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Promenons nous dans les bois

Quel massacre. Tout ces brins d'herbes. Qu'j'arrache avec poigne. Tripoter quelque chose pendant qu'je m'prends à méditer sur tout et rien. Surtout sur rien. C'est important, de lester le corps pendant que l'esprit s'élève. Il faut une dernière accroche avec la réalité. La mienne, c'est déchirer avec ferveur ces touffes d'herbes et les voler à la terre. Qui m'le rend bien en m'envoyant ses légions d'insectes me défiler sur le torse, comme pour m'intimider. En plus de ça, empalé par un soleil blême, souffreteux, qui transperce comme il peut les nuages, j'me sens comme le supplicié du ciel, attaché à sa roue. Allongé dans l'herbe, les nuages me mirent, me juge, me jaugent. Les nuages sont les émotions des cieux. Le temps, un peu couvert, un peu grisâtre, paré du sourire jaune hypocrite du Soleil, peine bien à m'convaincre que tout va pour le mieux, là-haut. Le pauvre Soleil est triste. J'comprends son ressenti, qu'est aussi l'mien. L'été candide et chaleureux s'termine, l'automne pointe son nez crochu et pustuleux.

J'suis pas ici en tant qu'poiscaille marine drogué aux idéaux, mais en tant que simple clochard des mers surfant sur sa fougue. Un vagabond qui a dévoré sa permission comme un clebs s'empiffre dans sa gamelle d'pâté putride. Sans mesure, sans réserve, j'me suis gavé de cette espèce de liberté sans m'laisser l'temps de la digérer, ni même de la savourer. Le second été qu'j'passe à la lumière, et non à l'ombre du grand frère. Tark serait fier de moi, il serait fier d'son frangin pouilleux. Qui devient grand. Qui s'connaît un peu mieux. Qui s'est découvert un joyau en lui, une pierre précieuse à tailler avant de la faire étinceler de mille feux. Une flamme d'héroïsme. Mais c'est passé trop vite. Crépitante pendant un laps de temps, la flamme s'est vaporisée presque aussitôt après. J'ai pas eu le temps de l'observer. De m'observer. D'me rendre bien compte d'à quel point... j'ai changé.

J'ai été un héros d'un soir sur Las Camp, mais aussi un fidèle compagnon. Tordre le destin et l'forger à ma façon. Protéger une existence et y graver mon image à jamais. J'ai sauvé quelqu'un. Quelqu'un d'étrange. Car un parasite m'ronge l'âme, une foutue question me chie sur l'bonheur. Aider, supporter et aimer cette... assassin ? Cette agente du cipher pol. Pas méchante avec moi, compréhensive envers mon côté cloche, reconnaissante envers cet altruisme débridé qui m'a coûté une patte, une épaule, et une grosse parcelle de mémoire souillée d'images affreuses et d'échos d'vilaines émotions.
Annabella était une agente du CP. Ouais. Une assassin, sûrement. Mais j'ai cru apercevoir les silhouettes d'la bonté et d'un désir incandescent d'justice, en elle. Comme personne n'est tout moche ou tout beau, comme on est fait d'ombres, j'veux garder la foi. Penser que j'ai secouru quelqu'un de bien, et qui fera le bien.

Retour sur terre. Pendant que j'pensais à autre chose, ma palme caressait la mallette de pognon qu'la donzelle m'avait laissé pour mon départ. Deux millions de berries, j'crois. J'aurai bien du mal à m'faire plaisir avec, car c'que j'recherche ne s'achète pas. Encore moins avec des thunes qui n'devraient pas m'appartenir. J'en voulais pas d'son don, moi. Son sourire, sa reconnaissance, nos vies sauves à tous les deux, c'étaient déjà les meilleures récompenses qui soient. Je... J'ai... Hum. Méditer sur... A quoi j'pensais, putain ? Méditer sur...

Méditer sur mes démangeaisons. Ça gratte. Et ça gratte. Et ça m'distrait. La nature, les bestioles, mes fripes, tout m'gratte. J'me relève et m'griffe frénétiquement l'cuir pour en éteindre les incendies. Mais plus j'gratte, plus ça gratte. Alors pour m'concentrer sur autre chose, j'demande à mes guiboles d'me porter en direction de... ce petit bois, là-bas. J'attrape la mallette, qu'j'fais passer par dessus mon épaule. Et j'me laisse aller à froisser l'herbe sous mes pieds, à un rythme gentillet. J'me dirige vers le bosquet, l'regard évasif. C'coin est magnifique. J'pouvais pas espérer mieux, pour finir ma perm', qu'un séjour chez les bouseux. La campagne, ça m'gagne. Lassé de l'air marin, requin des terres, j'mets les branchies d'côté et j'inhale à pleins poumons le pollen et les pets d'vaches.

Et même si la période est mélancolique, et même si j'sens bien que l'ciel couvert retient ses larmes, et même si une giboulée de doutes inonde les sillons d'mes pensées, j'me laisse porter par le vent qui balaye la plaine, et ce qui m'faisait souffrir avant s'laisse peu à peu souffler. J'me sens aussi humble qu'un d'ces tournesols qui cherche la lumière. Qui n'sait pas vraiment s'il l'a trouvera vraiment un jour, ceci dit. Ou s'il devra à jamais s'contenter de mirages.

Mes semelles boueuses commencent à écraser les pieds des arbres. Oups. Grosses racines partout. L'ombre s'impose et un bouclier d'feuilles pourfendu de timides lances de lumière se construit au-dessus d'ma tignasse un peu suante, un peu grasse. J'ralentis, laissant mes oreilles distraites partir en reconnaissance. Elles percutent que des chants d'piafs, des bruissements craintifs, des grommellements mystérieux. Seul. Seul avec la faune locale. Des traces de sanglier, là. Et aussi quelques nobles étrons, que j'contourne avec grâce tout en m'glissant à travers les buissons, muni d'un attrait pour les coins reculés et profonds... un amour pour l'exploration que j'pane pas totalement. Fouiller la forêt, y dégoter des secrets ?

Nope. Rien de fantastique. J'finis juste face à un creux, que j'contemple du haut d'mon talus. C'est pas bien haut, ça surmonte un sentier. Alors j'bondis. Et en bon poiscaille qui rêverait de voler, j'me ramasse lamentablement en contrebas, écrase mes échasses meurtries, puis m'laisse trahir par leur équilibre, qui m'envoie gémir dans un fossé.

J'grince des dents, et me maintient l'dos tout en m'rétablissant, et manque pas, bien sûr, d'pester contre la poisse.

P'tain, merde. 'chier... AARK !

Ma guibole engourdie et douloureuse rejette toute la responsabilité sur mon imprudence... J'me sors d'ma cavité en boitant et jurant copieusement, jetant ma mallette sur le sentier avant d'm'y hisser à mon tour. Mais...

Deux petites mirettes rivées sur moi.

Celles d'un gosse.

Euh... Salut. T'es perdu ?

Mais j'me souviens vite de ce que j'suis. Et un malaise indomptable me saccage l'intérieur. J'détourne la face pour éviter d'lui faire peur. Rencontre fortuite d'un requin sur pattes par un gamin paumé dans les bois. C'est comme un scénar' de mauvais conte de fée. J'me coltine bien sûr le rôle de l'affreux monstre frustré et malheureux à grandes dents...
Mais le gosse tarde à crier au loup. Qu'est-ce qu'il fout ?
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« Moi j’aime aller dehors ! Quand le soleil brille !  ♪
Pour chanter tout fort, tout en tournant en vrille !  ♪ »


Eeeet quand on ouvre la fenêtre, il fait pas tellement soleil que ça…. Haaan…. Et dire qu’Uriko s’était super bian levé ce matiiin ! Mais nan, c’est ptet pas la chanson adéquate pour la journée… Trop de nuages. Bon, tant pis… Au moins il pleuvait pas, ce qui voulait dire que le petiot pouvait quand même jouer dehors, de toute manière, il n’avait rien d’autres à faire.

Séjournant dans une petite auberge, le chasseur de primes était de passage sur l’île en attendant le prochain départ du navire marchand sur lequel il était invité. Il avait encore beaucoup de temps avant que celui-ci ne lève les voiles, de ce fait, comme à son habitude, celui-ci faisait un peu de tourisme. Petite note d’ailleurs, ils avaient de super bonbons à base de lait, tendre et fondant en bouche, à l’image d’un carré de caramel moelleux. Apparemment, c’était aussi lié à la production locale, l’île étant réputée pour ses vaches. Pas étonnant qu’ils s’agissent des meilleurs bonbons au lait qu’il ait goûté.

Le plus important ayant déjà été fait, Uriko n’avait plus qu’à passer le temps à des activités banales comme la chasse au papillon. Armé d’un filet, celui-ci était parti dans les bois, armé de son Toy Hammer bien entendu. Après tout, qui sait, il pourrait rencontrer un gros ours ! D’une humeur joyeuse lui étant bien caractéristique, celui-ci sautillait, filet en main tout en fredonnant une chanson tout aussi caractéristique que lui :

«  ♪  Moi, j’aime la vie comme une sucrerie !
Je mords dedans quand j’en ai envie !
Et pour que tout le monde m’aime,
Je mange tout plein de nems ! ♫ »


Hmm… Ils sont drôlement bien caché ces papillons, faut dire qu’avec le peu de soleil qu’il y a, ils doivent se faire timide. Mais il n’abandonnerait pas sa quête pour autant, l’enfant se sentait drôlement bien aujourd’hui. Cela était peut-être aussi due à l’aspect de l’île, tout était si calme, l’air doux, la nature bien verdoyante… Cela lui rappelait l’ambiance de son village. Car malgré les apparences, Uriko n’était pas un garçon de la ville.

Et, tandis qu’il continuait sa promenade, il tomba nez à nez avec…. Une malette ? La curiosité le piquant, celui-ci s’approcha, comment qu’elle était apparue ici ? Et c’est alors que du creux qu’il y avait devant lui apparut… Une créature étrange… Uriko s’immobilisa, observant silencieusement et longuement la chose… Il avait parlé… Elle pouvait communiquer…
En réalité, il fallait un petit temps pour que le cerveau puisse trier les informations convenablement avant de pouvoir comprendre ce qui se passait. Et c’est enfin que le jeunot réagit, mais d’une manière plutôt… Inattendue. Les yeux du chasseur miniature s’étaient illuminés de petites étoiles et sans rien perdre de sa gaieté habituelle, il s’exclama :

« Un grand toutou qui paaarle ! Ouaaah ! Alors c’vrai que y a pleiiin de créatures étranges sur les meeers ! Haaaan ! T’es un homme chien c’est çaaa ? Ouaah, dis dis, est-ce que tu joues quand même ? T’es un bon toutouw hein ? Donne la papaaatte ! »

En fait nan, inutile de donner la papatte, car c’était Uriko qui se mettait soudainement a pat patter (Plus de jeu de mots, promis…) le gentil « toutou » qu’il pensait rencontrer. Comme tout enfant qui se respectait, le garçon était un fervent adorateur d’animaux, surtout ceux avec de la fourrure… Mais pour un chien, bah il a pas beaucoup de fourrure, juste sur sa tête, l’endroit où justement il lui tapotait gentiment dessus de ses petites mains tout en sautant pour pouvoir le faire car il était plus grand que lui, ce serait ptet mieux si la bestiole se mettait à quatre pattes nan ?

Ne demandez pas comment son cerveau triait les informations car on ne saurait vous l’expliquer en détail… Juste que l’enfant n’avait jamais rencontrer d’hommes poissons auparavant et qu’il n’avait pas de réelle image des requins… Nan, le danger c’était les monstres des mers et les crocrodiles ! Pas les requins, nan, y en a jamais a Kawai !

