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Elysium [1625]

Alors c’était ça.

Alors c’était ça Impel Down.

L’immense porte et le fauteuil tout aussi démesuré se mélangent et les craquements de l’une comme de l’autre en font autant. Puis, presque aussitôt, le silence revient, le vrai silence qui compense le chaos quand il retombe.

Une lumière douce a envahi la nef, une lumière de fin de journée. Non, le rouge qui se levait n’était pas l’aube. Il était le début du crépuscule et maintenant l’horizon est violet. Indigo.

L’horizon… Avec en fond ce tableau sorti de mes souvenirs les plus flous, de mes désirs les plus fous, et devant ce halo gris blanc qui pénètre dans le hall où je reste un instant immobile à récupérer forme humaine, c’est comme si le lieu s’était drapé d’une aura nouvelle pour l’occasion, pour le moment de ma sortie.

Je. Ma. Oubliés les autres, oubliée même Izya. Je n’ai d’yeux que pour ce trou béant là-bas, ici, à vingt pas. Entre les échardes grosses comme des sabres qui pendouillent de chaque côté contre les gonds, le jour.

La nuit, presque. Mais le jour pour moi. L’air, le dehors. L’ailleurs.

Je l’ai fait. J’y suis.

J’avance dans une brume d’extase. Si je m’écoutais, je baiserais le sol à peine franchi le seuil.

Et après tout, je suis tout seul, je n’ai que moi à écouter. La pierre ici a goût de sel malgré sa noirceur.

Les paupières en fente, je me relève et admire le paysage comme si le soleil était au plein zénith. Et à nouveau je souris. Toutes les puissances sont forcément avec moi, sans quoi je serais sorti au plein midi et j’aurais été aveuglé, incapable de voir quoi que ce soit de ce qui m’attendait dehors.

Pas comme en cet instantané parfait où j’ai soudain tellement de volume autour de moi que mon esprit vagabonde par-dessus toute la scène tel un oiseau. Une seule fraction de moment et le voilà qui saisit mon corps décharné et à demi-nu en contrebas. Moi, pauvre hère dont l’allure ferait frémir le plus myope des déshérités de la vie. Chien fou, chien bâtard des fonds de ruelles sordides. Après le sursaut de la remontée, me voici de nouveau comme je suis vraiment : affamé, couvert de puces et presque exténué. Misérable. La pleine lumière et cette vision externe de moi-même me donnent le vertige et je dois remettre genou à terre. Mes oreilles bourdonnent, je sens les tremblements monter et mon équilibre devient instable même ainsi rabaissé.

-C'est ici que ça s'arrête pour vous tous…

Paradoxalement, cette voix qui devrait me faire frémir encore plus me stabilise, comme un point d’ancrage pour mon oreille interne qui s’en saisit comme avec un grappin. Je ne vomis pas, le brouillard se dissipe et je me rappelle. Le jugement, les autres, et surtout cette petite poésie qui résonne et remonte dans l’escalier vers le niveau inférieur où elle a été prononcée par Rimbau. Tetsuda, l’amiral, nous attend.

Lui aussi, complètement oublié.

La luminosité que mes attentes y avaient placée quitte les alentours comme un voile se déchire. Je vois le gris du soir tomber comme il est vraiment. Lourd, pesant, humide et froid. J’avise les mâts des bateaux trop nombreux et leurs voiles qui claquent dans le vent qui se lève, les débris qui jonchent la mer sombre devant, les monceaux de rocaille déplacés à mes pieds par un combat qui se termine à peine, par un combat qui n’était pas le mien. Je sonde de tous mes sens en berne pour chercher qui et pourquoi mais rien ne me touche d’autre que cette aura guerrière et trop fière, plus fière que moi encore. Un amiral, devant nous, là. Maintenant.

Et sans doute celui face auquel mes jeunes années ont le moins de chances de réussir à peser, de réussir à  me faire gagner le petit temps supplémentaire dont j’ai besoin pour trouver quoi faire à part me relever comme j’en retrouve à peine l’énergie. Celle-ci, je l’ai puisée dans le cynisme abandonné à l’étage où je me suis découvert une fille. Le rebondissement me paraît bon pour faire appel à cette ultime force qu’est l’ironie.

C’est pour la distribution gratuite que tu es venu, mon garçon ? J’ai bien peur qu’on soit à court, à cette heure.


Elysium [1625] 661875SignTahar
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-Fais pas genre, Tahgel, j'me doute bien qu'y doit plus rester un seul être vivant à l'intérieur de c'te prison. Mais ce dont j'me doute aussi, c'est que toi et tout tes copains allez y retourner bien profondément dès que j'me serai occupé d'Arash…

-Hey tetsuda !
Tu m’racont’ras c’que ça fait d’échouer lamentablement ?

Et c'est tout crevé au sol une seconde avant que ça s'permet déjà de remettre en question ma toute puissance…

Ridicule.

Ou peut-être pas, parce que lorsqu'une véritable onde de choc m'explose en pleine figure, comme surgie de nulle part, c'est toute ma monstrueuse armure d'acide qui est pulvérisée d'un coup sous la puissance du choc.

L'est pas con le Toji, elle est pas collée à moi cette agglomération d'acide, il a trouvé une faille dans… QUOI?!

-… Bordel… Arashibourei…

Il a disparu, comme ça, sans rien dire… dans un plouf pratiquement imperceptible. Même que peu à peu, sa conscience s'éteint et échappe à mon haki lorsqu'il s'enfonce dans Calm Belt.

-J'ai raté… j'ai raté… J'AI RATÉ THUNDER F?!

J'cesse de penser au fait qu'suis à nouveau d'taille humaine, sans mon armure. J'cesse de penser tout court en fait, parce qu'au même niveau qu'la Bête d'Arashibourei, je laisse ma propre colère gorger mes yeux de rouge. Je laisse cette rage noyer mon esprit dans un discernement plus que latent. J'laisse toute cette puissance psychique gonfler mon corps et l'expulse d'un coup, d'une simple contraction mentale. Un bourdonnement violent s'répand dans l'air comme cette violente onde de haki qui écrase et étouffe toute vie jusqu'au-delà des murs d'Impel.

Cette onde marque l'début du second combat. Celui durant lequel j'me venge sur ces idiots. Cette bande de larves qui m'ont fait rater la plus intéressante des prises de la place.

Tu vas y goûter Tahgel, tu vas y goûter comme tous ces idiots qui s'écrasent au sol à tes côtés comme des fourmis frappées par un insecticide trop puissant. Et parlant d'insecticide, je joue presque dans l'même genre de concoction que cette substance.

-C'est fini!! TU VAS Y GOÛTER TAHGEL! TOI AUSSI DÉSIRÉ! KINDACHI TETSUDA VA VOUS FAIRE L'OFFRANDE DE VOUS ÉCRASER COMME LES SOUS-MERDES QUE VOUS ÊTES!!

Mon visage est tordu dans un rictus de colère que je n'peux absolument plus contrôler. Ils m'ont empêcher d'en finir avec Toji! Et maintenant ils ne passeront pas. Non on ne citera personne. Non on ne s'attardera pas sur l'humour insinué là-dessus. Là, maintenant, on va écraser Red et Tahar, pendant que le reste de leurs copains baignent dans leur salive de comateux.

L'air se met à grésiller, jaunit sous les affres des gaz sulfureux et toxiques qui pulsent de mon corps. Mon corps qui reprend ses teintes verdâtres et effervescentes, ce corps qui bouillonne et s'égoutte au sol en y creusant des trous fumants à chaque gouttelette.

Je tends un bras latéralement, devenu humanoïde d'acide et de colère, j'modèle le relief de mon bras jusqu'à le transformer en un véritable tube digne d'un canon. Un canon d'acide que j'enfonce d'un violent coup dans la brique du quai d'la prison.

Corrosive Field!

Et ce sont des geysers large d'un bras de diamètre qui se mettent à percer le sol du quai de partout. Au hasard, certes, j'suis pas un super viseur, mais mon haki m'aide bien à m'ajuster pour m'assurer d'griller tout leurs copains endormis, à ces idiots.

À leur tour de comprendre le niveau d'un amiral.

-Ça aura coûté la vie d'Arashibourei que d'comprendre le niveau d'un amiral! À vot' tour, bandes de rookies teigneux!


Dernière édition par Kindachi Tetsuda le Ven 13 Sep 2013 - 4:36, édité 1 fois
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-Et attention, ça va couper...

Dans la main de Red le pauvre Den den n'a pas le niveau pour résister à la vague de Haki de l'amiral et sous le choc il perd immédiatement la tête et explose comme un fruit trop mur. Heureusement qu'a coté les pirates ne font pas la même. Surement de peu d'ailleurs, parce que dans celle de Red ça tape une nouvelle fois durement, mais un peu moins.
Faut croire que le Haki c'est comme l'alcool, quand on a déjà une méchante gueule de bois, continuer à boire ne fait pas vraiment beaucoup plus de mal. Ou du moins pas tout de suite.

Et puis au final, par rapport a la suite du spectacle le coup de boule cérébral n'est pas si impressionnant que ça. Alors que la vague d'acide niveau maitrise et démonstration de puissance, excusez du peu.

Le quai tremble, ça jaillit de partout, ça pleut, ça ronge, comme si tout le coin n'était plus qu'un gigantesque parc à derrick venant de percer une énorme nappe d'acide en trop plein de pression.

-Trop de Logias dans ce trou.

Un pas en avant pour s'afficher a coté de Tahar. Un pas en avant pour opposer la marée de ténèbres aux geyser d'acides et les regarder faiblir et se tarir comme comme des jets dont à coupé l'alimentation.

Signe de tête à Izya qui titube et saigne du nez comme si on avait essayé de lui concasser le cerveau. Et un mot pour elle, après tout, c'est la seule qui vole non ? Sauf si le poète sait faire des avions.

-Y'a un bateau par la. Le seul cuirassé qui te tirera pas dessus. Fonce. On va essayer de parler à l'amiral...

Et comme attendre la prochaine attaque serait idiot et que Kindachi est déja bien urbain de leur laisser leur tour, Red essaye de donner leur chance aux autres. Aux fuyards évidemment, et puis à Tahar. Peut être. Avec un peu de chance l'amiral est plus touché qu'il en a l'air. Ou il se mettra à douter un peu?

Hm. Peu probable.

Comme on dit au Cipher Pol, dans le doute frappe.

Red lui, il doute.

Et il frappe.

