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U & I

I
Le bateau est assez vaste pour le peu de personnes à bord pour le manœuvrer. Seulement quatre, en me comptant... Me comptant ? Bosser pour Lloyd ? Ha !
Je m'adosse au mât, allonge une jambe sur le pont, relève le genou de l'autre.
Et à présent ?

On nous a repêché avant que l'orage ne frappe et que la tortue ne plonge. C'est déjà une bonne chose.
Lloyd Snobarrel a eu un recadrage en règle. C'est pas mal non plus.
Énervé et forcé d'avaler cette couleuvre, sa revanche s'est résumée à un grand coup rageur dans le reste de méduse. Belle frappe, au passage, envoyant les lambeaux gluants heurter la coque du bateau des Desperados (du nom, étrange, de nos sauveurs) avant d'y adhérer. Appâtée, cette foutue tortue a nagé paresseusement à quelques mètres du Marvel Genbu sur tout le trajet. C'est déjà plus étonnant et emmerdant.
On a déposé Lloyd sur un rocher perdu en mer où ses hommes passeront le chercher. C'est super, bon débarras !
Ce salopard me sortant : «Tu veux retrouver les corbeaux non ? Je peux t'en approcher. » C'est frustrant, énervant... Je veux me débarrasser de ce type ! Et je ne peux pas. Je ne peux que rester sur le rocher. Avec la tortue barbotant à côté.

Et à présent, je me retrouve sur son bateau. La tortue toujours à nos basques. Elle pense que Lloyd va encore balancer des méduses à l'eau, elle veut nous bouffer, ou juste se promener et nous accompagner ? Drôle de bête...
Je m'en fous, actuellement. Tant qu'elle ne cherche pas à me manger en tout cas. Qu'elle nage à nos côtés, ça amuse la bande de Lloyd.

Sa bande... Haha. Un grand baraqué mal rasé se prenant pour un gros dur et une adolescente tout juste pubère voulant jouer à être grande. En y ajoutant le type hurlant (de peur ?) et s'enfuyant durant le combat, deux jours plus tôt, c'est un beau groupe de bras cassés et de branleurs arrogants qu'on a là. Et Lloyd est le même qu'eux. Leur force est peut-être réelle. En tout cas, celle de leur chef l'est. Cela ne change pas le problème de leur manque de vécu. Une bonne guerre dans les dents, et on retrouve les quatre dans les jupons de leurs mères à quémander un peu de réconfort. Être arrogant, quand on a toujours été dans un cocon, au chaud, c'est une erreur fatale. Ce groupe rompra dès qu'une emmerde conséquente tombera sur leurs pommes, ou qu'un type plus costaud qu'eux les rencontrera. Vu l'assaut complètement désordonné mené deux jours auparavant, cela leur pend au nez. Et ce n'est pas mon problème. Ça me fera même marrer quand ces doux-rêveurs vantards tomberont sur plus fort qu'eux et se feront tuer.

Sauf que pour le moment, mon rôle est de m'assurer que Lloyd ne se fasse pas dégommer et enterrer. Jusqu'à ce que ce snob me mène aux corbeaux. Après...

Les corbeaux, et mon frère...
Frérot, où es-tu dorénavant ? Je cherche, encore et encore. Je m'égare, me trompe, par moment. Se fourvoyer ne m'arrête pas. Je vagabonde dans tout North Blue, à ta recherche. Je guette une marque de ton passage dans chaque port, chaque taverne. J'espère un coup de chance. J'écoute les rumeurs. Je tente de trouver une personne pouvant m'amener auprès des corbeaux. Sans succès jusqu'à présent. Lloyd est peut-être le bon. Ca vaut le coup de le supporter un moment.

Seul. Mes jours sont mornes et glacés. Comme dans mon refuge, dans la montagne. Quel sot je fus de m'enfermer, abandonnant le monde pour pleurer sur mon sort. Beau remède à la perte de ses compagnons, que de perdre sa parenté ! Désastre engendré par mes erreurs et fautes de jugement... Ressasser le passé n'arrange pas mon humeur et mon découragement.
Papa, Maman, Lunea... Sont là, quelque part. Où je ne peux aller, faute de cap. Où ? Au nord, près de chez nous ? Dans un bourg quelconque, sur un morceau de terre perdu entouré par les flots ? Dans un grand royaume, comme Luvneel ? Cachés ? Bossant et logeant au grand jour ?
Frérot, tu as la réponse. Tu es ma seule lueur d'espérance dans les ténèbres. Je veux te retrouver. Forcer les corbeaux à te relâcher. Et nous pourrons rentrer chez nous. Être tous ensemble, de nouveau.
En attendant, je reste seul. Seul ! La chaleur d'une présence fraternelle à mes côtés me manque. Son absence me ronge, peu à peu. Je ne peux plus me tourner vers un proche. Pas d'épaule ou s'appuyer quand je flanche. Pas de bras me soutenant quand je trébuche. Personne pour me sauver. Seul. Seul. Seul.
Je ne peux pas rompre ce sort en descendant de la montagne. Ce temps est révolu. Aller de l'avant. Chercher et persévérer, jusqu'au bout.