« M’sieur chien chieeeen, tu fais quoi iciii ? Ah ! Au fait moi c’est Uriko ! Suis un chasseur de primes ! Un vrai ! N’ai même des papiers qui le prouuuvent ! N’aime tout plein les n’animaux, les bonbons, jouer, le soleil, les peluches, les… Ah nan, on m’a dit qu’il fallait que je devais faire moins long pour les présentations, c’vrai… Euuh… Alors j’aime tout plein de choses en fait ! Et j’aime pas des choses nan plus mais moins ! Dis diiis, tu peux bian parler toiii ? Hmm ? »

Finalement, Uriko venait de se rendre compte de quelque chose concernant l’apparence de cet « homme chien ». Ca ne tournait pas rond dans cette affaire. D’un ton un peu plus méfiant cette fois, et sans même laisser le temps à l’homme poisson de répondre ou réagir à quoi que ce soit (C’est qu’Uriko est du genre hyperactif), le chasseur miniature prit la parole :

« Di…Dîtes m’sieur chien chien… Vous avez de grandes oreilles pointues… Et.. Et que vos yeux sont grands et perçants… Et pis… Et pis que vous avez de grandes dents… Haan ! Ne connais l’histoire ! M’sieur chien chien… Vous… Vous êtes pas un loup qu’allez me miamer tout cru hein ?! »

Etre un canidé était non négociable. Et l’enfant ne prêta même pas attention à l’immense nageoire dorsale qui était l’évidence même pourtant de la nature du bonhomme en face de lui. Nan, il avait une bonne tête de toutou.


Dernière édition par Uriko le Lun 27 Oct 2014 - 20:49, édité 1 fois
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Homme-chien ? J'me fais traiter d'cabot par le gosse. C'est mon odeur ? J'sens un brin l'clébard mouillé quand j'essaye de laisser l'eau d'mer me laver, mais actuellement, j'suis plutôt paré de mon fumet sauvage et poisseux d'créature des marais. Celui qu'apparaît après des semaines à traîner dans les déchets et à pioncer au clair de lune. Celui qui s'empare des groins. Les enserre puis les conquiert comme l'empereur du nauséabond. J'empeste réellement l'poisson mort. L'môme m'en tient pas rigueur.
Au contraire...
Il me tourne autour, tout sautillant et souriant, en m'tapotant la tronche. Ma tignasse grasse et ébouriffée ressemble à une fourrure de clebs ? Mais... elle est même pas agréable au toucher, non ? Qui peut prendre plaisir à tapoter une touffe aussi laide et crasseuse ?
Ou c'est mon museau ? Y a pas d'truffe au bout, gamin. Lâche-moi... Cette fixette... Tu vois pas cette nageoire ? Aileron ? Branchies ? D'un autre côté, si tu les vois, comment tu vas le prendre ? T'as bien du lire un ou deux bouquins avec des requins, hein ? Et ils tiennent rarement les jolis rôles, ces sales bêtes...
Quoi, t'es un chasseur de primes ? Uriko, chasseur de primes, à peine la dizaine d'années. Ça m'fout une claque. J'y crois pas. Totalement surexcité, il en a détourné les mirettes de ma mallette. Il la convoiterait quand même pas ?
Non, vraiment. C'est quoi le problème de ce gosse ? Je...

Un loup ? Moi ? Une grimace gênée m'barre le visage. J'vois l'embrouille arriver comme un mur qu'j'vais avoir bien du mal à esquiver...

Eh, non ! J'mange rien !

J'gamberge à toute vitesse pour m'tirer du pétrin. Un requin sur pattes, c'est plus effrayant et absurde qu'un loup bipède. D'après mes critères. Ça peut avoir d'sacrées conséquences sur l'imagination d'un gosse humain. Et forcément, ça m'travaille aussi. Il pourrait s'tailler en criant et partir rameuter l'village. Lancer la chasse à la vilaine bête qu'agresse les enfants dans la forêt. Ou alors, pour éviter emmerdes et humiliations, ça m'obligerait à le... neutraliser. Lever la palme sur un gosse effrayé pour sauver ma peau d'cabillaud. Ou alors, j'ai... Je... Mon imagination part en vrille. En fait, ça m'amène à rien d'me ronger les sangs. j'tourne en rond dans une impasse.

J'contrôle plus ma face. J'déglutis, j'fais la moue, comme si cet Uriko m'avait vexé. C'est pas le cas. Il m'a juste... paumé... J'étais enfoncé dans mes méditations, et il vient d'm'en extirper trop brutalement.

J'mange personne, je m'balade juste, euh... Uriko. Pas méchant !

M'présenter pour gagner sa confiance ? Qu'est-ce que j'crains, d'toute façon. J'suis marine. Puis c'est qu'un gosse... Faudrait pas qu'lui prenne l'envie de s'enfuir en hurlant ! Mais j'oublie pas ma condition. La bribes de souvenirs que j'ai gardé de cet endroit. J'oublie pas c'qui m'est arrivé ici, y a pile un an. J'aurais pu finir en tranches dans l'assiette de la vindicte populaire, injustement accusé. La guigne avait failli m'précipiter en enfer, littéralement. Et c'est un môme étrange qui m'avait sauvé.

J'aimerais pas qu'l'histoire se répète. Une ironie qui m'accablerait. J'prends les devant et m'présente copieusement, pour dissiper tout malentendu. De la voix la plus douce et harmonieuse que j'suis capable de former. Un timbre faiblard et timide...

Moi c'est Craig... Pas méchant, j'suis juste de passage, en... vacances. J'suis marine, d'habitude... Euh. Dis, où sont tes parents ?

C'est amer, mais... un gamin solitaire qui chasse des primes... Ça sent l'orphelin... Naissance heureuse, puis drames d'un destin cruel et sans gêne, devenir prédateur à la place de proie, formaté à traquer la thune dès l'plus jeune âge et... Ark. J'ai p'tet gaffé.

Euh... T'as pas d'parents ? Désolé.

Nan, ça colle pas... Trop enthousiaste, trop souriant. Rayonnant. La vie doit pas encore avoir eu le temps de lui chier dans les godasses. Pas encore, en tout cas. Quand j'croise son regard, j'remarque que les étoiles qui lui luisent au fond des mirettes sont encore en rien ternies. Diable, ça m'frappe... Tellement rare de tomber sur un concentré d'innocence ambulant. J'espère pas m'planter à son sujet...

C'est dangereux, hein, d'se promener tout seul dans la forêt ? Tu ferais mieux de rentrer ou... Hum...

Eh, j'ai l'impression qu'il m'écoute à peine.
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Loup ? Pas loup ? Tel était la question. L’homme chien avait beau prétendre ne pas être méchant, il n’en a pas pour autant nié le fait qu’il était un loup… Ce qui voulait dire qu’il était…. Un Loup au régime ?! Mais… Mais… Faut toujours au moins manger quelque chose… Il a le droit de manger des légumes et des fruits aussi, c’bon, surtout les fruits… Bon ptet pas tout les légumes, mais, même en tant que loup, c’vrai que si la viande le dérange pour correspondre avec sa nature de pas méchant, bah il pourrait au moins se reconvertir dans le végétal… Ouip ouip. Hm ? C’était pas le problème ?

« Oooh. Donc t’es un gentil loup ?! Bon ca va aloooors ! »

Le jeune garçon ne devrait réellement pas faire confiance aux gens aussi rapidement, surtout quand ces personnes étaient des gens aussi étranges… Non humain qui plus est. Mais comme le disait sa Maman, ne jamais juger un livre sur sa couverture, sauf si il est parsemé de symboles qui font peur, tout noir et que y a des mots méchants dessus. Brefouille, l’enfant regardait donc de nouveau ce toutou sur pattes avec un regard remplie d’espoir et de paillettes made in Louise.

« Haaan t’es un mariiine ! Donc t’es un vrai gentiiiil ! Tu sais, mon frère aussi il est marine ! C’est des gens bian les marines, même si des fois, bah, ils sont un peu strictes ! Mais toi t’as pas l’air trop strict Cr…ieg ? Euh Cr…aig ! Craig… Cr…Crieig ? Crigrou ? Ca fait bien chien mais c’dur a prononcer… Hmm… Ne saiiis ! Vais t’appeler Cricrig ! »

Nouveau surnom donné, bianvenu Cricrig, ou Cricrieg, y a un « e » facultatif à prononcer mais invisible ! Brefouille, pour en revenir à la suite des questions du chien chien :

«  Hmm ? Mes parents ? Ils sont à Kawai ! C’est a Shimotsuki, tu connaiiis ? Y a pleiiiin d’épéistes tout fort la bas ! Moi suis devenu chasseur de primes, parce que c’comme des héros, ils ont tout pleins d’aventures et ils peuvent capturer des méchants et gagner plein d’argent pour acheter des bonbons ! Ah ! Et pis t’inquiète pas pour moi ! Suis suuuper fort en fait ! Si si ! Tiens tiens regarde ce journaaal ! Y a mon nom dessuuuus ! T’as vu ! C’moi qu’ai capturé Jimmy l’embrouille ! Tu sais tu sais, il vaut 55 milliooons ! Et moi, ne l’ai capturé touuuut seul comme un grand ! Hé hé ! »

C’est la fierté du garçon et il ne se prive pas pour le dire à qui veut l’entendre, les enfants aiment porter l’attention sur soi. Maintenant que tout était éclairci et que les malentendus étaient dissipés, ils pouvaient devenir coupaing coupaing ! L’enfant agrippa sans peur la main de son nouveau chien loup humain avant de le trainer dans sa marche.

« Maintenant qu’on est tout coupaing, on va pouvoir zouer et se promener ensemble ! Et pis et pis, ne veut entendre pleiiin d’histoires sur toiii ! Dis dis, t’es de quelle raaace ? Parce que n’ai jamais vu un chien loup comme toi ! Dis dis, tu veux des bonbons ? N’en ai pleiin, ceux au lait d’ici ils sont suuuper bon ! Parce que tu sais, rien manger, c’pas bon pour la santé ! Et pis les chiens, ils aiment le lait ! Ah… Mais ne sais pas si les loups boivent du lait… T’es plus chien ou loup toii ? Tu vas souvent en ville ? Oui parce que les loups, ils doivent préférer la nature, c’ptet pour ça que t’es ici nan ? Moi, ne suis venu attraper des papillooons ! Ah mais je leur fais pas de mal, c’juste pour les regarder de tout près, et pis quand n’en ai plein, j’peux tous les relâcher en même temps et ca fait tout woooow ! C’trooow beau ! Dis dis, tu m’aideras à en attraper ? Et pis… Ah ? »

Uriko est un enfant qui… Parle beaucoup, et qui aime ça. Mais ce n’est pas pour monopoliser la parole ou remplir le rp à partir de rien qu’il agissait de cette manière, la vérité étant que, pour ne pas que l’autre partie s’ennuie, il fallait bien que celui-ci fasse la conversation ! C’son papa qui lui avait dit ça ! Et tandis que leur avancée dans les bois progressait, le duo finit par entendre des bruits de feuillages tout proche de leurs positions. S’immobilisant un instant, l’air plus concentré, les deux n’attendaient plus que quelque chose ressorte de ces feuillages et buissons les entourant.

*Faites que ce soit un écureuil, j’veux voir un écureuuuil, s’iou plaiit, ne veut le pat pat et zouer aveec ! Un écureuil. Un écureuiiil !*

Toujours se montrer optimiste, pas une once d’inquiétude pour le moment. Et finalement… Et pour son plus grand malheur, ce n’était pas un écureuil qui était sorti de ce feuillage… Mais… Une troupe de loups, le genre affamé et protecteur de leur territoire.

« Oooh, tu m’avais pas dit que t’avais de la famille ! »

En même temps, c’vrai qu’il n’avait pas pensé à lui demander… Et pis toute manière il n’aurait sans doute pas eu le temps de lui répondre…. Mais, pour des parents, ils ressemblaient pas vraiment a Cricrig… Ptet que c’était que des cousins ou des n’amis. Mais convaincu de son idée loufoque et sans faire de lien logique, celui-ci s’avança sans hésitation vers les bêtes sauvages avec un grand sourire et des étoiles dans les yeux.

« Haluuut ! Moi n’est Uriko, suis un ami à Cricriiig ! »

L’envie de patpater leurs fourrures délicates et froufrouteuses était trop forte, il devait les cajoler, les câliner et jouer au frisbee avec eux. Même si ça ne semblait pas réciproque…. D’ailleurs Cricrig lui, il semblait pas si content de les voir. Problèmes familiaux ?


