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Le grand championnat des Cygnes du North avait débuté il y a deux semaines de cela. Il s'agissait d'une vaste compétition à laquelle participaient une multitude d’établissements académiques, mettant en scène de nouveaux challengers à chaque nouveau tournoi. Et dans cinq jours, c'était le sixième match des poules préliminaires de la frange septentrionale de North Blue qui aurait lieu.

Il opposerait l'équipe de l’académie militaire du Royaume d’XXXXX, à celle de l’école des officiers de la République de Nombidon. Les deux établissements ne partageaient pas de rivalité particulière l’une avec l’autre, et aucun incident n’avait été à déplorer au cours des années précédentes. Pour autant, ces écoles avaient vocation à former de jeunes gens qui œuvreraient dans le même milieu ; en conséquence, il était tout naturel que les participants soient sous pression.

-On arrive peut être demain soir, mais c'est pas une raison pour se laisser aller. Tout le monde au lit, et que ça saute. Allez les filles! Et Sigurd.

C’est à peu près une dizaine de jeunes femmes qui répondirent en chœur à l’instructrice Saakhachivli, avant de se mettre en route vers leurs cabines, toutes bavardant joyeusement comme de bonnes copines.

Une seule personne resta en retrait. Un jeune homme, perdu dans cette immensité de jupes et de manucures, et qui ne savait pas trop où se placer.

-Mwarharharh. Pas besoin de vous fatiguer pour moi à chaque fois, j'le prendrai pas mal.
-Hein ?
-Vous rajoutez toujours « Et Sigurd », quand vous dîtes « les filles », s’amusa le jeune homme.
-Ah. Ne t’en fais pas.
-Nan, nan. J’m’en tape. L’habitude, depuis le temps. Par contre, j’me demandais… pas trop compris. Je dors où, en fait? Y’a une cabine juste pour moi, ou bien ?
-On t’a assigné à… attends, c’est dans les papiers… alors, la liste… la cabine 17, non ?
-Ouais. Mais ça va pas être possible, y’a déjà des filles dedans.
-Oui, oui.
-… hein ?
- C’est tout prévu, elles sont d’accord.
-…
-Ca te pose un problème ?
-… bwoh. Nan, pas vraiment. Et elles ?
-Elles sont d’accord, je te dis. Evangeline, Lena, Solvëg. Toutes les trois.
-…
-…
-Okay, conclut Dogaku, emportant ses bagages sans réagir plus que ça.


Les Cygnes du North. Il s'agissait d'une compétition strictement féminine. Tous les participants étaient des participantes. Et plutôt jolies en plus de cela. La taille fine, et un corps soigneusement entretenu, à défaut d'avantages plus évidents.

Pour pratiquer la natation synchronisée à ce niveau, il fallait au moins cela. La majorité de ces jeunes femmes, en plus d'être des officiers en formation à l'académie militaire du Royaume d'XXXX, étaient des athlètes accomplies.

Parmi elles, on retrouvait deux groupes aux fonctionnements bien spécifiques.

Tout d'abord, il y avait les nageuses elles mêmes. C'étaient elles, qui souffraient essentiellement du trac, et qui prendraient part au championnat.

Et puis, il y avait les majorettes. Leur performance serait moins importante, et on pouvait croire qu'il valait mieux pour elles ne pas trop détourner l'attention du jury sous peine de pénaliser les nageuses.

C'était tout le contraire. Les deux groupes avaient longuement répété ensemble, de manière à synergiser leurs chorégraphies au maximum. Leurs prestations ne s'éclipsaient pas mutuellement: elles se renforçaient l’une et l’autre.

Est-ce que leur travail de longue haleine allait payer? Ça, il n'y avait qu'un seul moyen de le savoir.

Dans cinq jours, elles devraient donner leur maximum.

Mais elles n'en étaient pas encore là. Pour sa part, le jeune Sigurd Dogaku était rattaché au deuxième groupe.

Sig'peluche, la mascotte au costume de lion qui enflammait toujours son public d'une main de maître.

C'était lui.
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Tout avait commencé par une belle soirée, soleil chutant machinalement à l'Ouest et en douceur. Le coquinou rougissait dans l'horizon, sans doute parce que d'ici là qu'il s'enfonçait dans la mer, il se verrait bien donner dans la dilatation. Bah la sienne, hein, bande de pervers ! Vous pensiez à quoi sinon ? Non mais allô !
Justement, une fois à l'eau, il étalerait ses chaudes couleurs à la surface, avant de disparaître dans les profondeurs marines. Eh non ! Ce pignouf au corps lisse, gros et rond ne savait pas nager. Mouarf !

Dans le même genre, il existait un homme, un grand personnage, large, lourd, lent, qui avait fait escale à North Blue pour des raisons personnelles. À sa manière, lui aussi pouvait rosir. Et même dégouliner. Lui aussi avait chaud et devait donc s'habiller du strict minimum. Comprendre, juste une grosse couche culotte, quoi. Chauve, imberbe, et de ce fait, quasi nu, Gura avait donc débarqué sur cette île pour se refaire une santé.
Bon d'accord, il était loin d'être malade. Pas comme ce type dans la ruelle qui dégueulait son dîner, ses boissons alcoolisées, ou toute autre chose crade qu'il aurait pu avaler... mais cela ne nous regarde pas !

En fait, le Sumo tombait dans une sorte de période de dépression ? Le genre de passage à vide où on s'apitoyait facilement sur son sort, qu'on ne servait plus à rien dans la société, et où on en voulait autant à la Terre entière.
Du coup, voilà qu'il s'était mis en tête de voyager, voir ailleurs si l'herbe est plus verte chez le voisin, toussa toussa. Ne pouvant plus danser agilement le twerk sur scène depuis ses mensurations extrêmes, sa famille du cirque avait dû prendre des mesures. Pas en centimètres, cette fois. Mais l'envoyer rouler, bouler, et rouler-bouler sur la touche, quoi.

_ Un concours de Cygnes ? retranscrit Gura dans son jargon, en lisant une affiche placardée sur un mur. Pfff, mouais, bof.

_ Apparemment, t'es pas du coin, toi ? Lança une silhouette proche de badaud. C'est pas le vulgaire concours de Miss d'école primaire, hein ! C'est Ze Championnat de la mort qui tue.

_ Et alors ?

_ Bah, y' aura des beaux p'tits c*ls, mon pote ! Conclut-il en dévisageant celui de son énorme interlocuteur. Tu devrais y faire un tour. C'est le genre de bal de oufs à ne pas râter, quoi.

Okay. Le gars n'avait peut-être pas tort, après tout. C'était le type de défilé et/ou de spectacle qui devait donner du baume au coeur, quand on y pense.

Sans se renseigner davantage, le catcheur se mit en route en s'aidant de l'adresse inscrite sur l'affiche. Vous savez comment ça marche, de toute façon ? Si tu ne pré-commandes pas ta place dans les plus brefs délais, tu peux t'asseoir dessus pour espérer encore choper du billet V.I.P.

Enfin... non pas que la cérémonie était commerciale comme la Japan Expo, bien entendu. Quoique ? Mais disons qu'avec du bol, le public lambda s'installerait derrière les barrières de sécurité, tandis que d'autres seraient par exemple dans de belles tribunes, ou que sais-je encore... Et puis quand on s'appelait pratiquement Gras Double, ça en faisait du bourrelet à caser au premier rang.

Adjugé vendu, donc. Le colosse irait donc fouiner dans les environs un peu avant. Ça lui laissait d'autant plus le champ libre, car contrairement à la mi-journée, là il y avait moins de monde à l'extérieur. Tous devaient probablement être en train de bouffer dans les restos de la ville.
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Dortoirs en cabines de quatre. A cette occasion, deux des trois filles s’étaient équipées d’un épais pyjama bien douillet, et s’affairaient dans leur lieu de vie sans avoir à éprouver la moindre gène devant leur quatrième colocataire. La troisième portait une robe de nuit plus légère, ornée de quelques lacets et froufrous amusants qui attraient le regard. Pour autant, l’ensemble la recouvrait bien assez pour que l’on n’ait pas à la détailler davantage.

Pour sa part, Sigurd était déjà prêt à aller s’endormir sans faire de vagues. Mais même si le couvre-feu avait été donné, la discussion allait bon train. Il leur suffisait de converser à voix basse.

