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"Je suis ton père" [PV Moi]

Spoiler:



    Une fille. Lui, Unwin Vail, pirate plus ou moins anonyme, il avait une fille. Pour le coup, le pirate en restait un peu sur l’arrière-train. Il en perdait son flegme naturel. Faut dire aussi, celle-là, il ne l’avait pas vu venir ! Pour se donner une contenance et peut-être aussi pour mieux faire passer l’information, le capitaine des Gun’s avala d’une traite le contenu de sa choppe de rhum. Ca faisait du bien par où ça passait, mais bon, il avait toujours un peu de mal à l’idée qu’il était… Ouais, il était papa. L’idée le fit grimacer malgré lui. C’était tellement cliché un truc pareil. Ce genre de phrase lui donnait l’impression d’être un jeune homme complètement gaga devant sa petite amie enceinte. C’était vraiment pas son truc les conneries familiales. Et puis en plus, il se voyait mal débarquer vers une jeune femme de vingt ans et des poussières en lui disant « hey, salut ! C’est moi, ton père, appelle-moi papa et vient me faire un câlin. » Ridicule. Et en plus, son unique descendance était une fille. Sans vouloir se la jouer macho (ou peut-être que si d’ailleurs), il trouvait que c’était un peu limite. Pas question d’en faire une pirate. D’un autre côté, il doutait d’avoir le moindre mot à dire quant aux choix professionnels de sa fille.

    Sa fille. Arisa. Arisa Dai. Arisa Vail ? Ca faisait bizarre. Elle avait évidemment prit le nom de sa mère, et accessoirement le nom du meilleur ami d’Unwin. Meilleur ami qui, d’une certaine manière, devenait son beau-frère. C’était vraiment trop étrange tout ça. C’est vrai qu’il était sortit avec Hana, la sœur de Tsunechika, celui qui lui avait offert le Big Bang Joe, mais quand même. Il ne s’était agit de rien de plus qu’une historiette, jamais ils n’avaient planifié leur vie ensemble et Hana avait toujours été au courant qu’Unwin quitterait leur île natale. Alors non, vraiment, le coup des retrouvailles avec grandes révélations, il ne s’y était pas attendu. Qui plus est, il ne se sentait pas le moins du monde coupable d’avoir abandonné Hana. Il n’était pas responsable de quoi que ce soit envers elle. Si elle avait été au courant avant qu’il parte, elle avait choisit de ne pas lui dire, si ça n’avait pas été le cas, Unwin ne pouvait strictement rien y faire, il n’était pas devin qu’il sache !

    Enfin bref, autant qu’il évite de trop se prendre la tête avec toutes ces histoires, il avait bien assez à gérer comme ça. En effet, si le capitaine des Gun’s se trouvait actuellement à Maze Town, ce n’était pas pour rien, vous vous en douterez. Encore une fois, l’équipage de pirates scientifiques préparait un coup d’éclat. Déjà que Manshon ça n’avait pas été triste, bah là, les marines allaient le sentir passer. Une petite attaque de QG, ça faisait toujours son petit effet. Mais avant ça, Unwin avait besoin de faire agrandir son bateau tout en le mettant à l’abri. Même si l’affaire de Manshon n’était pas passée inaperçue, le gouvernement ignorait toujours à quoi pouvait ressembler le Joe et pour le moment, aucune prime n’avait été émise à l’encontre des Gun’s. Bien qu’en quête de renommée, cet anonymat arrangeait le vieux pirate. Et ce n’était pas la seule chose qui était susceptible d’arranger Vail… Etant donné qu’Hana bossait désormais au chantier naval, il y avait moyen d’en tirer avantage pour obtenir quelques réductions quant aux coûts d’agrandissements du Joe. Non, Unwin ne perd pas le nord (ce qui serait un comble à North Blue, mais laissons de côté ces blagues plus que vaseuses). En tout cas, on ne le dira jamais assez, mais Vail a un esprit logique et parfaitement organisé, il n’y a donc pas à s’étonner que ce genre de pensées lui vient dans cette situation.

    « Mais, putain, je m’attendais pas à tomber sur toi ici, n’empêche. »
    "Moi non plus."

