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Could this be ? [Althie]

Juillet. Ou comment ne pas pouvoir profiter de ses vacances. Ou plutôt, si. Comment passer de vraies vacances. Et non, cette fois, pas de visite à tes grands-parents. Car on t'envoie te perdre à South Blue. Dans un sens, ça ne te dérange pas. Non. Clairement pas. Tu avais commencé à imaginer ton séjour là-bas... Et. Non. Non. Non. Vraiment, non. Tu préfères encore devoir partir en mission pour le gouvernement que de devoir supporter des semaines et des semaines d'ennui. Tu visualisais déjà les journées passées dans un fauteuil de la bibliothèque. Tu sentais déjà l'odeur de poussière des lieux. Tu aurais presque pu ressentir le grain du papier vieilli sous tes doigts. Tu avais tellement l'habitude de ça. Tellement l'habitude de te préparer à végéter pendant des semaines. Végéter sans aucune occupation cérébrale. L'abrutissement le plus profond, dans le décor le plus charmant qui soit. La campagne. Les paysages bucoliques. La chaleur caressante. Le souffle du vent. Le chant des moineaux. Et l'ennui. La monotonie. Les gens. Tout. Tout était prévisible. Horriblement prévisible. Et c'était à en vômir. Oui, en vôôômir. Sans aucune retenue. Tu aurais encore passé un été à leur déverser des horreurs dessus, mentalement. Tu aurais encore passé des semaines à t'imaginer en train de répandre leurs tripes, ne serait-ce que pour pimenter un peu le quotidien. Le quotidien. Voilà bien un mot que tu détestes. Tu aimerais qu'il n'y ait plus jamais de quotidien. Juste purement et simplement, Aujourd'hui. Juste Aujourd'hui. Sans tenter de prévoir demain. Juste Aujourd'hui, avec son lot de nouveautés. Son lot d'excentricités, d'écarts, de folies, de... De tout ! De tout, tant que cela brisait ce cercle vicieux nommé monotonie. Ces horreurs qu'on appelle les habitudes.

Et c'est dans cet état d'esprit que tu avais sauté sur l'occasion. On te proposait un poste sur South plutôt que de devoir rester sur West. Et tu n'avais pas hésité. Tu t'étais jeté sur cette opportunité. Tu devais aller surveiller la garnison de la ville de Saint-Uréa. En tant qu'agent infiltré. Et cela te faisait sourire. Tu n'avais jamais pensé que vos dirigeants pouvaient être des gens de bien. Et à juste raison. Tu aurais du obtenir un accord des dirigeants de la ville pour agir. Mais on t'envoyait juste en surveillance, en tant que nouvelle recrue. Sous la couverture d'un jeune mousse. Sans le moindre respect de cet accord. En piétinant totalement le fait que tu aurais du avoir une autorisation. Et... Tu trouve ça absolument génial. C'est excitant. Exaltant. De quoi t'emballer un peu plus que de simples travaux de charpenterie. D'autant plus qu'il y avait une chose que tu avais repérée à ton arrivée. Les chiens de pierre. Ce corps d'élite. Cette troupe de guerriers dont aucun geste, même le plus vil, n'enfreignait la loi. Car leurs actes faisaient office de loi. Et tu étais là depuis quelques jours, intégré à un petit détachement de soldats. Tu étais là, bien tranquille. Tu te tenais à carreaux. Tu observais. Tu trépignais. Tu prenais ton pied. Avec autant de variables, d'individus, de cibles potentielles, de prédateurs possibles, toute cette émulation te transportait. Tu t'amusais. Tu t'amusais, plus que jamais.

