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L'Audace donne des Ailes [Flashback : PV Blacrow L. Rachel]

John Fitzgerald a dit à Ernest Hemingway : "Les gens riches ne sont pas comme vous et moi". Ce à quoi Hemingway a répondu : "Non, ils ont plus d'argent". Ce qui me fait penser à mon idole, Willie Sutton, qui a dit : "Je vole les banques parce que c'est là qu'est l'argent". En l'occurrence, l'idée de base était on ne peut plus simple : collecter de l'argent en allant le chercher où il se trouve. Cependant, à l'heure où je venais à penser à tout cela, ce n'était pas l'argent qui restait ma principale préoccupation, mais plutôt les informations. Lorsque nos indics sont incapables de nous fournir l'information désirée, il convient alors de faire comme le dit ce cher Willie, à savoir aller collecter l'objet de nos désirs à la source. Qui plus est, supprimer les intermédiaires était une bonne occasion de s'assurer de la véracité des informations obtenues. Pour résumer la chose, l'Armée Révolutionnaire s'était faite saisir une importante quantité d'armes et de fonds, et le pauvre individu qui avait récupéré la mission de les retrouver n'était autre que moi. J'ignorais ce qui avait joué en ma défaveur pour que j'écope d'une telle sanction. A bien y penser, peut-être était-ce ma manie à fouiller partout dans les documents confidentiels afin de me tenir au courant de l'avancée des choses, ou peut-être étaient-ce mes incessantes preuves d'insubordination qui avaient fini par mettre le grand patron en colère. Dans tous les cas, j'avais fini par recevoir un ordre de mission sous pli cacheté, m'indiquant qu'il était impératif que je trouve la localisation de notre "outillage" saisi par les autorités.

Oui mais voilà, la tâche aurait été très vite accomplie s'il m'avait suffi de soudoyer quelques Marines véreux, ou de demander à des indics assez fiables et bien renseignés. Le principal écueil à ce plan était que les seuls au courant de ce genre d'information n'étaient autres que les hauts gradés, incorruptibles, paranoïaques et diablement dangereux à affronter. En somme, l'objet de mes recherches me conduisait irrémédiablement dans une seule et unique direction : les bureaux des officiers, au sein du Quartier Général de la Marine de North Blue, ceux-là même ayant effectué la saisie sur notre cargaison. Une seule et unique question se pose alors pour le commun des mortels, à savoir : "Comment pénétrer dans l'une des bases les mieux gardées des quatre mers, trouver les documents en question et s'enfuir par la suite". Pour ma part, j'avais déjà réussi à répondre à la première et la deuxième question. Seule la dernière restait épineuse. Bien entendu, la meilleure solution, ou plutôt la seule envisageable et ayant des chances de réussir, n'était autre que de se faire capturer pour être enfermé dans la prison du Quartier Général. J'avais trouvé un moyen d'y parvenir qui n'éveillerait pas les soupçons. Après tout, si la Marine avait été capable de trouver notre chargement, c'était que quelqu'un les avait renseignés. En utilisant le même réseau de communication pour annoncer le déplacement des armes, j'avais tout simplement mentionné le déplacement d'un haut gradé Révolutionnaire dans l'anonymat le plus total, se mêlant à la foule d'un navire de croisière.

Comme il est facile de s'en douter, le haut gradé en question allait bien sûr être joué par moi. Je n'avais pas suffisamment confiance en mes camarades pour leur laisser faire ce genre d'opération, en plus de risquer d'avoir leur emprisonnement ou mort sur la conscience. Qui plus est, n'ayant pas véritablement de plan de sortie, j'étais le plus disposé à trouver rapidement une solution afin de m'enfuir grâce à mes facultés de réflexion. Néanmoins, j'avais parfaitement conscience du fait qu'il me serait peut-être impossible de quitter cet endroit et que c'était, sait-on jamais, celui où j'allais mourir. Néanmoins, j'étais l'officier le plus endurant à la torture, sans doute parce que rien de ce que la Marine pourrait me faire, ne serait comparable à ce que les Tenryuubitôs m'ont jadis fait dans ma jeunesse. A cette simple réminiscence, je sentais la colère monter en moi, laissant mon poing fermé trembler, alors que je me tenais sur le pont du navire de croisière. Vêtu de mon large manteau noir, j'avais pris soin de conserver le capuchon afin de dissimuler mon visage. En temps normal, lorsqu'il s'agissait de se fondre dans la masse, j'évitais ce genre de pratiques attirant davantage l'attention qu'autre chose. Néanmoins, attirer l'attention était précisément ce que je désirais. Ainsi, lorsque la Marine, rencardé par notre traître, viendrait à aborder le navire, il ne leur serait pas difficile de me confondre et de tenter de me capturer. Cependant, il fallait rendre la chose convaincante, et sans doute allais-je devoir me battre jusqu'à un certain point, sans dévoiler l'étendue complète de ma force, afin de garder un élément de surprise, en plus de ne pas rendre mon arrestation "trop facile" à leurs yeux aux vues de ce que je pourrais déployer comme potentiel offensif.

Selon toute probabilité, le navire risquait d'être stoppé lorsque nous passerions le plus près possible du Quartier Général de la Marine. Je tenais pratiquement cela pour une certitude, car après tout, c'était "la meilleure option". S'il était une chose que je savais pertinemment, c'est que le caractère prévisible de la Marine tient du fait qu'elle choisit toujours "la meilleure option". En ce sens, je risquais de devenir excessivement gênant pour eux, car cela me donnait un avantage stratégique sur eux. Nul n'est plus à même de remporter une guerre que celui qui demeure capable de prévoir les réactions de ses adversaires. Certes, je ne disais pas que cela était infaillible, mais j'avais déjà observé à quel point nos chers agents du Gouvernement optaient pour les solutions les plus sûres et violentes. De mon côté... j'étais sans doute l'un des pires opposants qu'il puisse leur être donné de croiser en terme de stratégie. Comme l'avait jadis dit un grand homme : "S'ils nous attendent de nuit, au Nord, par temps brumeux, alors nous débarquerons de jour, à l'Est, par temps clair". La suite de cette déclaration nous a appris que l'homme en question avait bien fait, son débarquement s'étant déroulé dans des conditions optimales malgré de nombreuses victimes. Il était ainsi parvenu à frapper là où on ne l'attendait pas, et avait donné à la guerre qu'il livrait une tournure décisive. Je serais sans doute navré de l'apprendre à nos chers Marines lorsqu'ils comprendront mes intentions, à savoir trop tard, mais j'étais du même acabit que cet individu. Si le meilleur est le plus prévisible, le pire a tant de formes diverses et variées qu'il reste la forme la plus impossible à prévoir qui soit... et j'étais le genre d'homme à me jeter dans un combat dans les pires situations pour avoir justement l'avantage de la surprise.

Demeurant sur le pont, j'observais le rivage de l'île appartenant à la Marine qui se dessinait au loin. Derrière moi, je pouvais entendre un bon nombre de touristes bavarder, même piailler, ne se doutant guère de ce qui se tramait sous leur nez. A dire vrai, il aurait été étonnant qu'ils le sachent. Je suspectais cependant plusieurs personnes que je voyais un peu trop souvent non loin de moi d'être des agents en civil. Peut-être étais-je un poil trop paranoïaque, car trop tendu. Après tout, je m'embarquais dans une histoire de laquelle je n'étais pas sûr de revenir en un seul morceau, ou même de revenir tout court. Appuyé sur le rebord du navire, je laissais de temps à autre ma main gauche se glisser dans ma poche, afin de sentir à travers le tissu de celle-ci la présence rassurante de mon épée. Si je ne voulais pas être mis hors course tout de suite, il allait falloir que je sois réactif. Même si je pouvais sembler sur la défensive, sans doute mes opposants mettraient-ils ce comportement sur le compte de la nervosité de l'anonymat et de l'angoisse lorsque l'on mène une mission sous couverture. Je tentais cependant de me détendre, prenant de grandes inspirations, sentant l'iode lorsque les vagues se fracassaient sur le navire, laissant une légère écume toucher ma peau. Quant aux bruits apaisants des mouettes, après plus de vingt minutes à les entendre hurler, ils étaient loin d'être aussi sympathiques qu'au début. L'attente étant une chose que je détestais par-dessus tout, j'espérais que l'assaut serait bientôt donné, alors que le Quartier Général de la Marine n'était plus très loin. Un peu d'action aurait le bénéfique effet de me calmer et mettre fin à mon angoisse permanente.

J'ignorais à quel point mon souhait allait-être exaucé...

      Rachel suivait son Colonel attitré par monts et par vaux sans opposer la moindre remarque, sans jamais rechigner, du moins en présence d'autrui. Pourtant quand le Colonel Kimura prit la tête de l'expédition qui visait à inspecter un navire de croisière, Elle dut s'enrouler le câble de son arme autour de son cou pour ne pas riposter à cette mauvaise, très mauvaise idée.
      En l'espace d'une journée, une information courut comme quoi l'un des hauts dirigeant de la révolution actuelle se trouverait sur un navire de croisière pour une raison inconnue et étrange e qu'il passerait à proximité du QG de North Blue. Et qu'avait fait le bâtiment qu'avait à charge le Colonel Kimura? Se porter volontaire pour intercepter le navire de croisière! La chasse à la gloire n'attends pas, hein? Mais le Lieutenant Blacrow n'avait qu'une envie, c'était d'interrompre cette expédition qui fonçait droit dans le mur. Mais ce n'était pas pour sa finesse qu'était connue le Colonel Kimura. Elle avait pris la décision d'y aller seule avec son navire, son équipage et son bosco, en l'occurrence, Rachel. Elle avait été attribuée à cette grande dame de la marine depuis déjà deux ans et lui servait même de conseillère, quand elle voulait bien écouter ce qu'on avait à lui dire. C'est à dire quand on lui propose différentes saveurs pour son thé. Elle n'avait donc suivi aucun ordre et c'était à peine si elle avait attendue l'autorisation des instances de la marine avant de prendre, toutes voiles dehors, la direction du Quartier Général de la Marine à North Blue.

      Le lieutenant Blacrow avait organisé tout l'équipage depuis leur départ du port auquel ils avaient mouillé. Les mousses étaient à leurs postes, la Hune du Vigie était à l'affut, toutes les voiles sorties étaient bordées. Le bateau avec ses trois mâts était vraiment beau et faisait vraiment classe. Rachel aimait voir les mâts d'Artimont, de Misaine et le Beaupré quêter, voir toutes ces voiles, les Perruches, les focs et même les trinquettes gonflées par le vent... mais aujourd'hui, alors que le soleil éclairait l'équipage et le navire, qu'il découvrait l'écume en suspension dans l'air et qu'il chauffait le corps frêle du Lieutenant à la faux, celle-ci gardait inflexiblement un air renfrogné. Elle était courbée et tendue par ses maussades sentiments. Au loin se présageaient des nuages...
      Elle était assise sur l'un des deux escaliers qui montaient sur la Dunette, et par son apparence et son air maussade, tout l'équipage prenait soin de l'éviter et de prendre le second escalier.
      Soudain, alors que la jeune fille au teint hâlé était perdue dans ses réflexions, un violent coup sur le crâne la fit dégringoler au bas des marches. Poussant une plainte, elle s'y écrasa dans un craquement, accompagné d'un rire fort provenant du haut des marches.


    -Eh bien ma petite poupée! Pourquoi donc cet air renfrogné?


      Le Lieutenant Blacrow releva sa tête endolorie pour scruter le Colonel qui la dominait d'un par ses deux mètres trente, de deux par les escaliers au sommet desquels elle se trouvait. Elle avait les cheveux courts et blonds, un visage comme celui de n'importe qui et au bout de ses deux bras fins, elle tenait entre ses doigts délicats un tasse de thé et un Ton-Fa avec lequel elle venait d'assommer notre faucheuse. Cette dernière poussa un soupir. Même si elle connaissait déjà la réaction de son Colonel, Rachel s'accorda un droit de parole. Elle se redressa, faux à la main et commença à monter les marches pour rejoindre le Colonel Kimura sur la super-structure arrière du bâtiment.


    -Parce que je trouve cette expédition très suspecte. Je ne comprends pas la logique de la révolution qui consiste à envoyer leurs hauts gradés aux abords du QG de North Blue. Même incognito, il vaut mieux faire un détour, rien que pour palier à une éventualité. Et une chose qui me chiffonne encore plus, c'est que récemment, on a infiltré leurs lignes de communication et intercepté un chargement d'armes. Comment ce fait-il qu'ils n'aient pas réalisé qu'ils étaient sous écoute? Personnellement, c'est la première chose qui me viendrait à l'esprit. Je pense donc qu'il y a anguille sous roche! La marine aussi laisse trainer derrière elle de fausses informations comme un filet tendu en arrière pour ferrer le poisson.

    -Mais il faut bien que quelqu'un aille sur place, si ce n'est pour vérifier la véracité des informations. Et je suis la plus qualifiée sur ces mers!

    -Vous n'en faîtes pas un peu trop...? Et si c'était bien un piège?