Les filles en profitèrent pour papoter tranquillement de sujets plus intimes, pendant que lui se brossait méthodiquement les canines devant son lavabo. Ceci jusqu’à ce qu’il tombe nez à nez avec un petit tube qui dépassait d’une des trousses de toilettes déposées là.

Hydra Clean Cream, des laboratoires Lanclûme.

Dogaku réagit presque immédiatement face au produit de beauté.

-Tiens, y’a quelqu’un qui utilise de ça ?

Elles le considérèrent un moment, étrangement. Il n’était pas du genre à railler les autres, ni à être particulièrement indiscret, même s’il fourrait parfois son nez dans les affaires des autres… alors, quelle mouche l’avait piqué ?

Finalement, une fille se désigna. Celle qui s’appelait Lena. Le jeune homme reprit aussitôt.

-Fais gaffe, expliqua-t-il d’un air grave, ma mère a déjà eu des ennuis avec ce truc. Des champignons qui lui ont poussé sur le visage.
-Uh ?
-Ouais.
-…
-J’déconne pas.
-…
-Vraiment, vraiment pas. Au début, ç’avait l’air de simplement être de petites tâches oranges qui apparaissaient. Elle s’est pas méfié, elle a gratté au savon. Or il se trouvait que…
-Euh…, s’inquiéta la jeune femme, à qui cela était arrivé quelques semaines plus tôt.
-Grave erreur !, s’exclama Dogaku en levant l’index, théâtral. En faisant ça, les spores des champignons se sont diffusées tout autour. Et deux semaines plus tard, elle en avait aussi sur l’épaule et le bras. Et sur tout le flanc. C’était horrible. Hoooorriiiiiiibleuh.
-Horrible comment ?
-Hoooorriiiiiiibleuh dans le genre qu’on aurait pu faire un repas pour toute la famille en seulement une semaine de culture. Elle passait son temps à gratter. Ca l’empêchait de dormir. Et c’est pas tout…
-Quoi ? C’est dangereux !?
-Naaaan. Pas toxiques, pas vraiment nocifs non plus. Ils sont même comestibles, en fait. Et passent super bien dans un risotto ou sur une pizza maison, j’ai testé avec une amie. Le vrai  problème, c’est que pour pousser, ça doit consommer. Et en l’occurrence, puisque ça pousse sur le corps, eh bah ça bouffe la peau.
-…
-C’est pas hyper violent non plus, bien sûr. Enfin, il parait que si on le laisse trop longtemps…
-Arrêêêêêêteuh, c’est crade !, l’interrompit une autre. J’aimerais bien pouvoir dormir sans faire de cauchemars, ce soir.
-Non, non !, reprit la concernée. Continue ! J’en ai aussi ! Des champignons ! Et j’ai gratté ! Alors ! Raconte ! Tout !

Lena n’était pas spécialement effrayée, mais simplement du genre dynamique. Son amie réagit plus vite que Sigurd.

-Quoi, t’en as ?
-…

Elle hésita un moment, puis releva l’une des manches de sa robe à dentelles. De petits points roses étaient visibles, ça et là, sur son bras.

-Eeeeeew, lâcha l’autre.
-C’est grave ? Il lui est arrivé quoi ensuite, à ta mère ?
-Bwoaaah, rien. Y’a un moyen hyper simple de remédier à ça.
-Me disais bien, aussi. Alors ?
-Jus de tomate. Ces champignons y survivent pas, suffit de t’en imbiber. Le ketchup marche aussi, il parait.
-Mmmmh, remarqua la troisième. Ils en ont forcément en cuisine. Dans le bateau.
-Ouais, j’en ai vu tout à l’heure. Sauce tomate.
-Bon, conclut Sigurd. Donc demain midi, restera plus qu’à…
-Demain midi ? Naaaan, corrigea Lena. Tout de suite.
-Et le couvre-feu ?
-On s’en fiiiicheuh. Autant faire ça maintenant, c’est pas plus mal. Pas vrai ?
-Complètement d’accord, approuva son amie.

Rapidement, les deux jeunes femmes montèrent leur petit plan de sortie. L’objet de leur escapade serait de rejoindre la cuisine pour y dérober quelques bouteilles de ketchup sans se faire repérer, tant dedans que sur tout le trajet. Il leur suffisait de se faufiler dans les couloirs, d’éviter les escaliers principaux, qui débouchaient systématiquement sur des halls peuplés, et de prendre les issues parallèles pour changer d’étage en cas de besoin. Elles auraient à le faire, plusieurs fois. De même, la configuration du navire et des lieux d vie étaient tel qu’elles auraient plusieurs détours à faire.

Est-ce qu’elles pouvaient le faire sans êtres vues ? Bien sûr. Les jeunes militaires suivaient le module de formation « commando » à l’académie, et ne voyaient là qu’une séance de travaux pratiques.

Pourtant, elles furent coupées dans leurs projets par une voix pleine de reproches.

-Vous ne pouvez pas y aller à cette heure. Oubliez ça.

La troisième fille venait de prendre la parole. Vêtue d’un gros pyjama à motif tartan, blottie sous ses épaisses couettes duveteuses, la seconde nageuse de la cabine avait finalement décidé d’intervenir. Elle ne pouvait pas les laisser faire.

Et elles n’en avaient rien à faire. Aussi l’occultèrent-elle très rapidement.

-Ah, nan, commence pas, s’il te plait. Espèce de sorcière anti-fun. On y go. Sigurd, tu viens ?
-Euh… j’vais plutôt rester là, hein, répondit le concerné d’un ton hésitant. M’enfin, je serais plutôt du même avis. Pourquoi faire ça maintenant alors que tu peux très bien récupérer de la sauce tomate demain midi ?
-Parce que c’est moins marrant, tout simplement. Tu crois vraiment qu’on fait ça parce qu’on est sérieuses ? Escapade nocturnes, on est en voyage, faut en profiter, toussa !
-C’est justement ça, que je trouve… franchement… tordu ?

-C’est précisément ça qui n’est pas acceptable, renchérit l’autre fille, toujours aussi réprobatrice.
-Tsss. Rabat joie. Ben hop, nous on y go, hein. Souhaitez-nous bonne chance !

Et c’est ainsi que les deux jeunes femmes quittèrent la cabine pour s’enfoncer dans les entrailles du navire, dans la pénombre des lampes alignées tout le long du couloir.

Les deux autres refermèrent aussi silencieusement que possible. Et se retrouvèrent seuls, un peu ennuyés.

-Aw. Bon.

Un long silence s’installa. Ca n’avait pas l’air de la déranger. Elle s’en retourna tranquillement à sa lecture, un roman à l’eau de rose pour adolescentes avides d’historiettes étriquées.

Sigurd, pour sa part, savait beaucoup mieux discuter. Et surtout, faire parler.

-Erh… au fait. Ton prénom, c’est quoi, déjà ?
-Evangeline. Cadette au commissariat général.
-Aaaaah, commissaire. Comme la police ?
-Non, non. Les gens pensent toujours à ça, mais c'est complètement autre chose. En fait, il s'agit de…





Spoiler:
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Arpenter chaque rue jusqu'à la destination prévue ne fut pas la plus aisée des missions. Pourquoi ? Parce que ce clown n'avait pas demandé son chemin, surtout sur une île où il n'avait jamais mis les pieds auparavant. Et aussi parce qu'il croisa toute sorte de personnages pendant le trajet.

Ça allait du bon vieux mendiant qui réclamait une petite pièce, en passant par la prosti-pute qui dandina du petch pour espérer ensuite une mise en bouche, et tout un tas d'autres racolleurs du genre. Même un serveur avait pensé à s'écrier à pleins poumons, afin d'ameuter toujours plus de foule dans son cagibi miteux, infesté de bouteilles d'alcool pourri.
Respectivement, Gura se pinça le nombril devant le pauvre, le téton devant la pouf, et euh... rien du tout pour le dernier. À la rigueur, une giclée de sueur suffit à dégouter le gueulard.

_ Eh m*rde ! Ou est-ce que j'ai atterri, moi ? Se plaignit-il à un moment donné.

En effet, visiblement, il n'avait pas emprunté le bon chemin. On aurait donc plutôt dit qu'il s'éloignait vers les quartiers malfamés.

