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Le conte des trois petits Grognons et du grand méchant Porc.

Balior bave depuis plus d’un mille, il a tellement faim qu’il a rongé un os de poulet tout en remettant en place les canons. A l’époque de Jangoto, je trouvais que le Sans-Nom était une honte pour un pirate. Maintenant qu’il est plus troué et défoncé qu’une roulotte de paysan, je lui trouve du charme. C’est la croix et la bannière de lui faire gagner en vitesse à chaque nouvelle petite brise, mais j’ai finalement trouvé le rythme pour le faire glisser sur les flots.

Tout en me grattant le bide, je plisse le regard pour scruter Beateman en haut de son nid de pie. Il a de bons yeux ce gars là, pis il est bien plus frappé que j’ai pu le penser au premier coup d’œil. Sur la route, il nous a montré ses talents de transformiste avec de vieilles fringues trouvées dans la cabine. J’ai toujours pensé que c’était utile d’être une sorte de caméléon, j’ai toujours tenté de l’être moi-même. Avec une guibolle en bois, c’était peu crédible en général de se faire passer pour un honnête marchand. Zagahaha.
Que dire de Blackness ? Il a un lourd passé ce vieux, l’amour l’a ravagé et l’alcool l’a guéri. Ou presque. Un placebo d’ivresse en somme.

Quant à moi ? Palsambleu ! J’ai tout jacté ! Depuis ma jeunesse comme négrier jusque Jangoto en passant par la tranche de vie sur Grand Line à bord du bâtiment de Bylly Brandson. Blackness a voulu en savoir plus sur les morceaux de cartes éparpillés au quatre coin du monde. On en  a tellement parlé qu’on s’est fini le tonneau de flotte. Enfin, moi et Niko. Et puis j’ai parlé de ma maladie, de l’épisode des Amazones et de la prédiction de la vieille sur ma mort prochaine. C’est là qu’on a arrété de parler. Pas que ca avait jeté un froid, juste qu’on avait assez parlé pour une traversée.

Pourquoi Bliss en première destination ? Parbleu… L’équipage de Bylly jouissait du pire cuistot du monde. Un gras personnage porteur d’un Zoan qui lui va comme un gant, celui du porc. Après que Bylly se soit fait décapiter par Jangoto et que l’ensemble de l’équipage soit passé sous le drapeau du Baffeur, Boll s’est barré comme un lâche avec un des morceaux de carte menant au trésor de Brandson. J’ai appris par des raconteries de tavernes que dans les bas-fonds de Bliss, il existait un établissement qui servait la bouffe la plus dégelasse du monde que seul un porc pourrait bouffer. Pas de doutes, je l’ai pratiqué assez longtemps pour sentir le style de l’ex-cuistot du Fâcheuse Destinée à des lieux à la ronde.

Je tourne la roue du gouvernail en devinant les contours de l’île de Bliss, le soleil décline, c’est bien pour accoster. Beateman a annoncé qu’il voyait la terre depuis une dizaine de minutes, moi je la grille que maintenant. Sacré gaillard. Je compte nous mettre à l’abri des regards par le coin où les contrebandiers mouillent l’encre sous le champ de vision des sentinelles de la Marine. Trop de mouettes ces temps-ci ! Vachenoire ! Si tout se passe bien, on atteindra les bas quartiers en moins d’une heure.

J’ai bau frotter, je n’arrive pas à retirer la peinture blanche sur mes ongles. Je regarde onduler mon drapeau en haut du mat. Un squelette à la jambe manquante et une boussole, c’est tout à fait moi. Scab Tournebroche, capitaine des Grognards. Zagahaha. Pis il y a aussi celui de Blackness, un drapeau d’enragé. Heureusement, Beateman reste distingué dans son style avec son roger à la plume violette. Bref.

Je cogite. C’est nouveau tout ça pour moi.

« Capitaines, nous arrivons »
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Enfin la voilà. S’il l’avait discerné quelques minutes auparavant, il pouvait maintenant la contempler distinctement. L’île de Bliss. Nikolas Baeteman énumérait ses désirs les uns après les autres : un lit confortable, un repas chaud et un bon bain dans une eau douce. Il avait arrangé comme il pouvait un bandage autour de son abdomen, mais son flanc le faisait toujours souffrir ; il avait d’ailleurs pris une jolie teinte violacée, confirmant les soupçons de fracture du jeune homme. Il faudrait faire soigner ça par un professionnel au plus vite ; un médecin de bord ne serait pas de refus, s’il devait continuer à voyager avec ses nouveaux amis. Il avait d’ailleurs pu apprendre à mieux les connaitre, au-delà de leur apparence de forbans de la vielle école, et il avait réussi à trouver de la sympathie pour les deux. Et oui, même pour l’ancêtre aviné qu’était Blackness. Il faut dire que survivre ensemble à une attaque de la marine forgeait sans aucun doute des liens, et les histoires racontées autour d’une cruche de vin et d’un peu de viande séchée alors que le soleil déclinait avaient achevé de souder les trois hommes. Un peu de compagnie féminine ne serait d’ailleurs pas de refus non plus, pensa le jeune homme ; en espérant que l’un des deux autres Grognards ne crie pas à la malédiction. Il eut un petit rire, ce qui raviva sa douleur. Il regrettait un peu de ne pas avoir pu raconter son histoire aux deux autres ; à la place, il leur avait fait montre de certains de ses talents, ce qui semblait avoir eu son petit effet. L’île se rapprochait à vue d’œil. Dans moins d’une heure, le Sans-Nom serait à quai. Aucun des Capitaines n’avait assez d’argent pour le faire réparer, et les Grognards n’avaient encore établi aucun plan pour ce qui se passerait une fois arrimés. Nikolas décida qu’il était temps de discuter de tout ça, descendit avec précaution sur le pont, et rassembla les deux autres autour de la barre, où Scab s’affairait déjà.

« Dites voir, y a un truc qui me chiffonne. Premièrement, je sais bien que notre navire n’est plus qu’une épave, mais il serait quand même dommage qu’on se le fasse tirer. Donc il faut bien qu’un d’entre nous reste à bord pour surveiller nos petites affaires. Et deuxièmement, comment tu comptes faire cracher le morceau de carte à ton pote le cuistot ? Parce qu’on a déjà la marine aux fesses, s’agirait pas de causer une émeute en ville et de se retrouver avec la garnison sur le dos. »

Il attendit la réponse des deux autres, qui visiblement ne s’étaient pas interrogés le moins du monde sur la suite des événements, et fixaient le plancher ou le ciel, pensifs.
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Abominable. Traversée abominable que cette interminable décarrade du Cimetière des Épaves jusqu'ici, le Royaume de Bliss. Depuis notre accrochage avec ces chiures de mouettes, on cane la pégrenne mes compagnons et moi. On claque du bec sans rien trouver de quoi rassasier nos estomacs depuis des lustres dans les talons. Immanquablement, je suis le plus affecté par cette situation, moi l'éternel crève la dalle. On pourrait croire que ces décennies d'errance à travers les blues m'auraient apporté cette résistance à la faim, foutaises. Pour ne rien arranger à notre malheur, ou tout du moins particulièrement le mien, il n'y a plus une goutte de rhum ! La gnôle se fait aussi rare que les pucelles bordant les ruelles miteuses de Las Camp ! Nom de dieu de saloperie de tord-boyaux, pourquoi on en manque toujours ?!

Ma trogne décomposée retrouve de son éclat lorsque le Capitaine Baeteman annonce que l'île est en vue. Salopiaud de jeunot, les mirettes plus affûtées que la lame de mon sabre. Tournebroche confirme et il ne faut pas attendre longtemps pour que Bliss se dévoile à nous. Douce terre, tu es mon rayon de soleil d'une journée de pleine tempête. Autour de la barre, nous nous rassemblions pour décider de quoi faire. Ainsi fonctionnait les Grognards, par vote des Capitaines. Le nobliau souleva rapidement les points importants à régler avant de débarquer. Problème auquel ni moi, ni le nain avions réfléchis. Et le silence de s'installer sur nos trombines pendant de longues secondes, jusqu'à ce que finalement, mon manque de patience l'emporte.

Au diable la prudence, Capitaines ! Laissons le Sans-Nom au mouillage, que personne ne reste ici à surveiller pendant que les deux autres gueuletonnent, ou alors ce ne sera certainement pas moi ! Pour ce qui est du pourceau cuistot, s'il refuse de donner son morceau de carte, alors nous le lui arracherons ! Et qui sait, si sa cuisine ne me contente pas, c'est dans son lard que mes chicots iront mordre ! Giah-ah-ah-ah !

La Cloque avait mentionné le fait que sa cuisine soit un malheur, qu'il n'y avait pas plus infecte sur toutes les blues. Ce à quoi j'avais rétorqué en lui expliquant que par le passé, j'avais été contraint à de nombreuses reprises de me servir dans les galtouses. Il m'assura que les déchets avaient le goût d'un steak de bison à la coupe afro en comparaison avec la cuisine de Boll. Cela ne m'empêcherait évidemment pas d'y goûter, ne serait-ce que pour me remplir la panse. Le vote effectué, la décision fut prise et le Sans-Nom fut laissé à l'abri, dans une zone reculée du royaume, en pleine zone de contrebande. Rien ne garantissait qu'il serait encore là à notre retour, mais si un bougre avait l'idée farfelue de voler une épave pareille, c'est que ce monde n'était définitivement plus le même.

Il se terre où le goret ?
On raconte qu'il a une taverne dans les bas-fonds de l'île. L'immondice qu'il y sert en fait sa réputation, on n'aura pas de mal à trouver.
Au risque de me répéter, si nous pouvions éviter de déclencher une émeute pour obtenir ce morceau de carte...


Il a raison de rabâcher le Nikolas, avec les esgourdes qui sont les miennes, on n'entend pas forcément l'intégralité des choses. C'est d'ailleurs une bonne excuse pour avoir à éviter de se justifier trop longtemps si les choses dérapent. Quant à savoir si nous allions attirer ces chiens galeux de la bleusaille, cela ne dépendait que de la réaction de Boll.
    Une paye que j’ai pas foutu ma guibolle dans une ville normale, quand je dis normale, c’est qu’elle ne soit pas composée que de gonzesses, de tentes d’indiens ou d’animaux bouffeurs de gras. Je déambule au milieu de ce petit bout de société et je suis gai comme un pinçon. Il n’y a pas à dire, refoutre les quatre orteils sur une terre sans y avoir été forcé, ça vous change l’esprit. J’ai toujours plus eu le pied marin que le pied de vache, mais par les sept océans, on apprend quand même rudement plus de choses là où il y a de la culture. Un nouveau corsaire qu’il parait, le second d’un des équipages dont j’avais déjà entendu jacter. Pis l’élite de la Marine qui retourne sa veste, Arshibourré ou je sais plus trop quoi. Il s’en passe des choses, c’est toujours quant on croit qu’on est le héro de sa propre vie qu’on se rend compte qu’il y a une histoire plus intéressante dans le livre de chevet d’à côté.

    Beateman semble plus au fait que moi et Blackness, c’est d’ailleurs lui qui fait la lecture de la gazette qu’on venait de tirer à un gamin. C’est pas une zone de Bliss pour les merdeux, un coin pas très accueillant  pour quiconque n’arbore pas de cicatrices plus larges que son pif. Bliss est un sacré pays, il y a suffisamment de représentants de la justice que les bas-quartiers sont mieux fréquentés que les hautes-sphères de certaines villes de South Blue. Les bleus ne sont pas très regardant à partir du moment où t’es loin des chantiers navales, la petite friture et les gros poissons sont tous concentrés dans un coin où les bâtisses sont faîtes de bois plutôt que de pierres. A voir si on est les plus gros de la mare. D’ailleurs, c’est dans une boue typique des coins à gentilshommes de fortunes qu’on pataugeait depuis une bonne minute.

    « Palsambleu ! Il y a des odeurs qui vous requinquent un homme ! Zagaha ! »

    « C’est nauséabonde comme endroit »

    « Zagahaha ! Capitaine Beateman vous êtes un cas à part ! C’est pas ce bon Capitaine Blackness qui dirait le contraire ? Zagaha »

    Silence.

    Je me retourne en regardant vers le haut, l’ancien était entrain de se descendre un litron de rhum plus large que ma bedaine. Il s’était cogné avec le premier ivrogne de passage pour lui tirer sa cruche, j’ai jamais piffré les membres de mon équipage qui picolaient. Mes capitaines, c’était une autre paire de manches. Alors pour le coup, il n’est pas de mon équipage, ni mon capitaine. Parbleu, au diable les anciennes considérations, tant qu’il est capable de défendre sa peau ce vieux braquemart.