    -Et dans ce cas il nous arriverait quoi? On trouverait trois hauts gradés pour nous accueillir? Une centaine de révolutionnaire? Tu l'as dit toi même, on est à deux pas du QG. A la limite quoi? Le navire de croisière fait boom? Allons Rachel, ce n'est pas ça qui viendra à bout de la marine!

    -A mon avis, cette information est tout bonnement fausse et a pour but de leurrer le QG. Peut-être devrais-t-on s'attendre à autre chose; peut-être n'est-ce qu'un leurre. En tout cas, je suis prête à parier qu'il n'y a pas un seul révolutionnaire à bord de ce navire!

    -Qu'est-ce que tu aurais proposé de faire?

    -Laisser un autre officier pendre en charge l'affaire, ne pas se rendre garant de la crédulité de la marine...

    -Et laisser tous les honneurs à un autre? Non merci! On verra qui sera à bord de ce bateau, et si l'information se révèle exacte, à nous la gloire!



      Et sur ces paroles clamées comme une antienne, le Colonel Kimura vida sa tasse de thé. À cet instant précis, la vigie hurla que le navire de croisière était en vue. Radieuse, le Colonel se pencha par dessus la rambarde de sécurité, face à son équipage.


    -A nous la gloire mes enfants! Se retournant vers un mousse qui briquait le pont de la Dunette, elle hurla de nouveau. Un thé dans mon bureau, tout de suite!


      Et sans plus de sommations, elle sauta sur le pont principal pour disparaître dans ses quartiers. Le mousse ne sut trop quoi faire entre finir le pont ou se jeter dans la préparation d'un thé. Son regard perdu s'accrocha à celui de Rachel qui sourit chaleureusement avant de lui intimer qu'une infusion aux épices et noix pilées conviendraient à merveille.


    *****

      Quelques vingt minutes plus tard, le bateau du Colonel accostait celui de croisière. Le marins commençaient à monter à bord, inspectant tous les recoins, tous les visages, les comparant avec les visages primés de la révolution, connus de la marine. Le navire n'était pas désarmé pour autant et de nombreux marines restèrent encore à bord. Tandis que les uns montaient à l'abordage, le Colonel Kimura prit le Lieutenant Blacrow à part.


    -A toi de jouer.



      Rachel soupira. Elle n'était pas sur que cette tactique soit très efficace en cette situation. Mais elle ne ferait aucune remarque. Elle serra sa faux et acquiesça. De près de soixante centimètres de plus qu'elle, la grande dame de la marine se pencha sur la poupée de porcelaine et la saisit par la hanche avec un sourire. Puis, elle la projeta dans les airs. Le Lieutenant se retrouva propulsée à quelques trente mètres de la scène. Les bras tendus comme si elle pouvait voler, Rachel ne lâcha pas du regard son aire d'atterrissage. De si haut, la mer semblait si calme, les gens si insignifiants... Mais Rachel ne resta pas en apesanteur plus longtemps et elle prit un air bien plus impitoyable avant de fondre sur sa cible tel un corbeau sur une charogne. Elle atterrit sur le pont dans un nouveau craquement et un nuage de fumée noire surgi tout droit de son arme comme de l'enfer. En général, cette attaque visait à neutraliser un ennemi avant même qu'il ne réalise qu'il était traqué; cette fois, c'eut seulement pour but d'impressionner d'éventuels révolutionnaires.

      Sortie d'entre sa brume noire, une forme noire et frêle aux yeux verts luisants sembla s'être matérialiser sur le pont du navire.



    Opération Débusquer les Révolutionnaires:
    On

    Entrée Fracassante:
    OK
    • https://www.onepiece-requiem.net/t889-fiche-de-rachel-100
    • https://www.onepiece-requiem.net/t816-rachel-la-grande-faucheuse#8700

    Alors que je commençais fortement à m'impatienter, l'idée que notre poisson ne mordrait pas à l'hameçon commença sérieusement à me tarauder et à me courir sur le haricot. Si tel était le cas, je venais de perdre une journée complète que j'aurai pu passer à entraîner des nouvelles recrues, ou même à m'entraîner moi-même. Bien que je sois encore très jeune, la notion de temps perdu était pour moi l'une des choses les plus déplaisantes que l'on puisse imaginer. Même si j'étais un membre actif de la Révolution, j'avais toujours ma petite Vendetta personnelle à réaliser, et ce n'était pas en me tournant les pouces ou en servant d'appât dans un lac vidé de tous ses poissons que j'allais avancer vers le but que je m'étais fixé. Même la quiétude qu'était censée apporter la brise marine ne parvenait pas à calmer mon impatience et le sentiment grandissant d'exaspération qui germait en moi. Peut-être que le plan prévu pour attirer la Marine était trop prévisible... j'avais néanmoins l'espoir qu'une quelconque délégation armée ne vienne en ces lieux. Après tout, il n'était pas du genre des Officiers appartenant à nos ennemis de laisser les choses au hasard. Aussi, même si cela semblait on ne peut plus louche, j'avais la certitude que l'on enverrait au moins quelques individus armés vérifier la véracité des propos, ne serait-ce qu'au cas où. Néanmoins, au fur-et-à-mesure que le navire de croisière avançait, dévoilant l'immense bâtisse qui servait de Quartier Général à la Marine, j'avais l'impression que nos chers opposants avaient été atteints de flemmardise aiguë... à moins que les informations ayant filtré proviennent des hauts gradés, les ayant également rencardé sur cette opération. Cependant, cela était fort peu probable, le but réel n'ayant été décidé que par deux ou trois personnes, au sein desquelles j'étais compté. Si fuite il y avait eut, cela réduirait à n'en pas douter le nombre de suspects, passant de plusieurs dizaines à un ou deux. En y pensant bien, même si les Marines ne venaient pas, cela pouvait bien nous arranger.

    Alors que je tentais de me convaincre de la véracité de ces faits afin de me calmer, l'évènement tant attendu finit par se produire. La moindre des choses que l'on puisse dire, c'était tout simplement que la Marine n'était pas du genre pressée ces derniers temps. Ils avaient tout bonnement attendu que le navire ne soit le plus proche possible de leur antre pour sortir de l'ombre. Avaient-ils peur que je m'envole ou que je regagne le rivage le plus proche à la nage s'ils s'étaient montrés avant ? Cependant, s'ils avaient daigné être un peu plus rapide, je n'aurais pas eu à m'ennuyer autant et à supporter les gémissements et hurlements du bébé que tenait l'une des passagères non-loin de moi. Cette empotée de jeune mère parvint à me déconcentrer, tenant maladroitement son nourrisson tout en cherchant un biberon ou une quelconque tutute dans son sac lui servant de fourre-tout spécial jeune mère. Pour peu, j'aurais pris le gosse et l'aurais lancé à la mer pour ne plus avoir à supporter ses gémissements. Tandis que j'essayais de recentrer mon attention sur le navire, sortant des jumelles pour mieux évaluer la force de frappe qui allait joyeusement m'accueillir, je constatais que l'activité régnait sur le pont. A en juger les membres présents au grand jour, le bateau devait compter, sans nul doute, plus d'une cinquantaine de soldats, sans parler des gradés. Même avec tout mon talent et la chance la plus grandiose qui puisse être, j'estimais que je n'avais pas véritablement de moyen d'échappatoire au cas où les choses tourneraient très mal. En somme, les dés étaient lancés, les jeux étaient faits, j'allais devoir aller jusqu'au bout. Comme le disait si bien mon mentor, "Ça passe ou ça casse". Soit j'allais réussir ma mission, soit j'allais croupir dans une cellule jusqu'à la fin de mes jours... ou jusqu'à mon exécution prochaine.

    Tandis que j'observais le navire qui nous accostait, la jeune mère derrière moi me tapa sur l'épaule pour attirer mon attention. Pensant immédiatement à un Marine infiltré, je me tournais vivement et... me retrouvait avec un bébé sur les bras. Me gratifiant d'une explication aussi rapide que gênante, elle m'assura devoir aller chercher le biberon oublié dans sa cabine et n'en avoir que pour un instant. Mais quel genre de mère confie son nourrisson à un parfait inconnu après avoir oublié ses affaires ?! Je n'eus même pas le temps de faire objection que la demoiselle avait pris la poudre d'escampette, me laissant tout penaud avec un enfant d'à peine quatre mois sur les bras. Pendant ce temps... eh bien, les Marines arrivaient sur le navire de tous les côtés et... l'odeur qui vint me chatouiller désagréablement les narines me laissa penser que mon compagnon de fortune venait de finir la dernière étape de sa digestion. Je dois cependant avouer qu'avec le recul... la tentation de le jeter par-dessus bord était on ne peut plus grandissante et ô combien séduisante. Pas le temps de m'occuper de le changer, qui plus est, avec quelles couches ?! Tandis que j'étais assigné au rang terrifiant de Baby-Sittor, la terreur des couches pleines, sans aucune expérience de la chose, et que l'ignoble marmaille que je tenais me faisait un grand sourire, ravi de sa "boulette" si l'on peut dire, je voyais bien que la Marine interrogeait les passagers... plusieurs d'entre eux me montrant du doigt. Certes, j'avais désiré être repéré de suite, mais je devais dire que le moment tombait plutôt mal. Qui plus est, le fait que je tienne un enfant fut pour le moins... mal interprété par mes opposants.


    - On le tient ! Attention, il a pris un bébé en otage !

    Vous savez ce qu'on dit ? Toutes les bonnes choses ont une fin. Les mauvaises, elles, ont plutôt tendance à s'éterniser, en s'aggravant de préférence. Ma tranquillité était terminée et le calvaire de l'incompréhension commençait en me donnant la certitude que cela n'allait pas s'arranger. Me retrouvant rapidement cerné par une bonne demi-douzaine de soldats vêtus de l'uniforme si caractéristique des Marines, je commençais à croire que j'avais dû marcher dans une fiente, et pas nécessairement avec le pied le plus adéquat. Je savais que cette situation sous tension n'attendait qu'un signal pour dégénérer. Un simple craquement, ou un idiot qui se mettrait à éternuer au plus mauvais moment. En l'occurrence, le signal fut cette fois-ci plus atypique. Une espèce de gamine volante avec une arme aussi grande qu'elle, si ce n'était plus, surgit de nulle part, s'envolant dans les airs, pour atterrir dans un fatras de fumée. Évidemment, vous vous doutez bien que ce genre de chose correspond parfaitement à la définition de "signal", aussi particulier soit-il, pour lancer les hostilités. Face à ce remue-ménage, l'un des Marines s'élança vers moi avec son sabre brandit dans les airs. Esquivant le coup vertical en me tournant sur le côté, je le gratifiais d'un coup de pied au train, avant que deux autres de ses collègues ne viennent à me foncer à leur tour dessus en hurlant toute leur rage. Ni une ni deux, je posais ma main sur la couche du bébé pour l'ôter d'un coup net, à la manière d'un sparadrap, pour la jeter au visage du premier marine. La réaction de ce dernier fut caractéristique de celui qui reçoit un paquet plein d'excréments à la figure, à savoir qu'il cessa de courir en hurlant son dégoût, posant ses mains sur l'objet qui l'empêchait de voir. Profitant de cela, je parcourais le peu de distance qui nous séparait pour le gratifier d'une droite dans l'estomac, tenant le nourrisson de la main gauche et repoussant mon adversaire assez brutalement contre le mât principal du navire.

    Quant au deuxième, profitant de mon attaque, il leva son arme pour tenter de m'occire. Là par contre, je n'étais guère fier de ce que j'allais faire. Jetant le bébé dans les airs pour qu'il lui tombe dans les bras, le Marine resta un moment décontenancé par le fait de tenir ainsi un enfant. Même si sa surprise ne dura qu'une demi-seconde, ce fut à cet instant que mon pied, armé de mes bottes cloutés, vint lui briser ce qui lui servait d'entre-jambes. Le choc le fit rejeter l'enfant qui m'atterrit naturellement dans les bras. Quant aux deux derniers Marine, l'un d'eux, emporté dans son élan, passa à côté de moi en tentant un coup d'épée vertical que j'esquivais sans mal, l'attrapant alors par le col, avant que son collègue ne tente la même chose. Tirant celui que j'avais attrapé, je laissais le coup de sabre s'abattre sur la partie du vêtement que je tenais. Ainsi, je me retrouvais avec le dos d'un uniforme de Marine, tandis qu'un simple croche-pied fit tomber mon assaillant au sol, avant que je ne projette son collègue sur lui d'un autre coup de pied retourné. Je me retrouvais donc avec cinq Marines au tapis en l'espace de quelques secondes, et une nouvelle invitée qui aimait visiblement beaucoup la mise en scène. Le bébé, quant à lui, était en pleine forme. Alors que je le tenais devant moi pour voir s'il allait bien, je vis cependant que ses yeux tournaient dans tous les sens... avant qu'il ne vienne à me cracher son lait sur mon imperméable. Même venant d'un nourrisson, la régurgitation n'est vraiment pas une chose plaisante, en particulier lorsque c'est sur vous que cela retombe. Faisant signe un instant à la nouvelle arrivée, je pris la parole avec le ton le plus naturel du monde, bien que l'exaspération de m'être fait vomir dessus était facilement décelable.