Kindachi passe au travers de la main géante qui le percute comme si ce n'était qu'un nuage de fumée au lieu d'une frappe capable de broyer un cuirassé comme une mouche sous une tapette. L'enfoiré. Et s'il fait grâce de frapper pour passer la seconde attaque c'est surement plus pour la frime qu'autre chose.
Heureusement que tout ça n'est que le plan A pour Red qui de toute façon ne se voit pas se tirer vivant d'une confrontation face à face avec le monstre. Mais cherche plutôt à l'occuper pendant que les deux ondes de choc successive creusent un sillon destructeur dans l’embarcadère déjà sapé par l'injection d'acide et les déboires de Toji. A l'occuper pendant que de chaque coté de Tahar deux vagues noires glissent à toute vitesse sur les pavés d'impel pour se ruer sur l'amiral et son fruit du démon si tentant et si vulnérable.

Avec du bol...


Dernière édition par Red le Mer 3 Sep 2014 - 15:55, édité 2 fois
    On était près on était loin
    On s’aimait pas on le savait
    On voulait juste se démonter
    J’avais quinze ans lui un peu moins

    On était là ce soir d’été
    On écoutait le protocole
    On était imbibés d’alcool
    Je savais bien que j’étais fait

    Il tenait pas sur ses deux mains
    Et moi j’étais plutôt taquin
    Le lendemain il a râlé

    Quand il a vu tout frais tout chaud
    Sur son cul nu signé Rimbau
    Un beau motif pour parader




    Alors que j’arrive à peine à me relever, qu’une onde invisible m’a traversé de part en part, que mon nez suinte une substance que je connais plutôt bien, je suis content.

    Je déclame tout haut cette litanie délicieuse, vestige d’un temps où deux sales gosses se tiraient la bourre sans autre intention que de pourrir la vie de l’autre face de la famille. Alors avec le peu de force qu’il me reste, avec la mémoire titubante que je parviens à peine à remettre en ordre, je laisse des feuilles s’échapper de ma chair, se coller entre elles et créer une fresque inoffensive mais grandiose.

    Malgré les geysers mortels qui m’entourent, j’arrive à faire porter ma voix. Faut dire que le mégaphone improvisé que je viens de construire avec un cône géant m’aide bien. Et même dans ce tumulte, même au plein cœur de la bataille, tout le monde m’entend.

    Et la fresque s’achève, et dessus on peut voir le travail approximatif d’un artiste encore balbutiant, sans la maîtrise réelle de son nouvel art. Sur un carré d’une dizaine de mètres, on peut apercevoir l’amiral de la marine, cette bête féroce, de dos, une jolie fleur tatouée sur la fesse droite avec un prénom au dessus. Et tout le monde le voit, et chacun prend une seconde pour assister à une de ces scènes improbables, quand un cousin haineux fait tomber un mythe.


    « ET ALORS, ON SALUE PAS SA FAMILLE JOLI COEUR ? T’AS TOUJOURS MON PETIT CADEAU ?»



    L’écho de mes paroles se répercute. Kinder m’a vu. Il enrage sans doute. Tu as beau monter aussi haut que tu veux, casser la gueule de mes copains aisément, le mec qui un jour t’a mis une vraie fessée, propre et indélébile, c’est ma petite gueule.

    Alors je ris alors que je retombe au sol, je ris et tous profitent de ce son guttural, et si escaméras il y a elles se repaissent de ce cadeau maison. Allez, j’en peux plus, tue nous tous Kinder, qu’on en finisse une bonne fois pour toute, que tu puisses retourner tapiner dans ton bouge. Mais souviens toi qu’à chaque fois qu’une femme te pincera le postérieur, ce sera ma signature qui jubilera sous ses doigts fins.

    Ma vision se brouille à nouveau. Je crois que Tahar et Red lui font face. Les gars, si j’ai pu vous donner un semblant d’ouverture, profitez-en. Le type en face semble légèrement désappointé.
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    Non mais sérieux… Il est vraiment insupportable ce garçon en fait ! Il se sent vraiment obligé de gueuler après l’assommoir qu’on vient de subir ?! Il ne pense pas aux gens qui ont mal à la tête à cause du choc de l’autre andouille de Marine ?!

    Nan parce que, le pire, c’est que y’a pas dix minutes qu’on en sort de cet état larvaire. D’abord Tahar en bas, et maintenant l’autre truc verdâtre que Red envoie bien gentiment bouler dans un des navires déjà amoché. Red qui d’ailleurs, vient de m’indiquer notre ultime destination pour pouvoir vraiment se proclamer comme étant libre.

    Mais l'mec de papier qui gueule ! Raaah, insupportable. J’ai beau rabattre mes petites oreilles que je découvre mobiles, c’est bien trop tôt pour pouvoir supporter tout ça. Alors avant que l’ennemis ait le temps de se dépatouiller de l’attaque de notre allié inespéré, j’attrape les deux gusses encore évanouis les plus proches de moi, un dans chacune de mes pattes avant, et je décolle vers « par là ».
    Je sais que je peux y aller. Je sais que les deux titans de notre groupe nous couvrent. Et qu’ils soient sans crainte, je reviendrai les chercher.

    Comme prévu par Red, les boulets de canons fusent, les marines s’agitent. Alors je tourne et tourbillonne, j’esquive et avance dans cette pluie de fonte. Mais maintenant, il me faut identifier LE bateau. Celui de notre échappatoire. Celui de notre salut.
    Le seul qui ne nous tire pas dessus.

    Mais les coups tonnent et il est dur d’examiner chaque trajectoire de boulet. Il est dur de savoir où ils vont et d’où ils viennent à la fois. D’autant plus que je n’ai presque que l’esquive comme défense, car mes mains sont prises… Et que lorsque je tranche ces boules de métal en deux, les morceaux atterrissent sur mes passagers… Tu m’en veux pas Lion, hein. Tu sais, moi, je te sauve là, enfin, j’essaye… Et puis, c’n’est pas parce que tu t’es pris un demi-boulet dans la tête que tu vas mourir ! Tu es robuste, ça te passera.
    Tu vas juste… dormir un peu plus longtemps que prévu… C'est tout…

    Mais alors que je « m’inquiète » de son état, mon attention sur ma course folle se réduit et un boulet vient m’exploser cette fichue queue longue de trop de mètres. Un hurlement de douleur m’échappe. Je fulmine. J’ai mal. Je tombe.

    Et on tourne.
    Et on roule.
    Et… y’a de l’eau…
    Et putain de merde.

    Je panique, tente de reprendre le contrôle, de me remettre sur mes pattes, de dépasser la nouvelle douleur subite. Mais l’eau se rapproche…

    Allez bordel !
    Remonte !
    REMONTE !

    Remontée. A un cheveu. Mais remontée quand même. Et malgré cette difficulté surmontée, je n’ai pas le temps de souffler que déjà je dois de nouveau me concentrer. Car les canons n’ont pas cessé de tonner. Alors je continue d’esquiver.

    Rester au milieu de cette cohue navale ne rime vraiment à rien. Il m’est impossible de voir ce putain de rafiot passifique tout en évitant de me faire dézinguer. Alors je monte, haut dans le ciel. Si haut, qu’ils ne peuvent m’atteindre. Et de cette place de choix, je regarde, plissant les yeux. Et, nouvelle découverte : je vois. Malgré le soleil qui se couche, malgré la distance à parcourir, je vois clair. Et là, je les vois, sur un bateau à l’écart, faisant de grands signes pour attirer mon attention.
    Pas de doute, c’est eux.
    C'est ce bateau que je veux.

    Alors je plonge, j’esquive et j’atterris.

    - Waaah, c’est vraiment un dragon !
    Dragonne.

    Je dépose presque doucement les deux qui sont maintenant saufs. La blonde se réveille sous le choc de la liberté tandis que Lion continue paisiblement sa sieste.

    -Et l’Amiral ? Euh, le chef ? Il est où ?
    Hm…

    En guise de réponse, ma tête se tourne vers le lieu où tout se passe. Puis, silencieuse, elle revient rapidement vers celle de mon interlocuteur.

    Bon, je vous laisse ces deux là pour l’instant, je vais chercher le reste du groupe…
    -Arf, celui là a l’air salement amoché quand même…
    Mais non, mais non. Il va bien, c’est certain. Allez, je reviens.

    Et une nouvelle fois, je décolle. Mais ce coup ci, c’est l’agitation que je vise.


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    Dernière édition par Izya le Jeu 19 Sep 2013 - 10:22, édité 2 fois
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    Parfois, un prof' doit s'répéter pour que l'info entre bien dans l'crâne des cancres qui l'écoutent. Parfois, il doit même donner un exemple sur l'tableau pour que c't'info. Et des fois, même, l'pauvre enseignant qui donne de son temps doit se fâcher et sortir la règle d'un mètre pour donner une correction au foutu cancre pas foutu d'apprendre sa leçon.

    Ben, moi, là, j'me sens à la troisième étape de ce cul-de-sac d'enseignement. J'lui ai bien dit au Toji qu'il avait pas l'niveau, que j'valais bien trois fois son pesant d'muscle. Pis après il a servit d'exemple pour les autres. Et pourtant, faut toujours sortir le mètre, toujours utiliser plus de force pour cramer la nouille de nouveaux pirates qui n'apprennent rien.

    M….MAIS?! RIMBAU?!!!

    Bordel, ce connard est avec Tahgel! Ce salopard de grand cousin se la joue pirate de fonds marins avec la plus belle ordure de Grand Line!

    Et quand il me scie les oreilles avec son cri nuisible, j'ai l'coussin droit qui commence à m'chauffer au fond d'mon pantalon, cette foutue marque qui ne veut pas partir…. C'est aujourd'hui qui tu payes cousin. Mais avant, l'ex-amiral va comprendre que, si son supérieur a bien morflé, lui aussi va y passer.

    Alors lorsque deux avides ondes noires fondent vers moi dans un raz-de-ténèbres délétère, j'agis.
    J'agis comme un amiral.

    Comme ce qu'eux ne seront jamais capable de vaincre.

    Green Wolf Tempest, Purple Sunset.

    Lorsque les deux vagues me fonce dessus, c'est une monstrueuse vague corrosive, visqueuse et effervescente qui leur répond. Pendant un instant, une monstrueuse lutte oppose les deux masses qui s'entrechoquent incessamment en provoquant de titanesque ondes de choc qui continuent de ravager le quai de pierre. Puis l'instant d'après, le flot infini de masse verte l'emporte finalement sur les ténèbres qui sont engloutis sous les émanations chimiques de la vague verdâtre qui poursuite sa course et dévore la distance le séparant des pirates évanouis ou non.

    Mais au milieu de tout ça, il y a un Saigneur qui a su creuser son chemin au milieu du chaos élémentaire. Un pirate sous forme quasi-sanguine qui plonge vers…. vers…. vers….

    Spoiler:

    Vers moi, recouvert d'une colossale armure d'acide, armure recouverte elle-même d'une épaisse carapace de haki. Viens donc t'y frotter Tahgel, viens donc.