    Sploach

    Bordel, ma guibolle vient de se stopper net dans la boue. Attendez voir, c’est pas de la boue ça. C’est une quiche. Une vieille gerbe d’un gars qu’à pas réussi à tenir l’ivresse. Bon dieu que c’est bon d’être en terre cordiale ! Zagaha !

    « Dans mon cas, j’préfère que ça soit avec la guibolle droite ! Zagaha ! »

    « Je crois qu’il y a un monde qui nous sépare, je ne vois pas quel plaisir on retire à marcher dans un monticule de biles… »

    « C’pas d’la gerbe, Cornedouille ! Je m’y connais bien sur ce sujet ! Giah ah ah ! C’était pas encore mâché avant de finir là ça ! »

    Ni une, ni deux, on se retrouve à trois autour d’un tas de truc-non-identifié au milieu d’une rue moins bien fréquentée que l’entrejambe des gonzesses du coin. Je renifle à pleine narine, mon cœur est prêt à se faire la malle par la glotte. Pas de doutes, c’est de la bouffe. J'attrape par la manche un gars qui passe trop près, je plaque sa face contre le truc. "A qui ?"que je lui dis. Il tend son doigt vers la droite.


    Le conte des trois petits Grognons et du grand méchant Porc. Bombe_10

    « Capitaines, vous faîtes comme bon vous semble, mais je ne commanderai aucun plat une fois là-dedans sans échanger au préalable deux mots avec le cuistot… D’ailleurs, connaissant le personnage, il va falloir faire claquer des mâchoires pour passer derrière le comptoir. J'ai autre chose à foutre que d'être prudent... Plus le temps...»

    Le blondin demandait la discrétion, j’ai pas voté pour.
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    Le moins que l’on puisse dire, c’est que Bliss avait des lieux plus touristiques que ça. Nikolas ne connaissait même pas l’existence de cet endroit, et honnêtement, n’en ressentait pas la nécessité. Les gens pataugeaient au mieux dans la boue, au pire dans des substances dont même deux vieux de la vieille comme Tournebroche et Blackness ne reconnaissaient pas l’origine. La pauvreté, la misère et la criminalité s’affichaient partout, sur chaque mur de chaque bâtisse, sur chaque passant, dans chaque odeur. Mais même ici, les nouvelles du Monde parvenaient. Et les deux compères du jeune flibustier avaient un léger train de retard sur ce sujet. Il avait donc profité de la marche du navire jusqu’ici pour les mettre au courant des dernières nouvelles en provenance des Blues et de Grand Line, à l’aide d’un journal arraché aux mains d’un pauvre gosse qui avait croisé leurs routes. Si Tournebroche avait manifesté un semblant d’intérêt sur le sujet, Balior semblait quant à lui plus à l’écoute de ses instincts de vieil ivrogne qu’aux histoires de politique. Il faut dire que sa descente était proprement impressionnante. Et pas vraiment rassurante, non plus.

    Lorsqu’ils arrivaient enfin à destination, indiquée par un tas d’immondices particulièrement repoussantes, Nikolas sentait qu’il commençait à regretter de s’être engagé aux côtés de ses compagnons. De fait, les cafés proprets de Saint-Uréa commençaient à lui manquer, ce qui n’était pas peu dire.  La gargote qui leur faisait face était sans aucun doute l’endroit le plus répugnant que le jeune homme avait jamais contemplé. Il se demandait par ailleurs comment n’importe qui de sensé pourrait entrer dans ce bâtiment pour y commander quelque chose à manger. Même de l’extérieur, tout semblait sale et vieux. Lorsque Scab annonça sa ferme intention d’opter pour une approche directe, comme à son habitude semblait-il, Nikolas ne broncha même pas. Lui qui était adepte de la subtilité et de la finesse, désormais, son envie était simple : passer le moins de temps possible à l’intérieur de cette baraque, du-t-il  en faire sortir son cuisinier à grands coups de pompes dans l’oignon.

    Ils entrèrent tous les trois en même temps, faisant grincer la porte d’entrée en bois rongé par les mites. Baeteman eut un haut le cœur. Si l’odeur de la rue était déjà à la limite de ses capacités de résistance à la puanteur, celle de l’ « auberge » dans laquelle ils venaient d’entrer dépassait tout de connu. Avant même qu’il ne puisse réagir, un « client », ou plutôt un homme dépenaillé et puant la crasse, sortit de l’établissement en toute hâte, bousculant les trois compères sur son passage, avant de rendre son dernier repas à même le sol en crachotant. Il s’exprima, le visage terriblement vert :


    « Vot’ bouffe est p’t’être la moins chère de la ville, mais ça vous donne pas l’droit d’nous empoisonner !  »

    Et de lui répondre une voix grave et tonitruante, depuis l’autre bout de la salle :

    « Si t’es pas jouasse, c’est le même tarif, vieux clodo. T’as qu’à aller d’mander un quignon d’pain aux chantiers, p’t’être que cette fois ils te péteront pas le bras en t’faisant déguerpir ! »


    La réponse cinglante provenait d’une espèce de bar, qui bloquait l’accès aux cuisines, d’où s’échappait par ailleurs le fumet si particulier qui envahissait l’endroit. Il y avait une grande salle principale, plus un escalier menant à un étage et une porte entrouverte menant à l’arrière-boutique, les cuisines.  Une demi-douzaine de tables usées et rongées, entourées de quelques chaises branlantes, faisaient office de mobilier. En tout et pour tout, six clients. Deux d’entre eux semblaient extrêmement miséreux, et avalaient péniblement leurs assiettes, remplies de la même matière qu’ils avaient trouvée sur le seuil de la porte ; les autres étaient de grands gaillards aux cicatrices visibles. Eux ne mangeaient pas, se contentant de boire à une cruche de mauvais rhum. Pour que la salle soit ainsi boudée avec des prix aussi compétitifs, cela en disait long sur la qualité de la nourriture. Le service ne semblait pas très heureux non plus.

    En effet, la voix rocailleuse qui avait envoyé paître le client mécontent n’était pas celle du cuistot, ni même celle d’un des truands de la table voisine (qui étaient d’ailleurs très occupés à dévisager les nouveaux arrivants), mais celle d’un homme maigre, derrière le bar, occupé à « nettoyer » des couverts à l’aide d’un chiffon crasseux. Son visage et toutes les parties visibles de sa peau étaient couverts de tatouages, ses vêtements étaient sales, et son apparence générale lui donnait l’air d’un égorgeur de bas-fonds, d’un pilleur de cadavres, bref, d’une ordure intégrale. A sa bouche pendait une cigarette dégageant une odeur âcre, qui s’ajoutait à la puanteur générale. Il eut un sourire carnassier, montrant ses dents jaunies par le tabac, lorsque les trois hommes entrèrent et commencèrent à s’approcher du bar.

    Spoiler:

    Nikolas devança (il commençait à prendre le coup) les deux autres lorsqu’ils commencèrent à ouvrir la bouche, en s’adressant au barman. S’il y avait un moyen d’éviter le conflit et d’entrer dans les cuisines sans heurt, ce ne serait certainement pas grâce à l’initiative des deux boucaniers gueulards qui l’accompagnaient. Il commença donc, sans prétention ni ton hautain :


    « Salut. Mes amis et moi, on aimerait parler au chef, si possible. En privé.

    - Mais bien sûr mon chou. Tu voudrais pas une p’tite gâterie en prime ?! »

    La salle éclata de rire. Même les clochards se moquaient de Baeteman ; il faut dire que sa gueule d’ange n’aidait pas vraiment à gagner le respect de ces truands endurcis. Il sentit la colère monter en lui, mais il préféra essayer à nouveau la diplomatie, plutôt que de déclencher un événement malheureux.

    « On veut pas d’problèmes. Tout ce qu’on veut, c’est parler au chef.

    - Écoutes moi bien blondinet, tu crois que tu peux débarquer ici avec tes bouclettes et OSER
    (il éleva la voix, postillonnant au visage de Baeteman) me d’mander un service ?! Tires-toi, avant que j’cloue ton p’tit nez en trompette sur la porte d’entrée en guise d’avertissement ! »

    A ces mots, il avait posé son torchon et sorti un couteau rouillé, qu’il avait violemment planté sur le comptoir, avançant son visage vers celui de Nikolas en guise de défi. Ce dernier resta calme, alors que le silence se faisait dans la salle. Même Scab et Balior n’avaient pas bronchés, visiblement un peu vexés que Nikolas ne les ait pas laissé parler en premier abord, et peut être aussi un peu curieux de la réaction du jeune homme. Le musicien sortit, d’un geste lent, un mouchoir de sa poche intérieure, avant de s’essuyer le visage. Il rangea ensuite le bout de tissu à sa place, et fit mine de se retourner pour repartir comme il était venu.

    CLOP

    Le coup fut fulgurant. Le visage toujours tendu au-dessus du comptoir, le barman essuya de plein fouet le direct du droit que Baeteman venait de lui asséner. En pleine poire, quoi. Une gerbe de sang jaillit des narines de l’infortuné employé, qui volait en arrière sous le choc, et percuta les étagères derrière lui, brisant la dizaine de bouteille qui constituait le stock de gnôle de l’établissement, avant de s’affaisser au sol, KO. Nikolas se retourna, les gaillards de la table du fond s’étaient levés. Il regarda ses deux nouveaux amis, secouant sa main droite douloureuse, avant de dire :


    « J’ai horreur qu’on me crache dessus. »
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    GIAH-AH-AH-AH-AH ! PARBLEU ! Nikolas, c'était un sacré gnon ! GIAH-AH-AH-AH-AH ! Pauvres bâtards, craignez les Grognards et surtout, évitez de les froisser ! GIAH-AH-AH-AH-AH !

    La scène était une véritable pépite. Un bonheur pour les mirettes à apprécier sans modération. Vraiment, voir ce crasseux se faire remettre à sa place par le nobliau lui collant un marron, valait bien un tonneau de rhum ! Le bougre me plaisait davantage. Parcourir les mers en sa compagnie ne serait pas un calvaire, loin de là. Par cet acte, il témoignait que sous ses frusques, solidement accrochés entre ses guibolles, se tenait une sacrée paire de roustons. Et ce n'était pas l'autre bouseux avec le naseau pissant le sang qui viendrait dire le contraire ! Posant un regard amusé sur le chien galeux, je ne manquais pas d'observer la réaction des prétendus clients de la taverne. Quatre malabars.

    Gaillards, certes, rien en comparaison avec la bleusaille rencontrée il y a peu. D'une large risette dévoilant une dentition déplorable, je m'avançais de quelques pas vers le quatuor. Sur la table qu'ils venaient de quitter, résidait une cruche dont l'effluve titillant mon museau me rappelait celle de la bibine. Merveilleux. La mienne, arrachée aux mains d'un clochard, venait de se terminer sur mes dernières gorgées. Sa remplaçante était dès lors toute trouvée. Sans un mot à mes compagnons d'infortune, me voilà qui fonce, carafon en avant, les panards claquant lourdement sur le sol. Une charge dont seul moi, Balior Blackness, en détient le secret. Ou presque.

    Rentrer dans le lard d'une personne n'est pas compliqué. Seulement, il faut savoir y mettre l'art et la manière. Encastrer proprement et brutalement le coffre d'un gonze dans un quelconque décor, et non pas simplement lui caresser le bidon. Un grognement déchire l'air. Mes bras à l'horizontale, pognes fermées, je fonce. Droit devant. Et dans ma charge, je cueille quatre fleurs fanées depuis des lustres. Celui du centre n'a pas de chance, c'est mon crâne qui le plie en deux et l'entraîne en arrière. Les autres s'en sortent pas mieux, avec deux tronçons de bois qui s'abattent sur leurs torses et les propulse avec leur ami de beuverie et ma carcasse dans un mur. Du moins, le pécore sur ma bobine échoue contre un juke-box, lui.

    Lourde était la charge, lourd fut l'impact. Balayant tables et chaises dans la percée, incrustant la silhouette de trois insolents dans une cloison. L'engin qui crache de la musique lui, ne s'en sort pas mieux. Le bruit sourd qui s'en est échappé lors du choc en est la preuve. Pour un peu, il en dégobillerait les berrys avalées depuis sa prise de fonction dans cet endroit miteux. Ma trombine n'a pas été épargnée non plus. Elle s'est heurtée lourdement avec l'objet en métal, l'a plié certes, mais en subis les conséquences. J'ai l'impression d'avoir posée ma trogne entre le marteau et l'enclume et qu'un pisse-froid s'en est donné à cœur joie. Un liquide rouge et chaud coule de mon front. J'en ricane, me relève.