Le Sumo rebroussa alors sur quelques mètres, tourna ailleurs, et reprit via un autre sentier. Cette fois-ci, vers le port, dirait-on. Il ne tarda pas à croiser de meilleures bouilles joviales, de meilleurs sons et de meilleures odeurs. Bon d'accord, principalement du poisson, mais une fois cuisiné, la bête bien mijotée sentait très bon dans les narines.
Pour la peine, son estomac ronronna de plaisir et de gourmandise. Gura avait pourtant déjà bien assez ingurgité un peu plus tôt, mais ça restait tentant tout de même. Il dut alors tapoter sur son bidon deux ou trois fois, comme pour dire "popopop !".
Je vous laisse imaginer la grimace de son public alentour. La sienne aussi lorsqu'il releva les yeux vers tous ces curieux étonnés et gênés.

_ Héhéhé... bégaya-t-il bêtement. Rha, ces maudits moustiques, hein !

Bref. Ça, c'est fait. Pitoyable, ok, mais une excuse comme un autre.

Puisque personne ne réagit, Gura s'éclipsa discrètement, même si ça n'allait rien changer à cet embarras. Et puis à vrai dire, ce n'était pas tant la blagounette qui avait du mal à passer. C'était surtout qu'un gros tas de graisse exhibait à l'air les trois quarts de sa chair. Les gens ne comprenaient pas et trouvaient ça bien sûr légèrement irrespectueux.

Enfin, qu'à cela ne tienne, va ! Le Sumo finit par arriver à bon port, c'était le cas de le dire. Il y avait évidemment un navire bien particulier qui était amarré là, d'une part. Mais rebelotte, on put s'apercevoir de nouveau des affiches concernant le truc des Cygnes. Ainsi, au vu des indications inscrites, ça semblait être le bon endroit à explorer.
La représentation n'avait pas lieu dans le voisinage, qu'on se le dise ! Tout portait simplement à croire que les différents acteurs impliqués à ce concours devaient résider dans les parages.

_ Bah elles sont où ? S'interrogea le catcheur. Moi qui pensais pouvoir en croiser une ou deux, pour voir déjà si ce que l'autre type de tout à l'heure disait vrai.

Eh non, pas un 'tographe, ou de dédiboobz, ni même un bout de ficelle à mater, toucher, acheter !

Par contre, à la place, le gros eut droit de faire face à un mâle bien grand, bâti comme un dieu grec, et au garde-à-vous. Le mec à ne pas emmerder, en somme. Coupé court, regard revolver, mâchoire carrée, dentition aiguisée, épaules affûtées, et muscles bandés. Sans doute, avait-il un rôle de vigile, quoi.

_ Euh... il reste des places ? Glissa le mastodonte.

Il leva le nez timidement, puis les yeux. Il sourit avec hésitation, et secoua d'une main molle en guise de salutations. Même si deux mètres vingt lui entouraient sa paire de boules, il n'avait pas de quoi faire le fiérot tout à coup.

Gura avait surtout sélectionné la première personne passant par là. Après tout, il y avait un logo sur la veste du tout-dur immobile. S'imaginant alors que l'autre type saurait le renseigner pour le concours, il croyait que ce veilleur de nuit servirait aussi à la distribution des billets privilégiés.
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_ Félicitations ! Jouit pratiquement l'armoire à glace, tout sourire.

Le mec se colla quasi à deux centimètres de la trogne de Gura. Ce dernier eut alors un sursaut et lui balança malencontreusement une série de gouttelettes de sueur à la face. Désolé.

_ Wow ! Calmos, man !

Mais le vigile campa sur sa position. Ou son délire, allez savoir. Il prit la main du Sumo, se mit étrangement à la caresser, toujours en gardant une mine ultra-joviale.
On aurait dit que Gura venait d'avoir gagné à l'Euromillion, et désormais il était devenu un client-roi. Encore un peu et on allait bientôt lui lêcher les orteils, à ce train-là !

_ Euh... hésita-t-il, très gêné de cette situation aguicheuse. Ça veut dire oui ?

Beh oui ! Lui, il ne cherchait qu'à acheter un ticket pour le défilé. Ni plus, ni moins. Qu'est-ce que l'autre chicon s'imaginait ?

_ Bien sûr que ça veut dire oui. Allez ! Ne perdons pas de temps et suivez-moi.

_ Mais j'vous dois combien sinon ? Relança le Sumo, cherchant à résister à son drôle de kidnapping.

Le gars lui expliqua qu'il ne fallait pas penser à ce genre de choses, tout en traînant presque de force son invité de marque. Du moins, ça en avait tout l'air.

Gura fronça les sourcils, résista une ou deux fois sans trop forcer, puis abdiqua enfin après avoir trainé les pieds sur quelques mètres. Au pire, il s'imagina qu'il pourrait toujours baffer ce type étrange plus tard, si la situation dégénérait encore plus.
Là, les deux mâles marchèrent jusqu'à une passerelle, qui les ferait sous peu grimper d'un étage. Sur le bâteau amarré non loin justement. Un bel engin appartenant, selon toute vraisemblance, à l'organisation du fameux événement des Cygnes-machin-truc.
Voilà aussi pourquoi Gura baissa d'un cran sa réticence pendant le trajet. Car s'il croisait d'autres personnes ou d'autres affiches qui se rapportaient au concours, il n'y avait pas matière à s'inquiéter davantage. Du genre... qui aurait pu s'imaginer que c'était une farce, une arnaque, une caméra cachée ? Pas un Bibendum en sueur, en tout cas.

_ Voilà, voilà, Monsieur ! Nous y sommes. Derrière cette porte, quelqu'un va vous prendre en charge et vous donner votre accréditation.

Hein, quoi ? Qu'est-ce qu'elle venait de baver, cette grande perche sortie tout droit de chez Men in Black ?

Gura haussa les sourcils, écarquilla grand les yeux, et commença à ouvrir la bouche pour évidemment exprimer son désaccord. Sauf que son interlocuteur n'attendit pas plus longtemps pour lui coller son index sur ses lèvres pulpeuses. Logiquement pour dire "chut", ou encore qu'il ne fallait pas cogiter inutilement ou voir le mal partout.

En tout cas, une chose paraissait claire maintenant. Ce soi-disant agent ne servait pas à refiler un bête ticket pour un classique défilé de danseuses. Alors quoi ? Juste parce que le catcheur avait les seins qui tombent, il avait le profil pour je-ne-sais-quoi ? Ça ou de la fesse rebondie, peut-être, hein...
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Une demie douzaine de minutes plus tard, même si ça sembla une éternité, Gura attendait toujours devant une foutue porte. L'autre guide de tout à l'heure s'était éclipsé depuis, et le gros n'avait toujours pas pensé à broncher ou s'enfuir... mais ça ne saurait tarder.
Pour preuve, il estima s'être tourné les pouces assez longtemps à un moment donné. Du coup, il était l'heure de rentrer à la maison. Pas question de s'enraciner des plombes sur le paillasson "bienvenue" d'un inconnu !

Manque de bol, au moment de pivoter, une grosse voix tonna au travers de la porte. Gura faillit s'étaler sur le plancher, pris au dépourvu. Comme quoi, marcher sur la pointe des pieds, ça ne rendait pas forcément une évasion plus discrète. Bon d'accord... avec deux cents cinquante kilos du crâne jusqu'aux talons, il arrivait souvent de faire grincer le bois... et pourquoi pas d'attirer plus facilement l'attention.

Bref, pas le temps de partir plus loin, la porte finit par s'ouvrir. Gura eut tout juste le temps de se redresser et de se remettre à l'aise, l'air de rien. Son coeur avait tout de même palpité, sans compter les innombrables sueurs froides pleuvant sur son corps.
D'un oeil furtif, le Sumo aperçut alors l'intérieur de la pièce. Il y avait un type assez enrobé. Une version moins large que le catcheur, quoi... et en slip aussi !? Ouf ! En revanche, il se rhabillait avec des fringues de simple civil. Puis, la manoeuvre exécutée, il tailla la route sans piper mot. Son visage triste, le regard bas, pouvait laisser présager qu'il venait probablement de s'être fait remonter les bretelles.

_ Bonne soirée, lui glissa Gura, à son oreille dès qu'ils se croisèrent dans le couloir.

Cependant, pas de réponse en contrepartie. Génial, la confiance règne !

Après quoi, ce fut donc au tour de Gura de pénétrer dans le bureau, sans oublier de refermer derrière soi.