Dernière édition par Uriko le Lun 27 Oct 2014 - 20:56, édité 1 fois
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"Cricrig" ? Mon blase monosyllabique est si compliqué à prononcer qu'ça ?

J'ai de plus en plus l'impression d'être tombé dans un furieux rêve, ou d'avoir été maudit par j'sais-quel sortilège sorti des tréfonds obscur d'cette forêt de conte de fée. Alors que j'me laisse emporter par la poigne enjouée du gamin, effectivement comme un clébard se ferait traîner en laisse, qu'je déambule dans les bois sans broncher, j'ai vraiment l'impression d'être pris d'hallu's. En compagnie d'ce chasseur de primes de 10 ans qu'a une tête à 55 millions à son tableau d'chasse, et une parution dans l'journal à celui d'honneur. C'est délirant... Il est toujours persuadé qu'je suis un clébard... Mais j'ose pas l'contredire. Entretenir l'mythe. Car la réalité est plutôt vilaine. C'mignon, un cabot, dans l'imaginaire d'un môme. Amitié, fidélité, jeux, tout ça. Un squale, c'est déjà bien plus sordide. Rasoirs acérés plein la machoires, bouffe plus faible et petit que lui, sortant son aileron menaçant fendant les eaux. J'vais jouer son jeu, ça m'coûte rien... j'troque volontiers une identité d'poilu amical contre ma nature d'affreux écailleux. Ça m'irait presque mieux...

Lorsqu'Uriko s'arrête brusquement, j'en profite pour souffler. Arrêter d'penser un peu. Ouvrir grand les esgourdes tout en serrant fort la poignée d'ma mallette. Ça s'agite dans les buissons, et c'est pas pour m'rassurer. J'redouble d'attention lorsqu'le p'tit s'extasie tout seul face à ses fantasmes. J'grince des dents et péservére dans ma quête de signes. Un écureuil, ça fait pas trembler la nature comme ça. C'est pas un écureuil. Un écureuil, ça... grogne pas comme ça... Très secoués, les buissons chialent quelques feuilles. J'fronce les sourcils et m'étale une légère inquiétude sur la trogne.

Qui s'convertit en frisson glacial quand j'aperçois débouler une meute de ces sales clebs qui sont censés m'ressembler.

Les mirettes brillantes du môme percutent les yeux noirs des bêtes sur la défensive. Il... Il va à leur rencontre... Il... s'approche d'eux !

N-NON ! J'les connais pas ! Recule, c'est pas ma famille !

Perchés, ces mots-là. J'aurais jamais cru pouvoir dire quelque chose d'aussi con dans une situation pareille. Ça m'traverse dans une étincelle d'absurdité au milieu d'mon esprit foudroyé par le stress...

J'choppe le gosse par la taille et le tire en arrière alors qu'l'une des bêtes le chargeait dans un bond tout crocs dehors. J'ai la trouille qui m'noue les tripes, mais j'pousse un bruyant soupir d'soulagement en mirant l'môme intact, s'amusant sous mon bras gauche. Et d'ma main droite, ma mallette, calée devant Uriko comme un bouclier... Et... La meute s'organise en vue d'une nouvelle offensive. Ils grognent et s'approchent, menaçant. J'en défie un du regard, espérant qu'mes yeux soient plus perçants qu'les siens. Mais rien à faire... Un cabot sauvage, c'est plus dominant qu'un requin domestique. J'leur fais pas peur. Alors à force d'cogiter à toute berzingue, j'viens à décider d'creuser moi-même notre propre issue. Sacrifier l'argent...

Ma mallette voltige et percute de plein fouet la face d'un d'ces emmerdeurs. Ça la disloque, et v'là un nuage de billets verts virevoltant dans les airs. Hors du temps et de l'espace, l'gamin s'épate. Bordel. Il est vraiment à côté d'la plaque... Mon esprit brûle dans ma cervelle chauffée à blanc. Les priorités s'imposent à la cupidité. C'môme barge continue à disperser d'sacrées questions dans l'ambiance incandescente, concernant mes amis, ma famille, ma race.

On... On causera de ça après, d'accord ?

J'commence à décamper la queue entre les jambes, tandis qu'une partie d'ces crétins dépouillent la mallette, qui saigne toujours plus de pognon, dont la chair de cuir s'retrouve vite éventrée, geignante dans des froissements glauques. Ces thunes, j'aurais pu les refiler à un clodo ou à la révo si l'envie m'prenait d'terminer les vacances sur une BA d'plus, c'est... amer. C'est... du gâchis. C'est...

Gah. C'est pas grave ! J'maintiens fermement le gamin sur mon épaule. Un peu comme on trimballe un vulgaire sac de viande. Mais ça l'gène pas. L'est toujours sur un autre plan. S'en allant en adressant des coucous aux loups.

Dans la course effrénée, où s'mêlent mon souffle tremblant et saccadé aux cris d'bonne humeur du gamin, j'continue à nettement percevoir derrière moi les halètements rauques d'la meute et leurs nombreuses pattes lapider et mitrailler la terre. Mon pognon les a occupé quelques secondes, mais contrairement aux humains, ces dingues-là sont pas corruptibles. 'sont pas gourmands de fric, mais juste avides de basse barbaque. Ils ont la bave aux lèvres et un repas d'poisson leur changerait de la viande de gosse... Va nous falloir un plan B... J'pourrais bien tous les défoncer, hein ? M'lancer dans la dispersion d'beignes, distribution d'palmes dans les dents. En dégommer quelques uns suffirait à dissuader la meute d'poursuivre la bataille...

Mais... Pas question d'risquer la vie du môme. Alors, quand j'aperçois un terrier sous une grande butte. Un gros terrier. Genre, une caverne... J'braque mes mirettes dessus, et brave le feu qui m'crame les poumons et la gorge en redoublant d'vitesse, focalisé sur le sanctuaire, notre salut ! J'en peux plus. J'm'y engouffre, porté par l'vent glacial qui caresse les racines tombantes du plafond d'notre abri de fortune. J'pose le gamin, et m'affaisse aussitôt contre une paroi, glissant lentement tout son long, avant d'me clouer sur l'tapis d'feuilles, qui m'flatte le fessier. Yeux fermés, langoureux soupirs, esprit apaisé. La meute passe, à côté... Comme une légion enragée défilant bruyamment derrière les p'tits murs d'notre maison d'terre. On les a semé. En sécurité. Pour le moment...
Entre deux profondes respirations, j'passe ma palme sur mon front ruisselant d'sueur et surveille attentivement l'gamin. Qu'il parte pas provoquer une catastrophe pendant qu'j'ai l'dos tourné...

On... On a eu chaud... Je... euh...

Pas péter l'mythe. Aujourd'hui, j'suis pas un poisson...

J'suis pas en supers bons termes avec les... autres... loups. Hum.
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« Ah ? Donc… C’des méchants loups ? Oooh… C’est… C’pas chouette… »

Le petiot venait juste de réaliser la situation, ils étaient poursuivis par cette meute de loups, mais… Il voulait bien croire que Cricrig n’était pas en bon terme avec ses pairs mais de là à ce qu’ils le poursuivent prêt à le miamer tout cru… Il y avait une limite. Nan… C’était sûr Cricrig lui cachait quelque chose… Quelles pouvaient bien être les raisons ? Voyons les choses sous un autre angle, quelles pourraient être les causes qui font qu’un homme soit rejeté par d’autres hommes ?

« Cricrig.. Est-ce… Est-ce que… Tu appartiendrais à un clan ? Et que tu es actuellement sur le territoire d’un clan rival en mission d’espionnage, d’affaires ou autres ?! Ca expliquerait la valise d’argeent ! Mais tu serais parti après avoir brisé le cœur de l’héritière du clan adverse pour une histoire d’amour impossible ! T’attirant ainsi les foudres de tous les loups jalouuux ! »

Ce n’était tiré ni de la télé, vu qu’elles n’existent pas encore, ni de livres et romans vu qu’Uriko ne lit pas. Non, tout les films que le petiot se faisait à chaque fois venaient de récits racontés par divers voyageurs et autres aventuriers que le jeunot avait rencontré. Les enfants aiment qu’on leurs raconte des histoires après tout.
Mais après réflexion, il est vrai que cette histoire de clan était peut-être un peu trop tiré par les cheveux… Et il y avait autre chose qui semblait plus plausible… En regardant bien Cricrig, il voyait bien qu’il y avait anguille sous roche, surtout après avoir croisé ces loups… Ils ne se ressemblaient pas…

« Cricrig… Les autres loups qu’on a vu…. Est-ce que…. Tu serais mal aimé parce que tu es différent ? Haaan c’trooow triste ! Tu t’es fait rejeté et exclure parce que tu es un peu différent des n’autres loups c’est ça ? Mais mais… Tu sais, j’ai entendu dire que y avait plusieurs races de loups ! Alors t’en fais pas ! Dans ce genre de cas, tu leurs dis que tu t’en fiche tout plein ! Faut pas se laisser intimider ! Tu restes un loup quand même, même si t’es différent ! Et pis et pis, moi ne suis ton ami ! Donc t’es pas seul ! Ah, ca me rappelle une histoire avec un Renne je crois, mais on dit qu’il a bian fini ! Donc c’pareil pour toi ! »

A une chose près, c’est que Cricrig ne fait effectivement pas parti de la race des loups. Mais pensant que son coupaing chien-loup était un rejeté seul et sans ami, l’enfant faisait de son mieux pour le réconforter, la discrimination, c’mal, surtout que c’interdit et punit par la loi… Ah, peut-être pas dans ce monde-ci cela dit.
Maintenant que les loups étaient plus loin, le duo pouvait sortir de leur cachette, fiou, c’était amusant jusqu’à ce qu’Uriko apprenne qu’ils étaient méchants. C’est noté pour la prochaine fois, les loups, ils sont rancuniers et pis ils sont cannibales aussi… Ah, et ils aiment pas l’argent.

« Dis dis Cricriig…. T’avais beaucoup d’argent… Gnion… Pardoon, ne t’ai tout fait perdre… Ne te rembourserais alors ! Promis ! Avec l’argent de ma prime ! Dis dis.. Tu auras encore de l’argent pour acheter à miamer et tout ? »

Faire la conversation, spécialité de l’enfant, le Cricrig, il a l’air timide, faut être social dans ce genre de cas, Uriko le tire par la main, comme un bon maître envers ses chiens. Faut pas se perdre et pis le Cricrig il a pas l’air d’avoir un bon museau pour se repérer (Logique, il en a pas…), faudrait surtout pas l’égarer, y a plein de prédateurs dangereux qui se nourrissent de loups ! Et en journée y a pas de fantômes, ouaip, car y a que les fantômes qui sont au dessus de la chaîne alimentaire avant les humains, c’est son papa qui lui a appris ça.

« Ah ! Cricriiig ! N’ai vu un papillooooon ! On y vaaaa ! »

On cours, on sautille, on lâche la main de son chien parce qu’il faut tenir le filet à papillon. Ouaip, faut pas oublier l’objectif premier de la venue dans ces bois ! Bougre, ce joli papillon aux ailes couleurs pourpre et au symboles d’un beige pale (les couleurs, c’important de le décrire) était vaaaachement rapide ! La bestiole se faufilait à travers les petites branches, obligeant l’enfant à faire des détours pour pas se prendre les orties et feuillages des arbres… Ah, en fait c’était ptet pour ça que l’insecte paraissait aussi rapide…
Mais il n’abandonnerait pas pour autant, après une course poursuite acharnée, l’enfant avait réussi à capturer sa proie de son filet. Hop, direct dans le bocal, on la relâchera pour gagner des points de vie plus tard… Ah, nan, trompé de contexte.

« Cricriiiiig ! Ne l’ai euuuu ! Cricrig ? Ah ? »

Roh la la, il le savait pourtant, il s’est perduuuu ! Pourquoi les animaux ont toujours le don de se perdre dans la nature ! C’comme les chats, ça joue ça joue et pis c’est curieux et pis paf, ils sont perdus et on est obligé de coller des affiches partout pour le retrouver ! Mais comme tout bon maître qui se respecte, l’enfant était motivé pour le retrouver !