    Capitaines, si nous passions en cuisine ? J'ai vraiment besoin de me remplir la panse ! En plus, je ne risque pas de manquer de gnôle avec cette cruche généreusement offerte par ces messieurs ! Giah-ah-ah-ah-ah !

    Quelques pas jusqu'à la table, la patoche qui s'empare de la bouteille. Les quatre malabars remuent, gémissent, sans parvenir à émerger. Ils ne poseront plus de soucis. Je déverse le tord-boyaux dans ma gorge, qui dégouline sur mes loques et ma barbouse, trempe mes bottes et le plancher. Heureux est Balior.

      Bien. Les Grognards ne sont pas des rigolos, j’aime autant que ça se sache vite, plus la rumeur ira vite, moins on aura à mettre de gnons à l’avenir. Pour le moment, ma grande gueule à rendez-vous avec le chef d’orchestre de ce taudis. Je passe sous la planche du comptoir sans prendre le temps de la lever, pas besoin de baisser ma trogne, ça décroche un sourire à Beateman, je le vois pas, mais je le sens. J’enfonce ma guibolle dans le bide du tatoué qui vient de se faire moucher par le compagnon à la plume et je donne un coup d’épaule dans la double porte battante sans un regard derrière.

      Putain d’odeur qui me soulève les tripes et m’arrache un glaviot du fond de la gorge. Que de souvenirs qui reviennent en tête, la belle époque avec Bylly. Les petits repas à emporter de ce gros porc de Boll qu’on préférait balancer sur les bêtes sauvages pour les éloigner, les réserves de bouffes succulentes qu’on se mettait dans les réserves avant que ce maudit cuistot n’arrive à les transformer en bouillie dégueulasse. Que de souvenirs.

      Le carrelage est plus gras qu’un pont après un abordage, je n’aperçois pas ce salopard de porcin, mais seulement une large étagère en travers recouverte de plats et de couteaux rouillés. Je claudique en grimaçant par habitude et je contourne le meuble pour tomber face au dos d’un camarade que j’étais heureux d’avoir oublié. Il cuisine devant d’immenses flammes et fait sauter de la bidoche avec une poêle monumentale. Il m’a entendu ce cochon là ou je dois lui rappeler les bons usages ? Zagahaha.

      « Tournebroche… Ta patte de bois qui frappe le sol… Voilà un son que je ne pensais pas entendre jusqu’à s’que je cane… Groink groink ! »

      Il se retourne. Une bonne tronche de jambon qui me renvoie neuf piges en arrière.


      Le conte des trois petits Grognons et du grand méchant Porc. Truc14

      « Cornebleu ! Toujours le même sale porc ! Cet aspect puant la charogne et ce gras agressif qui déborde de partout… T’as les couilles de ne pas blêmir de me revoir après t’être barré sur Shabondy ! »

      «… Parait que t’es toujours le jouet du Baffeur… T’as fini par redevenir contremaître ? A marquer comme du bétail ceux qui te désobéissent… »

      Il l’a pas oublié ce coup-là. Ce jour où il a tenté de me trancher avec l’un de ses couteaux, après que je sois venu lui cracher sa bouse bourrative à ses sabots. Le soir même, j’avais fais rougir un fer et mon « T » l’avait marqué définitivement sur l’épaule droite. Bylly s’était tellement marré qu’il en avait brisé la bouteille de gnole qu’il empoignait. Souvenirs.

      « Le Baffeur n’est plus, je suis mon propre capitaine maintenant »

      Il se retourne en rigolant grassement et fait danser la poêle sur les flammes.

      « Groink ! Groink ! Alors t’es venu bouffer mes merveilles ! »

      J’entends la porte battante qui frappe derrière le meuble, les Grognards doivent s’impatienter.

      « Je suis venu pour le morceau de carte de Bylly »

      Il lâche un gros ricanement et balance une poignée de sel dans une marmite à sa droite.

      « Groiiink ! Sacré Tournebroche ! Tu te mets à poursuivre des fantômes… Voilà une paye que tu t’es fais doubler »

      «Parbleu ! Qu’est-ce que tu baves ? »

      Il se retourne en versant la poêle dans une assiette qu’il pose sur une table à ma gauche.

      « Tu crois que t’es le seul à avoir eu l’idée d’réunir les morceaux de cartes de la Lame Sombre ? Groink Groink ! Bik’, cette sale anguille, est déjà venue me menacer… Tu le connais, il est pas du genre à laisser l’choix ! Groink ! Il est devenu contrebandier sur Urea, j’lui ai tout filé… J’te paye ton repas la Cloque »

      Bordel, enfoiré de Bikaros. Trop con d’avoir pensé être le seul sur ce coup. Je sens une grosse silhouette derrière moi et une autre plus fine. Les Grognards.

      « Le capitaine Blackness ci-présent a le palais moins tendre que le mien… Zagahaha… Capitaines, on s’est fait doubler visiblement… »

      Je m’adresse aux deux avec une sale trogne dépitée, le porc se cure le nez en lâchant un rire qui se gourde de ma pomme.
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      Pour une surprise, en voilà une sacrée. Après avoir rétamé les sagouins de la grande salle, et fait fuir les deux clochards sans demander leur reste (ce qu’ils n’auraient sans doute pas fait de toute façon), les Capitaines Balior et Nikolas s’étaient empressés de rejoindre leur compagnon dans la « cuisine », si tant est que l’on puisse utiliser ce mot. La saleté et la puanteur de l’endroit n’avaient d’égal que celles de son principal et repoussant occupant, le cuistot ancien « ami » de Tournebroche, Boll le Gros Porc. Et c’est qu’il portait bien son nom, le bougre. Mi-homme, mi- cochon, sa bedaine imposante dépassait partout où elle trouvait un espace pour se frayer, entre les vêtements et les instruments de cuisine crasseux pendant à sa ceinture. Nikolas, durant ses voyages sur les Blues ces dernières années, avait eu l’occasion de voir bien des choses étranges, mais cette fois, c’était une première.

      Il avait bien sûr entendu parler de ces légendaires Fruits, qui donnaient disait-on à ceux qui les mangeaient des pouvoirs défiant l’imagination, avec pour seule contrepartie de couler comme une enclume une fois immergé dans l’océan. Il avait croisé des dizaines de types prétendant avoir ingurgité un Fruit du Démon, et qui à chaque fois, s’avéraient n’être que des charlatans aux tours de passe-passe éculés tentant d’impressionner la populace pour quelques piécettes. Il en finit par conclure que les réels utilisateurs de ces pouvoirs ne devaient certainement pas les exhiber à qui mieux-mieux, et gardaient secrètes leurs capacités, pour de multiples raisons parfaitement compréhensibles. Néanmoins il en était certain, ces mystérieux fruits existaient bel et bien, et il avait dévoré le moindre petit ouvrage qu’il avait pu trouver sur la question. Et enfin, devant lui, se tenait la preuve.

      Un Zoan. Certes, les circonstances de cette découverte gâchaient quelque peu la beauté de l’instant, et Boll était loin d’avoir la majesté imaginée par Baeteman concernant les possesseurs des pouvoirs du Démon. Lui se contentait de renifler bruyamment en grognant, tout en touillant d’une main l’infâme contenu de sa marmite et en répondant aux questions de Tournebroche. Bien vite, il lui fit d’ailleurs comprendre qu’il était trop tard, et que les Grognards s’étaient fait coiffer au poteau. Le Porc eut un petit rire moqueur et se retourna vers ses fourneaux en achevant :


      « ‘Peut plus rien faire pour vous, les gars. Alors décampez d’ma cuisine, et qu’ça saute. Groink ! »


      A ces mots il se gratta l’arrière train, poussant son tablier, baissant son pantalon d’où dépassait une ridicule queue en tire-bouchon, et dévoilant une bonne partie de son derrière crasseux, au grand dam des mirettes de Nikolas. Les deux autres Capitaines avaient détourné le regard en jurant, mais celui de Nikolas était resté fixé sur le spectacle. Non pas qu’il appréciait particulièrement les derrières porcins, mais un détail l’avait interloqué. Alors que le pantalon de Boll s’était affaissé une ou deux secondes, Baeteman aurait juré apercevoir un étrange tatouage, du moins en partie, sur la fesse droite du cuistot. Il en fallait moins que ça pour éveiller la curiosité du jeune homme. Il porta sa main droite sur la poignée de sa rapière, avant de faire un signe de tête à son compagnon de droite.

      « Capitaine Blackness, me feriez-vous ce plaisir ? »

      L’ancêtre compris de suite de quoi il s’agissait. Il était évident que les Grognards ne pouvaient pas repartir comme ça, bredouille, et cela semblait beaucoup contenter le vieil alcoolique. Il s’avança vers le Gros Porc, toujours de dos, un sourire haineux sur le visage. Arrivé derrière lui, il saisit son bras droit (ou plutôt sa patte, à vrai dire cela était plutôt flou) et le tordit dans son dos, arrachant un grognement de douleur à sa victime, avant de saisir la tête de cochon de sa main gauche et de la porter à quelques centimètres du contenu bouillonnant de la marmite.

      « GroOoOooiiIIiIIIIIIIK ! J’peux rien vous dire de plus, juré craché ! »

      Ce qu’il fit, en plein dans la soupe du jour. Nikolas tira doucement son arme de son fourreau, faisant volontairement durer le son métallique, afin de faire mijoter le gros lard. Il continua, d’une voix doucereuse :

      « Pas besoin de parler, Boll. Je sais déjà ce que je cherche… »

      Il s’approcha de sa victime, et d’un geste vif, horizontal, Menteuse fendit l’air. Le cuisinier, suant à grosses gouttes, laissa échapper un petit cri terrifié, avant de reprendre de plus belle ses grognements affolés. Lentement, la partie inférieure de son tablier glissait vers le sol, tranchée net.

      « Estimez-vous heureux que je n’aie pas le penchant de notre ami pour la boisson, Boll. »

      Balior éclata d'un rire tonitruant.

      « A… Allez-vous faire foutre ! J’ai plus rien, j’vous dit ! Grouik ! Grouik ! »

      A quatre reprises, la rapière de Baeteman virevolta vers l’arrière train du cuistot, et un pan entier du futal de l’incongru tomba au sol, dévoilant le fameux tatouage. Un tatouage fessier qui ressemblait pour s’y méprendre… à une carte. Nikolas rengaina, et s’adressa à ses compagnons, tout sourire :

      « Capitaine Tournebroche, est-ce ce que vous cherchiez ? »
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      Foutrebleu ! Quel tableau dégoûtant nous avons là ! L'immondice qu'il mijote dans ses marmites crasseuses ressemble à une somptueuse cruche de gnôle à côté de ça ! Giah-ah-ah-ah-ah !

      Boll, crénom de nom, tu fais salement honneur à l'animal que tu es devenu en bectant ce fruit maudit ! Si j'étais parvenu à me remplir la panse avant que Baeteman expose ton lard fessier à mes mirettes, la boustifaille serait ressortie par le bec ! Sur la fesse du gros porc, un dessin tatoué. Qui ressemble à un bout de carte comme celle trouvée dans la quille en bois du nain bedonnant. Celui-ci, après observation du croquis, hoche le carafon en signe d'acquiescement. C'est bel et bien ce que nous étions venus trouver ! Et ce coquebert de cuistot qui jurait le contraire il n'y a pas cinq foutues minutes ! De ma paluche, je lui replonge le groin dans son bouillon.

      Le conte des trois petits Grognons et du grand méchant Porc. 80060010

      Qu'il incruste dans sa binette qu'on ne prend pas les Grognards pour de vulgaires bachibouzoucks. Ce après quoi j'invite le Capitaine Baeteman, dont le maniement de la lame n'est plus à prouver, d'un sourire mauvais, à collecter la carte. C'est certes répugnant, néanmoins inévitable pour ne pas repartir d'ici les battoirs vides. A moins que l'un d'eux soit doué en dessin. Bien. Place à la découpe. Le pourceau ne bronchera pas, il sait que c'est dans son intérêt s'il ne veut pas perdre la totalité de ses grosses miches. Et avec moi et la Cloque qui le tenons fermement, il n'en aurait de toute façon pas la possibilité. Niko lève sa rapière, Boll se raidit, tremblotant et suant...