    La charpentière semblait bien plus calme que le pirate. Peut-être s'était-elle déjà préparée depuis longtemps à ces retrouvailles. En tout cas, elle comprenait la réaction d'Unwin et lui laissait le temps de digérer les informations. Même si elle lui en avait voulu un temps de ne pas être resté avec elle, elle avait su faire la part des choses. Après tout, que pouvait-elle lui reprocher ? Il n'était même pas au courant qu'elle était enceinte et elle avait refusé de lui dire. Croisant les bras et se laissant aller sur sa chaise, elle contempla une nouvelle fois ces traits qui lui avaient été un jour familier.
    Unwin avait bien changé. Il avait perdu ses allures de jeune homme dégingandé et était bien plus impressionnant que ce qu'il avait jamais voulu paraitre vingt-deux ans auparavant. Ca lui allait bien. Et puis c'était toujours lui. Derrière cette barbe mal taillée et ces cheveux laissés en autogestion, elle le voyait toujours. Il était plus vieux, certes, mais il n'avait pas tellement changé.

    De son côté, Vail se laissait aller à des pensées similaires. Il ne pouvait s'empêcher de détailler Hana. Elle avait changé, mais en vingt ans, c’était normal. Ses cheveux étaient plus courts que dans le souvenir d’Unwin, son visage moins rond, plus dur et marqué par l’âge. Il ne l'aurait sans doute pas reconnue du premier coup.

    « T’as vieilli. »
    "Tu peux parler ! T'as vu dans quel état t'es ? On dirait un poivrot des mers."

    Unwin sourit en entendant la répartie de son ex petite amie. Elle n'avait pas changé sur ce plan. Elle avait toujours eu un sacré caractère. Un peu comme lui en fait... P’tin, maintenant qu'il y repensait, c'est vrai qu'entre deux rendez-vous, c'était pas triste de les voir ensemble les deux. Et ils avaient eu une fille ensemble ? Eh bah bordel, ça devait donner ! Mais allait-il seulement la voir ? Avait-il le droit de la voir ?

    Bah ! Ces questions n'étaient pas sa priorité pour le moment. Il avait autre chose à penser que cette soudaine famille. L'opération pour le QG de North Blue était trop importante pour qu'il se laisse aller à des divagations sentimentales et sans intérêt. Avec un soupir, Unwin se redressa sur sa chaise et se composa une mine plus sérieuse.

    "Bon putain, je suis désolé de te demander ça alors que je viens seulement de débarquer."
    "T'es désolé ?"
    "Ouais bon, pas tant que ça, tu me connais, merde. Quand je suis parti de chez moi, je savais pas trop dans quel bordel je me foutais, j'ai fait des conneries un peu partout avant de finalement trouver ma place comme pirate."
    "Ca m'étonne pas de toi. T'en as trop côtoyé au magasin, tu pouvais pas finir autrement."
    "C'possible. Bref, j'ai toujours le Joe tu sais. C'est un putain de navire que Tsune' m'a filé. Et maintenant, mon équipage s'agrandit et ça devient le bordel."
    "En gros, tu veux que je me charge d'agrandir le Big Bang Joe ?"
    "Ouais."
    "T'espères pas que je te le fasse gratos ?"
    "J'ai l'air si con ?"
    "Je répondrais pas à ça. Bref, tu veux quoi exactement ?"
    "Un agrandissement. Genre trois places basiques ou plus et peut-être des canons. Ca dépend du budget."
    "T'as combien ?"
    "Ca, ça dépend de toi."
    "Putain, tu manques pas de cran !"
    "Bordel, joue pas les effarouchées, t'aurais fait comme moi à ma place."

    Un silence tendu suivit l'échange. Unwin savait qu'il jouait avec le feu, mais Hana et lui se connaissaient suffisamment bien pour que leur amitié joue en sa faveur. Sans compter que le Big Bang Joe était un bien de Tsunechika à la base. Et vu la famille, y'avait fort à parier que, quoiqu'il arrive, elle voudrait s'en charger.

    "Bon allez, c'est bon, t'as gagné. Je connais des gars qui m'en doivent une et je devrais pouvoir obtenir une bonne petite ristourne. Et Arisa peut aussi se débrouiller pour jouer en ta faveur, si elle est d'accord."

    L'air victorieux qu'Unwin s'apprêtait à prendre se transforma en une expression mitigée. Satisfaction et inquiétude se dessinaient sur son visage. Convaincre Arisa de l'aider signifiait la rencontrer. Et quelle personne saine d'esprit filerait direct un coup de main à un parent qu'elle n'avait jamais connu ? Ca allait encore être galère ça.

    "Putain..."
    "Plait-il ?"
    "Et ta fi... Arisa, elle est où ?"
    "Je suis là !"