_ Bonjour, enchaîna direct une sorte de conseiller Pôle-Emploi en costard, avec un geste de la main pour signifier "assieds-toi fissa, et discute pas !". Alors comme ça, c'est vous le nouveau, hein ?

Derrière ses carreaux de lunettes, il dévisagea le colosse qui fuyait comme un robinet de douche mal coupé... intriguant celui-ci au passage, et qui n'osa pas répondre tout de suite, du coup.

Et enfin, l'entretien prit une autre tournure. Les deux hommes s'échangèrent réciproquement des grimaces. Le premier parce qu'il s'extasiait devant autant de bourrelets au centimètre carré. Et le second parce qu'il patientait toujours après la vérité : qu'est-ce qu'il foutait exactement dans ce pétrin ? À quoi allait-il servir ?
Tout à coup, le vieux quarantenaire tapa sur son bureau avec passion. Ça devait vouloir dire "adjugé", cette fois. Et en effet, il annonça à Gura qu'il avait gagné sa place... parmi l'équipe.

_ C'est vrai ? S'écria-t-il, ravi d'avoir le fin mot à tous ces mystères. Siège V.I.P et tout ?

_ Yep ! Conclut-il, clin d'oeil à la clé. Tu seras aux premières loges. Fais-moi confiance.

Avec un petit tutoiement des familles, que demander de plus, hein ?

Mouais bof ! Pas sûr que les deux hommes parlaient du même genre de siège à occuper, en fait.
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Vous commencez à piger ? Gura aussi. Si si ! Ce sont des choses qui arrivent.
Sur ce, dès qu'il reçut l'autorisation de pouvoir quitter le bureau, il ne chercha pas midi à quatorze heures pour sauter le pas. Ainsi, un badge et de la paperasse en poche plus tard, il pouvait gambader pépère, comme il le souhaitait, partout à cet étage. Et principalement vers la section vestiaires et autres coulisses du genre. Là où on se préparait, où on se faisait belle. Et même dormir.

À un croisement d'ailleurs, un bruit de serpent retentit. C'était l'autre enrobé précédent qui postillonnait de la langue. Gura prit son temps pour le rejoindre, car il avait encore du mal à croire que ce serait temporairement son nouveau foyer. Et pourtant, si on survolait les grandes lignes du tout nouveau contrat, tout y était inscrit.

_ C'est quoi ce bordel ici ? Commença direct Gura. La billetterie spéciale 'personnes extra-larges' ?

_ Tu es mon remplaçant, expliqua l'autre, légèrement secoué à la vue de son compère juste en sous-vêtement. Je devais participer au concours des Cygnes, au départ. Mais j'ai dû leur annoncer à la dernière minute que j'me sentais pas bien. Mal de bide, pour te la faire courte.

_ Mouais, t'as la chiasse, quoi.

Rien de tel que d'enfoncer le clou un peu plus, hein ! Résultat, le malade concerné ne sut plus où se mettre, alors il déglutit et se racla la gorge avant que la conversation ne reprenne.

_ Bon, et j'suis censé jouer à quoi alors ?

_ Oh t'inquiète pas. C'est pas sorcier. tu... tu... tu vas simplement devoir tourner dans le rôle de la mascotte.

En effet, dit comme ça, ça avait l'air d'être le plus minable des rôles. Pas de chorégraphie à-la-con à apprendre, pas de synchronisation trop développée à produire... il fallait juste se déguiser comme dans un parc Disney, et faire coucou aux curieux.
À moins que... peut-être aussi devancer tout un groupe de danse, de chant ou carrément un orchestre !? Un leader, quoi ! Oh sh*t !

Cet affreux scénario se profila évidemment dans la cervelle de Gura, qui finit alors par se décomposer du visage. Un peu comme s'il se mettait à vieillir jusqu'à finir avec la peau sur les os, telle une momie, parce qu'il aurait été frappé d'une malédiction. Bref, avec des rides partout, quoi... et la mâchoire qui tombe jusque sur la moquette... puis les yeux qui enflent hors de leurs orbites.

_ Jamais de la vie, tu entends ? S'exclama-t-il enfin, presque enragé et les poings serrés. Jamais !

_ Et pourquoi pas ? Fit son interlocuteur, paniqué d'avoir visiblement amorcé la prochaine guerre mondiale.

Pour tout dire, il était à deux doigts de faire dans son froc. Littéralement, qu'on se le dise ! Bah en même temps, il était malade, rappelons-le, hein !

_ Eh bah euh... parce que.

Le Sumo n'arriva pas à cracher le morceau, bizarrement. Il était énorme, certes. Il ne pouvait uniquement se trimballer qu'en couche, d'accord. Mais de là à avouer qu'il était dans l'impossibilité d'enfiler plus d'habits sur le dos, c'était trop dur... ou trop gênant. Quelque chose comme ça.
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Après quoi, Gura resta planté là, un peu comme s'il attendait le prochain bus qui ne viendrait pas. Quant à son prédécesseur, pas besoin de trainer dans les parages plus longuement. Même que, de toute façon, s'il n'avait pas décampé au pas de course illico, bonjour l'odeur, le bruit... et le contenu qu'il aurait pu déverser à ses pieds. Ahem !

_ Pourquoi tant de haine ? Chuchota le chauve mélancolique, plus pour lui-même que pour un potentiel réconfort du navire passant par là.

Ses mains pincèrent au même instant sa grosse bedaine, de chaque côté. Il mima une bouche grâce à une paire de bourrelets, la contempla, et fit style de la faire parler en guise de réponse. Rien de plus facile, de surcroît. Quelques mouvements de bas en haut suffirent à le combler amplement.

Au final, il prit conscience que son petit jeu ne mènerait à rien, donc il abandonna d'un soupir. Pour se remettre de bonne humeur, il prit ensuite une profonde respiration et scanna les divers couloirs dans son champ de vision.

_ Mais j'y pense ! Si c'est pour une mascotte, ce sera forcément un costume incarnant un animal ! Wouhou !

Tatatam ! Là, de bons souvenirs du cirque ressurgirent aussitôt devant ses yeux pétillants. Principalement ceux à propos des spectacles de la dresseuse de fauves. Hmmm ! Han oui ! Du bon félin griffu, des crocs puissants, de la crinière majestueuse, du rugissement solennel...

_ Bon ok. Je teste d'abord. Et si je rentre dedans, ça peut s'avérer amusant de faire le clown devant plein de gens, quand on y pense.

De nouveau ravi, Gura emprunta sans plus attendre le premier couloir qui l'intéressa, et le parcourut jusqu'au bout. Mais stoppé par un virage à quatre vingt-dix degrés, il fut forcé de tourner sur sa droite afin d'arpenter une nouvelle direction.
Dans ce nouveau recoin du bâteau, je vous le donne en mille ? Encore un p*tain de couloir. Encore heureux qu'il pouvait continuer de s'y faufiler sans râper les murs ou les poignées de porte, hein !

Enfin voilà. Justement, parlons-en des portes, car ici on entrait doucement mais sûrement dans la partie vestiaires, loges, espace maquillage, habillage, et tout le toutim. Ce n'était pas encore trop bondé, vu l'heure tardive en cette fin de journée, mais ma foi... il y avait de la sacrée petite poulette qui y déambulait. Parfois même dans le plus simple appareil, comme disait l'autre.
Forcément alors, ranafout' si par un heureux hasard, Gura avait omis de lire un certain panneau affichant "réservé à la gente féminine".

_ Je sens que j'vais pas partir tout de suite, même si le rôle me déplait.

Il étira sa langue de façon à pratiquer un tour complet de sa bouche, se frotta les mains... puis, en route, quoi !

Malheureusement, un talon-aiguille ne tarda pas à s'imprimer dans sa joue potelée, et y séjourner. Une bosse de chair lui brouilla par conséquent l'horizon de rêve face à lui.
C'était bien sûr une des nanas qui bossait ici, prévue et payée pour faire régner la bonne entente et le bon déroulement des derniers préparatifs. Un truc comme ça. La créature avait visiblement de longues jambes super souples. Il faut dire que pour baffer une immense envergure comme celle du catcheur, il valait mieux savoir pratiquer le grand écart depuis son plus jeune âge.