Mais ce soir là... Ce soir là n'était pas comme les autres. Tu avais accepté, un peu contraint et forcé, de suivre tes nouveaux « camarades » lors de leur permission. Et ils t'avaient embarqué avec eux dans les rues de la ville, écumant quelques bars. Mais voilà. Tu as enfin pu sortir. Te voilà enfin un peu tranquille. Tu t'appuies contre un mur, fermant les yeux. Tu réfléchis un peu. Tu essaies de mesurer quels effets l'alcool peut avoir sur toi en ce moment même. Tu es resté raisonnable. Tu n'as bu que pour faire illusion. Et tu dois bien avouer que tu n'en as pas l'habitude. Et la chaleur s'est installée en toi. Une légère et douce chaleur, qui te colore un peu les joues. Ce qui ne t'empêche pas de penser. Au contraire même. Tu as l'impression de tout voir plus en détail. Que tes pensées s’enchaînent encore plus vite. Du moins elles pourraient continuer à le faire. Elles pourraient, si ce son ne te distrayait pas tant. Ce son assez particulier. Ce son mélodique. Car à bien y faire attention, c'est une mélodie. C'est un chant. Un chant attirant. Un chant intéressant. Et tu sens ce frisson te parcourir l'échine. Cette petite décharge. Ca y est. Tu ne sais pas qui chante, mais il, ou elle a réussi à piquer ta curiosité. Et tu t'avances dans les rues. Tu marches, comme un somnambule, la tête relevée un peu trop haut, cherchant l'origine de cette chanson. Tu ne fais pas vraiment attention. Tu bouscules quelques passants. Tu t'excuses platement, avec empressement et multipliant les courbettes. Tu continues à jouer le gentil garçon. Et tu avances. Tu avances. Guidé par cette mélodie. Guidé par cette voix. Cette voix si particulière. Si captivante. Presque ensorcelante. En un mot comme en cent, effroyablement intéressante.
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TITRE SAUVAGE & SWAG


Moriarty | Althéa PANABAKER



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Juillet. Chaleur, moiteur étouffante, vacances. Mais aussi chansons en plein air, ballades nocturnes dans la brise de St Urea, les lucioles et les rires. Cela était pour moi la meilleure saison : l'été, et ses baignades, sa douce brise chaude. J'avais décidé le soir même qu'au lieu de me représenter dans la taverne de Kéran, où j'avais mes petites habitudes, j'irais flâner au gré de mes envies. Et c'est ainsi que je me retrouvais, habillée de frais à la garçonne, pantalon et tunique de toile coupée par une ceinture en écharpe, le tout dans des coloris bruns et orangés, pieds nus, que je me mis en marche. Mon sac en bandoulière contenant mes instruments sautillait sur ma hanche, tandis que l'étole de soie rouge cachait mes cornes, liée sous ma masse chevelue et sombre, derrière mes oreilles. J'avais un petit air de bohémienne, un peu androgyne grâce à mon absence quasi totale de poitrine.

Les pavés étaient froids sur la plante de mes pieds délicats, mais je n'y faisais pas attention. Il régnait une douce ferveur parmi les gens de la foule. Des marchés nocturnes avaient été lancés, offrant confiseries et bières à ceux qui le désiraient. J'allais même jusqu'à dépenser un peu d'argent dans une sucrerie, par pure gourmandise. Tout en la dégustant, le bonbon fondant sur ma langue, je trouvais une place tout disposée pour chanter : un baril abandonné sous une arche métallique portant du lierre en fleur. Sous la lumière des lampadaires, il y avait quelque chose de délicatement beau et subtil dans cet endroit que l'on ne s'attendait pas à trouver à St Urea, surtout dans la frange. Je m'installais paisiblement sur le tonneau de bois cerclé de métal, les jambes croisées, et portant ma petite harpe en bois doré sur ma hanche, je me mis à pincer les cordes.

Mes doigts aux ongles noirs tiraient de mon instrument des sons étonnants et cristallins, qui s'élevaient dans la nuit comme autant d'appels au mélomanes. Alors qu'une petite foule s'approchait, attirée par mes mélodies, ma voix puissante et ravie s'éleva, contrepoint touchant à ma musique. Mes tonalités étaient chaudes, vibrantes d'émotion et quasiment magique, dans l'air du soir imprégné de lumière. Le lierre tombait autour de moi, rendant la scène encore plus mirifique. Mais la beauté de mon entourage ne m'intéressait pas ; seule ma musique comptait. Je me mis donc à chanter les aventures du Roi Poisson, de la Licorne volante, puis d'autres contes encore, tous plus joyeux et beaux les uns que les autres. Je parcourais avec une agilité induite par l'expérience les cordes de mon instrument. Puis, je me tus. La foule applaudit, et s'éloigna. Un petit garçon s'approcha et m'offrit une fleur qu'il venait de cueillir. Un rire spontanée et innocent éclata de ma bouche, sortant d'entre mes lèvres comme la plus pure expression de joie. Je le remerciais d'une voix douce, et mis la fleur bleue dans mes cheveux, glissée sous mon bandana pour qu'elle ne tombe pas.

