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Au bal masqué ...

[hrp : on arrive d'ici]

Au bal masqué ... Ezio_carnival_mask_by_ninjatic-d39h4iy
thème:
Jour 3 - nuit.

Le bal masqué du Prince Eirikr. Un vaste blague érigée en l'honneur de l'opulence et du stupre. Rafael n'y était invité à proprement dit, mais il avait trouvé les effets indiqués par le prince à l'endroit convenu. Une dalle non solidaire, non loin des remparts de High Town. Il n'avait eu qu'à revêtir le masque, retenir le mot de passe et se faufiler parmi les gardes durant la nuit. Usant de son fruit et de son mantra, l'entreprise ne fut pas difficile. Il arriva ainsi non loin du palais, marchant paisiblement jusqu'à faire face à deux gardes. Son masque bien en vue et le mot de passe en tête, il passa sans soucis, se faisant escorter par la suite jusqu'aux quartiers du prince, où la musique et les chants berçaient déjà l'assemblée. L'assassin passa la porte, pour se retrouver au milieu d'une fête glauque. La Noblesse de Goa. Les tentures étaient d'un ocre dépassé, les décorations d'un style gothique écoeurant. Mais ce n'était pas cela qui le perturbait le plus. Cette odeur moite et doucereuse, ces corps enchevêtrés dans une débauche insipide. Un feu, des tapis à n'en plus finir. Des trophées d'animaux de tous les côtés, des richesses à n'en plus pouvoir, à n'en plus vouloir. Un homme se fendit d'une révérence en l'accueillant, l'invitant à s'avancer vers la table centrale qui accueillait maints mets. L'assassin lui répondit d'un sourire, se sentant d'humeur particulièrement ... assassine. Il se dirigea vers le buffet, laissant sa main gantée, sa main de fumée, glisser sur le repas élaboré au détriment du peuple de Goa, qui se morfondait dans la fange et la vermine. Il passa sur les couverts, réprimant ces pulsions meurtrières qui le prenaient en de pareilles circonstances. Grim avait raison, ce n'était pas chose à laquelle on pouvait se soustraire. Les cinq ou dix premières fois, on regrettait. On prenait sur soi et redoutait la prochaine mise à mort. Mais après, il tuait en pensant à son repas du soir, il s'était détaché de ce monde de chair et de sang pour se fondre dans son rôle d'arme bien pensante. Un rictus amusé s'empara de ses traits, alors qu'il avisait le contenu des plats. Des mets raffinés s'il en était. Dire que cela ne l'attirait pas serait mentir. Mais il n'était pas homme à se repaître d'un tel luxe sans s'en sentir coupable.

Une femme s'approcha de lui, sous un masque rouge sang. Son opulente chevelure brune tombait sur ses épaules dénudées, auréolant à peine ses formes alléchantes. Un oeil sur la douce créature permis à l'assassin d'en saisir la pénible superficialité. Elle passa, posa une main sur ton torse avant de s'en aller en se frottant juste à peine contre lui. Un parfum alléchant. Celui de la mort promise. La musique était hypnotisante, n'ajoutant que du malaise à cet endroit déjà bouffi par les péchés de cette espèce décadente. Rafael soupira, réprimant un frisson glacé lui courant dans le dos. Des vapeur enivrantes émanaient des différents braséros disposés ça et là dans la pièce. Des drogues destinée à éveiller les sens et émousser l'esprit. D'un geste, il écarta le filet de fumée qui se dirigeait vers lui, le forçant à rester à côté des braises. Hors de question de se laisser distraire. La colère qui battait dans sa poitrine suffisait à le garder sur le droit chemin. Il s'avança vers les quelques fauteuils assemblés devant le feu, où Eirikr trônait, en compagnie de plusieurs jeunes demoiselles. Une esclave était à ses pieds, les larmes souillant son visage marqué par le fer. Un nouveau frisson de rage s'empara de l'assassin. Chaque chose en son temps. Il s'assit sans un bruit, juste au bord du champ de vision du prince. Celui-ci riait aux éclats, son pourpoint immaculé constellé de tâche carmines, du vin qu'il renversait en essayant de le boire. Les festivités étaient plus qu'entamées. Lorsqu'il s'aperçu enfin de sa présent, le prince le salua d'un rapide clin d'oeil. Puis il lui indiqua l'étage d'un signe de tête avant de reprendre son récit sur les aventures marines de son aïeul, semblant étrangement captiver la foule féminine. De jeunes nobles qui rêvaient de l'attention du Prince. Caste décadente. L'assassin soupira, puis se fondit dans le rôle.


~~~

"Désolé, l'ami. Personne ne passe, ordre de la Princesse." tonna le garde, barrant la route de sa lance.

"Oh, désolé, je pensais que tout le manoir était libre d'accès ... auriez-vous juste l'amabilité de m'indiquer les sanitaires ?" répliqua l'ivrogne, renversant un peu de son vin à terre.

Le soldat secoua la tête puis montra l'opposée du couloir, indiquant une direction que le pochtron s'efforça de suivre sans trop tanguer. Lorsqu'il s'en fut allé, il lâcha une blague graveleuse sur l'état de la noblesse à l'attention de son comparse. Les deux hommes rirent aux éclats, alors que l'ivrogne au masque d'argent tournait à l'angle du couloir. Derrière eux, une silhouette émergea des ombres, terminant sans bruit sa coupe de vin. L'assassin n'avait plus besoin de feintes aussi grossière depuis plusieurs années maintenant. Il sourit à la plaisanterie des gardes, estimant qu'ils avaient déjà assez de chance en cette soirée. Puis il se fondit de nouveau dans les ombres, se dirigeant vers la chambre de sa future victime. Il l'avait promise à l'homme-chien, mais il ne faisait pas grand cas de ce serment. Il aurait Anthony et la Reine, cela suffirait-il ? S'il mettait en place les évènements et qu'on accusait un noble, le bandit y croirait comme tous. Il ne lui avait pas réellement accordé les femmes. Et si celle-ci était jeune, elle était aussi victime de cette société. Non, ce n'était qu'un excuse aux yeux de Rafael. Le destin que leur accorderait l'homme-chien serait mille fois pire que la pire des morts. Cherchait-il à faire un acte de piété ? Peut-être. Ou alors la dague qu'il serrait fermement entre ses doigts réclamait le sang. Et il avait une envie monstrueuse de la satisfaire. Non, pas encore Rafael. Tu étais passé à travers ça, tu te dominais à présent. Lui, cette autre facette. Pff. Pathétique. Lui, l'autre. C'était du pareil au même. Il raffermit sa prise sur son arme et disparut dans les ombres, se faufilant à travers l'encadrement d'une porte.

Agenouillé dans l'ombre, il prit le temps de d'écouter ce qu'il se passait autour de lui. Ses sens étaient en alerte, son visage masqué par un tout autre apparat que celui qu'Eirikr lui avait remis. Histoire de ne pas tout faire capoter si cela virait au drame. Des râles réguliers se firent entendre à son oreille, quelques pièces plus loin. Un sourire amusé se dessina sur ses traits, alors qu'il se relevait. Il rangea la lame à sa ceinture, se fiant à la seule lumière de la Lune pour se diriger. D'une main, l'assassin étendit sa fumée. Des minuscules tentacules grisâtres émanèrent de lui pour aller palper les alentours, agissant comme un sonar étendu de sa conscience. Pas de pièges, personne de caché. Il l'aurait su de toute manière. Il passa sa main sur la table, poussant négligemment les vêtements épars, ça et là. Il se déplaçait sans bruit, fouillant les recoins sans que les amants n'osent même le remarquer. Il s'avança vers la porte entrouverte, où le frémissement d'une flamme trahissait le mouvement des deux nobles. L'assassin s'avança sans frémir, sûr de sa mission et plaça son oeil dans la fente. Il fronça les sourcils, dans un premier temps, puis un sourire mesquin se dessina sur ses traits.


"Anthony ..." gémit la Princesse.

Répugnant. Ecoeurant. Si peu surprenant. L'assassin se redressa, regarda autour de lui. Bien, il était temps de mettre en jeu les choses. Il réajusta le masque, gonfla sa silhouette, se plaça dans la lumière. Sous son poids, une latte craque. Durant une fraction de seconde, les amants cessèrent leurs ébats. Maelia ramena la couverture à sa gorge dénudée et le prince s'empara de sa lame. Il se retourna et aperçut le masque qui les observait dans la pénombre. Sans prendre le temps de se rhabiller correctement, il s'empara de ses chausses pour masquer sa virilité et se rua à l'assaut du témoin. Trop tard. Insaisissable. Un masque de loup,  orné de paillettes ocres et argentées.