_ Tu t'es cru à la piscine ou quoi, mon gros ? Aboya la brunette, furax.
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Bon, et maintenant ? Non pas que Gura était pressé de reluquer la donzelle de tout son long, mais disons que la gueule malaxée d'un côté par une chaussure et de l'autre par le mur, ça donnait une sale grimace à l'arrivée. On aurait dit un mélange de cul de poule et de ballon de baudruche, après qu'on l'ait sérieusement retravaillé. Ça exhibait des plis dans tous les sens, quoi.

Le Sumo réussit à baragouiner quelques répliques tout de même, néanmoins pour la compréhension, on repasserait demain. Il exprima donc son soi-disant désir de vouloir jouer la prochaine mascotte, et qu'il espérait avoir à se déguiser en lion, pour ne citer que cet exemple. Malheureusement, son agresseuse ne voulut rien savoir... en plus de capter de travers, de toute manière.
Mascotte devenait grossomodo un mix entre masser et cocotte. Et pire pour le lion... ça consonna tout bonnement comme un fion. Bravo !

Pour la peine, Gura put sentir que le talon-aiguille lui tamponnait la joue d'une pression supplémentaire. À la limite de la plaie ouverte s'il ne réagissait pas dans les prochaines minutes.
Il pinça alors la jambe de la jeune femme dans une main, et se recula de quelque pas. Maintenant à sa merci, il la menaça silencieusement mais cela voulait vraiment dire de ne pas tenter le diable, sous peine de la remettre dans le droit chemin plus ou moins brutalement.
La sauvageonne n'en eut cure et se rebella donc illico. Elle trouva le moyen de s'accrocher au gros bidon du catcheur, afin d'utiliser sa deuxième jambe toujours libre lui servant d'appui. Puis, d'une cascade acrobatique digne d'un film de kung-fu, elle se tortilla pour planter son autre godasse dans les boules de Gura.

_ Chienne ! Pesta aussitôt le Sumo, une fois à genou.

Il n'eut pas le temps de s'essayer à sa technique du Hot Dog, tellement ce revirement soudain l'avait coupé dans son élan.

Libérant du même coup sa proie, la meuf dans sa tenue de secrétaire put alors se remettre dans le bon sens. Elle s'engagea de nouveau dans une nouvelle position de dominatrice, à savoir en calant son talon sur le crâne dénudé du lourd bonhomme.

_ Retire tout de suite ce type de discours grossier, vil faquin ! Sinon, je t'ouvre ta grosse tête en deux, et j'étale toute ta matière grise sur les murs.

Boudidiou ! Elle avait du répondant, la petite.

Gura en attrapa d'ailleurs un frisson, tandis que ses yeux révulsés par le coup précédent dans l'entrejambe se rembobinaient dans leur position initiale. Il profita aussi pour réajuster son seul habit.
Par contre, toujours pas moyen de mater sous la jupette de la vilaine. Elle savait vraiment frapper où ça faisait mal, la bougresse !

_ Je suis le nouveau qui va jouer la mascotte, mais je suis perdu. Ah ! Et je cherche donc mon casier pour l'essayage !

Peut-être que cette fois-ci, on voudrait enfin le croire ?
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Banco ! La demoiselle se mit à genou à son tour. Elle s'était jetée comme une fan inconditionnelle. Ses mains empoignèrent tout à coup et fougueusement les joues du gros, qu'elle colla quasiment sur son bout du nez. Encore un peu, et elle se serait mise à pleurnicher de joie.

_ Mais tu pouvais pas le dire plutôt ! S'écria-t-elle, toute excitée.

Gura ne pigeait que dalle. Il la regarda avec un air de trisomique, et attendit plus amples renseignements. Mais étrangement, la fille orgasmait discrètement dans son for intérieur, à tel point qu'elle n'en finissait plus de remodeler la graisse du visage de son comparse.

_ Euh... c'est grave, docteur ?

La nana lâcha enfin prise, mais ce fut pour cogner le catcheur un peu plus. Rien de bien violent, hein ! Juste quelques gifles, alors que si elle avait pensé à s'écarter un chouia, elle aurait pu applaudir dans les règles de l'art.

_ Non, c'est super ! Tu nous sauves la vie, mon pote ! Il nous manquait justement quelqu'un. Alors imagine... si notre mascotte manquait à l'appel pour le défilé, notre groupe aurait pas mal perdu de son charme.

Gura ne pigea (encore) que dalle... pour pas changer une équipe qui gagne, quoi. Donc, une deuxième grimace d'attardé mental s'imposa. C'est ce qui arrivait quand on était doublement stupéfait par un truc providentiel... le tout, en ignorant totalement le pourquoi du comment.

Pourtant, il n'y avait rien de compliqué. Le concours des Cygnes avait toujours opéré avec une même tradition. Une mascotte en leader, des artistes au second plan, et un orchestre un peu plus en retrait. On pouvait comparer ça à une marche militaire, quoi. Style, quatorze juillet-machin !
En revanche, si on y portait un meilleur regard sur toute cette troupe, on pouvait souligner quand même que les mensurations de Gura n'avaient pas le fameux charme pour jouer à la mascotte... si si ! Même dans sa future tenue de cosplay. Néanmoins, la nana devait être trop aveuglée par cette chance inouïe d'avoir pu récupérer un candidat pour le rôle de l'animal en peluche, qu'elle avait carrément ignoré ce petit détail... de taille.

_ Mais c'est cool alors ! Reprit Gura, faussement enjoué et jouant donc la comédie. J'suis au bon endroit, ça veut donc dire ?

L'autre confirma précisément cette interrogation. Et surtout qu'en tant que mascotte, c'était le seul gars ayant exceptionnellement le droit de pouvoir fricoter dans les environs avec les autres femelles. Mouhahahaha !
Beh oui, pensez-vous ! Il fallait bien qu'il se familiarise avec sa toute nouvelle petite famille, histoire d'être accordé au poil comme une guitare.

Pour fêter ça, Gura bavouilla du coin de la lèvre, les yeux rêveurs. Une occasion pareille ne se refusait pour rien au monde ! Alors si en plus, il n'avait même plus besoin de se la péter agent-double qui s'infiltre, il s'imagina donc déjà en train de découcher ici et là en toute liberté, sans personne pour l'en empêcher.
Bref, c'est de la boule, bébé !
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Ça avait du bon de se faire jeter par sa famille parfois, pensa Gura sur le coup. Bon d'accord ! De là à ce que les ôtages soient toutes consentantes, il y avait un gouffre... mais c'était un début. Prenons la vie du bon côté, on va dire.

Le gros fut ensuite conduit jusqu'à sa chambre. Pas la pièce la plus accueillante pour y passer la nuit, en revanche. C'était juste un petit local, avec à peine de la place pour deux personnes. Alors forcément, Gura eut pas mal d'appréhension en voyant le topo du lieu. Il s'était d'ailleurs même demandé s'il allait pouvoir survivre là-dedans jusqu'au petit matin suivant. Ou encore, si ce n'était pas une mauvaise blague des nanas... du genre, bizutage de nouveau oblige, quoi.

À part un petit lit de collégien dans le fond, tout le reste de l'espace paraissait servir pour les questions de mode. Il y avait, entre autre, une table, un tabouret réglable, des produits de beauté posés dessus, un petit et un grand miroir, un compartiment pour l'essayage, des étagères remplies de fringues... et enfin, le fameux costume de mascotte.

_ Voyons voir... où sont les pattes... la fourrure...

Il fouilla comme un sagouin sans trouver ce qu'il espérait tant. Et même en retournant les coutures de la combinaison, ça n'y changerait rien.

Résultat, à la place de tomber nez à nez sur de la quelconque bestiole de la jungle qui a la classe, le Sumo était en train de se farcir une mocheté de volatile. Des plumes, des pieds palmés, un bec.

_ Une mouette ? S'étonna-t-il alors. Fait ch*er ! J'veux pas défiler pour la Marine, moi.

Mais aussi rapide que l'éclair, il colla ses mains sur sa bouche grossière, croyant qu'il avait parlé trop fort. Ça aurait été ballot de se faire capter, puis de se faire jeter. Sinon, il pouvait dire adieu à la belle brochette de donzelles d'à-côté.

_ Ah non, ouf ! C'est le bal des Cygnes, c'est vrai. Mais bof quand même. On dirait plutôt une cygogne ou...

À ce moment-là, il enfila le masque et se présenta devant le grand miroir. Omagad ! Un pélican ?! Pas mieux, en somme. En plus, avec sa grosse tête, Gura déformait pas mal le déguisement. Du coup, le bec eut l'air de gonfler de volume.