Oh, bonsoir ! Puis-je vous aider ? demandais-je, alors qu'une silhouette semblait ne pas vouloir bouger.

Je descendis de mon tonneau. L'instant était passé, et j'avais à présent envie de bouger. Je m'étirais à la manière d'un chat. J'étais ravie de cacher mes cornes sous mon bandana ; la plupart des gens de la frange se révélaient plus réceptifs à mes chansons quand ils ne voyaient pas cette difformité de naissance. Hélas, le vent joueur s'était mis à souffler, et je dus retenir d'une main l'étole rouge qui ornait mon opulente chevelure noire et bouclée. Il suffisait d'un instant, et je redeviendrais le Rossignol, cette fille étrange et cornue dont la voix était si cristalline. Certes, j'avais reçu des compliments sur mes chansons, et cela m'encourageait comme jamais à continuer dans ma voie. Je savais que j'avais bien fait de quitter mon île, et de venir chercher fortune ici, sur les atolls plus grands. Pourtant, quand les gens normaux voyaient mes cornes, ils m'identifiaient comme différente d'eux. J'en avais l'habitude, mais j'avais le coeur trop innocent pour m'être réellement débarrassée de la tristesse que m'inspiraient de telles réactions.

J'aurais voulu m'en moquer, me ficher de ce que pouvaient penser les gens. Parfois, j'arrivais à m'en convaincre. Mais j'avais toujours été trop sensible, trop naïve. Secouant la tête pour me débarrasser de ces pensées plutôt sombres, je posais mon regard d'ambre foncé sur le jeune homme, et lui offris un sourire innocent et délicat.

J'espère que vous avez aimé mes chansons ! continuais-je, de ma voix toute aussi mélodieuse que quand je chantais. J'exhalais une aura de douceur et gentillesse ; je faisais même plus jeune que mon âge, ridicule petit bout de femme, minuscule souris avec des formes rondes et délicates, bien qu'invisibles sous mon déguisement du soir. Pourtant, on ne pouvait se tromper sur mon origine quand on observait mon visage aux traits délicats : j'étais bel et bien une fille.

Je m'approchais du jeune homme et fis une courte révérence, maladroite, puis éclatais de rire devant mon formalisme. Je n'avais nul besoin, ici, de saluer le public, mais je l'avais fait par habitude et aussi parce que tout chanteur digne de ce nom se devait de faire des courbettes à la fin de ses chants. Non ? Je remis en place mon bandana, que le vent comme prit d'une vie propre s'amusait à faire voltiger, ainsi que mes mèches. Je n'aurais voulu pour rien au monde voir la déception dans son regard. Je n'aurais pas voulu le voir s'éloigner, vaguement curieux quant à ma condition. Et pourtant, je me sentais coupable, comme si je jouais un personnage. Comme si je lui mentais. Je mordillais un instant ma lèvre inférieur, tiraillée entre l'envie d'être prise pour une fille normale, et l'idée d'être repoussée pour ce que j'étais.

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Tu approches. Tu attends. Tu hésites. Ton flux de pensées semble s'être figé. Tu ne penses plus. Tu te contentes d'écouter. Tu l'observes de loin. Tu observes sa silhouette. Son instrument. Son visage. Et tu ne relèves rien. Tu ne relèves pas les détails. Tu ne notes pas les expressions. Tu ne jauges pas les gestes. Tu la vois. Tu la vois évoluer devant toi. Car c'est une femme. Tu le sais. Une part de ta raison te le souffle, sans que tu saches vraiment pourquoi. Le peu de ton esprit encore en mesure de fonctionner a réussi à analyser le grain de sa voix, pour te souffler qu'il s'agissait bien d'une demoiselle. Mais ta raison, tu n'arrives plus à la faire fonctionner, justement. Tu ne réfléchis de moins en moins. Jusqu'à ce que tu ne réfléchisses plus. Tu ne calcules plus. Tu es là. Tu entends. Et plus encore. Tu écoutes. Tu es concentré sur ces chants si particuliers. Tu es absorbé. Tu es captivé. Tu ne saurais dire pourquoi. Ou peut-être que si, justement. C'est comme si... Comme si elle avait donné vie aux contes. Comme si elle avait rattrapé des années d'histoires et de comptines que tu as découvertes de toi-même, à travers les pages de livres. Tu te rappelles de ces soirées que tu as pu passer, un livre entre les mains, alors que tu n'étais qu'un enfant. Ces soirées que tu as passé à te perdre dans tes lectures, espérant juste un refrain. Juste une berceuse. Juste une petite chanson. Juste peu d'attention. Tu ne demandais pas grand chose, mais on ne te le donnait jamais. Et c'est comme si elle venait de rattraper des années et des années de chansons auxquelles tu n'avais pas eu droit. Comme un morceau de ta jeunesse qui venait t'interpeller. Un fragment de jeunesse et d'innocence. Mais un fragment fugace. Un petit rien vivace.