    - Un instant je vous prie...

    Me tournant alors pour utiliser le morceau de vêtement déchiré que je tenais, j'improvisais une couche-culotte on ne peut plus rudimentaire pour "empaqueter" le bas du bébé avant de le rendre à un autre passager en lui souhaitant bonne chance. Toussotant alors pour faire face à la jeune femme se tenant face à moi, j'ôtais mon capuchon, dévoilant ma chevelure noire de jais ainsi que mes iris azurés. Bien évidemment, je finis par enlever aussi l'ensemble de l'imperméable, salis à mon grand regret par le nourrisson. Tout bonnement inutilisable, je le jetais d'un mouvement ample de la main gauche, le laissant s'envoler au loin par-delà le navire, avant de sortir l'épée fine ainsi apparut, dissimulée un instant plus tôt par le vêtement que je venais d'ôter. Resserrant mon étreinte sur l'instrument en le brandissant devant moi, en direction de la jeune femme pour le moins atypique, je souriais sans vraiment cacher la joie que je me faisais d'affronter autre chose que la piétaille habituelle. Cependant, je me devais de renforcer un peu l'image de ma couverture face aux Marines, pour rendre la chose un tant soit peu plus crédible. Avec un brin d'arrogance dans la voix, je pris la parole en faisant preuve de toute l'ironie dont j'étais capable.

    - Décidément, vous êtes partout ces derniers temps. A croire que les rumeurs sur d'éventuelles fuites seraient fondées. J'en ferais mention dans mon rapport afin de colmater ce léger problème. Excusez-moi cependant, j'ai presque faillit oublier mes bonnes manières...

    Prenant une impulsion sur le bois du pont pour me projeter à toute allure vers la demoiselle, je laissais mon épée se fracasser contre l'immense faux qu'elle arborait. Le frottement des deux armes produit un tintement métallique si caractéristique à celles d'un début de combat, le tout avec plusieurs étincelles dues au frottement des deux éclats d'acier. Exerçant une pression importante en luttant pour ne pas perdre du terrain alors que nos deux instruments étaient ainsi croisés, j'étais à proximité du visage de la demoiselle, dévoilant cette fois un faciès ô combien plus sérieux, sourcils froncés et regard sévère. Mes seuls mots furent alors brefs et concis, la gratifiant d'un simple : "Reyes Damien, Commodore de l'Armée Révolutionnaire. Enchanté !" avant de brusquement faire un mouvement des plus amples de mon épée afin de tenter de la repousser au loin. J'ignorais encore ce que la jeune Marine avait dans le ventre, mais mon instinct combattif semblait peu à peu s'éveiller, témoignant de ma part une grande espérance d'avoir un combat palpitant et ô combien intéressant qui me changerait sans nul doute des quelques soldats vaincus précédemment. Reprenant ma position initiale, épée brandie devant moi, prêt à en découdre, je décidais alors de lui laisser l'initiative afin de juger de ses capacités. Après tout, si je voulais rendre mon arrestation crédible, il me faudrait sans nul doute évaluer le potentiel de mon opposant afin de m'y adapter.

    Les choses sérieuses allaient enfin pouvoir commencer.
        Il fallut un temps pour que le Lieutenant Rachel puisse voir au travers de son nuage de charbon. Accroupie, sa faux de deux mètre brandie telle une patte de mante religieuse géante la surplombant elle fixait le vague, trop secouée encore pour savoir sur quoi elle devait poser son regard. Cependant, celui-ci était déjà allumé par les feux de l'adrénaline. Une chute de trente mètres à cette étrange capacité de faire augmenter le rythme cardiaque d'une manière très significative. A dix heures, cinq marines encadraient un homme encapuchonné avec un bébé dans les bras. Dans quoi s'étaient-ils donc embarqués? Elle avait raison, ils n'auraient pas du venir, laisser cette charge à un autre navire. Il n'y avait tellement peu de suspect à bord qu'ils avaient jeté leur dévolu sur la seule personne dont le visage était masqué. Il tenait même un bébé. Un civil était en ce moment même la cible d'une unité certes réduite mais de marines tout de même. Et l'arrivée de Rachel semblât même être le signal qu'ils attendaient pour sauter sur le civil. Elle n'eut pas vraiment plus de temps pour analyser la situation qu'ils s'élançaient sur l'homme qui se révéla très vite être bien plus qu'un simple civil car il envoya au tapis les cinq hommes sans même que le bébé qu'il n'avait entre les bras ne crie.

        Ces marins n'avaient vraiment aucune réflexion. Ok, il semblait à première vue qu'il s'agissait d'un civil mais vu qu'eux étaient persuadés du contraire, ils avaient foncés tête baissée sans même prendre garde à la sécurité du nourrisson. Quoi de mieux que de mettre la vie de civils en danger que de foncer tête baissée? Cette fois, heureusement pour l'honneur de la marine et l'éthique de notre faucheuse, l'homme attaqué n'était pas un civil et vraisemblablement pas un pirate qui aurait sacrifié la vie de son otage mais surtout un homme qui n'avait visiblement pas l'intention de laisser de cadavres sur son sillage. Rachel aux yeux émeraude se releva fixant cet homme virevolter avec les marines et son tas de langes. Il était adroit, à n'en pas douter. Il venait de se débarrasser de l'escouade qui l'encerclait... mais alors c'était à elle d'entrer en piste!!! Il lui avait fit signe!

        L'homme se débarrassa du nourrisson après l'avoir changé. Rachel lui en fut d'ailleurs reconnaissant de ne pas se battre avec ce civil sur les bras puis découvrit son visage du tissus qui le recouvrait. Rachel à la faux put à loisir observer ces yeux bleus azur et sa chevelure noire. C'était dommage, avec sa capuche sombre pour lui cacher le visage et les yeux, elle lui aurait bien prêté sa faux pour apprécier le spectacle d'une nouvelle faucheuse. Elle se faisait d'ailleurs une joie de la rencontrer. Mais le moment viendrait. Tout vient à point à qui sait attendre. Elle allait pas non plus tendre le cou pour se le laisser trancher par la première lame venue. Surtout pas maintenant. Elle espérait toujours à mieux. Pourtant elle aurait très bien pu accepter la proposition sous-entendue de cet homme de lui faire passer l'arme à gauche; il était tout de même censé représenter l'élite de la révolution. Mais elle n'y croyait pas. Certes, la marine laissait ses amiraux errer comme ils l'entendaient, mais la révolution ne devait certainement pas fonctionner de la même manière. Quoique elle se basait sur des inconnues pour tirer des conclusions bancales. Surtout qu'il vînt perturber les assurances de Rachel. Il faisait partie d'une organisation qui utilisait les rapports. Mais a final ça ne prouvait rien.


      -Alors s'il y a des rumeurs sur une taupe ou une fuite dans vos communications, vous n'en tenez pas compte lors de missions importantes? C'est une erreur, vous ne trouvez pas?

        N'avait-il pas aimé sa répartie? Toujours était-il qu'il chargea comme un rhinocéros laineux, son épée fine brandie, fendant l'air en se rapprochant dangereusement de Rachel. Elle y opposa rapidement sa propre arme dont le bout du manche vint contrer l'assaut de ses deux poignards dont il était muni. Mais elle avait un peu tardé à réagir et retrouva l'homme qui semblait plutôt jeune trop proche de son visage à son goût. Il 'avait déconcentrée, ou plutôt détourné son attention. Il avait entamé la discussion et pourtant avait fait le choix de fuser vers elle. Elle avait donc eu du retard sur son adversaire. Mais son intention n'était visiblement de prendre l'avantage. Il voulait simplement faire les présentation en toute intimité, puis finalement l'envoyer bouler. Dérapant sur cinq mètres, ralentissant par l'action de sa faux dans les planches du bateau de croisière. Tant pis pour le navire, la sécurité était plus importante. La sécurité. Étaient-ils vraiment en danger? Rachel eut un nouveau doute sur la véracité de l'identité du combattant qui lui faisait face, à nouveau en position, de défense cette fois. Il se disait Commodore. N'était-ce pas censé être un haut gradé? Pourtant elle avait réussi à bloquer son attaque, elle, un simple Lieutenant. Rachel secoua sa tête pâle aux yeux brillants. Il fallait qu'elle arrête! Elle avait toutes les preuves que la personne qui la défiait était un révolutionnaire et pourtant elle s'obstinait à trouver des contre arguments pour appuyer les conclusions qu'elle avait tiré au préalable. Elle avait parié que ce serait un piège ou qu'on les envoyait sur une fausse piste. Elle s'était vraisemblablement trompée et refusait juste de l'admettre. Seulement, le moment n'était plus vraiment à rétablir sa fierté. Elle devait maintenant se concentrer sur son altercation avec le révolutionnaire. Elle sourit alors avant de se présenter à son tour


      -Charmée. Blacrow L. Rachel, Lieutenant-Colonel, officier de la marine et prête à en découdre.


        Elle n'avait pas pu s'empêcher de lui raconter un crack. Elle n'était toujours pas convaincue qu'il soit un si haut gradé de la Révolution. S'il en faisait partie, pourquoi ne profiterait-il pas qu'il ne la connaisse pas pour se faire passer pour ce qu'elle n'était pas? Elle pouvait bien s'amuser, c'était une seconde nature chez les combattants de ce monde. Et elle, en bonne profiteuse de la vie, allait passer en mode combattante. Attention aux os donc.

        Le Lieutenant à la faux arma son arme si distinctive, tournant presque le dos à son adversaire et s'élança vers lui, rasant le plus possible le sol. Le but était de faire baisser la zone de frottement de son corps contre l'air et accélérer le mouvement d'attaque. De plus, dans cette position, elle s'exposait moins à une éventuelle contre-attaque. Ce n'est pas comme ça qu'elle désamorcera une réplique du soi-disant Commodore, mais ainsi elle protégeait ses points vitaux d'une manière bien plus efficace que si elle avait couru bêtement vers lui. Tentant d'enfoncer son flanc droit, Rachel frappa en arc de cercle. Mais son mouvement fut bizarrement perturbé par un blocage qui figea sa position. C'était presque si elle ne s'était pas arrêtée juste devant son adversaire aux cheveux de jais. Mais avant qu'elle ne s'immobilise, son bras gauche jaillit, une lame minuscule en comparaison avec son arme lourde scintilla tel un éclair fugace pour aller rencontrer la longue lame fine de Damien. Dans cette seconde figée où le vent marin ébouriffa légèrement leurs chevelures noires. Une boucle de l'anglaise de la faucheuse passa subrepticement devant ses yeux verts, qui, comme l'aurait fait un transformiste derrière un rideau tombé devant lui pour le plaisir des spectateurs, étincelèrent soudainement sous le coup de l'excitation et de son esprit combatif. Elle sourit à Damien. Les deux lames étaient chacune bloquée par l'autre et c'était ce qu'elle voulait. Tout son corps se tordit alors que son bras droit passait rapidement devant le révolutionnaire. Son poing était serré autour d'une sorte de câble tissé avec une sorte de bouchon de métal muni de sortes de poignards. Mais ce n'étaient que détails, car plus important, ce câble était relié derrière Rachel à la gigantesque lame en croissant de lune dont la torsion du corps de sa propriétaire avait fait décoller du sol. C'était donc une faux de deux mètres et de soixante kilos qui fondait sur le flanc droit du Commodore, tel un corbeau sur l'œil d'un macchabée.

      -Et ça c'est Black Crow qui est heureux de te rencontrer. Souffla-t-elle comme elle tournait sur elle-même pour donner l'impulsion adéquate au tranchant.
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      J'affichais un léger rictus quand j'entendis la réplique de ma charmante adversaire. Certes, il aurait été stupide de ma part de me lancer dans une mission avec pour système de renseignement le même qui était assurément contaminé par des informateurs de la Marine, mais sans doute la jeune femme ignorait-elle mes véritables intentions quant à mon habile stratagème. Croire qu'il était possible de ma part de faire une "erreur" montrait à quel point la jeune femme me sous-estimait, et c'était tant mieux. Tomber dans un piège est une chose, se tromper dans un plan en est une autre. J'avais fortement envie de lui briser ses espoirs quant à ce fait, mais la voir ainsi se débattre dans l'ignorance du schéma chaotique mais néanmoins parfaitement organisé que j'avais dressé était on ne peut plus jouissif. A la manière d'un homme qui s'amuserait à piéger des fourmis en les appâtant par un morceau de sucre, afin de les faire tomber dans un traquenard, je m'amusais à regarder la jeune officier se débattre dans la toile que je venais de tisser de manière on ne peut plus subtile. Je consentais cependant à lui donner un large signe de mon contentement, affichant un rictus des plus carnassiers et arrogants qui soient alors qu'elle venait de finir sa tirade. Certes, l'attaque qui venait de s'en suivre n'avait rien d'exceptionnel. Une course suivie d'un simple coup, sur le côté, bref, une attaque que l'on pourrait qualifier de standard. Je percevais cependant une légère perplexité très mal dissimulée sur le faciès de mon homologue armée, suite à ma présentation. J'ignorais ce à quoi elle pensait, mais j'étais prêt à parier qu'elle se posait des questions sur le rapport entre mon grade et le fait que je me mette à lancer des attaques on ne peut plus prévisibles et simples à éviter. Dans le meilleur des cas, elle mettait ma place de Commodore en doute. Dans le pire, elle se disait que j'étais vraiment Commodore et que le fait que je sois si faible laisse à présager un traquenard.

