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Le Loup d'Armada : partie 2


    Le Loup d'Armada : Partie 2


    La première partie de la journée c'était révélée riche en émotions. Après seulement une demi-heure sur Armada, j'avais déjà déclenché une bagarre et deux autres avaient suivi dans d'autres bouges quelques heures plus tard. J'avais visiblement le chic pour créer des conflits rien qu'en ouvrant la bouche et pour, je cite "foutre une ambiance de folie". Les pirates ivres aimaient se battre pour tout et n'importe quoi. J'étais simplement l'étincelle qui mettait le feu aux poudres. On m'avait conseillé une adresse au cours d'une des bagarres : le Terminus. Baker que j'avais rencontré précédemment m'avait lui, vivement déconseillé l'endroit. A ce stade, je décidais d'y aller pour m'y faire ma propre opinion...

    Le chemin fut long et fastidieux. Le décor unique d'Armada commençait à me lasser petit à petit. Des bateaux, des bateaux et encore des bateaux qui s'étendaient à perte de vue. Armada était une véritable cible géante pour la marine. Le bois brûlait bien et les cendres des voilures pouvaient propager le moindre incendie. Il devait exister une équipe pirate pour gérer ce genre de problème. Dans le cas contraire, les jours de l’ile flottante étaient d’ores et déjà comptés. J’imaginais mal le capitaine Red revenir et constater que son Armada était parti en fumée. Pour l’occasion, un grand banquet pour monstres marins serait organisé. Au menu, une nouvelle spécialité culinaire : le Red Tartare. En tant que Louve, je préférais ne pas figurer sur la carte si une telle chose arrivait.

    La couleur des navires changea brusquement. Les allées de bois disparurent progressivement au fur et à mesure de mon avancée. Les pirates se firent également plus rares et plus ténébreux. L'atmosphère, la luminosité et même mes pensées s'obscurcirent brusquement au détour d'un dernier navire, aussi noir que l'ébène. Malsaine, l'ambiance se réchauffa quelque peu, lorsque je perçus des éclats de rire étouffés provenant d'un bâtiment. Celui-ci semblait être le tout dernier de la longue série de navires composants Armada. Il apparaissait être comme le bout du monde, la fin de l'île, le Terminus...

    J'étais arrivée à destination. Les voilures des navires de ce cadran étaient si sombres, si serrées que les rayons du soleil ne parvenaient pas jusqu'au plancher. Toute la zone était éclairée par des lanternes négligemment placées dont les faibles lueurs traversaient à peines leurs verres recouverts de poussière. Je pouvais ressentir l'irrésistible oppression que générait cet endroit. Les ombres vous jouaient des tours, le moindre grincement vous faisait sursauter et la moindre brise glacée vous hérissait le poil. Le Terminus ne trahissait pas sa réputation et s'avérait bien être le pire cadran de tout Armada.

    Soucieuse de conserver ma santé mentale et ma gorge intacte, je me décidais à rejoindre cet ultime navire. Allais-je à la mort en m'aventurant aussi loin, à l'extrême limite de l'île ? La Louve bien que nouvellement redoutable n'était encore qu'une loupiote face aux pointures de la piraterie et à en juger par la noirceur et la dangerosité de l'endroit, il n'y avait que des pointures qui pouvaient s'y risquer. Je me souvenais à présent de la mise en garde de Baker. Faire marche arrière ou avancer, telle avait toujours été la fameuse question de mon existence. Je n'avais à ce jour trouvé qu'une seule et unique réponse : fonce.