Tu ne sais pas si c'est sa voix qui te fait un tel effet, ou simplement le choix des textes. Mais tu restes là, et tu écoutes. Tu fermes les yeux. Tu savoures l'instant. Tout simplement. Tu te laisses aller à la musique. Tu te surprends à relever la tête, pour observer le ciel. Tu observes la voûte bleutée au-dessus de vous. Tu la contemples. Et tu oublies le reste. Tu oublies tes réflexions. Tu oublies tes médisances. Tu oublies ton arrogance. Tu en oublies même ton génie. Et tu deviens ce gamin. Ce gamin paumé. Ce gamin rêveur. Ce gamin que tu aurais pu devenir. Mais que tu as choisi de ne jamais être. Et pourtant, c'est le cas en ce moment même. Et tu ne t'en rends même pas compte. Tu souris simplement. Tu souris d'un sourire franc. Chose rare. Et pourtant, tu le fais. Car tu ne réfléchis plus. Ton esprit est comme engourdi par cette voix. Comme si ces chansons l'avaient bercé, et qu'il se trouvait désormais assoupi. Mais même les meilleures choses ont une fin. Tu entends les applaudissements alors que le chant s'estompe. Mais tu ne reprends pas tes esprits pour autant. Etait-ce l'alcool, ajouté à l'effet de ces chansons qui te faisait perdre les pédales ainsi ? Ou bien n'était-ce véritablement que ces chants ? N'était-ce vraiment que sa voix qui t'avait fait perdre tes repères ?

Tu ne sais pas. Tu ne sais plus. Tu ne te repères même pas en réalité. Tu es comme déconnecté du monde en cet instant. A l'instant précis où la chanteuse quitte son tonneau pour venir s'adresser à toi. Et tu clignes des yeux. Tu ne comprends pas sur le coup. Et il te faut quelques secondes pour reprendre tes esprits. Il faut quelques secondes pour comprendre, alors qu'elle continue en te demandant si tu as aimé ses chansons. Tu clignes encore un peu des yeux, confus. Tu ne saurais même pas répondre en vérité. Si ton subconscient pouvait répondre, alors ce serait un grand oui. Mais tu ne saurais même pas dire. Tu rassembles tes pensées. Tu les réorganises. Et tu rougis devant elle. Tu rougis doucement. Tu rougis de ne pas savoir comment réagir devant tant de candeur et de douceur. Car le masque du gentil petit Caleb vient de retomber sur ton visage. Ce sempiternel masque vient de reprendre sa place, alors que tu souris. Tu souris gentiment. Tu commences par fuir un peu son regard, alors que tu te tends légèrement, d'une tension musculaire presque imperceptible. Tu joues le jeune homme mal à l'aise. Et pendant ce temps, tu observes. Tu l'observes, elle. Et ton esprit se réveille petit à petit. Et ta fascination va grandissante. Ta curiosité avait déjà été piquée en entendant ces chants, de prime abord. Mais il y avait plus encore. Ces chants t'avaient ensuite comme ensorcelé. Cela aussi t'interpellait. Et maintenant que tu pouvais l'observer de plus près, tu remarquais quelques nouveaux détails. Tu voyais ses ongles noirs. Tu voyais ses petites manies. Notamment son besoin de garder cette étoffe rouge autour de la tête, et ce malgré la chaleur. Et quelque chose clochait. Il y avait encore quelque chose qu'elle cachait. De quoi s'agissait-il, là était la question. Mais dans tous les cas, tu étais sûr d'une chose. Ton esprit s'excitait. Et tu avais quelque chose d'intéressant sous les yeux. Alors tu lui souriais. Oui, tu continues à lui sourire, tout en réfléchissant, avant de lui répondre enfin.