    Une main légère se posa sur l'épaule d'Unwin alors qu'une voix douce atteignait son oreille. Malgré lui, le pirate ne pu retenir un soubresaut et se retourna vivement pour contempler une jeune femme à l'air rieur. Visiblement âgée d'une vingtaine d'année, elle avait une longue tignasse brune qui n'était pas sans rappeler les cheveux de Vail. Sur son visage juvénile, on décelait en revanche des airs à Hana sans que la ressemblance soit flagrante pour autant. Elle portait une tenue légère agrémentée de nombreux accessoires qui évoquaient à Unwin l'image d'une bohémienne.

    "Salut papa !"

    Oh putain... C'était elle sa fille ? Effectivement, la génétique faisait des trucs qui détonaient parfois. Réprimant son appréhension, Unwin laissa son flegme reprendre le dessus et l'aider à mieux gérer la situation. Sans un mot, il laissa la jeune femme prendre place à table. Toujours en silence, il la laissa l'observer et le dévisager. Une fois l'examen terminé, Arisa reprit la parole.

    "Alors c'est toi mon père ? J'avais pas mal entendu parler de toi, mais je pensais pas que tu ressemblerais à ça. Tu me diras, je pensais pas non plus que je te rencontrerais un jour."

    C'était quoi ça ? Du sarcasme ? Mais bon, il comprenait bien, ça lui faisait bizarre à lui aussi.

    "La même."

    Ca c'est de la conversation. Hana lui expliqua avec un sourire que sa fille était à la table derrière depuis le début et qu'elle avait suivit la conversation des deux anciens amants.

    "Bon bah je suppose que j'ai pas à te résumer toute cette putain d'histoire, alors ?"
    "Pas vraiment non."

    Un nouveau soupire franchit les lèvres du pirate. Cette situation était franchement bizarre. Unwin avait réellement l'impression de baigner dans le délire le plus totale. Il s'attendait presque aussi à voir débarquer ses parents ou une connerie du genre. Mais bien évidemment, ce ne fut pas le cas. Encore heureux, il y a des limites aux retrouvailles familiales hasardeuses. Mais passons ces divagations. Le vieux pirate attendait le verdict d'Arisa. De sa fille. P'tin, ça faisait vraiment bizarre... Après quelques instants de silence, la jeune femme reprit la parole avec un sourire malicieux.

    "Je veux bien t'aider si tu te maries avec maman."

    Oh putain de bordel de merde, Unwin cru réellement qu'il allait s'étouffer. Elle en avait d'autres des comme ça ?! En face de lui, Hana fit aussi une drôle de tête. Vail ne parvint pas à saisir le sens de l'expression de la charpentière. Elle faisait cette grimace parce qu'elle était pour ou contre l'idée ? Unwin espérait bien que c'était la seconde solution.

    "T'es sérieuse là, putain ?"
    "Bah oui."
    "Arisa..."

    Un sourire innocent se peignit sur le visage de la jeune femme et elle sortit d'un petit sac en toile un jeu de carte.

    "Mais maman, regarde, les cartes le disent, vous êtes fait l'un pour l'autre."
    "Les cartes ?"
    "Je suis voyante."

    Voyante... P’tin, de mieux en mieux ! Le capitaine des Gun's ne savait plus vraiment que penser de cette jeune femme qui se trouvait à côté de lui. Il avait vraiment engendré une telle descendance ? Difficile à croire, mais le fait était là, et il n'avait plus qu'à l'accepter pour le bien du Big Bang Joe.

    "Je vais commander du rhum."

    Laissant ses parents un peu sceptiques, Arisa traversa le bar pour aller réclamer sa boisson au comptoir. Sur son passage, des regards se posaient sur elle et laissaient refléter des sentiments divers. Désir ou crainte étaient les plus présents.

    "Je te présente Arisa."
    "Putain..."
    "Oui, ça fait bizarre quand on ne la connait pas. T'inquiète, elle était pas sérieuse au sujet du mariage."
    "J'espère bien !"
    "Ah ouais ?"
    "Oh putain, Hana, me dit pas que t'attendais une demande, une bague et tout le bordel ?"
    "Je suis pas pathétique à ce point."

    L'échange tourna court avec le retour de la jeune voyante et de sa choppe de rhum. Choppe qui, par ailleurs, était plutôt imposante.

    "En fait, t'oublies pour le mariage."
    "Comme si j'allais accepter."
    "On t'a déjà dit que t'avais un tact fou ?"
    "Non."