    Franchissant le pas de porte, je fis irruption à l'intérieur du fameux Terminus. Mes craintes se dissipèrent instantanément lorsque mes yeux se posèrent un peu partout autour de moi. Dans tous les coins, on riait, on buvait, on frappait du poing sur la table. Le Terminus s'avérait finalement n'être qu'un bouge comme les autres, à la différence près que l'ambiance y était survoltée. Des hurlements s’élevèrent non loin. De nombreux pirates étaient attroupés en cercle et vociféraient insultes et encouragements à une cadence surnaturelle. Je pris place à une table vide, préférant m'éloigner de l'agitation ambiante pour mieux m'y adapter par la suite. Je fus immédiatement accostée par trois pirates qui se joignirent d'eux même à ma tablée. L'un d'entre eux me tendit une chope. Ce n'était pas le moment de flancher étant donné l'endroit dans lequel je me trouvais Sans me laisser démonter par le caractère soudain de la situation, je pris la précaution de vérifier qu'il s'agissait bel et bien d'une blonde mousseuse avant de m'intéresser aux trois comparses. La discussion s'engagea :

    - Que puis-je pour vous messieurs ? Trois pirates offrant une chope à une inconnue doivent forcément lui vouloir quelque-chose. La méfiance n'est-elle pas de rigueur normalement, même chez trois pirates ?

    Les trois pirates échangèrent un rire et un regard.

    - Finaude la jeunette. La méfiance, on en a pas b'soin ici. On bosse pour la t'nancière.

    L'un des pirates posa une corbeille sur la table. Sur les tiges de pailles entrelacées siégeaient trois denrées aux formes improbables. L'un d'eux attira tout de suite mon attention.

    - V'là trois fruits. Chope l'bon et la patronne t'aura à la bonne. Suffira juste de nous montrer d'quoi t'es capable. T'a d'la veine. L'en reste pas beaucoup.

    Sans réfléchir, ni flairer un éventuel piège, je suivis mon instinct et saisis le fruit disposant des traits les plus grossiers. Trahissant les regards des trois comparses, je sus que j'avais fait le bon choix.

    - C'est l'bon, tu crois ? Faut l'manger pour être sûr.

    Lorgnant les trois pirates, j'hésitais. Ce fruit pouvait très bien être du poison. Pourtant, mon instinct m'enjoignait à y mordre à pleines dents, à y déposer la marque de mes trente-deux lames aiguisées avant d'en arracher sauvagement la chair. Incapable de résister à cette force invisible qui rapprochait lentement le fruit de ma bouche, je cédai et mordis, scellant mon destin dans le contenu de cette unique bouchée. Le morceau traversa les barrières blanches, glissa sur le tapis rouge et tomba en chute libre sans toucher le gong, avant de terminer sa course jusque dans une poche partiellement remplit d'un liquide indéfinissable.

    Croisant successivement les regards injonctifs des trois comparses, je mordis une nouvelle fois dans le fruit, avant de le recracher brusquement par dégout. Ce fut le signe que les pirates attendaient. Ils se levèrent à l'unisson avant de me saisir. L'un de me leva le bras.

    - On n'a une gagnante les gars !!!

    Une clameur s’éleva à travers tout le bouge. Les pirates me tirèrent lentement vers l'attroupement qui se scinda en deux pour m'accueillir.

    - Mais, qu'est ce que ? Lâchez-moi !!!

    Dans quelle histoire m'étais-je donc embarquée ? Baker m'avait pourtant délivré un judicieux conseil plus tôt dans la journée en me disant d'éviter le Terminus. Qui pouvais savoir comment cela allait se terminer ?



      L'étreinte des trois comparses se fit plus forte encore lorsque nous approchâmes enfin de leur objectif : une fosse située en contrebas du navire. Malgré tous mes efforts, je ne pus me saisir de mon précieux sandai. Autour de nous, la foule en liesse beuglait d'impatience. Un spectacle allait leur être proposé et j’allais en faire partie. Arrivée au bord du gouffre, je fus jetée dans le vide pour le plus grand plaisir des spectateurs. La Louve était entrée dans l'arène...

      Me relevant en époussetant ma fourrure, je fis face aux trois pirates toujours présents sur la plateforme. Pointant vers eux un doigt accusateur, mon visage afficha une mine colérique.

      - Vous allez me payer cet affront, pirates.