~~~

L'homme au masque d'or dégustait une coupe de vin en compagnie du Prince Eirikr. Aucune expression sur son visage, sinon un petit sourire amusé. Ses yeux océans se perdaient dans les flammes de l'âtre, concernés par on ne savait quelle pensée. Il revint à lui pour boire une gorgée de son vin. Il n'était parti que quelques minutes, minutes d'une importance cruciale. Au jeu des trônes il fallait vaincre ou périr. Et ce soir, il venait de remuer la fourmilière. Ne restait plus qu'à frapper en son coeur d'une poigne mortelle et implacable. Il n'était qu'un homme parmi les autres, sa voix ne faisant qu'une avec le murmure ambiant des soupirants du Prince bellâtre. Ce n'était que pour l'arranger. Personne n'avait remarqué leur promiscuité, leurs échanges entendus. Eirikr était comme ça, avec tout le monde. Soirée masqué, égalité parmi les nobles. Mais toujours ce parfum écoeurant de stupre et de décadence. Par dessus tout, il y avait une nuance qui trônait. Comme l'odeur de goudron mouillé au prémices d'un orage. Comme l'air poisseux et enivrant d'un orage d'été . La promesse d'un sang bleu et frais recouvrant le tapis de cette demeure. Avec son propre frère, sa propre chair. Péché n'est point mortel. Du moins celui-là. Mais les petits jeux de la vierge de fer n'avaient que trop durés. Manipulation, coucheries. En d'autres temps, il aurait admiré sa volonté et sa perfidie. Mais sa réputation la précédait. Et ce soir, cela suffirait à la condamner.

"Je vais devoir vous quitter." déclara-t-il, soudainement.

Personne ne sembla l'entendre. Mais le hochement de tête du Prince lui répondit. Il ne savait pas encore qu'il allait devoir se confronter à la mort de sa soeur, mais quelque chose au fond de Rafael lui disait qu'il n'avait pas organisé tout cela pour rien. Ce blond indolent n'était pas en reste question mesquinerie. Il savait mener son petit monde et avait su leur donner un personnage à gober, tout autre de ce qu'il était en profondeur. Diantre, manœuvrer avec de telles créatures de vice, c'était fascinant. Excitant. L'assassin se leva, s'esquiva d'une révérence devant le masque de Lion à l'allure amusée. Son frère, lion d'émeraude n'était étrangement pas là. À se demander pourquoi. Un léger sourire se dessina sur les traits de Rafael, alors qu'il gagnait la cuisine, au profit d'un autre coin d'ombre. On cria dans la nuit. Pas assez fort, ni assez longtemps. Une pauvre femme dont le sang n'était, en fin de compte, pas si bleu. Et l'assassin revint de la cuisine avec une assiette de condiments, qu'il posa négligemment sur la table, y ayant à peine touché.

Les portes s'ouvrirent. L'homme au masque d'or s'écarta face au Roi masqué de noir. Loup ocre et argenté. Leurs regards s'accrochèrent, une fraction de seconde. Un instant qui sembla durer une éternité. Eternité qui n'ébranla aucun des deux. L'assassin s'esquiva, gagnant la nuit. Tournant le dos au Roi venu rendre hommage à la fête de débauche et de stupre de son insidieux fils.

Les derniers mots qu'elle avait entendu. Resquiescat in pace.


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La fête est finie au palais du Prince.

Et bien finie, dans le sang et les larmes. Les invités ont fui précipitamment pour n’être pas trop associé au meurtre, le roi est parti calmer sa colère ailleurs, les esclaves et les domestiquent se lamentent et s’arrachent les cheveux dans les couloirs.

Et le prince regagne d'un pas lourd ses appartements, solidement encadrés par ses hommes les plus fidèles. Il a encore du mal a réaliser l'horrible nouvelle qui lui est tombé dessus dans la soirée, Maelia. Morte. Pire, Assassinée !

Le prince s’arrête devant les portes le temps que ses hommes fouillent consciencieusement les appartements, deux fois. Ils sont a cran, ce qui est arrivé ce soir est du jamais vu, un crime de lèse majesté impensable. Probable qu'a mesure que la nouvelle se répand les nobles sentent un frisson de panique leur parcourir le dos. Cette nuit, tout ce que la cité compte de garde du corps ne dormira que très peu...

-C'est bon monsieur. Il y a des hommes a chaque issue, et vos appartements sont sur. Je resterais à la porte cette nuit, vous pouvez dormir tranquille.

Piotr vient de Saint Uréa. ça fait dix ans maintenant qu'il est le garde du corps du Prince. Dix ans qu'il s'occupe avec une efficacité sans failles de tout ce que le prince lui confie. Un homme dur Piotr, un soldat. Un soldat au passif militaire si chargé qu'il n'a plus d'autres endroit ou aller qu'ici a Goa. Ce qui assure le prince de sa loyauté sans failles.


Eirikr laisse ses gardes et traverse ses appartements jusqu'a sa chambre et le verre de vin chaud au miel qu'un domestique a disposé comme tous les soirs juste a coté. D’habitude des esclaves sont la pour l'aider a se dévêtir et a se coucher. Mais pas ce soir. Pas avant qu'on n'ait élucidé le meurtre de la princesse et mis le coupable à l’équarrissage en place publique. Le prince boit son verre d'un trait, le vin l'apaise, la panique et la peur qui l'ont gagné diminuent... Tout va bien, ses plans ne sont pas compromis. Et il est en sécurité.

-Mon frère, tu es un crétin !

Le prince Eirikr se retourne d'un bond, blanc de terreur et réussit l'exploit de pâlir encore plus en voyant celui qui se tient devant l'armoire massive qui orne un coin de la pièce; Anthony !

-Comment es tu entré ici ? C'est Impossible !
-Oui il parait. Mais l'impossible me va plutôt bien non ?

En deux pas Anthony traverse la pièce jusqu'au prince qu'il soufflette d'un revers puissant, lui marbrant la pommette de rouge et l'envoyant tomber sur le lit à baldaquin derrière lui.

-Dégénéré, sombre merde !

Dans l'esprit d'Eirikr c'est la confusion la plus totale, comment ? Portant la main à sa joue brulante le prince est incapable de réfléchir, parfaitement abasourdi par une violence qu'il a l'habitude d'infliger mais jamais de subir.

-Qu'est ce que tu fais ici ? Comment as tu passé mes gardes ?

-Quelle importance petit frère ? Elle est morte maintenant. Elle est morte. ET C'EST DE TA FAUTE !
-Quoi ? Non ! Je n'y suis pour rien, je n'ai fait qu'organise la fête !
-Organiser la fête ? Tu n'as fait qu'organiser ? TU AS INVITÉ SON ASSASSIN !
-Hein ? Mais mais, mais qu'est ce que tu racontes ?
-Pauvre petit frère qui veut jouer dans la cour des grands et qui va se faire manger. Ne me prends pas pour un idiot Eirikr, je sais tout de tes manigances ridicules. Je sais tout de tes rencontres de ces derniers jours !

Dans l'esprit d'Eirikr tout se trouble et se bouscule. Si c'est bien Auditore qui a tués Maeva et qu'Anthony est au courant il est perdu, père ne pardonnera jamais cet écart... A moins qu'il ne soit pas au courant pour la doublure et qu'il croit Anthony mort. Et a ce moment la...

-GARDES ! A MOI !

Et instantanément une dizaine de gardes font irruption dans la salle, s'arrétant au vu du tableau qui les attend.

-Tuez le ! Tuez mon frère !

Mais personne ne bouge, jusqu'a ce que d'un signe de tête Piotr congédie tout le monde et s'approche des deux nobles. D'Anthony hautain et triomphant et d'Eirikr qui ne comprend plus rien.

-Monsieur ?
-Piotr, tu tombes a pic, explique donc a mon frère depuis combien de temps tu travailles pour moi ?
-Depuis quinze ans monsieur. Depuis que vous m'avez permis d'échapper à la corde que me destinait la marine.
-Et quels ordres t'ai je donné ce jour la ?
-De me vendre au service du Prince Eirikr et de devenir son plus fidèle garde du corps et son confident. Jusqu'a ce que vous décidiez du contraire.
-Je voudrais que tu lui fasses mal Piotr. Horriblement mal. Mais attention, que ça ne se voit pas...