      Néanmoins, je fus amusé de sa réaction, alors que je me remettais en position de garde. Il est vrai qu'il aurait été plus sage de ma part de m'annoncer comme un Officier moins gradé, mais jeter le trouble et faire douter l'adversaire était un domaine dans lequel j'excellais et où je me livrais à cet art avec une joie non-dissimulée. Cependant, j'observais la demoiselle aux yeux d'émeraude alors qu'elle se présentait à son tour. Sa tirade me fit sourire, d'un fin, très fin et à peine perceptible, sourire en coin qui ne dura qu'un bref instant. J'ignorais si c'était quant à son nom ou son grade, mais de toute évidence, la jeune femme me mentait avec effronterie. Me fixer droit dans les yeux comme elle le faisait, tout en se raidissant avec un léger mouvement d'épaule à peine perceptible, le tout en fronçant très brièvement et légèrement les sourcils... tout cela correspondait à la définition d'un mensonge prononcé en toute connaissance de cause. Le fait que ces micro-expressions se soient manifestées au beau milieu de sa phrase me laissait penser que de toute évidence, c'était bien son grade qu'elle me cachait. Néanmoins, la pauvre enfant ignorait à qui elle avait à faire. Si j'avais été facilement repéré au sein de l'Armée Révolutionnaire, c'était justement pour ma capacité à déceler toute forme de mensonge et décrypter les expressions qui passaient sur le visage des gens. Ce talent, je l'avais acquis après des années de maltraitance chez les nobles de Mariejoa où il devenait vital pour moi de pouvoir présager ce qui m'attendait rien qu'en observant le visage de ceux se faisant appeler mes "maîtres". En somme, j'étais l'expert en interrogatoire de l'Armée Révolutionnaire, et j'avais déjà vu des menteurs bien plus doués que miss Blacrow. Voilà pourquoi je riais intérieurement de la voir essayer de me tromper de la sorte.

      Je pouvais constater que si elle me racontait des balivernes sur son grade, son désir d'en découdre était, en revanche, tout ce qu'il y avait de plus sincère. Elle se mit alors brusquement à foncer vers moi, se penchant en avant pour diminuer les frottements d'air et gagner en célérité, bien que cela fut léger. Sa faux se dirigea vers moi et, alors que je dressais mon épée, je constatais qu'elle stoppa son mouvement, avant de sortir une lame de sa veste, droit vers mon torse. D'un moulinet de lame, je changeais la position de mon arme, stoppant de justesse le premier assaut. Cependant, je constatais que la charmante brunette à boucles disposait d'un nombre d'armes supérieur au mien. Sans doute se croyait-elle en position de force de par ce simple fait. En réalité, il convenait de savoir, en bon guerrier, que la quantité ne fait pas toujours tout. Alors qu'elle tira sur un filin pour relancer le mouvement de sa faux, celle-ci fût stoppée juste à côté de ma chair, laissant une fine goutte de sang perler depuis la très légère coupure située au point d'impact de l'arme qui, étrangement, ne s'était guère enfoncée dans mes entrailles. La raison à cela était on ne peut plus simple. D'un geste pour le moins habile, j'avais levé ma jambe gauche, posant le pied contre le manche de l'arme et l'empêchant de continuer son mouvement de fauchage, visiblement in-extremis. La demoiselle était face à moi, les deux mains occupées alors que de mon côté, mon épée retenait sa lame, et mon pied sa faux. En l'occurrence, pour ma part, il me restait toujours une main de libre. C'était donc l'occasion rêvé pour faire comprendre à la Lady que mon titre de Commodore était loin d'être du vent, tout en la provoquant de manière à lui faire perdre davantage ses moyens.


      - Je n'ai pas l'habitude de faire cela mais...

      A peine ces mots prononcés, mon poing s'abattit sur le visage de la brunette qui ne devait sans doute pas l'avoir vu venir. Ce simple coup ne suffirait sans doute pas à briser son élan meurtrier et la hargne qu'elle mettait à pousser tant son arme contre la mienne, que sa faux contre ma jambe, aussi remis-je le couvert aussitôt après pour faire cesser cette situation, y mettant assez de force pour essayer de l'envoyer au loin. Je devais cependant avouer que j'éprouvais certains remords à frapper de la sorte une femme. Chose étrange d'ailleurs, car l'entailler à l'aide d'une épée ne me posait aucun problème, alors que lui mettre deux ou trois coups de poings dans le faciès me rendait plutôt honteux. Bondissant à nouveau en arrière pour remettre une certaine distance, j'affichais un sourire narquois face à cette dénommée Rachel. Quoi de mieux qu'un peu de provocation après avoir mis quelques baffes, pour qu'elle perde patience. Si cela ne marchait pas, il me suffirait de me montrer encore plus ignoble et ironique dans ma manière de m'adresser à elle. Après tout, il s'agissait d'une femme, et donc d'une personne à la patience très faible lorsque l'on s'attaquait à son image. A bien y penser, je ne sais pas pourquoi cette notion m'est venue à l'esprit, car lorsque l'on y regarde bien, il en va de même pour les hommes. Pour conclure, je devais simplement me dire qu'il s'agissait d'un être humain, avec l'orgueil qui va avec. Cela serait sans doute plus conforme à la bienséance, évitant le sexisme, mais aussi plus proche de la réalité. Il n'y avait pas beaucoup de personnes qui pouvaient se moquer du fait que l'on s'attaque à elles de la sorte en les narguant. La manière dont elle m'avait répondu plus tôt en me mentant sur son grade me laissait à penser que cette petite Marine n'était pas du genre à accepter de se laisser marcher sur les pieds, bref, quelqu'un qu'il serait facile de provoquer.

      Tandis qu'un large sourire narquois s'affichait sur mon visage, rajoutant un peu plus de provocation à l'ensemble de mes actes, celui-ci s'effaça en voyant les Marines arriver en groupe sur le navire. A en juger la manière dont ils ne cessaient d'apparaître, je devais estimer leur nombre à la centaine, à quoi s'ajouta à cela une jeune femme qui, de toute évidence, était la chef du groupe. A en juger les médailles sur son uniforme ainsi que l'inscription sur sa veste de Marine, elle était le Colonel en charge de cette opération. Pas de doutes quant au fait qu'elle était largement plus apte à combattre que la lady ici présente, et que l'affronter en de pareilles circonstances n'aurait rien fait d'autre que de mettre ma vie en jeu inutilement. Après tout, je voulais accéder aux cellules de la base, et non à la morgue de celle-ci. La tension semblait cependant être à son comble alors que tous se rapprochaient de moi, me laissant dos au mur, ou plus précisément au bord du navire, alors que j'étais pour ainsi dire encerclé. Je levais cependant mon épée droit devant moi, avant d'afficher un léger sourire en constatant le mouvement de recul que cela produisit chez les soldats... avant de la jeter, la faisant tournoyer en glissant sur le sol du bateau, jusqu'à arriver au pied du Colonel qui stoppa l'arme juste en levant l'extrémité de son pied et en laissant l'épée se bloquer sous son talon. Suite à quoi, je levais les deux mains au niveau de ma tête avant d'afficher un air sensiblement penaud.


      - Je me rend.

      Déclaration assez brève, mais qui suffit à lever un léger doute quant à savoir si j'étais ou non sérieux. Il fallut attendre que je reprenne la parole avec un air un peu plus énervé et ironique, lançant un "Vous attendez une invitation ou quoi ?! Je vous répète que je me rends bande de mollassons !" pour que finalement, l'un des Marines ne s'approche de moi pour me mettre les mains dans le dos et me passe les menottes. Si la scène aurait dû me rendre plutôt défaitiste, j'affichais un large sourire en entendant le Colonel complimenter ma précédente adversaire en la qualifiant de "Lieutenant". Je ne manquais pas de lui montrer mon air moqueur en passant à côté d'elle, entouré de soldats, et en riant très légèrement. Ainsi, embarqué sous une escorte on ne peut plus... complète, je restais attaché dans l'une des cages du navire Marine. Bien entendu, la proximité avec le Quartier Général de North Blue rendit le voyage plutôt court... ce qui m'allais très bien, car à entendre les cris de babouins énervés, je devinais que mes amis qui s'étaient frottés de trop près à la couche-culotte désiraient en découdre avec moi malgré ma captivité. J'admirais alors le calme et la retenue exemplaire du responsable des geôles qui leur demandant, pour reprendre ses mots, de "foutre le camp pour aller briquer la pont avant qu'il ne leur botte les fesses si fort qu'ils iraient embrasser la Lune". Des paroles fortes venant d'un homme fort comme dirait les reporters de notre gazette.

      Finalement arrivés à bon port, on me sortit de ma cellule temporaire pour m'envoyer... dans une salle d'interrogatoire ? Même pas un petit passage par les geôles de la base d'où je prévoyais de m'enfuir... Mais finalement, cela m'arrangeait bien. Après tout, je disposerais de plus de temps libre en subissant en premier l'interrogatoire, plutôt que d'être envoyé en cellule pour disposer d'un laps de temps très court avant qu'ils ne se décident à m'interroger. Nul doute qu'après avoir répondu à leurs questions, ou avoir au contraire fait le muet de service, je disposerai de davantage de temps entre le moment où je m'échapperai, et celui où ils se rendraient compte que leur invité n'a pas apprécié leur hospitalité. Attendant tranquillement sur la chaise, devant la table rectangulaire, menottes aux pieds et aux poignets, je restais on ne peut plus ironique dans ma manière d'agir, baillant ouvertement avant de m'affaler de tout mon long comme un seigneur en son domaine, tentant de provoquer quelques réactions en démontrant que j'étais à mon aise dans cet endroit. A bien juger le cours des choses, il ne manquait plus que la personne qui se chargerait de m'interroger. Intérieurement, j'espérais que ce serait la petite brune qui m'avait tant amusé sur le bateau de croisière, l'occasion de la provoquer un peu plus se faisant sentir. Mais s'il s'agissait d'un autre larbin, il serait tout aussi amusant de le faire tourner en bourrique.
          Rachel avait une affection toute particulière pour les feintes. Feinter du gauche pour frapper de la droite. Certains pouvaient parler de techniques de lâche, mais Rachel estimait qu'il s'agissait de logique, comme un illusionniste qui attire l'attention en un point alors que le tour se fait de l'autre côté. Et elle utilisait tout ce qui était en ses capacités pour vaincre ses adversaires, en l'occurrence, des pirates. Mais voilà qu'elle se retrouvait à un révolutionnaire qui ne lui avait rien fait de mal, à part ouvrir les hostilités. Il était donc normal qu'elle réponde, du moins juste pour la politesse. C'est à cet instant que l'on retrouvait le Lieutenant Blacrow face au Commodore Reyes, une faux de deux mètres en mouvement pour aller faucher ce dernier. Mais il ne se laissa pas avoir par une telle attaque qu'il bloqua de son pied gauche, sans autre blessures qu'une goutte de sang qui glissa le long de la lame en croissant de lune. « Il sourit ». Il fallait que Rachel enchaine ou elle allait perdre l'avantage. Elle tourna le visage vers son adversaire, tordant tout son corps dans des positions contradictoire: son dos était face à Damien tout comme son visage. Il ne fallut à la faucheuse qu'un instant pour analyser la situation. Il était à cloche pied, il était déséquilibré. Il suffisait d'un fauchage pour le faire tomber. Rachel eut juste le temps d'y penser qu'un poing fusa dans sa direction. Elle voulut plonger en arrière par réflexe, mais ce fut inutile. Les doigts serrés de Damien s'écrasèrent quelque part sur le haut de son visage. Étais-ce son front qui était touché? Son nez avait-il été heurté par sa frappe. La Lieutenant décolla légèrement du sol comme elle amortissait le coup d'un bond. Elle lâcha sous l'impact sa dague qui rebondit sur les planches mais pas sa faux qu'elle garderait toujours avec elle, jusqu'à ce qu'elle perde conscience! Rachel se rattrapa en roulé-boulé et resta au sol, sans réussir véritablement à se rétablir. Moitié à croupi, moitié au sol, une jambe tendu et le buste droit. Un douleur tenue mais désagréable fourmilla en haut de l'arrête de son nez. Elle passa la paume de sa main sur cette zone douloureuse et fixa son adversaire qui se rendait. Il se rendait? Il venait de la frapper et il se rendait? Comme s'il avait le dessous! Il avait percé sa garde, il avait paré feinte et coup et il abandonnait le combat!? Raide, Rachel observait cet homme aux cheveux noirs comme la nuit qui levait les bras au ciel comme deux gardes s'avançaient pour lui passer les menottes. C'est à peine s'il ne lui lança un regard. Et sans crier gare, un impact violent entre ses deux omoplates la jeta une nouvelle fois à terre.