"Salut. Tu es monté avec Lloyd, alors tu es un nouveau camarade ? Je m'appelle Naoko, enchantée."

Je relève légèrement la tête. Ok. Vue de près, elle n'est pas mal foutue du tout. Belles formes, et les vêtements pour les mettre en valeur. En d'autres termes, ne couvrant pas grand chose. Elle est sans doute un peu plus âgée que j’eus cru. Je ne me donne pas le mal de me tordre le cou pour la regarder dans les yeux (les autres yeux !). Elle me dérange. Je ne compte pas rester sur cette barcasse plus que le temps pour aller retrouver mon frère, et basta.

"On va manger. Tu as des préférences ? Thon ou bœuf ? Et café ou thé avec le dess..."
"Ta gueule. Dégage morveuse, tu me saoules."
"Oh... Désolée. Je ne..."

Je me redresse en hurlant et en l'attrapant à la gorge.

"TU NE COMPRENDS PAS « DÉGAGE » ? C'EST TROP ÉVOLUÉ POUR TA CERVELLE ?"

Et je la projette cul par dessus tête, le plus fort que je peut. Elle tombe sur le pont, et commence à pleurer, tout en se dépêchant de s'en aller.

Lloyd n'est pas là. Le seul spectateur de la scène est le bonhomme mal rasé, pas content-content apparemment. Rouge de rage, pour être exact, et venant à grands pas.

"CA VA PAS ? ESPÈCE DE CONNARD !"
"T'as un problème ? Parle, t'as sept secondes. Ou dégage."
"UN PROBLÈME ? C'EST COMME CA QUE TU TE COMPORTES AVEC LES FEMMES SALOPARD ?"
"Une femme ça ? Une morveuse voulant jouer à la femme fatale, plutôt. Et ça ne change pas le cœur du problème. Je me comporte comme je le juge correct. Elle me dérange, c'est normal de l'envoyer sur les roses. T'es pas content ? Hé ben me parles pas."
"Comme tu le juges correct... Donc je peux juger correct de te massacrer la tronche." Son ton est plus calme, et au passage, plus menaçant.
"Pfff. Faux jeton. Tu es aux anges, parce que tu peux aller réconforter la morveuse. Ouvre grand les bras, elle se jettera dedans pour sangloter, et tu pourras la sauter avant que la journée ne s'achève."
"Qu'est-ce que tu..."
"Changement comportemental. L'étonnement. Le ton passé de coléreux à cassé, Le léger mouvement de recul du corps. Tout prouve ce que j'allègue. Aller, va auprès d'elle papy. Elle  veut un nounours à serrer contre elle, et tu veux une adolescente. Reste à cerner où est le salopard et le gros dégueulasse..."

Énervement à son comble. Conséquence, un coup censé me fracasser le menton, apparemment. Je me penche sur le côté. Dans le même mouvement, je me relève, et attrape le bras tendu, que je tord. Un quart de seconde plus tard, je crochète la jambe de papy-mal-rasé, et le plaque sur le pont, un bras dans le dos.

"Hé nounours, s'attaquer aux gens, c'est plus dur que d'être une épaule où vont pleurer les gosses."
"Hé salopard, le combat, ce n'est pas juste plaquer les gens. Mon autre bras peut bouger."
"Et aloraaaarg !"

Pas le temps d'achever ma phrase. Mon épaule est transpercée par une sorte de lance. Je me dégage, et nounours se relève. Son bras est une lance... C'est concevable ça ?

"Héhé... Je sens que te percer de trous va me détendre énormément..."
"Essaye toujours, nounours... Tu me revaudras ça."
"STOP TOUS LES DEUX !"

Nounours s'en va. Retrouver la morveuse je suppose. Je regarde ma blessure. Un peu de sang en coule.
"Tu me revaudras ça... Au centuple. Par ta mort, lente et désolante..." Je marmonne encore quand Lloyd se porte à mes côtés.

"Hé le borgne. Tu cherches les corbeaux, n'est-ce pas ? J'accepte de t'amener à eux. En échange, tu exécutes mes ordres, tu ne cherches pas à tuer tous les membres de mon bateau, et tu concoures à mon grand coup. C'est acceptable non ?"
"..."
"Non ?"
"C'est acceptable. Ce grand coup, tu m'en parles un peu plus ?"