-Non non attend Anthony, je peux t’expliquer !
-Oh oui tu vas m’expliquer, tu vas tout me dire Eirikr. Absolument tout. Mais d'abord tu vas souffrir. Et je t'assure que tu vas gueuler assez fort pour que tes cris accompagnent ceux de notre sœur que tu as envoyé rôtir en enfer !


    L'avantage avec les plans, c'est qu'ils ne se passaient jamais comme prévu. C'était ça le plus intéressant, lorsqu'il y avait du challenge. Un frisson parcourut l'échine de l'assassin. Il était resté à rôder, évitant avec soin les patrouilles effervescentes des gardes. Changeant d'endroit, se glissant hors de leur vue. Demeurant dans la brume, ne faisant qu'un avec elle. La cohue avait été telle qu'il l'avait espérée, les réactions moins. Il avait sous-estimé le vice de cette famille, tout comme l'implication de son allié. Il n'avait fait que remuer le fumier, et une odeur encore plus nauséabonde en était sorti. Mais il devait voir les conséquences, ne pas se laisser déborder. Et prendre le rôle. L'Umbra serait utile pour une fois. L'opération était en partie un échec, et il ne souffrait pas les échecs. Une colère sourde s'empara de lui, alors qu'il descendait à bas de son arbre. Il abandonna la tenue de la Confrérie, s'emparant d'un garde dans la pénombre. Il ressortit vêtu du même attirail que lui, enserrant le pommeau de l'épée du pauvre hère qui trônait sous un tas de paille à présent. L'homme était censé monter la garde, personne ne le retrouverait avant le lendemain. Anthony était entré dans la chambre d'Eirikr, cela ne pouvait augurer que de mauvaises chose. Foutus nobles.

    La brume se fondit dans les nuages, gagnant les hauteurs pour surgir tel un trait de foudre sur le balcon d'une chambre annexe. Glissant sont doigt dans la serrure, l'assassin la crocheta sans mal. La fenêtre s'ouvrit sur une chambre vide. Il n'entendait aucune voix plusieurs mètres à la ronde, la route était libre. Il ferma les yeux en posant la main sur la porte de la chambre. Une patrouille passa, puis deux. Il ne lui restait plus qu'à attendre le moment propice. Maintenant. Passant à travers l'encadrement de la porte, l'assassin gagna le couloir censé le mener aux appartements du Prince. Anthony était occupé, non ? Pas avec la cible que Rafael escomptait, mais cela suffirait. Une autre patrouille. L'assassin s'envola au plafond, reprenant forme pour se maintenir hors de vue des soldats. Il se rapprochait, vu le nombre de gardes. Mais ce n'était pas dans la première forteresse censée imprenable dans laquelle il s'infiltrait. Son métier. Sa vie. Son oeuvre, même. Les appartements du Prince étaient plongés dans l'ombre, et quelques voix se faisaient entendre. Du moins, entendre pour lui. Il évita les sources d'ennui en se dissimulant dans les recoins et s'avança vers le lit du Prince. Hé hé. Maintenant, comment s'assurer pour que ce soit quelqu'un qui ne soit pas un de ses sbires qui trouve cela ? L'arme maculée du sang de Maelia ne ferait peut-être pas la différence, mais elle alimenterait le débat. Une découverte au grand jour. Dans les hommes présents, et les femmes, il y aurait obligatoirement des sbires du roi ou de la Reine. Même d'Eirikr. Anthony ne pouvait pas s'acheter la loyauté de tous ceux qui passaient dans sa chambre.

    Une fois son méfait accompli, il disparut avant qu'une autre personne ne vienne le débusquer. Trop de temps s'était passé depuis qu'Eirikr était aux mains de son frère. L'heure était propice à une arrivée impromptue. Répétant son manège, l'assassin s'engouffra dans l'aile, bien plus visitée, de son allié au sang bleu. Un cri de douleur perçant vrilla ses tympans. Il était peut-être un peu en retard. Il ajusta le casque de garde sur son visage, remonta l'écharpe carmine pour ne pas que l'on devine son affiliation. L'entrée des appartements du Prince bellâtre étaient ardemment gardés. À croire que rien ne pourrait y entrer, ou en sortir, sans être vu. Bien pensé Anthony, bien pensé. Arriver par l'extérieur était tout aussi stupide. Une impasse, même pour Rafael. La fumée trahirait son arrivée. S'arrêtant au coin du couloir, il devina la présence d'une dizaine de gardes. Ainsi que trois autres voix à l'intérieur des appartements. Trois, seulement ? Les autres avaient du déserter sur ordre du Prince. Torturer un sang bleu, ça ne se faisait pas avec des témoins. L'assassin inspira profondément. Dix hommes, dix mercenaires de Goa. Ce n'était pas rien. S'il échouait, que se passerait-il ? Et même s'il laissait Eirikr entre les mains de son frère ? Il avouerait, les cris en témoignaient. Vendetta. Leur Révolution. S'il l'aidait et qu'ils s'enfuyaient ? Alors Anthony mettrait High Town à sac pour le retrouver, puis le reste. Il chercherait un assassin et un Prince, pas un peuple en furie qui se lèverait contre lui. La répression serait plus dure que jamais et le peuple se lèverait. Ainsi, il fallait agir.

    L'assassin posa la main contre le mur. Il percevait leurs voix, leurs mouvements. Bien. Il s'avança dans le couloir, faisant face à la dizaine de gardes. Un coup d'oeil suffit. Trois surveillaient la porte, deux posèrent la main sur leur arbalète. Les autres firent un mouvement vers lui. Quand bien même il portait la tenue des gardes royaux, il restait un intrus. Les ordres étaient les ordres. L'argent, aussi. Celui qui semblait mener la petite troupe secoua la tête en tirant son cimeterre. L'assassin lâcha un sourire amusé, sous son écharpe. Il s'avança sans sourciller. Il savait ce qu'il allait se passer. Un pas. Le premier leva son épée. De la main gauche, l'assassin suspendit son geste avant de lui retourner sa propre arme dans les gencives. Il frappa du coude dans son arcade, l'envoyant rebondit contre le mur. Le suivant tenta l'estoc. Ecart sur le côté, crâne écrasé contre le mur. Ils se souviendraient d'un garde royal, rien de plus. Les trois autres tentèrent de l'encercler. Ils s'adaptaient vite, de véritables professionnels. L'assassin s'empara du poignet du premier et l'envoya sur le second, avant de d'étourdir le dernier d'un coup de coude. Comme s'il exécutait une chorégraphie millimétrée, il esquiva les traits de carreaux des deux arbalétriers en assommant les deux gardes enchevêtrés l'un sur l'autre. Il fit glisser deux dagues entre ses doigts et les envoya frapper leur cible, pommeau en avant. Le craquement qui s'en suivit n'était pas de bonne augure. Les gardes de la porte comprirent alors qu'ils n'avaient pas de réel choix de retrait. Celui du milieu tenta de tirer une lame malgré tout, tandis que les deux autres ouvrirent la bouche pour crier. L'assassin bondit, les écrasant de ses mains contre la porte, la faisant trembler jusqu'aux fondations. Les deux hommes s'effondrèrent sous la fumée qui bloquait leur respiration, s'insinuant dans leurs poumons, tandis que le troisième regardait avec effroi sa lame traverser le ventre de son adversaire sans que celui-ci n'en semble gêné. Le malchanceux du groupe.

    La porte s'ouvrit à la volée, laissant passer le cadavre du dernier garde. Le corps sans vie du soldat corrompu rebondit à terre, sous les yeux du Prince et de son homme de main. La main du sbire d'Anthony retenait encore les cheveux de son frère, la tête au fond d'une large bassine d'eau. Il le relâcha sous l'effet de la surprise, lui laissant juste le temps d'implorer pitié et pardon en retombant sur son séant. En parlant de ce gars, l'assassin l'avait déjà vu, celui-là. Non loin d'Eirikr. Ces histoires de pouvoir ... Un sourire amusé se peignit sous son écharpe, tandis que l'espoir revenait dans les yeux du benjamin de la famille. Ce regard ... il avait déjà craqué. Pitoyable. Il revint vers les deux autres hommes qui se tenaient face à lui. Il étudia d'un coup d'oeil le primate maculé de sang qui exécutait sans aucun doute les basses besognes d'Anthony. L'aile de ce palais était vide, certainement sous les ordres du Prince. Il espérait pouvoir torturer son frère en toute impunité ? Il n'avait jamais été stipulé dans leur entrevue que Rafael viendrait tirer Eirikr de ce mauvais pas, mais il restait un Prince. Un parti au trône, utile pour les adversaires d'Anthony, et il y en avait un bon nombre. Alors il ne fallait pas laisser cette chance se gâcher .