        -Ah! Lieutenant! Désolé d'avoir interrompu votre danse! Clama le Colonel Kimura, un tonfa à la main, surement à l'origine de cette nouvelle douleur dans son dos. Mais il fallait juste le capturer, pas besoin de se taper sur la figure.

          Damien fut embarqué à bord et le navire de la marine qui s'écarta alors du convoi touristique. Tout les marins étaient à bord et Rachel avait repris son rôle de bosco, une main sur son visage tuméfié et le dos courbé par la douleur dans les reins. Le trajet fut court, et pourtant, le Colonel Kimura eut le temps de frapper une nouvelle fois son Lieutenant avec son arme, lui disant qu'elle avait eu raison. Les honneurs seraient pour eux -enfin pour elle. Rachel n'avait fait que se faire mettre à terre par son adversaire. Elle n'en gagnerait rien, si ce n'était la moquerie et les messes basses de l'équipage qu'elle dirigeait. Elle avait même du en remettre deux ou trois sur les rails durant leur courte traversée. Ils furent d'ailleurs de corvée de brique, mais ce uniquement après avoir eu affaire au docteur de bord.

          Arrivé à destination, Damien fut emmené par les gardes du QG dans une cellule sans que ni le Colonel ni notre faucheuse n'aient leurs mots à dire. Ce n'est pas comme si Rachel aurait voulu protester, mais c'étaient tout de même elles qui lui avaient passé les menottes aux poignets. Le Colonel Kimura et le Lieutenant Blacrow furent quant à elles conviées à aller faire leur rapport à un vieil homme joufflu et surement en pré-retraite qui sembla les écouter d'un œil distrait. Oui, d'un œil, pour vous dire l'attention qu'il portait aux deux femmes assises face à lui. Il était tellement peu concentré qu'il accorda même au Colonel sa requête. Elle voulait que ce soit sa poupée de porcelaine qui aille interroger le prisonnier du nom de Damien Reyes. C'est à dire Rachel. Vous vous doutez qu'elle fit un bond en entendant cette requête et poussa un hurlement de surprise en voyant le vieux bonhomme dégarni acquiescer d'un hochement de tête.

        -Ne t'en fait pas!
        Assura le Colonel Kimura en assénant une nouvelle claque dans le dos de son Lieutenant avec son fameux tonfa, Tu t'en sortiras très bien, tu as ça dans le sang!

        -N'aurais-je pas mon mot à dire dans cette affaire?!?
        S'indigna Rachel éberluée.

          Mais ses protestations firent chou blanc et elle se retrouva en compagnie de Damien, comme jetée dans la fosse aux lions. Heureusement, elle y fut poussée par un coup de tonfa qui se voulait encourageant. Qu'aurait-elle fait sans son Colonel? Surement carrière...


        -Merci beaucoup de me faire passer pour une sous-fifre! Maugréa-t-elle à l'intention de la porte close qui lui faisait face.

          Dans son dos, chaines aux poignets, le dénommé Damien la fixait. Elle sentait la pointe de son regard entre ses omoplates déjà douloureuses et cette pique en rehaussait les picotements. Rachel soupira. Elle n'avait même pas sa faux, juste son poignard qu'elle avait récupéré sur le navire de croisière avant leur départ. Elle se tourna donc vers le révolutionnaire et lui rendit son regard. Elle s'approcha alors de la table et s'assit face à lui. Ils étaient seul, en tête à tête. Ça risquait de mal terminer. Quelle idée le Colonel Kimura avait-eu de l'envoyer dans cette pièce close? Pour régler ses comptes qu'elle lui avait répliqué. Qu'elle blague! Elle ne savait même pas ce qu'elle était censé lui faire avouer. Leurs regards ne s'étaient pas lâchés et les yeux bleus électriques du révo' devaient se heurter aux yeux verts et secs de l'officier de la marine.



        -Bien, je suis le Lieutenant Rachel, enchantée. Je me sens aussi prisonnier que toi ici, alors plus on ira vite, mieux se sera pour nous deux, ok? Alors on va commencer facile. Tu es qui et d'où tu viens? Ça devrait être de ton niveau, Hum? Ensuite, niveau au dessus, Qu'est-ce que tu venais faire ici? Hein? Tu retrouvais quelqu'un? Tu es en mission? Tu venais nous attaquer, peut-être? Tout seul j'y crois pas, mais passons. Et finalement, niveau extrême, plus le droit aux jokers: Qui sont tes supérieurs? Leurs noms et l'endroit où ils se trouvent nous arrangeraient bien. C'est pas que je vous aime pas, mais des gars qui veulent nous détrôner parce qu'on est pas assez bien pour eux, moi je m'en méfie. Et je suis pas le seul.

          Rachel s'adossa à sa chaise et croisa les doigts. Elle ne savait pas du tout où elle s'embarquait. On lui avait demandé de l'interroger, elle le faisait, mais elle ne faisait qu'improviser. Les résultats qu'elle en tireraient seraient surement médiocre. La fosse aux lions. On l'avait jetée dans la fosse aux lions...
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        Le temps passait inlassablement, alors que j'étais assis sur ma chaise, pieds et poings liés, devant la petite table située devant moi. Pas de fenêtres pour me donner une quelconque idée du temps qu'il faisait dehors ou même de l'heure qu'il pouvait être. En réalité, je craignais fort d'avoir à affronter ce que l'on pouvait appeler une technique de privation sensorielle. Lorsque je dis "craignais fort", je veux tout simplement exprimer le fait que cela n'aurait pour but que de me faire perdre mon temps, étant totalement insensible à ce genre de techniques d'interrogatoires. Après tout, j'en étais moi-même un expert, et je n'avais jamais eu besoin de techniques de tortures ou de quoi que ce soit d'autre pour m'en sortir et démêler le vrai du faux. La simple capacité d'observation suffisait généralement pour que j'en vienne à savoir si mon interlocuteur me mentait ou non. Avec un peu de temps, il était même possible de faire "parler" quelqu'un sans même avoir à le faire prononcer un seul mot. Les micro-expressions de son visage, répondant parfaitement aux sujets que je lui exposais, parlaient pour lui, ce qui me facilitait grandement la tâche. Quant à ce qui est de la résistance à la torture, j'admets généralement être l'une des personnes pouvant prétendre au titre du je m'en foutiste de l'année, car après un temps relativement long passé à servir les nobles de Mariejoa, peu m'importait les sévices que l'on faisait subir à mon corps, jamais la Marine ou le Gouvernement ne pourrait en venir à faire pire que les Tenryuubitôs.

        Cela m'amusait follement d'imaginer la réaction des Marines qui viendraient à franchir ces portes pour essayer de me tirer les vers du nez. La technique du tisonnier brûlant, celle des cafards dans un bocal que l'on fait chauffer en le collant à la peau de la victime, afin de faire en sorte que les charmantes bestioles ne creusent la chair... toutes ces techniques particulièrement peu plaisantes allaient certes faire mal, mais serait ô combien insuffisante pour me faire lâcher la moindre parole se voulant utile à la Marine, ou même aux agents de ce cher Gouvernement Mondial. Bien entendu, j'étais assez nouveau dans tout ce qui était infiltration... mais au moins, je n'étais pas du genre à balancer mes camarades révolutionnaires. Si nos chers adversaires voulaient avoir un quelconque indic dans ce domaine, ils étaient malheureusement tombés sur le plus mauvais arsouille du monde pour tenir ce rôle. La simple pensée de les faire tourner en bourrique m'amusait au plus haut point, même si je n'en laissais rien paraître. Je restais indéniablement immobile, mon visage toujours fixe comme celui d'une poupée. En réalité, il y avait bien une raison qui faisait que mon faciès ne témoignait pas vraiment d'expressions réelles, mais cela, je me gardais bien de le signaler. Après tout, je comptais garder l'anonymat en tant que Révolutionnaire. J'avais certes donné mon véritable nom, mais si ces charmants Marines s'attendaient à voir mon véritable visage, ils étaient tout bonnement dans le domaine du rêve. Par chance, l'artisan qui m'avait fait ce fichu masque s'était bien débrouillé, me donnant des traits assez fins.

        Alors que je me demandais ce qui allait bien pouvoir franchir la porte pour mener l'interrogatoire, je fronçais légèrement les sourcils en voyant celle-ci s'ouvrir. Un mastodonte qui me cognera jusqu'à en avoir mal aux mains ? Un bon et un méchant Marine ? Un psychologue à deux berrys ? Et bien non... à mon grand désarroi, ce ne fut autre que la demoiselle que j'avais combattu sur le pont du navire touristique qui vint à pénétrer dans la pièce pour faire la causette. Étais-je à ce point sous-estimé par l'adversaire ? Voilà qui était amusant. Si la plupart des gens aurait pu se sentir insultés, pour ma part, ce n'était pas vraiment le cas. J'étais prêt à parier que ce manque de considération de la part des militaires allait m'aider au plus haut point. Après tout, la tête d'un oiseau qui chasse le ver, et se rend compte qu'il suit la piste d'un python, est on ne peut plus marrante. Mais pour l'heure, je devais juste jouer les vers solitaires, laissant un très fin sillage derrière moi, de quoi tenir le moineau en haleine jusqu'à le faire venir sur mon territoire. Pour cela, je n'eus pas longtemps à attendre. La flopée de questions qui jaillit de la bouche de miss Blacrow fut assez impressionnante. J'en venais presque à me demander comment une si petite demoiselle pouvait déblatérer autant de mots à la minute. Une fois qu'elle eut fini son exposé, je ne me privais d'ailleurs pas d'en rire légèrement, lui montrant ouvertement l'amusement qu'elle provoquait chez moi. Néanmoins, suite à ce que j'allais lui dire, je doutais fortement qu'elle n'en vienne à partager mon avis sur le côté comique de la chose.


        - Je me nomme Reyes Damien, je viens de l'utérus de ma charmante génitrice, je suis ici en mission pour vous tendre un piège dans lequel vous avez sauté à pieds joints, mes supérieurs sont les hommes au-dessus de moi dans la hiérarchie, leurs noms sont assez drôles, ils sont situés quelque part entre le pôle Nord et le pôle Sud, l'un d'eux a même un joli costume rouge et une grande barbe blanche ainsi qu'un bonnet à pompon. Satisfait ?!

        A bien y réfléchir, après cette longue tirade qui me demanda de reprendre quelque peu mon souffle, j'affichais ouvertement un sourire arrogant et provocateur envers la demoiselle assise en face de moi. Outre sa phrase d'ouverture lorsqu'elle entra, sa simple manière de se tenir en disait long sur son manque d'assurance quant au rôle qu'elle tenait ici, à savoir celui d'interrogateur. J'ignorais qui était la personne responsable de sa présence ici, mais je la remerciais intérieurement, car de toute évidence, elle avait décidé d'envoyer un parfait amateur dans la fosse aux lions. Certes, peut-être qu'avec de la pratique et de la patience, la jeune Rachel aurait pu devenir une meneuse d'interrogatoire confirmée. Mais on n’envoie pas un gosse de quatre ans qui vient d'apprendre à marcher chasser le fauve dans la jungle infestée de dangers en tout genre. Tout ce qu'avait pu obtenir comme information la jeune femme était mon nom, ainsi que le fait que ma présence ici soit un piège. En quoi cela pouvait-il l'aider ? En rien... en quoi cela pouvait-il m'aider ? En beaucoup de choses. Dans toute la flopée de données inutiles, les deux réellement importantes que je lui avais fournis pouvaient facilement attirer son attention. Passons sur mon nom et prénom qui demeurent ici d'une utilité aussi grande que celle d'un vendeur de peigne à une convention sur les hommes atteints de calvitie. A bien y penser, la notion de "piège" que je venais de lancer aurait sans doute retenu l'attention de miss Blacrow. Aussi décidais-je d'extrapoler la chose davantage.

        - Vous savez, quand vous constatez qu'il y a une taupe dans vos services, il existe plusieurs moyens de la trouver. Ma préférée est celle que l'Armée Révolutionnaire vient d'utiliser, à savoir de charmants appâts. Disséminez quelques graines aux quatre coins du globe et donnez une information sur la localisation de chacune d'entre elle à une personne différente. Selon la graine qui se fait voler, vous savez alors qui a balancé l'information. Le fait que je me sois fait attraper a, en quelques sortes, levé le voile sur vos agents infiltrés. Étant donné que je n'ai pas donné de signe de vie depuis un moment, mes supérieurs qui semblent tant vous intéresser doivent avoir compris qui étaient les agents infiltrés. Aussi, si j'étais vous, j'organiserais rapidement une opération d'extraction desdits agents avant que leur tête ne soit séparée de leur corps.