Acceptable, pour quelque temps. On réglera nos comptes, un jour.
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U
Viald, Naoko... Et Yskino. Trois pirates dans la même galère... Non, pas exactement. Ils sont à bord de mon Galahad, mon navire, à moi, le grand Lloyd Barrel, l'incroyable et extraordinaire capitaine des Avalons. Ils sont destinés à vivre de grandes choses, grâce à moi. Ils seront gâtés d'horizons splendides et de ciels dégagés, et pas d'obstacle ne compromettra cela. Zéro. Le néant. S'ils restent dans le droit chemin, le mien, s'ils me respectent, si le moindre de mes désirs est comblé, alors je les porterai avec moi dans le monde des êtres divinement parfaits, dans les strates des grands hommes. Et je montrerai alors à la terre entière ô combien le grand Lloyd Barrel la domine. C'est donc inconcevable de se dire "à bord de la même galère". Mais... Ce ne sera pas sans sacrifices, même si me servir est incroyable et extrêmement charitable de ma part. Bref, mes hommes devront m'obéir, ça c'est certain. Et arrêter d'avoir envie se massacrer, comme là, notamment Viald et Yskino. Je sens le plomb, la tension, peser dans l'air. Cette fois, j'ai agi à temps... Mais ce ne sera pas forcément le cas la prochaine fois... Enfin, les choses devraient bien se passer : je contrôlerai Yskino avec mes salades à propos de ces pirates... Les Ailes Noires... Héhé, il serait vert s'il apprenait mon désintérêt total envers ces idiots. En prime, je ne les connais même pas. Mais ce n'est pas grave. Yskino ne serait capable de rien contre le grand Lloyd Barrel, même en s'entraînant pendant dix ans sans relâche. Et moi... J'ai besoin de sa hargne et de sa motivation chez les Avalons. Les gens de sa trempe, de sa ténacité mais également de son inconscience... Il y en pas de masses en ce monde. Par contre, les détails de mon incroyable plan ne seront pas dévoilés de cette façon. Ce n'est pas à sa portée. Ah, et... Je n'en ai pas encore. C'est ça, le problème immédiat.

"Je ne te révélerai pas encore mon plan, Yskino. Mais, ce sera grand. Pas besoin d'en savoir davantage.", feins-je, laissant planer nombre de mystères. Avec de la chance, il gobera ça en véritable lapin de six semaines.
"En fait... T'en sais rien, c'est ça ?", dit alors, perçant ma garde. Je ne dis mot. Il reprend : "Pfff... Je le savais... Capitaine pirate de pacotille..."
"Répète ça ?!", m'écrié-je en l'attrapant par col. Il ne réagit pas.
"Allons, il va rien m'arriver, hein ?"
"Si j'étais toi, et je ne le serai jamais, à ma grande satisfaction, je n'en serais pas si certain...", lâché-je, le poing encore armé.
"Haha. J'ai essayé d'avoir ta tête trois fois, en six mois. Et malgré ça, t'as encore envie de moi à bord avec toi. T'es même prêt à faire le premier pas en me donnant des informations concernant les Ailes Noires, toi, le snobinard de première dont l'ego fait dix fois la taille de ce navire... Ça doit te faire mal, non ? De devoir faire ça et d'être dans l'incapacité de me massacrer ?"

Je reste pantois. Il m'énerve, cet air de prétention reflétant l'intelligence d'Yskino. C'en est même malsain. Mais ça, ça me conforte également dans ma décision de le prendre avec moi. Cette capacité de réflexion, cette capacité de percer les failles de ses adversaires, cette capacité de faire croire à sa gentillesse et à son innocence malgré son côté monstre psychopathe... J'en ferai bonne application, ça c'est certain. Mon poing va s'écraser contre sa pommette.

"T'es dans le vrai, Yskino... Mais rien ne m'empêche de te faire apprendre le respect sans avoir à regretter ta mort... Même si elle ne m'embarrasserait pas énormément, je te le garantis.", dis-je lentement. Il se relève, et, frottant son visage de sa main, grogne. Je reprends : "Maintenant, file à la cale soigner cette vilaine plaie. Ce serait idiot si ça s'infectait, non ? Ah, et... Dernière chose : ne considère pas Viald comme étant faible. Il est aigri, empli d'irrespect à foison, et a plein de vices cachés, mais il sait y faire en combat."

Yskino grogne encore, et part en direction des cabines. Le voila calmé, on dirait. Je vais vers l'ophtalmoi, à l'avant, et m'assieds à même le pont, respirant l'air marin et observant l'horizon. Naoko s'approche de moi, et prend la parole.