    Et avant même qu'il puisse réellement réaliser qu'il n'a aucune chance de faire passer sa masse sanguine à travers mon corps devenu gigantesque et forgé à même l'acide.
    -Tu permets Tahgel?

    Corrosive Burst.

    Partout sur mon enveloppe pourpre, d'énormes bulles et cloques se mettent à pousser et grossir à une vitesse improbable, comme si on brûlait cette chair gélatineuse à des températures ridicules. Et dans un seul son généralisé de ballons crevés, toutes les cloques et bulles explosent en expulsant une quantité phénoménale de gaz toxique autour de moi.
    De quoi assommer une horde de rois des mers. Et j'suis gentil dans l'expression.
    Et pourtant, la seconde d'après, ma masse au complet à disparu. J'ai bougé, bondis, plutôt.
    Ouais, bondis haut, au maximum de la hauteur que pouvait m'propulser ces immenses jambes d'acides, assez haut pour qu'un instant, ces foutus lecteurs de pensées me perdent mentalement.
    Assez pour que Red ne voit rien venir.

    Corrosive Drop Smash!

    J'me demande bien si Désiré s'est déjà fait écraser par deux tonnes d'acide et de haki concentrés… J'me demande s'il a déjà pu goûter aussi violemment à un sol de pierre…
    J'me demande si j'l'ai corrigé assez fort avec ma règle d'un mètre… parce que les exemples, y commence à en avoir un paquet d'étalés, non?
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    Dur de constater que l'absorption de la marée noire a finalement des limites tangibles. L'amiral voit le coup venir, bloque et riposte, préférant ronger le quai lui même que le voir se faire démolir par des pirates, belle conscience professionnelle et victoire aux points sur Red qui se replie d'un bond dans la salle en arrière avant de se reprendre, il n'y a pas de fuites possibles la bas. Et l'autre disparait déjà. Rokushiki évidemment. Jusqu'ou ?

    Lire les pensées Red ne sait pas faire. L'Empathie est loin d’être une valeur sure et s'y fier alors qu'il fait jour et que l'ennemi est assez large pour que les types sous ses pieds puissent combattre à l'ombre ne serait pas très malin. D'autant plus quand dans la main de Red les ténèbres cherchent encore à happer le fruit de l'amiral. Et qu'elles ne se trompent jamais.
    La haut les pluies acides s'abattent façon début de saison des moussons. Kindachi n'est pas plus l'ami de la nature que l'ami des pirates et il le fait savoir, et la vague mauve et piquante qui s'abat sur le sommet de la prison a le même effet sur les murs du vénérable batiment qu'un thé brulant sur un bout de glace. ça fond, ça creuse, ça brule, et le joli dôme de pierre passe instantanément de la construction soignée à une ruine de lendemain de bombardement. Puis le toit explose.

    Parce que de sous son porche Red a bien suivi le coté aérien de l'attaque, et riposte en force. Pulvérisant la dentelle qui fait le nouveau toit du batiment et propulsant tout ça a la rencontre du géant d'acide qui vient finir le travail à la main. Et comme il est évident que ça ne va pas suffire, Red enchaine.

    -BLACK SUN !

    Et jaillissant de ses mains une titanesque sphère Noire se rue par le plafond béant en emmenant toutes les pierres trop remués du coin, les dalles du quai, des remparts, du toit. Un véritable déluge de pierres qui va se jeter en tourbillonnant dans le flot acide pour s'y dissoudre en y creusant de larges bréches, ouvrant un chemin pour Red qui se rue vers le ciel a la rencontre du monstre.

    Les pierres disparaissent et l’œuf de ténèbres est englouti par le pouvoir de Kindachi. Mais pas assez vite. Pas assez vite pour empêcher que le Geppou de Red ne le propulse au travers de sa création droit sur sa cible, pas assez vite pour détruire le bouclier de Haki qu'il dresse autour de lui en traversant l'armure de l'amiral, pas assez vite pour ronger sa main tendue avant qu'elle ne se pose sur le Logia et le saisisse.

    -Black Out !

    Bienvenue chez les humains amiral...

    Et bon retour sur terre.

    En bas.
      Chien bâtard, chien faible.

      J’encaisse complètement vidé le spectacle de la déroute. Ce n’est pas moi qui ai foncé dans ce réflexe idiot sur la menace. Kindachi n’est pas une si bonne ancre que mon esprit soit resté associé à mon corps. Il est reparti dans les airs à observer de trop loin. Et ce n’est que lui, ce n’est que ce cabot des terrains vagues que j’étais autrefois qui est parti lui chercher des noises en face à face, qui a pris sa correction comme il devait. Non Poète, déconcentrer les types comme ton cousin n’est rien de plus qu’une drôle d’idée. Ce n’en est pas une bonne. Ces gens-là sont de grands sensibles. S’énervent et sortent les crocs trop vite. Crocs de loup.

      Chien mort, chien à terre.

      Cette position, c’était la mienne plus bas. Plus bas où sommeille une ombre qui reprend ses droits jusqu’ici à nos côtés dans la nuit qui tombe. Red repart à l’assaut et les rocs n’ont pas encore fini de retomber autour de moi. Le quai n’est plus qu’une digue qui a déjà cédé et qui ne demande qu’à céder plus encore.

      Qui cède plus encore.

      L’ombre me motive, me donne la mauvaise envie de me relever une fois de plus, toujours une fois de plus. Chairs fumantes, j’abandonne les autres corps encore inconscients à Chuck qui n’en revient pas et me laisse attirer par les pouvoirs du soleil noir. Je m’élève de quelques pouces, de quelques pieds au-dessus des flaques alors que les étoiles loin là-haut s’arrêtent. J’avais dit que je ne revolerai plus, je me souviens, je me l’étais promis. J’aime toujours aussi peu ça. Et comme j’ai besoin de me refaire une beauté après les attaques acidulées du grand méchant qui se croit gentil à nous dissoudre, moi aussi je me prends pour un astre.

      Et j’attire.

      J’attire tout ce qui se trouve à portée. Les marins des navires qui encerclent la zone sont un peu loin. Les autres fuyards le sont beaucoup moins. Souffrez Chuck, Rimbau, Grey, Reyson. Souffre, Red. Souffrez un peu. Et toi, toi aussi souffre un peu. Kindachi Tetsuda, amiral de marine, souffre. Un, trois, six pouls de moins en moins lointains semblent battre à mes oreilles et tout contre mon cœur alors qu’ils sont chacun physiquement encore ailleurs. Et j’attire et je suis attiré par tous ces métronomes aux rythmes fous, chargés d’adrénaline pure.

      L’étoile noire de Red s’est éteinte face à la puissance qu’elle affrontait mais il est déjà trop tard pour Green Wolf. La trajectoire verticale de l’amiral et de celui qui voulait le devenir s’infléchit un peu. Ils obliquent directement vers moi dans leur chute libre. Par tous les trous dans leurs peaux, leur sang veut me nourrir et veut rejoindre l’aimant qu’est le mien et j’en goûte la fraîcheur ferreuse presque avant qu’ils ne me percutent. Mon ouverture sur le monde et mon quasi-magnétisme décroissent et je ne me concentre plus que sur Kindachi que je peux désormais toucher de mes mains. Tous alourdis et tous empêtrés les uns des autres, nous n’avons, ni moi le temps de jouer avec ses veines et sa pression sanguine, ni lui celui de me mettre KO ou de s’éloigner d’une nouvelle pirouette. Nous heurtons le sol dans une nouvelle gerbe de gravats humides.

      Après les dégâts causés par le toit du hall effondré, le choc de nos trois corps achève de disloquer la coursive de pierre qui s’effondre un peu. Pas d’explosion cette fois, pas de mauve acide ni de vert bilieux ni d’autre couleur que celle de la mer du soir qui avale les éboulis les uns après les autres. Mes orteils à moi, toujours nus et en lambeaux mais insensibles, me sauvent des flaques qui deviennent bassins. J’accroche de mes deux jambes en étau un énorme moellon tombé de je ne sais pas où. Mes forces se vident par le contact du haut de mon corps à l’envers avec l’eau et Red, qui se débat au bout de mon bras comme Kindachi se débat au bout du sien, pèse une tonne fois deux. Nous cumulons plus de cent ans à nous trois et nous craignons comme des gamins notre nouvel ennemi, un si féroce baquet rocheux empli d’une grosse toise d’eau.

      Red lâche enfin sa propre prise et j’arrive à remonter assez le bras pour qu’il puisse se tirer à son tour hors du péril. Haletant, toute la peau en charpie et l’œil luisant d’une envie malsaine de m’abreuver, j’avise les filets de sang qui lui courent encore sur le visage. Je lui montre Izya qui arrive par-dessus le chaos et je rauque :

      Sans rancune, hein ? J’ai enfanté les secours.

      Chien hirsute, chien-loup.


      Elysium [1625] 661875SignTahar
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        Du soleil, enfin ! Cet astre qui nous caresse la peau, qui réchauffe à la fois le corps et le cœur. Je mis plusieurs secondes à m'y habituer, cette lumière m'était manquante depuis tant de temps. A dire vrai, j'avais presque oublié la sensation qu'elle procurait. Mais comme tout le monde le sait, la lumière ne peut exister sans ténèbres, et ce fut le rôle d'une grosse vague énergétique qui me percuta la tête. Un filet de sang coula de mon nez. Qu'est-ce que c'était ? D'autres sont totalement tombés inconscients autour de moi, alors que dans mon cas, ce fut mes genoux qui ont fléchis sous cette aura me rappelant quelque chose. C'était ce qu'avait Tahar ? Contre le corsaire, contre les loups, contre nous ? Quel est ce fluide qu'ils manient tous ? Ce qui avait fait tomber le cyborg ? Je le possède donc aussi ?

        En tout cas, le soleil semblait tout à coup bien moins lumineux. Les deux colosses encore debout semblaient vouloir s'occuper de l'ennemi aux geysers verdâtres. Pas de problème, on vous laisse ce monstre. Je vois Chuck peiner à rester conscient lui aussi, nous avons donc tout deux droit à une piqure d'adrénaline. L'énergie procurée ainsi repoussera peut-être les effets d'une volonté brisée ?

        Izya était partie avec quelques rescapés handicapés de la conscience. Quoique, ne pas voir l'allure titanesque de l'ennemi et de la possibilité d'une fin par l'acide est plutôt une bonne chose. Ils sont plutôt chanceux… Quant à nous, on a pas d'ailes, mais Chuck trouva une idée. Avec le pouvoir des boucliers, il les forme comme s'il s'agissait de plateformes, nous permettant de bondir dans les airs. Sauf que je devais rester près de lui, les dits boucliers n'étant pas visibles. Mais ces derniers furent également bien utiles pour parer certains boulets de canon. La dragonne également, en repassant pour rejoindre le point de départ, explosa quelques projectiles au passage, notamment lorsqu'on se mit à perdre notre sang. Où qu'il partait d'ailleurs, ce liquide vital ? Tahar, qu'est-ce que tu fous ? Mais pas le temps de nous retourner voir, on devait avancer au plus vite !

