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Ses bottes lourdes s’enfoncent dans la terre humide de ce milieu de nuit s’accompagnant des craquements que font les branches en bois lorsqu’elle les écrase violemment. Chaque enjambée est conquérante, elle gagne et vainque l’ennemi, écrase les propriétés et les terres sans se soucier du reste. Mais loin d’être la seule vie dans cette jungle luxuriante, la rousse a la tête qui va et qui vient entre les cris des animaux de la nuit et l’odeur agressive des plantes qui sont reines des lieux. Alors, lorsqu’elle piétine l’orée du camp, passant à côté de l’une des tentes fraichement montées, elle fait craquer sa nuque et s’étire pour se grandir et lâcher d’une voix forte et enjouée :

J’ai besoin d’un bain !

Drôle d’entrée en matière, Lilou ne se soucie pas vraiment de l’effet qu’elle fait. Même si elle croise le regard horrifié de la jeune Yanagiba à qui elle a déjà eu à faire par le passé, qu’elle salue distraitement en essayant de retirer les feuilles de ses cheveux et d’être un peu plus présentable devant elle. Mais peine perdue, la rouquine a à peine le temps de faire son effet en haussant les épaules, se tournant vers le reste de la petite assemblée éreintée en ajoutant d’une voix forte :

Et d’une éponge en maille pour m’enlever toute cette crasse !

La blague ne fait absolument pas rire Rei qui manque de défaillir d’horreur. Lilou, quant à elle, s’effondre devant le feu en plein milieu du camp en étendant ses jambes devant elle, se passant une main sur le visage en essayant d’en enlever la boue. Les jambes coupées par endroit à cause des ronces qu’elle a traversé avant de venir, les avants bras fendus par les lianes et les branches qu’elle a rencontré, la rouquine est sur les genoux. Revenant de la crique ou elle a déposé Horace après avoir laissé Serena et ses nouveaux copains aller dans la bonne direction, elle ne pensait pas avoir à tourner en rond pendant près de cinq heures dans cette foutue jungle, de manquer de se faire bouffer par une bête sauvage, de tomber sur un camp de pirates au milieu de la jungle cherchant un trésor et ayant envie d’en découdre avec tous les explorateurs du coin, de se faire arracher une jambe par un alligator géant en traversant des marais, de se faire asphyxier par des sables mouvants…

Jaya aurait sa peau avant Flist, se dit-elle avec un sourire amusé avant de pousser un long soupir de fatigue. Rei s’esquive pour éviter de pleurer, et Wallace sort juste à ce moment de la tente ou va la jeune fille. Lilou fronce les sourcils et salue le grand monstre qui lui rend la pareille, n’hésitant pas à venir lui tendre la grande paluche qui lui sert de main pour venir l’accueillir comme il se doit :

Enfin revenue ! On ne vous attendait plus !
Serena va bien ?
J’en ai terminé avec elle depuis près d’une heure, elle se repose désormais. Ses amis aussi vont mieux !
Bien.
Vous avez eu le temps de rencontrer les derniers arrivants ?
Absolument pas, Wallace…
Mademoiselle Yanagiba est venue nous prêter main forte avec son équipage ! Blahblahblah ! Blahblah ! Bleh ! Blahblahblah ! Il y a SAM et homme poisson avec eux, Craig Kamina ! Blahblahblah ! Blahblah ! Bleh ! Blahblahblah ! C’est fascinant vous ne trouvez pas ? Un Homme-Poisson ! Blahblahblah ! Blahblah ! Bleh ! Blahblahblah ! Il est médecin lui-aussi, et nous entendons bien partager quelques anecdotes si vous voyez ce que je veux dire…
C’est fascinant…
Et une charmante commandante d’élite qui vient de blahblahblah blahblahbleh blahblah-
Wallace ? L’interrompt-elle brusquement. Il est quatre heures du matin et ça fait deux jours que je n’ai pas fermé l’œil, j’ai la tête comme une pastèque et juste envie de me laver. On en parle demain, d’accord ?

Bien loin d’être vexé par la franchise de la rouquine qui lui affiche un sourire sincère, Wallace glisse dans la main de la jeune fille une pilule blanche, lui indique où se trouve les affaires qu’elle recherche pour se satisfaire et s’esquive un temps. Lilou, quant à elle, fait craquer son dos avant de se remettre sur ses jambes, prenant le pas vers la tente désignée par Wallace. Lorsqu’elle y pénètre, c’est pour tomber nez à nez avec une silhouette maigre dans une tenue sombre, et un visage peint à la manière d’un squelette. Et loin d’être tout à fait à l'aise dans ses chaussettes, la tête dans le brouillard et épuisée par ces dernières aventures, la rouquine se retrouve prise au dépourvu par ces grandes mirettes vertes qui la sondent profondément et la terrifie encore plus ! Et la seule chose qu'elle trouve à faire, c'est prendre le temps de la réaction, sursauter et crier :

AAAAAAAAAAAH ! UN ZOMBIE !


Dernière édition par Lilou B. Jacob le Ven 1 Aoû 2014 - 10:12, édité 2 fois
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Dans le camp conjointement monté par les marins de l'Hypérion et du Léviathan à terre pour la mission difficile qui leur avait été confiée, la personne qui avait passé la meilleure journée d'entre tous devait sans conteste être Rachel. Et pour elle ce n'était pas rien. Non pas qu'elle soit heureuse d'avoir cogné quelques pirates comme au bon vieux temps -bon en fait si- mais surtout, elle se retrouvait pour la première fois depuis longtemps lâchée dans un milieu qu'elle connaissait bien et qui lui avait déjà manqué. La dernière fois qu'elle avait fait un camp comme celui-ci, même s'il avait été moins bien organisé et qu'ils ne l'avaient tenu que quelques heures, c'était sur Tortuga. Avec les marins du Fenrir. Cette ambiance de repos tendu de toutes ces personnes sur la brèche, de tous ces marins sur le pied de guerre mais conscients que cette pause pouvait très bien être la dernière, la bonne ambiance qui, de ce fait, y régnait, majoritairement relancé par ce gigantesque médecin à la peau écailleuse et aux yeux insondables... Il s'inquiétait de tout le monde, et tout le temps. À côté de ça, les médecins de bord qu'elle avait pu connaître faisaient pâle figure. La preuve, il soignait même des pirates qu'une combattante rousse avait ramenée comme on ramène une portée de chiots trouvés dans la rue. C'était peut-être la seule chose que Rachel regardait d'un mauvais œil. Si encore il avait été question de révolutionnaires, elle aurait pu comprendre -elle avait fait la même chose ou presque après tout- mais des pirates... Bon, elle ne dirait rien, elle n'était pas vraiment à sa place ici. Dans son élément, certes, mais pas vraiment au bon endroit pour faire des remarques désobligeantes et paraître déjà désagréable. Surtout que ce Commodore Jenkins avait des yeux magnifiques et que ce Wallace était tout simplement hyper classe.

Elle leur avait bien expliqué. Elle leur avait dit pourquoi elle était ici. Mona Lisa et Nazca Andarielle. Pas beaucoup plus. Qu'aurait-elle pu leur dire de plus ? Bon, si elle avait pu, elle aurait évité de parlé de son bras perdu et de tout ce qui touchait au Sea Wolves, mais à peine s'était-elle présentée que tout le monde l'avait reconnue. Blacrow Rachel. Elle avait fait les gros titres avec l'affaire Toji. Évidemment. Et il leur avait été facile de deviner que le bras manquant était une histoire toute jeune. C'est à peine si elle avait réussi à garder le silence et éviter le sujet qui fâche. Les sujets qui fâchent en fait. Et c'était peut-être ce qu'elle regrettait le plus de cette journée du coup. Être restée dans son coin à ne parler à personne hormis à Oswald et Sebastian pour la suite des opérations .Et tous deux la traitaient comme une égale. Oswald se payait même le privilège de la tutoyer, c'était dire. Extrêmement perturbant pour Rachel habituée à n'être que la sous-fifre d'un sous-fifre. Ou parmi les dommages collatéraux.

Elle avait bien tenté de se sociabiliser au moment du souper, mais lorsqu'elle dit au cuisinier qu'elle était végétarienne, ce dernier éclata de rire en la servant, ponctuant ce large geste d'un jovial « elle est bien bonne celle-là ». Elle sourit, mal à l'aise et s'enfuit. Elle s'autorisa à manger la salade et donna le reste de son plateau à Wallace. Discrètement. Puis elle quitta les bancs.
Et ce fut à peu près tout.

Mais elle restait heureuse malgré tout. Entourée comme elle l'était, dans un bain qui était celui qu'elle avait toujours connu, ou la seule ivresse qui la gagnait était celle de la bataille imminente et du stress des combattants qui jamais ne connaissent le plein repos. C'était sa vie, ce pour quoi elle respirait, ce pour quoi elle mangeait. Et plonger à nouveau là-dedans, tête la première, la comblait. Même si la distance avec Red la minait ou que l'absence de Black Crow lui donnait le sentiment plein et intense d'être constamment vulnérable.