      - T'a gagné la jeunette, maintenant faut faire tes preuves. On t’avait prévenu.

      Le pirate n'avait pas entièrement tort. Je m'étais embarquée dans cette histoire. Je devais logiquement en subir les conséquences. Néanmoins, depuis quelques temps, je m'étais engagée à ne plus jamais me laisser marcher sur la fourrure. Ce n'était plus vraiment mon steak du matin* de me résoudre à la logique des choses. Non, la véritable question à l'heure actuelle était pour moi : qui allait en véritablement subir les conséquences ?

      Je perçus un mouvement juste derrière moi et je sortis sandai dans un réflexe. Nos lames s'entrechoquèrent et crissèrent, hérissant les poils de toute l'assemblée dont l'ardeur redoubla. Nos armes se repoussèrent et nous pûmes nous faire face. Mon adversaire s’avérait être un grand homme brun - probablement âgé d'une trentaine d'années - portant une fourrure de tigre sur le dos. Ce petit détail m'éclairait un peu plus sur la possible raison pour laquelle j'avais été choisi pour me retrouver ici. Les intentions des pirates, elles, étaient désormais limpides. J'étais ici pour me battre, pour me donner en spectacle et accessoirement, pour survivre.

      La petite voix dans ma tête** me glissa quelques mots et me fit sourire: Et si on leur donnait ce qu'ils voulaient ? Pourquoi pas en effet ? Laissant une petite place à ma semblable**, je débutais le combat.

      Premier round. Adversaire : Marco (1800 dorikis)


      Resserrant mon étreinte sur mon meitou, je m'élançai vers mon adversaire. Abattant sur lui une pluie de coups tranchant, je le forçai à reculer. Incapable de parer cet enchainement de rage naissante, il se défila en s'éloignant d'une roulade, pour se retrouver à l’opposé de l'arène. Affichant un sourire carnassier, je le suivis du regard, comme un prédateur observant sa proie. Fondant sur lui à toute vitesse avec la ferme intention d'en finir rapidement, je ne perçus pas tout de suite que le bretteur avait esquissé un geste que je connaissais depuis peu. Glissant par réflexe sur le sol à la manière de ma feinte du loup pour esquiver cette petite vague bleue, je me redressai en continuant ma course. La lame d'air continua son chemin jusqu'à atteindre le mur de l'arène d'où s’échappèrent quelques morceaux de bois. Débutant une patte du loup , j'abattis avec violence mon meitou sur ma proie qui contra en mettant sa propre lame en opposition. La violence du choc fut telle qu'un souffle se propagea dans l'arène. Nos katanas gigotèrent un moment l'un sur l'autre. Aucun de nous ne souhaitait céder le moindre centimètre.

      - Léténa D. Vilkas. Enchantée de faire ta connaissance en ces circonstances.

      - Marco. De même.

      A ces mots, le bretteur me repoussa violemment. Profitant de mon déséquilibre, il fondit en avant, m'assenant un parfait coup d'estoc qui m'effleura un côté du torse et transperça ma fourrure. Lâchant un gémissement de douleur, j'assenai un coup en diagonal afin de riposter. Mon adversaire l'esquiva aisément en se jetant en arrière. Portant ma main libre ainsi que mon regard sur ma blessure, j'en ressortis avec cinq doigts maculés de sang. Ma main se mit à trembler. Vacillant, je fis un pas un arrière tout en lâchant mon arme. L'assemblée se tut et Marco hésita. Une chaleur enivrante se diffusa dans tout mon organisme.

      Ne ressens-tu pas cette énergie qui parcours ton corps ? Tu as un nouveau pouvoir en toi. Ressens-le, laisse-le sortir, déchaine toi !!!

      Mes pupilles se dilatèrent, mes bras grandirent, mes ongles s'allongèrent, ma fourrure de loup glissa de mes épaules et fut remplacée par de la véritable fourrure. Mon corps changea, se métamorphosa progressivement en une créature aux crocs démesurés, aux longues griffes et à la fourrure noire. Cinq secondes plus tard, un hurlement de loup déchira la taverne. Une Louve-Garou était née...