"Je ne l'aime pas, cet Yskino, Capitaine..."
"Mes décisions ne sont pas contestables.", réponds-je amèrement, même si ça me fait mal également de le penser.
"Loin de moi cette idée mais...", commence t-elle en marmonnant. Elle reprend : "Les choses vont mal se terminer, et il en sera le responsable... Je le sens."
"Il n'y a pas de raison de le craindre. En ma présence, il ne tenterait rien."
"Je l'espère...", dit t-elle lentement, la mine basse. Elle regarde alors la mer, et s'interroge jovialement, changeant de ton : "Dis Capitaine, là-bas, cette grande ombre, c'est..."
"La Chelonioidea dont je parlais."
"Ah, c'est elle la Cheliono... Chelonod... Bref, c'est elle, la tort..."
"Ah non ! On dirait Yskino ! Chelonioidea c'est Chelonioidea ! Vire les appellations profanes de ton crâne ! Le savoir n'a jamais fait de mal à personne !", tranché-je instantanément, ne la laissant pas finir sa phrase.
"D'accord... Désolée..."
"Ce n'est pas bien grave. Il n'y a pas mort d'homme... Enfin pas encore. Mais ça ne tardera bientôt pas si je n'avale pas vite de la viande ! Cette bataille à la prison m'a affamé ! Le repas est bientôt prêt ?"
"D'ici pas longtemps normalement..."
"Eh bien dépêche toi ! Je désire me repaître maintenant !", m'indigné-je. Les héros ont besoin de manger. Et moi, le grand, l'exceptionnel, l'incroyable Lloyd Barrel ne déroge pas à la règle, même en ayant pris en compte ma majesté.
"J'y vais de ce pas..."
"... Et ?"
"J'y vais de ce pas, Capitaine...", se reprend t-elle.
"Voila ! C'est pas difficile !", m'exclamé-je. Ça commence enfin à rentrer.

"Mes hommes devront m'obéir, ça c'est certain.", pensais-je ? Ça commence assez mal. Et encore, Naoko n'est pas l'Avalon dont j'ai à vraiment me méfier de ce côté là (même si le grand Lloyd Barrel ne craint personne, cela va de soi)... Et je ne pense pas à Yskino.

"Hé.", m'apostrophe Viald, s'empressant de compléter par le petit "Capitaine..." réglementaire. Il enchaîne : "Y'a moyen de te parler trente secondes ?"
"30... 29... 28... 27...", commencé-je donc à compter. On ne me fait pas perdre mon temps, à moi, le grand Lloyd Barrel.
"Sans déconner, s'il te plait Capitaine..."
"Parle vite, bien, et de façon concise. On devrait bientôt manger, normalement...", lâché-je, las, considérant davantage mon estomac et négligeant les propos de Viald.
"Dis moi franchement... T'es allé le ramasser à Connard-O-Rama, l'Yskino la ?"
"Comme je le disais, en ces mots, à Naoko tantôt : mes décisions ne sont pas contestables. Va falloir t'y faire.", dis-je sèchement. Je l'attrape par le col, et, plongeant mon regard dans le sien, reprend : "Et même si l'envie te reprend de l'étriper, t'as pas intérêt à le faire. Sinon, je te jette à la flotte. J'ai pas encore vérifié si la contrepartie de tes capacités était belle et bien vraie..."

Je le lâche. Grand silence.

"J'en étais à combien déjà ? 16 ? 15 ?"
"Je vais pas tenir bien longtemps, à ce rythme là... Il m'énerve tellement, cet enfoiré..."
"Je te demande pas d'être son ami, ni même son camarade. Et c'est pareil avec moi. Je n'en dormirai pas moins bien si t'es pas mon ami, et j'en ai strictement rien à cirer. Je te demande simplement de me respecter, et d'obéir à mes décisions. Et crois moi, t'as vraiment pas intérêt à merder."
"C'est pas normal... Capitaine... Il vient à peine d'arriver, et il met le bordel. Et moi, le premier des Avalons à bord, j'ai même pas le droit de faire régner l'ordre à bord de ce navire en le remettant à sa place ?", demande t-il, visiblement énervé. Sa réaction n'arrange pas ma propre colère. Je me lève, et, le toisant férocement, je dis :

"T'es pas le premier des Avalons. Le premier, c'était Kanbei. T'es là grâce à sa bonté donc ne raconte pas de conneries. Mais admettons. Kanbei est parti, il a trahi. Ce serait donc toi "l'ancien" de la bande désormais ? Non. Rappelle toi, Viald : les Avalons c'est moi, moi, et encore moi. Sans moi, personne serait là.", dis-je. Je corrige : "Personne n'en serait là.", avant de reprendre : "Si l'envie me prend de me débarrasser de toi, alors c'est mon droit. Toi, des droits, ici, t'en as pas. Vos droits sont conférés par mon incroyable personne, voila la vérité. Je te le redis donc : je te demande pas d'être mon ami, car le grand Lloyd Barrel n'en a pas besoin. Il a besoin d'hommes. Je te demande donc de m’obéir. Et en échange, je te promets de grandes choses dans ta misérable vie. Des choses dont personne à part moi n'est capable. C'est dans ton intérêt d'en être : t'es des Avalons maintenant, impossible de faire machine arrière."