        Ainsi, grâce à Chuck, nous parvînmes à rejoindre le navire d'où venait l'hybride. Des marines qui ne nous font rien ? Plutôt étrange. Mais l'occupation était ailleurs : les autres bâtiments les prirent pour des traitres et alignèrent les canons vers nous. Ceux qui étaient encore conscients devaient protéger le bateau. Chuck n'avait plus assez de force pour englober le tout d'un bouclier, mais il défendait tout de même tout le côté bâbord. Malgré l'énergie en baisse, je m'occupais du tribord aux côtés des membres de l'équipage. Mais quelques boulets passaient de temps en temps, vaudrait mieux ne pas rester ici trop longtemps.

        Que font-ils encore là-bas ? On n'a pas le temps ! Et c'est quoi ces ruines ? Qu'est-il arrivé à Impel Down ? Un véritable combat de titans se déroulait sous mes yeux, sans savoir quel camp allait l'emporter. Il y avait un amiral haut dans le ciel, trop haut pour être visible à cause du soleil. Ils ont besoin d'aide ! Tahar, je lui dois ma vie depuis Reverse Moutain, je ne peux le laisser là ! Mais un homme en uniforme me bloqua la route. Un homme au visage familier…

        " Curtis… "

        Spoiler:

        " Je ne peux te laisser y aller, tu courrais à ta perte ! "

        L'ami oublié, l'ennemi présentement. Croyait-il que j'allais l'écouter ? Mais comme pour me prouver sa bonne foi, il tendit le fourreau d'une arme dans ma direction. Shusui ? Alors c'est toi qui l'avais prise après le combat contre le corsaire ? Pourquoi ?

        " Je n'arrive pas à croire que tu es sorti… J'étais venu pour toi, mais je n'avais aucune idée de la manière dont j'allais m'y prendre. "

        Hum ? De quoi tu parles ? T'es venu me sauver ? Mais, on est plus ami ! Et cet uniforme, alors que tu es chasseur de primes et plus marine… Tu t'es infiltré sur ce navire ? Depuis quand ?

        Mais un énorme fracas me sortit de ma stupeur. Sur le quai, si on peut encore l'appeler ainsi, une volute de fumée se lève, nous rappelant que ce n'est pas le temps de discuter. Les boulets continuent de fuser, la dragonne arrive sur les lieux. La fumée commence à se dissiper. Qui sera encore debout ? Ils sont tous maudits par l'eau. Certains ont-ils coulés ? Venez vite !

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      Royaume de Goa, East Blue


      Un salon de thé, deux hommes sans âge.

      «Hey, tu crois que notre famille arrivera à s’illustrer dans les générations à venir ?
      - De ce que j’ai vu, c’est que des bureaucrates ou des pleutres les p’tits jeunes.
      - Et le petiot qu’avait fugué tantôt ? L’avait des possibilités lui !
      - Trop instable. Il croupit en taule t’es pas au courant ? Il va pas faire long feu si tu veux mon avis.
      - Arf, encore une lignée de perdue. »




      Ailleurs, sur Grand Line

      Une terrasse, un homme seul sous un énorme chapeau.

      «  Hey, dans quatre heures c’est l’apéro ! »



      Impel Down, près de l’entrée


      Mis à part le sourire passager de quelques âmes bienvenues, mon putsch vocal a pas tellement fait décoller l’applaudimètre. On en reparlera, sûr. Y’a quand même plus urgent, survivre à ce merdier. Et quand je vois Rouge et Red qui jouent une partition salée à Kinder et qui arrivent quasiment à le repousser, je me dis que la porte de sortie est peut être encore entrouverte. Sauf que j’ai du mal à me mouvoir. Que mon cher copain vient de m’affaiblir en pompant honteusement dans mes réserves et qu’un nombre important de navires nous encerclent un petit peu. Sale époque, vivement le souper.

      Je me relève, un boulet explosant non loin de ma chevelure sale. Un grincement sourd me traverse les tympans, j’avise mon bras gauche que je ne sens plus et la croûte sur mon torse qui prend une teinte salace. Un dernier effort Layr, les autres sont déjà partis vers un bateau qui apparemment nous est acquis complètement. Même le Reyson a trouvé un moyen de se barrer. Reste plus que moi hormis le trio de monstres un peu plus loin. Damned, larguez les amarres, c’est pas le moment de se manger une fricadelle, même si elle est bien saucée.

      Je me retourne et je rends compte que j’ai tort. À côté de moi y’a un jeunot avec les cheveux de celui qui a vu trop de clips à la télé. Vrai qu’il nous avait rejoint au premier niveau et qu’il semblait connaître Tahy. Un gosse téméraire, avec la dose de courage et de naïveté qu’ont les jeunes un peu pressés. Le moi d’il y a quinze ans l’aurait sans doute mis en première ligne pour pouvoir m’enfuir lâchement. Mais je sais pas, la fibre paternaliste sans doute, je vois dans ses yeux la lueur qui caractérise ceux qui veulent vivre, comme j’ai pu la chercher dans les yeux de mon fils avant qu’y m’embarque et me jette ici. Le môme est encore hébété. Ouais, une dose trop puissante ça vous liquéfie les méninges.


      « Écoute moi gamin, je vais sauter bien haut près de l’eau, si tu veux survivre t’as intérêt à me rejoindre et atterrir sur moi. »


      Regard interrogateur. T’inquiètes tu vas vite comprendre.
      Je laisse ma précédente œuvre sur place, le temps que quelque chose la détruise, prends un élan inconsidéré et m’élance. Près de l’eau, près des canons, près des hommes en patrouille qui attendent qu’une occasion pour me roter à la gueule. Et mon « Paper Planes » s’active, un tas de paperasses viennent changer la forme de mon organisme, et je deviens un sacré planeur qui a du mal à se diriger mais qui va aller bien loin. Je le fais un peu plus grand que la dernière fois pour que le petiot puisse se faire une place sur mon dos. Sur mon dos hein, vise pas plus bas petit coquin.

      Allez, je sais que le vent va pas exactement dans la bonne direction, qu’il va falloir traverser un enfer de balles perdues et d’autres ennemis rigolos, mais c’est notre seule chance. Derrière moi l’Apocalypse nous joue une symphonie à trois cordes, je sens l’intermezzo poindre alors que mon corps s’écarte de la berge. Dépêche toi je ferai pas demi-tour, je te signale que grâce à mes conneries, même si on s’en sort, j’aurai un diable verdâtre au cul.
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      Tout s'enchaînait trop vite ! Pour preuve, il avait le cul posé sur un Homme Papier Volant ! Mais peu de temps auparavant, il avait retrouvé l'Colonel Tahar, qui de toute évidence n'en était plus un. Ca avait vraiment fait plaisir à Grey que le vieux se souvienne de lui, même si ce n'était que l'image du gamin qui se gaufre sans cesse. Ca avait d'ailleurs fait sourire le pirate. Il s'était promis alors qu'il ne serait plus un boulet, et pourtant... Peu de temps après avait débarqué un Amiral, et le jeune homme avait perdu connaissance. Mauvais pour l'image ça.

      *Parce que tu aurais résisté, toi ?*

      Moi, je décris, c'est différent... Donc. Grey n'avait aucune idée du pourquoi c'était arrivé, mais c'était arrivé. Il n'était pas fatigué, n'avait reçu aucune attaque. Mais dodo quand même. Ce qui l'avait réveillé, c'était la douleur. La douleur de sentir son sang aspiré par toutes les blessures et s'envoler vers Tahar. Il était devenu encore plus bizarre qu'il y a dix ans.

      Mais devant le combat de titans qui se déroulait devant ses yeux, Grey se rendit compte qu'en fait, c'était pas si mal d'avoir une bizarrerie pareille de son côté. Encore une fois, le pirate ne pouvait pas faire grand chose devant un tel spectacle. Rien que bouger lui semblait galère. Si l'autre ne lui avait pas secoué les puces pour lui dire de se tirer, le jeune homme n'en aurait peut-être jamais profité, et serait resté à Impel Down jusqu'à la fin de ses jours. Mais l'occasion se présentait, et malgré les instructions étranges de son nouveau camarade, Grey avait sauté. Il avait cru qu'il finirait à la flotte, comme l'autre, sauf que l'autre en question s'était transformé en Planeur Papier.


      - Le vent...

      Oui, quelle merveilleuse sensation que le vent ! Jamais plus Grey n'aurait pensé pouvoir sentir la caresse de l'air sur son visage, dans ses cheveux, et la lumière... Ah, la lumière ! Elle semblait tellement irréelle ! Bien qu'en train de disparaître à l'horizon, il lui semblait n'avoir jamais vu de plus beau spectacle. Inspirant à pleins poumons, le pirate aux cheveux rouges s'imprégna également de l'air marin. Comme l'océan lui avait manqué ! Il ne manquait que les mouettes ! Mais où étaient-elles d'aill...

      Fiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii....      


      Prooooow !!!


      Le planeur tangua !

      - Wow ! C'était quoi ça ?

      Un coup de canon, bien sûr. Le tir avait fini dans l'eau, mais n'était pas passé loin. Hé oui, ils avaient beau avoir passé la porte, vu qu'une évasion avait lieu, tous les navires alentours étaient en alerte ! Et les boulets fusaient des navires ! Leur cible ? Le papier géant. Pas facile à atteindre, mais les canonniers orientaient de mieux en mieux leurs tirs. Si bien que les boulets commençaient à effleurer le planeur.

      Fallait trouver un endroit à l'abri. Sauf que dans le coin, y'en avait pas. Le conducteur par contre avait l'air d'avoir un bateau en ligne de mir, pour l'atterrissage. Un bateau qui commençait à se faire shooter par les autres en y regardant bien ! Il devait y avoir déjà des prisonniers dessus. Du coup, est-ce qu'aller en plein dans la cible la plus grosse était le bon plan ?

      *Pas trop le choix apparemment...*

      De toute façon, il fallait d'abord qu'ils y arrivent, jusqu'au bateau ! Un boulet venait de frôler la jambe de Grey, emportant un morceau gros comme un ballon de l'arrière du planeur dans la foulée. Les deux évadés perdirent de la stabilité une seconde ou deux, le temps que le papier recouvre la partie manquante. C'était vraiment pratique les logias.

      - Hé, Paper Man ! File-moi un truc pour repousser les canons !