Et comme un malheur n'arrivait jamais seul, une des danseuses se pointa à l'entrée. Ouvrir sans frapper ni s'excuser du dérangement, ça ne lui avait apparemment pas effleuré l'esprit. Elle aborda aussitôt Gura, qui était donc de dos, en lui demandant cash si ça lui plaisait, s'il ne manquait de rien, toussa toussa...
Le catcheur sursauta dans un premier temps, puis se retourna vers la fille. Ce fut alors au tour de la pauvre, qui faillit choper une crise cardiaque. Ce n'était franchement pas l'image qu'elle se donnait de la mascotte.
Puis, Gura tenta de lui répondre, mais le masque lui étouffait son articulation. Heureusement dans un sens, parce que l'andouille proférait vraiment des mots blessants à l'encontre de toute cette organisation chargée du concours.

Vint ensuite alors l'éternelle scène risible où il fallait quasiment se mettre à deux pour retirer de force le dangereux textile facial. Le tout avant de s'évanouir, bien sûr. Le sauvetage se déroula avec succès, quoi qu'il en soit. Mais peut-être aurait-il dû faire semblant de tomber dans les vapes ?
Flûte ! Le bouche-à-bouche passa donc à la trappe.
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Tiens ! C'est marrant quand même. Quand on ne voit plus trop clair pour une raison ou une autre, c'est comme avancer dans le noir. On marche et on cherche à tâtons. Avec les mains baladeuses, comme par hasard, bien entendu. Alors il arrivait parfois qu'on pelote des bosses qui ne se situaient pourtant pas au sommet d'une montagne de graisse de deux mètres vingt. Mais chut, hein !

_ Merci ! Fit-il, faussement exténué et traumatisé par une agonie inexistante. Tu m'as sauvé la vie, fiou ! J'ai vraiment cru que j'allais y passer.

Et hop ! Un petit calin vigoureux volé plus tard, et il clôturait sa mission de pelotage à la perfection.

La danseuse se força à laisser couler, car elle avait cru que c'était de sa faute. Qu'elle n'aurait pas dû s'amener dans la chambre à l'improviste, tout à l'heure. Imaginez-vous ! Si la mascotte mourait, apu de spectacle demain ! On lui en aurait sûrement voulu à mort après.
Mais Gura ne put en profiter longtemps, car déjà les premières mares de transpiration apparurent. La meuf sentit assez vite que ses pieds pataugaient dans l'eau... sans compter sa tenue complètement trempée.

_ Qu'est-ce qui se passe ici ? Paniqua-t-elle tout en se redressant d'un bond. Le bâteau coule ?

Elle chercha donc rapidos à fuir, pour alerter ses copines, pourquoi pas récupérer des affaires précieuses, son sac à main, etc. Des trucs de fille, quoi.

Mais comme lors d'un combat du Sumo, la sueur de ce dernier avait la facheuse tendance à coller. C'était comme marcher dans une profonde couche de neige, ou avec des boulets accrochés aux chevilles. Ça ralentissait.

_ Euh... ouais, j'vais réparer la fuite, t'inquiète pas. C'est pas encore trop grave.

Probablement pas la meilleure excuse, mais Gura n'avait que ça sous la main à l'instant, dans le feu de l'action. Enfin, sous la langue, plutôt.

Il souleva ensuite dans le vide sa malheureuse victime, et la déposa dans le couloir, hors de sa chambre. Puis, après un sourire gêné, il s'enferma tout seul à l'intérieur. À clé, cette fois.
Et tandis que l'autre gueulait de l'autre côté de la porte, Gura la rassura en disant que tout irait bien, qu'il avait le contrôle de la situation... laule.

Pourquoi en arriver à de telles extrémités ? Pour passer pour un héros, pardi.
La preuve ! deux secondes plus tard, voilà que le gros ressortait... avec seulement le costume de la mascotte sous le bras. Il referma de nouveau la porte une fois dans le couloir, et se pencha d'une allure mielleuse pour s'approcher un peu plus du visage de la danseuse.

_ Voilà. C'est pas du travail de pro, mais ça devrait tenir jusqu'à ce qu'on appelle le réparateur. Crois-moi. Mais bon... par sécurité, je vais pas oser rester une minute de plus dans cette chambre, pour la nuit.

La jeune femme l'étudia des pieds à la tête, l'air compatissant, et logiquement... conclusion ? un gros porc qui sue et qui se promène en slip, pourquoi ne lui ferait-on pas confiance, dans un cas aussi critique que celui-là ? Hein ?

Vendu !
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De trop bonne humeur, Gura ne pensa donc déjà plus à son "fake" incident précédent. Il était d'ailleurs à deux doigts de chantonner gaiement, tandis que pour sa nouvelle compagne, c'était tout le contraire. Sur le trajet jusqu'à la future chambre, elle s'était mise à cogiter un peu... comme quoi elle n'était finalement pas la seule à décider de qui fait quoi, qui va où, etc.
Du coup, embarrassée d'avoir à revenir en arrière, elle ne savait pas trop comment l'annoncer au Bibendum. Alors hésitante, elle jeta des vives oeillades en priant pour que l'autre finisse par deviner que quelque chose coinçait.

Mais que nenni ! Ce n'était certainement pas Gura qui s'en soucierait. Surtout pas en ce moment. Il était sérieusement casé sur son petit nuage. Alors au bout de quelques pas tout de même, la demoiselle fit un rapide demi-tour et tendit ses mains en guise de halte d'urgence. N'y faisant pas gaffe tout de suite, le catcheur continua de marcher jusqu'à ce qu'il sente enfin que des membres s'embourbaient dans sa bedaine.
En effet, le couloir pouvait normalement stocker deux à trois personnes en largeur, mais encore fallait-il qu'elles respectent un tour de taille restant dans la moyenne. Résultat, concernant Gura, il devait donc suivre et ce n'était pas plus mal. Un bon petit châssis dans la ligne de mire qui se dandinait, ma foi... miam miam !

_ Je crois que ça va pas être possible, Gura, annonça-t-elle avec une grimace de déception et du sanglot dans la voix. Je crains d'avoir accepté trop vite. J'ai peur que les autres filles ne soient pas d'accord, en fait. Et la chef de notre bande, encore moins.

_ Meuh si, ça va bien se passer. J'en fais mon affaire. C'est ça où j'me tire, façon.

Ouaip ! Le gros (enf*iré) savait taper là où ça fait mal. Et puisque sans mascotte, il n'y aurait logiquement pas de défilé, il valait mieux se plier aux "exigences" de Monsieur, cruk cruk cruk !

La jeune femme s'apprêta à s'apitoyer sur son sort, en entendant une telle horreur. Donc Gura se mit à tousser, comme pour passer à autre chose et zapper ce qu'il venait d'avoir lâché.
Après quoi, il ne restait plus que quelques mètres à parcourir jusqu'à la destination prévue. Il s'amusa alors à pousser gentiment la nana jusqu'à l'entrée de la pièce concernée. Une fois à l'entrée, elle se précipita à l'intérieur sans doute pour prévenir ses autres comparses féminines, mais le gros la colla aux basques.

_ Bon bah... je vous présente Gura, notre remplaçant pour le rôle de mascotte. Il a eu des problèmes de plomberie dans sa chambre, alors je lui ai proposé de s'installer ici. Juste pour ce soir. Et puis bon, on n'allait pas le laisser dormir dans le couloir ou à la belle étoile, hein ?

Les autres filles firent une sale grimace toutes ensemble, mais pas à cause du scoop-surprise qu'elles venaient d'entendre. Mais parce que dans le dos de la porte-parole, le catcheur était devenu tout rouge, et pissait le sang des narines. Pire que des geysers... avant de s'écrouler sur le dos.

Quelques cris d'affolement retentirent, certes... enfin, rien de bien terrorisant. En tout cas, au vu du degré élevé de béatitude qu'on pouvait décrypter sur le visage du Sumo, elles devinèrent facilement qu'un dortoir rempli de gazelles pouvait produire ce genre d'effet incontrôlé.
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Bon bah... au final, pas de nuit olé-olé à signaler. Gura plongea dans un profond sommeil. Et à l'insu de ses rêves érotiques, ce fut les filles qui en avaient en quelque sorte profité. Un gros matelas de chair mis à leur disposition pour sauter dessus, et réviser leurs figures, leurs saltos... il n'y avait rien de tel pour accorder l'équipe une dernière fois avant un repos bien mérité.
Moralité, ça se confirmait comme quoi sans mascotte, le groupe perdrait de sa saveur.