    "Majesté." lâcha-t-il, adressant un signe de tête au Prince Anthony.

    "Singe." fit-il en faisant de même à l'adresse de l'homme de main.

    "Evitons les effusions de sang, mon client sera peut-être plus enclin à vous laisser la vie sauve si vous décidez de vous rendre dès à présent." grogna-t-il, posant la main sur le pommeau de son épée.

    Bordel, Eirikr, l'obliger à sortir dès maintenant ! Vraiment un Prince de pacotille, pas même capable de surveiller les angles lorsqu'il faisait affaire de rébellion. Bon, il n'y avait visiblement pas de résolution pacifique de ce conflit ... Pourquoi Rafael aurait-il peur d'un homme de main et de son petit Prince ? Il avait vaincu Krabbs. Il avait affronté Fenyang. Il avait survécu à la guerre. Ce ne serait pas eux qui le feraient choir. Il était trop tard pour les secrets de toute manière, et le sang restait toujours la meilleure manière de régler les choses.

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    Les traits du prince ainé s'enlaidissent d'une colère soudaine pendant que ceux de son frère palissent. D'un geste Anthony fait signe a son homme de main de plonger à nouveau la tête princiére dans la flotte. Et, il faut bien lui reconnaitre cela, il ne frémit pas quand il s'adresse à toi.

    -Me rendre ? A qui ? A un grotesque assassin qui ne sait même pas ou est sa place ? Va donc attendre ton tour dehors, je m'occuperais de toi quand j'aurais fini avec mon frère...

    Et pourtant, il ne saurait croire qu'il peut t'opposer la moindre résistance. A moins que...

    Ton empathie t'avertit juste avant que l'homme dans l'ombre ne se manifeste d'un mouvement aussi léger que les tiens. Un mouvement qui le laisse plongé dans les ténèbres mais te laisse entrevoir la tenue qui en fait un membre de l'Umbra. De ton Umbra.

    -Qu'en penses tu Auditore ? Il semble que tu déranges, et nous serions mieux dehors pour discuter non ?

    Uther ! L'homme qui a perverti ton clan et a tué tes fidèles. Uther est ici. Dans le camp adverse. Probablement prêt à entraver et à détruire une nouvelle fois tes plans!

    -Sors, je te suis...


      La dague s'envola et s'enfonça dans le bois, à un doigt de cette enflure. Net, précis. Sans même regarder. Aucun sourire ne trônait sur le visage de l'assassin. Seulement une résolution pure et ferme. Implacable, meurtrière. Il osait lui parler ? Il osait lui donner un conseil, un ordre ? Cette raclure qui ne méritait que les tréfonds des enfers, enchaîné à se faire dévorer pour l'éternité. Un frisson glacial parcourut l'échine de Rafael. Puis une force grondante gagna son ventre. Monta jusqu'à sa poitrine et se diffusa dans ses bras. Une haine déferlante. Une colère telle qu'elle le laissait de marbre. Ses yeux parurent rougeoyer dans l'ombre de la visière du casque. La fumée se densifia autour de l'assassin, faisant vibrer les flammes de la pièce par appel d'air. La lame de la dague vibrait encore sous le museau du traître. Si enfoncée dans le bois qu'on aurait cru qu'il avait voulu le traverser. Le bras de Rafael resta suspendu quelques secondes avant qu'il ne le baisse. Calme. À un stade au-delà de ce qu'une âme pouvait endurer.

      "Toi, tu restes là. Je m'occupe de ton cas après. " grogna-t-il, faisant un pas vers le Prince et son chien.

      Ne pas sous-estimer cet enfoiré. Ne pas lui donner de prérogative à décider des actes de l'assassin. La vengeance ne passait pas après sa cause. Ils le savaient tous. Pourtant, là, c'était un pas vers Eirikr qu'il venait de faire. Les frusques de garde royal tombèrent à ses pieds, son déguisement éventé par l'intervention du traître. Il ne porta même pas son regard sur lui. Avança encore d'un pas. La tension était électrique, palpable. Un assassin était maître de ses émotions, en toutes circonstances. Quelle insanité. Il serra le poing faisant crisser son gantelet, dardant un regard incandescent sur Anthony. Ce Prince qui avait eu l'impudence de lui répondre, de se moquer de son avertissement. Une nouvelle dague jaillit de sa main, se plantant entre les pieds d'Uther. Il allait bouger, il le savait. Il le voyait.


      "La prochaine fois que tu me donnes un ordre, je te tue sur le champ. Je t'ai dit de ne pas bouger." fit l'assassin, se retournant enfin vers lui.

      Le Prince Anthony daigna lever un oeil sur lui. Rafael tourna la tête vers le sang bleu, dédaigneux devant cet amas de chair putrescente qu'il incarnait à ses yeux. Quoi, trois contre un ? Qu'ils viennent. Nul doute qu'Uther n'allait pas se laisser faire. Mais que pouvait-il contre lui ? Le créateur du crédo, le fondateur de leur ordre ? Qu'est ce que cette misérable ordure qui avait perverti l'oeuvre de sa vie pensait vouloir faire, hein ?! Il ferma les yeux, inspira profondément. La colère décuplait ses forces et sa volonté. Mais s'il la laissait le dominer, elle allait le détruire.


      Arrêt.

      La pièce est étroite et l'espace restreint. Le lit du prince, ses divers effets. Quatre chandelles maintiennent une clarté toute relative. Seuls espaces de retrait, les fenêtres et la porte. Le traître est en travers de celle-ci. Son mantra lui dicte que prendre d'assaut Uther n'est pas la solution pour bien démarrer. Comme un pressentiment sur les armes que cet homme garde à son encontre. L'attirer à lui, le faire bouger.

      Premier pas, menace.

      S'il se dirige le Prince, le Chien s'interpose et mord. Lui n'est pas prêt, il peut le devancer. L'épée jaillit pour cueillir une ombre qui n'en est pas une. Frapper un assassin fait de fumée. Déjà sous la garde, il enfonce son poing dans le plastron du Chien le faisant reculer d'un pas. De son autre main, il envoie une dague sur le traître, qu'il reste à distance.

      Second pas, avertissement.

      Le Chien gronde et recule d'autant plus. Il cogne dans la bassine et trébuche. Le Prince rebelle recule en piaillant, ce combat n'est pas à sa hauteur. Pas à la hauteur de ce Prince là. Le Capitaine de la Garde Royale, lui, il ne se laisse pas impressionner. Une boule de fumée naît au creux de la main de Rafael. Une technique que tu ne connais pas, Traître. Il la garde bien soigneusement, alors que Anthony enjambe son Chien pour enfoncer sa lame dans le coeur de Rafael. Et la boule se détache de l'assassin, guidée par un mince filet fumigène. En un instant, le révolutionnaire est derrière le sang bleu. Un fracas retentit dehors. Le premier éclair illumine la salle.

      Troisième pas,  sanction.

      La lame secrète de Rafael perce le plastron du Chien, derrière son maître. Lors d'un combat où le surnombre joue, éliminer le plus rapidement l'un des adversaires. Un pas suffit pour crocheter la jambe du Prince et le faire reculer. L'écraser de toute sa force, maintenant. Anthony est entre Rafael et Uther, l'assassin ne peut pas protéger son sang-bleu. Bataille gagnée, gains maximisés.

      Retour.

      L'assassin ouvrit les yeux, le tableau se déroulait déjà dans son esprit. Un sourire naquît sur son visage alors qu'il se préparait à frapper jusqu'au sang. Cependant, une variable restait inexacte. Il y avait un autre assassin dans la pièce. Et Auditore n'était pas le seul à jouer à ce petit jeu là. Et au moment où il leva sa main pour menacer le Prince, il était déjà trop tard.

      "Que ..." fit-il, au moment où une main noire se dressa entre sa cible et lui.