    Je. Je. Oui, mais vous. Euh. Comment dire. Je. Vous chantez vraiment bien vous savez.


Tu hésites. Tu ne sais pas vraiment quoi dire. Tu ne trouves pas les mots justes. Tu ne sais pas vraiment comment procéder pour une fois. Tu as des plans qui se dessinent. Tu as des ébauches qui se créent. Mais rien de bien concret. Tu serais curieux de voir ce qu'elle a à cacher. De découvrir pourquoi elle semble si partagée. Alors tu te contentes de sourire, bêtement. Comme le jeune homme dont tu envoies l'image aux gens. Tu as totalement repris ton rôle de composition. Et tu continues, de la même voix hésitante et mal assurée.

    Vous savez je. Je pense que j'aurais pu vous écouter des heures si j'avais pu.


Et tu t'arrêtes. Tu rougis. Tu souris. Tu rirais presque de ton audace. Ca ne te ressemble pas de complimenter ainsi les gens, même en jouant le gentil garçon. Mais dans un coin de ta tête, tu sais que c'est vrai. Dans un coin de ta tête, tu sais que si tu en avais eu l'occasion, tu l'aurais écoutée jusqu'au bout. Que tant qu'elle chantait, tu serais resté parmi le public. Que tu aurais pu l'écouter jusqu'à en devenir sourd. Parce que sa musique était enchanteresse. Sa musique était comme magique. A tel point que tu n'as pas encore remarqué son attitude enfantine. Son trop plein d'enthousiasme. Sa candeur aux notes de guimauve. Sa gentillesse. Cette chose tellement écœurante pour toi. Car tu as encore sa musique en tête. Tu as encore ces chants gravé dans un coin de ton esprit. Tu n'arrives pas à les oublier. Tu n'arrives pas à les chasser. Et te voilà comme mystifié. Comme ensorcelé.
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Moriarty | Althéa PANABAKER



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Le jeune homme face à moi avait l'air jeune, à peu près de mon âge, à vrai dire. Sa physionomie me dictait qu'il était timide, et la suite me donna raison. Alors que je l'observais avec douceur, attendant qu'il ne me parle ou ne s'en aille, le voilà qui bégaye de façon adorable. Il me complimente, rougit, semble embarrassé. Je connaissais assez bien cette situation pour le prendre en pitié. Je savais ce que cela faisait que de se retrouver devant quelqu'un qui nous gênait - il m'était juste étrange d'être celle qui faisait rougir plutôt que celle qui rougissait. La main retenant toujours le bandeau sur ma tête, je souris délicatement à ses paroles.

C'est vraiment gentil de votre part, de dire ça. Mais je ne suis pas sûre que j'aurai pu tenir plus longtemps.

Un petit éclat de rire cristallin jaillit de mes lèvres, limpide et pur. Je continuais d'observer le jeune homme, puis me présentais. Il faisait chaud, au point que je sentais une légère moiteur se former sur ma peau crémeuse. Ma nuque, sous mon imposante crinière, était également couverte d'une pellicule de sueur, et je grattais étourdiment la base de mes cornes, les faisant se dessiner et poindre sous le tissu sans m'en rendre compte, alors que je parlais.

Je m'appelle Althéa, et vous ?

Ma voix était chantante, douce comme la caresse du vent. Mes grands yeux de biche aux longs cils étaient fixés dans son regard clair. Il avait de très jolis iris, d'un vert tendre, agréable à l'oeil. D'un geste simple, je remis en place ma chemise, en retirais les plis du plat de la main, un peu embarrassée de me présenter aussi mal fagotée devant quelqu'un qui avait aimé mes chansons. Puis, alors que je continuais de le fixer, des silhouettes s'approchèrent. Des hommes, la plupart. Ils portaient un uniforme. Et ils semblaient peu engageants - jusqu'à ce qu'ils me voient. Un sourire égrillard effleura leurs lèvres, et l'un d'eux s'approcha du jeune garçon pour s'exclamer :

C'est pour elle, que tu t'es mis à courir partout ? Joli brin de fille, quoi qu'un peu trop cornu à mon goût ! s'exclama un grand gaillard blond.