Par contre, la nuit ensuite écoulée, c'était évidemment le grand jour. Pour être sûr de réveiller tout ce petit monde, on avait engagé un type pour venir courir dans les couloirs. Il devait martyriser les oreilles des belles au bois dormant à coups de sifflet. Et bien sûr, le son de ce dernier sonnait tellement faux et tellement fort, que si tu osais te protéger les tympans sous l'oreiller, qu'importe ! Au pire, ce serait carrément la matière qui vibrerait. Le bois qui craque, ou l'acier qui grince, quoi.

_ Alors, mon grand ? Vous avez eu le temps de faire connaissance ? Prêt à porter le symbole de notre concours des Cygnes ? À marcher fièrement tout en menant notre magnifique équipe de gymnastes ?

C'était le conseiller de la veille. Il donnait des claques sur les joues du Sumo retardataire, qui n'extériorisait pas assez sa motivation pour un tel événement, selon lui.

_ Allez ! Maintenant, tu vas te bouger les miches, prendre ta douche, et enfiler ces fringues !

Gura demanda alors si les douches étaient communes, et effectivement c'était le cas. Sauf bien sûr qu'il pourrait aller se gratter de pouvoir s'imiscer avec les danseuses.
Dommage ! Ça valait quand même le coup d'essayer.

_ Ouais ouais, bon ça va, j'y vais ! Reprit-il ensuite, plus sérieusement.

De toute façon, l'autre employé comptait bien surveiller ses moindres faits et gestes jusqu'à la sortie du navire. Comme ça, si le gars n'avait pas encore tout vu des bourrelets de Gras Double, il aurait droit à un deuxième service encore plus intime, une fois à la salle de bains.

Sur ce, le passage censuré passa par conséquent inaperçu dans l'agenda. Puis lorsque l'heure eut sacrément filé, il était gravement temps de tourner la page pour le prochain chapitre de la journée. Le défilé par lui-même, en clair.
Gura, désormais déguisé en mascotte de pélican, finit alors par débarquer au dernier point de rendez-vous. En ville, mais loin du centre. Au bout d'une longue avenue, celle qui servirait au défilé, quoi. En première ligne, lui et ses donzelles réglèrent quelques menus détails et se figèrent quasiment au garde-à-vous.

Déjà les premiers habitants pouvaient suivre les coulisses derrière des barrières de sécurité. Ils étaient tous bien sages, s'adressaient quelques messes basses entre eux... probablement pour se foutre de la gueule du Sumo dans ses fringues trop justes.
Lolilol, quoi ! Comme hier soir, la grosse tête du chauve dégoulinant déformait le masque. Au lieu d'un long bec, ça ressemblait plus à un gros truc moche et sans nom. Un gland (oups), un extra-terrestre, Footix, ou même Bekipan (pour les connaisseurs, huhu), quoi !
Pour le corps, même tableau. La partie 'ailes et queue' d'emplumé le rendait risible au plus au point. Gura ne savait tellement pas se mouvoir à sa guise, qu'on aurait pu penser qu'il avait enfilé une camisole. Bref, avec sa démarche de pingouin imminente qui allait couler de source, ce serait tout bonnement magique.
Et pour couronner le tout, tous ses plis du torse, du dos et des jambes épousaient le costume à la perfection. Enfin... façon de parler. Ironiquement parlant, hein !
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Et... top ! Musique maestro !

Ayé ! L'heure de vérité s'entama enfin. Gura n'avait pas trop les boules, car il communiquait déjà avec le public depuis sa plus tendre enfance, grâce au cirque. Alors déambuler devant tout plein de gens, ça ne lui faisait pas encore trop peur. C'était surtout le fait de devoir promener sur une longue distance, dans un déguisement qu'il détestait, et en prime d'avoir toute une ribambelle de formes généreuses dans son dos qui le poursuivrait.

Donc bon, en règle générale, t'as surtout envie de te retourner et de les dévorer toutes crues, sans remords... et non pas d'avancer en ligne droite, avec le regard fixé sur un point dans l'horizon. D'accord ! En tant que mascotte, le Sumo eut le droit tantôt de pencher à gauche, puis à droite. Il fallait paraître souriant, même derrière un masque. Si si ! Et aussi pour attirer l'attention avec quelques mouvements sympathiques de la main, quelques coups de bec dans le vide, ou autre dandinement de la croupe.

Ainsi, le départ se réalisa sans encombre. Les majorettes en deuxième ligne suivirent comme on leur avait appris, et idem pour le groupe de musiciens encore derrière.
On ne va pas se mentir ! La musique était nulle. Ou en tout cas pas du goût du catcheur. Même si, encore une fois, au cirque, les tambours et les trompettes avaient leur place la plupart du temps, ce n'était jamais plus de trente secondes. On les utilisait surtout pour annoncer un nouveau numéro, ou faire monter crescendo un suspense d'une scène plus ou moins périlleuse.
Donc là, bof bof !

Cependant, il fallait prendre son mal en patience, ne pas trop y penser. Sinon gare à l'imprévisible overdose de transpiration ! Malheureusement, le tas de graisse emmitouflé dans ses fringues ne pouvait s'empêcher de suinter. Doucement mais sûrement. Déjà qu'en marchant, son corps produisait un effort considérable... là, avec le stress de l'ennui et des démangeaisons, ça pardonnait encore moins.
Résultat, ça ne loupa pas. Les premières marques humides à divers endroits du costume s'imprimèrent. Le cou, les dessous de bras, l'intérieur des cuisses, les boobies... et même le front. Bientôt, certains badauds crurent même que le mec était soit en train de se faire dessus, soit de chialer. Tout dépendait où ils regardaient.

Dans la deuxième moitié du parcours, Gura commença même à ralentir la cadence. Donc forcément, ça se bousculerait tôt ou tard dans son dos, s'il ne réagissait pas plus que ça. Mais puisqu'il n'avait pas le droit de se retourner, il ignora donc tout de ce qui ne tarderait pas à se tramer.
Premier signe, il se prit un coup de baguette sur la tête. Puis, selon la chorégraphie de la danse, on le piqua ensuite dans plusieurs autres parties du corps. Par chance, sa rondelle était au moins protégée par une poignée de plumes résistantes.

_ Aïeuh ! Finit par lâcher l'énorme pingouin, avant d'imiter le cri du canard.

Genre, comme si ça allait rattraper sa bourde ! Enfin apparemment, la musique résonnait suffisamment fort pour que ses pitreries sonores s'évanouissent dans la nature. Ouf !

Second signe, la chef des danseuses, placée d'habitude d'un mètre ou deux en avant, se fit ensuite rattraper par ses coéquipières. Ce qui voulait dire que dans très peu de temps, chaque groupe, à l'origine bien distinct, finirait par se rapprocher, façon "à la queue-leu-leu de Bézu"... et donc se marcher sur les pieds.
Bonjour le über cafouillage ?
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En fin de compte, non ! Gura réussit à traverser toute l'avenue sans nouvelles embrouilles. Plus personne ne joua à l'acuponcture dans son dos, et même la musique parut ne plus gronder si fort qu'à l'origine. Qui sait... peut-être qu'ils s'étaient tous lassés de faire mumuse ? Après tout, ce genre de chamailleries, ça avait tendance à mordre pendant cinq minutes environ, mais on s'en lassait sans doute rapidement. Alors d'accord pour divertir le public, à condition d'y aller à petites doses. S'il vous plait !

Sur ce, en bout de piste, Gura n'avait plus grand chose pour s'occuper. Pour tout dire, la ligne d'arrivée se terminait sur une piscine. Il avait dû omettre ce détail ou n'avait tout simplement pas dû lire les termes de son contrat.

_ Pas question que je... Chuchota-t-il en se retournant vers ses collègues en retrait.

Malheureusement, il dut faire face, impuissant, à un méga souci qu'il avait oublié de prévoir. En transpirant depuis tout à l'heure, même au travers de sa tenue cosplay de pélican, une longue mare visqueuse le séparait du reste de la troupe.

_ Oh sh*t !