      La main frappa d'un coup sec, forçant l'assassin à croiser les bras pour accueillir cette attaque malvenue. Il fut projeté en arrière, traversant la porte qu'il avait brisé et glissa jusqu'au bout du couloir. Il se rétablit sans mal, plantant sa lame dans le sol pour ralentir sa course. Il lâcha un juron puis redressa la tête pour dévisager son adversaire qui avançait nonchalamment dans le corridor. Ainsi soit-il. Il ne fallait pas oublier que cet enfoiré avait tué Vérité, qu'il avait anéanti le plus ancien de ses fidèles alors qu'il était au milieu de ses hommes. Mais le traître n'était qu'un obstacle mineur sur la route de Rafael. Il ne pouvait se résoudre à le considérer comme un égal, cela reviendrait à admettre qu'il avait échoué, que ce chancre avait dépassé le maître. Et ça, jamais. L'assassin se releva. L'aile était déserte, autant en profiter. Il écarta les bras, laissant sa fumée jaillir autour de lui. Une aura grise et macabre qui ne signifiait rien de bon.


      "Tu as fait des progrès, Uther."
      grogna-t-il, rengainant sa lame secrète.

      Mais il n'était pas le seul. Il n'y avait aucun limite aux pouvoirs d'Il Assassino. Pas tant qu'il n'aurait fait face à cette dernière. Il sortait plus fort de chaque épreuve, plus déterminé que jamais. Il avait fait face à la mort de trop nombreuses fois pour penser qu'elle voulait de lui. Ce n'était qu'une épreuve. Son épreuve. La purge finale, l'extermination des traîtres. Les lois du crédo étaient claires. Et en éliminant l'ordure qui les avait brisées, il éliminerait tout ce qui pouvait corrompre son code. Puis il éliminerait le code et investirait la Révolution pour changer la face du monde. Il le ferait. Il était un Auditore, c'était dans son sang.


      "Première loi ?"
      lui fit-il, se mettant en position d'attaque.

      Une boule de fumée naquit au creux de ses doigts, la même attaque qu'il désirait réserver au Prince. Puis il bondit en direction de son adversaire. Il arma son poing, envoya la boule sur le côté puis se substitua à elle pour frapper le flanc d'Uther. Sans lame. Puisqu'il avait choisi de passer en premier, Rafael prendrait tout son temps pour le faire souffrir. Prévoyant l'attaque, l'assassin para de justesse et rétorqua avec un coup de taille, empreint d'un fluide noir. L'Auditore se baissa et le poussa contre le mur, avant de se reculer d'un pas. Uther percuta la pierre et se rattrapa sans mal. Il avait poussé Rafael à s'écarter de lui, rien de plus.


      "Garde ta lame de la peau d'un innocent."
      fulmina l'assassin, entre ses dents.

      "Seconde loi ?"
      poursuivit-il en s'emparant d'une bombe fumigène.

      Il esquiva les dagues du traître et arma l'objet métallique. Obligé de recourir à de telles extrémités, quelle pitié. Pourtant, son mantra lui soufflait qu'il lui fallait agir de toutes ses forces, et vite. Très vite. L'écraser d'un coup alors qu'il était au sommet de sa puissance, ne lui laisser aucune marge de manoeuvre. Les dagues d'Uther ricochèrent contre les murs et s'engouffrèrent dans la chambre du Prince. Mais déjà Rafael était sur lui, tentant de lui claquer sa bombe fumigène contre le torse. D'une simple parade, le traître dévia son coup et fit basculer Il Assassino contre terre. La bombe roula plus loin, et Rafael se récupéra d'une main avant de revenir sur ses pieds.


      "Cache-toi de la vue de tous, ne fais qu'un avec la foule."
      fit-il, avant que la bombe n'explose et lâche un opaque nuage de fumée.

      "Et la dernière loi, celle qui te préservera de ma lame ?"
      lâcha-t-il, émergeant du brouillard un pas après l'autre.

      Il tourna sa main gauche vers la fumée, la pliant à sa volonté puis fit de même avec la droite. Un sourire malsain se dessina sur son visage tandis que la brume prenait forme autour de lui. Les lumières vacillèrent et d'un geste, il commanda à la fumée d'attaquer Uther. Une déferlante grise envahit le couloir, soufflant flammes et décorations. Puis l'assassin rompit le contact avec son élément, se déplaçant au milieu avec une aisance déconcertante. Il créa une nouvelle boule au sein de ses doigts et s'en servit pour apparaître juste en face d'Uther, à une vitesse incroyable. Se servant de la fumée comme d'un sonar, il prit de court le traître et lui enfonça son genou dans les côtes avant de le retenir par le plastron et de lui enfoncer son crâne au milieu du visage. Evitant une lame acérée, il se recula dans la brume demeurant invisible aux yeux de l'assassin.


      "Ne compromet jamais la Confrérie."
      grogna-t-il, alors qu'une silhouette grise émergeait de la fumée, juste derrière Uther.

      D'un geste, l'assassin fit exploser la boule grise contenue dans la silhouette et pris sa place pour administrer son châtiment. Lame secrète dégainée, cinquième vertèbre en vue.

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      S'il y a bien une chose dont tu es sur, c'est que ta lame connait le chemin. Et une fois de plus elle se glisse comme guidée par une main invisible et sur droit jusqu'a sa cible et vient enfoncer ses trente centimètres d'acier bien profond dans les reins de ton adversaire.  

      Une frappe mortelle que tu as déjà exécuté cent fois, guettant le dernier souffle qui s'échappe de la bouche de ta cible comme un soupir, remarquant le relâchement du corps que tu n'as plus qu'a accompagner vers le sol pour lui fermer les yeux pendant que son sang commence à s'écouler de sa plaie ouverte.

      -T'es le meilleur Auditore. Bravo

      Un souffle, un corps qui se crispe sous ta poigne, anormal.

      -Mais ça tombe bien que tu en parles parce que ça fait un moment que je voulais te le dire. Tes règles que tu es le premier à ne pas respecter, j'en ai rien a foutre...

      Ta main tire sur la lame. Bloquée, bloquée dans une chair beaucoup trop dure et froide pour être humaine. Une chair qui ressemble soudain à du métal.

      La capuche tombe soudain sur les épaules d'uther pendant que sa tête fait demi tour impossible sur ses épaules pour te regarder. Son visage ressemble a ceux de ses cyborgs que tu as déjà combattu, une machine ?

      -Ta confrérie est morte, il va falloir t'y faire !

      Saisissant sa cape tu l'arraches d'un coup sec, révélant en dessous un corps qui n'a plus rien d'humain, une mécanique infernale faite de fer, de vis, de piéces mécaniques, et que ton entrainement te permet d'identifier instantanément. Une bombe !

      -Tic Tac Auditore, tu m'as tué, laisse moi te rendre la pareille...



      BOUM !



      Uther.





        Inspiration profonde.

        "Aaah ..."

        L'air crépitait et la fragrance du charbon calciné emplissait les narines. Un son strident vrillait les oreilles, alors qu'une douleur sans nom agitait les terminaisons nerveuses. Malgré la chaleur, cette sensation étouffante de souffrance, le sol était froid et glacé. Pourtant, ce n'était en rien un baume. Qu'un tourment supplémentaire. Les ténèbres avaient succédé à la déferlante, puis la pâle lumière de la Lune avait éclairé la scène. La fumée se dissipait pour révéler un corps meurtri et vaincu. Un cadavre qui bougeait à peine, alors que tout autour de lui n'était que décombres.  Propulsé du couloir à la chambre du Prince, il s'était écrasé contre le mur, lézardant la pierre. La déflagration semblait avoir tout poussé à terre et le feu commençait à étendre son emprise. Les chaises, le lit. Tout était sali et détruit. Nul doute que la force de l'explosion avait résonné dans la nuit, ajoutant son lot de terreur à cette peinture sinistre qu'était Goa. Une explosion dans le palais royal. Une sirène, des cris. Puis les éclairs. La pluie. Le Prince et son Chien se relevaient, loin de l'épicentre de la tragédie. L'autre Prince était encore inconscient. Il restait un homme allongé. Un homme qui inspira comme s'il ressuscitait. La vie lui revenait en même temps que ses souvenirs.


        "Ta confrérie est morte, il va falloir t'y faire."
        "Laisse moi te rendre la pareille."


        Non.

        "L'âme de la Confrérie jamais ne mourra."