        M'affalant alors sur mon siège, je jetais un air pleinement satisfait à la Marine. Pour un membre d'un corps armé où la vie en communauté et la fratrie a un sens important, savoir que ses confrères étaient en danger serait sans nul doute un peu choquant, voir même alarmant, du moins je l'espérais. Croisant les bras en laissant le bruit de mes chaînes résonner à travers la pièce qui produisait un bel écho, j'attendais une réaction de miss Blacrow. Je venais de lui livrer une information de premier ordre et qui exigeait, en général, une réaction immédiate. S'il s'avérait qu'effectivement, ses collègues infiltrés dans l'Armée Révolutionnaire, étaient en danger, alors la résultante que donnait la divulgation de cette information était un départ en trombe de la salle d'interrogatoire pour aller prévenir ses chefs des risques que courraient ses camarades. J'attendais donc impatiemment de voir comment la jeune femme allait gérer le stress que laissait généralement émaner le genre de données que je venais de lui transmettre, le tout avec un sourire grandement sadique et pleinement amusé. Même si j'étais passé du stade de vers de terre à celui de serpent à sonnette à ses yeux en lui révélant cela, elle était encore loin de se douter que derrière ce même serpent s'en cachait encore un plus gros. Bras croisés, jambes tendues et croisées au niveau des chevilles sous la table, j'observais, comme un pur dément qui adorait regarder une proie se débattre en sachant qu'elle était déjà condamnée. Détestable, certes, mais ô combien jouissif.

            Un comique! Rachel avait affaire à un comique! En plus de lui avoir écrasé le nez sur le navire, il se moquait ouvertement d'elle, tournant en dérision les questions de la jeune interrogatrice. Et non content de son petit speech, il fallait qu'en plus il prenne un air hautain, arrogant et une bonne dizaine d'autres adjectifs dont notre faucheuse désarmée accablait le révolutionnaire en silence. Heureusement qu'elle savait contrôler ses émotions, au moins un minimum. Le seul changement notable visible que la réponse du fameux Damien Reyes occasionna fut que Rachel ferma son visage. Il devînt sérieux, impassible, froid. Elle avait espéré qu'il serait plus coopératif si elle se montrait avenante, mais apparemment, ce type était aussi insensible qu'elle. Surement même plus. Il fallait donc qu'elle se montre intraitable. Mais comment? Et surtout pourquoi? Il était encore en forme, il venait juste de se défouler; il était même de bonne humeur. On se demandait pourquoi! Il venait de cracher au visage de Rachel, certes de manière détournée, mais avec tout de même un mépris évident. Quel sale type, franchement! Il ne voulait pas parler, eh bien elle demanderait à ce qu'il soit mis au pain sec et à l'eau, seul, dans le noir et le froid... on verrat bien après un mois s'il avait toujours la force de provoquer la marine.

            D'accord, il ne s'agissait que d'un opposant au régime du Gouvernement, il en avait le droit et dans ce cas, le régime quelle proposerait -car elle le ferait- serait un peu excessif. Pour un pirate pourquoi pas, mais pour un simple opposant? Mais était-il un simple opposant au régime? Un opposant ferait des manifestations, monterait des rencontres et discuterait avec le gouvernement. Un pirate au contraire, déclencherait des guerres civiles et tuerait des innocents. Finalement, un révolutionnaire de la trempe de Damien ne valait pas mieux qu'un pirate, à son sens. Et finalement, la solution qu'elle proposait aurait très bien pu s'appliquer au Commodore Reyes, s'il était bien ce qu'il avait prétendu être. Ainsi elle pourrait demander à la mettre aux fers, au pain sec et à l'eau croupie.

            Mais alors qu'elle restait silencieuse, le visage fermé, fixant Reyes de son regard vert foudroyant, pensant à une solution pour le faire parler, elle releva avec quelques secondes de retard la pique la plus pertinente de sa fichue tirade. Il leur avait tendu un piège. Elle faillit avoir une exclamation de semi-joie, comme un contentement personnel. N'avait-elle pas dit à son Colonel que cette histoire sentait mauvais? Elle avait cru avec le temps qu'elle s'était trompée, qu'elle avait mal analysé la situation, mais finalement, elle était dans le vrai. Si son Colonel avait été à ses côtés -malgré le fait que la discussion était retransmise par un escargophone posé sur la table- elle ne se serait pas privée d'un bon vieux « -Je te l'avais bien dit! ». Mais elle avait d'autres chats à fouetter. D'autres révolutionnaires en l'occurrence. Un certain Damien Reyes assis face à elle, toujours aussi arrogant, que se soit dans sa posture, dans son sourire ou dans son regard. Il était sur de lui. Il la sous-estimait. En général, elle tirait sa force et son avantage du fait qu'on la sous-estimait. Mais ça, c'était en combat... pas autour d'une table. Et elle n'avait même pas sa faux. Une faucheuse sans on arme c'était comme... une grosse limace sans défense. Cette faux avait autant pour but de rassurer Rachel que de déstabiliser son opposant. Elle était en position de faiblesse et qui plus est, dans un lieu et une situation qu'elle ne maîtrisait pas. Ou du moins pas encore.

            Puis, comme s'il avait senti les hésitations de notre poupée de porcelaine, Damien enchaîna sur une nouvelle tirade sur un tout nouveau ton et surtout de nouvelles intentions. Il semblait fier de lui, fier de la Révolution et de son armée, heureux que leur plan ait fonctionné. Un enfant à qui le père Noël a apporté un nouveau jouet aurait été moins pathétique. Il était plein de satisfaction. Il se considérait visiblement comme plus intelligent que tous les marins réunis. Il n'avait pour seule ambition en cet instant que de plonger dans un désarroi total Rachel et ses supérieurs collés derrière leur escargophone. Cet homme était suffisant et méprisant envers la marine! A croire que l'armée révolutionnaire ne savait rien faire d'autre que prendre les gens de haut. Il voulait la jouer hautain? Eh bien Rachel jouerait l'indifférence! Elle aussi serait méprisante envers cet être qui s'étirait devant ses yeux comme un pacha dans son palais. Il avait voulu qu'elle bondisse à ses révélations? Eh bien elle ferait le contraire. De toute façon, les pauvres marins ne pourraient plus être sauvé s'il disait vrai. Dés le début de leur opération, une épée de damoclès flottait au-dessus des têtes des suspects. Ils avaient dû être exécutés dès que le contact de Damien vînt à manquer et ce il y a quelques heures déjà si Rachel avait bien saisi la situation. Dommage pour eux. C'était les risques du métier. Les Révolutionnaires avaient été plus intelligents que la marine. Paix à leurs âmes. Mais au fond elle s'en moquait. Elle ne les connaissait ni d'Eve ni d'Adam. Pourquoi devrait-elle pleurer sur leur sort et pas sur celui des centaines de civils que les guerres révolutionnaires causaient à travers le monde?

            Damien était affalé sur sa chaise comme un roi sr son trône, les jambe tendues. Dans cette position, il mettait entre eux une distance. Étais-ce inconscient ou voulait-il expressément s'éloigner de son interlocutrice? Au fond, cela importait peu. Rachel lança un regard entendu et appuyé à l'escaméra accroché à un coin de la salle et qui retransmettait les images à ses supérieurs puis posa les coudes sur la table. Il voulait de la distance? Eh bien elle lui servirait le contraire. Elle se pencha par-dessus son appui et eut un sourire en coin.


          -Donc, vous n'êtes rien de plus qu'un simple appât? Effectivement, c'est un os, l'appât ne parle pas s'il est pris... D'ailleurs, on ne communique pas d'informations capitales à un simple ver qui se tortille au bout d'une ligne. Puisqu'il n'y a rien a tirer de vous actuellement, je vais vous jeter dans une cellule... mais même là, vous n'auriez d'utile que de gaspiller l'une de nos précieuses cellules. Vous ne devez avoir aucun poids dans les négociations je suppose. Vraiment, vous ne...



            Soudain, tranchant Rachel dans son élan, un homme gradé déboula dans la salle dans un grand fracas, arrachant presque la porte de ses gonds, hurlant à tue-tête que l'on fasse sortir le prisonnier au plus vite. Visiblement, l'information n'avait pas la même importance pour elle que pour ses supérieurs. Notre faucheuse soupira en s'affalant sur sa chaise comme trois marins vinrent empoigner le révolutionnaire par le col pour le sortir sans ménagement de la salle d'interrogatoire. Damien semblait presque aux anges et ne se séparait pas de son sourire puisque son but était atteint.
            Rachel s'indignait en silence. On lui demandait d'interroger un type et c'était les gars qui regardaient qui rentraient dans son jeu. Il suffisait de voir l'expression du père Reyes pour s'en persuader.
            Lorsque tout le monde fut sorti, prisonnier compris, le Colonel Kimura rejoignit sa poupée de porcelaine, faux dans une main, ton-fa dans l'autre. Comme elle s'approchait de la jeune faucheuse, cette dernière esquiva l'habituel coup entre les deux omoplates en se relevant d'un bond pour lui faire face. Le Colonel devait courber l'échine pour tenir dans les pièces aux plafonds bas.


          -Tu as fait du bon boulot, poupée! Grâce à toi, on a eu une info de premier ordre!

          -Grâce à moi?! Maugréa Rachel en prenant sa faux des mains trop grandes du Colonel. Il voulait les donner ses informations, nous la jeter comme on donne un coup de pied dans une fourmilière. C'était peut-être même fux qui sait! N'importe quel imbécile les auraient eu ces aveux... et en l'occurrence, l'imbécile, c'est moi...

          -Tu vas arrêter de râler oui?!
          Tonna soudain le Colonel en gardant pourtant un regard doux. Tes supérieurs ont trouvé que tu avait admirablement fait ce qu'on t'avait demandé! C'est super pour ta carrière!

          -Eh bien laisse-moi te répondre qu'on a affaire à un ramassis d'imbéciles comme supérieurs!


            Pour toute réponse, Rachel reçut un coup de ton-fa bien placé. Ensuite, le Colonel emmena son Lieutenant dans les couloirs puis la descendit dans la cour du QG de North Blue. Elle avait l'intention de reprendre la mer. Mais alors qu'elles la traversaient, la faucheuse aux yeux émeraude se tourna vers les bâtiments blancs dans son dos. Elle avait le sentiment sue ce n'était pas fini...que ce Damien serait uniquement une source de problème.

            Et la source n'était pas prête à se tarir...
          • https://www.onepiece-requiem.net/t889-fiche-de-rachel-100
          • https://www.onepiece-requiem.net/t816-rachel-la-grande-faucheuse#8700
          Amusante cette jeune femme. Indéniablement, je sentais en elle un certain potentiel qu'il serait plaisant de voir évoluer. Il allait falloir que je suive sa carrière car j'étais certain qu'elle finirait par faire parler d'elle. Certes, la provocation que j'avais lancée ne semblait pas l'atteindre... mais nul ne peut réellement masquer ce qu'il ressent, du moins, pas envers un expert dans la lecture des micro-expressions du visage. A moins de subir une intervention chirurgicale ou d'être sous l'emprise de drogues quelconques, les émotions transparaissent, même pendant un septième de secondes. Cela était certes difficile à constater pour un œil profane, mais avoir pris le réflexe d'observer les visages d'autrui pour survivre était tout de même un atout à ne pas négliger. Malheureusement pour elle, elle ignorait que je possédais un tel talent d'analyse... et je n'allais pas griller l'une de mes meilleures cartes si facilement. Après tout, un interrogatoire n'a rien à voir avec un combat au sabre. Il s'agit d'une lutte psychologique où plus vous gardez secrètes vos compétences, plus vous pouvez les utiliser librement pour prendre l'avantage.

          Voilà pourquoi provoquer la Marine face à moi m'assurait un certain avantage sur elle : elle ignorait si mes paroles étaient la stricte vérité ou un tissu de mensonges. C'était ce doute constant qui était mon plus grand atout. Je jetais un coup d'oeil en biais à l'escargophone qui retranscrivait mes paroles avec un sourire narquois non-dissimulé. Le fait d'avoir un auditoire plus grand augmentait les chances de succès de l'opération, car voyez-vous, les chances que quelqu'un en vienne à croire vos bobards sont naturellement plus grande si vous parlez à une plus grande quantité de gens. Au milieu des quelques personnes à l'autre bout du fil, il y en aurait forcément un qui paniquerait. Après tout, l'intelligence ne dépend pas du grade, et c'est bien malheureux. La pauvre Rachel allait en faire l'expérience sous peu, j'en étais convaincu.

          De son côté, la demoiselle tenta également de jouer la carte de la provocation, pensant que ma fierté allait me faire perdre le fil de mes pensées et lui avouer que je n'étais pas un "simple appât". Malheureusement pour elle, il est très difficile de bluffer aux cartes lorsque votre adversaire est comparable à une sommité dans son domaine. Essayer de me battre sur mon propre terrain en utilisant mes propres armes... c'était certes courageux, mais plus que ses paroles, ce fut cette "tentative" qui m'insulta plus que le reste. Manque de chance, j'étais un être assez réfléchi pour ne pas céder à mon orgueil. Certes, j'exposais celui-ci au grand jour, mais juste avec pour objectif d'énerver davantage la jeune Marine. En résumé, plus qu'un talon d'Achille, il s'agissait d'une arme de manipulation psychologique que je me plaisais à utiliser.