Et puis elle était soulagée parce que personne n'était venue la questionner sur Salem. Personne ne savait pour eux. Trop peu de personnes savaient pour eux. Et pour la première fois, elle en fut soulagée. C'est pour cette raison que vers les dix heures du soir, après avoir pris un bain chaud dans la grande tente qui était réservé aux officières, dans cette espèce de cuve de bambous profonde et chauffée par un feu de bois, elle entreprit d'enlever le maquillage qui lui recouvrait le visage.

Alors en effet, lorsque Lilou entra dans cette même tente six heures plus tard, trouvant tout d'abord une Rachel affalée sur un tout petit tabouret, drapée dans une chemise de nuit trop large d'épaule, la joue écrasée contre une espèce de meuble de salle de bain d'appoint, toujours peinte aux allures d'une tête de mort, il fut tout à fait légitime qu'elle la traite de zombie. D'autant plus qu'elle pleurait à chaudes larmes.

-C'édait bah du waderproof. C'édait de la beindure indélébile...

Puis, réagissant au cri de la nouvelle arrivante :

-JE SUIS PAS UN ZOMBIE !!

Rachel avait bondi sur ses jambes pour hurler à son tour. Et même comme ça, elle était bien moins grande que son interlocutrice. Cette dernière en revanche, devait avoir passé une sacré journée. Ses cheveux roux étaient largement agrémentés de feuilles, de branches et il y avait même un petit nid d'où un oisillon gazouillait gaiement. Sur son visage, les marques et les séquelles d'une dure journée sans repos mais avec les cernes de deux. Sous ses airs de garçon manqué factices et ses habits d'homme, la jeune femme avait pourtant dans le regard une étincelle pas complètement éteinte, et une étincelle que Rachel aurait dû reconnaître au premier coup d’œil. Mais comme la fois précédente, il lui fallut un petit temps de latence. Il fallait avouer que dans son esprit, la Lilou qu'elle connaissait était une forgeronne sur une île obscure d'une mer des blues. Pas une marine guerrière balancée en pleine jungle de Jaya. Et encore moins sur le devant de la scène à en voir ses habits déchirés, ses membres griffés et percés et ses bottes à la mode marée basse. Sans parler du sang séché et de l'odeur de roussi qui la précédait. Non, décidément, ce ne pouvait pas être Lilou, Rachel faisait erreur. Tout ce que voulait cette marine, c'était se décrasser. Car la journée avait été plus dure pour certaines que pour d'autres. Et pour une fois que Rachel était de celle qui avait eu la journée la plus calme et la plus reposante, elle n'allait pas se faire prier pour s'effacer. Voire même pour rendre service. Et dans la bonne humeur.

-Et c'est moi qui ressemble à un zombie ? On vous dirait sortie tout droit du caveau familial des Nefertaris. Hihi. Je vais vous faire chauffer le bain !

Cédant sa place sur le tabouret d'apparat, Rachel bondit, abandonnant son coton et sa brosse de mailles sur le meuble bas et entreprit de gratter les allumettes pour remettre le feu à couver sous la cuve d'eau.

-Dure journée, hein ?
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ET IL PAAAAAAAARLE !

Le cri qui suit perce la nuit et fait décoller les derniers oiseaux courageux qui bordent le camp. Les gens à l’extérieur se retournent vers la tente en essayant de déterminer ce qui ne tourne pas rond à l’intérieur. Mais quand on sait qui s’y trouve, on craint plus d’y pénétrer pour demander le calme que de voir débarquer des hordes de pirates attirés par les hurlements… Si l’ingénieur Jacob a déjà une réputation de dure à cuir couplé d’une tête de mule avérée, Rachel n’a apparemment rien à lui envier. Le maquillage fait déjà tout le reste de toute façon, et aborder une bonne femme avec son allure relève évidemment de la folie furieuse… Enfin dans tout ça, Lilou ne reconnait pas Rachel non plus, surtout agrippée comme elle l’est à une étagère qui vacille dangereusement... En train de récupérer ses esprits alors que le chef-d’œuvre en face d’elle se permet de lui rétorquer qu’il n’est pas un zombie. L’information met du temps à remonter jusqu’au système nerveux, mais la rouquine finit par retoucher le sol en posant cette brosse dont elle s’est armée peu de temps avant pour intimer le monstre à la distance…
Et puis à bien y regarder, en plissant les yeux et en se concentrant très fort, en effet, elle n’est pas du tout un zombie. La chair n’est pas putréfiée, elle semble respirer, elle est douée de parole,... Plus de doute, l’affolement retombe alors que Lilou reprend ses aises et lâche sans grande conviction :

Ah pardon… Et détaillant la jeune femme de haut en bas, elle ne peut s’empêcher de faire un rapprochement troublant, s’interrogeant aussi sur le pourquoi de tant de maquillage… C’était soirée bal costumé ce soir et on ne l’avait pas prévenu ? Vous êtes la cousine d’Oswald ou c’est la nouvelle mode de se peindre la gueule façon mort-vivant ?

Le nez plissé et le caractère toujours aussi effronté, Lilou a perdu depuis bien longtemps les barrières de politesse que la bienséance exige. Elle n’est d’ailleurs capable d’être agréable qu’avec dix heures de vrai sommeil dans les pattes, et n’ayant pas fermé l’œil depuis près de quarante-huit heures, la jeune femme ne se sent absolument pas capable de jouer d’humour ou d’autres choses de sophistiquer, préférant la franchise. Mais du coup, elle se rend compte qu’elle est un peu brusque, et se permet une remarque tout aussi désobligeante :

Je ne suis pas trop au fait de l’actu tendance des dernières semaines, l’information ne passe pas super bien sur Jaya… Faut pas m’en vouloir.

La fausse excuse passée, tout ce que la rousse remarque, c’est que la gothique en face d’elle comprend qu’elle a besoin d’aide. Elle entend la remarque sur son allure actuelle mais ne la relève pas. Elle se contente de s’affaler sur le tabouret et de commencer à se démêler les cheveux en racontant à quel point tout ceci avait été particulièrement éprouvant :

Je ne vous le fais pas dire… Mais je crois que le pire a été ces cinq dernières heures. Faut avoir un escargot-GPS greffé sur la tête pour pouvoir s’orienter dans cette foutue jungle… Tous les arbres se ressemblent et les faux-chemins sont traitres… Et c’est sans parler des marais infestés de crocodiles géants qui pensent qu’à bouffer ! Et des sables mouvants… J’ai bien failli y rester avec ces conneries ! Puis les gens ici sont tellement désagréables ! On ne peut pas demander sa route sans se faire braquer ou agresser ! Vous savez le nombre de têtes que j’ai dut casser pour retrouver mon chemin ? J’ai arrêté de compter bien vite, vu qu’on croise plus de chasseurs de trésor trop abrutis par le soleil dans les profondeurs de l’île que de souches d’arbres sèches… Je me suis même retrouvée dans une grotte géante qu’était en fait un nid de chauve-souris…

Et en parlant de chauve-souris, c’est en continuant à se brosser la tignasse qu’elle sent soudainement une tension vive soulever ses cheveux… Une forme noire en surgit brutalement et Lilou comprend assez rapidement en se regardant dans le miroir qu’une bestiole volante cherche à s’échapper, sans doute perturber par le lissage entrepris. La rouquine engage alors une bataille sans merci avec la bestiole emmêlée dans ses cheveux, se faisant griffer et mordre au passage, mais réussissant tout de même à relâcher l’animal qui s’envole vers la sortie de la tente non sans avoir terrifiée (ou fascinée ?) la gothique à ses côtés, dérangée la pièce pour la mettre sans dessus-dessous et émis tonne d’insultes et objections quant à la manière dont on peut se permettre de réveiller un pauvre animal qui dort sur une tête qui n’est pas sienne.
L’hôpital qui se fout de la charité...

Vestige du nid à chauve-souris, rajoute la jeune femme avec un soupir à peine retenu.

Le moral sapé, elle effleure la surface de l’eau dans la cuve pour en vérifier la température. Avec la chaleur étouffante de Jaya et de la jungle, un bain tiède ne lui ferait pas de mal. Elle pourra même se permettre de continuer à cuir et mariner s’il le faut. Alors elle se relève et commence déjà à retirer ses vêtements, bien trop fatiguée pour faire attention à la jeune fille toujours présente dans la petite tente. C’est en faisant descendre son pantalon sur ses jambes, après avoir retiré ses bottes et sa chemise, cachée sa poitrine avec ses cheveux, qu’elle se rend compte que depuis tout à l’heure, elle ne parle absolument pas toute seule, et qu’elle sent le regard vert de la bonne femme sur elle, absolument pas gênée apparemment…
Lilou pourrait se sentir gêné, elle. Mais la gêne est sans doute un sentiment qui advient lorsqu’on est en pleine possession de ses moyens. Or là, son corps la fait souffrir, ses muscles la maltraitent, elle a la tête dans le brouillard et aucune envie de jouer les vierges effarouchées. Et puis d’ailleurs, la notion d’intimité et l’embarras n’ont jamais vraiment fait partie de ses traits de caractère. Par contre, l’audace et l’impertinence…

Puisqu’on en est rendue là vous et moi, je m’appelle Lilou. Mais du coup… Vous allez me donner votre nom avant ou après que j’ai terminé de me dessaper ?
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Si Rachel ne parla pas durant tout le temps ou Lilou se déshabillait, ce n'est pas vraiment à cause de ce monologue dans lequel cette dernière s'était lancée et qui l'avait mouchée. Elle aurait pu par exemple émettre des petits sons et signes de têtes pour approuver ses dires ou compatir à ses tracas. Mais en vérité, si elle ne dit pas un mot, à peine une exclamation de surprise lorsque surgit la chauve-souris d'entre les cheveux emmêlés suivie d'une d'admiration pour le mammifère volant, c'était plutôt à cause de toutes les marques de blessures, de brûlures, de plaies, de coupure, de contusions, de bleus et même de morsures qui constellaient la peau nue de cette jeune rousse. Des journées vraiment dures.

Sans compter que la voix lui était familière, malgré tout. La voix et surtout la manière de parler. Les intonations différaient quelques peu -autant qu'elles peuvent différer en plusieurs années- mais Rachel retrouvait la mécanique de certains gestes. Et même si tout ça semblait absurde, si la réponse qui clignotait dans son esprit comme une loupiotte basse consommation, si les diverses images rémanentes et approximatives d'elle se superposaient de manière assez grotesque dans un mélange de cheveux roux et de corps dissemblables, la réalité couvait juste sous la surface. Plus les secondes passaient, plus Rachel s'en persuadait, sans oser parvenir à ouvrir la bouche pour mettre un nom sur ces gestes, sur cette image. Cette « gamine ». Et puis, que diable aurait-elle pu faire ici ? À part... casser des têtes et échapper à des crocodiles dans les marais de Jaya évidemment. Pourquoi ? Même si la véritable question que Rachel se posait tandis que Lilou s’évertuait à quitter une chemise d'homme restait : pourquoi elle ? Pourquoi Lilou. Toujours cette figure surgie du passé. Encore une fois. Et même sans parler de cette époque ou Rachel était en quête d'elle-même et de reconnaissance, elle avait toujours été à ses yeux la jeune fille prise dans la tourmente d'une vie trop compliquée pour elle. Lilou était l'image type de toutes ces filles de par le monde que la piraterie et les guerres impliquaient et mettaient en danger.

Et le contraste avec la Lilou qui lui faisait face, comme une aventurière, une guerrière même, la laissait sans voix. Et visiblement, sa gorge n'était pas d'accord pour la lui rendre.

Pourquoi n'avait-elle rien lu sur elle dans les dossiers du Léviathan -parce que n'étant assurément pas chez les Hypériens, elle ne pouvait qu'être du Léviathan. Et puis mince quoi, que faisait-elle dans ce bourbier de Jaya ? Qui savait si l'île ne serait pas rayée par un Buster Call d'ici quelques jours ?

Rachel ne vérifia pas la température de l'eau. Rachel se perdit dans le visage de Lilou qui s'agacerait très vite d'une absence de réaction de sa part. Rachel ouvrit la bouche dans le vide lorsque Lilou lui demanda si elle comptait se présenter ou non. Rachel, à défaut de mots, fit un pas en avant, dévisageant maintenant sa vis-à-vis sans honte. Ni même cette candeur à laquelle elle avait pu l'habituer. Toutes ces épreuves depuis cette dernière fois les avaient transformée toutes les deux, elle en était certaine. Elle ne put empêcher une larme de remonter jusqu'à ses yeux. Elle ne chercha ni à la retenir ni à savoir si elle était heureuse de la retrouver ou même si elle pleurait une fois de plus tout ce qu'elle avait pu perdre. Pour la retrouver, elle, ici. Elle se laissa tomber dans ses bras, l'enlaçant comme un naufragé au rocher qui le sépare de la noyade. Submergée par une émotion qu'elle peinait à comprendre.

Dix de perdu pour une de retrouvée. Saloperie de dicton à la con.

-Lilou ! Laissa-t-elle éclater dans un souffle

Quoi dire de plus ? De toute façon, elle aurait été incapable de prononcer une syllabe de plus dans l'immédiat. Elle était trop occupée à retenir ses larmes. Elle ne pleurerait pas maintenant. Pas devant elle. Surtout pas devant elle. Car au final, peut-être qu'elle ne se souvenait plus d'elle, qu'elle l'avait oubliée ou que tout simplement, elle n'avait plus aucun comptes à lui rendre depuis Black Crow.
Soudainement consciente de cette possibilité, Rachel se retira vivement, mi-figue mi-raisin, et rajusta sa chemise de nuit trop large sur son épaule gauche. Honteuse n'était pas un mot qui la définissait. Elle assumait ces dires et ses actes. Mais cette fois, la donne était différente. De toute façon, tout ou presque avait changé. Elle s'essuya les yeux d'un revers de paume et attrapa une serviette pour la tendre à la rousse, nue devant elle. Elle se laissa ensuite tomber sur le petit tabouret.

-Navrée... Et euh...

Quoi dire ? Quoi demander ? Qu'est-ce que tu fais là ? Oui, certainement, mais elle n'aimerait pas la réponse qui se profilerait. Tout comme il était très probable qu'elle ne supporte pas de répondre une énième fois à la même question de la part de la jeune femme. Comment tu vas ? Question stupide. Tu as un amoureux ? … N'importe quoi. Je suis heureuse de te revoir ? Peut-être, mais même Rachel aurait été incapable de dire pour l'instant si cette affirmation était vraie ou non. Après tout, c'était Lilou. Et c'était Jaya.

-Tu es vraiment devenue magnifique...

À défaut de grives, on mange des merles. Même si Rachel aurait préféré un corbeau.
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Evidemment…

Lorsque Lilou termine de se présenter en essayant de garder sa prestance, la réaction en face ne se fait absolument pas attendre. Spontanée et digne de cette gamine qu’elle avait croisée par deux fois. Une fois chez elle, là-bas, sur ce bout de caillou miteux, dans cette cabane qu’elle ne quittait jamais et qui en a tellement vu. Une autre fois à Bliss, dans cette forge encombrée ou l’on riait fort à chaque fois… Et la rouquine se souvient de l’odeur du poulet encore sur la broche, de la poussière qui recouvre les meubles du vieux garage, du cambouis sur ses mains lorsqu’elle terminait de travailler. Elle se souvient également des cendres dans les bacs, de la voix du vieux Jin lorsqu’il l’engueulait, et de irrégularité qu’avait cette faux sous ces doigts.
Et alors que le bras de la gothique se referme dans le dos de Lilou, elle réagit au plus pressée pour lui rendre un semblant d’étreinte, l’enlaçant aussi en pestant contre elle d’avoir pu oublier ce bout de fille, devenue maintenant bout de femme… S’en voulant de ne pas l’avoir reconnu immédiatement en rentrant. A sa décharge, le maquillage n’aide pas vraiment à se faire une idée de qui on a à faire. Mais maintenant qu’elle y repense, c’est tout à fait son genre. Tout à fait elle. Et elle aurait dut le savoir rien qu’en l’apercevant dans cette tente.

Rachel…

Evidemment.

Rachel.

Elle avait pourtant suivi son parcours avec attention dans les journaux, elle qui ne s’attache que peu à cette actualité qui lui prend plus de temps qu’autre chose. Ecoutant avec attention les exploits des Sea Wolves lorsqu’ils étaient encore, puis la débâcle subit en arrivant à Marie Joie, le procès et ce qu’il advint de la gothique. Elle disparut pendant un temps des radars pour revenir dernièrement plus fraiche et pimpante, plus puissante et indépendante sans doute, mais avec quelque chose de changer au fond. Inutile d’être devin pour savoir que Rachel revenait d’une traversée du désert éprouvante, semblable à celui que Lilou avait traversé après Alabasta, après Salem, après tout ça, et que l’une comme l’autre avaient drastiquement changé.
Elles n’étaient plus ni Louve, ni la Gamine. Et c’est avec un sourire que Lilou appréhende ce changement en le mesurant cette fois réellement, droit dans les yeux. La ramenant d’où elle vient et lui montrant à quel point elle a évolué pour en arriver où elle est. Bien dans ses grosses bottes de l’armée, boueuse certes mais confortable, souvent plantée dans son atelier à construire des choses qui ne fonctionnent pas, à combattre aux côtés des plus grands pour une cause parfois brouillonne mais qui a le mérite de tous les unir…
Et Rachel. Changée également, parce que le sort l’a éprouvé, transformé en profondeur. Parce que pendant des mois, il s’est simplement acharné sur elle et qu’il n’aura de cesse de s’arrêter. Un simple coup d’œil oblige la rouquine à remarquer l’absence d’un des bras de son amie. Elle ne s’y attarde qu’une seconde pour revenir aux yeux verts de Louve, ravalant une pointe de colère qui ne sort pas par respect. Elle ne sait pas si elle doit faire comme si de rien n’était, en s’enrobant dans cette serviette avec une pudeur nouvelle alors que quelques minutes avant, elle était loin d’être pudique.

Tu peux parler…

Loin d’être habituée aux compliments et surtout à ce regard tendre, Lilou minaude un temps en sentant ses joues s’empourprer à cause d’une candeur qu’elle ne se connait pas. Devant les larmes essuyées à la va-vite d’une gothique qui ne semble plus savoir sur quel pied danser. Et puis finalement, qu’à cela ne tienne ! Pas question de se lover dans des sourires gênés et des regards confus ! Elles ont connu pire, l’une comme l’autre, et on a jamais rattrapé le temps perdu à ne pas se côtoyer en jouant l’effarouchée :

Oh et puis merde !

Lilou s’avance et attrape simplement la gothique par les épaules. Faisant volte-face, elle se jette en avant dans la cuve pleine et servant de baignoire avec Rachel, faisant monter brutalement le niveau de l’eau qui déborde et inonde le sol. Remontant à la surface et trempées jusqu’aux os, Lilou s’installe dans un des coins en étendant ses jambes sur le rebord…

Tu me démêles les cheveux et je t’enlève ton maquillage, c’est un bon deal, non ? Parait que les filles font ça en se donnant des conseils ! Faut qu’on essaye !

Petit rire amusé, elle attrape la brosse à cheveux en se relevant légèrement et la lance à sa partenaire qui semble soudainement au prise avec son chemisier trop large.

Alors Rachel…

Regard transperçant, comme celui d’un aigle, avec deux ambres en guise de pupille, c’est avec un sourire dévoilant toutes ses dents et un clin d’œil complice que Lilou la renvoie à de vieux souvenirs :

T’as un amoureux ?
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Comme de juste, grâce à des lois de la physique pas toujours très rigoureuses dans ce monde d'étrangetés et de mystères, la vague qu'elles avaient provoqué en plongeant dans la cuve d'eau chauffante avait beau avoir trempé la bâche au sol comme sous un orage torrentiel, il restait toujours la même quantité d'eau dans la baignoire, et ce malgré leurs deux corps réunis. Tandis que Lilou se mettait à l'aise, Rachel surgit à la surface, les yeux ronds, et cracha un filet d'eau à la mode de ces petits anges sur les fontaines. Une brossa fila dans sa direction qu'elle rattrapa dans un réflexe salvateur. Le mouvement brusque la déséquilibra et ses pieds glissèrent sur le bois du fond de la cuve, lui faisant encore piquer une tête et provoquant une nouvelle vague d'eau qui les submergèrent une fois de plus. Sa tignasse noire et ses deux yeux émeraude émergèrent, pétillants. Puis le visage entier se dévoila et elle fixa Lilou.

-C'était l'eau pour se rincer Lilou !

Mais cette dernière s'en moqua et lui jeta une œillade complice et lui posant la question que même Rachel n'avait pas osé dire. Même s'il existait énormément de choses qu'elle n'avait pas osé dire. Un amoureux ?

-J'ai...

Red ? Un amant shakespearien plutôt. Le genre amour fou, union, fusion, entente, protection. Protection jusqu'à se sacrifier pour elle. Certes la réalité de leurs existences n'en était pas arrivé à la même extrémité que dans la pièce de théâtre bien connue, mais pour Rachel la réalité et la vérité sont deux choses bien similaires. Il s'était donné plutôt que de la livrer elle. Une magnifique preuve d'amour, certes, mais d'une stupidité sans nom. Et pour ça, si elle refusait de se l'avouer, elle lui en voulait énormément. Elle n'aurait jamais pu renoncer à la Marine pour être une hors la loi, même avec un Rossignol Édouard Désiré à ses côtés. Et puis elle avait perdu la marque noire qui la reliait encore mentalement à lui. Un sacrifice nécessaire pour réussir à aller de l'avant et l'oublier.

-J'ai...

Salem ? La bonne blague.

-Blurhblublouglou...
Sors ta tête de l'eau si tu veux parler !
-... Non... je n'ai pas d'amoureux.

Rachel croisa son regard et s'y plongea profondément. Les yeux sont le miroir de l'âme. Lilou devait bien voir et comprendre que, dans un sens, elle mentait. Rompant le contact visuel, Rachel se débattit soudain violemment avec son chemisier trempé et réussit après quelques efforts -et avec l'aide de ses cheveux- à l'ôter. Elle le laissa choir à côté de la baignoire et fit un sourire qui se voulait bienveillant à Lilou.

-Allez, viens donc que je te les démêle, ces cheveux.

Notre officière rabattit ses jambes contre elle pour les offrir en dossier à Lilou qui ne se fit pas prier pour venir y coller son dos. Les deux minutes suivantes ne furent ponctués que de demandes anodines comme « peux-tu te tenir la base des cheveux pour que je puisse... » « tu me dis si jamais je te fais mal... » « t'aurais pas un démêlant à tout hasard... ». N'ayant plus qu'une seule main -se découvrant plus de problèmes de jour en jour- Rachel ne put pas correctement tenir et défaire les nœuds, si bien que très rapidement, ses propres cheveux noirs prirent le relais et entreprirent presque de leur propre chef d'enlever un à un les nombreuses feuilles, branches, animaux encore bloqués dans cette masse difforme. Ce qui aurait pu avoir le mérite de surprendre Lilou.

Mais ensuite, Rachel ne dit plus rien, perdue dans ses pensées. Elle profitait de l'instant, certes, collée contre Lilou comme pouvaient l'être deux très bonnes amies, ou deux sœurs. Elle en profitait comme s'il était le dernier ; puisqu'en vérité il était le premier. Une sensation de complicité qui la gagna, qui enflait en elle. Mais comme une bulle de gaz gagnant en volume, très vite, cette sensation de bien-être et de bonheur l'asphyxia. Enfin, en un sens. Les petits bonheurs comme celui-ci n'avaient jamais été son lot quotidien, même si elle avait de très bons souvenirs de son adolescence chez les juniors de la marine. Et il fallait qu'elle les redécouvre sur la pire île de Grand Line.

La brosse tomba soudainement, et Rachel se jeta une nouvelle fois au cou de Lilou. Dans son dos cette fois, elle enfouit son visage au creux de la nuque de son amie et y resta prostrée un très long moment, incapable de réaliser que les secondes continuaient de s'écouler. Elle venait de saisir la raison du trouble qui la tourmentait depuis qu'elle avait reconnue Lilou dans cette tente d'appoint

L'inquiétude.

-Pourquoi a-t-il fallu que je te retrouve ici ? C'est le pire endroit du monde pour toi ! C'est une guerre ouverte... Tu devais être sur Bliss. Tu devais te trouver quelqu'un et y faire ta vie. Forgeronne. J'aurais été heureuse pour toi et je serais revenue te voir, un jour, là-bas. Tu ne devrais pas être ici !
J'ai vraiment perdu toutes les personnes qui comptaient pour moi ces trois derniers mois. J'ai... J'ai pas envie qu'il t'arrive la même chose.


C'est l'opportun moment que choisit Rei pour entrer dans la tente. Sûrement besoin d'une toilette avant d'aller gagner quelques heures de repos. Mais lorsqu'elle y trouva une Lilou nue dans les bras de Rachel, et même si elles étaient dans le bain, la situation lui sembla tellement atypique qu'elle préféra faire demi-tour sans plus en dire...

Ni demander pourquoi est-ce que les cheveux de la nouvelle officière trituraient ainsi la tignasse rousse de Lilou.

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Lilou se contente d’un sourire lorsque la réponse de Rachel tombe. Non, elle n’a personne. Mais son regard lui renvoie une lueur triste qui ne la laisse pas indifférente. Elle comprend néanmoins qu’il y a des plaies toujours ouvertes et douloureuses, qui ne cicatrisent jamais vraiment et qui laissent des marques indélébiles. Elle ne sait pas si l’amour a laissé ce genre de marque dans l’esprit de la gothique qui prend des airs de grandes romantiques, mais la rouquine n’insiste pas. Que peut-elle dire de plus ? A quoi ça servirait ? Il y a des choses qui se doivent de sortir au bon moment, et pas sous la contrainte. Alors elle se tait et se laisse faire lorsque Rachel l’invite à se mettre contre elle. Elle se laisse faire lorsqu’elle sent la brosse lui tirer les cheveux, elle acquiesce simplement parfois quand elle lui pose des petites questions sur un peu tout et un peu rien.
Et puis une seconde fois en un rien de temps, Louve vient se blottir contre elle, lui confiant dans le creux de l’oreille et d’une voix teintée d’angoisse les peurs qui la tiennent. Et si Lilou écoute avec attention, un sourire vient se glisser sur ses lèvres avant même que la brune ne termine sa tirade chargée de regrets. Et quand Rei rentre pour ressortir au plus vite, c’est le rire clair et fort qui accompagne son départ.

Lilou rit aux éclats, à s’en tenir les côtes, à rouler dans la cuve ou elles sont toutes les deux en ayant les larmes qui lui montent aux yeux tellement elle se marre comme une tordue. La respiration qui a du mal à se remettre, elle finit par simplement glisser de l’autre côté en riant toujours sans pouvoir s’arrêter, devant le nez d’une Rachel qui semble ne plus savoir où se mettre. Lui revient en mémoire la petite forge de Bliss et le vieux Jin encore, le bruit des marteaux contre l’acier. Et là vient s’ajouter au portrait l’image d’un homme, d’un père de famille finalement lorsque deux bambins viennent se joindre au tableau. Et impossible pour elle de ne pas repartir dans un fou rire, en essuyant les larmes de joie qui coulent sur ses joues d’un revers de main.
Au bout de quelques minutes, elle parvient tout de même à articuler :

T’es sure qu’on parle de la même personne ? Avant de repartir de plus belle… M’installer dans un coin, trouver quelqu’un et y faire ma vie ? Mais enfin Rachel…

A quel moment a-t-elle donnée ce genre d’image, hein ? Dans cette cabane, au service de ce monstre de muscle caractériel, ou dans cette forge à la suite de ce petit vieux têtu ? Il y a des clichés qu’il faut briser avant qu’ils ne s’installent trop durablement, même si en l’état, le cliché date déjà de plusieurs années et a eu le temps de prendre ses aises ! Alors Lilou cogne le poing dans sa paume et reprend avec aplomb :

Toi et moi, on n’est pas des gens comme ça. On ne peut pas tenir en place et regarder notre vie passer devant nos yeux ! Tu le sais, c’est impossible ! Ça n’a jamais été ma vocation et ça ne le sera jamais ! Le monde est vaste et il y a tellement de gens de qui apprendre ! Ce n’est pas à Bliss que je deviendrais la meilleure pour aider les autres ! Ce n’est pas là-bas qu’on a besoin de moi ! C’est ici, et je n’ai pas l’intention d’en partir, je ne troquerais cette existence pour rien au monde ! Et regarde-moi Rachel !

En s’adressant à elle, en l’appelant, elle écarte les bras et laisse voir de multiple cicatrice sur sa peau pâle. Des marques que la vie lui a laissées, la vie et les hommes qu’elle a pu croiser. Yumen y a lourdement contribué, d’autres avant lui et d’autres après lui. Chacun de ses os a au moins été brisé une fois. Au moins. Et ça ne l’a jamais empêché de se relever, d’aller de l’avant et de trouver un autre abri où se mettre ! Elle n’a peut-être pas l’air comme ça, derrière ses airs chétifs et ses cheveux de feu, mais si elle fait partie des rangs du Léviathan, ce n’est pas pour faire de la décoration…

J’en ai vu d’autres ! J’en ai affronté des tempêtes qui feraient passer Jaya pour une île à touristes et à plaisantins ! Il en faut beaucoup plus pour me mettre à terre !

Et en disant cela, elle plonge à moitié dans la cuve pour créer du remous, comme le ferait une bombe pour raser une terre, un coup pour s’écraser contre une gueule déjà mal faites !

La mort, elle peut venir quand elle veut, je lui tordrais le cou sans hésiter !

Elle attrape sa serviette et la tord entre ses mains avant de la balancer loin derrière ! Cette dernière s’écrase contre la glace et rend son eau sur le verre, renversant le reste des objets de sur la commode… Les poings qui se ferment juste après et le corps qui se met en garde, Rachel peut admirer l’air crépiter autour d’elle grâce au haki qui prend le pas sur sa volonté. L’armement termine son office en disparaissant comme une bulle explose, tandis que la rouquine désigne l’extérieur de la tente, là où est apparu Rei il n’y a pas si longtemps, avec entrain et conviction :

Et j’ai tout un équipage avec moi pour m’aider dans cette tâche, comment tu peux même envisager qu’elle puisse venir me prendre ?! Et comment peux-tu me perdre alors que tu viens juste de me retrouver, hein ?

Regard qui s’adoucie, Lilou n’a pas perdu son sourire et cette assurance qui la caractérise depuis un moment maintenant, accompagné de ce caractère fort. Elle ne sera jamais cette femme au foyer sur cette île perdue, pour sûre. Elle n’aura jamais l’homme parfait, le père idéal à ses côtés. Mais elle aura un homme qui l’aimera et qu’elle aimera aussi, un jour. Bien assez tôt. Et ensemble, ils feront de grandes choses. Parce que Lilou a mille projets en tête qui n’ont que pour but de servir les autres. Et si pour l’instant elle est coincée sur une île à devoir faire du nettoyage par le vide, ce n’est que partie remise…
Mais Rachel a peut-être perdu de vu l’essentiel. En se replongeant dans le bain, la rouquine se calme un tout petit peu, le temps de laisser à la brune l’opportunité de se faire à cette idée… Avec un doute au bord des lèvres, qu’elle n’hésite pas longtemps pour le poser :

Enfin, Louve… Depuis quand t’as peur ? Et depuis quand ça t’empêche d’avancer ?
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-C'est pas vrai. J'ai pas peur...

Dans une cuve d'eau aussi agitée que si un ouragan sévissait au large, le corps complètement immergé sous l'eau plus si claire depuis que Lilou y avait plongé, les lèvres à peine émergées, Rachel était tout sauf crédible. En comparaison, un enfant mentant à sa mère sur l'identité du voleur du dernier cookie l'aurait été, lui.

Elle était restée sans voix devant les cicatrices que Lilou avait exhibées. Certes elle en connaissait un rayon en terme de cicatrices également, mais ça faisait un choc de remarquer à quel point même cette jeune et frêle fille rousse n'avait pas été épargnée par ce monde-ci. Rachel s'était fait une raison, tout comme elles -les cicatrices- avaient dû renforcer l'ingénieure. Elles étaient faites du même bois. C'était juste que Rachel ne l'avait jamais remarqué. Ou n'avait jamais voulu le remarquer. Même si en effet, pour quitter la vie qu'elle menait la première fois où elle l'avait rencontrée, dans cette cabane et ce garage plein d'outils rouillés, avec ce faux père violent, pour devenir une forgeronne sur une autre île d'une autre mer, elle devait être une sacrée battante. Non, Rachel n'avait pas voulu le remarquer. Et avait préféré garder cette image de la jeune fille qu'elle aurait peut-être bien aimé devenir.

Et puis mince quoi, le haki de l'armement ? Sérieusement ?

Rachel tendit la main vers le visage de Lilou et se saisit d'une mèche devenue dreadlock à cause de la boue et entreprit de la démêler, avec quelques difficultés. Son regard glissa sur la gorge, les épaules et la poitrine de la jeune rousse pour en détailler les cicatrices, entre admiration pour la force de caractère qu'elle découvrait chez elle et effroi pour tout ce qu'elle avait dû traverser. Même si en fin de compte, elle arrivait à apaiser l'inquiétude et la compassion -inutiles- à son encontre. Elles étaient faites du même bois : elle s'en était bien remise. Tout comme elle-même.
Et puis Rachel réalisa qu'elle observait sans détours les seins nus de Lilou. Son regard descendit sur sa propre poitrine. Sous son maquillage, elle piqua un fard et se laissa lentement couler dans l'eau jusqu'à ce qu'elle lui arrive au menton.

...

-Tu sais, c'est juste après avoir remonté Grand Line jusqu'à Tortuga que l'Amiral Arachibourei a été arrêté et notre équipage mis au ban. C'est juste au moment où je découvrais l'amour que je portais à Red qu'il a été pourchassé et porté en disgrâce à cause de moi. C'est alors que je touchais du doigt mon rêve -celui de travailler à Impel Down- que le pénitencier a été détruit par ce maudit « Chien Fou ». C'est alors que l'on me promettait enfin de revoir Salem en arrivant sur Jaya que j'ai appris sa mort. Et je ne parle pas de Black Crow détruite ou de mon bras perdu. La Valkyrie vient tout juste de m'accorder sa confiance et je te retrouve ici au bout du monde. Oui, j'ai vraiment peur qu'il t'arrive soudain quelque chose. Je n'ose pas admettre qu'enfin la Dame veuille bien me faire une fleur. Les poisons les plus mortels sont les plus colorés, Lilou.

Elle avait bien conscience que déblatérer tant de mots et de phrases, se trouver à la couver du regard, à se soucier d'elle, était chose absurde. Elles ne s'étaient vues que trois fois dans toute une vie. Ce n'était rien. Même sa propre mère, elle l'avait connue plus longtemps qu'elle n'avait côtoyé Lilou. Alors en effet, elle se sentait bête de s'inquiéter à outrance ainsi pour quelqu'un qu'en vérité, elle ne connaissait pas ; elle lui avait bien fait remarquer.

Ou peut-être était-ce l'inverse. Peut-être qu'après tout, c'était Rachel qui avait besoin d'être couvée, protégée, de se sentir aimée. Et qu'elle reportait son manque d'affection sur la jeune fille, le brin de femme si forte, qui lui faisait face et qu'elle méconnaissait, au final. Après tout, ne venait-elle pas de déballer toutes ces choses qu'elle pensait garder pour elle face aux Rhinos Storms ?

Dans un soupir, Rachel se recula et admira un peu le travail sur la chevelure rousse. Ils étaient encore sales, mais au moins paraissaient-ils moins emmêlés et plus aucune chauve-souris ne s'y cachait.
Sous elles, le feu commençait à s'épuiser, mais l'eau avait gagnée en température depuis tout à l'heure et elle se faisait agréable. Rachel en profita. À choisir entre le bain et Jaya, elle choisissait le bain !

-Et... excuse-moi de m'en faire pour toi. Je devrais pas...

Elle réussit malgré tout à sourire et à se reculer dans son coin de baignoire. Un sourire amusé qu'elle n'eut étrangement pas à feinter.

-Mais un deal est un deal. Si tu arrives à enlever ce maquillage de Deuil, je te raconterai comment j'ai ruiné mon histoire avec Rossignol ! Mais en attendant, faut que tu me dises qui est le chanceux qui à le droit d'être ton petit ami !

Puisqu'il paraît que c'est ça qu'on fait dans la vie courante.
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En effet, tu es terrifiante. Je devrais commencer à m’inquiéter, vu tout ce qui arrive à ton entourage ! Puis j’imagine que tous les maux du monde sont de ton fait, aussi ! La famine, les tueries, la piraterie, les maladies,… T’es pire qu’un chat noir sous une échelle ! T’as déjà pensé à changer de faction pour aller porter la poisse à ton ennemi ?

L’ironie teinte sa voix et elle lui lance un sourire sarcastique. Elle n’est pas pour autant caustique, n’osant pas se le permettre alors que Louve lui confie à nouveau ce qu’elle craint et ce que l’expérience lui a appris par la force des choses. Sûr, elle a enchainé les casseroles et traine à ses pieds des boulets aussi gros qu’une punition mythologique et divine. Mais Lilou ne peut s’empêcher de penser que le Chaos à son contraire, et qu’on apprend la vie à grand coup de pied dans la gueule. Reste à savoir quelle leçon en tirer… Ça, la rouquine ne saurait le dire pour l’instant, surtout qu’elle est loin d’être certaine que toutes les claques aient vraiment une raison d’être ou un but en soi. L’expérience des corrections qui servaient plus de défouloir que de correction avec Yumen en premier enseignant… Bien que toujours mitigée sur ces choses de la vie, et luttant quotidiennement contre ces démons violents qui lui bouffent parfois les tripes et qui s’agitent comme des bêtes affamées en elle, Lilou a eu le temps de lutter contre ce passé et ces injustices, de lâcher prise lorsqu’elle était trop fatiguée et de ne jamais abandonner pour autant. Elle n’en a tiré qu’un seul enseignement, qu’elle communique avec une certaine philosophie :

Faut avoir touché le fond pour pouvoir remonter, Rachel. Mais la descente infernale est terminée, je te le promets.

Et sur ces derniers mots, elle saisit les mains de la brune pour donner plus d’importance à ces propos. Et riant à la suite alors qu’elle attrape une éponge sur le rebord de la cuve en demandant à la gothique d’approcher, elle accepte avec un certain amusement de s’occuper du maquillage de Rachel. Même si la Gothique a passé plus de six heures à tenter de s’en défaire, sans grand résultat, c’est en frottant sa joue qu’elle commence à se confier :

Le chanceux qui est mon petit ami ? Je ne sais pas si on peut parler de « chance » réellement, en ce que ça concerne, tu as l’air d’être la seule à me voir autrement de ce point de vue. Et ça risque de te décevoir, mais je n’ai personne !

Frottant toujours en glissant par moment des phrases à l’attention de la jeune femme en s’inquiétant de savoir si elle ne lui faisait pas mal, elle reprend d’un ton léger en se concentrant sur le noir qui borde l’ossature de son visage :

J’ai bien essayé, mais après une discussion à ce propos avec Wallace, et je te cite ses propres mots, j’aurais soit disant tendance à « me tourner vers des partenaires empreint d’un passé violent ou sujet à la violence ne pouvant que résulter sur une relation complexe, pulsionnelle et destructrice, sinon nocive dans le but certain de recréer et répéter compulsivement un traumatisme dont je n’ai pas encore trouvé l’issues et qui régente toutes mes actions », que ça démontrait chez moi « des tendances à la création par la destruction et inversement proportionnel, ainsi qu’une vision masochiste de la relation à l’autre en raison de l’absence d’images parentales fiables et des représentations biaisées qu’a mon esprit des liens humains, qui tient ses sources dans une prime enfance perturbées et difficile » et  qu’il valait mieux que je m’abstienne d’être avec qui que ce soit avant d’avoir suivi une vraie thérapie, s’interrompant un temps, elle relève les yeux pour les planter dans les prunelles vertes de Louve : Et du coup, comme je ne vais jamais aux rendez-vous qu’il me fixe pour la dite thérapie, ce n’est pas près d’arriver…

Petit rire clair, elle songe parfois à prendre un peu plus en considération les conseils de Wallace. Mais son côté brute de décoffrage et cette franchise audacieuse, sinon agressive, ont toujours tendance à éloigner la rouquine qui préfère sans doute répéter ses symptômes plutôt que s’en défaire. Ne sont-ils pas son seul rempart contre ce monde ? Si elle a su fonctionner avec jusqu’ici, pourquoi ça devrait changer ?

Je ne te parle même pas de son charabia sur ma soit disant « conception corporelle en rapport avec l’ostéogénèse imparfaite qui a évidemment faussée mes repères face à la douleur physique et le traitement que je peux infliger à mon propre corps », elle secoue la tête et rajoute avec un sourire : Putain de psy.

L’éponge se teinte légèrement de noir et la peau rougie de Rachel commence à apparaitre à force de passer plusieurs fois au même endroit avec énergie. La pauvre doit par contre sentir chacun des passages et sa peau doit être particulièrement irritée. La rouquine hésite un temps à continuer, parce qu’à ce train-là, il faudra sans doute lui greffer un nouveau visage… Quelle idée aussi d’avoir utilisé de la peinture ? Et puis d’ailleurs, elle est bien comme ça ! Ça donne un style assez terrifiant, qui lui va très bien, et qui aura de quoi déstabiliser ses ennemis dans pas longtemps… Autant jouer tous les atouts en main, non ?

Tu vois, ça commence à partir ! Ment-elle en s’en cachant à peine. Ce n’est absolument pas crédible et elle-même n’y croit pas. Mais bon, ses cheveux sont loin d’être démêlés, et du coup, elles en sont à peu près rendues au même point. Donnant donnant, Lilou avait parlé de son absence d’amoureux, à Louve ! Bon, alors… Rossignol ?


Dernière édition par Lilou B. Jacob le Ven 1 Aoû 2014 - 10:16, édité 2 fois
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-Au début, tu vois, c'était bien. On aurait dit un conte de fées. Et c'était moi la princesse. Une espèce de bonheur au quotidien. Red -tu dois le connaître- avait toujours réponse à tout et il donnait l'impression de tout savoir. Il était fort aussi, et puis attentionné... Alors oui on devait bien avoir vingt ans d'écart, mais je m'en moquais. J'étais bien. Vraiment bien.

Et puis la débâcle a commencé avec Toji. Y'a eu le procès. Le point de non retour avait déjà été franchi. Tout le monde était sur les nerfs, et Rossignol était introuvable. Je suis sortie un moment et je suis tombée sur un homme du gouvernement. Il a mis son doigt dans mes plaies, alors je l'ai étalé. C'est pas dans mes habitudes, je t'assure, je frappe pas les gens en général. Enfin, si, mais pas comme ça. Mais c'était la plus grosse bêtise de me vie. C'est tout ce qu'il voulait, et il l'a obtenu. C'est Red qui est passé derrière moi pour en effacer les traces et c'est lui qui en est devenu responsable.

Alors quand il s'est enfui à Impel Down, je l'ai suivi. Grillé pour grillé, je crois qu'il voulait aider un vieil ami à s'échapper, Tahar. Je l'y ai croisé, et pour me protéger du gouvernement et de la marine, de la justice et de la loi, il m'a affrontée. Évidemment, j'ai pas tenu trente secondes face à lui -il n'était pas un vice-amiral pour rien. Il m'a quitté sur un baiser et puis plus aucun signe de lui qu'une marque noire laissée dans mon bras, qui me rappelait qu'il était là, quelque part, jamais vraiment proche, jamais vraiment loin. Quand je me suis coupé le bras pour ne pas finir transformée en porcelaine par la poupée du Malvoulant, j'ai perdu pour toujours ce lien avec lui.

J'ai été le propre bourreau de l'histoire que le destin a tracé pour moi ; c'est bête, hein ?


Elle avait parlé comme elle parlait tous les jours. Sans émotions ou presque, à peine ponctués de sourires ou de petits rires pour tromper son amertume. Mais au final, contrairement à ce qu'elle aurait pensé, elle ne versa pas de larmes, ou ne devint pas instantanément nostalgique. Lilou avait raison, Rachel n'était pas femme à se laisser piétiner. Se relever, toujours, était l'un de ses points forts, et ces épreuves n’échappaient pas à la règle. Ça aurait été trop simple ; ça aurait été faire plaisir à la Dame.

En regardant Lilou qui elle semblait pimpante et gardait l'esprit vif malgré les cernes qui tiraillaient ses yeux fatigués, la faucheuse se demanda même si elle n'avait pas espéré pouvoir en parler à quelqu'un. Car au final, personne ne savait pour elle et Red. Elle avait eu peur qu'on la juge, elle avait craint que le monde se moque de ses états d'âme, elle avait redouté que parler de sa relation avec l'un des « Trois » l'aurait aussitôt faite jeter de l'élite. S'ouvrir à la rouquine n'avait eu d'autres conséquences que de l'alléger, de la libérer inconsciemment d'un poids qui la tiraillait. Bref, ce dont on parlait dans tous les manuels sur la vie en communauté, où « s'ouvrir » avait trois chapitres complet à la table des matières.

Petit sourire alors que Lilou s'écartait pour admirer un travail qui n'aboutissait pas -le visage de la brune affichant haut ses peintures.

-Mais oui je suis très déçue que tu n'aies personne à me présenter ! Pas même un prétendant ou un garçon sur qui tu as des vues ?

Sur une œillade amusée, Rachel se redressa et se mit debout dans la baignoire, se tenant précautionneusement au bord. Ses cheveux dégoutaient d'eau et lui collaient à la peau. Elle enjamba le bord, pas si rassurée que ça, et laissant Lilou à son bain chauffant pour quelques instants, elle alla trouver une serviette, celle-là même qu'elle avait voulu donner à Lilou plus tôt et entreprit de se sécher les cheveux, puis le corps, sans vraiment insister. Elle finit par se nouer la serviette autour de la taille, s'aidant de son membre amputé comme elle le pouvait, puis elle revint vers la rouquine qui barbotait -ou somnolait- depuis une petite minute, lui demanda pour un shampoing et revint vers elle avec le produit.

-Allez, dernière étape et puis je te laisse tranquille !

Elle avait tenté de mettre de la joie dans cette phrase, mais elle n'était pas aussi enjouée que Lilou. Seul un sourire avait réussi à fleurir sur son visage. Elle réprima un soupir avec succès et attaqua une nouvelle fois la chevelure de Lilou. Avec une seule main, elle mit le produit directement sur sa tête et entreprit de frotter et de masser ensuite. Ce n'était pas terrible et pas forcément efficace. Dans le genre d'une grue qui essaie de manger dans une assiette. Mais la brune prit son temps et fit du mieux qu'elle le put. Elle ne rinça pas, de peur de lui mettre du produit dans les yeux, alors elle plongea juste la main dans l'eau pour en enlever la mousse.

-Tu peux te les rincer si tu veux, ça devrait être bon là. Et de toute façon il faudra en vider l'eau après.

La brune s'éloigna de deux pas et la rousse plongea la tête sous l'eau. Elle frictionna ses cheveux avec attention. Rachel attrapa une autre serviette et d'une main, elle se sécha plus tranquillement et avec plus de soin les parcelles de sa peau qui ne l'étaient pas encore. S'asseyant finalement au bord de la cuve, peut-être un peu trop proche du feu qui couvait sous la baignoire, elle s'y accouda -ou plutôt s'y affala- et posa sur Lilou un regard empreint d'hésitations.

-Tu es avec les Rhinos Storms, c'est ça... ?

Une simple question de rhétorique. La vraie question suivait.

-Vous avez gardé... une stèle funéraire... ou quelque chose ? Pour...

Salem.
Pour au moins s'y recueillir. Et passer à autre chose. Encore.



Dernière édition par Blacrow L. Rachel le Ven 1 Aoû 2014 - 15:26, édité 1 fois
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Parait que y’a des hommes comme eux, qu’ont une emprise sur des filles comme nous. Et tu te retrouves marionnette d’un type duquel tu ne peux pas te détacher, avec des fils qui s’emmêlent, à faire des choses que tu ne sais pas pourquoi tu les fais.

Ayant écouté l’histoire de Rachel, la rouquine comprend pourquoi son monde a arrêté de tourner peu après cette débâcle fabuleuse. Sur un théâtre à jouer une scène qui n’était pas la sienne, confrontée aux travers d’un homme qu’elle considérait comme une personne de bien et qu’elle suivait aveuglement sans se douter de rien, avec le poids de la culpabilité l’empêchant d’avancer et de se remettre… Le revers de la médaille fait mal, évidemment. Mais c’est à se demander quand le destin arrête de filer des coups de pieds ? A quel moment en a-t-il marre ? Attentive toujours, elle trouve néanmoins un écho à sa propre Histoire, celle avec la grande hache et un homme peu recommandable. Et lorsqu’elle parle de ces choses, c’est parce qu’elle les connait :

Le truc, c’est que sans ton marionnettiste, tu te demandes ce que tu es. Et avant de retrouver ton libre arbitre, il te faut trouver comment combler le vide que laisse son absence… Elle marque une pause avec un sourire triste, sentant le petit battement diffus sur son torse lui rappelant inlassablement la présence du Chien Fou. Et avec l’air amer, elle ajoute : Y’a des types comme eux qui font plus de mal que de bien à des filles comme nous.

Ses pensées vont vers Red. Le fameux agent Red qui l’avait abandonné dans une de ses nombreuses planques pour ne jamais revenir la chercher. Elle se demandait, parfois, s’il regrettait de ne pas être rentré. S’il s’en voulait de lui avoir mentit. S’il avait une pensée pour cette rouquine qu’il avait laissé derrière par deux fois… Et surtout, s’il songeait à Rachel, et à tout le mal qu’il lui avait fait en l’aimant…

Connard de Rossignol. Quand il ne joue pas aux agents secrets, voilà qu’il enfile son costume de Prince Charmant.

Lilou se met à rire, distraitement. Elle est admirative de cette relation, en voyant que l’un comme l’autre, ils s'étaient aimés au point de détruire leur plus belle œuvre. Elle se met à y réfléchir, à essayer de trouver pour qui elle pourrait tout abandonner, juste pour le sauver et le maintenir en vie, pour qui elle ne resterait plus cette putain d’égoïste. Il y a bien Tahar, mais encore fallait-il qu’il veuille lui laisser une place dans sa vie. Elle chasse cette étrange idée en soupirant, se creusant encore les méninges… Et en voilà une autre. Il y a Oswald. Oswald, ce fou psychopathe à l’humeur facétieuse et aux manières rustres. Mais Oswald, le seul qui la soutenait qu’importait ce qu’elle envisageait. En s’installant près de Rachel pour qu’elle continue son office, ses pensées restent fixées sur cet homme, répondant distraitement sans écouter la question complètement :

Il y aurait bien le Commodore Jenkins… Mais bon…

Prétendant ou coup de cœur ? Soudainement, Lilou se reprend et s’empresse de préciser :

Enfin ! En prétendant, je veux dire ! Ça date d’avant sa montée en grade et sa prise en charge de l’équipage… Et puis, ce ne sont que des suppositions, rien de très concret… Puis c’est très bête ce que je dis, Jenkins est mon supérieur et a beaucoup mieux à songer qu’une amourette, donc…

Avisant Rachel du regard, Lilou ordonne fermement :

Oublie ce que je viens de te dire. Il n’y a personne.

Personne. Surtout parce qu’elle n’a plus le temps à consacrer à ce genre de choses. C’est petit et puéril. Ça serait du temps perdu inutilement, à courir après des chimères pour un bonheur illusoire et ridicule ; Toutes les histoires d’amour finissent mal. Il n’y a pas de fin heureuse. Il n’y a que la souffrance causée par un attachement vain. Non, Lilou, derrière ses grands sourires, ne veut plus se réclamer de ce genre de personne au cœur faible. C’est une guerrière qui gronde dans son armure, pas une midinette qui s’entiche des mauvaises personnes ! Une guerrière, bon sang !...
Une guerrière, à l’image d’Alheïri Salem Fenyang.

Une autre chose qu’elles avaient en commun, Rachel et elle.

Sa stèle est sur Alabasta. C’est l’endroit où il est né, et celui où il est mort. Puis là-bas, il est proche de sa famille, et tu sais à quel point la famille, c’était quelque chose d’important pour lui. Ça nous a semblé une bonne idée.

Les cheveux dégoulinants devant les yeux, sa mine s’assombrie. Elle relève ses jambes et les blottit contre son buste comme une enfant, comme pour se maintenir entière. Comme pour que rien ne s’échappe encore. Et pourtant, le pire vient sans qu’elle puisse le retenir :

Il me manque parfois.

Salem et sa présence. Salem et son sourire. Salem et cette autorité naturelle, son odeur de tabac qu’Oswald a récupéré, comme pour le symbole ; mais du même temps, à chaque fois qu’elle sent cette odeur, son cœur se serre et lui fait mal. Elle a l’impression de sentir encore une blessure saignée, vive et violente. Lassée de s’en faire, elle se réinstalle contre la cuve et lève le regard vers Rachel avec un sourire franc mais triste et l'envie de changer de sujet très vite :

Tu vas rester avec nous, un peu ? T’es là pour Flist aussi ? Genre, en renfort ? Puis faut que tu viennes sur le Léviathan ! Y’a tellement de choses à faire là-dessus, tu ne pourras pas t’ennuyer ! J’ai un hangar grand vingt fois comme ça où je peux faire un peu ce que je veux, c’est méga cool ! Puis les Rhinos Storm sont comme une grande famille ! Tu y aurais ta place, tu sais ?
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Les phrases de Lilou sont belles et empruntes de poésie. La métaphore sur le marionnettiste aussi. À croire qu'elle avait préparé son discours à l'avance, qu'elle l'avait déjà fait ou bien qu'elle l'avait piqué à un autre. Pour autant, Rachel ne se sent pas vraiment concernée.  Elle imagine Red avec tous ces fils. Elle s'imagine elle-même, guidée par lui, bercée par lui, gigotée par lui, et n'y crois pas. En fermant les yeux sous les mots de Lilou, elle voit un marionnettiste au grand sourire démoniaque et dont on ne verrait que les yeux, deux braises dans la pénombre, emmiellant sa marionnette dans les fils qu'il contrôle. Le destin personnifié, jouant avec les fils de la vie. Mais pas Red. Au mieux, il était  la lumière du phare pour les marins, l'étoile dans la nuit. Toujours présent, toujours guidant. Et une fois disparut, la laissant seule, désemparée et perdue.