        *cling*

        Non, ce n'est pas ça. Ce sont ses mots. Mais il ne s'échappa pas de l'étreinte glacée du traître. De son bras mécanique, de ses entrailles froides. Il brisa sa lame, son dernier sacrifice pour la Confrérie. La dernière marque, celle qui faisait de lui un assassin à part entière. Mais la main noire d'Uther le retenait encore contre lui. Contre la bombe. La main de l'assassin plongea là où aurait du se tenir le coeur de l'explosion, son gantelet noir perforant le métal. Puis une déferlante de lumière illumina le couloir. La résignation se peignit dans les traits d'Uther. Qu'avait donc fait Auditore pour qu'il lui voua une telle haine ? Il n'en avait cure. Il avait raison, il avait déjà enfreint ses propres paroles. Et alors ? Il ne doutait pas, il avançait. Il commettait des erreurs, il était humain. Pas comme cet amas de métal et de vice. Il enserra la bombe, souriant face à son destin. Il n'y avait aucune échappatoire sinon sacrifier son bras déjà mutilé. Il hurla, concentrant toute sa force dans cette poigne fumigène puis plus rien. La sensation d'être perforé par mille lames, d'être transporté à travers un océan de douleur. Et le néant. Puis une inspiration profonde.


        "Aaah ... kof kof ..."

        Un filet de sang coule du visage calciné de l'assassin. Il se relève péniblement, devant les yeux effarés du Prince et de son Chien. Ils ont senti la puissance de la déflagration. Oui, même Anthony. Un instant, ils regardèrent ce monstre. Ils regardèrent l'incarnation ténébreuse qui avait survécu. Un être à moitié brûlé, dont la moitié du corps était encore constituée de braises. Une fumée noire s'exhalant de lui. De son moignon surgit alors une main grise qui vient le soutenir alors qu'il se remet à genoux. Son épaule creusée se recomposait peu à peu, et un assassin au torse gravement brûlé se reformait devant eux. Un être fait de fumée et de volonté. Lentement, il se remit sur ses deux jambes, alors que les lambeaux de sa tenue d'assassin tombaient à ses pieds, calcinés. Il se redressa, vacillant. Puis tint bon sur ses jambes.


        Il ouvrit les yeux, la fumée recomposant la cavité abîmée de son oeil droit. L'oeil le plus proche de l'explosion. Une cicatrice marquait le pourtour de l'orbite. L'être de fumée darda ses yeux vers les hommes qui lui faisaient face. Il fit un pas vers eux. Une incarnation de la mort, revenue de l'au-delà pour les châtier. Paniquant, le Chien lâcha son épée, recula et se prit une table.  Souffrant de tous ses muscles, l'assassin leva le bras gauche en armant un mousquet secret caché sous son bracelet. Le silex claqua et la détonation tarda à se faire entendre. Avec un bruit écoeurant, la bille de plomb frappa le soldat au milieu du dos. Il s'écrasa à terre, criant de douleur. Raté, il vivait encore. Cela suffirait, il avait besoin de ses maigres forces pour encore une chose. Il ne pouvait partir et tout laisser ainsi. L'assassin s'avança vers le Prince. Celui-ci ne perdit pas de sa superbe et dégaina son épée pour lui planter dans le torse. La lame traversa sans blesser. La main de fumée de Rafael s'empara de la mâchoire du Prince et l'enserra de toutes ses forces. Le Prince frappa, encore et encore. Sans succès. Puis la fumée emplit ses poumons. Puis il sombra dans l'inconscience. L'assassin le laissa tomber à terre, soupirant de soulagement. Il s'avança vers le second Prince, tombant à genoux devant lui. Il le frappa du revers de la main, une fois. Deux fois. Eirikr revint à lui. Il eut un geste de recul envers Rafael, qui fumait toujours.

        "Après avoir tenté de tuer la princesse, chose que l'on découvrira au matin, Anthony a tenté de te supprimer en plaçant une bombe dans tes quartiers. Il a envoyé son Chien pour s'assurer que tu y passes mais tu l'as blessé mortellement de ton mousquet. Anthony a fuit, et il faut le retrouver maintenant." lui fit-il, d'une traite.

        Le Prince opina du chef, que pouvait-il faire d'autre ? Il farfouilla à sa ceinture et en tira un mousquet encore en état. Il le lança au Prince puis s'avança vers le corps d'Anthony. Il lui destinait un sort bien pire que la mort : il l'emmènerait vers son ultime demeure. Une cage dorée. Une cage dorée et sombre. L'Umbra venait de perdre sa tête, ne restait plus que les tentacules ... Et la Révolution.

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        -Pas mal comme plan... Surtout considérant les moyens que tu as. Y'a qu'un détail qui cloche. Tu croyais vraiment que je ne savais pas pour le Logia ?

        Un pas trainant derriére toi. Uther. Uther qui entre lentement dans la pièce, Uther a nouveau presque aussi humain que toi a l'exception de ce bras mécanique muni d'un pistolet qu'il est en train de charger. Uther qui boite bas et que poursuivent des petits bouts de métal étrangement mouvant qui le rattrapent et disparaissent sous sa robe pendant que sa démarche se fait plus assuré.

        -Tu sais que ça m'a couté les yeux de la tête de venir jouer dans la même cour que toi. Heureusement, ce n'était ni mes yeux, ni ma tête. Héhéhé... Cela dit j'ai bien fait, on peux dire que j'en ai eu pour mon argent.  

        Il a l'air moins touché que toi mais son rire rauque le trahit, malgré les apparences ta lame a du le blesser quand même quelque part, malgré tout, malgré ça ! D'ailleurs quoi ça ? Un fruit certainement. Mais lequel ?

        L'arme d'uther se pointe vers le prince qui recule et trébuche par dessus le lit avant de filer en tremblotant se planquer a quatre pattes sous une table. A l'odeur il s'est surement fait dessus, et le flingue reviet vers toi.

        -Tu sais Auditore, j'avais beaucoup réfléchi a notre rencontre. J'ai su que tu reviendrais dés que cet abruti d'Anathiel a cessé de répondre. Tu sais qu'il était vraiment persuadé qu'il pouvait t'avoir ? Quel con. Mais tu vois je n'avais pas envisagé que tu me sauterais dessus comme ça, sans même discuter... Après tous les efforts que j'ai déployé pour étre sur de te croiser, c'est un peu dur...



          Evidemment. C'était trop facile. Tant de douleur, tant de souffrance. Un tel échec. Rafael se retourna lentement, portant sa main à son oeil qui le faisait tant souffrir. Son visage. Il avait touché à son visage. Son coeur cognait encore plus fort contre sa poitrine, ce qui accentua sa douleur. Il se redressa, laissa le Prince là. Ainsi donc, Uther l'avait berné ? Il aurait du savoir que cette enflure aurait plus d'un tour dans son sac, trop occupé qu'il était à le prendre pour une vermine. L'assassin étendit son mantra. Une grimace dégoûtée s'empara de ses traits. Par là, la mort. Par là ... aussi. Et cette façon ? La mort. Foutu destin, donc. Il ne lui restait qu'une seule chose. Une chance qui se cachait dans sa besace, un dernier espoir à travers lequel son mantra ne pouvait pas voir. Car il lui faudrait gagner du temps, chaque seconde était un pas de plus vers sa survie. Un regard douloureux vers Eirikr. Même en fumée, son oeil lui faisait mal, comme son bras le démangeait après South Blue. À ce rythme, il allait devenir une épave avant l'heure. Il inspira douloureusement, tenant en un seul morceau uniquement par la volonté.

          "Tu aurais du rester en pièces, cela t'aurait épargné la suite. Quant à ce cher Anathiel ... Ce cher Anathiel Amakill ... Hu hu. Je n'ai pas même pas eu besoin de m'en occuper." grogna l'assassin, faisant un pas sur le côté.

          L'intérêt du traître était-il piqué ? Oh ça, il voulait parler. La parlotte avait toujours était le faible de cette caste apparemment. Mais Rafael n'avait, paradoxalement, pas de temps à perdre. Ni même la force de consommer sa vengeance. Il inspira douloureusement, alors que les paupières d'Uther se plissaient. Un sourire égrené se développa sur les lèvres de l'Auditore. Allons bon, il tenait un moyen de le faire patienter ? Une chose à lui dire. Il ne savait donc pas, hé hé. Voilà qui allait lui faire fermer son clapet, taire ses boniments. Fermer sa putain de gueule.

          *kof*


          "Tous les membres de ta famille ne sont pas aussi crétins que toi, il faut croire." lâcha-t-il, amusé.