    Unwin ne comprenait pas l'ironie et n'avait pas d'humour, aussi avait-il répondu le plus sérieusement du monde à la question. Cette réaction fit sourire les deux femmes. L'une avec amusement, l'autre avec nostalgie.

    "Bref, j'ai pas le temps de discuter et glander en buvant, bordel. Je vais pas faire semblant de jouer les pères parfaits. Je te connais pas, on se reverra sans doute pas avant un putain de moment, donc est-ce que tu m'aides ou pas ?"
    "Ca a le mérite d'être honnête. Je veux bien te filer un coup de main aussi. Mais je le fais pour maman et Tsunechika qui ont passé leur temps à me parler du Big Bang Joe et tout le bordel. Et aussi parce que tu l'as gardé et que visiblement t'y tiens et que tu dois en prendre soin. Je connais aussi un peu tout le monde dans la ville et y'a des tas de secrets qu'on m'a balancé et que personne a envie de voir révélé, alors tes réducs, tu vas les avoir, tu peux me croire !"


    Ah bah d'un coup, le pirate sentait les airs de famille revenir. C'était plus rassurant. Pendant l'heure qui suivit, il fut question de négociations. Unwin rapporta son budget et ses projets pour le navire, expliquant ce qu'il attendait d'Hana. Elle calcula rapidement par rapport à tous ceux qui avaient une dette envers elle et qui travailleraient pour pas cher. Arisa, de son côté, faisait de même, rajoutant parfois des détails sordides sur la vie de tel ou tel ouvrier. Vail se demandait vraiment comment elle avait appris tout ça. Qui plus est, il restait admiratif devant la mémoire de la jeune femme qui n'hésitait pas une seconde sur les personnes et les secrets appris. Ils convinrent aussi sur les détails techniques : temps des travaux et autres paperasseries.

    Une fois que ce fut chose faite, le trio sortit du bar. Unwin remercia sincèrement Hana. Il n’était pas un sentimental, mais il savait qu’il en devait une à son amie et il n’était pas ingrat. Même s’il restait un enfoiré préoccupé par ses projets pour les Gun’s plus que par sa famille.

    Bref, une fois ces séparations émouvantes achevées, Vail entreprit de s’éloigner un peu du chantier. Maintenant, une nouvelle étape délicate s’annonçait : se faire capturer.


Dernière édition par Unwin Vail le Mar 08 Mai 2012, 18:37, édité 2 fois
      « Alors ça y est, tu pars ? »

      Dans une rue de Maze Town, deux jeunes hommes discutaient. Leur discussion était tout ce qu’il y avait de plus anodin. En temps normal, Unwin l’aurait même probablement ignoré, mais en cet instant, en entendant cette simple phrase dans la bouche d’un inconnu, il s’arrêta. Si brusquement que certaines personnes l’observèrent avec inquiétude. Le vieux pirate ferma les yeux un instant, se reprit, et continua d’avancer. Toutefois, son esprit n’était plus à Maze Town, il était à des années de là. Il était vingt ans en arrière, sur son île natale.

      ***

      La nuit était tombée quelques heures auparavant. Sur une petite île de North Blue, un agréable sentiment de sérénité planait. Quelques maisons étaient encore éclairées, mais la plupart étaient plongées dans le noir et le sommeil. Pourtant, malgré ce calme plat, on pouvait remarquer une ombre se déplacer furtivement entre les quelques bâtiments, se dirigeant résolument vers le port de la ville. Par moment, on pouvait l’entendre baragouiner quelque chose sur le poids de son sac ou autre. Rien de réellement intelligible.

      Finalement, la silhouette sombre quitta les ombres rassurantes de la ville pour pénétrer sur les quais éclairés par la pleine lune. Là, un jeune homme l’attendait. Dès qu’il le reconnut, l’ombre avança vers lui et fut accueilli avec un sourire chaleureux.

      « T’as réussi à échapper à la surveillance de tes parents ? »
      « Putain, ouais. Je crois qu’ils se doutaient de quelque chose, mais j’ai pu sortir. »

      Malgré ses paroles, Unwin, car c’était bien de lui qu’il s’agissait, ne pouvait s’empêcher de sourire. Il allait quitter son île, sa famille et ses responsabilités pour se construire sa propre vie.