« Ah ! Un papilloooon ! Ouaiiiiis ! Attend moiiii ! »

Bah… Ptet que le papillon, il allait lui montrer le chemin à Cricrig qui sait… Et en effet, c’était possible ! La preuve, en le suivant comme prévu, il était de nouveau tombé nez à nez avec Cricriig !

« Cricriiig ! Ne t’ai cherché partouuut ! Ah ? Atta, t’as un air différent… »

Ah oui, c’était un loup… Cricrig est un loup aussi, c’ptet pour ça qu’il l’avait confondu… Mais, en le regardant de plus près, ouaip, aucun doute possible, c’était pas Cricrig, c’était un de ces loups méchant, son air méfiant et son grognement confirmait cela.

« Bon ! M’sieur loup ! Faut se calmer maintenant ! Tu vas laisser Cricrig maintenant, il est différent mais c’est pas sa fauute ! Hmm… Allez dis quelque chose !  Pourquoi tu dis rien ? C’pas gentil d’ignorer les gens ! »

Cricrig est un loup et il sait parler, donc il est logique que les autres loups puisse en faire de même, on est dans le monde extérieur, tout est possible après tout ! Du moins, dans l'esprit de l'enfant. Et finalement, ce qui devait arriver arriva… Et la bête sauvage bondit sur Uriko.

« AAAAAAAHHHH ! »

Crier, coup de filet entre les deux yeux, crier, déguerpir à toute vitesse, crier de nouveau.


Dernière édition par Uriko le Lun 27 Oct 2014 - 21:03, édité 1 fois
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Un... papillon ?

V'là le gamin parti aux trousses d'un papillon à travers les fourrés. J'emboîte ses pas maladroitement, trop gros pour m'faufiler comme lui dans l'dédale végétal sans m'ébrécher au passage sur tout les pièges de la forêt. Les orties manquent pas d'venir me caresser d'leurs grosses pattes griffues, autant que la boue embrasse mes godasses dans des espèces de bisous baveux. M'obligeant à m'plier en quatre tout les trois pas, j'oublie pas d'maudire aussi les branches basses des arbres... et leurs racines, à ses maîtres des croche-pieds.

C'était couru d'avance... J'ai perdu le môme de vue, j'ai failli au devoir l'plus élémentaire de tenir la main d'un gosse pour lui éviter de s'faire souffler très loin par une bourrasque de curiosité. Putain de papillon.

J'ai perdu ma mallette de fric. La dame de Las Camp serait bien mécontente de découvrir c'qu'est advenu son flouze, tiens. J'en ai un rictus nerveux qu'apparaît en haut d'la machoire.

Et j'ai perdu ma sérénité en laissant cette meute de sale clébard humer ma pestilence et mater mes mirettes d'animal dominé, les invitant à m'traquer sans relâche et à me moisir un peu plus la balade.

J'suis comme un touriste fauché et humilié dans un joli coin accueillant devenu moqueur. J'me pose pour souffler un peu, et, le goût âcre d'la déception sur la langue, j'laisse y glisser quelques jurons discrets. Le regard volatil, perçant tant bien que mal à travers les feuillages épais, j'tente de distinguer des silhouettes amicales. Et... juste un loup solitaire, là-bas, entre deux chênes. Dont j'entrevois vaguement la sale face, ses canines sorties prêtent à empaler la moindre parcelle de chair passante sous ces yeux imbibés d'violence. On dirait bien qu'il a trouvé sa pitance, finalement, le bestial cabot. J'en suis soulagé, un clébard repu d'plus, c'est un danger en moins pour Uriko...

Mais mes oreilles se dressent lorsqu'elles captent une voix surnaturellement douce et posée... C'est le gamin !
Et le murmure devient un cri... putain. J'fais vite le lien. Avec le loup.
Sans réfléchir, j'suis l'cri. Qui m'dirige bien tout droit vers le chien fou que j'espionnais depuis les buissons. Pas moyen. Pas moyen qu'tu t'fasses un enfant. J'vais t'intercepter dans ta course. Te péter la gueule. T'enfoncer littéralement dans l'crâne le respect de l'innocence.
J'me débats dans l'même temps contre la végétation qui entrave ma course. J'arrache au passage l'une de ces foutues branches basses, un lourd morceau d'bois qui fera une excellente masse.

Et lorsque j'coupe enfin leur poursuite, j'fais barrage au loup, et ma branche s'retrouve figée dans l'museau poilu d'mon frangin du jour. Qui esquisse un réflexe de recul, la gueule frappée d'panique. J'fais tournoyer mon bâton, à moitié fracturé, pour lui montrer que j'déconne pas. Et fort de sa nouvelle éruption sanguinolente au sommet du crâne, il s'enfuit, la queue entre les jambes, jappant sa maman.
Uriko derrière moi, souriant, sain et sauf. Moi, j'soupire de soulagement, une nouvelle fois. L'a rien paumé d'sa candeur, le môme. Et moi, j'ai un sursaut intérieur de joie d'avoir eu l'occasion d'passer pour un héros. Un prototype de héros. Mes vacances placées sous l'signe du bénévolat et du sauvetage. Bon samaritain à la gueule de démon. C'est jouissif, ce désir de servir. J'crois que la reconnaissance des autres commence à devenir comme une drogue, pour moi... une drogue douce.
J'adresse à Uriko un sourire en biais. Et lève une voix posée et réconfortante, autant qu'possible. Presque celle d'un prof qu'explique la vie à un môme. Sauf que j'suis pas un prof.

C'était moins une. T'éloignes pas d'moi, maintenant, d'accord ? On est sur leur territoire. Et les loups aiment pas les étrangers. Alors les étrangers amis avec moi, c'est encore pire, tu comprends ? Faut qu'on...

Interrompu par un orchestre de grognement tout azimuts surgissant du fond des bois.

Il a rameuté l'reste de la meute. Faut s'cacher !

Au moins Uriko. Moi, j'aurais bien voulu plancher sur une solution pacifique avec ces sales bêtes. Une qui m'force pas à inonder les bois d'sang... Mais j'crains qu'ils ne soient capables d'écouter que le langage des crocs et des muscles, ces cons-là...
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Ouaah, pourquoi est-ce que les canidés étaient aussi rapide à la couuurse, bien sûr qu’Uriko arriverait pas à le semer de ses petites jambes, surtout que la bête était svelte et ne bronchait pas à la simple vue de petites branches et obstacles de la végétation. Etre petit avait des avantages, bah, sur le coup, ça lui servait à rien, il aurait mieux valu que ce soit un ours ou un taureau à ses trousses, là ça aurait été plus simple.

Le loup à sa poursuite était lancé, sa proie était juste devant elle, plus lente également, il n’avait qu’à raccourcir un peu la distance, encore… Encore. Ca y est, il ne lui suffisait plus que d’un bond pour le mettre à terre et commencer son festin. Et, alors qu’il se préparait à sauter sur sa victime, une chose l’interrompue, trop tard pour lui, le héros du jour avait fait son apparition.

« Cricriiiiiiiiig ! »

Etoiles d’admiration dans les yeux de l’enfant, l’homme chien loup était venu à sa rescousse, attendant pile le moment critique pour le sauver du danger… Comme tout héros qui se respecte après tout, ils aiment se faire désirer, c’pas bien, ça fait diva. Uriko il sait pas ce que c’est une « diva », mais sa maman, elle le dit souvent, donc c’est que ça doit pas être un gentil mot. Mais c’pas un gros mot nan plus, car sinan, bah sa maman elle le dirait pas, donc c’est que ça doit être un mot méchant mais qu’on a le droit de dire quand on est en colère comme « gros beta ». Hmm… Ptet qu’il devrait demander ce que ça voulait vraiment dire, il le faut s’il veut pouvoir l’employer… Ah. Le voilà à rêvasser encore, il se passait quoi déjà ? Ah oui, Cricrig le héros.

« Ouaiiis trooow fooort ! »

Il a un peu raté le meilleur moment, bouh, tout ça a cause d’un mot trop compliqué, voilà pourquoi c’était jamais une bonne idée d’apprendre des mots trow compliqués au petiot, après il rate pleiiin de trucs. Heureusement, Cricrig allait pouvoir reitérer l’action, c’pas le nombre de loups qui manque, seconde prise, action !

« Gow gow Cricriiig ! C’pas la quantité qui compte, c’la qualitééé ! »

Là encore, c’sa maman qui lui avait appris cela, c’était pas foncièrement faux, mais en l’occurrence, le contexte ne s y prêtait pas vraiment…

« Ah ? Mais ca veut dire que t’es un loup de luxe ? Haaan tu serais riiiiiche ?! Ne le savaiiis ! Avec la valise et pis et pis… Donc tu serais bien un héritier d’un clan trooow puissant et riiiche ?! »

Réflexion plus que douteuse, mais si on en croit la biographie de l’homme poisson, c’était plutôt bien deviné. On ne trompe pas l’instinct d’un enfant après tout, c’comme l’instinct féminin, mais en mieux et plus viril. Sauf si on est une petite fille, dans ce cas, c’balot.
Mais plus le moment de rigoler… C’vrai que Cricrig même s’il est fort, il peut se faire mal… Et de ce qu’il en a déduit, eux, c’pas des hommes loups comme Cricrig, ils savent pas parler, alors même s’ils sont de la même espèce, c’était que des méchants loups, comme à Shimotsuki, ils mangent les chèvres de la ferme de tonton. Lui aussi il se battrait, c’un chasseur de primes après tout, entrainé depuis petit à l’art du sabre. Sortant son marteau aux allures de jouets, l’enfant affichait un air désormais plus sérieux, avec l’aide de Cricrig, il pourrait sûrement les repousser…

« Grrr…. »

Hum…. Combien de centimètre fait le manche de son marteau déjà ? C’est que… C’vrai que comparé à un sabre, c’pas bien long… C’trop dangereux, et s’il se faisait mordre ? Hein ? Nan, contre des n’animaux, faut des graaandes armes ou des pistolets. Rangeant son arme, le petiot eut vite fait de courir s’agripper au dos de son sauveur… Haan… Qu’est-ce qu’ils allaient faire ? Réfléchis réfléchis réfléchiiis…. Cerveau en eruptioooon !

« Ne saiiis ! Le Hector Bonboooon !  Cricriiig bouche toi le neeez »

Uriko sortit de sa poche un petit paquet de bonbons soigneusement emballés, prenant une poignée de ses perles sucrées, celui-ci les leva en l’air, l’attention des loups fut immédiatement captivée, se concentrant sur ce que tenait le garçon.

« Allez chercheeeeez ! »

Lancant de toutes ses forces les confiseries au loin, les loups se ruèrent d’aller les récupérer comme le ferait un chien. C’était le pouvoir secret de l’Hector bonbon, une confiserie pouvant rendre fou n’importe quel canidé, leurs odeurs et leur goûts étant irrésistibles pour ces bestioles qui pouvaient le repérer de loin si leurs parfums étaient libérés. Cricrig étant lui-même un loup, voilà pourquoi celui-ci devait absolument se boucher le nez sous peine de se faire charmer par cette sucrerie. Ce produit avait été découvert lors d’une enquête que le jeunot avait réalisé avec son Papy Plud. L’enfant à toujours sur lui une réserve de bonbons locaux.

« Allez Cricrig, on file, vite, on pas beaucoup de temps. »

C’est peu de le dire, le garçonnet n’avait pu les lancer qu’à une distance d’environ 8 mètres. Il a pas de force surhumaine le petit.. Ah et pis il a un peu raté son lancé aussi, bref, les loups auraient vite fait de faire l’aller retour. Grimpant sur le dos de son compagnon sans crier gare, le duo courut pour échapper de nouveau à la meute. Qu’il ne s’inquiète pas, Uriko il est touuut léger, il a pas encore miamer son fruit et pis c’plus pratique comme ça. Murmurant de nouveau à son ami de se boucher le nez, celui-ci lui tendit une poignée d’Hector bonbon, cette fois-ci, c’était lui qu’allait les lancer, plus loin cette fois, et qu’il ne se rate pas dans son lancé.