      CORPS-DIEU, BOLL ! AURAIS-TU LES ESGOURDES QUI FLANCHENT OU C'EST MA VOIX QUI T'INSUPPORTE ?! UNE PLOMBE QUE JE T'APPELE DE L'AUTRE COTE POUR TENTER DE SAVOIR CE QUI SE...

      Le sifflet de l'individu est fauché dès l'instant où il pose les paturons en cuisine, se retrouvant le naseau face à une scène des plus ambiguës... Le chasses qui s’arrondissent, sa mâchoire du bas manque de se décrocher tandis que la bouteille entre en surchauffe. Un silence de plomb envahit la pièce, les quatre forbans se zyeutant dans un mutisme absolu. Tenter de clarifier la chose ne mènerait à rien, il était déjà trop tard. Alors j'opte pour la solution de facilité, démantibuler le casse-burettes. Je lâche aussitôt le porcelet, avertissant les Capitaines que je m'occupe de gérer le branquignol pendant qu'ils achèvent la tâche. Le bougre, forban également à en juger ses loques, se remet péniblement du choc visuel.

      L'ancêtre... je ne sais pas ce que tu me veux à t'approcher ainsi, mais il vaudrait mieux pour toi ne pas faire un pas de plus sinon tu vas...

      Il est déjà trop tard. Le temps perdu à discutailler m'a suffi à arriver à sa portée, ma patoche fermée s'est alors écrasée avec fureur sur le bourichon du malheureux. Caillou qui s'est tassé à la force de l'impact. Sa masse est allée s'écraser contre une étagère de produits périmés. Un mélange tonitruant de casse et d'un rire gras finalisait l'acte. Déboussolé, il s'est relevé, se massant le jeu de dominos, me fusillant du regard, ce qui me fit éclater de rire avec plus de coffre encore ! Voilà ce que j'attendais ! Après s'être remis sur ses quilles, s'ensuivit un moment où nous nous mirions en chien de faïence. Tricorne sur le crâne, vêtu de guenilles, une botte au panard droit, une sandale à celui de gauche, il transpirait la misère.

      Le conte des trois petits Grognons et du grand méchant Porc. Monkey10

      Sabre sur le flanc gauche, il empoigna celui-ci, entraînant une réaction similaire de ma part, la différence étant que j'en avais deux. Regards hargneux, grognements sourds, nous nous jetions l'un sur l'autre. Nos lames s'entrechoquant dans un tintement et une gerbe d'étincelles, l'échange dura quelques dizaines de secondes. Il me déchira le torse à la diagonale une première fois, ses deux épaules subirent le même sort. L'acier de son sabre fit mouche une fois de plus, se frayant un chemin dans la chair de ma guibolle. Il encaissa en réponse un coup de carafon qui le déstabilisa, lui brisant l'arcade. Il voulut m'embrocher la panse, mais mes lames firent bloc et repoussèrent son sabre.

      Son poing martela à deux reprises ma joue, sa lame fit valdinguer mes sabre loin dans la cuisine et sa botte m'écrasa le bide, m'expulsant contre une table qui se retourna et s'écrasa avec moi. L'air dédaigneux qu'il arbora suffit à me donner la hargne de me relever dans la foulée pour lui rentrer dans le lard. Cueilli au niveau de la ceinture, ses panards décollèrent un instant du plancher des vaches pour finalement s’emplafonner brutalement avec mon aide contre une lourde close. Du moins, qui l'était. S'ouvrant sur le choc, nous nous écrasions à l'intérieur de la pièce qu'elle renfermée. La morsure glaciale avec le sol anormalement froid suffit à me mettre la puce à l'oreille quant à l'utilisation de cette salle.

      Une chambre froide. Fouchtre, ma carcasse me fait un mal de chien ! J'ignore qui est ce type, ce que je sais, c'est qu'il en tient une sacrée paire de roustons. Roustons que j'écrase sans m'en rendre compte, avant de me relever et de mirer la pièce. Outre la température basse qui me fait claquer les chicots, j’aperçois surtout un nombre affolant de cochons cannés, suspendus à de lourds crochets métalliques. Tous en attente de finir dans la casserole miteuse de Boll. Et la présence de deux étagères le long des cloisons de tribord et de bâbord. L'autre à mes pieds babine, pas assez frais pour se relever. Alors je profite de cet instant de répit pour contenter ma faim.

      Ce qui n'est jamais arrivé en plus de soixante-dix années de ma chienne de vie, m'enfin. Je décroche un cochon, ramasse le sabre du panouille, et en découpe un morceau de lard que je mastique nerveusement. Forcément, la viande froide, c'est pas très succulent, j'ai pourtant connu pire en sondant les poubelles... Focalisé sur mon bout de gras, je remouche pas l'autre corniaud qui laisse pas filer sa chance. Il me flanque un marron dans les roubignolles. La géhenne qui m'accable est proportionnelle aux litres de gnôles engloutit ces dix dernières années. Imaginez. Je choir inévitablement à genoux, alors qu'il se relève. Il récupère sa lame, la lève haut et l'abat en direction de ma jugulaire.

      Trop lent. Instinctivement, ma dextre lui brise les noix. Quand tu te bats pour ta survie, les coups de putains sont les plus efficaces. Les rôles s'inversent. Il choir. Déguste. Je mords. Ouai, comme un crève la dalle sur un morceau de viande. Je mords. La gorge. Ne lâche pas. Y'a son sang qui gicle dans toutes les directions, lui qui hurle un moment, puis plus rien. Je le lâche. Il agonise, pas encore canné le fumier. Je le soulève et lui enfonce le crochet laissé libre dans les baloches. Je suis quelqu'un de vachement rancunier, c'est la sénescence qui veut ça. Je me laisse le temps de respirer un bout, que mon cœur cesse de s'emballer, il ne faudrait pas claquer cardiaque, ce serait con après un pareil combat.

      Je cane toujours la pégrenne, moi. Et ce n'est pas cet excrément qui va me rassasier !

      M'approchant des étagères, mon bras balaie la bouffetance y créchant, envoyant le tout valser à terre. C'est fou toute les conneries qu'entrepose ce gros porc et qui devrait avoir été jetée depuis des lustres ! Je renouvelle mon geste. Une fois. Deux fois. Goûte cette chose étrange au goût si infecte que je le recrache aussitôt. On croirait manger de la mort au rat. Troisième fois. Quatrième fois. Nouvelle chose qui me passe entre les molaires, aussi écoeurant que l'autre. J'expulse un glaviot. Cinquième fois. Dernière étagère en fond de chambre. Uniquement posée sur celle-ci, un fruit. Marron. Rond. Je jurerai sentir des poils au toucher. Peau dure. Comestible ?

      Je sors finalement de la chambre froide, l'air du type qui a trouvé son bonheur au marché, brandissant ma trouvaille aux Capitaines. J'ai complètement oublié que le sang de l'autre énergumène dégouline encore de mes lèvres, souillant ma barbouse hirsute et lui donnant une toute nouvelle teinte. Que l'estomac lascaille son flot de raisiné lui aussi, suite à mes plaies.

      Capitaines ! J'ai finalement de quoi me remplir la panse ! Où est-ce qu'ils cachent le rhum que j'accompagne cela comme il se doit ?! Giah-ah-ah-ah !


      Dernière édition par Balior Blackness le Sam 30 Nov 2013 - 14:12, édité 1 fois
        « Cochoncuit ! Tu devras me connaitre depuis le temps Gros Porc ! Je hais qu’on me prenne pour un jambon ! »

        Il a failli m’avoir ce gras là, mais les globes de Beateman sont tellement affutés qu’il serait capable de voir une puce sur un hamac. Debout sur un tabouret, j’enfonce le groin de Boll dans sa marmite, il couine à m’en percer les esgourdes. Je regarde le blondin et je lâche un de mes rires tonitruant. Il baisse sa lame affutée comme un rasoir et le porcin gueule en avalant le bouillon. Une belle tranche de jambon de fesse marqué du morceau de carte tombe sur le sol poussiéreux. Je lui relève la face, un rognon tombe de sa narine gauche.

        « Zagahaha ! Avant de se mettre à table une dernière fois vieux frère, cette anguille folle de Bikaros, elle devient quoi sur Saint Urea ? Contrebande ? Pour qui ? »

        « Oiiiink… Pfff… Mon cul putain… J’vais encore avoir une balafre qui sera de ta faute Tournebroche… »

        Je lui refous la gueule dans le jus. Beateman ramasse le morceau de peau du bout des doigts avant de le rouler en parchemin dans un vieux torchon. Blackness tambourine dans la chambre froide avec le clodo. Je remonte la groin.

        « C’est le capitaine Beateman qui t’as balafré, Cornebleu ! Tu oses transformer l’exploit d’un pair devant mes yeux ? »

        « C’est quoi cette… pfff… Idée de se revendiquer capitaine sans le moindre équipage ? C’est d’la merde, ça prendra jamais ! Groiink »

        L’enflure de cochon profite d’un coup de sabot dans le tabouret pour me faire perdre l’équilibre, je lâche la pression. Tout en tombant, je le vois saisir deux couteaux. Il pare la fente du nobliau et lui balance un coup de sabot dans le bide, je vois les deux lames s’abattre sur ma trogne. Je roule sur le flanc, une gerbe d’étincelles me chauffe le cou. Aussi sec, je vrille au sol et ma gambette de bois vient lui broyer ses pieds de cochon. Il tombe de tout son lard, il a perdu en neuf piges à s’engraisser ici. Je me redresse et je viens saisir ses deux instruments, d’un coup vertical, je lui fais sauter les deux joues. Il pisse le sang et il gueule en roulant sur-lui-même. Je replace le tabouret et j’aligne une poêle sur le feu tout en m’adressant à lui.

        « Là, c’est moi qui t’es balafré andouille ! Je répète, Bikaros ? »

        « Oiiink ! Putain de fou ! C’est pour ça que j’ai déserté le Fâcheuse Destinée ! Des cinglés ! Oiiink ! Bikaros est passé ici il y a un an, pour la même raison que toi Tournebroche ! Sauf qu’il est moins malin que la moyenne, plus fourbe et plus vorace cependant… Je l’ai payé après lui avoir dis que c’était toi qui me l’avais prise… Depuis, je sais qu’il alimente la contrebande d’esclaves à Urea au niveau de la Pointe du Tailleur… Tu le sais Tournebroche, il était le meilleur cambusier des sept mers… Il fournit le meilleur dans tous les domaines… Oiink… »

        Je fais saisir la viande.

        « Il fournit quel bâtiment ? »

        « … Le Hollandais Voleur à ce qu’il parait »

        « Mensonge ! Parbleu ! Une putain de légende ! Ne me prends pas pour un morceau de lard Boll ! »

        « La peste ! Que j’te l’dis ! »

        Je retourne les deux joues, presque à point.

        « Mais tu t’engages sur une quête qui te conduiras à la mort toi et tes compagnons ! Tu n’imagines même pas ce que sont devenus le vieux Abe et les autres ! Tu crèveras écrasé comme un nain chez les géants ! Ah-Oink-ah !»

        Je me penche vers lui avec l’une de ses joues dans la gueule, la graisse dégouline de mes babines jusque sur le coin de sa mouille.

        « Gn’e t’en fais pas Gn’pour moi… Cochon ! Zagahaha ! »

        Capitaines ! J'ai finalement de quoi me remplir la panse ! Où est-ce qu'ils cachent le rhum que j'accompagne cela comme il se doit ?! Giah-ah-ah-ah !

        Il fait peur ce vieux Blackness, ça fait plaisir à voir une fraicheur pareille. Il a trouvé de quoi se remplir l’estomac visiblement, il… Parbleu ! Je me repenche sur Boll qui tire une tronche de cent pieds. Ca confirme ce que je pense.

        « Morbleu ! Capitaine Blackness, vous tenez là un fruit démoniaque ! Qu’on me les coupe si je me trompe ! Enfoiré de Boll, tu fais aussi du trafique de valeur ! Toujours aussi débrouillard ! »

        « Oiiink ! Me prenez pas ce fruit ! J’ai un établissement qui me coûte un bras ! La vente de c…»

        La chaussure de Blackness vient s’exploser contre le groin du cochon qui décolle contre son armoire dans un geyser d’hémoglobine.

        J’suis un pirate gras du bide, pas un enfant de chœur, j’tai demandé où est ton rhum !! Giah-ah-ah !!