Cependant, double malchance lorsque tout à coup son costume commença à se déchirer. Au début, ce ne fut qu'une simple couture sans importance. Mais bien vite, le vêtement se détruisit en long, en large, et en travers.

La foule s'en rendit évidemment compte, et ce n'était pas près de s'arrêter en si bon chemin. D'un côté, le Sumo précédemment déguisé redevenait donc un gros tas de graisse dégoulinant sur deux pattes, quasi apwal. Et de l'autre, les danseuses qui voyaient leur gymnastique ralentir. Certaines avaient même failli se vautrer, mais au final, elles s'improvisaient des nouveaux pas.
Puis, quand le groupe de filles atteignirent enfin, à leur tour, les derniers mètres de cette fin de parcours, il ne restait plus qu'à rejoindre le catcheur solitaire en train de sucer son pouce, car il craignait le pire à présent.

Et il y avait de quoi. Rien qu'en scrutant les yeux diaboliques des nanas face à lui, il sut qu'il devrait payer tôt ou tard. Alors ni une, ni deux, la chef prit son élan, courut vers le gros, et écrabouilla sa tête en s'asseyant sur son nez. Le but de la manoeuvre étant de le taper afin de le renverser sur le dos... comme la veille sur le navire.
Résultat, un mix entre un étouffement sous le masque et une vue de rêve sous la jupette, ce devait être amplement radical et expéditif pour faire capituler cet énorme hippopotame potelé.

Les spectateurs hésitèrent à applaudir et admirer ce genre de performance, car ô grand jamais, un concours dans ce registre n'avait eu besoin de se donner à de pareilles mesures extrêmes. Enfin, qu'à cela ne tienne ! Peut-être était-ce cela qu'on appelait l'innovation, le renouvellement ? Histoire qu'on ne tombe pas dans du spectacle routinier au fil des âges.
Quoi qu'il en soit, dans un second temps, les autres jeunes femmes se mirent à courir à leur tour, jusqu'à bondir sur le gros bidon de Gura en guise de plongeoir. Plouf, plouf, plouf donc ! Chaque candidate usa ainsi de sa souplesse pour exécuter telle ou telle figure acrobatique dans les airs, avant de tomber à la flotte.

Pourtant, la conclusion de tout ce manège voulut que les danseuses finissent par réaliser une drôle d'achitecture... avec leurs corps bien foutus. De l'art moderne ou contemporain, comme disait l'autre ? Ou justement, futuriste ?
Bref, c'était meugnon tout plein, en tout cas. Et à leur grande stupéfaction, les gens n'eurent de choix que de les féliciter en gueulant à pleins poumons, pour exprimer leur émerveillement.

Ce jour-là resterait dans les annales de la ville. Et évidemment, toute l'équipe remporta ce concours. De quoi donner au Sumo cette petite lueur dans les yeux, qui insinuait que même en étant un bon-à-rien, on arrivait à faire quelque chose avec son c...! euh oups, son corps, cela va de soi.

_ Un jour, je serai le meilleur... mouais, bon... je sais pas encore !
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_ Pirate ! Tu seras sans doute le meilleur dans cette catégorie de gens, ça c'est sûr !

Le conseiller avait encore deux mots à dire à une certaine personne très enveloppée. Il l'avait retrouvé au coin buvette, après le concours et la remise des prix. Et à voir sa trogne de vieux ronchon, il avait l'air d'avoir une dent contre quelqu'un.

_ Keuaah ? S'étonna Gura, après s'être enfilé un verre dans le gosier. Pourquoi vous dites un truc pareil ? Ça vous a pas suffi de remporter la coupe, c'est ça ?

_ En effet. Si on a gagné, c'est que t'y es peut-être pour quelque chose. Mais j'ai aussi appris qu'un vaurien avait complètement déchiré son costume de mascotte ! Notre symbole ! Notre animal sacré ! Notre pélican chéri !

Pouah ! Le mec n'était tellement pas content qu'il postillonnait à chaque fin de phrase. Heureusement qu'il ne crachait pas non plus de l'acide, sinon les tétons du Sumo y passaient.

_ Ah... ça... répondit-il, très embarrassé. Bah disons qu'il a dû rétrécir pendant qu'on parcourait l'avenue. Je vois que ça comme possibilité.

Le conseiller baragouina des injures entre ses dents, mais tous deux savaient pertinemment que ce n'était pas le vêtement qui était trop court. Enfin bon, on s'excusait comme on pouvait, hein.

_ Et tu sais combien ça nous a coûté de fabriquer un chef d'oeuvre pareil ? Hein ! Non, tu ne sais pas, bien sûr ! Alors tu te doutes bien que je ne vais pas pouvoir t'accorder ton salaire.

Gura brisa son verre entre ses doigts, choqué par la nouvelle. Un peu comme une porte qu'on se mange dans la figure, ça le crispait net et lui faisait très mal sur le coup.

_ Non, vous allez pas faire ça, soyez sympa, merde... s'il vous plaît... pitié...

Quand je vous dis que la scène du cirque aidait pas mal, dès qu'il s'agissait de jouer la comédie. Sauf qu'on n'apprenait pas au vieux singe à faire la grimace. Donc son interlocuteur était loin de mordre à l'hameçon. Celui-ci aussi avait déjà eu affaire à ce genre de ficelles dans le métier.

_ Tu – ne – seras – pas – payé ! Énuméra alors le vieux, en prenant soin de prononcer chaque mot de façon clair. Oh, et je ne t'ai pas dit non plus ? Non seulement toi, mais aussi tes petites copines pom-pom girls, mouhahaha !

Double pieu dans le coeur du catcheur, là ! Sa tête dévissa vers les concernées qui étaient en train de piailler plus loin. Et réciproquement, leurs jolies frimousses se métamorphosèrent au ralenti, au fur et à mesure qu'elles tombaient nez à nez avec celle du gros sac joufflu.
On se serait presque cru dans un film d'horreur l'espace d'une seconde, tellement leurs grimaces semblaient démoniaques.

Gura tenta de sourire afin de montrer qu'il contrôlait la situation, que tout finirait par s'arranger. Mais en vain. Les yeux des jeunes femmes rougeoyaient du feu. Il ne leur manquait plus que des crocs de vampires, et des cornes de diablotin sur le front.
Cependant, à défaut d'une fourche piquante servant à transpercer dans du bon steak bien gras de chez Bigard, elles avaient, en revanche, toujours leur baguettes à portée de main. Ainsi, aussitôt le bras tendu, aussitôt l'arme brandie.

_ Pas de stress, les filles... on va sûrement trouver une solution.

Mais trop tard, elles avaient déjà bondi de leur chaise comme des tigresses, et se mirent illico en chasse en poussant des cris de hyène. Beau petit concerto pour les tympans des invités, en somme !

Gura, lui, commença alors par agiter les mains, en signe de paix. Pour une fois qu'il avait servi utilement à quelque chose dans la journée, ce n'était certainement pas pour tout faire foirer ensuite. Manque de bol, il devait être apparemment le seul à ne pas vouloir admettre que le point de non-retour avait largement été dépassé.
Résultat, à peine l'occasion de taper se présentait, les nanas s'en donnèrent à coeur joie. Bon d'accord, même si c'était surtout de la colère, pour être exact.

Les yeux tristes, il poussa un soupir. Et malgré l'obstruction des sauvageonnes, le catcheur profita de sa grande taille pour attraper et replacer le conseiller devant lui. En guise de bouclier. Comme ça, pendant un bref instant, c'est ce guignol qui aurait droit de subir les trois quarts des dégâts. De toute manière, Gura ne sentait pratiquement rien, car ses bourrelets amortissaient les assauts répétés de ces furies, mouarf.
Puis, grâce à cette diversion éphémère et confuse, il usa de sa technique du Kamik'Ass pour décoller vers le ciel. Et s'enfuir.

Atterrissant plus loin, après avoir survolé toute la populace massée, le Sumo regagna un peu de tranquilité et de silence. Évidemment, ce ne serait que temporaire, alors il devait déjà reprendre les jambes à son cou. Cette fois-ci, lorsqu'il se serait suffisamment eclipsé, on lui foutrait enfin la paix.
Prions juste pour qu'on ne le relocalisait pas trop facilement ensuite. Une traînée de transpiration arrosait si vite tel ou tel parterre. Ça pouvait donc faciliter le repérage du gros bonhomme.
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