Dernière édition par Uriko le Mar 28 Oct 2014 - 2:03, édité 2 fois
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Un gaz toxique ? Fumigène ? J'plaque ma palme contre mes naseaux retroussés, et j'm'attends au pire sorti d'la boîte à malice d'ce gamin manifestement vicelard. Mais c'sont des friandises qui voltigent en direction des sales bêtes, et les attire tous comme un étrange aimant coloré. J'reste le pif bouché au cas où, en tentant d'distinguer où se planque l'entourloupe dans ces confiseries. Attendre qu'elles explosent, qu'elles libèrent je-ne-sais-quelle émanation surpuissante qu'assommerait à jamais les loups, fanerait les plantes et tuerait la forêt, et... rien. Si c'est pas une bombe biologique... c'est quoi ? Qu'est-ce qui puisse justifier que j'fasse subir à mes doigts une visite dans mes deux grandes narines caverneuses et gluantes ?

L'attraction est totale et la meute en a largué son instinct, se divisant, s'cherchant des puces, bondissant sur les bonbons truqués. Ou quoique ce soit d'autre comme piège retors... J'gage que ça va pas durer, et que s'ils se sont pas tous KO sur le coup, ils vont chercher à venger leurs guerriers tombés sous la sournoiserie sucrée du gosse. Uriko semble s'en douter aussi, il grimpe sur mon dos en prenant prise bien fermement sur mon aileron au passage... mais ça semble toujours pas déflouter l'image de clébard clochard qu'il se fait d'moi. Les étoiles qu'il avait dans les yeux ont du l'aveugler. V'là ma nageoire qui lui sert de siège, maintenant. Il semble la trouver pratique, mais pas troublante. Soit... Je suis toujours un loup, alors.

Et un canasson... Uriko m'lâche dans ma main libre un échantillon d'son poison. J'trottine en direction d'la caverne qu'on s'était trouvé tout à l'heure, histoire de revenir en terrain connu. Et j'fais ça les doigts dans le nez. Littéralement... Ma palme se maquant encore avec mon pif, le protégeant d'un danger mystérieux. Et dans l'même temps, j'mate fixement les bonbons et cherche c'qui cloche chez eux, les manipulant avec précaution. Des fois qu'en fissurer un libèrerait un acide m'ouvrant un trou béant dans la palme. On sait jamais. Faute de destruction massive, ces bonbons ont au moins le pouvoir de faire naître des paranoïas vachement dérangeantes avec leur lot d'images malsaines. P'tete des germes d'une maladie incurable là-dedans ?

Les galops hargneux et les aboiements ronchons qui reprennent de plus belle derrière nous me reclouent à terre, et m'assurent déjà que quelque soit leur capacité tordue, les bonbecs neutralisent pas. Commençant à haleter moi-même comme un d'ces clebs, j'fais bosser la gélatine grasse qui s'planque derrière mon front brûlant. Retournant la situation dans tous les sens, et essayant d'y incorporer ces bonbecs magiques aux vertus hypnotiques.

Un piège à loup, ouais. Se servir des bonbons, pour tendre un piège. A des loups. Manque une valeur au calcul pour qu'il m'paraisse logique...

J'tiens plus l'rythme ! Le môme est léger, mais c'est l'poids des idées qui commence à m'faire clopiner. En ralentissant, j'laisse mes naseaux respirer en paix. De nouveau. Et en humant l'air frais saturé d'relents nauséabonds sortis d'un fourré, j'ressens rien qui m'pénétrerait les conduits pour m'exploser la tête. Pas de maux de crâne. Pas de somnolence. Vision normale. Rien à signaler. Ils font quoi, ces bonbons, à la fin ? A part servir d'hameçons à cabots ?

J'en balance une partie dans les fourrés qui shlinguent. Comme d'un réflexe ridicule qui suppose que puer, c'est danger. Alors que j'suis le contre-argument vivant d'ce postulat stupide. Mais ça a des odorats fragiles, les clebs, hein ? Leur exploser l'museau, c'est fracasser leur radar ? J'suis prêt à miser la moitié d'mes munitions là-dessus.
Et j'envoie l'autre poignée d'bonbons dans un fossé en contrebas, surplombé par un gros arbre qui tient plus droit sur ses racines. La meute se divise de nouveau, et ses membres se battent pour des sucreries. 'sont tombés bien bas, les gangsters de la forêt. Ils dévalent le fossé, se ruent sur les bonbons. Solution d'facilité, j'commence à pousser l'arbre de toutes mes forces, lui administrant coups d'épaules et coups d'poings. J'veux qu'il s'écrase sur les gourmands et achève leur dignité...

Uriko m'grimpe sur la tête et tâche de pousser aussi d'ses deux p'tites mimines. J'le laisse faire, pas du genre à briser l'extase d'un petiot qui a l'impression d'participer à une grande oeuvre. Son palmarès compte une tête à 55 millions, mais il peine contre une horde de clebs attardés ? Lui manquerait d'la force, ou un fruit du démon, au chasseur de prime, pour devenir complètement opérant. Quelque chose qui lui permettre de peser encore plus lourd dans un business aussi macho et costaud.

Il commence à m'écraser la tignasse, debout sur mon crâne, prenant appui sur mon si sensible pif.
Soulagé quand il s'replace à cheval sur mon dos, j'nous laisse la joie d'admirer l'travail bien fait.
Le colosse de bois cède. Un crissement lugubre venant d'la terre en-dessous d'nous, un p'tit ruisseau d'gravats qui dévale la pente, et les racines qui s'déchirent et qui souffrent. Et un bruit sourd effrayant les piafs qui s'doraient la pilule dans les cimes, et de brefs hurlements paniqués du groupe de loups, étalés maintenant sous l'chêne couché. On a saccagé l'paysage et le silence du sanctuaire...

Bien joué. Nous suffit plus qu'nous éloigner des fourrés, et les autres nous retrouveront pas. Ça pue tellement là-dedans qu'leur odorat doit être laminé.

L'esprit apaisé, j'm'apprête à rebrousser chemin. Mais un affreux cri rauque et enragé vient nous percer les tympans. Et des couinements, et quelques sales cabots qui voltigent dans l'décor. Une grosse silhouette menaçante qui s'élève du buisson. Celui qui puait.
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« Haan… Cricrig… Ne crois que c’est le boss final »

GROAAAAAAR !

« Gniaaaaaah ! »

Ouaip, c’bien le dernier, le plus fort, toujours à se montrer une fois que les mini sbires ils sont tout vaincus. Le gros cri avait surpris le jeunot qui s’était de suite caché derrière le dos de son ami canin. Agrippant fortement son compagnon, celui-ci gardait tout de même sa tête légèrement penché afin de pouvoir malgré tout visionner la scène. Devant eux, un énorme loup… Ou plutôt un Louuuup, avec une majuscule et un grand L. C’le parrain de la mafia, le rival de Cricrig ou un truc du genre… Quoi que… S’il se rappellait bien…

« Haan Cricriiig ! Ne sais qui c’eeeest ! Ils en ont parlé au village, c’le gros méchant loup qui a miamé de pauvres vaches innocentes y a pas longtemps ! Il viendrait presque à chaque nuit miamé une vache qui n’est pas assez protégée ! Les gens ils sont très tristes et en colèèère ! On devrait… »

GRAOUUUUUUUUUUU !

Contrairement aux personnes de chairs et de sang, les loups sauvages ne prêtent pas attention à la situation et n’ont pas appris plus jeune qu’il ne fallait pas interrompre quelqu’un lorsqu’il parle, que ce soit ça ou simplement toutes politesses élémentaires. Pire qu’un loup, il aurait presque un air de Hyène folle, c’comme la vache folle mais version méchant loup… Ou à peu de choses près ça. Bien entendu, sous cette vive impulsion, Cricrig en bon héros attrapa Uriko par la taille avant de bondir et se mettre à courir, le reposant après quoi sur son épaule, confort oblige.

Cricrig avait beau courir vite, les violents bruits de pas et secousses que l’enfant entendait derrière lui suffisait à lui faire savoir qu’ils ne pourraient pas le semer facilement. Uriko, sur l’épaule de son ami jeta donc un œil derrière lui. Le loup courait à toute vitesse sur eux, la bouche baveuse et le regard sauvage, les arbres et autres branches s’écrasant sous son impressionnante carrure, la bête devait bien au moins faire 2 ou 3 mètres, aussi gros qu’un ours…

« Cricriiiig ! N’ai peuuur ! Il est grooos ! C’pas normaaaal ! C’un super Louuup ! »

Pas le choix, il fallait absolument que le Cricrig se transforme en super loup chien lui aussi… Il peut hein ? Nan ? Haan… Uriko a encore plus peur… Il a pas envie de se faire miamer, ca doit faire suuuuuper mal de se faire miamer par un loup…  En l’état, l’enfant était juste impuissant… Heureusement, il pouvait toujours compter sur Cricrig, celui-ci voyant bien que sa course ne menait à rien, bondit sur le côté, changeant subitement de direction. La grosse bête eut dès lors une certaine difficulté à stopper net sa course, écrasant sous son poids quelques grosses branches au passage. Ce bref moment avait suffit à Cricrig pour se cacher derrière de gros arbres, reposant Uriko au sol, reprenant un peu de souffle. Haan… Cricrig il est fatigué… Normal après tout… C’vrai que depuis le début c’toujours lui qui le portait et qui faisait le plus d’effort…. Han… C’était sa faute ? L’enfant se sentit un peu coupable sur le coup… Baissant la tête légèrement.

Mais l’heure n’était pas à la déprime, leurs moment de répit n’était que bref, le Super Loup n’allait pas tarder à les retrouver, juste le temps que son odorat soit purifié du buisson nauséabond de tout à l’heure. Cricrig se mit alors à la taille du garçon, le regardant de visage à visage. Lui parlant d’homme responsable à enfant… Il lui demandait gentiment de fuir, de courir, de se cacher. Lui, il s’occuperait de la bestiole…

Suite à la situation, l’enfant hésitait, il ne voulait pas laisser Cricrig tout seul… Mais mais... Est-ce qu’il le gênait peut-être ? Et pis Cricrig, il sera vraiment tout fort face au grand monstre ? Uriko agrippait fortement la manche de son ami canin… Il voulait rester avec lui mais… Il avait compris le message. Relâchant sa prise, le chasseur de primes couru du plus vite qu’il pouvait.

Il s’enfuyait pas, nan, Uriko, il est sûr d’avoir compris ce que Cricrig voulait lui dire. Il va préparer un super gros plan pendant que Cricrig il ferait diversion ! Préparer un gros piège, oui, voilà c’est ça. Dans sa course, Uriko pouvait déjà entendre les échos du combat derrière lui…
Bon… Vite vite, préparer quelques branches et feuilles, masquer une crevasse ou un gros trou avec pour faire croire que c’est solide, l’attirer ensuite pis le faire tomber dessus ! C’un bon plan ça ! Bon, vite où trouver un fossé ? Cricrig, attend un peu, d’accord ?


Dernière édition par Uriko le Lun 27 Oct 2014 - 21:18, édité 1 fois
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A nous deux...

C'est bien la première fois que j'crache une banalité autant visqueuse pour m'donner du courage avant un combat. Pas d'armes autres que mes phalanges et mes crocs, pas d'armure autre que mes écailles suantes. J'suis, comme sur Las Camp, un digne et fier gardien... à poil face à un destin surarmé. Et l'courage, mon compagnon du moment, fait surface un bref instant dans mon marais d'anxiété.

Un gros loup. Rien de plus qu'un gros loup. Pas même un pirate me dévorant du regard, avide d'hommes-poissons à fournir aux nobliaux tordus. Pas même un révolutionnaire dans lequel je vois l'reflet de mes propres convictions. Pas de psychopathe, pas d'alentours morbide, pas d'augure mélancolique, pas de tragédie. Juste un loup. Un loup carrément incapable de brutaliser le serment qui m'relie encore au frangin, où qu'il soit, quoiqu'il fasse. J'ai survécu à la guerre et au départ de Tark, c'est pas une sale bête qu'arrivera à me tuer. Est-ce que le frangin s'est déjà improvisé chasseur à palmes nues pour défendre un gosse lui aussi ? M'étonnerait. C'est mon affaire à moi. Qui n'peut s'résoudre qu'avec les muscles...