        Boll pointe une trappe dans le fond de la cuisine.

        « Zagahaha ! Faisons le plein et en route pour Saint Urea capitaines ! Nous avons une légende à chasser… »

        La porte de la cuisine explose en recouvrant la carcasse sanguinolente de Boll. Bordel.

        « Boarf… Encore coincé ! Dites voir, pourriez pas m’aider ? »

        Le gros roux ! Ça sent mauvais ça ! Cornebleu !
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        Baeteman cligna des yeux, plusieurs fois. Il secoua la tête. La scène qui se déroulait sous ses yeux était juste… surréaliste, c’est ça. Il n’arrivait pas à décider ce qui l’avait le plus estomaqué dans toute cette histoire ; lui découpant la fesse droite d’un homme-cochon, la Cloque se faisant braiser un lambeau de joue de son ancien pote cuistot, Blackness s’étripant bec et ongles avec un clochard et ressortant, triomphant et la barbe imbibée de sang, d’une chambre froide, un Fruit du Démon dans la paluche… Et puis quoi encore ? Alors qu’il pensait que la situation ne pourrait jamais être plus grotesque, la porte de la cuisine vola en éclats, laissant apparaître, coincé dans l’encadrement, le Sergent Teachot Matthew. Le colosse roux demanda de l’aide de sa voix tonitruante, avant que ses petits yeux ne se mettent à balayer la pièce et à contempler le spectacle. Sa réaction fut au moins équivalente à celle de Nikolas : son regard écarquillé fit plusieurs allers retours entre Boll, gros lard sanguinolent étendu au sol les joues tranchées et les fesses à l’air, Tournebroche, un bout de ces mêmes joues toujours entre les dents, et le musicien, un torchon ensanglanté dans la main gauche et sa rapière dans la droite. Balior quant à lui était déjà à moitié plongé dans la trappe, et en ressortit lorsque le marin fit son entrée, une bouteille déjà au bord des lèvres. Le silence était glacial, et ne fut rompu que par le bruit de verre qui se brisait sur le sol, quand le Capitaine Blackness eut enfin terminé de descendre sa bouteille, et en prenait déjà plusieurs autres dans les bras, avec la ferme intention de les ramener avec lui sur le Sans Nom.


        « BOUDIOU ! SALANZAR, GAMINE ! C’EST EUX ! »



        Le Marin avait gueulé en tournant la tête ; et visiblement, ce n’était pas de bon augure pour les Grognards. Il reporta alors son attention sur les pirates.


        DONG


        A l’instant où il avait tourné la tête devant lui, une énorme poêle à frire s’écrasait sur son visage, lui aplatissant le nez et le faisant tituber vers l’arrière. Son poids arracha un pan entier du mur dans lequel il était encastré, alors qu’il tombait à la renverse dans un déluge de poussière et de débris. Niko se retourna, ébahi ; Scab se tenait là, sur son tabouret, hilare et visiblement très fier de son coup. Balior pointa alors le bout de son nez, contemplant la scène, les bras chargés de bouteilles, et son Fruit du Démon trônant fièrement sur ce trône d’alcools forts. Il allait congratuler Tournebroche pour son tir, lorsqu'une de ses petites protégées vola en éclat, et qu’une balle ricochait contre une casserole derrière lui, venant se ficher dans le plafond. Nikolas se pencha légèrement en avant, et vit, par-dessus le Sergent Matthew qui tentait péniblement de se relever, la jeune rouquine au fusil, déjà en train de le remettre en joue. Le deuxième projectile lui passa juste devant le nez, au moment où il basculait vers l’arrière pour éviter la trajectoire ; projectile qui vint percuter le mur, à quelques centimètres de la Cloque. Ce dernier jugea alors bon de descendre de son perchoir, et de s’exprimer à ses camarades :


        « Capitaines, je crois qu’il est bien temps d’nous faire la malle ! ZAGAHAHA ! »


        En effet, les Grognards avaient ce qu’ils étaient venus chercher ; et même plus. Le bon sens leur disait de se carapater, et vite, si possible. Nikolas chercha donc une issue, la pièce centrale étant bloquée par les trois fous furieux de la Marine ; bien que le troisième, La Massue, ne s’était pas encore montré, ce qui n’était pas pour rassurer le musicien. Il repéra donc une porte, planquée derrière les fourneaux, qui devait certainement être l’entrée de service.


        « PAR ICI ! »


        Il devança ses compagnons et explosa la serrure d’un grand coup de botte, envoyant la porte moisie voler au dehors. La sortie débouchait sur une petite ruelle adjacente à la travée principale, qui servait visiblement de vide-ordures. Et dire que le jeune homme pensait en avoir fini dans l’escalade de la puanteur…  Il prit son courage à deux mains et s’engouffra dans la pénombre, accrochant fermement le torchon rougi à sa ceinture. Il ne se retourna pas pour voir si les deux autres Grognards étaient sur ses talons. Mais alors qu’il comptait bien décamper le plus rapidement possible, derrière lui, un immense fracas se fit entendre en provenance de la cuisine…

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        Un sentiment de haine m'arrache les tripes alors que les quinquets de la pimbêche rousse croise les miens. Je l'ai mauvaise. Très. C'est tout le palpitant qui s'emballe, mon sang qui bouillonne et le carafon qui surchauffe. Désarticuler. Disloquer. Démantibuler. Cette péronelle ne sortira pas d'ici vivante, j'en fais le serment ! Oser gâcher une si bonne bouteille de gnôle, j'en suis sur le derche. Muet comme une tanche, je dépose le stock de rhum encombrant mes bras dans un coin de la cuisine, en retrait, en sûreté. La verdouze avec. Un fruit maudit, hein ? Sacré chançard que tu es Balior, tu vas pouvoir t'en mettre plein la panse avec celui-là ! Je reviens me placer en face des deux bleusailles, le regard noir. Un grognement monstrueux sort d'entre ma rangée de dominos, mes paluches, tremblant frénétiquement, se ferment.

        CHIENNE ! SALE FILLE DE JOIE ! GRELUCHE ! CRUCHE ! PUTTERELLE ! VIPERE ! PESTE ! GOUGE ! COUREUSE DE REMPARTS !

        Un véritable déferlement de jurons à l'encontre de la garce, qui n'a pas le temps d'en placer une pour tenter de stopper l'averse. Quand j'en ai finalement terminé, les postillons tirés en masse forment une flaque près de mes paturons. La bave se mêle à ma barbe, y'a le bourrichon qui a viré au rouge vif et le souffle qui se fait rare. J'ai tout donné. Pourtant, je ne me sens pas mieux. Toujours furibard. Il n'est plus l'heure de brailler, mais de moucher. Je me jette sur elle, qui vise de son flingot, prête à m'aligner quand elle m'aura calé dans son viseur. La détente est pressée, un objet métallique fuse depuis mon dos, siffle à côté de mon esgourde pour entrer en collision avec les pruneaux. Juste assez de quoi dévier la trajectoire des dragés de plomb.

        La vue en coin de la Cloque se bidonnant me fit piger qu'il s'agissait de son intervention. Lui non plus n'avait pas encore enfilé la venelle. La gonze n'ayant plus le temps de recharger, j'lui rentre dans le lard comme il se doit. Ma bascule lui écrase le buffet et l'encastre dans une cloison avec fracas. Barbe rousse se remet sur ses quilles et noie la cuisine sous la ferraille que renarde son tromblon, tentant de percer le rase-terre ventripotent. Ma paluche s'empare de la fiole de cette guenipe, pour mieux la tamponner. Un élément extérieur m’interromps dans mon élan, faisant irruption de la plus abrupte des manières. En passant à travers le mur contre lequel s'était écrasée la greluche, tout simplement. Un grand gaillard recouvert de plaques d'acier et à la barbouse grisâtre. Mordiable, Salanzar.

        On l'aurait presque oublié, celui-là.

        Matthew, sapristi ! On n'a pas idée de rester camper devant une si petite entrée ! Comment tu voulais que je passe, moi ?
        Boarf ! Si tu n'as pas de porte à ta disposition, alors créer la toi-même, n'est-ce pas ?


        Et tous deux de se gondoler comme des serpentins en goguette, visiblement fier de cette entrée en matière tonitruante du plus antique des deux frangins d'altèque. Je bazarde instinctivement la rousse pour m'occuper de cet amas d'acier, mais son énorme battoir de métal me prend de vitesse. Il frappe au mouloir, de bas vers le haut. Mes panards décollent du plancher des vaches et mes vieux os s'envolent un instant, pour mieux se fracasser au milieu de vaisselle et autres ustensiles de cuisine. Tonnerre de Marie-Joie ! La force de ce pédéraste n'a définitivement rien à envier à la mienne. Deux ancêtres incroyablement conservés, qui n'ont pas fini de briser les ambitions de jeunots vendeur de fumée, quelque soit la faction d'où ils peuvent bien provenir. Maugréant des jurant comme un charretier, je me redresse, une main sur le dos, grimaçant.

        Dans mon état actuel, impossible de venir à bout du mastodonte. Il m'a déjà dessoudé une fois, il recommencera aujourd'hui. Sauf si j'ingurgite ce fameux fruit maudit. Chose que je ne tarde plus de réaliser, fourrant sans réfléchir le tout dans le bec, les ratiches s'activant à réduire le tout en bouillie pour mieux avaler sans risquer l’étouffement. Première bouchée avalée. Immonde. Ma mine se décompose, les châsses qui s'ouvrent en grand. Seconde bouchée. Infecte. Je manque de dégobiller. Troisième. Vomitif. Les abattis qui flanchent, la bobine qui vire au pâle. Une de plus. Turpide. Si je persiste, c'est uniquement pour les pouvoirs qui seront miens. Dernière. Inqualifiable. Je crache ma salive, attrape le tord-boyaux, le fait couler dans le gaviot, soulagé.

        Voilà une bonne chose de faite. Exposant à la trombine de la marine une rangée de chicots pourries, je me demande quel pouvoir va m'être attribué ? De longues secondes s'écoulent et rien. Ventre-Dieu. Pourquoi est-ce si long ? Patience Blackness, c'est en chemin. Bientôt, tu déchireras le monde par de vigoureux tremblements de terre, comme le défunt Edward Newgate avant toi ! De nouvelles longues secondes s'écoulent. Mon estomac s'agite. La binette s'illumine. Une violente crampe au cornet m'assaille, me tordant en deux sous la douleur, rapidement suivi par une vague de ses sœurs jumelles, qui me terrassent. Dans de longs hurlements témoignant de la géhenne m'envahissant, je me tords dans toutes les positions, sur le sol crasseux des cuisines de Boll.

        Maudit gros porc... j'aurais ton lard !
          Bon dieu ! Le destin se veut fourbe en nous mettant des bâtons dans les jambes de bois, les trois Marines de la dernière fois ont repris du poil de la mouette. Ils sont là à se pencher au-dessus du corps de Boll, il est complètement dans le gaz le gros porc.

          « Boarf ! Il est clamsé le cochon ! Dix contre un !  »

          « Tenu beau-frère ! »


          La rouquine enfonce son engin sous le tire-bouchon de l’ancien cuistot de Bylly. Bordel, elles sont toutes cinglées les gonzesses que je croise ces derniers temps. Dès qu’il sent l’encolure du canon pénétrer là où ça fait mal, il se réveille et fait volte face avec une dizaine de couteaux par pur réflexe anti-sodomite.

          « GROIIINK ! CREVEZ !... QUE ?!!”

          BOAM ! BAM ! PAM !


          Une gerbe de sang porcine recouvre  les armes  meurtrières des trois sergents d’élites. Le gros Matthew se remplit sa choppe avec de la bière de l’établissement, une mousse épaisse dégouline de ses moustaches rousses.

          « Tsss… La guigne… Je commence à te devoir une sacrée ardoise»

          « Salanzar gagne toujours ! Zoulah-lah-lah !!! »


          Ce sacré lâche de Boll vient de clamser de la main de la Marine, ce foutu monde est injuste. Il méritait la corde ou la planche, le fouet à la rigueur, mais pas ça. Se faire trouer la bidoche par des Bleus sans avoir les sabots sur le pont d’un navire, c’est une poisse dont je me passerais volontiers, Parbleu ! Debout l’ancêtre !