      « Alors ça y est, tu pars ? Ca fait bizarre… »
      « Tu m’étonnes, putain ! »
      « Tu vas t’en sortir tout seul ? »
      « Mais ouais… »

      L’héritier des Vail était parfaitement conscient qu’il devait beaucoup à Tsunechika. Ce dernier lui avait appris à naviguer, à mettre au point son plan et bien d’autres choses encore. Unwin n’était pas un grand adepte des effusions d’amitiés et autres conneries, mais il n’avait aucun mal à exprimer sa gratitude envers son ami d’enfance. Toutefois, il s’en abstint, sachant pertinemment que ça les mettrait mal à l’aise tous les deux au final. Il se contenta donc de serrer la main de l’ingénieur.

      « Tu vas manquer à Hana aussi. »
      « Tu parles, elle s’en remettra. Et puis merde, elle était au courant, donc bon. »

      Hana… Elle lui manquerait sans doute un peu. Le jeune homme avait passé du bon temps avec elle, même s’il n’avait jamais envisagé de passer le reste de sa vie avec. Ce départ allait chambouler beaucoup de choses. Mais il était nécessaire pour lui. Bon sang, il allait finir par se mettre à chialer à ce rythme ! Aussi, pour se donner une contenance, Unwin entreprit de fouiller le sac qu’il avait emporté pour sortir un baluchon de toile soigneusement fermé.

      « Tiens, c’est pour le bateau. »
      « Non, c’est bon, garde ton fric. Prend le Big Bang Joe comme un cadeau d’adieu. »
      « Putain, t’es sûr ? »
      « Puisque je te le dis. Par contre, si tu deviens célèbre, t’as pas intérêt à oublier de citer le nom de l’ingénieur qui t’a filé ce bateau ! »
      « Merci. »

      Ce simple remerciement toucha Tsunechika. Avec un sourire, et en réponse, il tendit une main à son camarade qui la serra avec force. Ils n’étaient pas près de se revoir. Lorsque Unwin lâcha la main de son ami, il se dirigea sans un mot vers le bateau, et embarqua. Il déposa ses affaires sur le pont du Big Bang Joe et entreprit de lever les amarres. L’embarcation commençait à lui être familière, il avait appris à naviguer avec elle pendant de longues heures. Il avait galéré, mais aujourd’hui, il s’en sortait plutôt bien. Le vent et la marée étaient de son côté, aussi le bateau n’eut aucun mal à prendre la mer. Alors qu’il commençait à filer vers le large, le tout nouveau capitaine du bateau avait adressé un grand signe d’adieu à Tsunechika. Puis, avec un sourire, il avait sortit une arme à feu qu’il avait fabriqué et tiré deux balles. Le bordel que ça avait fait… Il se souvenait parfaitement avoir vu des tas de maisons s’allumer brusquement. Au moins, pour son départ, il avait marqué le coup.

      ***

      Un soupir nostalgique s’échappa des lèvres du pirate. Ce départ de son île natale était sans doute la meilleure chose qu’il ait jamais fait. Et maintenant, après plus de vingt ans, il était capitaine pirate, avait enfin un équipage sous ses ordres et s’apprêtait à mener une opération de grande envergure. Ca oui, tout ce qu’il avait fait jusqu’ici, ça avait valu le coup d’être vécu !

      Ca faisait quand même un bail qu’il n’avait pas repensé à tout ça. Retrouver Hana et rencontrer Arisa l’avait peut-être plus chamboulé qu’il ne l’aurait cru. Putain de journée. Avec un soupir et un haussement d’épaule, le pirate repoussa toute vague de nostalgie. Ca faisait près d’une heure qu’il avait quitté les deux femmes et il avait des choses à faire. Ou plutôt une chose. Une putain de chose qui le faisait grincer des dents. Oui, il allait devoir se faire embarquer par des marines. Il était nécessaire pour la réussite du plan des Gun’s qu’il se fasse arrêter par des pecnos en blancs qui défendaient la justice.

      La justice… Voilà bien une notion qui le faisait doucement rigoler. On ne trouvait sans doute pas pire corrompus que les dirigeants du gouvernement mondial. Mais bon, on n’était pas là pour parler politique. Là, dans l’immédiat, Unwin devait mettre sa fierté de côté et provoquer les charmants représentants de l’ordre. Après, le plus compliqué serait de se faire arrêter sans se faire tuer ou y laisser un bras. Le pirate savait de source sûre que Saru était déjà en prison. Fallait juste espérer qu’il y soit entier… Quant à Mizukawa, pas de nouvelles. De toute manière, Vail ne lui avait accordé aucune confiance dès le départ. Trop instable comme gamin. Mais bon, il n’allait pas pleurer son départ.