Tu me toises. Avec mes yeux, j'affronte les tiens. J'te ferai pas peur, j'suis qu'une carpe dans le corps d'un squale, et tu le sens, tu lis en moi comme dans un livre ouvert. Mais ça m'offre de précieuses secondes de cogitation.
T'ouvres la gueule, solennellement. L'apéro de tout combat, forcément, c'est une joute verbale. J'attends ta provoc'.

GROOOAAARR !

T'en fais frissonner les feuilles, t'fais converger tous les yeux de la forêt sur nous, et tu fais trébucher un écureuil qui tombe du dernier étage de son arbre pour venir rebondir dans ma tignasse. Et décamper franco lorsqu'il palpe la tension qui s'élève brusquement dans ce p'tit coin qui était pourtant si calme. Ta mâchoire est une foutue grotte gardée par une légion d'canines effroyables qui pourraient être les mères des miennes.

S-Sacrée... haleine...
RRRRAAAAAR !

Bond monstrueux qui soulève trois kilos d'terre à l'impact, broyant tout ce qui occupait mon ancienne position. Mon réflexe de roulade, béni soit-il, m'a catapulté, museau d'abord, contre un gros chêne. J'ai pas mordu la poussière, c'est évident, mais reste un arrière-goût de bois. Des échardes sur la langue me...

AAAAAARR !

Vrai. Vrai qu'c'est mortel, les réflexions, dans ces moments là. Qu'il vaut mieux pas s'concentrer sur les cliquetis des engrenages de ma cervelle paniquée qui tourne à plein régime. Et écouter seulement l'instinct, que j'ai trop souvent boudé. L'instinct, pas susceptible, cet ami, m'a de nouveau sauvé. T'as abattu l'chêne d'un coup d'griffe. Moi, roulade, toujours roulades. Le squale terrestre se fait agile. Le squale terrestre se fait mesquin. Le squale terrestre se demande pourquoi la bête s'écarte pas d'la trajectoire de l'arbre qui décline, et...

WAAAARRR ! ARK ! ARK ! ARK !

... et l'tronc chute sur ton gros dos bossu et poilu, s'fracturant en deux. Toi, tu me souris, exposant ta bonne humeur carnassière. D'accord. T'es un tank. Ça te donne le droit légitime de me narguer. C'est évident, quand on y réflé...

RRROOOAAA... RK ?

T'as trop soulevé le dépotoir qui te sert de gueule, mon gros ! Ça m'a permis d'me glisser, pour changer des roulades, sous tes patounes. J'fais quoi maintenant ?!
... Je mords ? Dieu qu'je hais ça...

AAAAAAAAARRRRK !!! GRAAAR !

Tu t'décales, le bide troué et sanguinolent, j'en profite pour m'échapper avant le retour de flammes. Je joue avec le feu, ouais, alors que j'ai toujours eu peur de me brûler. Un incendie se propage sur mon palais, inondé d'hémoglobine. La TIENNE. Tu m'as forcé à te mordre, merde ! Tu gaves de bidoche un requin herbivore ! Ma piquante et puissante culpabilité, et le prix du sang qui sera retenu sur mon karma, j'les mets sur ton compte, enfoi...

YAAAAAARRRK ! ... ARK ? AAAAAARK ?!

Lessivé, les copeaux de chair qui m'lacèrent la gorge, j'suis lassé de toi, mon poilu. J'me suis contenté de te sauter dessus pour... un coup fatal... ? Quelque chose qui s'apparente à... une mise à mort... Désolé, ça nous apportera la paix à tous... les deux...

Nan, merde. J'sais pas faire ça. Tu veux pas capituler ? M'oblige pas à m'souiller la conscience. Pense à ta famille !

AH !
GRRRRAAAAAOOOOOUUUU ! KAÏ KAÏ !

Mes palmes sont rivées à tes touffes de poil, alors que tu te lances à toute berzingue à travers la forêt. J'l'avais pas vu venir, ce rodéo, et j'me sens pas d'lâcher prise pour valdinguer à travers le décor à quelques dizaines de km/h. J'te chevauche comme je peux. Excuses-moi pour l'humiliation, mais tu l'as cherché...

Et dans mon esprit qui rebondit dans tous les sens dans ma boîte crânienne, c'est l'enfer de peur. On file tout droit en direction d'Uriko !
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Ca y est, Uriko avait enfin trouvé l’emplacement idéal, un fossé assez profond entre deux arbres que l’enfant avait masqué par des branches et des feuilles comme il pouvait. Et pour être sûr que sa proie tombe dans le piège (Dans tout les sens du terme), il avait préparé le terrain. Il ne restait plus qu’à attendre les invités, Cricrig devrait plus trop tarder à lui passer le relais.

AAAARR !

Ah, quand on parle du loup… Enfin des loups…  Uriko était prêt à les recevoir. Au loin, il commençait déjà à distinguer l’imposante silhouette se diriger vers lui. Hmm… En fait, il va très vite quand même, ça lui fait peur, l’idée était de jouer comme avec un taureau, attendre jusqu’au dernier moment avant de bondir sur le côté, le loup ne pouvant freiner sa course pensera se prendre au pire juste quelques branchages mais nan, il tombera dans le fossé !

Ca c’était la théorie, ça marche dans les livres pour enfant et autres sketchs mais il n’avait pas de garantie que l’animal ne disposerait pas de réflexes hors du commun pour faire un virage immédiat… C’est pourquoi l’enfant avait posé à terre tout un tas de peaux de bananes sortit d’on ne sait où… Quoi que vraisemblablement venu tout droit du sac d’Uriko.

« Technique secrète n°5, King banane ! »

Par le passé, les peaux de bananes avaient réussis à mettre a mal les plus vigoureux des guerriers tels que Grougrou ou M'sieur louche (Enzow) et même Papy Plud…. Ces détritus fruités n’ont connus aucun échec à sa connaissance, avec ce barrage, la bête, même si elle le voulait, ne pourrait pas arrêter sa course car glissera à toute vitesse !
Ouip, ce plan était grandiose… Pour Uriko du moins, sauf que bon, ce stratagème était juste un poil TROP flagrant ! Mais plus le temps de s’attarder sur les détails, voilà que le boss arrivait, la tension montait et l’adrénaline se faisait ressentir.

« Je vais réussir ! Je vais réussir ! Je vais réussir…. J’pensais avoir réussi mon plat de pâtes mais ça c’est pas trop bian passé en fait… »

S’automotiver rassure le mental, même si y a mieux dans le genre. La grosse bête arrivait, grand cri de sa part… Et ce n’est qu’au dernier moment, quand Uriko avait bien le loup en visuel que le petiot aperçut sur sa crinière, dans son dos, Cricrig, le chevauchant tel un…. Tel un… Nan il a pas de noms pour le décrire, c’un chien loup humain, on peut pas décrire une personne comme lui par un simple mot. Mais ni une ni deux, l’enfant réagit rapidement.

« Cricriiiiig ! Lâaaache touuuuut ! »

En espérant qu’il capte bien l’information, Uriko bondit aussi loin qu’il le pouvait de la trajectoire de l’ennemi pour éviter de se retrouver écrasé. Et, à la surprise générale, son piège avait fonctionné, le loup glissa sur les peaux de bananes avant de rentrer droit dans le fossé à travers les branchages servant à le dissimuler, dernier cri de la bête, hurlement de rage de sa part qu’on entendait s’estomper au fur et à mesure de sa chute…

Une bête ne réfléchit pas de la même manière qu’un être humain, ils n’ont pas cette notion de savoir qu’une peau de banane, c’glissant, même si le plan paraissait absurde, les animaux n’ont pas cette notion de culture. L’enfant soupira, Cricrig, est-ce qu’il allait bian ? Il avait dit de tout lâcher, mais c’vrai qu’à cette vitesse, la chute devait être dure… Il pu alors voir son corps étendu un peu plus loin, l’enfant se précipita rapidement vers lui.

« Cricriiiiig ! T’vas biaaan ! Haan ça vaaa ! T’es pas mouruuu ? T’as été troooow fort ! Bouhouuu ! »

Inquiété et presque pleurant l’enfant fit un gros câlin à son sauveur, même s’il était bléssé c’pas grave si ça lui fait mal, c’la fin ! Mais il se demande si ça allait vraiment pouvoir venir à bout la bête sauvage… En tout cas il avait laissé derrière lui une griffe, sans doute perdue en tentant de freiner sa course en les plantant dans le sol.

« N’ai des pansements dans mon sac, vais les chercher ! On prend la griffe aussiii ! On va montrer au village qu’on a vaincu tout plein le missant loup et que leurs vaches sont en sécurité d’accord ? Haan t’as été trow fort ! Mais mais… T’es sûr que ça va hein ? »


Dernière édition par Uriko le Lun 27 Oct 2014 - 21:25, édité 1 fois
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Wow. Mollo, gamin ! J'ai encore les craquements sourds de ma dégringolade calés dans le creux des tympans saturés. Et dans la bosse des yeux, un panorama d'astres de couleurs bizarres aux trajectoires farfelues. T'exciter, m'écraser le bide et me ventiler de félicitations, ça m'embrouille encore plus. Calmos. Wow. Il t'en faudrait peu d'plus pour chialer. J'pensais pas que mon sort t'affectait autant...

Tout va bien, j'suis bien atterri... Ark !

Mon dos vient me contredire dans une criante crampe qui me court sur la colonne. P'tain, si j'étais pas si jeune, j'pourrais être trop vieux pour ces conneries...

Si ça va ? En vrai, j'sais pas. Mon baiser de Las Camp se réveille dans ma guibolle, et mon malheureux bandage, camouflé sous mon froc écorché, pointe sous les fripes ornées de caillots. Ma plaie étalée sur ma cuisse, qu'avait reçu un poignard de révo', était devenu une grosse bouche fermée aux lèvres gonflées. Et on dirait que ça tambourine de nouveau dans l'muscle. Elle geint, ma jambe. Vrai qu'je l'ai pas ménagée dernièrement. C'est bien beau, ces séismes de courage qui m'ont fait vibrer tout l'été en saccageant ma prudence, m'enfin c'est ma jambe droite qu'a eu à encaisser toutes les répliques... Ressortir des épreuves plus brave mais estropié, ça serait trop cher payé.

Allez, Jambe, la trousse de secours du chasseur miniature va te dorloter. Les tissus un peu boursouflés m'signalent que la cuisse est devenue une caravane pour bactéries. J'laisse Uriko dézipper pour moi son sac et en extirper le nécessaire, et, des... pansements et des bandages de toutes les couleurs qu'il s'empresse de m'apposer sur tout le corps, particulièrement sur ce qu'est un peu trop rouge ou bleu à son goût. Beh. J'ferai avec. Mais faut que je le tempère avant qu'il me transforme en momie technicolor.

Laisse moi juste refaire ce bandage !
Euh. Et évite de regarder ma jambe, elle est pas très belle à voir...


Le reste ? Des chaînes de bosses et des nuages d'hématomes, la cervelle partie à la recherche de ses neurones perdus, et mon museau transformé en robinet qui goutte passivement. Mes crocs un peu rougis par le sang d'la bête. RAS. Une armada d'broutilles vite relativisées par ce que mon corps et mon esprit ont l'habitude de supporter.

A part ça, j'suis un peu sonné, c'tout. T'as l'air d'aller bien, toi. Si tu as mal quelque part, hésite pas à m'le dire, j'suis médecin.
...
Le barrage de peaux de bananes, fallait y penser. Tu trimbalais ça dans ton sac ?


Le genre d'idées qui germe que dans l'esprit d'un gamin perché. Il exhibe fièrement la griffe fêlée de la grosse boule de poils mue par la rage et kaput dans son fossé. Un nouveau trophée. A son âge, j'brandissais pas les armes arrachées à mes ennemis vaincus, moi. Je vainquais personne, en fait.

Tu veux montrer au village que... Attends...