Grand silence, encore. Visiblement, il reste baba de mes propos. Il parvient enfin à rassembler assez de forces et à parler :

"Et... Et par rapport à Kanbei ?"
"J'en ai pas encore fini avec Kanbei, Viald... Je te l'ai dit : ici, on ne fait pas machine arrière. Et si on le fait, on en paie le prix.", laché-je, blessé.
"Compris, Capitaine. Je te décevrai pas."
"Je l'espère."

Non Viald. En réalité, je n'espère rien de toi. Ni de personne à bord de ce navire, à part moi. Je considère simplement les différentes façons dont il me serait possible de me servir de vos talents respectifs. C'est ça les Avalons : on met nos différends de côté avec comme objectif d'arriver à nos fins. D'arriver à mes fins. Je perce le dernier silence :

"Bon, si on allait manger et se détendre ? Ça ne sera pas de trop après ces péripéties. On a bien besoin de se reposer. Enfin, à part moi, cela va de soi."

Après ces divers recadrages, le repas ne devrait pas trop mal se passer... En théorie...
    U
    Ça saigne. Pas fort, certes, mais j'ai la barbe collée. Baaa, me laver et me raser était déjà indispensable... Mais ce connard de snob, encore à me frapper sans raison... Il me paiera ça.

    Je cherche, mais ni gel, ni crème rasante. Finalement, j’attrape le savon, et me rase avec la lame de mon poignard, avant de faire ma toilette complète.
    Voilà. Propre, sec, et je me sens nettement en forme, et moins déprimé. Et ma petite entaille à la pommette s'est arrêtée de saigner.

    Et j'ai la dalle, mine de rien. Ils m'ont invités à manger. Je n'ai pas envie de compagnie. Des choix, encore des choix...

    On va rester raisonnable et manger. Si je m'affaiblis par fierté mal placée et afin d'éviter ces crétins, je m'expose à passer à côté de l’occasion parfaite d'assassiner Lloyd... Non ! De dénicher les Ailes Noires et mon frère. Ce crétin de snob est secondaire ! Inimportant !

    Bon, reste à rejoindre le réfectoire de ce navire... Je passe de pièce en pièce... Et finalement entend des éclats de voix.

    "C'est bon pas vrai ?"
    "Pardon ?"
    "Je disais : c'est bon pas vrai ?"
    "T'as omis des choses."
    "C'est bon, pas vrai capitaine Lloyd ?"
    "Je préfères ça. C'est correct, mais pas vraiment digne de moi."
    "Oh Lloyd !"
    "Pardon ?"
    "Oh Capitaine ! T'y..."
    "Je préfères ça."
    "... met pas ! On a déjà ce connard dans les pattes à présent, pas besoin de te voir tirer la tronche et d'être agressif. On est tes camarades, merde !"
    "Recommence pas Viald ! Le grand Lloyd Barrel à des larbins et des ennemis, pas des camarades. Toi et Naoko, obéissez moi sans ergotter. En échange, profitez de ma renommée et de ma présence. C'est simple non ?"
    "Compris... Ce connard a modifié ta façon de penser ? Ça te ressemble pas..."

    Hé bien... Viald. Satisfait ? Lloyd se montre enfin à toi sans fard. Le choc n'est pas trop violent ? Naoko doit venir te réconforter ? Haha ! T'adorerais ça hein ?

    "Hé Lloyd !"
    "PARDON ?"
    "... Capitaine. J'aimerais aller faire les magasins. On n'a pas grand chose à manger et je n'ai rien à me mettre."
    "On va aller prochainement en ville."
    "Ah, génial !"

    Crétine de gamine attardée. Faire la belle, s'acheter des vêtements, c'est ça ton objectif dans la vie ? Pitoyable...