          « Capitaine Blackness ! Vous allez cracher vos tripes ailleurs qu’ici ! Sacrebleu ! »

          Je galope à sa hauteur, mais je sens aussitôt une poigne solide qui m’attrape par les ceinturons de cuir de mes épaules. La rouquine me balance dans une poutre, j’avale du copeau, je me relève, j’avoine le bide de barbe grise qui passe à ma hauteur, il se courbe et je lui passe entre les jambes. Je vois la bougresse qui marche avec conviction vers Balior, une fraction d’inattention qui me vaut l’impact de l’énorme masse d’acier de barbe grise. Je vole une nouvelle fois en rase-motte, enfin à taille de nain, vers mon opposant attitré lors de la première bataille : Teachot Matthew, le roux.  Mon crâne tape son gant d’acier qui me plaque au sol, le canon plaqué contre ma face. Il est si large qu’il avale la totalité de ma tête et me plonge dans le noir. Palsambleu ! J’ai l’échine qui mollit. Mais qu’est-ce que fous Beateman ?

          « Boarf ! Petit homme neutralisé »

          Le clic du chien résonne dans tout le canon jusque dans mes esgourdes. Plus loin, moins fort, un second chien retentit.

          « Je suis déçue… Le vieux gueulard est aussi neutralisé »

          La garce, elle doit l’avoir plaqué à cause de l’ingestion de ce foutu fruit pourri. Trop gourmand le vieux, trop gourmand.

          Le sol vibre, bordel, l’encolure du tromblon m’appuie sur la glotte, j’étouffe à mesure que le sol s’anime de secousses. Je sens la présence de quelqu’un contre mon flanc. Le gros Salanzar ? Non, un nouveau.

          « Il n’en manque qu’un Lieutenant, celui là est neutralisé, pis aussi le vieux ! Boarf ! Vous voulez trinquer ? »

          « La réussite ne se jauge qu’à la fin Sergent Teachot ! Sergent Salanzar, l'escrimeur, trouvez-le ! »

          PAN

          « PALSAMBLEU ! MA JAMBE ! »

          Je viens de me faire exploser la jambe par le plomb de l’étranger ! Ma béquille ! Mon tronc ! Ma jambe de bois ! Ma prothèse d’infortune !   Ma guibolle ! Ma quille ! Ma patte à copeaux ! Mon membre viril ! BORDEL !

          « CAPITAINES! JE VOTE POUR ENVOYER A LA PLANCHE CES CHIENS GALLEUX !  »

          Ma voix se voit décuplée dans le canon, j’ai mes tympans qui viennent d’exploser. Diantrenoire !
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          Et c’était reparti... Encore une fois, les Grognards se trouvaient acculés, entre la vie et la mort et aux mains de la Marine. Ca devenait presque une habitude. Le gros Boll avait rendu son dernier grognement, Scab et Balior étaient au sol, maîtrisés par deux rouquins peu enclins à la négociation. Pire que tout, le supérieur lui même avait mis pied à terre pour traquer les pirates et leur mettre la main au collet ; ce qui était, somme toute, plutôt bien engagé. L’odeur de la victoire flottait jusqu’aux narines de Fail, qui tripotait nerveusement sa bien aimée baguette. Le frisson de la chasse l’animait, et il parvenait au meilleur moment ; la proie était apeurée, elle sentait que la fin était proche. Plus qu’un seul et dernier coup, fatal, et les têtes des Grognards orneraient la poupe de son navire en guise d’avertissement. Restait juste à mettre la main sur ce satané nobliau ; d’après les dires de Redwyne, son arme était du plus bel ouvrage, et il avait déjà prévu de l’accrocher au dessus de son bureau en guise de trophée.


          De son côté, Salanzar Marshall fouillait la cuisine, en quête du dernier des forbans. Il enjamba le cadavre dégoulinant de sang du cuistot et se mit à ouvrir chaque placard, chaque rangement de l’endroit. Ils l’avaient tous perdu de vue quand Teashot s’était cassé la gueule en emportant avec lui la moitié du mur, et un gars aussi chétif que lui (en tout cas du point de vue du sergent) pouvait se cacher n’importe où. Même dans un tiroir. Derrière lui, un bruit se fit entendre dans les casseroles ; il n’hésita pas une seule seconde et abattit sa masse à l’origine du bruit, aplatissant ustensiles et récipients, ainsi qu’un infortuné rat (qui n’aurait de toutes façons pas du se trouver dans le coin). Le plus petit des pirates gueulaient à s’en user la voix dans le canon de son collègue, tandis que le vieux furax gémissaient, blanc comme un linge et prêt à gerber ses tripes sur le carrelage à tout moment. Soudain, ses yeux trouvèrent une sortie ; la porte de l’entrée de service, grande ouverte, et cachée derrière les fourneaux. Il s’avança, massue en main, et passa la tête par l’ouverture, vérifiant des deux côtés de la ruelle. Aucune signe de vie. Il revint dans la cuisine, bredouille, et lança:


          « Aucun signe du freluquet, patron. Il a du se faire la malle par la ruelle.


          -Hm. Lâcheté typique de pirate. »


          Il cracha sur le sol à ce mot, et continua.


          « Embarquez moi ces deux là, et foutez les moi au trou. Lancez une procédure de recherche pour ce clown à plume ; passez au peigne fin chaque maison, chaque navire, et chaque tasse à thé si ça vous chante, je ne veux pas qu’il quitte cette île. Nous resterons ici le temps de lui mettre la main au collet, et un fois que ce s’ra fait, on les embarque tous pour le QG, direction la potence. Rompez ! »


          Les marins s’exécutèrent, relevant les deux pirates et les rouant de coups jusqu’à ce qu’il ne bougent plus une oreille, avant de les embarquer en les trainant sur le sol. Fail resta là, au milieu de la cuisine, quelques instants. A ses pieds, le cadavre de Boll rougissaient le carrelage de son sang. Ce léger contretemps risquait de lui coûter cher à la prochaine réunion de Commandement ; mais qu’importe. Il ne sera pas dit que le Lieutenant Epic Fail aura laissé un petit pirate de bas étage lui fausser compagnie.




          Nikolas va-t-il abandonner ses compagnons ? Pour la suite, c'est par ici:
          https://www.onepiece-requiem.net/t9607-la-petite-evasion





          Partout, les uniformes s’agitaient dans la garnison. La nuit commençait à tomber, mais l’effervescence était de mise depuis ce matin. Le soldat 1ère classe Landry courait en tout sens depuis plus de six heures, lorsqu’un Lieutenant à l’allure étrange, accompagné de deux colosses et d’une rouquine en armures, leur avait amené deux prisonniers ; un vieux barbu qui avait dégueulassé le plancher en vomissant ses entrailles un peu partout, et un immonde petit bonhomme avec une seule jambe. Les deux énergumènes avaient été jetés en cellule sans plus de considération, et l’Officier avait immédiatement lancé un vaste plan de recherche, à l’échelle de l’île, pour retrouver un sombre type affublé d’un chapeau à plume violette. C’était d’ailleurs à peu près tout ce qu’on avait dit aux gars pour trouver ce type ; c’était un peu léger, selon lui. Chaque navire en partance était soumis à une fouille minutieuses, et aucune rue n’était laissée sans surveillance, à toute heure.

          Alors qu’il franchissait la porte des bureaux, les bras chargés de mémos descriptifs du bonhomme, il manqua de bousculer un autre soldat qui partait dans l’autre sens, un lourd sac sur le dos. Il s’excusa précipitamment mais sans s’attarder. A peine avait il posé le tas de paperasse sur le bureau du Responsable de Com’, que son OC déboulait dans la pièce, suant sous sa casquette et gueulant:



          « LANDRY ! TOURNEE D’CELLULES ! »


          Bordel. Pas une minute à lui aujourd’hui ; mais il obéit, alors que l’OC grassouillet se dirigeait vers son bureau, où le Lieutenant Fail attendait, un tasse de café à la main, une baguette dans l’autre. Il attrapa les clés des cellules au vol, sur le panneau à sa droite.

          Il se dirigeait donc vers le bloc de détention, son sabre à la ceinture. Le bloc se situait à l’autre bout du bâtiment, bien entendu. Il décida donc de se presser un peu ; plus vite rendu, plus vite fini. Au trot. Il parvint enfin, après quelques minutes de course, à son affectation. Les cellules de la garnison étaient peu nombreuses, et se divisaient en deux rangées, l’une en face de l’autre. Il s’agissaient de simples geôles, fermées par de lourdes portes en fer. Derrière gémissaient voleurs, escrocs et criminels de bas étage. La vermine importante étaient généralement immédiatement transférée au QG ; sauf aujourd’hui, bien entendu. D’ailleurs... Devant la cellule des deux pirates amenés ce matin, un autre soldat était déjà là. L’uniforme des recrues ; qu’est ce qu’il foutait là, lui ? A mieux y regarder, Landry se rendit compte qu’il s’agissait du type qu’il avait bousculé, quelques minutes plus tôt en entrant au bureau. Il avait toujours dans son dos un sac de voyage. A mieux y réfléchir, il se demandait bien ce que pouvait contenir ce truc ; et pourquoi ce type semblait le trimballer partout.



          « Oh ! T’as l'accréditation pour être ici, mon gars ?


          -Désolé, je cherchais quelque chose...


          -Et on peut savoir quoi, au juste ?! »


          VLAM


          Le coup partit par surprise, en pleine poire de l’infortuné marine. Il tomba à la renverse, sa tête claqua contre le sol de pierre dure. Assomé sur le coup. Le marine resté debout releva la tête, soulevant sa casquette du bout du doigt, et révélant le visage de Baeteman, légèrement souriant et affublé d'une petite paire de lunettes rondes.


          « Les clés. »
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          Envoyer à la planche ces chiens galeux hein... ? Nom d'une pipe en terre ! Tournebroche, la prochaine fois qu'il te viens pareille idée, assures-toi qu'elle soit réalisable ! Giah-ah-ah ! Ah ? Hm ? Hm.

          Baeteman, mortecouille, il ne s'est pas esbigné finalement ! Moi qui m'était imaginé que s'il n'avait pas été zigonné tout comme nous, c'est parce qu'il était déjà bien loin de Bliss, je me trompais. Ce nobliau, il a une sacrée paire de roustons pour être venu nous chercher ! J'apprécie ! Le sourire que je lui claque lorsqu'il relève son galurin en est le farouche rembroqueur. Le voilà qui ouvre la lourde du mitard. Je fome à l'extérieur, n'en pouvant plus de pifer le cornage de mon dégueulis évacué il ya peu. La faute à ces sales crampes au buffet. Maudit porcin de Boll, ce ballot a dû saupoudrer ce fruit démoniaque d'une bonne dose de boucaut ! Ce n'est pas possible autrement que moi, Balior Blackness, éternel pègrenné, ait eu autant de coton à digérer de la boustifaille !

          Giah-ah-ah-ah ! Libre ! Enfin. Baeteman, héros de la journée, si nous sortons d'ici en vie, je t'offrirai tous les tonneaux de rhum que tu voudras !

          Si avec cela il ne comprend pas combien je lui suis reconnaissant. C'est qu'au fond, j'ai un peu l'oreille basse d'avoir à ce point merdouillé dans les cuisines de Boll. La géhenne était si forte que je n'ai pas pu la surmonter pour empêcher la bleusaille de me coller tartouffes aux poignets. Quoi qu'il en soit, le mal est réparé, ne reste plus qu'à trouver le chemin vers la sortie. En évitant de passer par la grande porte, il serait dommage de retourner derrière les balançons, tous les trois cette fois. Mah, comme le disait un roux à la panse bien pendante, quand il n'y a pas de porte, alors pose en une de tes propres battoirs ! Ou quelque chose se rapprochant, du moins. Avant de partir, il reste un pépin à résoudre. Petit le problème, mais grassouillet tout de même.

          Tournebroche, sur une quille, il va être vache de progresser sans nous ralentir, il va falloir que tu grimpes sur mon...
          Par tous les diables ! Capitaine Blackness ! Jamais je ne grimperai sur votre dos ! Jamais !


          Parbleu, le loin-du-ciel doit être devin ! Ou bien est-ce moi qui ait eu le malheur de penser trop fort ?! Mes chasses fusillent les siennes, afin de lui faire percuter l'urgence de la situation. J'ai bien encré dans le carafon l'idée de le trimbaler sur mon andosse pour ne pas perdre de temps, qu'il le veuille ou non. Cela ne me fait pas caguer de devoir l’assommer pour le faire ! Je m'approche de la demi-récolte ventripotente, menaçant, il ne cède pas le bougre ! C'est finalement une fois de plus Baeteman qui nous sort de ce mauvais pas, brandissant le sabre du marine assommé à nos ripatons. Ce n'est pas aussi confortable que sa guibolle de bois qu'il déclare à la Cloque, mais cela fera l'affaire. Le temps de sortir de ce trou. Cette fois, le rase-terre n'a pas le choix. Ceci est sa toute nouvelle gambette.