          Je fus néanmoins grandement amusé lorsque lady Blacrow me menaça d'enfermer ma personne dans une cellule froide où elle pensait que je finirai par mourir. L'adolescente l'ignorait, mais j'avais été esclave chez les nobles de Mariejoa. En ce sens, un cachot ressemblera pour moi à un hôtel cinq étoiles où je n'aurai pas besoin de payer la chambre. Voilà pourquoi je riais encore de manière hautaine, levant la tête comme pour dire que j'hallucinais devant les allégations de la jeune femme. Fixant alors l'instant d'après la demoiselle, je me mis à lever mes deux mains, ne pouvant en lever une sans faire de même avec l'autre à cause de mes fers. J'affichais le nombre trois avec mon pouce, index et majeur tandis qu'elle continuait de parler. Puis la seconde d'après, le nombre deux... puis un... et finalement, je claquais des doigts.

          A peine eussè-je produit le bruit de claquement que la porte s'ouvrit, laissant la supérieure de la Marine mettre fin à l'interrogatoire. Mon dieu que je jubilais. Si la faucheuse avait des doutes, les informations que j'avais révélées avaient cependant alerté ses supérieurs. Comme c'était amusant de jouer avec le côté prévisible des choses. Alors que les Marins vinrent me chercher pour me sortir de la salle, me molestant légèrement, je tournais la tête dans la direction de Rachel, affichant un large rictus carnassier. Frustrer la jeune recrue qu'elle était m'amusait au plus haut point, et bien qu'elle tente de le dissimuler, je voyais en elle tous les symptômes de la colère. Ce spectacle était comparable à un orgasme psychologique. Pour peu je me serais esclaffé d'un rire tonitruant... mais le plus dur restait encore à faire. Trois gardes... ce devrait être jouable. L'opportunité que j'attendais était enfin arrivée. Au moment de ce transfert vers les cellules, je pouvais estimer que c'était l'instant propice pour m'échapper. Les supérieurs étaient sans doute en alerte à crier des ordres dans les escargophones pour rapatrier les agents infiltrés de toute urgence, alors que les responsables de ma captivité restaient dans une certaine confusion. Diviser pour mieux régner a toujours été une règle d'or dans la guerre. Aussi, cet instant était celui où la division régnait... et le moment rêvé pour filer d'ici.

          Attendant que nous nous enfoncions un peu plus profondément dans les couloirs pour être éloignés de l'endroit où se trouvaient mes hôtes, ce fut finalement une fois arrivé près des cellules que je me décidais à agir. Pendant que nous descendions les escaliers, un garde de chaque côté de ma personne et un troisième devant, je décidais de me mettre en action. J'avais jusque-là paru plutôt amorphe, mes muscles étant pratiquement tous décontractés. Bref, rien ne laissait prévoir une attitude violente, à plus forte raison dans le Quartier Général de la Marine en étant enchaîné. D'une manière assez brusque qui dérouta mon escorte, j'avançais mes bras avant de brusquement les ramener vers moi, frappant des coudes les cotes des deux hommes. A peine le troisième se retourna-t-il que je le frappais avec mes deux pieds, le faisant dévaler les escaliers alors que je tombais moi-même lourdement sur ces derniers.

          Sans autre hésitation, je pris appui sur mes mains situées derrière ma tête pour me relever de manière assez acrobatique. J'enlaçais le premier garde entre les chaînes de mes poignets pour l'étrangler, alors que l'autre sorti sa matraque. Jugeant que je n'avais pas le temps d'être compatissant pour juste assommer le Marine que je tenais, je lui brisais la nuque d'un coup sec afin de pouvoir me concentrer sur mon dernier opposant. Ce dernier leva sa matraque pour donner un large coup vertical. Je levais mes deux mains pour intercepter l'arme entre mes chaînes, celles-ci faisant office de bouclier. Sans attendre une seconde, j'avançais brusquement vers le soldat pour le gratifier d'un coup de tête qui le déstabilisa. Enchaînant rapidement je lui donnais plusieurs coups de coudes dans les côtes avant de finalement l'assommer en joignant mes mains pour les abattre lourdement sur son crâne.

          Constatant que le garde au bas des escaliers avait aussi eu son compte, je restais dans les marches en mettant les doigts dans ma bouche. Crachotant pour finalement vomir, je trifouillais dans ce que je venais de régurgiter. Au milieu des restes de brochettes d'agneau à moitié digérées se trouvait un trombone que je me dépêchais de déplier pour ouvrir mes menottes. L'opération ne prit pas plus une minute, mais je me sentais tout de même vidé de mes forces. Il fallait dire que je n'aimais pas trop vomir, mais à situation désespérée, mesures désespérées. Et dieu seul sait à quel point la situation était critique. Certes, j'étais libéré de mes chaînes, mais je me retrouvais complètement seul au milieu d'une base marine de grande taille. Mes chances de survie avoisinaient les cinq pourcents, ce qui n'était guère encourageant. Peut-être aurais-je dû enlever mon masque en latex, mais à dire vrai, je n'aimais pas l'idée d'afficher mon vrai visage. Si tout capotait, les Marines risquaient d'avoir mon véritable faciès, et c'était un risque que je ne pouvais pas courir. Si je ne changeais pas de tête, j'allais en revanche changer d'habits. Dépouillant le marine dont j'avais brisé la nuque, je changeais nos habits, avant de les enfermer tous les trois dans la cellule qui m'était réservée au départ. C'était maintenant que les choses sérieuses allaient commencer. Me balader comme si de rien dans l'immense bâtisse était une épreuve assez... délicate. Mais au moins, la partie pouvait commencer sérieusement.

          Pas question de me laisser reprendre par les Marines, car après tout, si cette première capture avait parfaitement été orchestrée, je doutais d'avoir les moyens nécessaire pour mettre au point une seconde tentative de "départ forcé". Essayant de me faire discret, je déambulais dans les couloirs, cachant la chevelure noire de ma perruque sous la casquette que j'avais prise à mon geôlier. Néanmoins, si je voulais réussir à trouver les documents dont j'avais besoin, j'allais avoir besoin d'une chose en particuliers : les plans du bâtiment. Ces derniers ne furent pas difficiles à dénicher, étant donné qu'ils étaient clairement épinglés sur plusieurs murs avec les consignes à suivre en cas d'incendie. Décrochant le petit cadre du mur, je continuais de marcher tout en l'observant, ne prêtant guère attention aux personnes que je croisais et qui, parfois, se retournaient vers moi, se demandant si j'étais ou non une nouvelle recrue.

          D'après les plans, la réserve se trouvait au premier étage, et les bureaux d'archives au deuxième. Pourquoi ne pas faire un petit détour après tout. Empruntant les escaliers, je saluais rapidement les officiers que je croisais, sans prendre la peine de m'attarder. Par chance, tout le monde ne se connaissait pas, et c'était normal dans un lieu aussi grand. Finalement, j'arrivais devant une immense porte double sur laquelle était affichée une pancarte faisant mention du fait que seuls les officiers autorisés avaient le droit de franchir l'entrée. Deux gardes étaient postés devant elle, armés de leur lance et restant constamment au garde-à-vous. Haussant un sourcil perplexe, je me demandais bien ce qui pouvait demander tant de sécurité pour une simple réserve. Peut-être des armes expérimentales, qui sait. M'approchant des deux hommes, je leur montrais le plan en faisant mine de m'être perdu. Tous deux penchèrent leur visage vers le dessin du bâtiment, pour voir s'ils pouvaient m'aider. Mais l'instant d'après, l'un d'entre eux se pris mon coude dans la figure, alors que la seconde suivante, j'étais accroupi au sol à donner un coup de jambe vertical au second pour le faire tomber, avant de me relever pour abattre ma jambe droite sur son thorax afin de lui couper le souffle. Me tournant vers le premier garde encore un peu groggy, étendu sur le sol, je lui mis un simple coup de latte dans la figure pour le terminer.

          Sans plus de cérémonie, je pénétrais dans la salle en traînant les deux corps à l'intérieur, afin de ne pas laisser de traces. C'est alors que je vis, au milieu de ce qui ressemblait à un dépôt de munition on ne peut plus normal, un espèce de piédestal, sur lequel trônait un coussin. Et bien sûr, sur ce coussin, on pouvait voir un objet qui devait avoir une grande valeur, si l'on en jugeait la manière dont il était exposé. Qui plus est, le fait d'être entreposé dans le Quartier Général de la Marine de North Blue renforçait l'impression de préciosité de l'objet. Pourtant, en apparence, il ressemblait à un vulgaire fruit. D'une couleur noire, sa cosse semblait assez rêche, faite de plusieurs formations en pic, un peu comme un plumage. En caressant l'étrange fruit, je constatais qu'il était plus doux qu'il n'y paraissait. A dire vrai, j'hésitais un peu à le manger. Je venais de vomir pour quitter ma condition de prisonnier et j'avais l'estomac dans les talons, avec quelques vertiges en plus de cela. Finissant par me dire que nécessité faisait loi et qu'il me fallait prendre des forces, j'ôtais la pelure du fruit, pour finalement le goûter en mordant à pleine dents dedans. Dieu que le goût était atroce ! C'était bien parce que j'avais besoin de récupérer des forces que j'en vins à le manger en entier, affichant une moue des plus dégoutée.

          Mais outre ce fruit ainsi exposé, je ne voyais rien de grande valeur. Ah, si ! Mon épée fine avait été entreposée dans cet endroit. Enfin une bonne chose, j'allais pouvoir récupérer mon attribut principal. Sans plus de cérémonie, pleinement requinqué, mais également un peu déçu par le goût amer que j'avais dans la bouche, je sortis de l'entrepôt, épée à la ceinture, pour me diriger vers mon prochain objectif, le bureau des archives. Je fus néanmoins assez déçu de trouver uniquement des documents sans valeur. Répartition de budget, liste des promotions, identités des nouvelles recrues... rien de bien exploitable. Fermant les immenses tiroirs de cette pièce avec un air agacé, je me dis que finalement, il n'était qu'un endroit où je serais à-même de trouver ce que je cherchais : le bureau du plus haut gradé. Levant les yeux au ciel, signe que je réfléchissais assez intensément, je me dis que les haut-gradés étaient sans nul doute en train de se livrer à des opérations tactiques en vue de retirer leurs troupes infiltrées au sein de l'Armée Révolutionnaire. En ce sens, ils auraient sans doute les dossiers desdits infiltrés avec eux.

          En revanche, les documents saisis concernant les caches d'armes compromises devaient toujours se trouver dans leurs bureaux... désertés. Affichant un certain sourire narquois, je montais alors les escaliers quatre par quatre, bousculant au passage quelques Marines de bas étage qui poussèrent quelques cris de protestation. Mais une fois au dernier étage, je vis la porte en bois sculpté derrière laquelle était censée se trouver le dirigeant du Quartier Général. En principe, lorsqu'il est dans son bureau, un drapeau est dressé devant cette porte. Le fait que ce même drapeau ne soit pas là confirmait mon hypothèse précédente. Avançant comme si de rien, franchissant le couloir désert, je pénétrais dans la pièce assez imposante au milieu de laquelle trônait un bureau assez massif. On pouvait juger assez facile la tâche de pénétrer en ce lieu. Néanmoins, il ne fallait pas oublier où je me trouvais : dans un Quartier Général de la Marine. Y entrer et passer inaperçu n'était pas donné à tout le monde. En ce sens, j'avais franchi la plus grosse difficulté une fois que je m'étais libéré de mes chaînes.

          Fermant la porte derrière moi, je commençais à farfouiller un peu partout dans les différents tiroirs. Jetant les trucs inutiles, comme la balle anti-stress ou encore le bilboquet, je finis ouvrir le tiroir coulissant où se trouvaient les différents dossiers. Bien entendu, ceux concernant les agents infiltrés étaient manquants. Mais qu'importe : la tentative de rapatriement nous permettra bien assez tôt de savoir de qui il s'agit. En revanche, je finis par trouver la liste dérobée à nos informateurs quelques jours plus tôt. Souriant à pleine dents, je pliais celle-ci pour la mettre dans ma veste, après l'avoir parcouru sommairement pour la retenir si jamais quelque chose devait arriver à son support. Regardant si rien d'autre d'intéressant ne se trouvait ici, je pris quelques dossiers concernant les révolutionnaires connus de la Marine et me chargeait de faire brûler l'ensemble de ce qui restait en utilisant le briquet fétiche du locataire de ces lieux.