    "Capitaine, on fera des passages dans les tavernes de la ville n'est-ce pas ? Mes poings me démangent..."
    "Non. Pas le temps de faire tes conneries, ça desservirait mon plan."
    "Oh. T'as vraiment planifié des choses à faire alors capitaine ?"
    "Évidemment ! Le grand Lloyd Barrel a constamment de l'avance."
    "Alors le plan c'est ?"
    "On redevient riche."
    "Ah. Cool ça. Et comment on fait ?"
    "T'as omis des choses..."
    "Comment on fait capitaine Lloyd vénéré et adoré ?"
    "Je préfères ça... Pas la peine de te révéler les détails, c'est moi la matière grise de ce navire ! Obéis simplement à mes ordres."
    "Ok capitaine..."

    Hé ben, ça promet. Être le moins idiot de trois crétins ne fait pas devenir intelligent... Ce plan va être débile, bancal et foiré, je le sens d'avance... Et je dois y participer. J'ai envie d'en chialer...

    Bon, si t'allait grailler ? J'ai faim moi, et tendre l'oreille derrière la porte ne remédiera pas à cet état de fait.

    Brave petit, t'as faim...

    Oh, on fais son malin ? Désopilant. Tiens, prends ces crampes d'estomac, c'est offert par la maison. Oh, et des vertiges et des problèmes de la vision, en prime.

    Ok, ok...
    Les trois larrons bavardent de choses inintéressantes. J'entre, et la porte grince. Naoko et Viald s'interrompent en me voyant. Ambiance glaciale. Ça me va, cette gamine attardée et ce pervers acariâtre n'ont rien à m'apporter. Je n'ai pas envie de les voir s'attacher à moi.

    "T'as l'intention de demander pardon ?"
    "Oh, encore là Babar ? T'as pas idée de comment te servir de ta trompe ? A moins d'avoir été rejeté par la gamine ?"
    "Mais... CONNARD !"
    "Connard ?"
    "CONNARD ! ENFOIRÉ DE BORGNE JE VAIS TE..."
    "Ce n'est pas Babar ? Winnie alors ? Mais si t'avais dans le coin de ton crâne abritant le verbe la moindre répartie, des manières, le jargon d'êtres civilisés, alors les échanges avec tes semblables, hommes comme femme, seraient facilitées, non ? Là t'étales crassement ton ignorance avec tes connards sans fin."
    "Verbe moins réparti, jarre gond ? C'est bizarre comme manière de parler. T'as des problèmes."

    Comme je le pensais, il n'a rien compris. Il est âgé par rapport à moi, mais mentalement... Ah !
    Je regarde Lloyd. J'ai limite pitié en fait. Des crétins pareil comme matelots..
    Bon, j'étais pas entré ici sans raison. J'ai la dalle !
    J'attrape le pain, le fend avec mon poignard, et le farci de débris de viande et de tomates. Hop, sandwich à manger loin d'ici. Le pont fera l'affaire. Tiens, trois clémentines en prime, et je sors.

    Je marche vers l'arrière, appréciant le son léger des planches. J'aime être en mer. Les navires semblent vivants. Les voiles battent, les cordages se balancent allégrement dans le vent, le bois grince. Vivants...

    Je me cale confortablement contre le bastingage, et commence à grignoter en regardant les flots. C'est agréable, de temps en temps, de vider ses pensées, et de laisser son regard errer.
    Drôle d'ombre, derrière le Galahad.
    A moins...

    Des nageoires se dessinant en noir, la carapace en kératine sortant paisiblement... Cette saloperie file le navire ?
    En fait, je devrais être reconnaissant. Sans elle, je serais mort en mer. Avec Lloyd. Brrrr.... Horrible sort...

    "Désolé ma grosse. Je n'ai rien à t'offrir à manger cette fois-ci. A part des clémentines. T'aimes ça ?"

    Je lance la première. Elle sort la tête et la gobe en plein vol. Infime globe orange disparaissant dans l'abîme noir de sa gorge. Ça ne va pas la caler, ça... Mais elle a l'air contente. Je jette la seconde, et enfin la troisième. Même air ravi. Étonnant.
    Je finis mon sandwich en regardant le monstre marin. Et en repensant à la prison de la marine, et de notre escapade en mer involontaire, à Lloyd et moi.

    Drôle de type, ce snob, en y repensant. Notre première rencontre, à Verterre, se synthétise en : on se tape, on se hait, on se retape, on se barre. Mais sa force était déjà indéniable.
    Et il est désormais capitaine, même si c'est de branlos incompétent. Et bien balèze.

    J'ai rencontré plein de gens risiblement fort après avoir pris la mer. Et ai pris nombre de tôle. Mais hormis Rain, hors catégorie, le snob est LA personne m'ayant écrasé aisément.

    Rien à dire. J'ignore l'art martial dont il se sert, mais il le maîtrise très bien. Il est rapide et agile. Ses victoires contre moi sont incontestables.
    Ceci dit, il est naïf et désespéramment arrogant. Il a des éclairs brillants, mais globalement, est assez médiocrement intelligent. Loin, très loin derrière moi, ça, c'est évident... Il est sottement soigné, son charme et son apparence prenant des rôles idiotement importantes dans sa vie. Et je vais l'égorger, tôt... Nan, tôt en fait, pas envie d'attendre tard.