          La poignée de la gaudille emboîtée à l'emplacement laissé libre, pas le temps de tâter le nouveau jouet que je me grouille dans le corridor. Le ciboulot guidé par une soif non pas de sang, mais bel et bien de gnôle. Faisant Godard. Les ratiches impatientes de mordre dans de la carne. Seulement nous ne faisons pas trois pas qu'un cantonnier braillard pousse sa gueulante pour attirer notre attention. Si mes compagnons d'infortune n'y prête pas gaffe, mes gâteuses esgourdes défectueuses captes miraculeusement une volée de mots. Aide. Navire. Pas loin. C'est tout ce que je voulais entendre. J'arrête brusquement mon avancée, me figeant devant la cellule du gonze, examinant un court instant sa binette. Il n'est pas très beau. Mais quel genre d'homme oserait dire d'un autre qu'il est beau ? Pas moi.

          Les épaules larges, la chevelure blonde, pas un poil au menton, les quinquets si bleu qu'on croirait qu'ils ont baigné des années dans l'océan. Sa trogne me dit quelque chose. Quelqu'un.

          Toi, il faudrait envisager de te raser la filasse un jour ! Giah-ah-ah-ah-ah !

          Allez savoir pourquoi la première phrase qui est sortie de ma bouche était celle ne faisant absolument pas avancer le schmilblick. Seconde tentative.

          Répète un peu aux Capitaines ce que tu viens de dire, je suis certain qu'ils seront intéressés d'apprendre ce que tu possèdes !


          Dernière édition par Balior Blackness le Mer 13 Nov 2013 - 16:37, édité 1 fois
            Spoiler:

            La gueule complétement embrumé par le coup sur la tronche qu'il avait pris, Joe s'extirpa de l'inconscience avec un peu de mal. Il pouvait remercier le métal qui recouvrait son squelette d'avoir amoindri les risques de traumatisme crânien et surtout réduit son temps de sommeil forcé. Après s'être pris le coup de la trompe du pétoire de Slatanovitch, ce dernier avait donné l'ordre à la moitié de la partie vivant de l'équipage du navire qu'il avait réquisitionné de prendre le contrôle du Sans-Nom pour le ramené à la garnison qu'il occupait avec le reste de la bande du Lieutenant Epic Fail. Joe s'éveilla lorsqu'il sentit que quelqu’un commençait à le trainer sur le parquet du navire.

            _ Lâchez l'ancre et attachez-moi cette coque crasseuse au douze! Certains vont être surpris de ma prise! Dadadaadaaaaaah!

            On leva ensuite Joe le tenant par les jambe et les épaules, ce dernier continuait à faire l'endormi. Il sentait que ses jambes et ses bras étaient attachés, il était en mode bon vieux saucisson venant de la cave et il se laissant donc transporter jusqu'à sa cellule. Slatanovitch suivait les deux porteurs du blondinet, il voulait être sur de bien foutre sous les verrous le présumé membre des Grognards. Une fois Cobra balançait sur la terre battu de sa cage, ce dernier décida de partir.

            _ J'vais m'en jeter un! Euh, j'vais faire mon rapport et après je viendrais l’interroger. Brigrar, commences à le cuisiner à son réveil si cela te tente.

            Brigrar, un soldat chauve avec de l'embonpoint d'une trentaine d'année commença alors à détacher Joe de ses liens alors que son compagnon Smirli, un grand sec au cheveux hirsutes le tenait en Joe. Il passa des chaines autour des pieds du pirate, ainsi qu'une à son poignet. Il passa l'autre au niveau du coude gauche de Joe, Joe qui avait son canon à l'air. Les hommes sur le bateau avaient retiré le chargeur du Deltagun bien entendu. Maintenant que le criminel ayant descendu six des leurs était enchainé en position de croix, les deux militaires sortirent de la cellule prendre un peu de repos. Joe ouvrit les yeux, il commença à se balancer, tentant de faire bouger les chaines de les faire sortir de leurs attaches au sol ou au plafond mais rien à faire. Il essaya, força, se balança encore et encore pendant trente minutes mais rien... Il se disait foutu pour le moment mais malgré cela, il souriait. Il se mit à rire puis commença à chantonner.

            Les portes du pénitencieeer, bientôt vont se fermeee-eeer. Et c'est lààà que je finiraaiii ma viiie! Comme d'autres gars l'ont finiiiie!

            Continuant sa chanson, le son de sa chanson arriva aux oreilles de Brigrar qui alors se pointa dans la cellule. Le soldat s'avança vers Joe et lui colla son poing dans la mâchoire pour le faire taire. Joe lui cracha alors le sang qui coulait de sa lèvre sur la tronche et se balança une nouvelle fois. Il cria car il fit exprès de forcer sur son épaule gauche et se la déboita pour gagner quelques centimètres d'allonge et coller son crane en plein sur celui du chauve pour un bon vieux coup de boule de papy! Le soldat fit des étoiles et alla s'étaler au sol. Joe ricana, il savait qu'à son réveil, il alait passait un sale quart d'heure. Cinq minutes passa lorsqu'il entendit un drôle de brouhaha dans les couloirs de la partie prisons de la garnison. Non pas possible! Une évasion? C'était sa chance. Joe commença alors à gueuler comme un putois pour qu'on vienne le délivrer.

            _ Hey les mecs!!! A l'aide! S'il vous plaaaaiiiit! Collègue en danger, appelle en détressssse d'un futur fusillléééé!! Venez à moi! Je vous ferrait sortiiiirr! J'ai mon bâteau qui est laaaa!!

            Un vieux barbu se pointa devant la porte de la cellule. Il semblait bien vilain le fossile et il commençait à baragouiner une connerie que seule une saleté de zombie pourrait sortir. Puis deux autres gars se pointèrent. Une sorte de nain ventripotent avec une gueule de raclure de bidet et une sorte de mousquetaire avec une plume aussi grande qu'une rapière et d'une couleur tout droit sortie d'un festival d'Okama. Oula! La belle brochette que Joe avait devant les yeux, ça c'était un groupe atypique!

            _ Bien le bonsoir messieurs. Je disais donc à ce vieille homme bien conservé que la Marine m'avait emmené ici en même temps que mon navire "le Turtle" et je sais parfaitement où il est. Je propose que vous me sortez de là et qu'on reparte ensemble. Cela vous tente?
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            Je mâte la tête de maïs dans le blanc des yeux avant de claudiquer bruyamment vers un mur d’où plusieurs vêtements se suspendaient. J’ai une sale trogne de biais, j’ai gueulé durant deux bonnes marées en insultant Beateman de tout les noms, croyant dur comme fer qu’il nous avait laissé en plan et qu'il avait pris le large. Enflure de nobliau qu’il est. Mais non. J’en dois une à ce gars là. Pis une autre à Balior pour le coup de la noyade au cimetière d’épaves. Vachenoire ! Va falloir que je me sorte les doigts. J'ai une dent contre ces sales mouettes, le compteur est à un partout dorénavant.

            J’enfile un manteau large qui me tombe jusqu’aux quatre orteils. C’est une vraie merde ce sabre, il est plus grand qu’un tibia de bois, je penche à bâbord. Je relance un regard au gars qui semble avoir attiré l’attention de Blackness, décidemment, il a une gueule qui ne me revient pas. C’est pas les tavernes de la charité cet équipage et j’aime  pas bien le postiche à son bras gauche. Ca me rappelle qu’il y a des gars qui pratiquent l’amputation en ce bas monde. Morbleu.

            « Rien à jacter de cette gueule d’or, j’ai déjà un bateau qui m’attend. Interdiction de prendre des matelots à bord du Sans-Nom, s’il nous suit, c’est en tant que capitaine… Palsambleu, il n'a pas l'âme d'un meneur! Et je n’aime pas les gars à qui il manque des membres ! »

            Je reçois une tape derrière le crâne de la part de Beateman. Je passe le dernier bouton de mon imper et j’entame une marche énergique vers la première fenêtre que j’entrevois. Le bruit métallique de ma guibolle d’abordage ne me déplait pas tant que ça, j’ai l’impression d’allumer un feu à chaque pas tant la gerbe d’étincelles est grande… Zagaha… C’est le genre de chose qui ne doit faire sourire qu’un pirate ça, le feu et l’acier. Peut être les gars aux mœurs dérangées aussi, m’enfin, c’est un autre sujet ça.

            Après un petit saut, je me penche par-delà l’encadrement pour distinguer la ville dans toute sa splendeur. A peine un regard que j’entrevois le grand chantier naval qui fait la réputation de Bliss, titanesque et fourmillant d’activités. Impossible de s’y hasarder. Par les sept mers, vingt mètres plus bas, je renifle l’odeur putride d’une porcherie. Je vois la vase qui s’accumule en une mare sordide où même les quelques bêtes au derche tire-bouchonné s’y hasardent plus. Mortecouille, trop de porcs dans cette aventure et trop souvent j’en fais les frais.

            Frais de porc. Zagaha. Je me retourne avec le sourire aux babines. Bordel, le manchot est sorti de taule, je baisse les gencives, on en causera plus tard.

            « Capitaines… et toi… On saute et on avale les nœuds jusqu’à la baie des contrebandiers, on embarque et on se barre ! A l'état actuel des choses, les hommes de ce Fail et lui-même sont trop bien équipés pour qu'on ait la moindre chance... J'ai une jambe en moins, nous ne connaissons rien des effets de votre supposé fruit capitaine Blackness et votre lame n'est pas encore assez efficace face aux plombs monsieur Beateman... Pire, j’ai l’impression que ces enfants de mouettes nous ont foutu les tronches sur papier ! Une prime ! »



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            Une prime ? Voilà qui changeait radicalement les choses. Nikolas aurait dû se douter que ses dernières frasques, notamment en compagnie des Grognards, ne seraient pas laissée impunies longtemps. Mais une prime… Il n’avait jamais même envisagé la chose. Il ne vivait pas la légalité la plus complète, cela allait sans dire, mais à aucun moment il n’aurait pu imaginer être une telle gêne pour la Marine et le gouvernement. Désormais, son destin était tracé dans une direction qui ne lui plaisait guère ; fini les jours d’insouciance, de petits vols à la tire, par ci, par là. Il allait connaitre l’existence d’un fugitif recherché. Ses talents de déguisement l’aideraient sans aucun doute à faire face à cette situation, mais plus personne ne pourrait regarder son visage sans un air de déjà-vu. Un handicap dont il se serait bien passé.


            Mais il réfléchirait à tout ça plus tard. Pour l’instant, Tournebroche semblait bien décidé à faire plonger la petite troupe de 20 mètres de haut, direction une fosse à purin. Toute cette histoire n’aura finalement été qu’une odyssée d’odeurs plus répugnantes les unes que les autres… Et ce gusse qu’ils avaient ramassé en cours de route ne lui inspirait définitivement pas confiance. Après tout, il avait soigneusement évité de leur dire pourquoi il pourrissait dans un trou à rat comme celui-là. Mais enfin, il possédait un bateau, et c’était une aubaine trop belle pour passer à côté. Niko se pencha par-dessus la fenêtre à son tour, et contempla le spectacle en contrebas. L’ouverture était juste assez large pour permettre à Balior de passer, ce qui signifiait que tous ici pourraient s’y engouffrer sans problème.


            Et effectivement, en contrebas, stagnait un marécage puant, mélange de déjections et de boue, et dont les effluves remontaient jusqu’aux narines du pirate, écœuré. Il entendit alors un léger ricanement dans son dos. Au moment même où il se décidait à revenir à l’intérieur pour protester, il sentit une main volumineuse le saisir au niveau du dos, agrippant sa tunique de marine et le faisant basculer par-dessus la fenêtre.