          Oui, elle lui avait dit. Elle lui avait dit que le traître était son frère, qu'il avait essayé de la convertir, qu'elle avait refusé. Qu'elle l'avait suivi lui, pour le sauver et l'aider. Il prenait le risque de trahir ce secret, et pourquoi donc ? Car il était convaincu de réussi. Ce, malgré l'attaque de cet enfoiré de cyborg. L'assassin fit un pas en avant. C'était dur de refouler la douleur, de laisser sa volonté guider ses membres. Il se tendait, se préparait à l'assaut fatal qui en découlerait. Fatal, car il n'y avait pas d'autre échappatoire. La victoire ou la mort. La fuite n'était pas une option, jamais ! Et quand bien même Uther était à peine blessé, il était Il Assassino. Il ne pouvait pas plier le genou face à lui, il se l'interdisait. À jamais. D'autant plus qu'il y avait une autre chose que l'assassin gardait en réserve, toujours une flèche de plus à son arc ...


          "Je me suis toujours demandé pourquoi tu me haïssais autant, Uther. Pourquoi une misérable vermine comme toi avait besoin de marcher sur mes traces et éprouvait ce besoin irrésistible de détruire ce que je construisais." continua-t-il, faisant un nouveau pas sur le côté.

          *kof*


          "Peut-être à cause d'elle. J'en sais rien. Je m'en fous. Tu vas crever de toute manière, à quoi ça me servirait de le savoir, hein ?" poursuivit Rafael.

          "Et puis ... c'est peut-être à moi de t'annoncer l'heureuse nouvelle ..." commença-t-il avec un sourire mesquin.

          Et bin-go. Il sentit un changement dans la voix de son adversaire. Quelque chose qui l'ébranla suffisamment pour que son geste reste en suspens une fraction de seconde. C'était le moment où agir, tout de suite ! S'il ratait cette fenêtre, c'en serait fini à jamais. C'était lui ou cette enflure, et même s'il devait y laisser la vie, il l'emporterait. Les pions étaient en place, ses hommes savaient quoi faire. Ils le feraient, quoi qu'il advienne. La machine était en route de toute manière. Il fourra sa main dans sa bourse, attrapant une étrange chose entourée de tissu.

          Si t'avais fait gaffe, Uther, t'aurais vu qu'il y avait une partie de l'assassin qui ne se désagrégeait jamais vraiment. Si t'avais fait gaffe, Uther, t'aurais pensé que Rafael aurait prévu quelque chose pour lutter contre toi. Et maintenant que tu avais un fruit du démon avéré, il n'y avait qu'une seule arme contre ça. Quelque chose que l'assassin avait subtilisé en guise de souvenir, et d'arme sacrément utile. Refoulant la douleur, il se déplaça sur le côté et passa sous le bras de l'assassin. De sa main de fumée, il suréleva ce dernier et pivota sur la droite pour gagner son dos. De son autre main, il déroula les menottes en granit marin et les envoya s'enrouler autour de la gorge du traître. Le mécanisme se replia et atterrit dans l'autre main de Rafael, sur un morceau de tissu. Il colla un coup de genou dans la blessure de son adversaire, pestant contre le contact douloureux du métal contre sa peau meurtrie. Ne jamais sous-estimer une bête blessée. Protégé du contact délétère du minéral, l'assassin serra de toutes ses forces, les dernières. Appuyant avec son poids, il força Uther à s'agenouiller avec des gargouillis étouffés. Puis il serra encore. Il ne cherchait pas à l'étouffer, mais bien à broyer tout ce qui se trouvait entre les deux jointures des menottes.


          "Hgn ... crève, ordure ... crève ... la cour des grands, ça s'achète pas." grogna Rafael, en serrant toujours plus.
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          Le cou d'Uther change immédiatement, comme son bras quelques secondes auparavant, puis tu finis le cercle autour de sa gorge et le contact du granit sur sa peau le ramène immédiatement à la normale, le temps que tu serres un peu plus et qu'il t'agrippe les avants bras pour t’empêcher de lui broyer la trachée. Mais ta position est la meilleure, tu es le plus fort des deux, et le granit marin est de ton coté. Il va céder.

          Un chuintement familier, une sensation de froid et de faiblesse déjà ressenti et ton esprit qui en une fraction de seconde additionne les élément pour t'offrir la solution. Sa lame cachée vient de trancher ton gant, te laissant un bref instant avec ce qui est autant ton ennemi que le sien.

          Et dans son manchon vide, la fumée qui te sert de bras redevient subitement une simple bouffée d'air un peu chargé. Sans forces, sans danger. Et dans le bref instant que met la paire de menotte a moitié libéré pour cesser de te gêner et ton bras pour redevenir un membre a part entière, Uther se jette en arrière et réussit à rouler hors de ta portée.

          Ne se redressant contre un mur que pour te braquer immédiatement d'une série de tubes de fusils qui viennent de remplacer son bras et sa main. Le genre de truc qui en détonant doit impacter une zone suffisamment grande pour obliger à refaire la déco de tout le mur du fond.

          -Arh. Du granit marin...

          Toujours adossé au mur Uther porte sa main libre à sa gorge, inspectant visiblement les dégâts qui se ressentent dans sa voix brisé. Finit les discours charismatique pour un moment chez les amis d'Uther...

          -Du putain de granit marin. Erherherh... T'as failli m'avoir Auditore. T'as bien failli m'avoir. Arh... Savoure ce moment. Savoure le bien, parce que ça n'arrivera plus jamais je te le garanti. Fais seulement mine de t'approcher et je te troue. Et après j'irais expliquer au taré qui dirige ce tas de boue qui sont les têtes qu'il doit faire tomber pour obtenir Vengeance. La, tu m'écoutes maintenant ? Ou on continue pour savoir qui de nous deux est le plus mortel ?

          A sa prononciation il est facile de percevoir le V majuscule de Vengeance, ce qui en fait un nom plutôt qu'un simple mot. Un nom clé à Goa...


            *kof*

            "Tu perds rien pour attendre."
            grogna Rafael, posant genou à terre.

            Sa vision se troubla un instant mais il tint bon. D'un geste, il replia les menottes et les rangea dans la poche arrière de sa besace. L'assassin se releva par un effort de volonté, essuyant un filet de sang qui lui dégoulinait le long de la bouche. Un spasmes lui secoua le ventre, qu'il maintint tant qu'il le pouvait. Bordel. Il regarda sa main, se rendant soudainement compte qu'il avait perdu bien plus qu'il ne l'escomptait dans l'explosion. Une partie de son champ de vision s'était assombrie, remplacée par ... autre chose. Un sens étendu, son mantra. Il grogna de nouveau, ne pouvant que faire face à la menace du Traître.


            "Il faut ce qu'il faut."
            répliqua-t-il, retenant un flot d'injures.

            Il était essoufflé plus que de mesure, ses forces déclinaient à grande vitesse. Partaient en fumée, c'était peut être le meilleur terme. L'assassin avait, pour la peine, repris une forme humaine. Son manchon demeurait vide, son oeil sans pupille. Il ferma la paupière, masquant ce handicap puis posa la main sur son épée. Maintenir l'état du logia était un gaspillage d'énergie. S'il en usait en permanence pour palier à l'absence de main droite, ce n'était que dans un soucis esthétique. Là, il ne pouvait pas se permettre de gaspiller inutilement le peu de réserves qu'il lui restait. Mais les paroles d'Uther étaient limpides. Il ne l'avait pas tué, même si l'égo de Rafael l'en croyait incapable. C'était du moins ce qu'il proférait. Il se targuait d'être à même de retourner ses machinations contre Vendetta ? Quelle impudence ... Que voulait-il donc ? Cette enflure, cette ordure. Pourquoi rester là à l'écouter, hein ?! Parce qu'il t'avait bien eu, bougre d'idiot.


            "Qu'est ce que tu veux, connard ? Qu'est ce que tu me veux ?" fulmina l'assassin, tirant sa lame.

            Que faire ? Cela lui faisant autant mal de le reconnaître que ses blessures. Le Traître le tenait en ce moment même à sa merci. Mais si leur dernier échange avait appris quelque chose à l'assassin, c'était tout de même l'écart qui les séparait. Il s'était senti plus fort, plus rapide. Il était meilleur. Pas maintenant, pas demain. Mais lorsqu'il serait remis, il l'écraserait comme une punaise. S'il ne se faisait pas avoir. Comment aurait-il pu prévoir un tel fruit, bordel ? Comment aurait-il pu penser que cette explosion allait l'atteindre ? Tout ce que son mantra avait été foutu de lui apprendre c'était qu'Uther était dangereusement mortel. Qu'attendais-tu, Auditore ? Un radar qui prévoyait les conséquences de toutes tes actions ? Rafael fit un pas sur le côté, par pur esprit de contradiction. Depuis quand ne s'était-il pas senti aussi faible ? Drum sans aucun doute. Encore et toujours Drum. Et ça le mettait encore plus en rogne.