Attends. Passer au village vendre notre exploit ? 'sont charmants, les contadins, de gentils p'tits bouseux dévoués à leurs vaches, mais j'ai la frousse que mon aventure fumeuse sur l'île l'année dernière se soit ancré dans leurs mémoires et resurgisse à ma simple vue comme un diable à ressort libéré de sa boîte. Au centre d'une affaire de meurtre alors que j'sombrais dans la dépression, y a pile un an, j'avais été rapidement placé hors de soupçons grâce au témoignage d'un petit gars timoré mais sympa. Et j'ai jamais rien eu à m'reprocher. Mais ça m'étonnerait pas qu'la conscience collective ait assimilé l'homme-squale tristounet et instable au sang versé...
... Un peu de temps. J'ai besoin d'un peu de temps.

... j'vais boiter un peu, aussi. Rien d'grave, t'en fais pas...

Que le monstre marin et marine du village soit de retour un an après, accompagné d'un môme, fier d'avoir neutralisé une autre bête que lui-même... Qu'est-ce que les villageois penseront de moi, s'ils me reconnaissent ? C'est plus fort que moi. Essayer de répondre moi-même à la question me démange l'imagination et me crispe les poings, plaquant fermement mes nouveaux pansements sur ma jambe fatiguée.
... Ça m'poursuit. Cette quasi-honte d'être l'homme-clebs que ce gosse semble apprécier, cette gêne envers l'enrobage d'écailles poisseuses qui recouvre mon pauvre Moi tout mou et hypersensible. Ça recommence. Le blocage. Pourvu qu'Uriko le calcule pas. Mon malaise.

Hmmf. J'vais essayer de me relever.

Gah. Fichez l'camp, les souvenirs noirs ! Ternissez pas mon, notre succès. Sauvetage du môme et travail d'équipe, victoire totale, Uriko content qui m'prend pour un espèce de héros, exploitation d'ma nature de carnivore pour en neutraliser un autre avant qu'il ne boulotte plus de bestioles innocentes. Ouaiiis, succès. Un nouveau succès sur ma pile estivale. J'ai officiellement plus besoin du frangin pour m'incruster dans les destins des autres et en dévier les foudres. J'suis plus grand, plus fort, plus doué, plus indépendant et puise ma volonté dans la solitude et l'errance. Mon ambroisie, c'est la reconnaissance. Je partage des bouts d'chemins, parcourus en compagnie de petites âmes plus ou moins éloignées d'leur innocence première, de l'assassin pro au gamin chasseur. J'me vois volontiers comme une espèce d'escorte pour mes rencontres et m'rapproche de mon modèle de gardien. Un gardien qui supporte pas que les projecteurs soient braqués sur lui.

Chassons les parasites dans la conscience, et trinquons avec nos sourires, à notre santé et à notre victoire !

Ouais, on va rassurer les villageois ! P'tete qu'ils le seront plus si t'es seul à leur en parler, tu crois pas ?

Il a pas l'air d'accord. Il m'aurait vu venir ?

Vu que, tu sais, il était un loup et j'en suis aussi un, et... non ?

Il secoue encore la tête d'un air renfrogné.

Non vraiment, ça me gêne pas. Juste savoir qu'ils sont contents de ce qu'on a fait pour eux, ça m'suffirait.

L'est muré derrière ses positions, le p'tit teigneux. Hum.
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Hmm… Cricrig il agit bizarrement, comme s’il voulait même pas montrer aux gens qu’ils ont vaincu le grand méchant loup ! Qu’est-ce qu’il racontait encore ? Un héros, ça doit être reconnu par la masse, faut leur montrer qu’on a fait de bonnes actions et ptet même qu’ils nous récompensent avec ptet du lait et des cookies ! Même si Cricrig c’pas le plus charismatique des héros, bah, il a son propre style ! Après tout, dans le registre, y en a plein d’héros animaux ! Et en plus, ce sera encore plus facile de se souvenir de lui !

« Justement ! Si ca te gêne pas, alors on y vaaa ! »

Pas de modestie, c’pas comme si on demandait forcément quelque chose en retour, juste leur faire savoir que leurs vaches sont en sécurité et quelques applaudissements ou merci suffiront ! Uriko attrapa donc la griffe du monstre en la mettant dans un petit sac. C’était a Cricrig de le porter, parce que mine de rien, c’un pitit peu lourd, et pis pas très hygiénique en y repensant… Et pis il est un peu fatigué… Comment ça Cricrig il est blessé ? Meuh naaan, il a des pansements. Mais…

« Haaan ! Boui, n’ai pas d’alcool désinfectaaant ! Nan Cricrig, t y échapperas pas, ca fera bobo mais c’bon pour toi pour mieux guérir et éviter que ça s’infecte ! Même si n’ai jamais vu c’quoi infecter… Mais ça sonne mal ! »

Hop, on attrape le chien loup semi homme par la main pis on se remet en marche. Par chance, Uriko se souvient du chemin pour retrouver le village, c’était à l'est, donc à droite. Logique. Sans dire un mot, sûr de lui, l’enfant prenait les devants en trainant Cricrig, nan, il avait pas son mot à dire.

20 minutes plus tard…

« Huf… Huf… Ne savait pas que c’était aussi loin… Dis Cricrig… Euh… Finalement, ne te suis, tu peux retrouver le village avec ton flair ne suis sûr… Ne… Ne sais pas en fait si n’ai bien pris la bonne direction… Pourtant on a fait qu’aller à droite… Ah mais c’est juste que... Ouaah une peau de banane ! »

Vioup, glissade et paf, tombé…. Qu’est-ce qu’elle faisait là cette peau de banane ? C’pas la sienne, elle est marron celle-là ! Bouuh, qui c’est qui pollue la planète ?! Et tandis que l’enfant tentait de se relever, une grosse douleur le prit au pied…

« Ouille ! »

Finalement nan, il était pas si mal à terre… Cricrig le regardait… Bouuh… Nan il va bian… En fait nan il va pas bian, ça faisait maaaal ! Les yeux larmoyants, Uriko fixait son compagnon :

« Cricriig… Bouuh… Ne me suis tordu la chwouïe… »

Cheville, Chwouïe, même mot mais en plus mignon, même certains mots avaient droit à des surnoms de la part du petiot. Mais y avait pas le choix, Cricrig devait le porter sur le dos… En plus après 20 minutes de marche l’enfant était très fatigué, c’pas bon pour les jeunes de son âge d’autant se forcer. Cricrig il compte pas, les loups ça marche et court vite et c’endurant ! Et pis c’un adulte ! Tendant les bras vers lui, son ami le loup le porta donc de nouveau sur son dos.

Quelques minutes fastidieuses d’efforts pour le loup et enfin les voilà qui étaient arrivés au village. Bien entendu, la population eut vite fait de remarquer l’enfant et sa monture. Un homme poisson, ça se fait rapidement remarquer après tout. Certains s’étaient immobilisés, d’autres se murmuraient entre eux, certains enfant ignorant pointaient du doigt la personne. Profitant du fait que tout le monde les regardait, l’enfant prit appuie de ses bras sur la tête du Cricrig, montant donc sur ses épaules avant de faire sa déclaration.

« Haluuut ! Enchanté, moi c’Urikooo ! Ne suis un chasseur de primes ! Et pis et pis lui c’Cricrig, c’un Marine chien loup ! On v’nait juste vous dire que bah on a battu le grand méchant loup qui miamait toutes les vaches ! Là regardeeez, on a même pris ça comme preuuve ! Du coup, n’avez plus à avoir peur ! Hein Cricrig ? Ah euh… Savez où y a une pitite auberge pour se reposer et soigner des bobooos ? Cricrig, il m’a sauvé touuut plein et du coup il s’est fait quelques bobos. »

Regard suspicieux, le temps de comprendre ce qui se tramait actuellement… Un peu difficile à croire mais la grosse griffe était une évidence, mais là encore quelques doutes à ce sujet. Pourtant, l’apparence sincère et honnête du garçon et les blessures en apparence laissait croire à cette possibilité.

« Vraiment ? Vous avez chassé le loup ? Alors, on peut laisser nos vaches aussi libres qu’avant ? »

Hochement de la tête du garçon, grand sourire de sa part, réponse du monsieur par un autre sourire. Ouah, incroyable qu’une aussi jeune gamin comme lui ait pu faire une telle prouesse… D’ailleurs sa tête lui disait quelque chose… Uriko ? Soudainement l’image réapparut dans la tête de certains habitants, c’était le jeune chasseur dont le nom a été mentionné dans le journal, celui ayant capturé Jimmy l’embrouille, leader d’une flotte de navires pirates. Plus de doute possible. Remerciement, applaudissements… Puis fixation sur sa bête en dessous de lui… Il le transportait comme s’il l’avait domestiqué ou était à son service. Ils étaient intrigués car lui, n’avait pas dit un seul mot depuis son arrivée…


Dernière édition par Uriko le Lun 27 Oct 2014 - 21:30, édité 1 fois
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Les dizaines de paire d'yeux mi-suspicieux mi-redevables braqués sur moi m'assiègent et décapent peu à peu l'assurance dont je m'étais couvert grâce à notre victoire sur la bête. J'me réfugie dans un silence imperturbable qu'autorise même pas mes lèvres à s'ouvrir, respirant bruyamment par les narines peuplées par quelques caillots. Puis, surtout, j'évite de croiser des regards. Faut profiter du Uriko qui narre notre escapade d'une voix colorée sertie de mirettes brillantes et de gestes amples. J'le laisse résumer la balade à ma place. Il explique mieux que moi, de toute façon. J'ai encore l'esprit à côté d'mes pompes, moi. Faut que je fasse bien gaffe à pas le piétiner.

Z'avez qu'à v'nir dans mon auberj', y a un doc' vétérinaire qu'y séjourne en c'moment. On a quasi qu'des vétérinaires dans l'coin en fait'.

Prévisible, mon chevalier pré-pubère s'enthousiasme face à la précision d'une cinquantenaire un peu barbue qui fait largement les dimensions d'une des vaches que les autochtones vénèrent. Chien, loup, canasson, mulet, je change de race et de sang au bon vouloir du môme, aujourd'hui. Normal qu'un vétérinaire soit adapté aux soins d'un écailleux canin multimorphe. J'bronche pas, même si j'voudrais préciser que j'peux m'occuper de moi tout seul. J'suis pas sûr qu'ils m'aient reconnu, camouflé sous mes pansements colorés et mon allure de chien de garde dressé par un chasseur de primes qu'a pas la moitié de mon âge...
Là, tout bizarre et louche que j'sois, j'dois me trimbaler une aura rigoureusement contraire à celle que je me coltinais l'année dernière, même époque, même lieu. Le squale nauséabond maniaco-dépressif que la moindre étincelle suffisait à faire exploser.

Un sourire s'étale sur mon visage. Essentiellement décoratif. Le gosse sourit, ça le ferait pas si moi j'tirais la gueule. Ça serait louche. Puis ça collerait pas à mon état d'esprit. J'ai encore joué au héros, aujourd'hui, quoi. J'ai pas sauvé des gens, mais des vaches. L'été m'aura sacré héros des chameaux, des humains et des bovins.

Non non. Venez pas m'causer !

Ah bah beuh. Z'êtes pas plutôt un marine poiscaille ? M'dites quelque chos'.
Vous-vous devez me confondre, je... suis un homme-loup.
'vec une nageoire ?

J'gargarise mon culot, qui occupe ma gorge, mes mots. J'lâche rien, même si mon corps est bien moins bon menteur que moi. J'en viens à maintenir hors du champ de vision de la grosse dame les pièces compromettantes qui trahissent la nature poiscailleuse de ma carcasse. J'secoue Uriko, toujours stationné sur mes épaules, au rythme de mes efforts, qui s'adaptent à ceux de la tavernière pour distinguer l'aileron et la nageoire caudale qui m'surgissent respectivement du dos, et des fesses. C'est vivement déconseillé, d'secouer un gosse. Une cervelle de gosse qui rebondit partout dans sa boîte, elle se cabosse salement très vite. Mais on parle d'un gosse chasseur avec un palmarès qui fait probablement plusieurs fois sa taille. De pirates lourdement primés qui ont du le secouer bien plus fort que moi. Les inconscients...