            « Wooaah.. Woah ! WOAAAAaaaAAaAAah ! »


            *SPROTCH*


            Nikolas s’était enfoncé tout entier dans la vase. Le liquide visqueux et poisseux tenta de se frayer un chemin dans la gorge du musicien, qui s’empressa de lui faire rebrousser chemin en soufflant de tous ses poumons par la bouche et le nez. Au moment où il sortait la tête du bourbier, inhalant bruyamment et maudissant de tous les noms les espèces de déplumés qui lui avaient fait un coup pareil, une masse informe percutait la surface et envoyait une vague d’immondices percuter son visage, le recouvrant d’une nouvelle couche du nauséabond mélange. Et il resta là, immobile et mélancolique. Las. Quand Scab sortit à son tour la tête de l’ « eau », hilare, il ne put se retenir. Il agrippa la tête du petit bonhomme et la plongea de toutes ses forces dans la merde (car il n’y avait pas d’autres mots), tentant de le noyer dans les déjections porcines. Il fut heureusement interrompu par les chocs successifs de Balior et du manchot qui les avaient suivis dans la cabriole. Les quatre compères s’extirpèrent de la porcherie, non sans difficultés, et entreprirent de s’essuyer du mieux qu’ils pouvaient. Niko plongea la tête dans un abreuvoir non loin, débarrassant ses cheveux et son visage de la crasse. Lorsqu’il se redressa, il tomba nez à groin avec les locataires de la porcherie ; la scène était parfaitement ridicule, et cette aventure commençait sérieusement à prendre des allures de séminaire d’aliénés. Heureusement, les affaires de Nikolas étaient bien à l’abri dans son solide sac de voyage. L’odeur ne partirait sans doute pas tout de suite, mais au moins ses vêtements personnels n’étaient pas trop touchés par la vase. Il se changea donc en toute hâte, et put retrouver un semblant de dignité. Ce qui n’était pas le cas de ses trois compères ; il faudrait donc, avant de quitter la ville, leur trouver de nouvelles frusques, et rapidement. La Marine ne tarderait pas à repérer leur évasion.


            « Alors, l’ami... Et ce navire dont tu parlais ? »
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            Tout avait été très vite. La porte de la cellule avait été sortie de ses gonds par un bon coup de pied et les chaines avait été détaché par la clef que le garde avait sur lui. Joe remercia fortement le drôle de trio. Il se rhabilla ou du moins il repassa le haut de son combinaison rouge que les militaires lui avait retiré, c'était mieux de fouetter à même la peau sans une couche protectrice, il connaissait cela, on lui avait enseigné dans le passé. Une fois revêtu, il tenta de replacer son épaule qu'il avait démise pour balancer son crâne dans la gueule Brigrar mais il devait bien avoué qu'il ne pourrait pas le faire seul. Voyant qu'aucun membre de l'étrange équipage ne voulait l'aider, c'est au mur qu'il s'en prit tout comme il l'avait fait dans les égouts après sa chute à la fin de son combat contre Kurt Bencoy le chasseur de prime. Son épaule avait été vachement affaibli, et il devrait la remettre en bon état s'il voulait ne pas avoir plus de problème dans le futur. Pour cela il devait trouvé un médecin et aussi avoir du temps pour du repos. Mais pour l'instant c'était la sortie et la liberté qu'il souhaitait avant tout et cela passait pas les Grognards.

            Le barbu avait l'air de se foutre complétement de sa présence, genre qu'ils viennent ou non c'était pareil pour lui. Le mec déguisé en mec de la Marine semblait fort sympathique. Par contre le nain à la peau digne d'un lépreux lui n'avait pas l'air d'apprécier du tout Joe. Inconsciemment sentait-il que Cobra sans le vouloir avait piqué leur navire qu'il avait aussitôt renommé le Turtle? Justement le nabot unijambiste trouva une drôle d'issu pour qu'ils puissent tous s'échapper, le mec voulait carrément sauter dans la douve à merde de la garnison. Oh oui amusant et si on jouait tous avec du caca aujourd'hui? Cela n'enchantait pas vraiment Joe mais à la guerre comme à la guerre. C'était peut être le mieux. Joe sauta le dernier pour atterrir dans la vase merdique dans un saut qui donnerait des hauts de coeur à un proctologue.

            _ Parait que c'est bon pour la peau... Mais pas pour le nez! Héhé.

            Joe fixa Scab un moment en passant que cela ne pourrait lui faire que du bien lorsque Nikolas l'interpella. Ce dernier voulait que Joe les amène à son navire.

            _ Tête d'or, on empruntera ton bateau que pour récupérer le notre, que ça soit clair! Palsambleu!.

            Un service rendu pour un prêté, ils l'avaient libérer, il les conduira à leur navire. Joe leur fit d'abord signe de le suivre, après plusieurs mètres à nager dans l'eau des latrines, ils se rapprochèrent de la rive et la suivirent pendant une bonne dizaine de mètres pour aller se foutre à l’abri derrière des vieilles caisses de bois délaissées. La garnison était trop remplie pour qu'ils aillent directement à l'endroit où le navire était ancré. Joe n'était pas encore fou au point d'aller batailler à quatre contre mille même si l'idée lui était passé par la tête. Il devait contourner la baie de l'autre coté pour arriver à ses fins.

            _ Allez on va passer par la, on évitera le plus de mouettes bleus comme ça, c'est pire qu'une fourmilière greffée au cul d'une vache ici.

            L'idée de Cobra était de remonter une partie de la baie en passant par le pan de falaise qui se trouvait en face. De la, ils aurait descendu surement en sautant puis auraient ensuite nagé jusqu'à la coque du Turtle. Joe ignoré que Balior était maintenant une enclume maudite et puis comment il l'aurait su? Non? Ils marchèrent, grimpèrent sur un sentier escarpin, on entendait la garnison qui piaillait mais ils s'en détachait. Après plusieurs minutes de grimpette, le quatre pirate de retrouvèrent juste en face du ponton où était le navire convoité. Joe pointa alors du doigt son Turtle qui n'était autre que leur Sans-Nom. Il semblait voir quatre gardes qui campaient devant et environ autant sur les deux frégates qu'il avait de chaque coté.

            _ Voila notre moyen de se barrer! Le Turtle!

            C'est bizarre mais Joe commença à sentir une certaine tension arriver de nul part...


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            Nom d'une pipe en terre ! Le Sans-Nom ! GIAH-AH-AH-AH-AH ! Heureux de t'avoir connu bouclettes ! GIAH-AH-AH-AH-AH ! Poisser le Sans-Nom, non mais quel bougre de foutrasson ! GIAH-AH-AH-AH-AH ! Capitaines, apprenons au moutard ce qui arrive quand on fait main basse sur le navire des Grognards !

            J'en arrête plus de me gondoler tellement je trouve la situation bidonnante ! Le pauvre diable a quand même eu le culot de nous faire croire qu'il possédait un crouton, et qu'il pourrait nous faire monter à bord pour décarrer de Bliss. Il se berlurait qu'on ne remarquerait rien ? Tout de même, j'ai certainement le double de son âge, ce n'est pas pour autant que mes châsses ne sont pas en état de distinguer un rafiot d'un autre. Le pocheté. Le nain ventripotent est le premier à dérouiller le muffle, rapidement suivi par le blasonné. Chacun décochant sa petite châtaigne à ce couillu. Malheureusement, le fait qu'on soit en équilibre sur les roches n'aide pas à en mettre plein le jeu de dominos de ce troufion.

            C'est tout naturellement que mon accroc fermée s'écrabouille avec fracas sur son mouloir, un léger grondement boulinant entre mes broches. Quelle déveine pour lui, j'évacue de cette manière la frustration accumulée depuis les mouettes en armures nous ont zigonnés. C'est qu'ils nous esquintent bien les miches depuis le séchoir, ces bleusailles. J'en avais besoin. La viande du manchouillard valdingue dans les cotons, retombant aussi sec dans les flots, son sort n'étant dès lors plus notre tintouin. Mes carreaux croisent ceux de mes deux fanandels de galère, l'affaire est close. Du moins, jusqu'à la prochaine fois qu'on recroise sa trombine de grinche, si prochaine fois il y a. Toute l'attention se tourne vers le flottant au ponton.

            Et du fossé naturel qui se dresse entre lui et nous.

            La baille.
            Palsambleu ! Capitaine Blackness, si vous sautez, votre fuit démoniaque vous fera couler comme une enclume !
            Il doit y avoir un autre moyen de...
            FOUTAISES ! Ce fruit n'était pas maudit, que je vous dis ! Tout ce qu'il m'a donné, c'est un mal de buffet maous comme un beuglant et une excursion forcée en canton ! Ce n'était rien d'autre qu'un foutu fruit assaisonné avec du boucaut ! Et je saignerai ce grohant pour cela ! En attendant... il est temps de se sabouler de cette crassouille ! Giah-ah-ah-ah !


            Piquer une tête dans la mouscaille des pourceaux n'avait en rien arrangé notre état. Si Niko avait pu enflaquer d'autres fripes, il n'en était rien pour moi. Je porte les mêmes loques depuis des dizaines d'années, pourquoi faire une exception aujourd'hui ? Ce n'est pas les occasion de les laver qui manquent ! Et me voilà qui saute de mon perchoir, direction l'eau, cinq mètres plus bas. Pas dans un plongeon de fendant que je laisse à la jeunesse. Les deux ripatons en avant, ailerons levés.

            *PLOUFFF*







            Une force m'arrache de la mer, m'allongeant sur le satou du ponton d'amarrage dans un dernier effort. J'entrevois à nouveau la lumière après une foutue longue période noir comme un sac à charbon. Que m'est-il arrivé ? Foutredieu ! Me serais-je finalement flotté ?! Pris d'une quinte de toux cuttar, je rate de cracher mes doublures, expulsant à la place, par la gargue, de lance en grande quantité. Je percute. Tudieu ! J'ai réellement manqué de calancher bouffi ! Je n'ai plus un poil de sec, les cliquettes qui sifflent comme des sansonnets, un jactage tente de larder jusqu'aux loches, en vain. Le cadre est instable, on se croirait en plein naufrage. Deux silhouettes m'informent de ceux à qui je dois la vie. Tournebroche et Baeteman, encore eux.

            Pasquedieux... Par ma barbe ! Vous parliez d'or, je suis maudit !

            Quel tête de lard, j'aurais dû esgourder ce qu'on m'affirmait, cela m'aurait évité cette galère sans nom. Rien bité. A peine à la baille que j'ai coulé au fond, dans la pénombre, dalle ouverte, sans vie. S'ils n'avaient pas plongés à ma suite, je serai bien cané nom de dieu ! Cette journée est définitivement pire que la précédente. La paix. Un peu de temps pour me remettre de mes émotions. Mon palpitant prend encore le mors aux ratiches, le purotin. Consolation si cela en est une, il semblerait que plus une trace d'étron subsiste sur aucun d'entre nous. Pépin, le sauvetage n'ai pas passé à l'as. Les troufions gardant le navire n'ont rien manqué de la scène et tous nous remouchent.

            Qu'est-ce que vous rembroquez, les chiens galeux ?! Z'avez jamais vu un vioque dégringoler d'une falaise ?! Regardez ailleurs avant que je vienne vous tamponner vos petites bobines de pucelles !

            Avoir l'oreille basse me boucote, ce qui ne présage rien de bon pour la suite. Certains vont crever la paillasse dans très peu de temps. Qu'ils me laissent me gourer sur mes quilles sans me vautrer à terre. Voilà. Balior Blackness, éternel crève la dalle, à jamais soiffard, détenteur de fruit démoniaque, repêché de la noyade par ses compagnons d'infortune, va tout bousiller ! Sans concertation avec le tompoucique et perce-boyaux, je déboule droit dans le lard des quatre loupiots en alerte devant le Sans-Nom. Mes armes ? Ma fureur. Ma détermination. Ma honte. Mes gigots. Mon cassis. Mes mandibules. Et surtout, deux camerluches de poids pour me filer un coup de pogne quand il y a du pétard.

            GroooooooaaaaAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHH !

            Allongeant le pas, je me rapproche, les soutirants claquant sur les sapins. Ils arment leurs flingots et les canons pointent ma carcasse, prêts à cracher la mort. Je n'ai pas les foies. Je me marre. C'est bien connu, dans toutes aventures épiques, les pruneaux n'atteignent jamais la couenne du héros ! Je n'ai qu'à continuer de cavaler, je ne crains rien.

            Les doigts pressent les détentes et les détonations déchirent les cieux par quatre fois.

            Ce n'est rien. Je ne crains rien.

            OAAAHRGH !

            Les prunes percent ma basane par quatre fois. Le tout m'arrachant un braillement de douleur et décomposant cette trogne insouciante qui était mienne. Je tombe comme une masse vers l'avant, épastrouillé. Comment... Comment est-ce possible ?

            Saperlotte !

            Je ne suis pas un héros.


            Dernière édition par Balior Blackness le Sam 23 Nov 2013 - 16:38, édité 1 fois
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