      Inconsciente de mon état et boostée par l'adrénaline, je ne réfléchis pas en m'élançant sauvagement vers Marco. Courant à quatre pattes, je bondis avant d'abattre une rangée de griffe sur le bretteur. Ce dernier bondit également pour esquiver. Sous l'impact, les planches de bois se plièrent et menacèrent de se rompre. La gueule ouverte, haletante, je fusillais Marco du regard. J'étais plus grande, plus forte, plus dangereuse, plus touffue. La force physique qui m'avait toujours fait défaut était maintenant à ma possession. Mes sens étaient accrus. J'étais enfin ce que j'avais toujours voulu être : une Louve...

      Toujours sous l'emprise de l'épinéphrine, je repris la chasse. Abattant impitoyablement mes griffes sur le pauvre Marco - esquivant tant bien que mal - je déversais toute ma colère dans mes attaques. Mes patte du loup ne nécessitaient plus l'emploi de mon sabre. Je pouvais les assener en une seule fois à mon adversaire.

      Notre petite danse dura un moment. Marco commençait à fatiguer. Profitant d'une ouverture, je fis finalement mouche en l'envoyant se fracasser contre le mur de l'arène d'un bon coup de patte. Me portant à sa hauteur, je lui fis fasse.

      - C'est terminé !

      Mal en point - souffrant visiblement de cotes enfoncées - Marco joua sa dernière carte en abattant son katana sur moi. Je saisis son bras dans une de mes pattes. Serrant ma prise en enfonçant mes griffes dans la chair, je me sustentai du hurlement du bretteur dont le bras se faisait broyer. Je plantai mon autre patte au niveau de son cœur et ses cris redoublèrent.

      - C'était ta dernière erreur ! Personne ne pose la main sur ma fourrure !

      D'un mouvement rapide, je mordis à la gorge le malheureux qui se tut instantanément. Reculant aussi rapidement, j'arrachai la quasi-totalité de sa gorge, qui demeura entre mes crocs. Relâchant mon étreinte, je laissai le corps sanguinolent de Marco basculer sur le sol. Son âme s'évanouit, tandis que la foule exulta. L'adrénaline se dissipant dans mon organisme, je repris peu à peu mes esprits. Mon regard se posa sur Marco. Je remarquais immédiatement qu'il lui manquait quelque-chose au niveau de la tête. Constatant que ce quelque-chose séjournait actuellement dans ma gueule, je le recrachais. Je ne pus cependant m'empêcher de me lécher les babines d'où coulait le sang du malheureux bretteur. Portant mes pattes à mon visage, je souris, oubliant le meurtre sauvage que j'avais perpétré.

      Il n'y avait plus aucun doute. J'étais désormais une Louve. Le fruit que j'avais mangé était en réalité un fruit du démon et pas n'importe quel fruit. Il s'agissait du fruit pour lequel j'avais pris la mer : l'Inu Inu no Mi. Le destin m'avait mené jusqu'à lui. La vie était décidément magnifique...

      Les trois pirates vinrent me rejoindre dans l'arène. Je demeurais partagée entre l'envie de les remercier pour ce magnifique don et l'envie de leur arracher la tête pour avoir failli me refiler un fruit du démon autre que celui du loup. Ne voulant pas me retrouver à affronter tout la taverne, je me contins. Je repris ma forme humaine et je sentis toute la tension circulant dans mon corps s’évanouir.

      - Houhou, sacré prestation. T'a d'la ressource la jeunette. Mais… J’serais toi, j’me mettrais un truc sur le dos.

      Constatant que j’étais belle et bien nue, je me recouvris de ma fourrure de loup, sous les sifflets pervers de l’assemblée. Le regard que je leur lançai en dissuada plus d’un de continuer. Ils semblaient oublier de quoi j’étais capable à présent.