Où une nageoire ?
Bah, laissez tomber. Z'êtes mal au point nan ?
Juste ma jambe.

J'suis bariolé de pansements colorés. Mais je boîte, c'est tout. Mon dos s'plaint énergiquement de sa rencontre avec un tapis de cailloux pointus à plus d'une vingtaine de km/h, il foudroie en continu ma colonne vertébrale, la transformant en un espèce de câble de haute tension perpétuellement crépitant. Mais mon dos est un foutu geignard. Il en a vu d'autres, il s'en remettra.

Et une petite raideur au dos.
T'vas voir Alf', l'vétérinaire. Pendant c'temps, on s'occupe du 'tit gars !

Ma parano me murmure que la bonne femme préfère voir le "'tit gars" en sécurité avec ses potes plutôt que sur le dos d'un monstre écailleux suant aux crocs pointus et jaunis. Mais j'apprends à plus trop m'fier à c'qu'elle me raconte, la parano. La parano, c'est qu'une sale jalouse.

L'est réticent, Uriko, mais la séparation durera pas long. Juste le temps de refermer ma guibolle pour de bon... et de faire sauter ma couverture, qui sait ? Ou pas. Uriko captant nettement plus l'attention que moi, traçant parmi la masse de barbus décolorés et de grandes ménagères un sillon d'acclamations. Pour moi ? Juste une poignée d'gusses qui dessinent de vagues sourires et des hochements de tête complaisants quand j'croise leurs regards.

J'trouverai bien un coin où me barricader dans l'auberge. Les chiottes par exemple. En faire mon bunker le temps que l'extérieur se vide un peu. Uriko aura aucun mal à me retrouver s'il sait se fier à son nez. La sueur, les odeurs marines et la crasse qui forment comme une seconde peau, ça macère puis ça exhume des relents glauques qui s'impriment profondément dans les sinus de mes compagnons de route.

... Il devra me retrouver au flair. Ça me changera, de plus être le clébard de service.
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« Où qu’il est Cricriiig ? »

Attristé comme s’il avait perdu son premier poisson rouge, le jeunot attendait que son coupaing animal de compagnie lui revienne… Heureusement, le tout plein de gens qui venaient lui parler et lui tenir compagnie étaient nombreux, pat pat sur la tête, compliments, cookies, c’de chouettes récompenses. Mais il ne pouvait cependant s’empêcher de penser à Cricrig qui ratait tout. Et c’est en voyant le vétérinaire sortir non accompagné de son meilleur ami du jour que l’enfant avait compris qu’il était déjà ailleurs… Pourquoi il était pas venu alors ? Y a du laiiit, il pouvait décemment pas rater ça !

C’pas grave, l’enfant se leva pour partir à sa recherche, toute manière il avait deux trois questions à lui poser, y avait un truc qu’il avait un peu capté, pourquoi est-ce que tout à l’heure ils parlaient de nageoires ? Et pis c’vrai qu’en y repensant… Les trucs qui dépassaient de Cricrig… Ca lui disait quelque chose… Donc ce n’était pas une déformation à la naissance ou un truc propre aux loups chiens ? L’enfant y voyait un peu plus clair sur la vraie nature du Cricrig… Est-ce qu’il lui aurait menti ? Ses éclairs d’idées changèrent rapidement les pas d’Uriko en une course rapide. Il allait devoir s’expliquer rapidement le Cricrig…

Pour le retrouver, c’était pas très compliqué, c’vrai qu’au début, Cricrig il puait un peu, mais rien d’insupportable, on s y habitue vite quand on partage une course poursuite avec des loups sauvages. Mais maintenant, il pouvait le repérer sur ces arômes naturels, ça fait un peu trop propre dit comme ça, c'est vrai. Mais ça ne le dérangeait pas, survivre à une meute de fauves, c’le genre de lien qui rapproche les gens peu importe leurs natures ou leurs états. Mais dans sa quête, il sentait bien quelque chose de mauvais et le voilà devant les portes des toilettes… Oooh, ceci explique cela…

« Cricriiiig ? C’la pitite commission ou la graaande ? Si c’la grande, ne voudrait pas trop te déranger… Ah mais ptet que t’as besoin de papier toilette ? Tu sais t’aurais pu le faire dans les bois sans te soucier de moi juste parce que ne suis sur tes n’épaules ! Y avait pleiiiins d’arbres où tu pouv…. »


Le compagnon était sorti, mettant sa patte sur la bouche d’Uriko, qu’il ne se perde pas dans une fausse idée plutôt embarrassante à écouter. Dans la logique de l'enfant, un chien, ça fait ses besoins dans la nature. Mais qu'importe, son ami étant là, l’enfant sourit, mais celui-ci disparut assez vite… L’animal lui devait quelques explications… Baissant un peu la tête l’air déçu, le garçon commença a parler :

« T’sais Cricrig… Les n’autres villageois ils m’ont parlés un peu de toi… Et pis c’vrai que y a quand même des choses pas claires… Est-ce que… Tu m’aurais menti sur ta nature ? T’me fais pas confiance ? Pourquoi tu m’as pas dis que t’était un homme chien loup AQUATIIIIQUE ! »

Gros blanc… Laissons lui le temps de s’expliquer :

« Ouii, en y repensant, le truc sur le dooos, c’comme les nageoires de dos des dauphiiins ! Ne croyais que c’était une bosse ou une malformatioon ou un truc spécial homme loup chieen ! Et pis ce que ne croyais que c’était des cicatrices… Bah c’est des branchies c’est çaaa ? Ne sais ce que c’est des branchies, même si c’un mot compliqué ! Haaan pourquoi tu m’as pas dit çaaa, on aurait pu aller jouer dans l’eaaau, ne serais monté sur toi et t’aurais nager touuuut fort ! Haaan trooow dommaaageuuh ! »

Nan, Cricrig pouvait décemment pas être un poisson ou quoi que ce soit d’autres du genre, car les poissons, ils ont pas de bras ou de jambes, ils ont des nageoires ! Or Cricrig a des bras et des jambes et des papattes et une tête de chien, savez, une tête pointue de canidé quoi. Et oui, Uriko était inculte sur certaines choses, les requins et hommes poissons en font partis. Mais maintenant, ils devaient retourner auprès des habitants.
Attrapant la patte de son coupaing, l’enfant le traîna jusque dans la salle où ils purent partager des cookies et du lait ensemble.

Mais après les festivités venait les séparations, observant une pendule, l’enfant regardait tristement Cricrig.

« Haaan, déjà si taaard ? Mon… Mon Bateau il va partir dans une heuure…. Il va falloir que n y aille… Bouuh. Cricriiig… Tu fais quoii ? T’es… T’es marine ici c’ca ? Est-ce que tu pars de l’île aussi ? Ptet… Ptet qu’on peut partager un pitit trajet ensemble dis ? Où… Tu me raccompagnes jusqu’au port diiis ? »

Super regard de chien battu, Uriko en avait de meilleurs que son compagnon. Mais on voyait bien sa difficulté à laisser partir son meilleur ami du jour… Il pouvait pas l’adopter ? Après tout ce qu’ils avaient partagés, nan, Cricrig lui manquerait troooop, c’sûr. S’agrippant à sa manche, y avait pas de choix possible, fallait au moins qu’il le raccompagne jusqu’au bateau. Et qui sait, ptet qu’ils partageraient un bout de chemin ensemble, il y a pas de base marine ici nan ?


Dernière édition par Uriko le Mar 28 Oct 2014 - 2:17, édité 1 fois
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Oh. J'reste avec toi. Jusqu'à la fin... Hum.

J'n'étais en permission qu'un petit mois. Moi aussi, j'vais repartir. Pas sur le même bateau...


Ça sonne comme un message d'adieu larmoyant, mais j'reste parfaitement digne, en fait, même dans mes regrets d'pas avoir pu mieux connaître c'môme autant perché qu'intriguant. Il gaspille l'humidité de ses deux grandes mirettes pures et tendres à essayer de m'apitoyer, j'l'aurais pas laissé se rendre au port tout seul de toute façon. Les ports sont les carrefours des mers, les étapes des boucaniers, les repères des révolutionnaires, les bases des trafiquants d'chair vivante, le lieu rêvé pour faire une rencontre mortelle.

Ah. M'demande si Uriko craint quoique ce soit...

J'sens qu'il en crève d'envie, alors j'lui ouvre mon dos. En s'agrippant à mon aileron et aux lianes de bandages qui m'pendent des épaules, Uriko m'escalade et au sommet d'mon crâne, m'écrase la tignasse de ses deux p'tits pieds boueux.

J'm'adapte au rythme que l'môme me dicte, ni trop lent pour pas louper le coche, ni trop rapide pour pas louper les derniers instants.

Les villageois auront finalement balancé ma nature écailleuse. Mais plutôt que briser le mythe, ils l'ont renforcé. Ça m'enivre d'une certaine satisfaction, d'emprunter jusqu'à la fin des vacances l'corps d'une autre bestiole bizarre plus amicale et plus héroïque que le squale original.

Fin des vacances. J'dois rallier Manshon dans les trois jours pour y embrasser ma nouvelle affectation, et l'retour des missions encadrés et mon uniforme de mouette tout juste sorti d'chez le blanchisseur, qui donne un étendard et une légitimité -dont j'me passerais bien- à la bravoure qui germe en moi à la vitesse d'un jeune chêne. J'envie l'frangin, qui peut tenir sans interruption le rôle de héros sans avoir à en porter l'costume.

Mes pas flâneurs nous font atteindre le port trop vite à mon goût. Et au sien aussi. Quelques navettes de touristes dormant autour des quais, tandis que l'un, encerclé d'agitation, s'apprête à hisser les voiles.

C'est celui-là ?

Il répond par l'affirmative, toujours en m'écrasant le haut du crâne, ma crinière encrassée lui servant maintenant de coussin. Mon regard s'accroche à la montre d'un vagabond avachi sur le ponton, qui m'apprend à ma grande surprise que notre escapade dans les bois se sera étalé sur une poignée d'heures. On a tué le Temps, sans nous en rendre compte, et sa mort aura été utile au village. Une bonne action, une rencontre, et la satisfaction du travail bien fait, sous un soleil somnolant rougissant peu à peu le ciel.

J'dépose Uriko à mes pieds, et m'essaye à c'que j'réussis le moins bien. Les adieux. Résumer une poignée d'heures intenses et révélatrices en une poignée de mots.

Bon bah. A plus, Uriko. Les mers sont petites, on se retrouvera ailleurs et autrement. P'tetre pour capturer un autre méchant, qui sa...

Interrompant mon discours d'empoté, il enlace mes guibolles dans un ultime câlin carrément plus parlant que tout c'que j'sais baver en matière d'adieux. Ma jambe rafistolé couine légèrement, faisant remonter en moi une nouvelle salve de souvenirs estivaux.

A l'entente des cris perçants du capitaine, il se retourne et grimpe ensuite, seul, sur le navire, et la passerelle est relevée après lui. Au tour des amarres de valdinguer, pendant qu'mes deux palmes levées adressent un dernier coucou au gosse, qui me le rend bien, debout sur le bastingage.

Du mal à détacher mes mirettes du vaisseau qui trace vers l'horizon. Il embarque le gosse qu'a conclut en beauté mes vacances. A son âge, et ça m'donne l'impression d'radoter comme un zombie amnésique de me l'avouer, à son âge, j'étais rivé derrière un bureau à lire et à écrire, à rêver du vrai monde sans oser sortir le palper puis l'affronter. Aujourd'hui j'apprends à peu à peu à effrayer mes peurs, j'traîne encore cette sensation d'm'imposer des limites imaginaires pour n'pas m'risquer à partir en vrille, mais j'ai plus besoin d'squatter l'ombre du grand frère pour m'sentir existant. Et utile. Surtout utile. Et brave. Si brave.
Marrant. Ce gamin d'une dizaine de piges m'semble tellement plus libre que moi.
Dans trois jours, je redeviendrai marine. Et guerrier. La volonté renforcée, l'assurance à bloc.
Fin prêt pour le retour de ma soeur la solitude.
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