      Un nouveau soupir franchit les lèvres du capitaine pirate. Putain, ça le faisait vraiment chier toute cette merde… Bon, allez, puisqu’il faut s’y mettre… La rue était animée, il y avait de l’ambiance et un nombre incalculable d’opportunités pour se faire remarquer. Toutefois, parmi toutes celles qui se présentaient à l’esprit du pirate, une le frappa de plein fouet. Au sens littéral. Une fillette de six ans venait de s’écraser contre lui.



      Non… Il n’allait pas oser ?



      PAN !



      Un silence de mort s’abattit sur la rue. Le coup de feu tiré semblait résonner dans les oreilles de chacun. Au sol, immobile, les yeux à jamais écarquillés de surprise et de peur, un corps venait de s’écraser, soulevant un léger nuage de poussière. Un corps qui paraissait minuscule, un corps qui aurait dû être empli de vie pour de nombreuses années. Un corps de petite fille, victime injuste des machinations d’un pirate.
      Puis soudain, un cri retentit. Déchirant, poignant. Le cri d’une mère à qui on a arraché son enfant. L’ambiance irréelle qui flottait jusque là se rompit. Un voile invisible se déchira et le temps reprit ses droits.
      Comme pour rattraper le retard prit, il s’accéléra brusquement. Une dizaine de marines intervinrent en courant. Fusil au bras, ils encerclèrent le pirate. Les civils autour s’enfuyaient. Les enfants pleuraient. La peur avait prit la place de la joie. Le chaos succédait au calme.

      Et, au milieu de tout cela, Unwin, arme au poing, contemplait avec indifférence la scène. Avoir ôté ainsi la vie ne l’avait pas plus perturbé que cela. Son esprit était uniquement dirigé vers l’avenir et vers ses chances de s’en sortir vivant après un crime aussi odieux. Personne n’irait se plaindre si les marines tiraient à vue. Ou peut-être que si. Il y avait des malades partout. Et sur ce coup là, Unwin comptait sur eux. Il y avait encore trop de témoins, même si les marines crevaient d’envie de l’abattre sur le champ, il était de leur devoir de l’arrêter sans faire d’autre victime.

      Vail leva les bras au ciel, signifiant par là qu’il n’attaquerait pas. Il n’était pas assez fou pour risquer réellement sa vie maintenant. Tout se déroulait comme il le souhaitait.

      Ou presque.

      En effet, sans que personne n’ait le temps de l’en empêcher, un homme se rua sur le capitaine des Gun’s. Le visage ravagé par les larmes et la haine, Unwin n’eut aucune difficulté à deviner qu’il était le père de la gamine. Un père qui, visiblement, était très attaché à l’idée de faire la peau au pirate. En soit, ça se comprenait, mais Vail ne pouvait pas se permettre de mourir de ses mains. Et il ne pouvait pas répliquer, sans quoi les marines tireraient à vue.

      Putain !

      Le vieux pirate laissa tomber ses armes pour retenir l’homme qui se jetait sur lui. Ils tombèrent à la renverse. L’un essayait de frapper, l’autre essayant de se débattre. Le seul avantage dans cette histoire était que les marines ne pourraient pas tirer sans risquer de blesser le père de la fillette. Aussi, Unwin colla des beignes à son adversaires et en prit de belles. Et hop un œil au beurre noir ! Bordel, un homme désespéré, ça cogne dur. Alors que le pirate s’apprêtait à envoyer valser plus violemment le père de la petite, des soldats intervinrent et entreprirent de les séparer.
      Trois marines retenaient le père éploré tandis que quatre autres tenaient Unwin fermement et lui mettaient des menottes. Les autres calmaient le jeu auprès des civils présents et assuraient que le criminel subirait le châtiment qu’il méritait. Pour la forme, Vail se débattit un peu, mais intérieurement, il était plus que satisfait de la situation. Tout filait comme sur des roulettes, et bientôt, les soldats s’en voudraient de l’avoir arrêté.

      Un marine, celui qui semblait le plus gradé du petit groupe, s’approcha du pirate et le regarda dans les yeux.

      « Espèce de salaud, je peux te dire que le jour de ton exécution, je serais là et je me ferais un plaisir de voir ta sale gueule de pirate tomber. »
      « Va crever connard. »

      A peine le capitaine des Gun’s avait-il terminé de parler qu’un violent coup lui était assené. Y’a pas à dire, le marine y avait mit du cœur et Unwin s’effondra instantanément. Il ne se réveillerait qu’en taule…