      Une silhouette apparut au-dessus de l'arène, dans une sorte de perchoir aménagé. Elle s’avança lentement pour finalement dévoiler une grande blonde pauvrement vêtue. Sa robe n’était qu’un large morceau de tissu froissé noué autour de sa taille. Son soutien-gorge était du même acabit et faisait plus office de simple cache poitrine. Sur son épaule droite se trouvait une sorte de lézard vers, portant des lunettes étranges. Ses bras étaient partiellement recouverts d’un tissu mauve lui faisant de larges manches. A sa ceinture, on pouvait voir un pistolet et un katana. Son accoutrement s’achevait par deux grandes bottes montantes serrées avec des lanières de cuir et quelques bagues et bracelets en or. Malgré sa tenue vestimentaire, sa prestance était indiscutable. Une sorte d’aura semblait émaner de son être. Elle posait sur moi un regard indéchiffrable. Elle souffla avant de se détourner et rejoindre son perchoir.

      - Hum. T’a un ticket pour voir la patronne. Viens donc. On te conduit.

      Je suivis les pirates en sortant de l’arène par une petite porte, prenant soin de ramasser mon précieux sandai au passage. Nous gravîmes les marches d’un escalier en colimaçon et passâmes devant une porte menant probablement à la taverne lors de notre ascension. Nous arrivâmes finalement sur un pas de porte. Les pirates me firent signe d’entrer et refermèrent la porte derrière moi. La pièce dans laquelle je me trouvais était typique de la cabine d’un capitaine. Des tapis partout sur le sol, des cartes étalées sur une table ou sur les murs, un petit cabinet de coiffure, une bibliothèque bien garnie et de larges canapés en cuir placés autour d’une petite table où trônaient diverses bouteilles et des verres. Un encadrement sans porte devait donner sur une chambre où se trouvait la mystérieuse blonde d’après le son qui m’en parvenait. L’unique ouverture de la pièce donnait sur une petite passerelle que je devinais être le fameux perchoir visible depuis l’arène. Une mystérieuse manette y était judicieusement placée. Je me demandais à quoi elle pouvait bien servir.

      Ne sachant pas quoi faire, ni où me mettre. Je demeurais sur place, droite comme un I. J’attendis une bonne dizaine de minutes avant que la blonde ne fasse son apparition. Son regard était toujours autant indéchiffrable. Elle me fit signe de m’asseoir, sans un mot. Elle fit de même, se servit un verre d’alcool rouge et me tendit la bouteille. Je me servis un verre et le reniflai avant de grimacer en l’éloignant de mes lèvres. La blonde vida le sien d’un trait et me dévisagea pendant des longues secondes. Elle s’adressa finalement moi :

      - C’est tout ce que tu as à me dire ? Je te croyais plus bavarde et moins ennuyeuse.

      Sa voix à la fois suave et froide me fit hérisser le poil. Posant mon verre, je décidai de lui répondre :

      - C’est que… je ne vois pas très bien quoi dire, ni comment m’adressez à vous. Je sais simplement par vos hommes que vous êtes la propriétaire des lieux et de ce que je peux déduire de cette pièce : une capitaine pirate.

      La capitaine haussa un sourcil. Elle semblait un peu désabusée.

      - Je vois. Tu ne sais rien de moi et personne ne t’a parlé de moi et de mon bâtiment. C’est ennuyeux...

      Sur ces derniers mots, la blonde brisa son verre entre ses doigts sans se blesser. Elle semblait être assez susceptible. Changeant de sujet par instinct de survie, je me présentais :

      - Je m’appelle Léténa D. Vilkas, héritière du clan Vilkas. Je fais partie de l’équipage des Ombres du Chaos de passage sur l’île. Je viens de Sirup, une île d’East Blue. Je suis une bretteuse et je viens tout juste de réaliser l’un de mes rêves : devenir une véritable louve. Je suppose que je vous dois ce miracle. Merci infiniment.