          Sortant en trombe, il ne me restait plus qu'une chose à faire : sortir d'ici. Mais petit bémol, je finis par croiser une personne à laquelle je ne m'étais pas attendue : le colonel Kiruma qui avait orchestré ma capture. Pas de chance, car à la vue de mon épée, elle stoppa son avancée, alors que je fis de même en la reconnaissant. Pendant l'espace d'une seconde, nous nous dévisageâmes, avant de tilter qui était en face de nous. Alors que je lâchais une exclamation peu polie, la jeune femme sortie son épée et commença à me charger. Répliquant en me protégeant avec mon épée, je sentais bien là qu'elle avait la force de frappe digne d'un colonel. En l'occurrence, je n'étais pas de taille au niveau de la force pure. Mais je ne pouvais pas rester ainsi face à elle, car m'éterniser en territoire ennemi allait ramener toute une armée qui viendrait me poser des bâtons dans les roues. Faisant mine de charger vers elle, nous échangeâmes un autre coup de lame, alors que je passais dans son dos et elle dans le mien, avant que nous ne nous retournions dans une nouvelle offensive qui fit se rencontrer nos armes.

          Nous avions ainsi échangés nos positions et je me retrouvais, comme je le désirais... près des escaliers. Levant alors mon épée, comme si j'allais lancer une attaque dévastatrice, je finis par... faire demi-tour et courir comme un perdu. Et oui, mon salut était dans la fuite. Avec un léger temps de latence, la jeune femme finit par se lancer à ma poursuite. Nous descendîmes tous deux les escaliers, elle à ma poursuite, et moi à celle de ma liberté. Si près du but, il aurait été dommage pour moi de me faire capturer. Finalement, je m'assis sur la rampe d'escalier pour glisser le long de celle-ci et gagner du temps. J'entendis néanmoins la jeune femme derrière moi. En regardant celle-ci, je constatais qu'elle avait sorti une arme à feu qu'elle pointait droit dans ma direction. Pas le temps de réagir. Un seul coup de feu fut tiré. La balle me frappa entre les deux yeux, me déséquilibrant. Alors que je chutais dans le vide, au milieu de ces escaliers en colimaçon, je pensais réellement que ma dernière heure était venue et que ce que je voyais n'était autre que les dernières images qui resteraient gravées dans mon esprit.

          Néanmoins, après une chute d'une demi-douzaine d'étages, j'atterris sur le sol... sans aucun mal. A défaut d'un fracas ahurissant où mes os se brisant auraient donné une note particulièrement gai à cette mélodie, on entendit un gros "POF", alors qu'une volée de plumes s'était déployée dans mon dos, amortissant ma chute. J'ignorais d'où venaient ces étrangetés, mais en tout cas, ils m'avaient sauvé la vie. N'ayant pas le temps de m'attarder sur la raison qui faisait que je n'avais pas rejoint Hadès en son royaume, je me remis à déambuler dans les couloirs à toute vitesse, bousculant plusieurs autres troufions, avant de voir arriver derrière moi le colonel qui continuait à me poursuivre. Par chance, l'alarme incendie poussa les hommes sur place à se diriger vers la sortie plutôt qu'à me poursuivre. Le feu que j'avais fait dans le bureau du commandant avait sans doute été plus important que je ne l'aurais cru.

          En définitive, je me retrouvais seul avec miss Kiruma dans les cuisines. Pas d'autre échappatoire. J'allais devoir lui passer sur le corps pour m'en sortir, et cela ne me plaisait pas trop. Je n'avais aucun avantage sur elle, tant psychologique que physique. Tout cela sentait plutôt mauvais. Il m'aurait fallu une ouverture de la taille d'un iceberg pour me permettre de l'occire. Nous échangeâmes ainsi plusieurs séries de coups d'épées, mais la force de ses attaques suffisait à me repousser. Bien que concentré au maximum, sa rapidité d'exécution et son adresse à l'épée était assez incroyable, et largement supérieure à la mienne. En moins de temps qu'il n'en fallut pour le dire, je me retrouvais par terre, à voir la demoiselle diriger sa lame vers mon abdomen.

          Alors que cette fois-ci, je n'avais plus de doute sur le fait que j'allais périr, un tintement métallique vint attirer me poussa à regarder ce qui avait résulté de cet assaut. La pointe de l'épée n'était pas entrée dans ma chair. A dire vrai, celle-ci l'avait stoppé. En regardant pendant un bref instant, je vis l'épée appuyer contre un plumage qui semblait assez résistant. Le regard de miss Kurawa semblait asses stupéfait. Elle n'eut le temps de prononcer que trois mots :
          "Le Fruit Séraphique ?!" avant que brusquement, elle n'écarquille les yeux. Davantage par réflexe que par réelle volonté de tuer, je venais de lever mon épée droit vers le coeur de la jeune femme. L'ouverture de la taille d'un iceberg s'était présentée à moi... et je l'avais saisie sans même m'en rendre compte. Je restais néanmoins aussi surpris qu'elle. Alors qu'elle cracha une gerbe de sang, avant de s'écrouler par terre, je regardais l'endroit qui aurait dut être perforé par sa lame. Les plumes se détachèrent alors, mais je sentais en les effleurant, que leur résistance était au moins comparable à celle de l'acier.

          Le fruit séraphique ? S'agissait-il de cette étrange chose que j'avais mangé quelques instants plus tôt ? Si tel était le cas, cela voulait dire que j'avais... ingurgité un Fruit du Démon ?! Moi qui pensais qu'il s'agissait de légendes sans vérité... voilà que je me retrouvais en possession des pouvoirs de l'un d'entre eux, et que j'avais terrassé un colonel grâce à lui. Cela allait demander quelques recherches pour comprendre l'étendue de ses pouvoirs, mais pour l'heure, je ne devais pas rester ici, avec le corps d'un officier de la Marine baignant dans son sang à mes côtés. Reprenant mon souffle et mon calme par la même occasion, j'ouvrais toutes les gazinières au maximum. Mieux valait donner une autre source à l'incendie pour augmenter le sentiment de panique. Je quittais donc les cuisines en quatrième vitesse, me dirigeant vers la sortie de secours, conformément aux instructions que j'avais lues sur les plans d'évacuation. Une minute après que je me sois mêlé aux autres Marines, nous finîmes par entendre une explosion assez importante en direction des cuisines.

          Quant à moi, une fois dehors avec les autres, je n'eus aucun mal à m'éclipser en disparaissant dans les bois qui bordaient le Quartier Général. Bien que je sois normalement sensé attendre un bateau de pêche qui devait me rapatrier au camp Révolutionnaire le plus proche, le fait de ne plus pouvoir nager allait légèrement compliquer la chose. En revanche, j'allais pouvoir essayer d'utiliser ce nouveau pouvoir en toute discrétion, dans la forêt, à plusieurs kilomètres du QG en pleine agitation. Après tout, apprendre à se servir d'un fruit faisant des plumes serait sans doute plus discret que d'utiliser le fruit Pyrogène. Mais même après plusieurs heures, je n'arrivais pas à me servir correctement de cette mystérieuse force. En fin de compte, je dus me servir d'une lentille pour faire des signaux morses au bateau de pêche, afin qu'il s'approche pour me récupérer.

          Une fois à bord, je donnais les documents à l'officier de liaison venu me récupérer, tandis qu'il m'informait que les Marines infiltrés ayant tenté de s'enfuir avaient été appréhendés et exécutés. En somme, l'opération fut un franc succès, en dépit du bordel involontaire que j'avais fait chez les Marines. Me dirigeant dans ma cabine, je retirais mon masque et ma perruque pour revêtir mes habituels vêtements. Sortant, le visage masqué par mon foulard et mon bonnet, j'expliquais alors le déroulement de la mission, tandis que nous nous éloignions du Quartier Général. En fixant ce dernier, je réfléchissais aux conséquences imprévues de mes actions : la mort d'un haut gradé et l'acquisition d'un nouveau pouvoir. Ce dernier point, je préférais le garder pour moi, car après tout, il s'agissait d'une carte assez bonne pour que je ne la divulgue pas et la garde en dernier recours.
            -Comment ça vous avez oublié votre Sabre fétiche?


              Rachel et son Colonel se trouvait déjà à bord du navire qui devrait les ramener sur les mers de North Blue, à la recherche de la gloire que le Colonel recherchait plus que tout. Elles avaient traversées la place avec pour unique but le navire qui les mèneraient vers de nouvelles aventures. C'était ce que rêvait de faire le maitre chien Sacha qui dirigeait le chenil du QG. Rachel serait bien allé le chambrer s'il n'avait pas si mauvais caractère. Mais on s'écarte du sujet. Le Lieutenant à la faux avait à peine donné ses premiers ordres aux marins à bord du navire que le Colonel Kimura avait surgi de sa cabine comme un diable de sa boite, manquant de tuer d'une crise cardiaque les quelques marins reprenant les cordes les cordes à leurs toquets. Cette vision arracha un sourire machiavélique à Rachel. Comme elle aurai aimé être à la place de son Colonel juste pour cet instant. Mais cela ne dura pas longtemps et le Colonel, du haut de ses 2mètres30, se confondait en excuses auprès de la faucheuse au teint blafard. On aurait pu croire que c'était la poupée à l'air si fragile le Colonel et cette grande dame sa Lieutenant.


            -Je ne savais même pas que vous aviez un Sabre fétiche! Vous pouviez pas le laisser dans votre cabine?
            -Comment veux-tu que j'aie la classe au QG sans ce sabre à ma ceinture?
            -Bon, allez le chercher! Je m'occupe des préparatifs de départs et quand vous reviendrez, on pourra appareiller.
            -Garde mes Ton-Fa, je reviens!



              Le Colonel disparut dans une traînée de poussière. Le Lieutenant quand à elle retourna à son travail avec un soupir. Tous évitèrent de croiser son regard virulent...

              Alors que les préparatifs battaient leur plein et que le navire de la marine fut quasiment prêt à quitter le port pour une destination encore inconnue, une colonne de fumée fit son apparition dans le ciel calme de North Blue. Le Lieutenant porcelaine resta immobile un bon moment à observer ce noir tourbillon, montant vers l'immensité des cieux. Certains mousses du bord s'approchèrent et ne trouvèrent qu'un faucheuse absente, comme s'ils n'avaient affaire qu'à une coque vide. Que pensait-elle? Rien. Absolument rien. Son cerveau venait de lever le panneau occupé à la porte du cortex cérébral. Elle était hypnotisée par la tâche noire sur ce ciel bleu. Quelques marins furent dépêchés vers le foyer de l'incendie, mais elle n'en avait pas conscience. Une seule pensée tournait dans sa tête vide.

              Les corbeaux volaient bas, bien trop bas...

              Il ne fallut qu'une à deux minutes de plus pour que retentisse une explosion qui ébranla la base. Pour beaucoup, la surprise les prit. Mais pas Rachel. Son regard sortit du vide qu'ils fixaient alors et elle se rapprocha lentement, très lentement, trop lentement pour elle, vers le bastingage auquel elle s'accouda. Un présage? Elle n'y croyait pas. Elle savait. On aurait dit qu'un fil venait d'être tranché. Le seul véritable fil affectif qui la reliait à quelqu'un jusqu'alors. Et elle n'avait pas à se torturer pour savoir qui l'avait tranché. Si elle avait été elle-même, elle se serait contre-dit intérieurement. Mais elle n'était plus elle-même. Du moins pas en cet instant.

              Elle avait à peine conscience de l'effervescence que l'explosion avait provoquée autour d'elle. Elle regardait sans véritablement les voir les flammes et la fumée. Elle ressentait la caresse du vent dans ses cheveux comme une douce musique de fond. Le très léger roulis du bateau était la seule chose à laquelle elle se raccrochait. La mer. Son élément.

              L'explosion avait eu lieu dans les cuisines. Un Colonel avait été retrouvé mort dans les décombres de la détonation. Fuite de gaz. Mais le prisonnier, Damien Reyes, Commodore de la révolution manquait à l'appel. Il s'était évadé et tué l'un des gardes qui l'escortait. Quatre autres étaient plus ou moins dans un sale état et le fruit du démon que le Quartier Général gardait comme le plus précieux des trésors avait été dérobés. De plus le bureau de l'un des plus haut dirigeant de la base avait été emporté par les flammes ainsi que les précieux documents qu'il abritait.

              Pour finir de ternir le tableau, on ne laissa pas l'occasion au Lieutenant Blacrow d'assister aux funérailles -ou ce qui en faisait office- du Colonel Kimura. Ses supérieurs avaient jugés qu'elle serait plus utile là où le Colonel allait être envoyé. Ainsi Rachel se retrouva jetée en pleine mer, vers une destination toujours aussi inconnue, noyée dans la masse des marins sans grade.
              Perchée sur la superstructure avant, le regard perdu à l'horizon, Rachel pensait à feu son Colonel. Elle n'arrivait pas à se mettre d'accord sur ses sentiments. Si elle était morte, c'est que son heure était venue. La Mort est certes impartiale, mais juste. Rachel aurait juste voulu assister à son enterrement, du moins juste pour voir si on lui rendait correctement hommage, mais elle avait confiance en la marine. Elle savait honorer ses « héros ». Rachel avait soigneusement confié les Ton-Fa de Kimura à un marin avec pour but de les placer avec son corps pour son incinération, enterrement ou quoi que ce fut d'autre
              En attendant, on attendait d'elle qu'elle suive cet équipage jusqu'à sa destination, quelle qu'elle soit.

              Et elle le ferait.

            [Sujet Clos! Merci d'avoir lu drunken]
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