    En fait, la raison m'amenant à le haïr tellement ?
    Son arrogance infernale, celle de ce gamin n'ayant jamais rencontré le moindre obstacle. Cette conviction en sa force et son destin, en ses capacités.

    Ça me donne envie de le briser.

    Hahaha, voilà, je te reconnaît là!

    "En train d'observer la mer ?"
    "Pas vraiment. Je me repose."
    "Dehors ? En plein vent ? Allongé, voire assis serait reposant, mais... Baaa, t'es vraiment bizarre."
    "Ça te ressemble pas d'être calme comme ça Winnie. T'es là dans l'objectif de faire la paix ? La réconciliation dans les larmes ? Ça ne m'intéresse pas."
    "Ton caractère est vraiment de la merde... Je plains tes proches. Si on doit vivre ensemble, ce n'est pas mal de savoir ce dont on est capable, non ?"
    "T'es capable de me planter ton arme bizarre dans le pectoral. Et moi j'ai la capacité à te mettre par terre. Besoin de savoir davantage ?"
    "Je vois... Parler ne t'intéresse vraiment pas. Ça me va. Mais évite de te fritter avec moi et Naoko, d'accord ? Sinon, je te le ferais regretter."
    "Naoko est effrayée par Babar. Mais pas moi."

    Enfin, il se tire... Sacrée bande de gamins arrogants, en effet.
    Les briser... Ce sera certainement plaisant. Si j'en ai l’occasion...


    Dernière édition par Yskino Haynell le Jeu 23 Jan 2014 - 20:40, édité 1 fois
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    I
    J'achève mon repas frugal dans la salle à manger avec Naoko et un bon dessert. Sans parler. Sans lâcher un seul mot. Le calme plat. Je tente de lancer un début de sujet de bavardage... Pour rompre cette oppressante absence de sons :

    "Et alors... ? Tout va comme tu veux... ?"
    "..."
    "Hmm ?"
    "Je ne comprends pas le but de ta demande.", répond t-elle, n'ayant apparemment pas capté grand chose.
    "Je te demande comment tu vas, en résumé. Est-ce que tu te sens à ta place sur ce bateau ?"
    "Honnêtement ?"
    "Honnêtement."
    "Parce que tu en as quelque chose à foutre, ô grand Lloyd Barrel ?", lance la jeune femme avec un ton des plus acerbes.
    "Touché."

    Grand blanc. Encore.

    "T'as pas tort. Je m'en fous royalement. Je veux juste parler. Tu sembles garder beaucoup trop de trucs cachés dans ton coeur. Et je le sens.", lancé-je après quelques secondes d'attente.
    "En effet."
    "Et tu veux pas en parler ?"
    "Non."
    "Je respecte ça. Tu penses sans doute que non, et pourtant je respecte ça."
    "C'est sympa, ô vénéré chef Lloyd Barrel."
    "Trêves de belles paroles. Ma façon de mener les Avalons au succès et à la renommée ne te va pas ? Alors tu peux t'en aller.", envoyé-je sèchement.
    "Et pour aller où ? On est tous recherchés par le gouvernement. Je ne peux que rester avec vous... A cause de tes prouesses à Manshon."
    "..."
    "Et en plus...", commence t-elle. Elle marque une pause, et reprend : "... Quelque chose m'attache encore à vous. Ou plutôt quelqu'un. Donc non, sans façons, je reste."
    "Tu penses que ça en vaut le coup ?"
    "Carrément. Je ne veux pas que quelqu'un meure."
    "Je respecte ça. Tant que mes ordres sont écoutés et exécutés..."
    "Tu ne l'as déjà que trop répété..."
    "Malheureusement."