Des soldats. J'étais pétrifiée. Je n'avais jamais eu d'ennuis avec la milice, et je ne voulais pas en avoir. Ils me lancaient tous des regards curieux, venant de moi au jeune homme, puis en sens inverse. Je sentais d'où j'étais leurs haleines alcoolisées. Ils avaient du boire, faire la tournée des bars, peut-être. Et j'avais la sensation d'un danger imminent, d'une menace, dans l'air frais du petit soir. Je déglutis, et remis tant bien que mal le tissu sur mes cornes, mais peine perdue ; ils savaient tous. L'une de mes cornes, traîtresse brune et annelée, était sortie de son fourreau de soie et avait découvert ma monstruosité. Je baissais les yeux, vaincue, déjà prête à tout remballer et à partir sans demander mon reste. On ne demandait jamais de restes, face à la garnison de St Urea. Ils étaient la loi, ici, et leurs voix faisaient offices de règles.


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Tu sens ta conscience refaire surface. Tu la sens remonter, lentement. Comme sortant d’une longue léthargie. Elle parle normalement. De cette voix toujours chantante. Toujours intrigante. Mais tu sens ton intellect supérieur reprendre de l’activité. Tu recommences à intégrer les informations. Tu recommences à les classer. Lentement, mais sûrement. Althéa. Un nom peu conventionnel. Mais de toutes façons, elle est tout, sauf conventionnelle. Car oui, tu viens de le remarquer. Tu viens de remarquer ce petit détail. Cette protubérance. Cette forme qui se dessine sous la bande de tissu. Une lueur s’allume dans tes yeux. Une lueur amusée. Une lueur d’intérêt. En plus d’avoir une voix enchanteresse, elle avait cette particularité ? Tu avais vraiment une cornue en face de toi ? Tu gardes les yeux rivés sur ses cheveux, la bouche entrouverte. Tu t’apprêtes à lui répondre, sans vraiment savoir quoi dire. Mais voilà qu’on t’interromps. Voilà que tes camarades soldats viennent couper court à la discussion.

    Eh. Je. Eh, les gars ! Du calme, elle. Elle vous a rien fait pas vrai ?


Tu sais bien comment ils sont. Tu sais bien qu’ils ne sont pas méchants. Qu’ils sont simplement... Retardés mentalement. Mais tu ne peux pas leur en vouloir pour leur bassesse. Ils ne peuvent pas tous être des génies de ton acabit. Mais ils risquent de vouloir s’amuser. Ils sont soldats. Ils portent l’uniforme. Alors ces idiots se croient tout permis. Mais tu ne comptes pas les laisser faire ce qu’ils veulent. Surtout avec elle. Si cela avait été une autre, passe encore. Si tu avais eu à faire à une simple chanteuse, tu ne l’aurais pas couverte. Même avec une belle voix, elle n’aurait été qu’une simple roturière. Une de ces chanteuses banales et habituelles. Le talent se trouve souvent. Même vocalement, tu aurais pu en trouver d’autres. Mais elle n’est pas une banale petit chanteuse. Tu as là une cornue. Une cornue. Oui. C’est incroyable. Impensable. Tu n’aurais probablement jamais imaginé en croiser une par ici. Et pourtant elle est là. Alors même s’ils sont censé être tes camarades, tu ne les laissera pas lui faire le moindre mal. De toutes façons, ils ne sont que des idiots. Des soldats stupides et tout ce qu’il y a de plus banal. Des soldats comme tu  en croiseras des milliers par la suite. Alors ils ne la toucheront pas. Tu ne le permettras pas.

    Allez, je. Pourquoi vous n’iriez pas faire un tour ? Il doit bien y avoir une ou deux tavernes que vous n’avez pas encore essayé ?


Tu gardes ta voix mal assurée de gamin. Mais ils vont dégager. Ils ont intérêt. Tu as trouvé une personne digne d’intérêt. Tu as trouvé une personne qui a réussi à piquer ta curiosité. Et tu ne comptes pas la laisser tomber ainsi. Tu as trouvé une chanteuse exceptionnelle. Une chanteuse cornue. Une espèce rare. Une espèce que tu n'as encore jamais croisé. Tu es comme un gosse à qui on présente un nouveau jouet. Tu crève d'envie d'en découvrir plus. D'en apprendre plus sur elle. Sur son espèce. Tu sens cette soif de connaissance refaire surface. Cette envie d'apprendre qui te reprend aux tripes. Tu as envie de rester tranquille. Pour observer. Pour questionner. Et ils n'ont pas intérêt à te gêner.

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