            "L'Umbra n'est que le commencent, Auditore. Et je n'ai pas besoin qu'on vienne me jouer dans les pattes. S'ils m'ont suivi, c'est parce que j'avais mieux à leur proposer. Alors j'exige que tu cesses toutes tes petites mesquineries à mon encontre." répondit Uther, se massant toujours la gorge.

            Il semblait bien assuré le fourbe, le pointant de ses multiples canons. Un frisson de haine chatouilla la dague de Rafael. Une moue de dégoût s'empara de ses lèvres. Il fit un pas vers l'assassin qui releva un poil son canon, histoire de.


            "Tt tt tt. J'ai d'autres ambitions qu'une petite guilde d'assassins. Tu as toujours vu cette assemblée comme une fin, au lieu du formidable moyen qu'elle est." poursuivit-il, suivant les pas de Rafael.

            L'assassin fulminait, tremblant de rage et de faiblesse face à ce vantard qui l'insultait par sa simple existence. Il fit un nouveau pas, cherchant à toute allure un moyen de résoudre cette situation, de faire face à cette ordure. De l'écraser, de le voir se vider de son sang. Se répandre, mourir. Encore. Encore une fois, pour toujours et à jamais.


            "Sinon ? Donne-moi une seule bonne raison de ne pas te traquer, de ne pas rendre ta vie pire que le plus profond des enfers ?" grogna l'assassin, entre ses dents.

            "Vu nos projets et nos ambitions respectifs, je ne pense pas être celui qui a le plus à perdre. Toi, et tes amis révolutionnaires ..." minauda-t-il, dirigeant son regard vers le Prince qui avait compissé ses chausses.

            La main de l'assassin se resserra autour de sa garde. Le cuir crissa, le métal geignit. Une fumée noire et opaque s'exhalait de ses blessures et de ses cicatrices. Son pouvoir, prisonnier de sa fureur, cherchait à le rendre de nouveau entier pour éliminer cette nuisance. Pour lui faire taire sa morgue au fond de sa gorge dans un gargouillis ensanglanté. Et de le frapper, encore et encore. L'assassin inspira profondément, calmant ces pulsions devenues trop naturelles à son goût. Il frémit, résorba la fumée. Ouvrit les yeux. Il avait raison. Tout traître qu'il était, son raisonnement était imparable. Vendetta, Le Roi des ordures. L'homme chien. Eirikr. Et s'il allait souffler dans l'oreille du Roi ? Des conseillers ? S'il entravait ses hommes lors de leurs actions ? Dans son état, Rafael ne pouvait décemment pas lutter, ni même espérer le rattraper à temps. Il lui faudrait se remettre, concilier les assauts. Bordel. Que choisir ? Cause ? Vengeance ? L'assassin fronça les sourcils, regarda sur le côté. Puis il revint vers Uther. Son visage, il le graverait dans sa mémoire jusqu'à la fin des temps. Un frisson glacial parcourut son échine. Il n'en serra que d'autant plus sa lame.


            "Cesse de tenter de reconquérir la Confrérie, et tes amis vivront. Leurs secrets aussi." lâcha Uther, baissant légèrement son canon.

            Rafael serra son poing, le desserra. Un air mauvais se peint sur ses traits. Ses pensées se bousculaient, ce qui n'augurait rien de bon. Il était pieds et points liés, et il essayait de cacher au mieux sa faiblesse. Il n'était pas en position de négocier. Pourtant, voir Uther s'en tirait, c'était au-dessus de ses forces. Il pencha la tête sur le côté, laissa quelques secondes se dérouler, puis les cris des gardes se rapprochant le ramenèrent à la réalité. Il cracha aux pieds de l'assassin.


            "Je ferais ce qui doit être fait pour la Cause. Dégage. Hors de ma vue. Ne t'avise pas de me recroiser, où je te tuerais sur le champ. Tu as eu de la chance, Uther. La prochaine fois, tu ne sauras pas la provoquer. Alors fais en sorte de bien rester caché." répondit Rafael, le fusillant du regard.

            Avec un sourire, Uther baissa sa garde. Se méfiant de Rafael, il n'en resta pourtant pas là. Il écarta un pan de sa tunique, révélant un nouveau complexe explosif. Puis une violente lumière illumina la pièce. Par le mantra, l'assassin sut l'éviter à temps, mais lorsqu'il rouvrit les yeux, son adversaire n'était plus là. Il tomba alors à genoux, inspirant à grandes goulées l'air étouffé de la pièce. Il lâcha son épée, posa sa main à terre. Bon Dieu, il n'en pouvait plus. Jouer cette comédie lui avait coûté trop de forces pour qu'il ne puisse continuer à fanfaronner devant Eirikr. De plus, l'heure n'était pas aux réjouissance. L'assassin hurla de rage et frappa le sol, fendant la pierre.


            "Enfoiré de merde !" fulmina-t-il, alors que le Prince osait un oeil au dessus de son lit.

            "Toi ! Toi. Tu vas faire exactement ce que je te dis, Prince de pacotille. Et la prochaine fois que tu merdes, je m'assurerais pour que ta mort soit aussi douloureuse que possible." lui fit Rafael, s'appuyant sur sa rapière pour se relever.

            Ce faisant, il s'avança vers Piotr qui essayait encore de s'en sortir. Voyant Rafael avancer d'un pas déterminé vers lui, il essaya de se relever. Sans succès. Il attrapa le mousquet qu'il avait lancé à Eirikr et fit feu sur Rafael. Prévenu par le mantra, l'assassin fit un léger écart qui lui sauva la vie. Il posa le pied entre les jambes de Piotr et enfonça sans pitié sa lame sous son plastron, lui tirant un râle d'agonie misérable. Quant au Prince. La garde se rapprochait. Il s'approcha de lui. Il n'avait pas la force de l'emmener. Il était Capitaine de la Garde. Comment faire pour l'empêcher de parler, de tuer son frère ? Ou de raser Goa à la recherche de l'assassin. Il ne pouvait pas rester en l'état, il devait s'en occuper. Le tuer ? Non, il devait l'amener à l'homme-chien. C'était leur accord. Il fit signe à Eirikr de s'approcher. Celui-ci hésita. L'assassin arma le second mousquet pendu à sa ceinture et le dirigea vers lui.


            "Un moyen de le cacher ? S'ils l'attrapent vivant ... Hors de question que je le tue, il doit rester en vie." lui demanda Rafael.

            "Je ... j'ai des hommes, mais après Piotr ..." balbutia le prince puant.

            Evidemment, ce n'était pas la peine de compter sur lui ... L'assassin entendait déjà les pas dans les couloirs, il lui fallait prendre une décision et vite. Chasser cette fureur qui lui broyait les entrailles et penser clairement. Maudit soit Uther, cette ordure calculatrice. Il pouvait bien lui briser la mâchoire, lui fracturer les phalanges. Anthony ne pourrait rien communiquer en ce cas ... mais il y aurait toujours un moyen pour lui d'en tirer quelque chose. Non, il fallait le faire disparaître, faire croire qu'il avait pris la fuite par peur du courroux de sa famille.

            *pulu pulu pulu*


            "J'ai un colis à récupérer. Secteur doré, créneau et pont-levis." lâcha Rafael avant de raccrocher son den den.

            "Vite, aide moi." ordonna-t-il au Prince, alors qu'il prenait Anthony sous les bras.

            À eux deux, ils arrivèrent à l'amener du côté de la fenêtre donnant sur les murailles. Rafael tira sa dernière bombe fumigène de sa poche et la lança dans le coin de la chambre. D'un geste, il ramena la fumée à lui et s'entoura. Il se baissa et posa un genou à terre. Il passa les bras sous le corps inconscient du Prince puis il ferma les yeux, tentant de se concentrer au mieux. Au bout d'une dizaine de secondes, il se releva et une violente bourrasque grise le propulsa hors de la chambre dévastée d'Eirikr. L'assassin décrivit un arc de cercle qui se termina juste après la muraille, ce après quoi on entendit un étrange bruit d'eau. Puis plus rien. Lorsque les gardes arrivèrent enfin dans la chambre d'Eirikr, celui-ci se tenait encore face à la fenêtre, bouche béate et grande ouverte. Il venait d'être témoin d’événements qui le marqueraient à jamais ...

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