      Bah oui, Grey n'avait pas pensé qu'en sortant d'Impel sur un gros papier, il aurait affaire aux canons de la flotte. Il n'avait rien pris avec lui. Heureusement, son capitaine de bord l'entendit ! Des morceaux de papiers arrivant d'un peu partout sur le planeur s'amoncelèrent pour former un javelot que Grey prit en main. C'était du papier, mais ça avait l'air solide. Le pirate se mit tant bien que mal debout sur son nouvel ami, et essaya surtout de ne pas retomber. Comprenant comment rester à peu près en place sur le planeur, il ne lui restait plus qu'à tester son arme !

      Et justement, le tir vînt de la droite. A peine le temps de voir la cible que le pirate lança son javelot à la rencontre du projectile ennemi. Beaucoup n'auraient pas eu le temps d'en faire autant, et encore moins de viser avec précision. Mais Grey, lui avait passé sa vie à viser toutes sortes de cibles ! Alors il ne fut pas surpris de voir que son arme allait droit sur le boulet ! Et..... Paf ! Le boulet dispersa complètement le javelot comme si ce n'était qu'un château de carte qui tombait à cause du vent !


      - Oula !

      Bah oui, si le javelot n'avait même pas ralenti le boulet, fatalement, le dit boulet continuait sur sa lancée, et venait à la rencontre des pirates.

      - Attention !

      A peine le temps de se jeter face contre papier pour ne pas perdre la tête ! Un truc n'allait vraiment pas...

      - Et comment on va s'en sortir si ton pouvoir tient pas la route contre les canons ?

      Encore un boulet qui les frôla.

      A ce rythme-là, on n'arrivera jamais jusqu'au bateau !

      Le vent sifflait tellement aux oreilles de Grey à présent qu'il ne fut pas sûr de comprendre ce que lui répondit son commandant de bord.

      - Hein ?

      De nouveaux les murmures dans le vent.

      - Comment ça tu l'as mangé tout à l'heure ton fruit ?! Mais c'est suicidaire ce qu'on fait alors !


      Proow !


      - Bon... Ptetre que lancer des trucs ça sert à rien alors... Files-moi autre chose !

      Et encore une fois, les bouts de papiers s'assemblèrent, mais pour ce coup-ci former un bouclier et une masse ! Le design final laissait à désirer, mais comme Paper Man venait d'avoir son fruit...

      - Un peu plus d'épaisseur ?

      Le bouclier augmenta de couches protectrices. Il en alla de même pour la masse, avec une boule un peu plus épaisse et compacte. Grey les cogna l'un contre l'autre. A première vue, c'était bel et bien du papier, mais avec ça, il pourrait repousser les canons ! Si ça ne se dispersait pas aux quatre vents. Cette fois, tester l'efficacité de ces nouveaux joujoux serait peut-être fatal...

      Deux bruits sourds, indiquant des tirs, renseignèrent le Chevalier de Papier sur leur provenance. A gauche ! Bien campé sur ses positions, à savoir un genou à terre et l'autre pied en soutien, le pirate mit le bouclier devant. Le premier boulet lui arriva droit dessus, et quand l'impact eut lieu, ce ne fut pas sans douleur ! Ca arrivait vraiment vite ces trucs ! Mais grâce au bouclier, qui perdit quelques couches de feuilles au passage, les dégâts furent limités, et le boulet, stoppé, pour ensuite retomber dans la mer. Quant au deuxième...


      - Aaah !!

      Masse en avant, la boule de papier rencontra la boule de métal et bien qu'elle finit en partie défoncée, cela permit de dévier le projectil ! Vraiment pratique ces pouvoirs... Tout ce qui restait à faire ensuite, c'était de renvoyer les boulets suivants qui leur venait dessus ! Grey se mit à tourner sur lui-même, histoire de se donner un élan, et quand il repéra sa cible, donna son coup !

      Booum !

      Ce fut donc sur cette base que la défense commença ! Arrêtant les boulets avec le bouclier, les déviant avec la masse ! C'était une stratégie toute bête, mais qui fonctionnait. Le must, c'était qu'après chaque impact, les armes se reformaient avec du papier tout neuf ! Sinon, ça ferait un moment qu'elles auraient perdues de leur efficacité. Et hop ! Encore un boulet dévié ! Puis...

      - Enfin, le bateau !


      Fiiiiiiiiiiii....


      - Merde !

      L'inattention, ça pardonne pas. Grey réagit le plus vite qu'il put, envoyant sa masse à la rencontre du boulet expédié, mais trop tard quand même. Il était trop proche des pirates, et quand le choc de l'artillerie eut lieu, l'onde les percuta de plein fouet avec son lot de vagues. Personne, pas même un logia, ne pouvait résister à un mélange pareil sans subir derrière !

      - Merde, on était si près du bateau !

      Mais conte toute attente, l'onde les fit bien remonter, ce qui leur permit de durer assez longtemps pour que le bateau soit à leur portée. Toutefois, le planeur avait complètement perdu sa stabilité ! Il commença à faire des vrilles tout en perdant de l'altitude à nouveau. Grey avait beau s'accrocher de son mieux, il lâchait prise petit à petit. Enfin, ça n'avait plus trop d'importance. Ils venaient de passer juste au-dessus du  bateau, ils l'avaient loupé.



      Niiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii..... Splouuuuuufffff !!


      Le Rimbau 380 de la compagnie Air Evasion en provenance d'Impel Down avait coulé...
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      Et je vire à gauche, et je vire à droite.

      Et un peu plus au dessus, et un peu plus en dessous.

      Ah, un boulet prêt de ma patte, je l’attrape et je me propulse dessus.

      Oh ! Et le loopiiiing ! Ah, non ! Si je me redresse y’en a un autre ! Du coup, plongeon ! Ah ! Pas trop ! Y’a la mer ! Vite ! Redresse ! Ah non le boulet ! Ahhh !

      ROOOOOOOOOOAAAAAAAAAAAA

      Ca me gonfle ! Là ! Ce putain de ballet aérien de la mort me tue ! Alors d’un coup, je bifurque et fonce sur l’un des canons, esquive le boulet, et choppe le connard qui s’amusait à me faire chier en lui plantant une griffe bien comme il faut dans le bide. Et pendant qu’il hurle sa douleur et sa peur, je l’emmène avec moi dans les airs, vise un des canons les plus proches du ponton et l’envoie dedans !

      Bim !

      Strike !

      Et je profite de la déstabilisation créée pour filer droit jusqu’à mes alliés qui m’attendent bien sagement l’air de dire que je suis en retard… Non mais j’vous jure, que d’ingratitude !

      Bon, bougez-vous ! Vous êtes les derniers !

      Foutage de gueule ? Non, c’pas mon genre.
      Héhé.

      Mais du coup, me voilà repartie avec deux nouveaux passagers dans cette magnifique pluie de boulet. M’enfin, j’ai pas envie de refaire l’andouille, c’est suffisamment chiant comme ça, surtout quand on joue sa vie, alors zoup, je vise direct le ciel.

      Oh, le fourbe, il a visé au dessus de moi ! Allez, hop ! Looping le temps que la baballe noir passe son chemin et hop ! On remonte vers les cieux.
      Par contre, autant prévenir, si y’en a un qui vomit sur mes écailles, je le jette dans ce merdier.

      M’enfin, ça devrait aller maintenant qu’on est haut dans ce magnifique ciel presque nocturne. Et, à cette hauteur, le coucher de soleil est vraiment sublime. Après toutes les épreuves traversées, je crois qu’on a bien mérité ce petit moment de paix. Alors je profite, un peu. Peut être un peu trop, mais je n’ai pas envie de redescendre.
      Je n’ai pas envie de retourner danser avec les boulets. Juste rester là, dans ce ciel paisible, le vent nous caressant à la chaleur des derniers rayons de lumières. Ce vent si doux, si frais… Ce vent de liberté.

      Mais notre liberté est encore trop bruyante pour être réelle. Et sous mon corps draconique se déroule toujours cette bataille que nous avons quittée l’espace d’un instant. Les canons tonnent et notre vaisseau de sauvetage tente de fuir. Alors, quittant la douceur des cieux, je plonge vers lui et ce carnage qu’il est temps de finir.
      Oui, il est temps que tout cesse.

      Il est temps d’être libre.


      Elysium [1625] 1425067977-izya-sflagopr Elysium [1625] 1465207581-signizya Elysium [1625] 1lmh


      Dernière édition par Izya le Jeu 19 Sep 2013 - 10:28, édité 1 fois
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      -Elle atterrit la ?
      -Je sais pas, elle vole bizarrement non?
      -Ben, pour une mouette c'est sur que ce serait bizarre. Mais pour un dragon ?
      -Elle descend vite quand même.
      -Moi je dirais pas qu'elle va atterrir la. Je dirais plutôt qu'elle va s'écraser.
      -Ouais, s'écraser sur le pont.
      -Merde... Dégagez le pont les gars !


      Chaleur, brulure. Depuis que Red a réussi à mettre les mains autour du cou de l'amiral Kindachi la vie n'est plus qu'un kaléidoscope de sensation confuses qui ne lui parviennent qu'au travers d'un épais brouillard de douleur irradiant de partout. La morsure de l'acide qui continue a ronger ses fringues et sa peau comme si une centaine de lames essayait de l'écorcher en même temps, la brulure dans sa gorge, ses poumons et ses yeux la ou le poison l'a attaqué et continue son œuvre. Le bouillonnement du sang qui s'échappe et le bruit sourd des battements d'un cœur qui ralentit. La fraicheur soudaine de l'eau, diminuant enfin la souffrance malgré la faiblesse qui envahit le corps maltraité. Et puis les griffes, l'air, le vent qui souffle et les balles qui sifflent. On vole. On vole, on plonge.

      Et on s'écrase sur un pont de bois, une sensation presque familière. Le cerf volant, le Fenrir.

      -Chef ? Chef !
      -C'est pas bon c'est pas bon.
      -Toubib ! Ici toubib !
      -Faites gaffe il fume encore, le touchez pas !
      -Il faut de la flotte, amenez la pompe vite, il faut qu'on nettoie l'acide !
      -Deux hommes à la mer !
      -Poussez moi ce dragon de la !
      -Chef ! Debout chef ! Est ce qu'on peut y aller ?

      -Poussez vous, j'ai de quoi réveiller un mort avec moi.

      Un flot de feu se déverse dans les veines de Red qui se remue soudain comme si on venait de lui coller une lame dans le dos, pendant quelques secondes il est même incapable de respirer tant la nouvelle douleur est intense, occultant toutes les autres avant de refluer. Le laissant empli d'une énergie nouvelle aussi puissante que vraisemblablement passagère.

      -Oh merde regarde sa main...
      -Chef ?