      Achevant mon petit discours, je m’inclinais avec respect. La blonde hésita une seconde, avant de hausser les épaules.

      - Tu as eu de la chance. Je ne savais pas quel était le pouvoir de ce fruit du démon lorsque je l’ai mis en jeu. Le destin t’a fait une fleur, une fois de plus.

      - Une fois de plus ?

      - Si tu ne t’étais pas transformée pour rendre ce combat plus intéressant, j’aurais abaissé la manette que tu vois là-bas pour ouvrir la trappe de l’arène.

      Je n’osais pas demander où menait cette fameuse trappe mais, j’avais ma petite idée à ce sujet. Nous étions à l’extrême limite d’Armada. Une baignade pouvait s’avérer mortel à cet endroit. L’île ne ferait pas demi-tour. A cette pensée, je pris une minuscule gorgée de l’alcool rouge que je faillis recracher.

      - Il semble que j’ai le chic pour mettre l’ambiance. Une petite chose m’échappe si vous me le permettez. Pourquoi m’avoir fait monter vous rejoindre ?

      La pirate reposa son verre brutalement et je crus ma dernière heure arrivée. Au lieu de ça, la blonde s’étala de tout son poids sur le canapé.

      - Tes questions sont ennuyeuses. Mes hommes se chargeront d’y répondre. La seule chose que tu dois savoir c’est que je te veux à mon service lorsque tu seras sur Armada. Si tu es aussi douée que tu le prétends pour distraire, je te chargerais d’organiser les tournois dans ma taverne. Le Terminus sera ton foyer sur Armada. Maintenant laisse-moi.

      Je faillis répondre, mais le regard déterminé de la blonde me dissuada de tout commentaire. Je pris la direction de la porte.

      - Une dernière chose. J’aime ton style.

      Je me contentai d’un merci avant de vite passer la porte. Je descendis les marches quatre à quatre avant de pratiquement défoncer la porte menant à la taverne. Je tombai sur les trois pirates qui m’attendaient.

      - T’es en un seule morceau ? Ben ça. Elle doit vraiment t’avoir à la bonne.

      Sans y aller par quatre chemins, je leur expliquais ce qu’il s’était passé là-haut. Les pirates ne semblèrent pas surpris, sauf au moment où je mentionnai le dernier détail.

      - … elle me veut à son service. Mais je ne peux pas accepter, j’ai déjà un capitaine et un équipage. Je ne peux pas interrompre mon voyage.

      Les pirates réfléchirent un instant.

      - Elle t’veut ? Ma foi, ça pose pas de problèmes. T’a qu’à passer par ici dès que tu te pointe sur Armada. Organise-lui ce qu’elle veut. La patronne s’appelle Angélica Skuka. C’était une pointure dans le temps. On en a vu de belles avec elle. Elle t’a détruit un paquet d’île et même battu un des shishis. Sa dernière prime s’élevait à trois cent millions…

      Je déglutis à l’annonce de la prime. Alors j’avais eu en face de moi une véritable menace pour le gouvernement mondial. Une pirate qui avait fait trembler le monde. Si tel était le cas, c’était ma chance. Je devais saisir l’occasion de me rapprocher d’Angelica. Elle devait avoir beaucoup à m’apprendre. Avec Aoi et Angelica, mon avenir était assuré. Je devais accepter.

      - J’accepte. Quand je reviendrais, j’organiserais le plus grand tournoi qu’elle ait jamais vu.

      - C’toi qui voit. Si t’veux crécher ici, on a une piaule pour toi. La patronne d’vait avoir prévu son coup.

      - Peut être une autre fois. Je reviendrais dès que possible.

      Prenant congé du trio, je jetai un dernier regard en direction du perchoir. Dans l’ombre, je crus y apercevoir quatre yeux m’observant. A partir de maintenant, Angelica Skuka avait un œil sur moi…

    * traduction : tasse de thé
    ** L'esprit maléfique de léténa (en italique dans le texte)
    Spoiler: