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La Marine d'Elite pour les nuls - Tome II

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[Suite de La Marine d’Élite pour les nuls - Tome I ! Bonne lecture !]

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Alrahyr - Shintaro, vous devez être habitués depuis le temps - était venu dans le bâtiment dédié à la stratégie et à la formation des officiers pour prendre connaissance du tableau de la formation. Il était très tôt : il avait souhaité faire un tour à l'aube dans le camp pour en découvrir le lever. L'air était frais, le soleil n'ayant pas encore eu le temps de réchauffer l'atmosphère. C'était vraiment très agréable, et cela marquait une sorte d'arrêt dans le temps. Les deux derniers jours avaient été éreintants : le premier pour les tests physiques, le second pour la quantité d'informations à intégrer. La formation des officiers avait débuté la veille, l'après-midi, et avait consisté à apprendre un maximum de choses de bases sur ce que devait savoir faire un officier dans l’Élite. Pour résumer en un mot : tout. Car il était demandé aux soldats de cette section de la Marine d'être extrêmement polyvalents, alors en ce qui concernait les officiers, il fallait l'être encore plus, en ajoutant à cela les responsabilités.

Chaque nouveau Sergent avait désormais une unité qui lui était propre, avec les noms de chacun, composée de trois Caporaux chacun responsable de sept soldats. Soit une unité d'un total de vingt-cinq hommes, en comptant le Sergent. Leur supérieur direct était l'instructeur en chef Redfort, pendant toute la durée de leur formation et pendant quelques temps encore après.

Tous avaient passé leur dernière nuit dans le dortoir collectif, réputé très calme car proche de celui des instructeurs. Dernière nuit, car dès le soir ils allaient être regroupés par unité. Et pour améliorer la cohésion du groupe, les formateurs attribuaient un terrain à chaque unité et leur ordonnaient de se débrouiller pour s'y loger. On leur fournissait de quoi établir des tentes de fortunes, et on leur donnerait ensuite accès à tout un entrepôt de matériaux plus ou moins endommagés. En fait, il s'agissait des restes des bâtiments et navires cassés, et de tout ce qu'on avait pu récupérer en mer que les ingénieurs de la Marine ne voulaient plus. Autrement dit, c'étaient des matériaux de fortune, de très mauvaise qualité, pas loin de tomber en miettes. Mais encore en état.

Le but de cet entrepôt était de permettre aux unités de se construire eux-même le logement dans lequel ils allaient dormir pendant de nombreuses semaines. Seulement, ils n'auraient pas vraiment le temps d'effectuer cette tâche de construction : les journées allaient être remplies au maximum et les soirées écourtées par la fatigue. Autrement dit, le logement allait venir petit à petit, il allait falloir faire évoluer le campement rudimentaire des tentes en quelque chose de plus confortable et de plus permanent. C'était à l'unité de s'organiser, comme elle pouvait.

L'objectif de cette démarche était, encore une fois, de provoquer une cohésion de l'unité, et de l'entraîner à ce type de conditions : un habitat rudimentaire, une possibilité de l'améliorer avec des matériaux de fortune, sans temps pour le faire à cause des opérations prenant toute la journée - et parfois même la nuit.

En clair : quelque chose d'efficace à terme.

Mais pour le moment, Alrahyr consultait le programme des prochains jours. Son unité allait passer par tous les instructeurs très rapidement, chaque jour, et y revenir régulièrement. Ils allaient toucher à tout, et approfondir chaque connaissance. Une chose essentielle à la formation de l’Élite, et quelque chose de très important.

Il allait rencontrer pour la première fois les membres de son unité dans quelques heures, au grand rassemblement des nouvellement recrutés, où tous les instructeurs présenteront le programme de leurs formations respectives. Cela serait également l'occasion de voir à quoi ils ressemblent ! Le jeune homme ne connaissait pour le moment que l'instructeur en chef, Daniel Redfort, chargé de la stratégie et de la formation des officiers, ainsi que l'instructeur Gary Cooper, chargé de l'entraînement physique, de la discipline, et de la cohésion de groupe. Mais il y en avait six autres, selon ce qu'avait dit Redfort la veille.

- Tout va bien Sergent ?

Alrahyr se retourna, surpris de la présence de quelqu'un d'autre à cette heure si matinale. L'homme qui s'était adressé à lui était de taille moyenne, la trentaine, les cheveux châtain clair, et portait l'insigne des instructeurs sur ses vêtements en plus du grade de Sergent. Mais ce grade ne voulait rien dire : il était instructeur, donc de toute manière supérieur hiérarchique de tous les autres.

La Marine d'Elite pour les nuls - Tome II Andrewp_imagesia-com_3es8

- Euh... Bien Monsieur, je consulte le tableau
- Je vois, oui. Savez-vous qui je suis ?
- Non Monsieur.
- Instructeur Harrick. Andrew Harrick.
- Mmm

Alrahyr chercha dans sa mémoire. Redfort leur avait fait la liste des instructeur, et leurs spécialités.

- Repérage, Planification, Analyse ?
- Et Logistique. Bien ! Comme on doit l'attendre d'un Sergent. Et vous ?
- Sergent Shintaro Kuroda, recruté il y a deux jours.
- Non, je ne crois pas.

Le jeune homme était surpris.

- Que voulez-vous dire par là ? Demandez à l'Instructeur en Chef, il nous a reçu hier !
- Je ne parle pas de la date de votre arrivée...

Euh...

- Voyez-vous, je suis dans ce qu'on appelle l'Information, avec un grand "I". Mon boulot, c'est d'apprendre à vous, les futures Élites de cette magnifique armée qu'est la Marine, de vous informer sur tout ce qui vous entoure. Tout, absolument tout. Et, évidemment, pour enseigner cela, il faut savoir le maîtriser à la perfection.

Alrahyr ne comprenait pas où il voulait en venir.

- Et comme je fais bien mon boulot, je maîtrise l'Information à la perfection. Aussi, j'ai le réflexe d'étudier les dossier de nos nouvelles recrues dans les moindres détails. Les moindres, le plus profondément possible.

Là, ça devenait gênant.

- Vos cicatrices sur votre visage sont vraiment récentes. Dues, selon vos dires au navire patrouilleur qui vous a recueilli en mer, à divers déboires sur terre et en mer. J'y crois sans problème, au vu des marques qui n'ont pas pu être faites volontairement, j'en suis convaincu.

Et heureusement ! Car cette histoire était vraie ! Alrahyr se rappelait le mât qui lui était tombé sur le visage, et les mouettes qui avaient tenté de le bouffer...

- Non, ce n'est pas ce point-là qui m'a posé problème dans mes recherches voyez-vous.

L'homme plissa les yeux vers son interlocuteur.

- C'est un agrégat d'indices. Shintaro Kuroda, ce nom est dans un conte de Boréa, très peu connu, mais suffisamment pour avoir marqué mon esprit lors de mon enfance passée là-bas. C'est une très vieille histoire, aussi il est possible que vos parents aient délibérément décidé de vous appeler comme cela.

Alrahyr commençait à pâlir.

- Mais, voyez-vous, Shintaro Kuroda, dans le conte, était un assassin, maudit, mort dans d'atroces souffrances suite au mal qu'il a pu faire à ses proches et aux autres. J'ai donc du mal à voir des parents appeler leur fils ainsi en connaissant le conte.

Il fit de nouveau une pause, comme entre chaque nouvelle.

- Mais, admettons que cela se soit quand même fait. Comprenez bien que quelqu'un comme moi a envie de pousser plus loin la recherche, pour comprendre, pour s'informer ! Et là, je suis tombé sur les récents événements qui ont bouleversé cette magnifique île de Boréa. Un dénommé Alrahyr Kaltershaft, de la très bien réputée famille Kaltershaft, a organisé une rébellion contre les nobles, a pris les armes et a massacré ceux qui habitaient à Bocande. Puis les rebelles se sont fait vaincre par la Marine, et Kaltershaft a pu s'échapper.

Dangereux... Le jeune homme serrait les dents.

- Mais je pense que vous connaissez les détails, c'est pour cela que je ne vais pas m'y attarder. Voyez-vous, peu de temps après son échappée, la Marine retrouve un naufragé en pleine mer qui dit venir de Boréa et s'être échappé au moment de l'attaque des rebelles. Soit. Il ne ressemble pas à Alrahyr, et s'appelle Shintaro. Pourquoi pas, je ne blâme pas ce brave navire patrouilleur.

Il se gratta le menton, comme s'il avançait dans la démarche de sa pensée.

- Coïncidence ? Possible. Même si ça commence à faire beaucoup, laissons le bénéfice du doute. Mais, pour couronner le tout, ce Shintaro est un excellent forgeron, adepte du bouclier et combattant hors pair. Ce n'est absolument pas un crime en soi ! Loin de là, vous avez le droit d'être efficace et de savoir vous servir de vos dix doigts. Ce qui me chagrine, voyez-vous, c'est l'assemblage de tous ces petits bouts.

Il avait tout deviné.

- Et pour terminer, lorsqu'on compare une image d'Alrahyr à votre visage, on y voit des traits extrêmement flagrants. Vraiment.

Il fit une moue étrange.

- Mais je crois que ce qui me chagrine encore plus, c'est de ne pas tout comprendre, en réalité. Parce qu'au passage, vous avez sauvé la vie de l'équipage de ce patrouilleur qui vous avait sauvé. Parce que vous avez gagné la confiance de beaucoup d'hommes. Parce que vous avez demandé à intégré la Marine d’Élite, et qu'à aucun moment vous n'avez semblé préparer quoi que ce soit. On ressent en vous une certaine sincérité, une envie de faire ce que vous faites. Vous avez besoin de vous engager dans nos rangs, vous le voulez vraiment, et vous souhaitez servir nos intérêts. Je le vois, c'est clair comme de l'eau de roche, et c'est indéniable.

Il interrompit Alrahyr, qui venait d'ouvrir la bouche pour tenter de s'exprimer.

- Non, n'en faites rien. Je ne veux pas savoir, tout ce qui m'importe, c'est votre intégrité. Quel que soit l'endroit d'où vous venez, si vous servez l’Élite comme on vous le demande, après tout, que peut-on vous reprocher ? Oh, vous avez tué une vingtaine de noble, et des Marines à la pelle. Mais ici nous sommes l’Élite. C'est différent des sections classiques. On n'est pas pareil.
- Vous avez une façon de voir les choses qui me surprend.
- Et ? Cela joue en votre faveur, n'est-ce pas ?
- Bien sûr. Mais vous devez être le seul ici à penser comme cela. Et je vais avoir des problèmes avec les autres.
- Je ne pense pas. Déjà, il faut avoir la curiosité de faire les mêmes recherches que moi.

Il fit une pause, puis :

- Ensuite, voyez-vous, j'ai quelque chose au fond de moi qui m'incite à vous faire confiance. Je vous observerai, bien entendu, et je surveillerai chacun de vos mouvements. Mais je crois en votre intégrité. Voyez-vous, j'ai donc détruit certaines... traces... Il faudrait un temps fou pour reconstituer tous ces fils, croyez-moi, et une solide connaissance en la matière.
- C'est... pourquoi me faites-vous confiance ainsi ?
- Je ne le sais pas. Je vous fais assez confiance pour n'en informer personne. Vous devriez vous en réjouir, n'est-ce pas ?
- C'est que... cela me rappelle ces événements. Et je ne croyais pas être démasqué ainsi, du moins pas si vite.
- L’Élite vous surprendra chaque jour, soyez-en certain.
- Je vous remercie.
- Restez tout de même sur vos gardes. Si quelqu'un trouve la photo d'Alrahyr et la compare, juste comme ça, au visage de Shintaro, vous allez couler. Tenez, prenez ça.

Harrick lui tendit un tissu noir. Une cagoule.

- Mais... ça ne fera pas encore plus suspect ?
- Héhé, ici les officiers sont très... particuliers. Et le fait d'être habillé différemment de la tenue classique de la Marine est propre à l’Élite. Ainsi, ce nouveau style vous ira à ravir, j'en suis persuadé !
- ...
- C'est très important, croyez-moi. Si votre unité en vient à savoir qui vous êtes vraiment, abandonnez toute idée de cohésion, ce sera foutu et vous pourrez partir les pieds devant. Enfilez ça et suivez-moi.

Alrahyr obéit et marcha sur les pas de cet homme vraiment surprenant. Il l'emmena dans une pièce plus loin, dans un autre couloir.

- On a reçu un colis hier soir, adressé à votre nom. Shintaro, je veux dire. Le seul qui existe encore, n'est-ce pas ?

Il fit oui de la tête.

- Bien. Il me semble que ça vient des ingénieurs de la Marine, au QG de North Blue. Je pense que ça ira très bien de pair avec la cagoule !

Alrahyr ouvrit le coffre et fut de nouveau fortement surpris. Il s'agissait d'une armure, type samouraï, en Acier Kaltershaft. Il leur en avait laissé quelques barres, pour leurs propres travaux, mais il n'imaginait pas qu'il lui en feraient cadeau en retour ! Ils avaient façonné une armure magnifique, sobre, à l'image des armes qu'il avait forgées devant eux, mais respirant la force et la puissance. Ils avaient également joint un très large Sugegasa pour se couvrir la tête.

- On dirait que d'autres personnes vous soutiennent, Sergent Kuroda. Présentez-vous ainsi au rassemblement. Le but des nouveaux officiers, c'est aussi de se faire respecter et d'inspirer le respect aux autres Élites. Cela mettre en valeur l'ensemble de votre unité, qui vous portera en honneur et aura une cohésion renforcée.

Alrahyr était dubitatif...

- Croyez-en mon expérience ! Et veillez à ce que votre unité ne voie jamais votre visage. Car même si vous devez renforcer la cohésion, ils n'ont pas besoin de vous voir comme un humain. Il faut qu'ils aient confiance en vous, pas en votre humanité. Vous verrez, vous serez agréablement surpris.

Ainsi soit-il...

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Dernière édition par Alrahyr Kaltershaft le Dim 24 Aoû 2014 - 16:44, édité 1 fois
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Du coup, maintenant, Shintaro Kuroda était vaaachement bien fringué. Les ingénieurs avaient fait un travail remarquable : l'armure était vraiment légère à porter. Elle n'était pas complète, et était plutôt composées de vêtements de cuirs et de lanières entrelacées. Elle ne gênait pas les mouvements, et protégeait certaines zones les plus exposées à l'aide de plaquettes d'Acier Impérial, très fines - donc plus légères - mais pas moins résistantes. Et ce Sugegasa, magnifique ! Il convenait parfaitement au port de la cagoule noire. D'ailleurs, en passant, ça n'était pas une cagoule de basse qualité. Alrahyr l'avait senti de suite : le tissu était extrêmement fin et semblait laisser passer la transpiration. Très agréable à porter, et ne tenait pas chaud au soleil. Soleil qui était, d'ailleurs, bloqué par le Sugegasa...

En bref, il était paré pour prendre en charge son unité, avec classe. Équipé de son bouclier qu'il portait sur son dos et de ses trois sabres - de tailles différentes, rappelons le : un long, un moyen, et un très court -, il se dirigeait vers le terrain de rassemblement.

Comme l'avait souligné l'instructeur Harrick, le jeune homme observa une troupe bien hétéroclite : l'uniforme n'était pas de rigueur. Même si beaucoup l'utilisaient comme base vestimentaire, ils n'hésitaient pas à ajouter leurs propres touches personnelles. On trouvait des vestes rajoutées par dessus, des tissus supplémentaires, des armures plus ou moins complètes, des armes diverses et variées, parfois de taille démesurée, etc. Mais ce qui frappa le plus Shintaro, ce furent les deux hommes placés entre les instructeurs et le reste des troupes.

Ils portaient, comme lui, une armure de samouraï, mais ces armures semblaient plus complètes et plus lourdes. Le premier portait un casque étrange, avec un long nez et deux fines petites cornes sur le haut. Il tenait en main une lance immense entièrement faite de métal. Le second, lui, avait un casque avec une grande bouche forgée, et deux longues cornes sur le dessus, qui pointaient vers le ciel. Mais son armement était largement différent : une lourde mitrailleuse à canons multiples, une sorte de prototype, était attachée à lui à l'aide d'une longue sangle qui passait par dessus son épaule. Il avait une sacré quantité de munitions dans le dos, des balles du diamètre d'un pouce et longues comme le majeur. Un bourrin dans toute sa splendeur.

Et sérieusement, ils avaient la grande classe.

Shintaro avançait donc à travers les hommes regroupés là, pour prendre lui aussi position. Et il sembla qu'il intriguait l'assemblée. Plus que cela, son arrivée avait provoqué un silence qui s'était rapidement déposé sur les soldats, comme un voile qu'on aurait lâché depuis le ciel. Son attirail faisait fureur, et il entendait des murmures, lui faisant comprendre que le fait d'avoir masqué son visage inspirait un certain respect, un mystère, et un impression de grandeur.

Alors, soit ces soldats étaient facile à impressionner, soit cette armure était vraiment cool.

Puis, au fur et à mesure qu'il avançait, il entendit plusieurs fois qu'on mentionnait son Sugegasa. Et il paraissait que c'était en fait la source de ce sentiment qui se propageait. Bien... Donc ils étaient impressionnés par le large Sugegasa. Enfin, c'était pas une coupe afro non plus !

Quoi qu'il en soit, il se plaça au milieu des deux autres Sergents, faisant face à leurs futures unités.

Aperçu:

L'instructeur en chef, Daniel Redfort, prit la parole.

- Bienvenue à tous, vous avez chacun une unité assignée. Veuillez vous placer en rangs en face de votre Sergent. Je veux trois lignes par unité, une pour chaque Caporal. Pour le moment vos unités n'ont pas de nom, vous devrez en choisir un plus tard. Unité "A", face au Sergent Minamishima Atsugi !

Les soldats commencèrent à se mettre en mouvement pour se placer devant celui qui tenait la lance.

- Unité "B", face au Sergent Shintaro Kuroda ! Unité "C", face au Sergent Iesugi Ruy !

Et enfin les trois sections étaient placées, chacune attribuée à son Sergent d’Élite. Les trois se retournèrent vers leurs instructeurs, prêts à suivre les ordres.

- Vous allez passer de nombreuse semaines ici pour votre formation. Au cours de ces semaines, il y aura plusieurs concours entre vos unités. Les gagnants recevront à chaque fois des matériaux supplémentaires, de meilleure qualité, pour établir leur camp de base, de meilleures armes, et surtout, ce que nous appelons des "points navire". A l'issue de cette formation, chaque unité obtiendra un bateau, dont la qualité et les équipements dépendront des points navires qu'elle aura accumulés.

Il fit une pause, puis :

- Et en bonus, pour apporter une motivation supplémentaire... Le Sergent à la tête de l'unité jugée la meilleure recevra une récompense vraiment très spéciale ! Pour le moment c'est un mystère, mais croyez-moi, vous ne serez pas déçus ! Maintenant, je laisse la parole à chaque instructeur pour qu'il présente son programme d'entraînement.

Cooper fit un pas en avant en commença à gueuler :

- Ok bande de loutres ! Vous me connaissez, Caporal Gary Cooper, formation physique et discipline ! Avec moi, vous allez souffrir, vous allez en baver, vous allez devenir assez forts pour creuser des trous à travers Redline, croyez-moi ! Et je serai aussi là pour vous apprendre ce que c'est qu'écouter les ordres ! Parcours du combattant, course à pied, nage avec des poids, escalade avec des sacs de plomb, vous verrez du pays c'est moi qui vous le dit !

Il recula, laissant la place à un type qui... lui ressemblait vachement en fait... Mais il parlait normalement, lui.

- Moi c'est Henry Cooper. Oui, on est frères, non, on n'est pas pareils. J'vous enseignerai l'art du tir et des armements qui permettent de tirer partout. Personne sur cette terre ne sait mieux tirer que moi, alors z'aurez intérêt à suivre mes conseils !

- Andrew Harrick, Repérage, Analyse, Planification, Logistique. L'information ici, c'est moi. Mais je vais également vous apprendre que les soldats, c'est bien, la force, c'est cool, mais si la logistique ne suit pas, vous pouvez toujours vous brosser pour arriver à la fin d'une mission. Si vous n'avez pas préparé le terrain et mis en place un plan d'attaque, vous courrez droit à la mort. Alors je serai là pour vous apprendre tout ça !

- Lyanna Flores, moi je vais vous apprendre les arts martiaux. C'pas que ça m'enchante, mais c'est mon job. Et puis au passage, l'infiltration et le camouflage. Parce que repérer le terrain, c'est bien, mais si on se fait repérer, ça ne sert plus à rien.

- Jango Sanclair !

Ce mec était vraiment... Louche... Une sorte de tortue géante qui se tenait debout, habillée comme un ninja. Une tortue ninja.

- Guérilla urbaine mes gaillards, tactique de combat, et interrogatoire ! Avec moi, vous pourrez vous ramenez solo dans les banlieues les plus mal fréquentées et pas vous faire tuer par les racaille de la zone ! Et je vous apprendrai également à savoir pour en sortir dans un combat, découvrir votre adversaire, le comprendre, apprendre mouvement après mouvement, et trouver ses failles. Et enfin, vous allez adorer cette partie : l'interrogatoire en bonne et due forme ! Pas la manière fée clochette de la Marine classique non, ici c'est un vrai interrogatoire ! Vous allez bien aimer, niark niark niark.

Il faisait peur ce type... Et il laissa la place à une montagne sur pieds.

- Castel Roc ! Tout sur tout sur les navires ! Navigation, armement, discipline à bord ! Z'allez tout apprendre sur la mer avec moi ! Les courants, les tempêtes, que faire quand, tout !

Sérieux ? Il pouvait monter sur un navire, lui, sans le détruire ? Vu sa taille, ça semblait étrange...

- Bobby Hoobermind. Parce que l'Elite, c'est aussi la communication, je vous apprendrai ce qu'il faut savoir sur le codage des données, les techniques de transmission, mais aussi sur les législations en vigueur sur les communications.

L'instructeur en chef s'avança de nouveau.

- Merci messieurs. Daniel Redfort, supérieur hiérarchique direct de vous tous ici, instructeurs compris. Je vous apprendrai quelle stratégie d'approche appliquer lors de vos planifications. Et j'enseignerai ce qu'il vous savoir à vos officiers.

Ainsi c'était ça le programme des prochaines semaines...

- Mais pour le moment, vous allez être conduits à vos terrains de base respectifs ! On vous laisse l'après-midi de libre pour l'établir, demain on commence les cours ! C'est le seul que vous aurez de libre, alors profitez-en !

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Dernière édition par Alrahyr Kaltershaft le Dim 24 Aoû 2014 - 16:44, édité 1 fois
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On conduisit donc l'unité de Shintaro jusqu'à son futur camp de base. Le terrain se situait dans une clairière au milieu d'une petite forêt, non loin de la plage. On leur expliqua que l'île était immense, et qu'il y avait largement la place dans les bois de créer des clairières assez éloignées les unes des autres et toutefois assez proche du centre de l'île, là où il y avait tous les bâtiments officiels et les terrains de formation. On déboisait certaines parties précises dans le but d'y installer les nouvelles recrues, à qui on fournissait le matériel de base nécessaire au campement.

Pour le moment, ils n'avaient que des tentes très basiques et des sacs de toile rudimentaires leur offrant un confort tout à fait particulier. Rien n'était installé, on leur avait tout donné dans un chariot qu'ils avaient eux-même amené ici. Lorsqu'ils furent au bon endroit, le soldat qui les avait conduit jusqu'à la clairière s'en alla, les laissant seuls.

Alrahyr ôta son sugegasa et fit face à ses hommes. Il portait toujours sa cagoule noire, masquant totalement ses traits. Il inventa un prétexte pour justifier le fait qu'il cachait son visage.

- Va falloir vous habituer à ça les gars, je ne dois pas exposer les cicatrices que j'ai au visage à la lumière. Consignes du médecin, pour éviter une infection ou je ne sais pas quoi. Enfin, comme j'ai pas envie de crever à cause du soleil, je la garde tout le temps.

Ses hommes ricanèrent amicalement.

- Chef, comment on saura que c'est bien vous ? demanda l'un deux.
- Le bouclier. Cherchez pas, il y en a qu'un comme ça au monde. Et sinon, le sabre. Idem. J'les ai forgés.
- Oohh.
- Bon, on va commencer par le commencement, chacun à votre tour, présentez-vous au reste de l'unité.

Ils se regardèrent, ne comprenant pas vraiment.

- Eh bein, quoi, vous trouvez ça bizarre ?

Alrahyr, commander, c'était son truc. On lui avait dit de commander une unité, il le ferait. On lui offrirait des récompenses lui permettant de devenir plus fort si son unité allait loin, alors il devait l'emmener jusqu'à bout du monde. Alors il allait travailler comme il savait devoir le faire, comme il le ferait lorsqu'il serait temps de recréer son empire. Il avait échoué avec le Teiko, il ne referait pas les mêmes erreurs. En mer, en pleine dérive, il l'avait compris : il faut du temps. Seul le temps peut permettre d'arriver à ses fins et, surtout, de conserver ce qu'on a créé. Et pour passer du temps avec des gens, mieux vaut les connaître. Sinon on a plus envie de s'en séparer que de les aider.

- C'est simple : on va passer plus d'un mois ensemble, on va devoir construire une certaine cohésion. Je sais que c'est pas évident et qu'on fait pas ça en claquant des doigts, et c'est pour ça qu'on doit poser une pierre après l'autre. Et pour passer du temps ensemble, on va commencer par savoir avec qui on est.

Ils comprenaient. Shintaro expliquait bien, car il savait pertinemment de quoi il parlait.

- Je me nomme Shintaro Kuroda, j'ai grandi à Boréa où j'ai appris le métier de forgeron. J'ai été recueilli il y a plusieurs semaines en mer par un patrouilleur de la Marine car j'avais dérivé au gré des courants, seul et sans vivres. Entraîné au maniement des armes dans ma jeunesse, j'ai pu les défendre quelques jours après contre des pirates. Blessés, ils ont été forcés de venir au QG de North Blue. Là, j'ai pu être correctement remis sur pieds par les médecins de l'île. J'ai un peu travaillé à la forge, où j'ai pu utiliser mes compétences de forgeron pour me fabriquer, dans un acier très spécial et avec une technique qui m'est propre, ce bouclier et ces trois sabres. Puis les ingénieurs de la forge m'ont offert les habits que vous voyez sur moi. J'ai ensuite décidé de vouer ma vie à la Marine d’Élite, dans le but personnel de devenir plus fort.

Il avait donné l'exemple.

- Maintenant que vous en connaissez un peu plus sur celui qui vous commande, j'aimerais à mon tour connaître ceux avec qui je vais travailler pendant encore très longtemps. J'aimerais connaître l'unité que nous allons emmener très loin, ensemble, d'une part pour gagner ce concours qu'on nous propose, et ensuite simplement pour devenir les meilleurs de l’Élite. Parce que c'est ça que je vise.

Il s'arrêta, les parcouru du regard, puis :

- Pas vous ?
- SIII !!
- Alors présentez-vous, chacun.

Les soldats et caporaux racontèrent donc chacun une partie de leur histoire, le minimum pour les connaître, savoir quel était leur but, pourquoi ils étaient ici, dans la Marine d’Élite.

Il y avait Mura Yasuaka, premier caporal, un petit homme originaire de West Blue. Il était loin de ressembler à une brute, plutôt du genre malin et rusé. Il disait manier l'arc depuis toujours et ainsi être un excellent archer. Son arc à poulies, issues de ses propres créations, rivalisait en puissance avec les armes à feu. Il fabriquait lui-même ses flèches, existant en plusieurs types, divers poids, diverses utilités. Il promit de montrer ses capacités en tant voulu.

Il y avait aussi Shige Bata, deuxième caporal, un homme immense, une montagne ambulante. Pas un géant, ni un demi-géant, mais grand quand même. Et musclé, très musclé, de partout. Il venait de East Blue et disait avoir des connaissances très poussée dans tout ce qui touchait à la charpenterie. D'excellentes compétences qui seront très appréciées. Niveau style de combat, il privilégiait l'utilisation de ses pieds, préférant ne pas abîmer ses mains, sources de ses qualités de charpentier.

Et en troisième caporal, il y avait Chryses Nivilk, un cyborg qui venait de Grand Line. Il avait des compétences extrêmement poussées en navigation, et était bien habitué à la mer et aux océans capricieux de cette partie du monde. A tel point qu'il avait la sensation de naviguer dans sa baignoire sur les Blues... Adepte des gros canons qui font du bruit et de l'odeur de la poudre, il chéri ses "bébés qui font boum". A ne pas prendre à la légère, donc.

Et, parmi les soldats, on trouvait plein d'autres qualifications : un médecin spécialisé dans les maladies, infections et dans la nutrition, une chirurgienne, une cuisinière, deux autres charpentiers, un forgeron - en plus d'Alrahyr -, un quatuor à corde de musiciens - quatre frères et sœurs, deux de chaque, qui avaient réussi à se faire engager ensemble -, un scientifique fou des calculs de physique quantique, qui avait réussi à se faire recruter on ne savait pas trop comment, et d'autres talents cachés...

Mais tous avaient cette force au combat qui était propre aux recrues de l'Elite, et cela allait aller en s'améliorant ! Sauf peut être le savant fou... Mais il était sympa et disait beaucoup de conneries !

Eh oui, même chez les Marines on pouvait trouver des domaines de compétences variées ! Il n'y avait pas que les pirates qui avaient des équipages aussi bien composés ! Le Sergent Shintaro Kuroda avait là une unité bien agréable !

- Bon, et va falloir nous trouver un nom...

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Dernière édition par Alrahyr Kaltershaft le Dim 24 Aoû 2014 - 16:44, édité 1 fois
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Une fois les présentations effectuées, l'unité commença l'installation des tentes. Mais, pour augmenter la difficulté, on ne leur avait pas fourni de tentes à proprement parler : il s'agissait simplement d'une multitude de barres de métal, de toiles de tailles diverses et de piquets. A eux de se débrouiller pour former des tentes avec tout cela. Mais dans l'ensemble, c'était un matériel relativement bien conçu pour obtenir le résultat souhaité. S'ils avaient seulement le strict nécessaire, c'était amplement suffisant pour s'abriter et que chacun aie son propre petit logement.

Et il ne s'agissait là que du logement : les locaux communs du QG du BAN accueillaient la cantine et les points d'eau, ce qui permettait de s'émanciper de ce souci lors de l'installation des campements. Fort heureusement, d'ailleurs.

Leur camp de base était donc composé d'une sorte de place vide centrale, donnant directement sur une large tente où toute l'unité pouvait s'abriter pour discuter ou se reposer, tout en restant dans un lieu convivial. Une pièce connexe à cet abri servait d'entrepôt fourre-tout, que ce soit pour les vêtements supplémentaire, les armes, ou les matériaux de construction qu'on préférait ne pas laisser dehors.

Donnant directement sur cette zone centrale, on trouvait la tente de Shintaro, celles de ses Caporaux, ainsi que les médecins. Puis le reste du camp était construit autour, en rond, laissant assez d'espace pour circuler, mais assez peu pour conserver une cohérence et une bonne compacité de l'ensemble. C'était un campement tout à fait rudimentaire, mais bien organisé autour de ce lieu important et central, permettant une convivialité qui entraînerait l'amélioration de la cohésion du groupe.

Ils passèrent le restant de l'après-midi à bavarder, découvrant les personnalités de chacun, appréciant les qualités et défauts de leurs nouveaux compagnons. Alrahyr le savait, la connaissance était la clé de tout, même en matière de relation de groupe. Savoir avec qui on va traîner, c'est essentiel. Évidemment, de petits groupes d'affection se formèrent, sans pour autant morceler l'unité. Car s'il était totalement humain d'apprécier certaines mentalités plus que d'autres, on n'oubliait pas l'importance de rester une seule et unique entité.

Au soir, ils se rendirent aux bâtiments communs, et plus précisément à la cantine, afin de s'y remplir le ventre. Cette journée avait été l'une des dernières qu'ils passeraient au calme pour les prochaines semaines, il le savaient, et ils en avaient bien profité.

Les autres unités formée ce jour étaient également présentes, et il s'installa une sorte de rivalité, pas forcément amicale, entre les groupes. Peu habitués à l'ambiance de ces locaux communs, aucun d'entre eux ne parlait vraiment fort, tous se contentaient de manger calmement. Ils le savaient, tous allaient commencer leur entraînement le lendemain, et ça n'allait pas être de la tarte.

Ceux qu'on appelait les "anciens", c'est-à-dire les membres des unités ayant déjà reçu leur formation initiale, étaient nettement plus bruyants. L'un d'eux interpella notamment les nouveaux :

- Eh, vous avez une idée de la récompense pour votre Sergent, si vous êtes l'unité gagnante ?

La question interpella les trois unités, au complet. On leur avait juste promis une grosse récompense qui valait le coup, sans donner de détail supplémentaire, et en avoir pourrait être très intéressant.

- Haha, y savent pas hein ?
- Bah, laisse les Jack, ils le sauront bien assez tôt !
- Naaan, je veux les faire saliver !

Il se leva de sa table et s'approcha de celles des nouveaux.

- Nous on a gagné le concours, avec notre unité. Bein not' Sergent, il est maintenant beaucoup plus fort que ces deux autres mauviettes qui ont perdu, et il a rapidement été promu ! On en a capturé, des primes, grâce à ce gars !

Ah le salop, il faisait durer le suspens !

- Alors je ne sais pas si c'est pareil pour chaque vague de nouvelles recrues, mais not' Sergent, il avait reçu un fruit bien particulier. Hehe, ça vous interpelle hein ?

Un fruit ? Mais de quoi il parlait ?

- Un fruit du démon ? murmura Chryses Nivilk, le cyborg troisième Caporal de l'unité de Shintaro.

Un fruit du démon ? Mais de quoi parlait-il ?

- Eh oui mon vieux, je vois qu'on a un connaisseur ici ! Bon, bein j'vous laisse méditer ça, haha !

Et il s'en alla, se rasseyant à sa place et se marrant avec ses camarades. Alrahyr se pencha vers le Cyborg et lui demanda :

- Chryses, c'est quoi ce dont tu parles là ?
- Tu sais pas ?

L'homme-machine regarda les autres membres de son unité, observant le regard interrogateur de chacun.

- Mince, je suis le seul à connaître ? Bon, j'vous explique. Sur Grand Line, c'est très répandu, mais il arrive qu'on en trouve aussi dans les Blues. Je parle des Fruits du Démon. D'apparence, ça ressemble un peu à des fruits ordinaires, sauf qu'ils sont parfois plus gros et qu'ils y a des motifs vraiment étranges dessus, des sortes de spirales.
- Et en quoi c'est si intéressant ?
- Rah, laissez-moi finir chef ! Si on gagne, le QG du BAN vous offrira peut-être un de ces fruits. Et si vous le mangez, vous aurez alors un pouvoir particulier, ainsi qu'une malédiction.

Alrahyr était dubitatif.

- Le pouvoir, si on connaît pas à quel fruit on a à faire, on peut pas le deviner. C'est très variable, mais de toute manière si l'utilisateur s'entraîne, quel que soit le don, il sera extrêmement puissant. Grâce à ces fruits, certaines personnes sont capables de faire des choses extraordinaires. Tous les grands de ce monde, ou en tout cas la majorité, ont mangé un Fruit du Démon et deviennent puissant grâce à ce pouvoir. C'est un truc de fou ! J'ai lu pas mal de choses à ce sujet quand j'étais sur Grand Line, là-bas c'est beaucoup plus répandu qu'ici. Et franchement, ça vaut toujours le coup, même si le pouvoir peut paraître insignifiant.
- Tu parlais d'une malédiction ? On la connaît, elle ?
- Ouais, et malheureusement c'est parfois assez handicapant. Si quelqu'un mange un tel fruit, il sera maudit par le démon des mers, et par la mer elle-même. Ainsi, il sera totalement incapable de nager et coulera immédiatement comme une enclume, perdant totalement l'usage de ses pouvoirs s'il est sous l'eau.

Le jeune homme était effrayé.

- Mais c'est atroce ! Vivre sur ce monde, c'est vivre à travers les mers ! Comment tu veux t'en sortir si tu ne sais plus nager ?
- C'est pour ça que j'insiste sur le fait que le pouvoir offert est vraiment démentiel. C'est pas un truc de gosse, c'est vraiment puissant et difficilement égalable par un humain normal. Honnêtement, quand on présente un fruit du démon à un homme, il ne refuse pas de le manger. Ou alors, c'est qu'il est très attaché au fait de pouvoir nager, mais faut vraiment une raison puissante. Parce que les pouvoirs qu'on a avec ce truc, ça va au-delà de votre imagination, Sergent.

Alors, ça permettait de devenir plus fort. Et les grands de ce monde en possédaient tous un. C'était vraiment intéressant, ça plus l'entraînement de l’Élite, il pourrait arriver à ses fins. Mais cette malédiction posait problème.

- Par contre, couler dans l'eau, c'est vraiment pas marrant...
- Bah, c'est aussi pour ça qu'on a formé des unités. Si vous coulez, on vous rattrapera à la nage ! Pas vrai les mecs ?

Toute l'unité acquiesça.

- Bon, alors du coup, gagner ce concours, ça devient beaucoup plus intéressant, pas vrai ?
- Faut croire, chef. Après, faudrait pas que l'ancien qu'est venu nous ait raconté des conneries. Mais vu comme il était fier de ses propos, je pense qu'il disait vrai.
- Ouais, il m'a donné envie là... Bon, bah à partir de demain, on se donne à fond !

L'unité de Shintaro rentra à son camp de base, pour passer une bonne nuit de sommeil, pleine de rêves de puissance. Les soldats étaient désireux d'appartenir à une unité puissante, les Caporaux de monter encore en grade, et leur Sergent d'obtenir un de ces fameux Fruits du Démon pour devenir encore et toujours plus fort.

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Premier jour : Guérilla urbaine
La Marine d'Elite pour les nuls - Tome II Turtlex_imagesia-com_3es7

Ce premier jour, ils avaient entraînement avec Jango Sanclair pour ce qu'il appelait la guérilla urbaine. Personne ne savait vraiment ce qu'ils allaient apprendre, mais l'apparence étrange de l'instructeur ne présageait rien de calme... On partait plutôt sur quelque chose de physique. Très physique.

A l'heure du réveil, au camp de base, Shintaro surprit une discussion entre deux soldats de son unité. Il était situé derrière un pan de toile, de manière à pouvoir entendre leurs chuchotements sans être vu.

- Et du coup on fait quoi ?
- Je sais pas... Si cette situation est figée, ça le ferait pas. Faut le décrédibiliser.
- Je pense qu'il a pas le niveau ni les épaules pour ça.
- Comment t'en es si sûr ?
- T'as bien vu les résultats des tests d'admission. Il a pas été le meilleur aux épreuves, il a juste été meilleur sur la moyenne. Et grâce à ça, il se tape ce grade.
- Bah, il le mérite ?
- Sérieux, qui voudrait un chef qu'est juste "moyennement bon" ? Les deux autres qui ont été nommés ce même jour son carrément plus forts. Franchement, ça me les brise d'avoir été envoyé dans son unité.
- T'as qu'à le provoquer, lui montrer qu'il fait pas le poids.
- Ses trois Caporaux lui semblent fidèles. Surtout ce sale cyborg. A eux quatre, ils font le poids.
- Tu veux faire quoi, liguer la moitié de l'unité contre eux ?
- Nan t'es malade, ça va détruire la cohésion. Même si j'aime pas le Sergent, je veux qu'on gagne ce concours, au moins pour le prestige de notre unité. Mais ce mec là, il pourra pas nous mener à la victoire.
- Alors demande un duel, à la loyale.
- Nan je te dis, je ferai pas le poids, je suis pas fou. Même si je le juge pas à la hauteur, je serais pas mieux que lui. Non, faut le mettre dans une situation de manière à ce qu'il se décrédibilise et qu'il perde la confiance de toute l'unité d'un coup.
- Dès qu'on peut, on fait ça alors...

Ouais, bah pour la cohésion de groupe, c'était pas gagné. Il devait se tenir sur ses gardes, et tout faire pour garder la confiance de l'unité. Et bien se souvenir des visages de ces deux soldats, pour les surveiller, sans toutefois qu'ils s'en rendent compte.

Décidément, Sergent, ça n'allait pas être une partie de plaisir...

Après être passés par la cantine commune et s'être rassasiés, ils se dirigèrent vers le terrain d'entraînement de Jango Sanclair. Ils s'aperçurent que les trois unités étaient présentes : la leçon allait tous les concerner.

- Bienvenue à l'arène de sable !

L'instructeur tendit le bras derrière lui, vers un creux dans le sol. Les unités s'en approchèrent, et découvrirent une cavité circulaire d'une centaine de mètres de diamètre et d'une dizaine de profondeur, divisée en trois parties égales par le centre, à l'aide de hauts murs de bois surplombés d'une passerelle.

- Chaque unité s'entraînera toute la journée à l'abri des regards des autres ! Je me déplacerai sur les murets pour vous donner vos consignes et vous apprendre ce qu'il faut savoir. A la fin de la journée, chaque unité - Sergent exclu - affrontera le Sergent d'une autre unité, seul. On sera en condition de guérilla urbaine, donc les seules armes seront non tranchantes. Autrement dit, aujourd'hui vous allez déposer à l'armurerie de l'arène toutes vos armes blanches et vos armes à feu. Si vous avez des pointes sur des masses, pareil ! Vous n'aurez le droit de garder que du contondant ! Si vous voulez vous servir, bâtons, battes et massues sont disponibles.

Il parcouru du regard tous les soldats, qui étaient stupéfaits de la consigne pour la fin de la journée. Le Sergent, seul contre toute une unité ? Mais ce type était un grand malade !

- Haha, vu votre tête, vous êtes encore arrêté à l'épreuve du soir hein ? Eh oui, c'est le début du concours ! Le Sergent qui tiendra le plus longtemps marquera le plus de points !

Shintaro entendit dans son dos l'une des voix du matin, qui murmurait que leur unité n'aurait aucune chance de marquer des points ici... Il ne releva pas ceci, car le soldat avait parlé dans sa barbe pour lui-même.

Alors il allait falloir faire preuve de combattivité...

- Mais avant ça, une journée d'entraînement ! Allez vous équiper, et descendez, chacun dans votre arène !

---

L'instructeur - qui ressemblait à une tortue déguisée en ninja - se tenait, debout, sur la passerelle de bois séparant les trois parties de l'arène. De cette manière, il surplombait toutes les unités, alors qu'elles ne pouvaient pas se voir entre elles.

- En tant que membres de la Marine d'Elite, vous allez être amenés à affronter de nombreux cas difficiles. L'un des plus complexes à gérer est celui des émeutiers. Ceux-ci peuvent être des simples civils de la population qui se revendiquent un droit qu'on ne leur offre pas. Dans ce cas, votre devoir reste de les protéger. Il s'agira donc de calmer la situation, de mater les émeutiers, mais ici en faisant tout votre possible pour ne pas les blesser, du moins pas grièvement.

Selon Jango, on désignait pas "guérilla urbaine" une forme de combat dans lequel deux camps de forces totalement différentes s'affrontent. D'une part on trouvait les "locaux", ou en tout cas ceux qui revendiquaient certains droits, qu'il s'agisse de lois, de possessions, ou de toute autre chose. D'autre part, on avait ceux qui se disaient garants d'un certain ordre.

- Plus souvent, à la place de populations inoffensives, il est possible d'être confronté à des pirates ou des rebelles qui désirent prendre possession de quelque chose qui ne leur revient pas. Dans ce cas, toute retenue est superflue, on peut se lâcher, ils peuvent mourir.

C'était là l'exemple d'une situation extrême...

- Et, plus rarement, les émeutiers peuvent être des troupes de la Marine qui se révoltent contre l'autorité... Là, c'est plus mitigé, car il ne faudra pas spécialement les blesser gravement, mais ils seront relativement bien entraînés. Donc, situation délicate. Mais ce qu'on va commencer par apprendre ici, ça n'est pas comment s'occuper de ces émeutiers.

Pardon ?

- Ce qu'on va faire aujourd'hui, c'est apprendre comment mener efficacement une émeute, comment combattre contre les forces de l'ordre, et comment arriver à ses fins dans ce cas. L'objectif est simple : se mettre à la place de ceux que vous devrez affronter. Ainsi quand ils seront face à vous, vous verrez immédiatement ce qu'ils ont omis de faire, et donc quelles seront leurs faiblesses.

Apprendre à se battre contre la Marine ? Mais... ce mec offrait à Alrahyr l'enseignement parfait !

- Tout émeutier violent est, par définition, violent. Vous moquez pas, si ça paraît simple, en situation on s'en rend pas forcément compte. Un émeutier, c'est sous-équipé face à son adversaire. C'est souvent moins nombreux, et moins bien entraîné. Mais ça a un avantage : ça ne fait pas partie d'un corps armé gigantesque qui doit attendre des ordres précis pour agir.

Et en quoi c'était un avantage ? L'armée est plus forte !

- Mais à l'issue de votre formation globale, vous fonctionnerez en unités soudées, indépendantes les unes des autres. Vous serez, chacun à votre manière, des groupes de guérilla. Mon objectif : que vous soyez capables de fonctionner comme des guérilleros, mais avec les moyens de l'armée. Abandonnez dès lors tout rattachement à un ordre global vous obligeant à suivre des tactiques détaillées et faisant de vous des pions. C'est bon pour la Marine régulière, tout ça. Ici, dans l’Élite, on vous apprend à être indépendant. Si on vous envoie en mission spéciale, c'est votre unité qu'on envoie, ça n'est pas la Marine. Le plus haut responsable pendant votre intervention, c'est votre chef - ici, votre Sergent -, et pas l'état major.

Il fit une pause, puis :

- L'état major, il vous forme, vous envoie, vous surveille, et vous fait - modérément - confiance. Vous n'êtes pas son bras armé, vous êtes son bras détachable. Il vous lance dans une mission, perd contact, et espère vous retrouver en un seul morceau à la fin, de retour au bercail. Sauf que pour revenir en un seul morceau, faut être capable d'appréhender les pires situations. Donc aujourd'hui, guérilla urbaine !

C'était un concept... spécial. Mais ça avait le mérite d'être clair : la Marine d’Élite n'était pas seulement différente, elle avait une organisation bien particulière et une utilité précise dans des situations originales.

Jango ordonna à chaque unité de former deux groupes : le premier de 8 personnes, le second de 17 - chaque unité comptant 25 membres. Le plus petit groupe serait les émeutiers, le second les forces de l'ordre. Les émeutiers devaient réussir à atteindre l'autre bout du terrain, sans dépasser les traces du bord du terrain, et les forces de l'ordre devaient les en empêcher, uniquement en les repoussant, chaque équipe ayant pour ordre de n'exercer aucune violence.

Au bout d'un moment, l'instructeur ordonna aux émeutiers de devenir plus violents, en tentant de mettre l'autre équipe au sol. Pendant ce temps, les forces de l'ordre devaient conserver leur calme.

A cause de la différence de nombre, et l'interdiction de frapper, l'équipe des émeutiers ne parvenait pas à arriver à bout de l'autre groupe. Impossible de passer en force.

- Bon, comme je vois que personne ne s'en sort et que vous n'avez toujours aucune cohésion de groupe, je vais vous donner un conseil : vous êtes ensemble, aidez-vous !

Les trois unités semblaient dans le même cas : cette fameuse cohésion de l'unité ne semblait pas encore avoir été établie.

Durant toute la matinée, ils apprirent donc à fonctionner ensemble, à s'unir contre l'équipe adverse. Ce n'était pas une chose aisée, mais ils y travaillèrent. Petit à petit, les équipes d'émeutiers - qui tournait, pour faire participer équitablement tout le monde - parvenait à atteindre son objectif.

La pause du midi fut courte, on leur apporta de quoi manger rapidement, avant de reprendre l'entraînement.

Cette fois, ils durent s'entraîner au combat. D'abord à mains nues, comment renverser un adversaire sans le blesser, puis avec des bâtons, des massues, ou toute arme contondante rudimentaire. Ils fonctionnaient pas groupes de deux, trois, ou quatre, s'entraidaient, se conseillaient. Parfois, Jango descendait de son perchoir et commentait les mouvements de chacun, leur donnant des indications pour s'améliorer.

Puis ils purent choisir les armes qu'ils allaient choisir pour la première épreuve du concours. Cette préparation avait autant d'importance pour le Sergent que pour le reste de l'unité. Le but du combat était clair : capturer le Sergent le plus rapidement possible. Plus le Sergent résistait longtemps, plus il marquait de points. Celui qui aurait résisté le plus longtemps marquerait le plus de points et remporterait l'épreuve.

Shintaro prépara donc ses hommes à la capture de leur future cible. Ils n'avaient pas accès à des cordes ou des filets, uniquement aux armes rudimentaires en bois. Il fallait donc immobiliser l'adversaire. Ils pouvaient frapper, mais s'il y avait fracture ou saignement, c'était un échec et le Sergent de l'autre unité remporterait le maximum de points.

Il y avait trois unités : le Sergent de la premier affronterait la seconde unité, le Sergent de la seconde, la troisième unité, et le Sergent de la troisième devrait se défendre contre la première unité. De cette manière, Alrahyr savait que son unité allait affronter le Sergent qui portait une longue lance lors du regroupement. Il serait donc très probablement armé d'un bâton, habitué au combat de cette manière. Il entraîna donc son unité, armé de cette manière, à le capturer.

Et ses hommes avaient du mal : les mouvements amples de l'arme en bois les tenait facilement à l'écart. Il leur apprit à s'en rapprocher, parant à plusieurs l'arme et l'immobilisant. Il leur montra comment agir en tant qu'une seule entité, unique. C'était là le vrai début de la cohésion. Shintaro leur proposa quelques techniques groupées, visant à agir ensemble au même moment. Le but allait être de capturer le Sergent le plus rapidement possible, mais aussi le plus proprement.

Ensuite, lorsqu'il jugea qu'ils étaient prêts, il commença son propre entraînement. Il décida de ne s'armer que de son bouclier : Jango l'y avait autorisé, il n'allait pas se priver ! S'il ne pouvait pas avoir son sabre, il préférait avoir la liberté de sa main droite. Les unités n'avaient pas le droit de blesser le Sergent qu'elles affrontaient, mais le Sergent, lui, avait tous les droits. L'instructeur-tortue-ninja avait juste précisé, sur un ton un peu gêné :

- Bon, faudra juste que vous fassiez gaffe à pas les tuer, c'est chiant en paperasses après...

Il appelait cela "les risques du métier". Bon, quoi qu'il en soit, Shintaro était rassuré : il allait pouvoir utiliser pleinement le potentiel de son arme. Car lui le savait, mais les autres l'ignorait : il était bien meilleur combattant au bouclier qu'à l'épée. C'était un art et une expertise extrêmement rares, et il aimait en tirer profit. Ses adversaires allaient être surpris de ses compétences, et il misait là-dessus.

Sa main libre lui permettrait de se saisir de ses adversaires s'il en avait besoin, et cela valait bien mieux que de tenter de manier une vulgaire arme en bois, qui aurait bien moins d'effet.

Il s'exerça donc à cette épreuve le reste du temps, jusqu'à ce que Jango sonne la fin et ordonna quelques minutes de repos. L'épreuve allait commencer.

---

Chaque Sergent alla donc dans la partie de l'arène dédiée à l'unité qu'il allait affronter. Les trois combats allaient se dérouler en même temps, pour empêcher chacun d'observer les tactiques des autres avant d'avoir effectué son combat.

L'armement de l'unité qu'il allait affronter était hétéroclite, à l'image de la sienne. Il n'avait aucune idée de la manière dont ils s'étaient entraînés. Son unique but : rester libre de leur emprise le plus longtemps possible. Et ça n'allait pas être une mince affaire.

Shintaro était équipé de son armure, offerte par les ingénieurs-forgerons du QG de la Marine régulière, de sa cagoule, et de son bouclier. Il avait préféré laisser de côté son sugegasa, de peur de l'abîmer dans une situation comme celle-là. Il semblait que ça tenue perturbait ses adversaires : ne pas voir le visage de l'homme contre qui on se bat, c'est étrange. De plus, le port d'un unique bouclier devait les laisser dubitatifs. Et c'était ce qu'il espérait. Il comptait bien tirer profit de la situation.

Et Jango ordonna le début des hostilités. Le compteur était lancé, chaque seconde gagnée était bonne à prendre. Il entendit la clameur d'une unité entière se ruant sur son adversaire. Mais il savait que ça n'était pas la sienne : il leur avait ordonné de bien se placer avant de commencer l'assaut.

Et malheureusement, il semblait que ses propres opposants avaient adopté la même stratégie. Petit à petit, ils s'écartèrent, pour entourer Shintaro. Il avait un mur derrière lui, et allait bien être acculé. Le jeune homme réagit avant qu'il ne soit trop tard, avant d'être coincé et totalement à leur merci. Il se lança donc le long du mur, par la droite, chargeant l'extrémité de leur ligne d'attaque. D'un ample mouvement du bras gauche, il frappa avec son bouclier le premier soldat, qui fut projeté au sol. A proximité du suivant, il continua son mouvement en tournant sur lui même par la gauche, lui saisit le col, et l'envoya contre le mur, qui trembla à l'impact.

Il avait épuisé une situation de surprise, il allait devoir en recréer d'autres. Il se déplaça de l'autre côté du terrain, de manière à briser leur formation. Ils n'étaient pas encore tout à fait groupés, il ne pouvait pas encore faire ce qu'il avait prévu. Alors il commença à courir autour d'eux. Shintaro avait beaucoup d'endurance, et il allait en profiter.

L'un des soldats s'avança plus près de lui. Il l'envoya violemment valdinguer à l'autre bout de l'arène d'un coup sec de son arme, provoquant un léger arrêt d'hésitation des autres. Mais ils reprirent courage et continuèrent l'assaut. Alrahyr choisit de foncer à travers leurs rangs, toujours pour les surprendre. Et cela fonctionna à merveille : son armure le protégeait des petits coups qu'ils recevait, mais lui pouvait en distribuer à la volée. Les coups de bouclier retentissaient, envoyer valser les soldats un à un. Mais même si cela les sonnait, ils se relevait au bout de quelques secondes. Marines d’Élite, pas pour rien.

Après avoir transpercé leur formation, il obtint ce qu'il attendait : il se regroupèrent en une unité unique, pour éviter un nouvel assaut comme celui qu'ils venaient de subir. Le jeune homme sourit, leva haut son corps et son bouclier, qu'il abattit avec force au sol, posant en même temps le genou gauche par terre.

Une onde de choc se propagea dans le sol, fissurant la terre en ligne brisée en direction du groupe de soldats. Au passage de l'onde, des morceaux de sol d'une dizaine de centimètres cube furent délogés, précipités vers le haut. La fissure se propagea à grande vitesse et heurta violemment l'unité, les déséquilibrant et les faisant tomber. Une petite crevasse se forma, de deux pieds de profondeur pour un pied de large, sur toute la longueur de l'arène.

Les adversaires du Sergent étaient complètement à la ramasse, se demandant encore ce qu'il venait de se passer. Il en profita alors pour charger à nouveau, distribuant les coups de bouclier comme des petits pains. Mais ils se remirent plus rapidement que prévu en état et parvinrent à l'entourer. Il n'avait pas prévu se prompt rétablissement et n'avait pas veillé à s'extraire rapidement du groupe.

Encerclé d'adversaires, il mit en œuvre toutes ses compétences - et notamment son apprentissage en combat de rue du jour - pour se sortir de cette mauvaise passe. Plus le temps avançait, plus il fatiguait, mais plus il y avait de soldats adverses au sol, trop épuisés pour se relever. Quand il parvint enfin à s'extraire, ils n'étaient plus que cinq à se dresser contre lui.

Si l'objectif initial avait été de résister le plus longtemps possible, il avait vu au fur et à mesure se dessiner la possibilité de carrément vaincre ses adversaires. Et il n'allait pas s'en priver. D'ailleurs, il était temps de finir. Il arma son bras gauche en arrière, et lança son bouclier. Seule fois où il s'autorisait cette séparation.

Son bouclier fendit l'air, heurtant le premier soldat sur la gauche. Il rebondit, et frappa le second. Puis il enchaîna ses rebonds, assommant le troisième, étourdissant le quatrième, pour finalement envoyer valser le dernier, avant de retourner tel un boomerang dans les mains de son lanceur.

Tous à terre. Tous, incapables de le capturer. C'était plus qu'attendu, mais c'était digne de son expertise du bouclier. On les avait privés de l'usage de leurs armes favorites, alors qu'on l'avait autorisé, lui, à la manier. Cela avait été une aubaine, et il aurait eu tort de ne pas en profiter.

Il leva les yeux vers Jango, toujours positionné sur sa passerelle. Et à cet instant, il se rendit compte que les deux autres unités étaient là aussi, en haut des murs, à observer la scène. Shintaro ne remarqua que maintenant leur présence, et constata qu'ils l'acclamaient. Surtout son unité, fière de son Sergent. Alors les autres chefs avaient été capturés, au moins au bout d'un moment, alors que lui avait réussi à surpasser les règles. Il se rendit compte que son unité l'avait encouragé pendant un certain temps, mais qu'il avait été tellement concentré dans son combat qu'il n'y avait prêté absolument aucune attention.

- Bon, je crois que nous avons notre vainqueur ! En plus de cela, ton unité à été la plus rapide des deux à capturer son adversaire. Félicitations !

---

Le soir, ils ne firent que se reposer. Ceux qu'on avait surnommés "Les Commandos d'Acier", à cause de leur solidité, de l'efficacité de leur Sergent, et de son bouclier, étaient éreintés, mais heureux. Ils ne parlèrent pas beaucoup, mis à part pour féliciter leur chef. La cohésion commençait à s'installer, il allait falloir l'entretenir...

Avant de les laisser partir, Jango avait ajouté qu'ils n'avaient vu là qu'une partie de ce qu'il appelait la guérilla urbaine. Cela en disait long sur la suite de leur apprentissage. Tellement de choses à découvrir !

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« Deviens plus fort »
Alrahyr se réveilla, en sueur. Il venait de faire un rêve, ou un cauchemar, et avait vu Nayami. Elle était seule, dans le noir. Il savait que c'était elle sans vraiment la voir. Il avait pu ressentir le malheur, mais aussi l'espoir, espoir que son ami puisse un jour revenir sur l'île. Elle semblait impatiente de son retour.

*Je ne suis pas assez fort. Il me faut cet entraînement, il me faut ce pouvoir, ce Fruit...*

Et ensuite, seulement, il pourrait rentrer, et les libérer.

Mais ce jour, il allait apprendre encore de nouvelles choses.
Deuxième jour : Infiltration et Information
Ce jour, les Sergents et leur unité allaient être séparés. Shintaro resta donc, après le repas du matin, dans la zone commune, et plus précisément au bâtiment des officiers. Depuis la veille jusqu'à cet instant, il avait remarqué que ses hommes - et ceux des autres unités - le considéraient différemment. Les Commandos d'Acier étaient plus unis, plus fiers de leur chef, alors que les deux autres unités paraissaient maussades, démotivées. C'était un excellent point pour le jeune homme ! Il n'y était pas allé de main morte, la veille, et le résultat avait été à la hauteur de ses actions.

Mais ce jour, son unité allait apprendre les bases de l'infiltration, et aurait la charge de lui communiqué son savoir le soir venu. De son côté, sa présence avait été requise par l'instructeur en chef, comme les deux autres Sergents.

Daniel Redfort envoya les trois hommes chacun vers un instructeur différent. Ils allaient passer la journée à discuter avec eux de beaucoup de choses, chacun dans un domaine particuliers. Et les prochaines fois, ça tournerait. L'organisation était impeccable, c'était agréable d'agir dans de tels rouages.

Et ce jour, Alrahyr allait le passer avec Andrew Harrick, le mec de l'information. Celui qui l'avait déjà démasqué, si rapidement...

- Sergent, bienvenue, bienvenue, asseyez-vous je vous en prie.

Le jeune homme était entré dans le bureau de l'instructeur, une large pièce rectangulaire remplie de placard contenant des milliers de données écrites. Maître de l'Information, pas pour rien...

- Avant de commencer, j'aimerais que nous prenions le temps de parler de certaines choses que seuls vous et moi savons.

Il allait encore aborder le sujet ? Mais pourquoi diantre était-il si intéressé ? Mais il acquiesça, curieux.

- J'ai - vous vous en doutez - eu vent de votre exploit d'hier. C'est rare, vous savez, de vaincre l'unité adverse dans sa totalité aussi tôt dans la formation. Vraiment, vous méritez bien votre place.

Il se rassit à son bureau, posa les pieds dessus, et le fixa, d'un air nonchalant.

- Ce qui m'amène à vous poser la question suivante...

L'instructeur sortit une cigarette et l'alluma.

- Qu'est-ce qui me dit qu'une fois la formation reçue, vous n'allez pas vous barrer et utiliser vos connaissances récemment acquises pour retourner sur Boréa et réitérer vos actes ?

Pas de bol... C'était exactement ce qu'il envisageait de faire...

- Vous voyez, ce qui me fascine chez vous, c'est votre aisance à vous mêler à une nouvelle population - ici, la Marine d’Élite -, à vous y intégrer, et, au lieu de faire profil bas, à vous faire remarquer ! Tout le monde parle de vous, vous seriez même capable de trouver ici des fidèles à votre ancienne cause, et vous pourriez mettre un sacré bazar dans ce QG. Une fois votre formation terminée, je veux dire.

Il tira un peu de fumée, et reprit, voyant qu'Alrahyr ne savait pas quoi répondre.

- Alors dites-moi, qu'est-ce qui m'empêche de vous dénoncer dès maintenant et de vous mettre aux arrêts ? Hmm ? Dites-moi donc ?

L'attaquer ? Folie, pas en plein milieu du BAN. Lui mentir ? Un professionnel de l'information, c'était idiot. Donc, lui dire la vérité. Ou en tout cas, une partie.

- J'ai organisé cette rébellion sur Boréa parce que j'avais des convictions extrêmes. Sur place, j'y ai perdu des amis, et je leur ai fait une promesse.
- Celle de revenir et de réussir à refaire la même chose, en mieux ?
- Non, celle de les retrouver. Je parle plus précisément d'une femme, une amie. Nayami. Elle s'est battue pour moi, et je ne peux pas l'abandonner. Si elle n'est pas morte, elle est probablement emprisonnée à Lavallière. Ma seule volonté, c'est de la libérer.
- Mmm, je vois...

Harrick prit une profonde inspiration et ajouta :

- Et en ce qui concerne votre révolte ?

Alrahyr chercha ses mots.

- J'ai découvert beaucoup de choses ces derniers temps. Vous le savez certainement, j'ai été recueilli...
- Sur un patrouilleur, oui, je sais tout ça. Ce que je ne sais pas, c'est ce qu'il se passe dans votre tête.
- Dans ma tête...

Lui-même n'avait pas encore pris le temps d'y réfléchir. Son seul objectif avait été de devenir plus fort, il n'avait pas encore vraiment pensé à ce qu'il allait faire du Teiko, cet échec de coup d'état...

- Honnêtement, je ne sais pas. A l'époque, pour moi, tout le monde était pourri. Seuls les citoyens méritaient quelque chose. Mais, en découvrant la Marine, j'ai aussi découvert un autre monde, que je ne connaissais pas. Les soldats sont aussi humains que moi, et leurs idéaux ne sont pas aussi extrêmes que ce que je pensais. Ils ne font que leur métier, et leur métier est de protéger la population.

L'instructeur le laissa continuer.

- Vous voyez, je me rends compte petit à petit que la seule chose que j'ai vraiment toujours détestée, ce sont les nobles. Et c'est peut être pour cela que j'ai voulu changer les choses...

Il en avait dit beaucoup. Tout cela était vrai, mais la suite ne plairait pas à son interlocuteur. Il était prêt à dire qu'il n'avait pas abandonné ses idéologies et sa volonté de changer le monde, notamment de destituer les nobles de leur position, mais il se ravisa. Il fallait qu'il invente quelque chose de plus calme, qui donne une autre image de lui.

- Mais certaines choses demeurent immuables. Je l'ai remarqué. Alors pour le moment, la seule chose que je vois pour mon futur, c'est de poursuivre ma formation, et de savoir ce qu'il est advenu de Nayami. Juste savoir, dans un premier temps, si elle est encore en vie.

Ça n'était pas faux, mais ça n'était qu'une partie de la vérité. Cependant, il avait eu le temps de comprendre pourquoi il avait échoué. Le temps lui avait manqué, alors Alrahyr ne ferait pas la même erreur. Il allait avancer pas à pas, sans rien précipiter. D'abord, devenir plus fort. Ensuite, retrouver Nayami. Puis il pourrait commencer à planifier la suite. Sa haine envers les nobles n'avait pas diminué, mais il fallait qu'il cherche un moyen de les atteindre sans recevoir les foudres du Gouvernement Mondial du premier coup. Il devait organiser tout cela, petit à petit, au fur et à mesure.

Mais pour le moment, il devait éviter de se faire mettre aux arrêts.

- Et pourquoi je vous croirais ? Qu'est-ce qui me dit que vous ne me mentez pas ?
- Pour la même raison que vous m'avez donné cette cagoule, je suppose. Harrick, je ne connais pas vos motivations, et je ne comprends pas pourquoi vous m'avez fait confiance à la base. Mais vous deviez avoir une raison.
- Soit... Mais je vous le répète, je vous garde à l'oeil.
- Ai-je fais quelque chose de mal depuis ?
- Pas encore...

Les deux hommes se fixèrent un moment. Puis l'instructeur changea de sujet, proposant de commencer l'apprentissage du jour. Il sortit un gros classeur de ses placards et le posa devant Shintaro. Il y avait là dedans tous les dossiers complets de chacun des soldats de son unité. Date de naissance, parenté, arbre généalogique, lieux par lesquels ils sont passés, ce qu'ils y ont fait, ce qu'ils aiment, ce qu'ils n'aiment pas, tout.

- Mais... c'est inutile tout ça !
- Ha ! Inutile ?

Harrick expliqua le problème. Le jeune homme avait devant lui toutes les informations possibles sur ses troupes. En fait, trop d'informations.

- La première chose, c'est réussir à trier l'information. Et ça vient même avant de savoir comment la trouver. Sinon on se trouve confronté à ta situation : beaucoup trop de données, sans savoir quoi en faire. Lis donc le dossier complet de ce cyborg, Chryses Nivilk, l'un de tes Caporaux. Dans une heure, tu me feras un résumé détaillé des informations utiles. Pendant ce temps, j'ai pas mal de lecture aussi.

L'instructeur sortit une pile de paperasses encore plus volumineuse et s'affala sur sa chaise, commençant à les parcourir.

Shintaro s'exécuta donc. Il y avait là tout le détail de la vie du cyborg, de sa naissance à maintenant, en passant par sa transformation en homme-robot, ses nombreuses années passées sur Grand Line, et tout ce qui s'y rattachait. Il apprit une quantité incroyable de choses, autant sur l'homme en lui-même que sur cette partie du monde, totalement inconnue pour lui. Il y releva également des anecdotes sur des fruits du démon, des descriptions, des détails,... C'était une mine d'informations, un puits de connaissances.

A la fin du temps imparti, Alrahyr donna à son formateur ses impressions, notamment sur la quantité de choses qu'il avait apprises. Il fit un bref résumé de la vie de Chryses, notamment sur tout ce qui pouvait avoir un impact sur sa vie présente et sur son comportement.

Pour faire court, il avait été grièvement blessé suite à un incendie, lors duquel il avait tenté de sauver des habitants d'un immeuble en flammes. Son courage avait failli lui coûter la vie, mais par un heureux concours de circonstances - et par la présence d'un célèbre chirurgien dont Shintaro n'avait pas compris le nom -, il avait reçu ce traitement de faveur qui en faisait désormais un cyborg.

Il y avait beaucoup d'autres détails, mais l'essentiel était là, en plus de quelques informations supplémentaires permettant d'expliquer ses connaissances en navigation.

Pendant le reste de la journée, Harrick enseigna au jeune homme comment bien trier les données, mais aussi comment les trouver, les dénicher, ou les cacher et les détruire. Car détruire une information, ça n'était pas seulement brûler un bout de papier. C'était aussi s'assurer que ceux qui connaissaient la vérité l'aient soit déformée, soit enterrée - souvent avec eux...

Enfin, Shintaro repartit les neurones en vrac... La journée avait été fatigante mentalement, et en cela elle avait été vraiment différente de la veille. Chaque jour réservait une nouvelle surprise ici, et c'était cela qu'il aimait. Mais surtout, cela lui avait donné matière à réfléchir sur son vrai but. Que ferait-il après avoir retrouvé Nayami ? Il ne le savait pas encore, et ne voulais pas y penser pour le moment... Mais, quand bien même, cela lui torturait l'esprit.

---

De retour au campement, son unité l'attendait. Ils lui expliquèrent brièvement ce qu'ils avaient appris, mais passèrent rapidement aux détails de la seconde épreuve. La formatrice Flores, responsable de l'apprentissage de l'infiltration, allait cacher dès le lendemain un objet dans le campement d'une autre unité. Ils avaient donc pour mission de s'y introduire, de le trouver, et de le ramener. L'unité la plus rapide à s'exécuter gagnerait l'épreuve.

Les Commandos d'Acier convinrent de s'en occuper dès le lendemain au soir, lorsque la nuit leur permettrait plus de discrétion. Ils savaient pertinemment que toutes les unités feraient de même, et il commencèrent à élaborer des stratégies de surveillance et de tours de garde.

Ils veillèrent assez tard ce soir-là, car la journée avait été plus calme que celle de la veille. Mais il se résolurent finalement à aller se coucher. Programme du lendemain : entraînement physique avec Gary Cooper. Et à ce qu'ils avaient entendu, ça n'allait pas être une partie de plaisir...

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Troisième jour : Entraînement physique

- Debout mes gaillards ! Bande de lopettes, canards empaillés, tas de bouses, pourquoi z'êtes encore au lit ?

Oh non de non de non de non de dieu, faites le taaaaaire ! Quelle volonté il fallait pour ne pas exploser la tronche de cet abruti d'instructeur...

- On se bouge l'arrière-train, et au pas de course ! Z'avez quinze secondes pour sortir votre cul de ces tentes et vous placer en rang ici ! Et correctement habillés !

Les Commandos d'Acier s'habillèrent au pas de course. Cooper était déjà là ? Mais il faisait à peine jour, quel malade ce type.

- Pourquoi z'êtes pas encore dehors, ce sera une pompe par seconde de retard supplémentaire ! 1, 2, 3...

Bordel de bordel de merde !

- 20, 21, 22...

Mais c'est long à enfiler des habits !

- 29, 30...

Enfin ! Shintaro sortit, pour retrouver la moitié de son unité déjà alignée, et l'autre moitié qui terminait de se préparer.

- Magnez-vous le fion ! Allez, j'arrondis à 50, parce que je suis sympa !

Sympa ? 44 arrondi à 50 ? Mon œil oui !

- Face au sol et on pompe ! 1, 2, 3, 4...

De si bon matin, c'était vraiment difficile à supporter... Il était venu les cueillir au pied du lit, ils n'avaient pas prévu ça !

- 49, 50 ! Et pour la peine, pas de petit dèj, attrapez ça, ça vous suffira jusqu'à midi !

Il plongea la main dans un grand sac de toile et leur lança des miches de pain. Sérieusement ? Oui. Ça, c'était Cooper tout craché.

- Maintenant, mangez en courant, allez, 1, 2, 1, 2, 1, 2 ! ET EN RANGS !

Gnaaaaaah ! Fait chier ! En plus, en tant que Sergent, fallait être en tête du groupe, formé de trois colonnes de huit soldats. Un Caporal en tête de chacune, le Sergent devant la troupe. Et Cooper qui gueulait à côté.

- Vous êtes lents, est-ce que moi je suis aussi lent ? Non, moi je cours, tous les matins, alors à partir de maintenant je veux vous voir au pas de course, un tour d'île tous les matins ! Pas de bol pour vous, mon baraquement est à l'autre bout de l'île, donc si je vous vois pas courir, ça ira mal !

Mais comment diable faisait-il pour crier aussi fort tout en courant ? Il n'avait même pas l'air essoufflé.

- Allez on accélère, encore, encore, et encore ! Bougez vous le cul bande de lopettes !

Une heure complète comme ça. Ce type était totalement increvable ou quoi ? Il n'avait pas cessé un seul instant de leur casser les oreilles, tout en courant à côté d'eux. Et ça n'était que le début de la journée. De plus, Alrahyr le savait, l'instructeur allait devoir faire cela trois jours de suite, car pendant ces trois jours, les trois unités allaient suivre successivement des enseignements différents. Donc Cooper allait s'occuper de chacune d'elle, chaque matin avant l'aube. Dure tâche. Increvable le Caporal instructeur.

- Halte ! Bienvenue à mon camp d'entraînement, mon bijou à moi !

Les Commandos d'Acier levèrent les yeux pour parcourir du regard une immense étendue d'herbe, de sable, de terre ou de boue, recouverte d'obstacles, de modules divers et variés dont la moitié n'inspiraient aucune confiance aux soldats.

- Je sens que vous aimez déjà cet endroit, pas vrai ? Allez, pour la peine j'vais m'asseoir au milieu, vous me faites dix tours en courant, et plus vite que vos petites foulées de ce matin !

... Un jour, ce mec paierait pour ses idées à la con. Mais en attendant, c'était lui le chef ici. Dix tours ? Merde, c'était pas un terrain de ping pong ça ! C'était absolument immense ! En sueur, ils arrivèrent finalement au bout de l'exercice.

- Maintenant que vous êtes tout juste échauffés...

Sans blague ?

- ... je vous présente mon parcours du combattant personnel ! Celui que vous avez fait le jour de votre arrivée ici, même ma grand mère pourrait le faire depuis sa tombe - paix à son âme - alors que celui-ci, c'est un vrai de vrai !

Déjà, boue. Du début à la fin. Et pas de la boue tranquille, non, de la boue bien profonde, au moins un mètre, et bien grasse. Entretenue avec le plus grand soin pour toujours conserver sa saveur délicate. Délicate, mon cul oui, ça sentait la mort c'te merde !

- Et aujourd'hui, votre seule motivation, ça va être de vous endurcir ! Et si ça vous motive pas, dites vous que celui qui ralentira se prendra des coups de pied au cul ! Et je chausse grand ! Alors bande de mauviettes, montrez-moi que vous aimez pas vous prendre des lattes !

Bon, alors entraînement purement physique aujourd'hui...

- Et pour ceux qui croient encore à la carotte, pas de concours ce soir et donc pas de points à la clé ! Le bénévolat mes gaillards, y a que ça de vrai !

Allons à la rencontre de ce parcours, alors !

---

Ok, donc... le fameux parcours de Cooper, fallait trois heures pour le boucler. Trois heures, et une sacrée bonne équipe, parce que c'était pas faisable en solo. C'était marrant la boue, si si, ça permettait de cacher des putains de barbelés en dessous, dedans, partout. Et quand ils étaient pas sous vos pieds, ils étaient au dessus de votre tête, fallait ramper tellement proche du sol que même vot' cul il touchait les fils. Ah, et les coups de pieds au cul pendant tout le parcours, ça aidait pas.

Bah oui, parce que Cooper, lui, c'était son parcours, donc il le connaissait mieux que sa poche. Et puis, rappelons le, il était increvable. Du coup il surgissait n'importe où, n'importe quand, et vous en mettait une, sous prétexte que vous étiez trop lent.

- Dans un mois, vous serez capable de faire ce parcours en un quart d'heure ! Et tentez pas de l'apprendre par cœur, je m'amuse à le modifier tous les trois jours !

Bein écoute, chacun ses passes-temps mon vieux ! Shintaro était épuisé. Totalement lessivé, éreinté, à bout de forces. Et ils n'en étaient qu'à la pause de midi. Cooper leur sortit des sortes de casse-croûte très étranges : des sandwichs au pain. Avec une petite tranche de tomate, pour le repas équilibré. Qu'à cela ne tienne, c'était mieux que rien, et c'était surtout tout ce que l'instructeur leur donna. Et pas question de râler, il chaussait vraiment grand le bougre.

- Alors, vous avez souffert ce matin ?

Pas de réponse. Trop difficile de parler.

- Super, je vois l'idée ! Cet après-midi, ça va être encore pire ! Allez séance de musculation !

Pompes, abdos, fessiers, lombaires, cuisses, biceps, triceps, quadriceps, et même zygomatiques - grâce aux grimaces de souffrance. Par dizaines, vingtaines, trentaines. Centaines. Et des coups de pieds au cul quand ils ralentissaient le rythme. Il avaient mal partout, trop mal pour se plaindre, trop mal pour penser. Ils souffraient, mais l'avaient accepté sans mot dire. Enfin, ils n'avaient de toute manière pas leur mot à dire !

- Allez, pause !

Sérieux ?

- Dix tours de terrain !

... C'était trop beau pour être vrai. Un tour, deux tours, trois tours... Plus personne ne sentait ses muscles, Alrahyr était au delà de ses limites les plus éloignées. Tous étaient dans ce cas, sauf un : Chryses, le cyborg. Il courrait, encore, et toujours, presque tranquillement.

- Ahhh, je fatigue ! dit-il. Second souffle !

Et il repartit de plus belle.

- Ahhhh c'est dur ! Troisième souffle !

Hein ?

- De plus en plus fatigant... Quatrième souffle !
- Arrête, on te croit pas !

Dix tours.

- Haha, je vous ai vu discuter, c'est que vous allez encore bien ! Ça tombe super au poil, il reste trois heures avant la tombée de la nuit, devinez quoi ?

Trois heures, c'était le temps nécessaire pour...

- Le parcours du vrai combattant ! Ha ha, je suis persuadé que vous l'adorez !

---

Les Commandos d'Acier - qui ressemblaient plutôt à de la guimauve, là - étaient à table, à la cantine commune. Aucun son, rien. A voir les têtes des autres unités, ils avaient également souffert. Personne ne parlait. Manger était presque trop difficile, mais ils savaient que c'était vital. Si toutes les unités étaient dans le même état, c'est que les trois jours allaient vraiment être éprouvants.

Il rentrèrent, aussi rapidement que leurs jambes endolories le pouvaient, et se couchèrent. L'infiltration ? Une autre fois. Pas la force. Trop... sommeil... Et demain, quel programme ? J'sais pas... J'sais plus rien... Dodo.

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Quatrième jour : Terreur
- Eh mais c'était pas dans le dépliant de la formation ça !
- Shhhhh c'est moi qui raconte !
Sommeil réparateur. Noir, tout noir, pas de rêve, mais un sentiment de plénitude, de repos et de bonheur. Jamais un lit de camp n'avait été aussi confortable.

Mais voilà des cris, des coups sourds. Une main, plusieurs mains. Alrahyr se débattit, en vain. Noir, entièrement. Qui ? Aucune idée. Plusieurs, oui, et forts. La cagoule ? Encore là, il dormait avec. Une toile déposée sur la tête, les mains tenues dans le dos, forcé à avancer vers nulle part. Noir, entièrement, encore la nuit. Il cria, on le bâillonna, les autres crièrent, on les bâillonna. On sortait du camp, c'était évident. A entendre les pas, les cris, les gens qui se débattaient, il n'était pas seul. Mais il ne voyait rien, il faisait encore nuit et il avait ce sac sur la tête. Il étouffait, il suffoquait. On le poussait, on le forçait. Mal aux jambes, à tous les muscles, à cause de la veille.

Un coup, une douleur, puis plus rien.

---

- Mmmmmmmh !

Douleur, forte. Les muscles qui tiraillaient, un mal de crâne. Toujours ce bâillon qui empêchait même d'exprimer son mal-être avec des cris, toujours ce sac qui l'aveuglait. Assis, pas de dossier sur lequel s'appuyer. Son corps tenait par lui-même. Mains attachées dans le dos, pieds liés au tabouret. Non, il ne tenait pas par lui-même : des mains le soutenaient aux épaules. Qui ? Il ne savait pas. Personne ne savait.

Bruit d'eau, mouvement brusque à côté de lui. Froid, glacial, un liquide le heurta et traversa ses vêtements. Il tremblait, il ne savait pas si la peur en était la cause, ou la basse température de l'eau. Bruit d'un seau posé au sol. Sol de pierre, seau métallique, anse en bois. Bruits de pas autour de lui. Salle vide, résonance particulière, petite taille. Humide, très humide, surtout après le coup du seau.

Violent coup dans le ventre, il se courba en deux. Les mains lui retenaient les épaules. Il souffrait, ses muscles endoloris ne répondaient plus, son réveil surprise le hantait encore. Il se réveillait à peine, commençait à pouvoir penser. Deux matins de suite, c'était violent. Mais là, c'était encore autre chose que la veille. Qui ? Des gens assez forts pour capturer toute son unité d'un coup, pour les surprendre.

Puissante lumière braquée sur lui. Il était aveuglé, même à travers le sac de toile. D'ailleurs, on lui retira. Incapable d'ouvrir les yeux, la lumière était trop forte.

- OU EST ATHOS ?

Qui parlait ? Qui criait ? Athos ? Mais c'était qui ? On le pencha en arrière, sa nuque heurta un rebord en bois. On lui arracha sa cagoule. Non ! Rien à faire, plus de force, plus rien. Attendre, simplement. Mais qui c'était Athos ? On lui enfonça un chiffon dans la bouche, on lui entoura la tête avec un autre tissu, forçant le chiffon à rester enfoncé. Il avait la tête penchée en arrière, des mains la tenaient par les cheveux.

Soudain, de l'eau, beaucoup d'eau, déversée sur le chiffon. Il se remplit, Alrahyr ne parvenait plus à respirer par le nez, inondé. Il tenta par la bouche, mais l'eau commença à s'y déverser. Il essaya tant bien que mal, il avait l'impression de se noyer. Le moment était interminable. Seconde après seconde, il perdait pieds, il s'abandonna. L'eau arrêta de couler, on le redressa brusquement, il toussa, suffoqua, recracha l'eau. On lui avait enlevé le chiffon, pour la peine. Puis avant qu'il puisse dire un mot, on lui ré-enfonça le chiffon, complètement trempé. Les mains le maintenaient assis, à la verticale, sur son pauvre tabouret.

- OU EST ATHOS ?

Mais c'était qui, bordel ? Il ne le savait pas, il ne comprenait pas. Il n'arrivait pas à réfléchir. Qui pouvait bien être ce Athos ? Pourquoi lui demandait-t-on à lui ? Il aurait aimé dire qu'il ne savait pas, mais le chiffon l'en empêchait.

De nouveau, on le bascula en arrière, l'eau se déversa, il se noyait. C'était encore plus long que la première fois. On le redressa, il cracha tout. De nouveau, le chiffon dans la bouche, toujours imbibé d'une eau glaciale.

- OU EST ATHOS ?

Encore cette question ? Il n'en savait rien, et même s'il le savait, on ne lui laissait pas le loisir d'y répondre. Demandez-lui quelque chose qu'il savait ! Il en devenait fou, c'était une scène atroce.

Bascule arrière, chiffon, eau, eau, et encore eau. Il cracha de nouveau beaucoup plus d'eau que son corps pouvait en supporter. La lumière l'aveuglait toujours autant, il ne voyait pas qui s'occupait ainsi de lui.

- OU EST ATHOS ?

Il ne savait pas ! Merde ! Il voulait pouvoir parler, pour le dire, pour prier qu'on arrête cela.

Bascule, chiffon, eau, noyade, cracher, vomir, pleurer.

Épuisé. Totalement, il n'en pouvait vraiment plus. C'était trop, c'en était trop pour lui. Un interrogatoire ? Une torture ? Mais pourquoi, et par qui ?

On lui enleva son bâillon et le chiffon.

- OU EST ATHOS ?

Il parvint à formuler des mots, recrachant continuellement de l'eau, bégayant :

- J-j-je ne sais p-p-pas qui c'est...

La réponse ne plut pas. Chiffon, bâillon, bascule, eau, noyade, cracher, vomir, pleurer. On lui ré-enleva son bâillon.

- OU EST ATHOS ?
- Qui c'eeeeeeest ???

Il pleurait des larmes de douleur, d'incompréhension.

- Pitié, dites-moi qui c'est !

Chiffon, bâillon, eau, noyade, cracher, vomir, pleurer.

- QUI ES-TU ?

Nouvelle question ! Là, il savait, là il pouvait répondre. Il tenta de formuler des mots :

- MMMMmmmmMMhhh !!!

Le bâillon, on lui avait remis. Chiffon, eau, noyade, cracher, vomir, pleurer.

- Pitié ! Shintaro Kuroda !

Tout s'arrêta. On lui détacha ses liens. Les mains qui le tenaient étaient devenues plus tendres, on lui passa une serviette sur le visage et sur les cheveux, pour le sécher. On alluma les lumières de la pièce.

- Tu as échoué, je ne te félicite pas. J'en attendais plus de toi.

Jango Sanclair. Instructeur. Guérilla urbaine, tactiques de combat, et... interrogatoire.

- Il n'y a rien de mieux qu'une leçon pratique, n'est-ce pas ?

Oh merde, l'enfoiré...

- Et la journée ne fait que commencer. Mais rassure-toi, ça sera plus soft, maintenant que tu sais à qui tu as à faire !

La journée ne faisait que commencer... Dure journée en perspective.

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Quatrième jour : Terreur Interrogatoire
Shintaro avait retrouvé sa cagoule. Il marchait aux côtés de Jango.

- Vous êtes un grand malade.
- Sais-tu pourquoi tu as échoué ?
- C'était quoi le but ?
- Te soutirer une information, quelle qu'elle soit.
- Mon nom, vous appelez ça une information ?
- Dans l'absolu, c'en est une. Et tu l'as donnée.
- Vous m'en avez pas laissé le choix.
- Pourquoi l'as-tu donnée ?
- J'en pouvais plus.
- Je sais, mais sais-tu ce qui t'as poussé à me répondre aussi facilement ?
- La souffrance, peut-être ? La peur ?
- Non, rien de tout ça. Sais-tu où est Athos ?
- Mais vous allez me lâcher avec ça ? Et c'est qui, ce Athos ?
- Aucune idée.
- C'est quoi votre délire avec lui alors ?
- Lui, je m'en tape. Mais la méthode qu'il représente, ça, ça a été utile.
- La méthode ?
- Savais-tu quoi que ce soit à propos de ce nom ?
- Bein non, même vous, vous ne savez rien !
- C'est parce que c'était un prétexte.
- Pardon ?
- Ton esprit et ta volonté étaient frustrés de ne pas comprendre la situation, de ne même pas pouvoir répondre. Tu étais bâillonné, et même si tu pouvais parler, tu trouvais injuste qu'on te harcèle autant à propos de quelque chose que tu ne comprenais même pas.
- Bah, mettez-vous à ma place : on me pose une question que je ne comprends même pas, et on m'empêche même de dire que je n'en sais rien.
- Exactement, et c'était le but.
- ?
- Juste après ça, je t'ai demandé ton nom. Là, tu t'es retrouvé face à une question à laquelle tu pouvais enfin répondre. D'ailleurs, on t'a même enlevé ton bâillon à ce moment-là. Tu n'as même pas réfléchi, tu t'es dis que ça pourrait apaiser ta souffrance, tu as répondu et tu as donné ton nom.
- ...
- On a eu les informations qu'on voulait en te faisant craquer, parce que tu avais enfin devant toi une question dont tu connaissais la réponse. Et comme ça avait été ta principale frustration jusque là, tu n'as pas hésité une seule seconde. Pas sûr que tu aies donné la réponse si rapidement si on avait commencé par poser la question. Tu te serais méfié, tu te serais fermé. Là, tu étais totalement ouvert, parce que ton esprit était dans l'incompréhension.

C'était peut-être un grand malade, mais il était vraiment pas con...

- C'est ça, l'interrogatoire. L'eau et la sensation de noyade n'étaient là que pour augmenter la frustration de ton esprit. L'objet principal de torture n'était pas l'instrument physique, mais la question sans réponse possible.

Cet instructeur-tortue-ninja était vraiment incroyable.

- Et c'est cela que nous allons travailler aujourd'hui.

Pendant toute la discussion, ils avaient parcouru des longs couloirs. Enfin, ils entrèrent dans une grande salle.

- Voici mon repaire, mon sous-terrain à moi. Et voici ton unité, dans le même état que toi !

Ils étaient tous là. Épuisés, trempés de sueur et de l'eau glaciale. Ils avaient tous reçu le même traitement de cette tortue tarée.

- Bon, première leçon : savoir effectuer un interrogatoire efficace. Ensuite on verra comment y résister, parce que vous êtes vraiment nuls.

Merci pour le compliment...

---

C'était une technique vraiment intelligente que celle qu'il leur avait fait subir. Et rien de mieux que cette mise en situation pour bien retenir la leçon. Un peu violente, certes, mais pas moins efficace. La frustration de l'esprit était vraiment une arme extrêmement puissante. Il fallait forcer l'interrogé à désirer qu'on lui pose enfin une question à laquelle il pouvait apporter une réponse.

Autre méthode, la technique du "bruit blanc". Un den den mushi en mis communication avec "rien", mais pas éteint, permettait d'obtenir ce "pchhhhhhhhhhh" significatif du bruit blanc. Et c'était un truc à devenir fou lorsqu'on était forcé d'écouter ça pendant des heures. Jango Sanclair affirma que les plus durs à cuire pétaient un câble au bout de peu de temps.

Et la journée continua avec d'autres exemples, d'autres procédés. A chaque fois, l'instructeur passait par un moyen plus psychologique que physique, tout en y mêlant une méthode de torture physique censée focaliser l'esprit de l'interrogé, brisant sa volonté par le moyen psychologique.

---

Vint enfin la seconde phase de l'enseignement : maintenant que l'unité savait interroger correctement, il fallait mettre en pratique et surtout apprendre à résister efficacement à un interrogatoire. Des nerfs d'acier, il en faudrait.

Ils passèrent donc les dernières heures, jusqu'à la tombée de la nuit, à tenter de tenir bon. Il y avait une grosse récompense pour ceux qui craquaient : un bon repas bien chaud et un endroit douillet où se reposer pour finir la journée, en plus d'un excellent cocktail de fruits exotiques. Mais ça, c'était pour pousser l'esprit à craquer. Car l'objectif était évidemment de ne surtout pas craquer, sous aucun prétexte que ce soit, à aucune méthode. Et pourtant, la récompense faisait vraiment envie après une journée si remplie en émotions.

Ainsi, chacun leur tour, ils craquèrent, puis se reprirent, refusant ladite récompense et désirant continuer l'interrogatoire. Et c'était ce que Jango recherchait : les forcer à se surpasser, à obtenir la récompense et à avoir le cran de la refuser, pour remplir leur objectif. Et pourtant, les méthodes employées étaient sévères.

Mais ils étaient l’Élite, ils le savaient. Et grâce à cela, ils purent résister, tant bien que mal.

On pouvait donc, à l'issue de cette journée, qualifier Jango Sanclair d'Instructeur-Tortue-Ninja-Cinglé.

---

Le soir, à la cantine commune, toujours aucun bruit dans l'ensemble des trois unités. Alors, il y avait eu entraînement physique, interrogatoire violent, qu'allait réserver le troisième jour ? Vu l'état des autres, cela devait aussi être vraiment crevant.

- Navigation...

Alrahyr avait réussi, péniblement, à donner le programme du lendemain à son unité.

- Crevant, ça ? demanda Chryses.
- Faut croire...

En tout cas, rentrés au camp, ils se couchèrent immédiatement et s'effondrèrent.


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Cinquième jour : Navigation
- POURQUOI VOUS ÊTES PAS ENCORE LEVÉS MES GAILLARDS ?

Cooper... Mais ça n'était pas lui, l'instructeur du jour ! Shintaro se leva tant bien que mal, le soleil n'avait même pas encore commencé à pointer.

- Mon Caporal, je ne crois pas que nous ayons formation avec vous aujourd'hui...

Il était mal réveillé...

- Rien à faire, je croyais avoir été clair ! Un tour d'île chaque matin avant vos cours ! Z'avez de la chance, comme je passais par là pour aller voir les autres zigottos et les bouger de leurs pieux, je vous ai vu roupiller et je me suis dit que fallait faire quelque chose ! ALORS ON SE LÈVE ET ON VA COURIR !

Il secoua les tentes puis s'en alla, au pas de course.

- Il est sérieux ce mec ?

Chryses s'était levé, lui aussi, pour voir ce qu'il se passait.

- Bon, j'crois qu'on a pas le choix. Va réveiller tout le monde...

Ils étaient épuisés, mais formation oblige, il fallait faire tout le tour de l'île avant d'aller prendre le petit déjeuner. Dur...

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Après un premier repas de la journée bien mérité, ils se rendirent au port du QG du BAN, où leur formation les attendait.

- Bienvenue soldats !

La Marine d'Elite pour les nuls - Tome II Oldvv_imagesia-com_3esc
Castel Roc, dit "La Montagne", l'instructeur en navigation.
- Aujourd'hui, navigation. Certains d'entre vous croient savoir quelque chose, les autres ne savent rien. Quelle que soit votre situation, vous êtes donc tous au même point, et vous allez en apprendre beaucoup aujourd'hui !

Ils prirent place à bord du navire de formation, un bâtiment de type patrouilleur de taille moyenne. Facilement manœuvrable par une unité compétente dans le domaine.

- Z'avez de la chance, en plus aujourd'hui on va se recevoir un sacré grain et un bon vent sympathique !

Ouais, en gros, une bonne tempête. Ils prirent donc la mer et affrontèrent les puissantes vagues et les creux de l'océan. Chryses faisait son fier, car même si Castel prétendait le contraire, il s'y connaissait vraiment bien en navigation. Faut dire que Grand Line avait été un excellent terrain d'entraînement pour lui.

Ils apprirent ce jour tout ce qu'il fallait savoir sur les termes de navigation, les prises de vent, les manières de faire, et toutes ces choses vitales. Castel restait assis au centre du pont et donnait les ordres. Le bâtiment avait failli plusieurs fois chavirer, mais il n'avait jamais réagi, assurant que c'était la responsabilité de l'unité s'ils mourraient tous - lui y compris - dans cette tempête.

Ah oui, il enseignait aussi la discipline à bord. Il avait même jeté certains soldats à la mer car ils ne respectaient pas les ordres au quart de poil près. Il avait donc fallu faire demi-tour, en plein orage, afin de récupérer ceux passés par dessus bord.

En somme une journée épuisante supplémentaire, un bon repas et hop au lit. Parce que fallait pas déconner, mais c'était vachement crevant le grand large.

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Sixième et septième jours : Transmissions et stratégie
Réveil, footing matinal, petit déjeuner. Arrivée de l'instructeur Flores à la cantine commune.

- Félicitations aux deux unités qui ont réussi avec brio leur infiltration ! Par contre, Les Commandos d'Acier, vous avez l'air d'être doués que pour le combat !

Meeeeeeeeerde... Ils étaient tellement crevés qu'ils avaient complètement oublié cette épreuve ! Du coup, ils tiraient une sale tronche et les autres se moquaient d'eux. D'ailleurs, ces autres, comment avaient-ils fait pour trouver le courage de s'en occuper ? C'était incroyable...

Mais revenons à la formation de jour : un den den mushi, qu'est-ce que c'est, et comment ça fonctionne. Quelles sont les types, où les trouve-t-on, etc. Bobby Hoobermind était leur instructeur, et il en connaissait un rayon. Il dévia même sur les techniques d'encodage et de cryptage des conversation à distance. Très intéressant, et surtout très reposant.

Ils eurent une partie de la soirée de libre pour s'occuper de leur camp. L'unité avait obtenu divers matériaux qu'ils purent utiliser pour construire en dur leur tente centrale, avec des murs en bois et un toit quelques peu branlant. Mais cela serait suffisant, du moins pour avoir une place commune un peu plus confortable.

Repas du soir, et au dodo. Les jours précédents pesaient sur la forme.

Et lendemain, réveil, footing, et ptit dèj. Et puis la journée, pareil, formation théorique, cette fois-ci en stratégie.

En fait, c'était ça, la semaine type : cinq jours intensifs qui pourraient faire cracher ses poumons au mec le plus endurant, et deux jours de théorie. Avec un peu de sport, quand même, fallait pas déconner.

Et le principe, c'était que ça continue comme ça encore longtemps !
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De longues semaines passèrent et ne se ressemblèrent que par leur difficulté et la masse d'efforts à fournir. Tous s'endurcissaient.

Ils avaient appris de nombreuses choses :

- Stratégie militaire, ou comment appréhender avec succès une situation, utiliser avec efficacité les données de repérage et d'information sur l'événement à venir, et être capable de réagir convenablement et de prendre les décisions qui s'imposent.

- Rôle des officiers, ou comment savoir gérer correctement une unité, faire respecter la discipline dans ses rangs, se faire écouter et être capable de distribuer les sanctions quand cela est nécessaire. Ils apprirent également tous les grades de toutes les sections de la Marine, que ce soit la branche régulière, l'élite ou les scientifiques, le rôle de chaque gradé, sa place dans cet engrenage géant, et surtout le respect de chaque section, qui a son importance propre.

- Repérage, avec mise en situation : aller sur place, observer rapidement les bonnes choses, comme le terrain en lui-même, les forces en présence, leurs moyens, leur moral, et regrouper toutes les informations possibles.

- Analyse des données de repérage, mais aussi des autres données de type information. Savoir trier, être capable de dénicher la perle rare dans tout ce capharnaüm d'informations. Car trop de données tue la donnée.

- Planification, à effectuer en amont de toute opération, afin de bien organiser ce qui a été imaginé. Rien n'est pire qu'un assaut mal organisé, un repérage mal préparé, ou toute autre opération mal prévue.

- Logistique, parce que des soldats, c'est bien, mais en mission il faut un moyen de dormir - ou au moins un lieu sûr, quitte à dormir dans la nature -, de quoi manger, etc. Car même si les soldats de l'élite sont des durs à cuire, il fallait au moins un minimum de logistique pour les maintenir en vie. Et par logistique, on entendait également l'entretien des armes...

- Arts Martiaux classiques, ou comment se battre alors qu'on est pris au dépourvu, sans ses armes, sans son armure, sans son unité. C'est quelque chose qui sert toujours...

- Infiltration, à coupler au repérage, parce que savoir quoi regarder chez l'ennemi, c'est bien, mais si on se faire prendre pendant la mission, cela devient inutile.

- Camouflage, la base de l'infiltration. Si l'infiltration permet d'apprendre certaines techniques pour ne pas se faire repérer, le camouflage n'est que l'art de se glisser incognito dans un décor ou dans une foule.

- Guérilla urbaine, ou comment apprendre à se battre avec ce qu'on a sous la main, souvent dans un endroit restreint, en infériorité numérique et face à une force supérieure.

- Tactique, c'est-à-dire savoir réagir correctement aux changements de situation au beau milieu d'une opération. Car même si la mise en place d'une stratégie bien planifiée conduit souvent à des bons résultats, un adversaire bien entraîné saura bouleverser toute cette organisation. La connaissance des tactiques permet de renverser le cours d'une bataille en sa faveur.

- Tactiques de combat, ou comment déceler les points faibles des adversaires dans les premières passes d'arme.

- Interrogatoire, l'art de faire dire les choses qu'on veut et quand on veut, sans -trop - abîmer le mec en face. Mais c'est aussi l'art de savoir résister aux interrogatoires...

- Discipline, un apprentissage enseigné à peu près par tous les instructeurs, qui s'effectue presque naturellement au cours de la formation.

- Navigation, parce que se battre c'est bien, mais si tu coules en allant sur les terrains d'opération t'as l'air d'un con. Les dangers de la mer, les vents, les tactiques de prise de vitesse, comment prendre en chasse un navire, comment manœuvrer en bataille navale, etc.

- Armement d'un navire, toujours utile de savoir s'en servir mine de rien. Les règles en mer sont différentes, par exemple ne pas oublier d'arrimer les canons sous peine de se faire écraser lors du recul... L'air d'un con là aussi, sinon.

- Transmissions, codage et cryptage, car si les adversaires interceptent les messages tactiques, ça la fout mal. Comment fonctionnent les den den mushi, comment s'en sert-on, etc.

- Législations diverses, que ça soit en mer, sur terre, au sein des royaumes, des villes, des bases militaires, sur les îles officielles du Gouvernement Mondial. Tout savoir sur tout, parce que se faire arrêter parce qu'on a pas payé la taxe portuaire, c'est pas pratique en opération.

- Maniement de tous types d'armes usuelles, de la rapière au canon portatif.

- Entraînement au tir à courte, moyenne et longue portée, avec un pétard ou une tourelle de guerre, en passant par le fusil.

- Cohésion de groupe, respect de l'unité, travail d'équipe.

- Et surtout, surtout : entraînement physique. Endurance, résilience, ténacité, être capable des plus impressionnants travaux de force, pouvoir courir des heures sous la pluie, sous le soleil, dans n'importe quelle condition. Avec, en prime, un entraînement à la survie en milieu hostile.

Pas la peine de tergiverser plus que ça, c'était l'entraînement de l'élite, alors forcément c'était de la qualité. Pas seulement des brutes, mais des soldats qui font un boulot efficace, en un temps record, en limitant - parfois, si si - les dommages collatéraux.

Des soldats qui formaient une unité soudée, qui allait agir comme un seul homme, commandée par un type fiable - qu'il soit Sergent ou plus haut gradé -, efficace, et avec une aura puissante, qui inspirait la confiance de ses hommes et le respect de tous. Et, quand ils étaient influençables, la terreur de ses adversaires.

Mais la formation n'était pas finie. On leur avait sans cesse répété qu'ils auraient terminé d'apprendre seulement lorsqu'ils seraient morts. Et que, même là, ils n'auraient pas emmagasiné assez d'expérience pour être bons. La preuve, ils étaient morts.

Et la prochaine étape de ladite formation allait s'effectuer sous forme de concours. Car une fois l'apprentissage initial effectué, il restait encore à les pousser un peu plus pour récompenser la meilleure unité.

Lors des semaines passées, les Commandos d'Acier s'étaient souvent fait remarqué pour leur efficacité lors des épreuves, et ils étaient bien placés pour la première place finale. Mais le concours qui se préparait allait compter pour tellement de points qu'un simple écart les enverrait directement en dernière position.

Alors... ils avaient fort intérêt à se surpasser !

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Régate : préparation
- Ouaaaaah trop bien, une balade en mer !

Mura Yasuaka, premier caporal, l'archer. On n'en avait pas beaucoup entendu parler, lui, mais c'était un bon. Il avait excellé aux épreuves de tir, surpassant même les armes à feu.

- Toi, t'as rien pigé, vraiment... Si tu crois que ça va être la fête !

Shige Bata, deuxième caporal, le charpentier bourrin. Niveau arts martiaux, c'était une bête, mais il s'était attiré les foudres de l'instructeur Flores, car il refusait catégoriquement d'utiliser ses mains.

- Ha ! Détendez-vous les mecs, z'êtes stressés, z'avez pas envie de mouiller vos beaux vêtements ?

Chryses Nivilk, troisième caporal, le navigateur cyborg de Grand Line. Un pro dans son domaine.

Ces trois là n'arrêtaient pas de se tirer la bourre, une sorte de compétition de bonne entente. Très bons, respectés par leurs hommes, et redoutables au combat et dans leurs spécialités respectives. Shintaro était vraiment satisfait de les avoir sous son commandement, et il semblait que c'était réciproque.

- Chryses, tu sais que je compte sur toi aujourd'hui...
- Bien sûr chef. Faites-moi confiance, on va les laisser au port !
- J'y compte bien !

Au programme : épreuve de course navale. Un tour de l'île dans un sens, demi-tour dans le port, et rebelote, tour de l'île dans l'autre sens. Cette épreuve allait permettre de devoir gérer n'importe quelle direction de vent, et des manœuvres parfois serrées. Alrahyr le savait, mais il avait entièrement confiance dans les compétences de navigation de son caporal.

Ils montèrent à bord d'un navire type caravelle, qu'on leur avait attribué pour la course. Toutes les unités avaient le même modèle, dans un souci d'égalité.
Caravelle:
La seule chose qui divergeait pouvait être l'état de la coque : on leur avait donné toute leur journée la veille pour caréner leur bâtiment. Et il semblait que les Commandos d'Acier avaient été les seuls à comprendre l'importance de cette étape. Grâce à Chryses, encore une fois... Un génie de la navigation, ce type.

Le carénage, c'est l'action de nettoyer la coque du navire. Car, naturellement, des minéraux viennent s'accrocher dessus, ce qui d'une part endommage le matériau, et d'autre part augmente les frottement et diminue donc la vitesse. Ça n'était pas très connu pour ceux qui avaient passé toute leur vie à terre, mais le cyborg avait su attirer l'attention de son unité en leur expliquant précisément de quoi il s'agissait. Ils avaient donc passé un temps fou en carène, et ils verraient certainement durant la course l'utilité de ce nettoyage.

- A bord, c'est bien entendu moi le Capitaine... Mais au vu des connaissances du Caporal Nivilk, il sera Capitaine en second. Ses ordres compteront pour les miens. Est-ce bien clair ?

Tous ses hommes acquiescèrent en chœur. L'unité était désormais dans un état de cohésion très avancé, et cela faisait plaisir à voir. Les semaines de formation qu'ils avaient reçues les avaient rapprochés.

Ils entamèrent les manœuvres pour se placer sur la ligne de départ. La première difficulté était là : la ligne de départ obligeait les navires à se placer vent de face, à l'arrêt, ancre descendue.

- Tous à vos postes et tenez-vous prêts !

Les trois caravelles étaient parées. La course allait commencer dans une petite heure, le temps aux navires commissaires de se placer tout autour de l'île. Et Shintaro comptait bien exploiter ce temps pour parler tactique.

- Chryses, comment on aborde ce vent de face ?
- Personnellement, je serais pour m'éloigner de la côte. Ici on aura un vent trop faible.
- Au près donc ?
- Nan, carrément au petit largue bâbord au vent. On prend les vents du large et on fait le tour de l'île de plus loin.
- Donc on commence par pivoter sur tribord, on laisse le port en poupe... On va avoir un parcours vachement plus long.
- Mais on aura du vent... Regarde, le port est au nord de l'île, il y a un vent venant d'ouest. En admettant qu'il reste constant, on va s'éloigner en petit largue bâbord au vent, vers le nord. Une fois assez éloigné, on devrait réduire l'influence de l'île sur le vent, et donc choper une meilleure puissance. Là, on pourra remonter le vent en louvoyant au cap ouest-sud-ouest, en faisant gaffe à pas trop se rapprocher de la côte. Ensuite, descente en ligne droite cap au sud en vent de travers, et quand on sera à hauteur de l'extrémité sud de l'île, on pourra naviguer un peu en grand largue cap sud-est, voire est-sud-est en largue simple.
- Ensuite, vent arrière au sud de l'île ?
- Nan, une caravelle ça prend pas super bien le vent arrière, surtout avec ces voiles là. Et comme on a bien caréné hier, on va favoriser soit le largue soit le près, on va bien glisser.
- Donc on fait pas vraiment un carré autour de l'île ?
- Non pas vraiment. On va continuer en grand largue jusqu'à être à la verticale de la pointe sud de l'île, et là on pourra empanner pour mettre bâbord au vent et tribord sous le vent et remonter cap nord-est. Quand on aura assez avancé, on pourra remonter cap au nord en vent de travers, et naviguer au près jusqu'au port.
- Et là, demi-tour.
- Oui, on va avoir du mal, on n'aura plus beaucoup de vent dans le port. Mais on se débrouillera comme on pourra en fonction du vent bizarre qu'il y aura là bas. Et ensuite, rebelote dans l'autre sens, mais cette fois quand on passera au sud de l'île faudra louvoyer pendant pas mal de temps. Mais comme je disais, avec notre carène ça ira.
Carte:

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Régate : c'est parti !
BAM !
Départ.

Caravelle type Dundee:
- Levez l'ancre ! Brassez par bâbord grand voile et foc, par tribord voile d'artimon ! Je veux voir pivoter ce navire de vingt degrés dans les prochaines secondes !

Les trois navires effectuaient le même type de manœuvre, afin de se mettre au moins au près.

- Parfait, maintenant bordez toute la toile ! Chryses, cap nord-nord-ouest ! Vent au près puis passage en petit largue ! Allez souquez !

La caravelle accéléra rapidement, et encore plus à mesure qu'elle s'éloignait de la côte. Une autre unité avait adopté la même tactique et les suivait, tandis que la troisième avait préféré longer le littoral pour diminuer la distance à parcourir.

- Capitaine, le vent est bon, on va continuer au près cap ouest-nord-ouest !
- Bien reçu Chryses ! Bordez-moi ces voiles, et que ça saute ! Je veux les voir tendues ! Pourquoi le grand hunier bat au vent ! Halez cette voile !

Ils prirent encore de la vitesse. Le navire qui les suivait naviguait encore plus au près mais ne parvenait pas à les rattraper, faute de rapidité dans leurs manœuvres.

- Capitaine, on va pouvoir louvoyer !
- Ok ! Parés à virer ?
- Parés !
- Virement de bord, on passe tribord au vent !
- Virement de bord !

Castel Roc, l'instructeur en navigation, avait été clair dans ses consignes en mer : l'équipage devait répéter la demande du capitaine, pour que celui-ci s'assure que les consignes ont bien été entendues.

- Abattez un peu de grand voile, elle n'a pas pris le vent !

Chryses était un excellent navigateur.

- Parfait, maintenant qu'elle a gonflé, bordez-la !

Ils allaient à une bonne vitesse et avaient maintenant distancé leurs suiveurs. Ils pouvaient voir, au loin, le navire qui avait préféré longer la côte. Il était à peu près à leur hauteur, voir un peu devant.

- Parés à virer ?
- Parés !
- Virement de bord, on passe bâbord au vent !
- Virement de bord !
- Chryses, ceux qui sont restés proche de l'île avancent bien !
- Je sais, mais on aura l'avantage une fois au sud, quand l'influence de l'île les gênera !

Ils effectuèrent ainsi de nombreux virements de bord pendant leur avancée.

- Parés à abattre, passage en vent de travers !
- Parés !
- Abattez, passage vent de travers ! Chryses, cap sud !
- Voiles en abattée !
- Cap sud !

- Parés à border ?
- Parés !
- Bordez !
- Bordez !

Et ils continuèrent ainsi leurs nombreuses manœuvres, suivant le parcours proposé par le cyborg. Arrivés du côté Est de l'île, ils prirent énormément d'avance sur les concurrents et purent arriver au port bien avant eux, leur laissant place nette pour effectuer leur demi-tour. Lorsqu'ils ressortirent de l'enceinte, l'une des unités était prête à faire son demi-tour, et l'autre était tout juste en vue loin sur la côte.

Et la régate continua de la même manière. Il s'écartèrent rapidement du littoral et repartirent vers l'Est, pour faire le deuxième tour, dans l'autre sens. Arrivés du côté Ouest de l'île, après plus de la moitié de ce second tour, ils remarquèrent qu'un navire les rattrapait. Le vent semblait plus fort près de la côte, plus qu'au large en tout cas de ce côté de l'île. Cela surpris Chryses, mais il réagit rapidement. Ils prirent le vent en grand largue direction nord-est pour se rapprocher du littoral et étaient maintenant côte à côte avec une unité. Les deux navires avaient des voiles optimisées pour les vents de travers, largue, ou près, et très mauvaises en vent arrière. Chryses eut une idée pour leur offrir la victoire.

- Arrivés au nord de l'île, on va pas se diriger directement vers le port, sinon on sera vent arrière. On gardera le cap nord-est sur grand largue, puis on empannera sud-est toujours en grand largue cap en plein sur le port. Plus grande distance, mais on va les avoir car ils seront vent arrière !

Et, effectivement, cela se passa ainsi. Le couplage grand largue / bonne carène permit une excellente vitesse, bien meilleure que le vent arrière subit par l'autre équipage.

Ils arrivèrent donc au port entre deux et trois minutes en avance, bien premiers.

Régate : ok !

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Tournoi : préparation

Alors que la régate avait offert la possibilité d'évaluer la cohésion d'une unité et son savoir-faire en mer, le tournoi allait permettre d'avoir un classement d'efficacité au combat de chaque soldat.

Les règles étaient simples : comme on parlait de l'élite, ces soldats étaient capables d'endurer d'importantes blessures, de passer quelques jours à l'infirmerie et de continuer à galoper juste après. Ainsi, chaque concurrent pouvait se battre avec les armes de son choix, qu'elles soient destinées à un usage au corps à corps ou à distance. Car si l'un d'eux décidait délibérément de se battre sans arme à feu, il se devait d'être capable de vaincre un adversaire qui en possédait une.

Toutefois, même si les blessures allaient être de rigueur, il était demandé de faire attention à ne pas tuer lors des duels... C'était trop galère niveau administration pour justifier ça. Et de plus, il était expressément demandé aux meilleurs, s'ils rencontraient des adversaires clairement de plus faible niveau, de ne pas y aller trop fort et de simplement gagner vite fait bien fait. Ça ferait plus propre.

Ils étaient trois unités de vingt-cinq membres, soit soixante-quinze soldats en tout. Deux s'étaient blessés la veille lors d'un empannage raté sur le navire arrivé troisième et ne pouvaient donc pas y prendre part. Les organisateurs demandèrent donc à chaque unité de désigner trois personnes qui ne participeraient pas au tournoi, afin de n'avoir au final que soixante-quatre participants, une puissance de deux, ainsi propice à la mise en place d'un tableau tout à fait équitable.

Le tournoi commencerait donc avec les "32ièmes" de finale, il faudrait donc gagner six combats pour être désigné vainqueur. Les instructeurs avaient commencé par répartir les Sergents et Caporaux le plus espacés possible, afin qu'ils se rencontrent en haut du tableau le plus tard possible dans l'hypothèse où ils étaient plus forts que les simples soldats. Et cela valait encore plus pour les trois Sergents.

Shintaro s'équipa donc complètement, cette fois-ci. Vêtements serrés, armure légère type samouraï, cagoule et sugegasa. Il voulait profiter de ce tournoi pour marquer les esprits, car il comptait bien le gagner. Au fur et à mesure des différentes épreuves de combat qu'il avait traversées, il avait remarqué qu'il avait un meilleur niveau que les autres Sergents. Mais il savait aussi que cette fois, tout serait différent : toutes les armes étaient autorisées. Il put donc s'équiper, bien évidemment de son fameux bouclier, forgé spécialement en Acier Kaltershaft, mais aussi de ses trois sabres. Le long, qu'il prévoyait d'utiliser en premier lieu, le moyen, dans le cas où une trop grande allonge se révèlerait inutile, et le court, dans l'hypothèse où une proximité plus importante serait salvatrice.

Les duels allaient tous avoir lieu sur le terrain central de l'île du QG du BAN. Il s'agissait de l'événement majeur, et tous les intéressés étaient invités à venir. Des gradins avaient été disposés tout autour de la zone, permettant aux nombreux marines en faction ici de venir se détendre.

Le tournoi allait durer une semaine entière : un jour pour chaque étape. Lundi les 32ièmes, mardi les 16ièmes, mercredi les 8ièmes, jeudi les quarts, vendredi les demies-finales, samedi la finale, et dimanche la cérémonie de fin de formation initiale.

Cela allait être une semaine très forte en émotions, décisive pour la réputation de l'unité gagnante. Car les résultats de toute l'unité comptaient, dans une certaine mesure : chaque combat gagné par un soldat rapportait des points à son unité. Ainsi, il ne suffisait pas qu'Alrahyr gagne le tournoi pour placer son unité en tête, il était nécessaire que chacun fasse sa part du travail.

Tenez-vous prêts...
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- Psss, Sergent !
- Mmm ?
- C'est moi, Harrick.

Alrahyr venait de finir de se préparer, dans la petite salle-vestiaire qu'on lui avait attribuée. Il était seul, et ne s'attendait pas à recevoir de la visite. Et encore moins de la part de l'instructeur Andrew Harrick, le type aux informations.

- Alors, comment vous appréhendez ce tournoi ?
- Bah, je ferai comme je pourrai. Les soldats ne m'effraient pas particulièrement, mais les caporaux peuvent me réserver des surprises...

Il leva la tête vers son interlocuteur et ajouta :

- Héhé, surtout les miens en fait !
- Haha, je vous reconnais bien là ! Il paraît que vous avez fait une merveille avec vos hommes. Votre unité commence à se faire connaître au BAN. On s'attend tous à ce que vous remportiez le tournoi, vous en tête, vos troupes juste sur vos talons.
- Après, il y a les Sergents, je ne les ai jamais vraiment combattus...
- Mmm... vous n'avez pas l'air vraiment motivé.

Shintaro regarda le sol.

- Je n'en sais rien. Mais bon, si on gagne, j'aurai ce fruit si convoité !
- Un fruit ?
- Les anciens nous ont dit que le meilleur sergent recevrait un des fruits du démon.
- Pff, vous vous êtes fait avoir.
- Pardon ?
- Vous pensez vraiment qu'on va offrir ça à un Sergent, même si c'est le meilleur ? Non, vous êtes fou.
- Et c'est comme ça que vous comptez me motiver ? Bein merci, Instructeur.

Harrick s'assit en face de Shintaro.

- Si vous voulez de la motivation, vous allez en avoir.
- ?
- Vous m'aviez parlé d'une certaine Nayami Yay, partisane de votre rébellion sur Boréa. Vous vouliez savoir où elle était, et si elle était encore en vie, n'est-ce pas ?
- Vous avez cherché ?
- Disons que cette confiance incompréhensible que j'ai placée en vous - et j'espère ne pas le regretter - m'a amené à découvrir certaines informations.
- Arrêtez le suspens, suis pas d'humeur.
- Effectivement. Elle est enfermée à la caserne de Lavallière, avec certains membres de ce que vous appeliez la Garde Impériale. Là-bas, ils les appellent les Impériaux. Ils sont condamnés à mort, par pendaison, en place publique.
- Elle est en vie ???
- Vous écoutez la totalité de ma phrase, parfois ?
- Condamnée à mort...
- Z'êtes lent à la détente, Sergent. Vos émotions prennent le dessus, où sont passées ces semaines de formation qu'on vous a offertes ?
- En quoi ça me motive, tout ça ?
- J'y viens. En ce moment, une unité d'élite commandée par un Sergent vétéran est sur place. Il entame le processus qu'on appelle "purge" par chez nous.
- Purge ?
- Tout à fait. Il s'agit de trouver, pister, et remonter toutes les pistes de révolution, rébellion, et autres organisations qui œuvreraient contre l'attache du gouvernement mondial sur un territoire. En l'occurrence, Boréa. Ce Sergent, un certain Edwin Morneplume, est déterminé, et il a déjà bien commencé le processus. Mais il a eu quelques difficultés, et a perdu des hommes dans un carnage qui aurait pu être évité.
- Je vois...
- Le QG du BAN, responsable des actions des unités d'élite réparties partout sur les Blues, projette d'y envoyer une unité en renforts. Morneplume sera le cerveau - ce qui ne l'empêchera pas de donner des pains, on sait qu'il aime bien - et l'unité toute fraîche sera le marteau pilon qui écrase les mouches. En tout cas, c'est ainsi qu'on en parle à l'état major du QG. Et, comme ils veulent marquer le coup et rabaisser les révolutionnaires, ils veulent envoyer une unité tout juste sortie de formation, spécialement pour leur mettre la honte.
- Nous ?
- Pas forcément vous. Les gagnants du concours. Donc une des trois unités en lice.
- Aller sur Boréa... Y retourner après être devenu plus fort...
- Restez concentré. Ma question est : si je continue à vous faire confiance, une fois sur Boréa, de quel côté serez vous ?

Alrahyr prit sa tête entre ses mains, comme pour réfléchir. Il se redressa enfin :

- Que veux faire exactement Mornepalme ?
- Morneplume.
- Morneplume.
- Je vous l'ai dit, il veut purger les révolutionnaires.
- On sait comment ?
- Officiellement, il a ses petits secrets. Mais aucun Marine d'élite n'a de secret pour moi, vous le savez. Il veut passer par les survivants du Teiko pour avoir des informations sur la révolution. Il veut interroger Nayami, et donc retarder son exécution le temps de son interrogatoire.

Shintaro avait le regard vague...

- Est-ce qu'elle sait quelque chose ?
- Je sais très bien ce qu'elle sait. Et ça m'arrange assez bien, à vrai dire.
- Expliquez-vous.
- Non, vous allez encore devoir me faire confiance, Instructeur. Je sais ce qu'il va se passer, et je veux être aux côtés de ce Morneplume quand ça arrivera. Du côté de l'état major, là où est la place d'un Sergent d'Elite.
- Et pour Nayami ?
- Elle disparaîtra de la caserne une fois qu'elle aura donné les informations. Si elle meurt, je peux vous affirmer qu'il n'y aura plus aucun Marine à Lavallière pour surveiller l'île.

Il avait un regard flamboyant qui transperçait les petites ouvertures de sa cagoule.

- Eh bien... J'ose espérer que vous arriverez à la faire évader, alors !
- Je l'espère aussi.
- Jamais j'aurais pensé dire ça un jour... Enfin, si vous servez la purge...
- Je hais les révolutionnaires. Ils ne suivent pas ma philosophie de vie. Alors bien sûr, que je la servirai !
- Soit, soit. Alors, motivé ?

Le jeune homme se releva, saisit son bouclier et dégaina son sabre long.

- Vous ne croyez pas si bien dire.
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« Pars »

C'était fait. Une barque, un mât, des mouettes, une caravelle de la Marine.
« Deviens plus fort »

C'était fait aussi. Des pirates, un recrutement au BAN, une formation complète.
« Et reviens nous libérer »

Cela allait se faire. Bientôt. C'était en bonne voie, plus qu'un tournoi à gagner. Et pour le gagner, une motivation d'enfer. Alrahyr allait se battre pour gagner le droit de retourner sur Boréa. Pour la première fois depuis quelques jours, il reprit foi en son futur. Il trouvait le temps long, mais il arrivait enfin au bout de cette étape. Il était devenu plus fort, il allait le prouver, et il allait pouvoir revenir les libérer.

Il entra dans l'arène. Il ne faisait pas très chaud, le temps était couvert. Oh, il n'allait pas pleuvoir, non. Mais ils allaient être épargnés par la chaleur. Les gradins étaient remplis, tout le BAN avait eu sa petite permission pour aller assister à ce spectacle. Les soixante-quatre combattants rentraient petit à petit et allaient se placer dans la zone qui leur était dédiée. La totalité des duels allait s'effectuer en même temps, dans un souci de gain de temps. Ça n'étaient pas des combats de grande envergure, alors on abrégeait.

Premier combat. Un soldat d'une autre unité, armé d'un fusil gros calibre équipé d'une longue lame. Un "deux-en-un". Pas la peine de s'y attarder, bien entendu : inutile de rappeler que le bouclier forgé en Acier Kaltershaft était largement capable de supporter ce type de tirs.
COMMENCEZ !

Il tire, Alrahyr se protège. Prévisible. Il avance sous les rafales, courbé en deux, à couvert derrière son immense bouclier. Les balles s'écrasent sur l'acier et tombent au sol, sans même y avoir laissé une égratignure. Du beau travail, cette arme. Les tirs cessent, le soldat a compris. Le jeune homme jette un œil au dessus de sa protection pour voir son adversaire courir vers lui, lame en main, prêt à frapper.

Le type classique, il aurait paré avec son bouclier le coup, l'aurait dévié vers sa gauche, et aurait ainsi créé une ouverture pour frapper avec sa propre lame.

Mais Shintaro, c'était pas un type classique. Lorsque le soldat frappa, il accompagna le mouvement de son adversaire avec son propre sabre, vers la droite, le forçant ainsi à continuer dans son élan et à lui présenter son dos. Trop facile. Un coup sec de bouclier dans ce dos à découvert, il tombe. Avec ça, il aura quelques bleus, mais rien de bien méchant. Mais il commence à se relever, et ça, Alrahyr n'en veut pas. Un autre coup, cette fois-ci avec l'avant du bouclier, pour clouer à terre son adversaire. Et il reste ainsi dessus, jetant au loin le fusil-sabre.

Vainqueur, rapidement, sans - trop - blesser son adversaire. Un peu de propreté dans ce monde de dingue, s'il vous plaît !

Il se relève, et regarde les autres duels. Certains finissent également, d'autres traînent en longueur. Ils traînent tellement que le jeune homme comprend alors pourquoi le prochain round aura lieu le lendemain : il fallait accorder du repos à ceux qui en avaient besoin.

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Le reste de la journée, l'unité est réunie. Ils discutent, partagent leurs impressions, se félicitent, se consolent. Vingt-trois au départ, seize pour la prochaine étape. Mieux que la moyenne, c'était pas mal.

Il ne se passe pas grand chose ce soir là. Personne n'a vraiment eu l'occasion de voir les combats des autres, tous mangent tranquillement et vont se coucher. Shintaro partage sa motivation avec ses hommes, en leur annonçant que les vainqueurs auront une première mission très importante.

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Deuxième combat. De la même manière, tout en même temps, mais seulement trente-deux participants. Un soldat de sa propre unité, maintenant. Dommage, un de plus qui allait quitter le tournoi. Et en plus, il fallait ne pas l'abîmer.

Alrahyr avait été très clair : battez-vous, quel que soit votre adversaire. Même si c'est moi.
COMMENCEZ !

Et, effectivement, ce duel dura quelques instants de plus. Le temps de quelques passes, d'un duel de force, et enfin d'un revers de bouclier qui assomma le soldat pour mettre un terme à cette seconde manche. Rien de bien folichon, accordons-le. Mais ces étapes-là n'étaient pas très difficiles à passer pour le jeune Sergent, et il ne fallait pas qu'il se fatigue. Car il se savait pas ce qui l'attendrait dans les tous derniers duels.

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Au soir, ambiance un peu plus mouvementée. Certains de l'unité avaient pu observer les duels de leurs compagnons d'arme, et purent donc commenter les actions. De seize, ils passaient à sept pour la prochaine étape.

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Troisième combat. Ah, un caporal, d'une autre unité ! Enfin un duel intéressant ! Seize combattants en lice. Shintaro ne prit pas le temps de s'intéresser aux adversaires que ses hommes allaient affronter, il leur faisait confiance pour leur narrer leurs exploits le soir venu.

Et quelle surprise ! Ce caporal était équipé d'un bouclier, de type écu, et d'une lance. Enfin quelque chose d'intéressant.
COMMENCEZ !

Des coups de taille, des pointe, des assauts dans tous les sens, et de belles parades. Cet adversaire connaissait son art, et le maniait très efficacement. Shintaro dut prendre cela un peu plus au sérieux, ajustant mieux ses blocages. Mais ce qui était singulier, chez lui, c'était cette aptitude à se servir de son sabre comme d'une protection, et de son bouclier comme d'une arme dévastatrice. Et ce fut certainement ce qui déstabilisa, en fin de compte, le caporal, qui perdit tous ses moyens lorsqu'il fut frappé aux jambes par une puissant coup.

Genoux à terre, il ne put qu'observer le retour de cette arme forgée en un acier épais qui s'abattit sur son visage, marquant ainsi une troisième victoire de notre Sergent.

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Ainsi se conclut le troisième jour. De sept, ils passèrent à quatre, le sergent et ses caporaux. Quatre combats allaient avoir lieu le lendemain :
- Shige la montagne contre Shintaro, son Sergent.
- Chryses le cyborg contre un caporal d'une autre unité.
- Minamishima, le Sergent à la longue lance d'acier, contre un de ses caporaux.
- Mura l'archer contre Iesugi, le Sergent à l'imposante arme à feu.

Le lendemain allait être vraiment très intéressant.
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- Désolé Sergent, mais j'irai pas de main morte !
- J'y compte bien !

Et le duel commença. Shige était vraiment une montagne de muscles, et ses coups de pieds étaient puissants. Dans un premier temps, Alrahyr se focalisa sur l'évitement, frôlant les attaques de son caporal, qui creusaient le sol à chaque impact. Le jeune homme était impressionné : s'il connaissait le potentiel de son camarade, il ne l'avait encore jamais vraiment vu à l’œuvre. Il en était fier, fier que ses hommes aient ce potentiel, fier d'avoir une unité puissante aussi soudée.

Curieux de la force qu'était capable de déployer Shige, il décida de bloquer, cette fois, l'un de ses coups. Il pourrait alors ressentir l'onde de choc, protégé de l'impact derrière son bouclier. Mais il ne s'attendait pas à une telle puissance, et il fut projeté de plusieurs mètres en arrière, tombant au sol.

- Oh putain...

Il était sonné, il avait été loin de se rendre compte de la force de son caporal et en subissait maintenant les conséquences. Il se protégea derrière son arme alors que son adversaire sautait sur lui, et il dut ainsi supporter l'assaut répétitif de ses coups de pied, qui l'enfonçaient petit à petit dans le sol.

- Bon, finies les conneries !

Il dévia une attaque grâce à son bouclier, déséquilibrant le caporal, et dut se servir de son sabre pour le blesser, au torse. Surpris, ce dernier chancela et ne put esquiver la charge du sergent, bouclier en avant, le réduisant à la défaite.

- T'es pas mauvais toi...
- Héhé, content de vous avoir épaté, chef ! Argggg
- Va te faire soigner, désolé de t'avoir blessé.
- Pas de mal, arh arh arh !

Pas de mal, mon cul oui. Bien abîmé, le caporal... Mais il allait s'en remettre sans souci, il avait les épaules pour ça. Physiquement comme au figuré, d'ailleurs.

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Chryses avait gagné, Mura avait perdu... Ils n'étaient plus que deux Commandos d'Acier dans le tournoi.

Le lendemain, ce seraient les demies-finales. Quatre hommes en lice, deux duels.
- Shintaro contre Minamishima, le sergent à la lance.
- Chryses contre Iesugi, le sergent à la sulfateuse.

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- Alors Sergent, belle journée ?
- Vous avez le don d'apparaître n'importe quand, vous...
- Je veille sur mes intérêts.
- En quoi fais-je partie de vos intérêts ?
- J'ai placé ma confiance en vous, vous servez donc, d'une certaine manière, mes intérêts. Disons plutôt que si vous perdez, ce que j'aurais fait jusqu'ici aura été en vain.
- Je ne perdrai pas, cessez vos insinuations.
- N'ayez pas trop confiance. N'oubliez pas qu'ici, c'est l'élite. Pas des tanches, donc.

Quatrième duel.

Aujourd'hui il fait chaud, très chaud. Mais Alrahyr est habitué aux climats extrêmes. Boréa, c'était son premier entraînement, sa terre de naissance. Ou comment s'habituer aux températures étrangement extrêmes. Et le BAN, ç'avait été son second entraînement. Parce qu'un Marine d'Elite, ça ne craquait pas à cause de la chaleur. Sinon, ce serait ridicule.

Minamishima. Quel nom étrange à prononcer. Une longue lance faite entièrement d'acier. Elle devait peser son poids, mais qu'importe. Un objectif unique : le battre. Quelques esquives, et ça serait réglé.

L'adversaire s'élança à une vitesse fulgurante. Shintaro était tranquille, il bloquait, parait, déviait les assauts. C'était facile. Trop facile.

Un coup à droite, un coup à gauche. Droite, haut, bas, haut, gauche, droite, droite. Une bonne irrégularité, il n'était pas mauvais. Mais le jeune homme n'avait pas à se compliquer la vie. Certes son adversaire était rapide, mais ses assauts étaient simples.

Droite, esquive, gauche, parade, haut, dévié, bas, parade, droite...

- Aaargh !

Merde ! C'était quoi ce bordel ? Une entaille aux côtes. Minamishima avait été d'une rapidité fulgurante, bien plus élevée que toutes ses attaques jusqu'à maintenant. Il avait accéléré subitement, surprenant son adversaire. Merde !

En position. Le lancier bougeait beaucoup plus vite maintenant, parfois trop rapidement pour Shintaro.

- Mais comment ?

Il apparut derrière lui et le frappa violemment au dos avec la hampe de sa lance, l'envoyant valser au sol.

Se ressaisir. Pourquoi n'arrivait-il pas à gérer cette impressionnante vitesse ?

Il se redressa alors que Minamishima s'élançait à nouveau.

Kiretsu !!

Il frappa le sol avec son bouclier, de toutes ses forces, fissurant la terre, coupant le chemin à son adversaire. Celui-ci se prit les pieds dans les morceaux qui volaient à quelques centimètres de la surface et s'effondra lamentablement.
meran !!

Le bouclier vola, heurtant Minamishima en plein torse. Sa lance vola plus loin, ce qui laissa le temps au jeune homme de se rapprocher et d'immobiliser son adversaire au sol, tirant profit de la formation récemment acquise en la matière.

Et une victoire supplémentaire. Plus douloureuse.

Seulement à ce moment, il réalisa l'engouement du public. Ils l'acclamaient.

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- Eh oui Sergent, je vous l'avait dit. Tout le BAN parle désormais de vous et de votre unité ! Maintenant je vous laisse, vous avez certainement besoin de parler avec vos hommes.

Chryses ? Il avait perdu. L'arme lourde de ce Sergent avait eu raison de lui, le mettant très à mal. Mais seule la partie robotisée de son corps avait été réellement affectée. Les mécanos travaillaient actuellement à le remettre sur pieds, mais il ne pourrait pas assister à la finale le lendemain.

Ainsi, Shintaro contre Iesugi. Il comptait bien sur son fidèle bouclier pour le protéger efficacement.


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Sale temps. Ils n'avaient pas prédis la pluie, mais elle arrivait quand même. Pourquoi fallait-il toujours qu'il pleuve dans ces moments là, lors de ces événements si importants dans l'histoire d'une vie ? C'était cliché...

Les gradins n'étaient pas équipés pour, mais cela n'avait pas découragé les soldats du BAN. Ils voulaient voir cette finale, ce duel de fin de tournoi des nouvelles recrues. Ils avaient énormément apprécié les deux magnifiques combats de la veille et en voulaient encore un, de niveau encore supérieur.

Au vu des résultats, les Commandos d'Acier étaient déjà certains, même si leur Sergent perdait, de prendre la première place. Mais l'Instructeur Harrick avait encore trouvé un moyen de motiver Shintaro. Car il y avait bien une récompense spéciale pour le sergent vainqueur, et si ça n'était pas un fruit du démon, c'était tout de même quelque chose de bien particulier, que le jeune homme pouvait convoiter...

Il entra donc sur le terrain avec toute la volonté du monde de vaincre.

Son adversaire, Iesugi, était un bourrin dans toute sa splendeur. Armé d'un canon lourd à répétition, une sorte de prototype du département ingénierie, il se tenait là, droit, avec une importante quantité de munitions l'entourant. Oui, ça allait faire des dégâts ce truc. Il ne fallait en aucun cas s'en prendre une, sinon c'était hôpital directement, voire morgue.

Et le signal fut donné. On ne perdait pas de temps, ce jour là, il pleuvait trop fort. Avec un peu de chance, l'arme à feu allait mal fonctionner ?

Même pas. Aussitôt le duel commencé, les canons tournants commencèrent à cracher leurs munitions mortelles. Un seul réflexe, se protéger derrière le bouclier. Une tactique, rester derrière et avancer jusqu'au contact.

BAM BAM BAM BAM BAM BAM BAM

Les balles commençaient à fuser, Alrahyr se préparait à l'impact, bien à couvert. Un instant, un autre, un moment interminable.

Impact.

Et, alors que le jeune homme croyait en sa stratégie, d'avancer vers son adversaire pendant qu'il tirait, il réalisa que cela n'allait être possible en aucun cas. La puissance des chocs le faisait reculer, repoussant ses appuis, faisant glisser ses pieds au sol. Il ne pouvait pas résister, il ne pouvait pas contrer cette force, il était contraint de reculer, inéluctablement.

Les balles d'un énorme calibre venaient s'écraser violemment contre l'Acier Kaltershaft, sans y déposer une seule trace. Mais le choc se propageait jusqu'au porteur du bouclier, empêchant toute riposte.

BAM BAM BAM BAM BAM BAM BAM

Merde. Rien à faire, impossible de s'approcher. C'était extrêmement handicapant... Il tenta de zigzaguer, mais son adversaire réagissait instantanément, déviant le tir dans la bonne direction. Un pro de son équipement.

Il jeta une œil derrière lui, réalisant que sa folle course forcée allait le conduire vers un épais mur de pierre, délimitant un côté du terrain. Là, il ne pourrait plus reculer et devrait continuer à encaisser toute l'énergie des impacts. C'était donc une sorte de course contre la montre, et il espérait qu'Iesugi arrive à court de munitions avant ce moment fatidique.

BAM BAM BAM BAM BAM BAM BAM

Mais bien sûr, cela n'arriva pas, ses talons heurtèrent la paroi, son corps fut repoussé contre le mur, et les chocs successifs creusèrent la pierre derrière son dos. Il subissait, ne pouvant que rester derrière son bouclier.

Merde.

BAM BAM BAM BAM BAM BAM BAM

Soudain, le bruit de rotation des canon s'arrêta et les tirs cessèrent. Fin des munitions ? Rechargement forcé ? C'était sa chance, il jeta un regard par dessus sa protection.

Là, il vit l'énorme arme lourde, utilisée comme une massue, qui s'abattait directement sur lui. Il eut tout juste le temps de se protéger à nouveau, mais pas de renforcer sa prise sur son bouclier. Lorsque son adversaire frappa, Alrahyr reçut sa propre arme défensive contre l'épaule gauche et le crâne, le sonnant légèrement. Iesugi enchaîna les coups, mettant à mal le jeune homme.

C'en était trop. Ras-le-bol, marre, il fallait gagner, et ciao. Pour Nayami, il devait se ressaisir.

Alrahyr prit appui sur les gravats derrière lui, et se jeta en avant, forçant la garde du sergent. Il dégaina enfin son sabre long, et l'utilisa pour intercepter les coups de la massue improvisée, assénant à chaque parade un coup de bouclier sur le côté.

Profitant d'une seconde de répit, Iesugi bondit en arrière et amorça un rechargement rapide de son arme lourde. Il ne fallait surtout pas qu'il y parvienne.
Kiretsu !!

Le sol vola en éclats, une fissure de propagea. Son adversaire regardait successivement ses munitions et l'entaille qui se précipitait vers lui, ses mains tremblaient, il ralentissait dans sa manipulation. Et ça, c'était très bon signe.
meran !!

Shintaro lança de toutes ses forces son bouclier, avec un ample mouvement tournant. Son adversaire se prit les pieds dans la tranchée de la précédente attaque, fut déséquilibré en arrière, interrompant son rechargement. Alors qu'il menaçait de chuter, essayant tant bien que mal de se reprendre, la seconde attaque le heurta en plein visage, le projetant définitivement au sol.

Le jeune homme n'avait pas attendu le retour de son arme pour s'élancer. Il l'attrapa au vol alors qu'elle revenait à lui, et arriva d'un bond sur son adversaire, genou droit contre ses côtes gauches, jambe gauche au dessus de lui.

- Désolé.

Il savait qu'il devait terminer le duel ainsi, sinon il serait sans fin.

Il plaça le bord de son bouclier sur le torse du sergent.
Hakai !!

Premier impact. Toutes les tensions de surface de l'armure, toutes les résistances entre les branches des cristaux métalliques, toutes les attaches des fibres de tissus et de cuirs cédèrent intérieurement, sans que l'effet ne soit encore visible à l’œil nu. La chair, même si elle semblait protégeait, subissait le même sort, et les côtes ne furent pas épargnées.

Deuxième impact. Un centième de seconde plus tard, ne permettant toujours pas de voir l'effet du premier. L'onde de choc amorça sa propagation dans le corps de son adversaire, passant outre la résistance annihilée de l'armure, des tissus, de la chair et des os.

Troisième impact. Toujours aussi rapproché temporellement. Celui-ci provoqua une onde secondaire qui amorça également sa propagation. Et il ne fallu qu'un instant supplémentaire pour que la première rebondisse à l'intérieur du corps de la victime et revienne, pour heurter la seconde.

Iesugi se tordit en deux, dans un spasme de douleur. Il ne mourrait pas, il était bien trop résistant. Mais il allait devoir passer un certain temps à l'infirmerie...

- Désolé. Il fallait que je gagne.
- Hhhhh, maudit rechargement...

Effectivement, c'était ce qui avait causé sa défaite.

Sixième victoire. Il pleuvait toujours, mais Alrahyr s'en foutait. Il n'en avait que faire. Il allait pouvoir retourner à Boréa !

Et il s'effondra de fatigue.

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- Hep Sergent, réveillez-vous, on va être en retard !

Hein ?

- Allez, bougez-vous !

La voix de Chryses. Shintaro ouvrit les yeux.

- Oh lala...
- Faites pas le mariolle, levez-vous !
- T'es déjà remis toi ?
- Bah, quelques pièces à changer et c'est reparti !

Mmmm... ça devait être sympa d'être à moitié un robot. Son épaule gauche lui faisait mal, séquelle des coups de la massue improvisée.

- Vous en faites pas chef, deux jours et vous ne sentirez plus rien !

Les deux médecins de son unité s'étaient occupés personnellement de lui.

- Jour de récompense, hein ?
- Yep Sergent !
- Alors allons-y.

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Alrahyr ne vécut cette journée qu'à moitié. Son esprit était tourné vers Boréa, vers cette île où il allait aller.

On le félicita, il serra la main de chaque instructeur, et son unité défila au BAN. Ils avaient raflé beaucoup de récompenses, notamment celle de la meilleure des trois unités en formation, et celle du meilleur Sergent.

On lui transmit ses ordres de première mission, qui, effectivement, allait se dérouler à Boréa. Ils allaient avoir la tâche d'assister l'unité du Sergent Edwin Morneplume dans sa purge de l'île. Officiellement, ils allaient devoir faire les gros bras, pendant que Morneplume s'occuperait du sale boulot et de l'organisation de sa mission.

Le but allait être double : offrir une expérience du terrain à cette unité nouvellement formée, lui permettant d'observer les manières de faire d'un vétéran en la matière, mais aussi ridiculiser les révolutionnaires et autres rebelles en leur envoyant une jeune unité inexpérimentée, qui allait participer à leur fin.

On leur assigna donc un navire, une caravelle semblable à celle utilisée lors de la régate, correctement armée, appelée "La lame de fond", et ils purent prendre la mer dès la fin d'après-midi.

Leur formation initiale était donc terminée, mais leur vraie expérience de l’Élite allait commencer.

- Et la récompense spéciale du Sergent ?
- Tu le sauras bien assez tôt, Chryses.

Shintaro esquissa un sourire satisfait. Les choses devenaient de plus en plus intéressantes.
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[Fin de ce RP ! Merci d'avoir lu ! Suite à Boréa ici : La Nuit]

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