      -Laissez tombez. Plus tard ! Pour l'instant on s'arrache ! Et vite.
      -Les portes sont fermés chef !
      -On se fout des portes ! droit vers Calm ! L'important c'est de se tirer n'importe ou ailleurs, du moment qu'on s'éloigne de Kindachi c'est bon !
      -Et...
      -Et oui on les repêche, évidemment ! Allez on se bouge ! Je veux voir les nageurs à bord et surtout je veux voir péter ces foutues chaudières avant de m'écrouler !
      -On y va Chef !
      -Et trouvez moi un siège avant que je...

      -Attention il tombe !


      Dernière édition par Red le Mer 18 Sep 2013 - 8:24, édité 1 fois
        Bloubloublouuuuu...

        La mer... Si belle, si douce, si rafraîchissante. Qu'il était bon d'être à son contact, de se sentir enveloppé par elle. Encore une chose que Grey pensait ne plus jamais vivre. Mais en y restant, il mourrait. Mais c'était si agréable... Plus de douleur, plus de problèmes, plus de peur... Mais il mourrait... Tant pis, que tout cesse, il n'était plus concerné... Il mourrait comme ceux qui ont risqué leurs vies pour l'aider à s'en sortir... Ce fut le déclencheur ! Il ne pouvait pas être si égoïste et laisser les autres subirent le sort qu'il désirait si ardemment subir en cet instant. Alors il actionna à nouveau ses méninges, ses bras, ses jambes bien qu'en piètre état, et se mit à remonter à la surface !

        - Pffouua ! Ah... ah... ah...

        C'était vraiment la guerre. Des bâtiments de la Marine faisaient feu de toutes les directions, sur tout ce qui n'était pas à eux. Un dragon dans le ciel, le bateau de prisonniers, et les derniers fugitifs tentant de le rejoindre. Si les deux évadés avaient loupé leur atterrissage, c'était de peu. De là où il barbotait, Grey pouvait presque  monter dans le bateau, suffisait de nager un peu. Sauf que c'était pas évident avec le courant. D'ordinaire, ça devait être calme dans le coin niveau vagues, mais pas aujourd'hui, pas en pleine bataille navale où les boulets fusaient de partout, tantôt dans l'eau, tantôt dans les cibles. Et tout finissait toujours à la mer. Qu'importe, il nagerait !

        Arrivé près de la poupe, il ne lui restait qu'à chopper un cordage, mais y'en avait pas. Heureusement, leur crash avait été remarqué. Bientôt, une bouée lui fut envoyé, qu'il faillit se prendre sur le coin de la tronche. Si son attention n'avait pas été attirée par des bouts de papiers flottants un peu partout autour de lui, il l'aurait saisie.


        - Le mec en papier !

        Où pouvait-il bien être, ce type ? Déjà remonté ? En tout cas, c'était un logia, alors il devait s'être reform...

        - Mais quel con !

        Et Grey plongea aussitôt ! Un logia, un mec avec un fruit du démon, qui se reformerait en pleine mer ? Vraiment débile de penser de la sorte. Il fallait excuser le jeune, il n'avait pas trop coutume de fréquenter les détenteurs de fruits. Sauf celui de son équipage, mais il ne tombait pas souvent à l'eau, alors... Du coup, le réflexe de ramener un mec maudit par les eaux n'était pas super présent. Mais comment trouver un type dans l'océan obscur ? Le soleil avait déjà bien tiré sa révérence, et même avec la lumière du jour c'était galère parfois ! Commençant à manquer d'air, Grey n'eut d'autre choix que de  remonter faire le plein.

        - Pffouua ! Ah...

        Et retour dans les abysses. D'abord, localiser le gus, ensuite reprendre de l'air et aller le chercher. Avec toujours le même problème ! Où était la pu**** de parcelle de lumière nécessaire aux recherches ?!


        Blouuuuurfffff !!


        Grey se retourna en un instant et recula autant qu'il put sous l'effet de la surprise. Un morceau de bois énorme, genre partie arrière d'un navire, recouvert de flammes, venait de tomber à l'eau, comme si quelqu'un avait écouté le jeune homme dans sa détresse. Du feu ! De la lumière ! Qui déclinait vite... Forcément, du feu dans l'eau...

        *Allez, t'es où bordel ?*

        Rien. C'était pas faute de regarder dans tous les sens pourtant. Grey allait bientôt manquer d'air à nouveau, et s'il remontait, il perdrait sa dernière lueur d'espoir de retrouver l'autre. Tant pis....

        *Fais chier...*

        Jetant son dernier regard vers le fond de l'océan, Grey amorça sa remontée, mais s'arrêta net en trouvant une flopée de bouts de papiers tomber lentement vers la froideur des abysses. Et au bout de cette file, loin en bas, le Paper Man, incapable de bouger, chutant lentement mais sûrement vers sa mort. Grey n'hésita pas une seconde et nagea le plus rapidement qu'il put vers son acolyte. Il l'avait aidé à quitter Impel, Grey l'aiderait à quitter l'océan.

        En allant le plus vite qu'il pouvait, le pirate dépensait aussi plus rapidement ses forces, et ce qui lui restait d'air. Sa jambe droite le faisait souffrir, mais il n'avait le choix, il devait l'employer. Quant à la source de lumière, c'était presque terminé. De seconde en seconde on y voyait moins bien, jusqu'à ce que les ténèbres regagnent finalement la totalité de l'espace. Maintenant, c'était mental. Ne pas perdre la direction dans laquelle Paper Man se trouvait, et lancer son bras à tâtons.


        *J'te tiens !*

        Etape suivante, la surface. C'était mal engagé... Il pesait son poids le bonhomme ! Et en nageant de toutes ses forces vers le bas, il était épuisé le Grey. Alors il plaça le gus entre ses jambes, et commença son ascension, lentement. Trop lentement ! Le pirate aux cheveux rouges manquait d'air ! Comme de juste, dans ce genre de cas, on paniquait un peu, les brassées se faisaient moins précises, moins efficaces.

        Blouupp

        *Vite !*

        Blouuup

        *Plus vite !*

        La lumière à l'air libre semblait tellement proche et loin à la fois ! Proche parce qu'on pouvait distinguer la silhouette du bateau, mais loin parce que Grey avait atteint sa limite d'oxygène ! Sans l'inconscient, il aurait pu rejoindre facilement la surface. Il pouvait encore le lâcher d'ailleurs, personne n'en saurait jamais rien, et lui, Grey, serait vivant, loin d'Impel Down.

        *Comme si j'allais faire ça !*

        - Fouuuaaaaaaaaah !!! Ah...ah...ah...ah...ah...

        L'air, le frais... Vivant...

        Fiiiiiiiii.... Prooow !!!



        Même pas le temps de savourer, il fallait vite prendre la bouée ! Grey chargea son pensionnaire du mieux qu'il put, espérant qu'il ne glisserait pas trop, et s'accrocha à son tour, de manière plus bancale, mais de sorte à garder une main sur l'évanoui. Faisant un signe de la tête, les types à bord du navire tirèrent, et par à-coups, les deux naufragés furent sortis de l'eau. Arrivés sur le pont, on les saisit sans trop de ménagement, urgence oblige, et on les posa sur le sol.

        - Toubib, ici maintenant !

        - Je... moi, ça va... l'autre...

        Le Doc accourut. Grey lui fit son plus beau sourire de circonstances, une espèce de grimace incertaine, pour lui faire comprendre que ça allait. Mais il était épuisé, il voyait flou, sa tête tournait. Le fond de l'océan, c'était pas top pour la santé. Black out...
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        Un cratère fumant. Ouais, c'est tout ce que j'vois.

        Fumant, ouais. Parce que la vapeur qui s'en échappe, c'est celle de l'eau qui s'évapore au contact de mon corps en quasi-ébullition. Des litres et des litres de vapeur qui montent vers le ciel sous forme de volutes compressés à en créer un formidable geyser qui n'a cesse de monter vers le ciel tandis que l'eau de mer continue de m'asperger en s'engouffrant dans les fissures du quai morcelé.

        Bien joué Tahar, bien joué Désiré. Maintenant, va falloir que j'oublie qu'j'ai un sacré mal de tête, l'système digestif complètement chamboulé et les blessures causées par Toji qui s'remettent à saigner.

        -Décidément…

        Geppou.

        Mais lorsque j'tape dix fois contre le sol, à cette vitesse difficilement accessible qu'on reconnait aux agents cp, j'termine d'exploser c'qu'y restait de l'esplanade de pierre en me propulsant dans les airs.

        Regardez bien, bande de pirates miteux. Y'a un truc qu'on apprend supposément aux gamins pirates quand ils commencent leur vie de pirate. Un truc sacrément simple.

        Te ramasse jamais à Impel, t'en sortiras pas.

        Te frotte jamais à un amiral.

        Et vous, là, vous êtes en train de prouver à tout l'monde que ces deux règles d'or là sont du gâchis? J'suis pas d'accord, va falloir régler ça et fissa.

        La distance avec L'Usage se réduit, déjà, j'peux apercevoir la tronche apeurée d'un toubib qu'a eu la brillante idée de lever les yeux au ciel. Les traits tirés du mec qui en a vu des horreurs et des scènes de massacre.

        Mais là, lorsqu'il comprend que c'est un amiral qui vole au dessus de son navire, c'est un rictus de gamin apeuré qui s'imprime sur son visage. Et un dommage collatéral de plus, un.  

        Lorsque j'atterris comme un songe sur un nuage, le cri du toubib qui m'a perçu ne réussi même pas à percer sa gorge crispée. Avant même qu'un seul des hommes qui entourent le criminel en rouge qui gît devant eux, ils tombent tous au sol.
        Un trou fumant et verdâtre au centre du front.

        Trois corps rejoignent celui en rouge au sol alors que je souffle sur mon doigt qui laisse émaner des volutes de fumée toxique.
        Si pour la plupart ils sont effondrés et épuisés sur le pont, si pour la plupart ils n'en peuvent plus, ils se dressent tous néanmoins lorsqu'ils me voient saisir Désiré par le cou.

        Ils se crispent tous lorsqu'ils aperçoivent ma silhouette haletante et presque tremblante de fébrilité se liquéfier. D'une main, je tiens l'ex-amiral en l'air, l'autre, devenu malléable à souhait, se transforme en une véritable lame toxique et bouillonnante.

        -Bon…. on a finit de jouer? Un peu? … J'lui enfonce ça en plein cœur si vous bougez. Et si seulement un de vous pense à agir, si vos pensées accrochent un seul instant l'idée de l'aider, j'le tue… Maintenant, vous allez faire demi-tour et retourner à Impel… Et rapidement… Parce qu'à chaque seconde où vous ne grouillez pas vos fesses…

        Un sifflement se fait entendre alors qu'une odeur de chair brûlée mélangée à des relents toxiques imprègne l'air. Ouais, c'est le son et l'odeur que produit une lame d'acide lorsqu'elle s'attaque vilainement à la peau du bras gauche d'un sous-amiral en pleine déchéance.