    Je sors de table dans le plus grand calme, sans prononcer un mot, comme au tout début, et je pars vers le pont. Ce dont nous avons parlé avec Naoko est... Préoccupant. Elle commence à échapper à mon contrôle, à essayer de rêver d'autres choses que celles que je m'efforce d'effectuer. Cette arrogance, cette nonchalance... Je ne peux tolérer cela à bord de mon propre bateau. Et en même temps, je ne veux pas renvoyer ces deux éléments "perturbateurs" dérogeant aux règles d'or des Avalons. Je ne veux pas me retrouver tout seul, surtout avec l'autre connard de borgne rodant dans les parages... Et pourtant, c'est sûrement comme cela que ça va se conclure, dans un futur proche. J'espère juste ne pas regretter... Non. Après tout, le grand Lloyd Barrel ne commet aucune erreur. Naoko et l'autre énergumène... Les autres énergumènes même... Je me débarrasse d'eux dès que je le peux... Dès que je trouve des gens beaucoup plus loyaux pour m'accompagner sur les mers. Des gens dont on peut compter dessus. Des camarades, en quelque sorte. Des âmes esseulées et ayant autant souffert que ma fabuleuse personne. Et surtout... Plus des gens comme Kan'. Plus de faux-am... Je ne veux même pas y penser, tant cela me dégoûte. Ce mot n'est plus de mon jargon. Et je veux rayer de mes songes ces moments durement vécu. Pour toujours. Le vent souffle doucement sur le bateau, caressant ma peau et l'agressant de sa trop forte teneur en sel. Quel temps superbe pour prendre la mer... Pour aller vers de nouvelles aventures ! Malheureusement, ce n'est pas à l'ordre du jour, vu que nous errons, sans but apparent, sur les eaux de North Blue avec pour seul cap un Royaume de Luvneel dont les côtes ne sont pas encore en vue. Le voyage promet d'être long... Et va sûrement mettre mes nerfs à l'épreuve, au vu de l'atmosphère planant à bord du Galahad : une odeur nauséabonde de volonté de tuer et des regards féroces. Et je me retrouve planté au centre de cette guerre, ne sachant comment m'y prendre pour arranger les choses, étant pourtant le fabuleux Lloyd Barrel...

    "Je ne peux compter que sur mes propres talents... Et la force de ma volonté...", murmuré-je tout seul, sachant amèrement que je ne peux plus que créer des rapports creux et dénudés de tendresse. Et tout ça parce qu'un jour, mon coeur a eu mal... Alors pourtant que je me sens fort dans ma tête, et ce dès mon plus jeune âge. Tout ça parce qu'un jour, l'échec à remporté la guerre et que mes nerfs m'ont lâché.
    "Faux. Tu peux compter sur nous. C'est pour ça qu'on est là. C'est pour ça qu'on est sur ce bateau. C'est pour ça qu'on est des Avalons."

    Stupeur. De grosses gouttes de sueur coulent le long de mon dos. Mes phalanges craquent, mes muscles se tendent, mon regard s'accentue. Je me retourne lentement... Très lentement... Trop lentement malheureusement pour attraper ce spectre.

    "Euh... Ça va Lloyd ?", me demande Naoko, sortant à son tour de la salle à manger. Tout est complètement sens dessus dessous...
    "Tu l'as entendu également ?"
    "Euh... Je comprends pas un mot de ce que tu racontes... Tu es sûr que ça va ?"
    "Non... Je perds la boule, je pense. Les nerfs craquent à cause du stress, sans doute. Même les plus grands de ce monde sont forcés de se reposer de temps à autres, apparemment...", prononcé-je lentement en me frottant les yeux. D'abord les combats dans la zone carcérale, et après le raz-de-marée... Sans compter le départ de mon second... Je m'étends de tout mon long sur le pont, les rayons de l'astre du jour réchauffant mon corps et mon coeur alors que je ferme les yeux. Et, comme je récupère au calme, l'autre connard de borgne se ramène et se sent comme poussé par une force suprême de m'emmerder.
    "Tu dors ?"
    "Non."
    "Dommage."
    "Comment ça ?"
    "Oh, j'attends juste le bon moment. Parce que dès que tu commets une erreur, une seule erreur, je te tue."
    "Hmm ? Répète ? Tu parles trop bas, j'entends que dalle."
    "Oh, c'est pas très grave."

    Sûrement. Après tout, quelles sont les choses franchement "graves" ? Se fâcher avec son père ? Check. Se séparer de son second et seul "frère", presque mon alter ego. Check. Échouer lamentablement et passer pour une buse devant d'autres forbans lors de l'attaque précédente ? Check également. Honnêtement... J'accumule les ratés en ce moment. Et pourtant, je sens encore au fond de tout mon être la force de garder le cap, la force pour mener mes hommes, les Avalons, à de grandes choses. Seulement, le plus dur est encore à effectuer : mon grand projet, notamment. Franchement, même n'ayant aucun soupçon sur sa nature, ce sera sans doute quelque chose de fabuleux. Et ça se passera à Luvneel. Ce sera un coup mémorable, dont on se rappellera encore pendant longtemps. Ce sera tellement un truc de malade qu'on sera forcés de se barrer de North Blue, et que le gouvernement nous recherchera de plus belle. Je peux sûrement encore compter sur mes hommes. Je l'espère... Oh... Les côtes du Royaume de Luvneel sont en vue... Le spectacle peut commencer. Allons-y.