Et sur le dernier point aussi elle se trompe. Red a fait tellement de bien à Rachel. C'est son absence qui lui fait le plus de mal.

Elle garde donc le silence lorsqu'elle parle de Rossignol comme si elle le connaissait. Ce qui après tout était probablement vrai. En tant qu'agent secret -comme elle le disait- Rachel ne le connaissait pas. Et puis, il y avait eu les journaux et de très nombreuses raisons de le traiter de connard. Elle se contente alors de jouer avec les rides à la surface de l'eau, de la pointe du doigt et d'un air distrait.

Et ne pas répondre au sujet de Salem et de la stèle. Laisser un ange passer. Juste le temps d'effacer cette image de lui, mort, dans divers scénarios. Et puis reparler de Flist. Oui, c'était une bonne idée ça. Parler de Flist. Ne pas rebondir sur la proposition de Lilou. Parce que se poser...
Oh bien sûr ça lui fit plaisir qu'elle lui propose. Voyager avec un équipage, à nouveau, arpenter les mers sous les ordres d'un ordre pour en exécuter de plus belle, ordres comme pirates. Mais elle n'était plus sûre de vouloir ça de nouveau. Et probablement pas à bord du Léviathan, qui empestait Salem, qui vibrait Salem, qui chantait Salem, du bois aux métaux, des draps aux voiles. De l'équipage à la batterie. Pas en parlant de famille sans Salem. Alors oui, éludons la question et parlons de Flist.

-Nop, je ne viens pas en renforts. Vous avez vos faits de guerre, je pense qu'ils ne sont pas nombreux à douter de vous et encore moins de l'autre côté à ne pas vous craindre. Vous avez pas besoin de moi, surtout pas estropiée comme je suis.
Je poursuis juste une fille, une fillette presque, qui obéit au Malvoulant, et qui a disparu des radars. Elle est dangereuse, imprévisible et complètement détraquée. Je venais ici glaner des informations. Quitte à interroger moi-même Flist une fois que vous l'aurez capturé.
Mais je pourrais vous aider si votre plan le permet et que Sebastian supporte de m'en voir faire partie.


Et puis elle se souvint de cette première rencontre, de ce hangar, de ce robot démon. Démon ? Ah oui, le fruit du canard.

-J'ai cassé mes talons tout à l'heure. Depuis que j'ai perdu Black Crow à Impel Down, il a fallu que je me défende autrement. Tu penses que ton robot géant pourrait m'en refaire en fer bien solide ? Avec des pointes par exemples ? Ou de l'encre pour tatouer les méchants pirates ? Oh mieux ! Me faire des chaussures que je ferais chauffer pour les marquer au fer rouge ! Hihi.  Il est pas là d'ailleurs ton robot ?
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La rousse remet la tête sous l’eau pour enlever les dernières traces de savon ; ressortant peu de temps après, elle attrape à tâtons une serviette que Rachel lui place sur le rebord de la cuve, pour s’essuyer le visage et enfin la place autour de ses cheveux. Retenus tous à l’aide du linge, elle se glisse au bord et répond à la gothique avec un sourire franc :

Je suis sûre que le Commodore t’a déjà inclus dans le plan, qu’importent les plaintes de ce Sébastian ! Lilou se souvient à peine l’avoir croisé, celui-ci… Mais s’il râle autant que la rumeur le dit, ça risque d’être amusant lors de l’élaboration des offensives avec les nouveaux effectifs. Elle voit déjà le commodore s’en arracher les cheveux pour les manger, surtout si les derniers arrivants ne sont pas friands du plan qui consiste à foncer dans le tas et réfléchir ensuite. Nouveau rire amusé en imaginant Oswald plaider sa cause sous la tente des officiers, elle ajoute : Puis, on est une bande de bras cassés : Tu nous as vus, non ? Donc, t’es forcément son genre ! Jenkins adore les estropiés !

Loin d’être au fait avec le comportement des Hypériens, mise à part Rei, Lilou l’était beaucoup plus quand à l’avis de son supérieur sur les membres de son équipage, et encore plus sur ceux qui en ont vu. Rien qu’avec Wallace et Oswald, y’a un sacré niveau d’estropiage. Ce n’est peut-être pas un moignon visible et affichée, mais tous deux en tiennent une couche bien épaisse… Et c’est sans parler d’elle. La rouquine s’arrête néanmoins là, elle est contente de pouvoir faire équipe avec Rachel au moins pour quelques jours et lui permettre d’avancer dans sa quête personnelle. A l’occasion, sans doute partageront-elles d’autres informations sur cette folle furieuse de Nazca mais pour l’instant, la rouquine répond à sa vis-à-vis avec une risette assurée :

Bee est sur le Léviathan, il maintient l’activité sur le navire. Ça fait toujours étrange aux petits nouveaux de se faire commander par un canard, mais ils prennent l’habitude à force… On ira le voir, plus tard, si ça te dit !

Jouant avec son doigt en dessinant les talons que la gothique lui décrit à l’aide de l’humidité sur le bord de la cuve, Lilou termine d’ajouter avec enthousiasme :

Et je les ferais moi-même, Rachel ! Tu les auras avant de partir de Jaya…

Petit pincement au cœur, elle n’a pas vraiment envie de voir partir son amie. Où tout du moins ce qui ressemble le plus à une amie dans ce bas monde. Il n’y a pour l’instant qu’avec elle que Lilou a réussi à parler avec autant de légèreté et sans barrières. Sans doute parce que l’une comme l’autre sont faites du même bois et viennent de la même planète. D’un univers de loup et de fou qui s’entredévorent… Elle tend la main doucement vers les serviettes encore sèches et en tire une en faisant tomber toutes les autres. Air contrit par sa bêtise, elle hausse finalement les épaules et se relève pour s’entourer de son linge en posant pied au sol :

Mais une fois rincée et habillée, si tu veux bien.

Sourire complice, Lilou pichenette le front de Rachel et accompagne son mouvement d’un petit rire amusé :

En fait, on verra même ça bien plus tard ! File maintenant, j’ai fort à faire avant de m’endormir sur la coiffeuse !
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Quelqu'un qui te soutient, quelqu'un qui te remonte le moral et t'écoute et t'apaise. Lorsque quelques années auparavant, alors qu'elle venait à peine de lui forger Black Crow, Rachel avait dit à celle qui lui proposait aujourd'hui de lui fabriquer des semelles qu'elle demandait avec humour qu'elle la considérait comme une sœur, elle n'aurait jamais cru que perdu dans une jungle au milieu de Grand Line, elle en soit à ce point persuadé. Ce constat la fascina un instant. Elle avait grandi sans mère -un manque comblé par de très nombreux pères- et du coup sans aucun frère ou sœur pour l'épauler. Elle n'en avait jamais eu besoin après tout. Mais ce soir, comme elle n'aurait jamais cru l'imaginer, elle en avait besoin, et elle retrouvait à nouveau cette même Lilou, avenante, souriante, forte et tout en caractère. Finalement, et pour répondre à ses interrogations, elle était heureuse de la retrouver. Même ici, dans cet enfer, au milieu de la catin de Grand Line. Il était donc possible, après tout, que ce soit enfin un cadeau du destin.

-Merci pour tout Lilou. Et ne t'en fais pas, demain tu pourras dormir. J'empêcherai quiconque de venir te réveiller !

Par acquis de conscience, elle ramassa les serviettes étalées par terre, manquant à chaque fois de perdre celle nouée tant bien que mal autour de ses hanches, et les reposa pêle-mêle en un tas à l'équilibre approximatif. Si jamais on reprochait à quelqu'un ces serviettes mal rangées, elles pourraient facilement être mises sur le compte de l'handicap nouveau de Rachel. Elle s’apprêta à sortit, mais se ravisa. Elle fit volte-face et se pendit au cou de Lilou. Elle avait peut-être un ou deux voire trois ans d'écart, mais elle faisait presque une tête de plus qu'elle. Elle l'étreignit quelques courtes seconde et disparut après avoir planté un baiser sonore sur la joue de son amie. Et elle disparut par l'entrée de la tente, repoussant la toile qui servait de porte.

Pour reparaître cinq secondes plus tard, toujours uniquement couverte de la serviette blanche.

-Euh juste, c'est pas où que je suis censée passer la nuit ? J'ose pas demander à quelqu'un.

Elle lui expliqua, entre amusement et doutes quant à voir Rachel ainsi vêtue déambuler dans le camp de nuit. Même à presque cinq heures du matin, il y aurait toujours des gens réveillés et qui sait, des yeux et espions extérieurs.

Tu vas pas sortir comme ça ?
-Oh tu as raison ! Rachel courut vers la chaise où reposaient ses affaires, plissa le nez devant sa robe de nuit trempée et balança le tout sur son épaule nue. Bonne nuit !

Et la gothique de disparaître une nouvelle fois dans la nuit, fraiche, qui touchait à sa fin, sans plus se retourner.
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