        -…Allez, grouillez vos culs… On retourne en enfer…

        …Et dire que d'autres sont en vacances…
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        Je vais bien. Ne t'en fais pas.

        Dans la marine, pour s'assurer qu'un type est bien mort avant de le faire glisser à la mer, on finit de coudre le linceul en lui piquant l'aiguille dans le nez. Parce qu'il n'y a rien de tel qu'une douleur intense pour vous tirer d'entre les morts. Et celle provoqué par l'acide lui dévorant le bras est bien la plus atroce que l'ex agent Red ait jamais enduré.

        C'est comme si la seconde ou Kindachi l'a saisi s'étirait soudain à l'infini pour qu'il puisse mieux savourer l'éternité de souffrance qui lui est du, comme si Red n'était plus que ce bras qui disparait lentement dans le liquide corrosif qu'est devenu le corps de l'amiral. Ressentant chacune des parcelles de son corps qui se dissout en hurlant sa douleur, lambeaux de peau, nerfs à vifs, muscles et os.

        Et sur le pont du cuirassé, hissé dans les mains du tout puissant amiral, Red n'a même plus la force de hurler sa douleur et sa haine. Alors il les fuit. Fermant son esprit aux messages de son corps, fermant son esprit à ses brulures, a cette certitude terrifiante d'avoir perdu un bras, se repliant loin de tout, dans le refuge qu'il s'est bâti il y a bien longtemps tout au fond de son esprit. Une boite close, hermétique, un ultime abri ou se retrouver.

        Je ne vais pas mourir Louve. Jamais loin de toi. Regarde ce qu'on a traversé pour en arriver là. Personne peut nous enlever ça, et l'amiral là haut pas plus que quiconque.

        Lucide. Calme comme seul peut l’être celui qui n'a plus aucun lien avec tout ça et qui flotte au dessus de la mêlée. Détaché. Serein.

        Comme s'il n'était plus qu'un simple spectateur bien loin de la fureur et des sensations des petits paquets de chair qui s'agitent, vivent souffrent et meurent quelque part dehors. Un spectateur qui sait très bien comment tout ça doit finir. Et qui voit l'erreur de Kindachi.

        L'erreur de l'amiral emporté par son combat, par sa colère, qui vient de se jeter seul au milieu de ses ennemis comme l'ours au milieu de la meute de loups. Plus fort oui, mais si seul. L'erreur de l'amiral qui a choisi d'attaquer et de saisir le seul de ses ennemis qu'il se doit à tout prix d'éviter pour conserver ce pouvoir qui lui permet si bien de surclasser ses adversaires. Et qui croit vraiment que  ses adversaires seraient prêt à troquer leur liberté retrouvé contre une survie en enfer alors que tous sont prêts à mourir sans hésiter pour une seconde de plus de liberté à l'extérieur de leur prison.

        Ce n'est pas encore fini Louve. Tu es la seule personne qui puisse me tuer

        Retour dans le monde de douleur. Retour dans le monde réel, celui ou Red est aux mains d'un homme qui peut le tuer d'un seul coup, et ou il ne peut que le subir pour laisser aux autres la possibilité de se battre.

        Le visage de Red se relâche, ignorant la douleur, ignorant son bras absent, ses multiples blessures, ignorant la vaine menace de l'amiral qui a oublié ce que c'était de faire face à la mort, et de l'accepter. Le bras de Red se referme sur Kindachi dans une étreinte presque fraternelle et l'attraction irrésistible du fruit des ténèbres fait le reste. Opposant la vitesse mortelle de l'arme de l'amiral au néant du trou noir du pirate. La pointe d'acide plonge vers la poitrine, la main d'acide se referme sur une gorge, un flot de ténébre coule sur les membres de l'amiral. Et une nouvelle fois. Kindachi redevient humain.

        On dit qu'au moment de mourir on voit sa vie qui défile a toute vitesse devant ses yeux, un putain de résumé en matière de point final, comme un de ces quatrièmes de couverture qu'on lit pour vérifier qu'on tient un bon bouquin. Quelle perte de temps non ? Revoir toute sa vie c'est vraiment une foutue façon de profiter des dernières secondes de conscience avant le clap de fin.

        Comme si il fallait vraiment tout repasser. Comme si on ne connaissait pas déjà les meilleurs moments, ceux qu'on a envie de revoir et de revivre, encore et encore en espérant que cette fois ils ne vont pas se terminer.

        Comme s'il y avait besoin d'une autre image que celle ci.

        Bye Lilou:

        Je suis désolé Louve.

        J'ai essayé.



        Dernière édition par Red le Mar 11 Nov 2014 - 19:11, édité 3 fois
          Et pour solde de tout compte…

          Il flotte dans l’air une odeur d’équité. Justice est faite, la nôtre, et nous sommes sortis, nous l’avons fait.

          Tu vois, Judge, tu vois. Pour quelques instants, la liberté. Je te l’avais dit.

          Quelques instants…

          L’atterrissage a été si violent que je me suis répandu sur toute la surface du pont pour m’éviter des douleurs de plus. Merci ma fille, merci pour tout mais mets-y les formes la prochaine fois, tu veux. Le panache, te dirait Jack. Jack, je te le présenterai sans doute un jour, j’ignore ce qu’il fait désormais mais c’est un garçon à croiser une fois… Les bottes, les cheveux, tout ce qui n’a pas de peau sensible a été imbibé sur un rayon de quinze pas et quand je me reforme j’emporte un peu avec moi de tous ces anonymes qui travaillent pour ma bonne cause.

          J’ai retrouvé visage humain grâce à leur sang, je suis de nouveau leur frère.

          Fraternité, la boucle est bouclée.

          Et puis le retour du désespoir. Kindachi… Que viens-tu chercher ici, Kindachi ? Que fais-tu ici alors que tu aurais pu terminer ça en restant là-bas, Kindachi ? Tu n’aimes pas les familles et les fins heureuses, n’est-ce pas ? C’est un tort, aujourd’hui. Le chaos était suffisant, tu ne trouves pas ? La mort assez présente.

          Mais non, tu as dû venir. Tu ne pouvais pas ne pas venir. Très bien.

          Je glisse derrière les hommes du rang qui tremblent plus de toi que de ma présence dans leur dos. Ton speech et ton entrée font de l’effet, Green Wolf, trop d’effet. Quand le noir total t’étreint de nouveau, c’est mon signal. J’approche mû par d’autres forces que celles qui m’habitent à l’accoutumée. J’ai l’esprit désinvolte et serein de la dernière sérénité. Je suis prêt à ce qu’aujourd’hui efface tous les jours d’avant. Tableau noir.

          Encore à attirer toute l’attention, Rossignol…

          Tu m’as sauvé la peau, Corbeau. J’ai épargné la tienne ensuite. Merci Corbeau.
          Rimbau a sauvé Grey, Grey a sauvé un poète. Merci Ptit gars.
          Tu as aidé aujourd’hui, Rossignol. Il est temps de solder cette dette.
          Reyson, je t’ai sauvé la vie une fois, souviens-t’en.

          Tout ça finit aujourd’hui, c’est un beau crépuscule pour remettre au droit la balance de ce monde.

          Merci Rossignol, merci Reyson. Et ensuite nous verrons avec Izya nos comptes familiaux.

          C’est…

          Oui Anstis, elle est pour toi cette phrase, comme mon coup d’œil. Mon signal, le début de ma course à mort.

          …le monde à l’envers !

          C’est moi le loup aujourd’hui Kindachi, et aujourd’hui, rien qu’aujourd’hui peut-être, je renoue avec la chasse en meute. Parce qu’aujourd’hui est un jour spécial, le temps qui passe est revenu. Regarde-la, la meute, pendant que je te saisis à la gorge, à ta gorge d’humain. Regarde-la pendant que je vous embrasse toi et ta proie. Encore un peu, Rossignol, tiens bon encore un peu, je sais que tu le peux.

          Regarde ce que tu manques Kindachi, ce à quoi tu t’es attaqué. Pourquoi crois-tu qu’un général d’armée reste en retrait pendant la bataille ? Pourquoi crois-tu qu’il n’affronte jamais les armées entières à lui seul ?

          Parce que c’est dangereux, Kindachi. Dangereux.

          Oh, face à chacun de nous individuellement, tu es un amiral. Mais ici tu es en territoire hostile, tu es un intrus et un intrus un peu trop fou pour faire face aux dominants du groupe. Profite de la double étreinte qui te saisit, c’est ton dernier contact. Et si ton empathie est voilée et ne t’indique pas la fin, c’est parce que l’esprit ne peut pas concevoir sa propre mort et celle volontaire de tes ennemis.

          Tu sens cette rambarde qui craque dans ton dos, sous nos trois poids à nouveau conjugués ? C’est le son de l’équilibre, celui des creux qui se rebouchent comme se rebouche la mer au-dessus de nos corps d’écume.

          Salut Rossignol, merci d’avoir joué, tu peux relâcher tes bras maintenant.

          Salut Kindachi, viens avec moi, viens couler avec moi encore un peu…

          Tu sens cette eau qui t’étreint maintenant ? Elle devient froide comme la nuit dans les profondeurs.

          Elle éteint le monde, elle t’éteint et elle m’éteint, et c’est normal. N’aies pas peur, Kindachi. Sois tranquille.

          Moi je suis là aussi. Et moi je suis satisfait car j’ai vu dehors.

          Je ne t’en veux pas d’avoir causé ça. Bienvenue dans les abysses.

          Et je ne t’en veux pas non plus, Reyson. La nuit, on coule plus vite.

          Mon rêve le plus fou…

          Aujourd’hui.

          Il faudra peut-être que tu comptes seule, Izya. Désolé.


