloignait petit à petit de sa position, il avait l’intention de s’échapper de ce bourbier public, la populace commençait à comprendre ce qu’il se passait et les cris abasourdissaient de plus en plus la grande avenue commerçante. Le révolutionnaire vissa un objet rond au bout de sa flèche dont une lumière rouge clignotait régulièrement, Sephiria ressentit un mauvais pressentiment.

*Une bombe !*

En trois pas, la lieutenante sauta sur la façade en mur du bar et l’escalada tel un félin tandis que son abri de cageots explosa au contact de la flèche du gangster. Sephiria courut sur le toit en dégainant son épée ainsi que son revolver puis s’élança pour atterrir au sol juste à côté de son adversaire qui fit un geste rapide qui parut flou mais le gaz qui s’échappa autour de lui enfuma tout l’espace, irritant les yeux et brûlant la gorge. L’épéiste toussa, tituba, suffoqua en agitant son arme dans tous les sens, ses yeux piquaient obligeant à les fermer. Puis elle sortit du cercle de fumée en reprenant une bonne bouffée d’air frais, elle cracha un moment avant de retrouver ses esprits.

*Où est-ce qu’il est passé ?!*

Sephiria regarda autour d’elle, personne.

-Et merde ! jura-t-elle.

Soudain, une voix féminine sortit de la fumée opaque :

-On cherche quelqu’un peut-être ?
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Une nouvelle piste avait réussi à amener Levy jusque dans North Blue, plus précisément sur l’île de Tanuki. En soit pas grand-chose à dire, c’était une terre plutôt plate et verte parsemée d’un nombre impressionnant de troupeaux pour la plus part de moutons. Une rivière la traversée contournant des montagnes s’élevant de ça et là.
Levy était arrivée grâce à un navire marchand tanukien. Ils revenaient d’une île située sur West Blue et elle en avait profité pour se joindre au retour. N’ayant rien pu faire d’autre que de se trouver une chambre à cause de leur arrivée tardive, elle avait dû attendre le lendemain avant de partir à la chasse aux informations.

Le paysage de Tanuki semblait être lié au climat. Le soleil y était doux, et l’air soufflait par intermittence permettant de chasser le surplus de chaleur. Il s’agissait vraiment d’un lieu agréable à vivre. Le port et ses environs devait être l’un des centres, voir le centre, prédominants de cette île. Après avoir passé un long moment à se balader entre les étales et les différents commerces.
A respirer les saveurs des différents produits et observer avec intérêt les articles proposés. Levy se dirigea vers l’église pour y admirer l’architecture. Son marbre tranchait avec les différentes maisons, en bois ou pierre, l’entourant. Malgré le côté sobre, commun à la région de North Blue, on pouvait apercevoir quelques fantaisies, notamment au sommet des colonnes, rappelant celles du Boru bodur d’Inari. Mais à part cela, rien de spécial. Ni dans la charpente ni dans un quelconque indice.

Levy allait devoir se rendre dans le bar du village pour essayer de glaner le plus d’informations possible. Ce qu’elle fît sur le champ. Arrivée devant le bar, elle remarqua un cheval qui n’y était pas lorsqu’elle était passée devant tout à l’heure. Aux vues de la topographie, rien d’anormal à se balader avec ce type de transport. Une fois à l’intérieure, elle se dirigea vers un coin du comptoir et s’assit sur une chaise haute. Le serveur arriva les mains occupées par un chiffon et un verre.


-Bienvenue, qu’est ce qui vous ferait plaisir ?

-Hummm, qu’est ce que vous avez de rafraichissant ?

-Alors j’ai de l’eau, basique, des limonades, cocktails de jus de fruits et, si vous aimez la bière, je vous conseil vivement de gouter notre bière locale. Un vrai régal.

-Alors une locale jvous pris.

-Une locale, c’est noté. Il utilisa le verre qu’il tenait dans les mains et le rempli. Voila pour vous. Ca fera 250B, et si possible de régler tout de suite. J’ai déjà eu de mauvaises surprises, vous comprendrez.

Levy paya la note et porta la choppe à ses lèvres. Le liquide ambré coula doucement le long de l’œsophage de la jeune archéologue. Lorsqu’elle finit d’avaler une longue rasade de sa bière, elle reposa le verre en laissant échapper un murmure de soulage et de bien être. Il n’avait pas tord, c’est un vrai régal. Peut être pas aussi bon que sur d’autres îles plus spécialisées mais assez pour l’admettre.

Après un petit moment passé à écouter les différents clients. Son attention fût attirée par un cowboy noir bien décalé par rapport à l’atmosphère du lieu. Il portait un grand chapeau et un long manteau en cuir. Quelque chose d’inquiétant flottait autour de lui. L’inconnu fixait un den-den mushi, lui-même posé à côté d’un verre vide, avec insistance, attendant surement un coup de fil de la plus haute importance. Et en effet, lorsque ce dernier puruta, sonna si vous préférez, il décrocha à une vitesse impressionnante approfondissant les doutes de Levy sur cet individu. Malgré la distance les séparant, elle pût discerner quelques brides de la conversation.


-… Oui, les moutons ont bien été récupérés… Des doutes… Cheval… Pas d’inquiétudes… Laine sera envoyé comme convenue. Puis il se redressa regarda à l’extérieur avec insistance. –Problême sera … bientôt. Et il raccrocha avant de ranger son den-den et de se diriger vers la sortie.

*Quelque chose cloche monsieur le cowboy ?*

Juste avant de sortir, Levy discerna un morceau de bois dépassant de sa veste. Son petit doigt lui dit que les choses allaient mal tourner. Et ce fut le cas. Quelques secondes plus tard, des cris se firent entendre. Tout le monde se retourna vers la sortie. Une explosion résonna suivit d’un épais nuage. Mlle Quinn se leva et se dirigea vers l’extérieur du pub pour admirer les résultats du court affrontement. Une fois les portes battantes passées, Levy ne vit qu’une jeune fille blonde entrain de tousser et de se frotter les yeux. S’appuyant contre une rambarde tout en éparpillant les derniers filets de fumée, elle s’adressa à la jeune fille.

-On cherche quelqu’un peut-être ? Je suis prête à parier qu’il s’agit d’un homme noir, tout en cuir et ressemblant comme deux gouttes d’eau à un cowboy. Et, à en voir ta réaction, j’ai tout juste.

L’archéologue posa son menton dans la paume de sa main gauche, elle-même tenue, par son bras accoudé, quant à lui, sur la même balustrade que précédemment.

-Alors voila, j’ai encore un peu soif. Et je n’ai pas assez sur moi pour profiter d’une autre bière locale. Alors, si la générosité fait parti de ton caractère, je te serais infiniment reconnaissante de bien vouloir m’avancer 250B.

Levy souriait. Comment faire autrement ? Elle avait l’avantage sur la jeune femme. Une fois que les quelques pièces se retrouvèrent dans les mains de la pilleuse de tombe, elle expliqua où se trouver le jeune homme.

-Merci beaucoup, c’est très noble de ta part. Et j’ai ton information, mais je ne pense pas qu’elle va te plaire. Je l’ai entendu discuter tout à l’heure avec son den-den mais pas super bien. Tout ce que je sais c’est que les moutons ont bien été récupérés et que la laine sera envoyée comme convenue. J’ai ma petite idée sur le lieu mais je te laisse déduire par toi-même.

Levy se retourna pour se diriger vers le bar.

-Merci pour la bière. Et bonne chance avec notre ami.
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