          Elysium [1625] 661875SignTahar


          Dernière édition par Tahar Tahgel le Mer 18 Sep 2013 - 15:12, édité 1 fois
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            Les boulets de canon continuent à fuser vers nous. J'ai décidé de suivre le conseil de Curtis, et de faire confiance à mon capitaine. Si lui n'y parvient pas, personne ne le peut. Shusui en main, je parviens à barrer la route aux projectiles à l'aide de lames d'air. Ah, cela faisait si longtemps… La délicate sensation de la poignet en main. Le tranchant partant de cette lame légendaire. Que de souvenirs…

            Mais subitement, les canons cessent. Le bruit vient de derrière, du milieu du pont. Hum ? Depuis quand le Grinch vous a suivi ? Son regard menaçant semble empêcher tout mouvement. Les autres navires ne nous attaquent plus, leur supérieur est à bord. Mais je préférais la situation précédente…

            L'amiral qui avait jusque-là la main verte prit une forme des plus normales. Il a un malaise ? Tahar me fait signe, mais quoi comme signe ? Il fonce droit sur l'amiral. Et un taré, un. Quoique, c'est ça ou attendre de mourir. Retourner à Impel Down n'est pas une option, car ce n'est pas une vie. Et si ce n'est ni la vie, ni la mort, ce n'est rien. Plutôt que le néant d'une cellule éternelle, je préférerais encore les abysses des océans. On s'y sentirait certainement moins seul…

            Tahar court. Tahar attaque. Le capitaine avance, l'équipage doit suivre ! On court aussi, tout arme dehors. Mais l'aura de l'amiral nous avait bien plus affaiblis que les deux colosses, et le temps qu'on arrive il est déjà trop tard : ils ne sont plus sur le pont. Oh le con ! Un capitaine doit couler avec son navire, pas sans, sinon comment il peut espérer sans sortir ?

            Je n'arrête pas ma course pour autant, je continue d'avancer vers la rambarde détruite, prêt à bondir pour repêcher mon capitaine. Pauvre fou ! Tu ne penses tout de même pas pouvoir nous quitter comme ça ? Comment pourrais-je payer ma dette à quelqu'un qui n'est plus ? Mais au moment où mes pieds quittèrent le bois, on me ramena brutalement sur le pont. Curtis. Tu comprends pas que je veux, non, je dois le sauver ? Mais il me rappelle à juste titre qu'avec ma malédiction, ça ne ferait qu'ajouter un noyé à la liste.

            Mon regard fait le tour du pont, et j'avise un soldat près d'un objet que je reconnais. Je lui criais si fort de me l'envoyer qu'il faillit faire une crise cardiaque. Mais il obéit. Un harpon, voilà ce qu'il me fallait ! Vite, avant que je ne les perde entièrement de vu ! La main, faut que je vise la main de Tahar, comme il l'avait fait à Reverse, comme il m'avait repêché de l'océan en furie. Mais on ne voit rien. Tant pis, je vise l'endroit d'où proviennent les bulles à la surface. Sans doute aurais-je quelqu'un ? De toute façon, c'est ça ou rien. Paf, je tire. Et comme je suis à bout de force, on vient m'aider à remonter le paquet.

            Un pied, c'est ce qui ressort le premier. Mais le pied de qui ? Le projectile s'était planté dans la cuisse. Ouille… Au moins c'est pas la tête. A part s'il s'agit de l'amiral, là ça pourrait être la tête, vu qu'il se payait la notre, de tête. En parlant de tête, un visage apparait. Tahar ! J'ai eu le bon ! Allez ! Tirez ! Tahar a quitté l'eau, mais n'est pas encore sur le navire. Au bout de son bras, il tient une main. Hum ? Il désirait tant rester auprès de Désiré ? Ses désirs sont des ordres, on continue de tirer. Heureusement que je ne suis pas seul, car le poids venait tout juste de doubler. Dans l'eau, ils étaient plus légers. Hey ! C'est quoi cette main sur la jambe du deuxième moribond ? Mais avant même que la tête n'apparaisse, Curtis eut le réflexe de dégainer son pistolet et de tirer. La balle a probablement effleuré le membre du second, mais au moins il n'y a plus de troisième. Pourquoi avait-il lâché ? A cause du trou dans sa main, ou parce qu'il savait qu'en continuant l'ascension, le corps encore dans l'eau, il risquait d'être encore attaqué ?

            Ce signe, la présence de sa main à la surface durant un court instant eut pour effet d'entendre de nombreux plongeons. Les canons ne reprirent pas, mais les différents équipages se ruèrent à l'eau pour tenter de secourir leur supérieur. Si lui n'avait pas réussi, ils n'y parviendront pas non plus. Alors autant essayer de recoller les morceaux. Astucieux l'amiral, il savait que les maîtres nageurs allaient s'y mettre en montrant un quelconque signe de vie. Sera-t-il secouru à temps ? Je l'ignore, j'étais plutôt concentré sur nos deux prises du dimanche.

            Une fois à bord, je me laissais tomber à leur côté, à bout de souffle. Mon regard se posa sur le capitaine à la cuisse harponnée.

            " Désolé, je visais la main… "

            Il serait grand temps de partir non ?

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          J'étais là. J'ai tout vu.

          Mon sang n'a fait qu'un tour. Mon cœur s'est arrêté.

          Et je n'ai rien fait.

          Toujours la même rengaine. Toujours cette impuissance. Toujours.

          Sans le boulet, peut être que j'aurai pu...? J'aurai pu bouger et l'empêcher de tomber ! Mais à cause de lui, y'a eu ce crash, et y'a eu ce crack aussi. Ce crack provenant de mon épaule sous son contact. Ce crack me signifiant que mon bras ne suivrait plus.
          Et il n'a plus suivi.
          Il m'a laissée tomber.
          Et je n'ai rien pu faire.

          Alors le temps s'est arrêté. Les bruits se firent sourds. Les images ralenties.

          J'étais là, spectatrice impuissante de cette fatalité. Tu n'avais pas le droit de m'abandonner. Pas après toutes ces années. Pas maintenant que je t'avais retrouvé.

          Alors... Pourquoi ?

          Et puis ils ont tiré. Tous ces hommes sur le bord de notre batiment ont tiré cette corde. Et le temps que je réalise ce qui se passait, le temps d'un coup de feu, je redevins femme.

          Et maintenant, je te vois. Toi et cet autre homme. Je vous vois. Vous êtes en vie. Tu es en vie. Et tu es là.

          Et pendant que les autres appellent un médecin, moi j'implose. Tout ce trop plein d'émotions de la journée me retombe dessus. Les larmes ruissèlent sur mon visage alors que j'avance vers vos deux corps affaiblis par ces événements. Tenant mon bras devenu invalide, je joue de mon épaule indemne pour passer l'attroupement et te rejoindre, toi qui représente ce rêve que j'ai toujours poursuivi.

          Toute faible que je suis, je m'agenouille à ton côté. Je n'ose te regarder, la honte ayant de nouveau pris le dessus. Cette honte de n'avoir rien pu faire.
          De ne jamais rien pouvoir faire.

          Mais la peur éprouvée est plus forte que cette honte, c'est pour ça que je suis là malgré tout. C'est pour ça que même si ma gorge est serrée je trouve la force de te parler.

          Je...
          Je veux juste te connaître. Juste apprendre de toi.
          Alors, s'il te plaît...
          Ne meurt pas.


          Ma tête a basculé sur ton torse. Et à la simple pensé de la mortalité, ma frustration a redoublé. Mais je me refuse à continuer ces pleures. Et bien vite, trop vite à mon goût, je relève la tête, puis le reste de mon corps pour vous laisser à l'équipage.

          Il est grand temps de partir de cet endroit.

          Il serait peut être temps de décamper messieurs, non ?
          - Mais où devons nous aller ?
          Pour l'instant, loin d'ici sera suffisant.


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          Dernière édition par Izya le Jeu 19 Sep 2013 - 21:22, édité 2 fois
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          J’ai du mal à le croire. Pas que j’ai pu chuter comme un grand faucon en déroute, mais plutôt qu’un gosse m’ait sauvé la peau après toutes ces aventures. En même temps, mourir au dernier acte aurait été sacrément idiot de ma part, j’aurais pas pu être là pour les applaudissements et les bis masturbatoires du public.

          « Merde, c’est la première fois que je bois autant la tasse. »


          Mes premiers mots construits après ma réanimation improvisée. Alors oui on m’a aussitôt souligné que c’était grâce au môme que je pouvais encore respirer l’air de la liberté. Mes poignets encore marqués par mon acte suicidaire insensé se crispent quand je me rends compte que les hormones de vigueur sont en train de se faire définitivement la malle. Dans quelques minutes je pourrai plus bouger, ma vie et ma mort dépendront plus de ma petite pomme. Un retour en arrière en somme.

          Je vois Kinder nous rejoindre avec l’œil torve de l’alcool mauvais, je vois celui que je suis allé chercher en enfer passer par dessus le bastingage. Et Reyson me devance. Et plusieurs marins hissent l’ami à grands tours de bras.

          « Putain les deux autres on s’en fout mais tirez que diable ! Certains hommes doivent pas mourir aujourd’hui. »

          On est bon, on peut partir il manque personne. Merci Mike de m’avoir laissé gagner, merci mon corps d’avoir supporté tout ça. Je sais pas de quoi demain sera fait mais je sais juste qu’on y vivra.
          Alors maintenant il est temps de montrer à tous ces piverts du dimanche que le monsieur qui tâtonne avec les objets explosifs c’est pas le fils du cuistot.

          «  À ceux qui peuvent tenir un canon, je vais vous montrer c’que c’est qu’un artilleur de compet’. »

          Je m’empare d’une arme de destruction passive et je commence le carnage. Mes coups font mouche, évidemment, et nous offrent un peu plus de tranquillité dans notre fuite. Y’a plus beaucoup de remparts debout, alors même ceux qui ont ingurgité une tonne de flotte peuvent donner du leur.
          Le gamin aux cheveux rouges est évanoui. J’oublierai pas ton geste mon garçon, on aura sans doute une petite discussion après tout ça.
          En parlant de lui, c’est un boulet perdu qui fonce dans sa direction alors que je me perds dans mes divagations. Et c’est une carapace sommaire de papier mâché qui le protège tout à coup. Pas question qu’y crève avant que j’en sache plus.

          Je vois Tahar, et Izy, et les autres qui forment notre communauté improbable. Moi et mon torse nu, moi et mon air hirsute, on est fiers de vous avoir accompagné durant ce périple. Autant le finir en beauté.

          « Les jeunes, on oublie pas de respirer et on pointe les canons à soixante degrés nord. Feu ! »

          Je me mue en garde chasse pour fugitifs épuisés. Et on m’écoute parce que non seulement ils savent d’où je viens, mais aussi parce que les coups sont rudement efficaces.
          On s’écarte, on vogue vers la victoire. Je sens la liesse précédant l’évanouissement m’envahir. Je suis un des derniers du groupe à tomber, mais le moment fatidique finit par arriver. Je m’adresse alors à ceux qui peuvent m’entendre, inconnus ou pas.

          « Les gars...Je vous dirai bien que la tournée générale à notre prochaine escale est pour moi...mais j’ai oublié de récupérer mon solde avant de démissionner. »

          Bonne blague. Le public rit. La scène se termine, le cousin est loin, l’honneur est sauf. Rideau. Grand fracas dans les travées, il n’y aura pas de rappel.
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