Donnez toute la voile que vous pouvez ! Du nerf soldats !
Le Lieutenant fraichement promu haranguait son nouvel équipage. Il avançait sur le pont du patrouilleur avec vivacité, encourageant ses hommes à redoubler d’effort. La vitesse était primordiale s’ils voulaient rattraper le rafiot des pirates.
Quelques minutes plus tôt, alors qu’ils effectuaient une patrouille ordinaire dans North Blue, ils avaient aperçu un navire marchand immobilisé. Ils avaient appareillé le navire, le temps d’être mis au courant de la situation, puis avaient filé vers l’Est.
Un navire pirate avait attaqué le marchand originaire de Luvneel peu de temps auparavant. L’équipage avait été rudement malmené et le capitaine avait été enlevé, en plus de ses marchandises les plus précieuses. Le marchand Pétroushka, grand nom dans le commerce de l’ivoire, ferait l’objet d’une belle rançon si les pirates parvenaient à s’échapper.
Mais Alec ne comptait pas les laisser s’en sortir aussi facilement.
C’était une de ses premières patrouilles et il s’était enfin passé quelque chose d’intéressant. Il laissa une escouade sur le bateau marchand afin de soigner les blessés et de les ramener sains et saufs à Luvneel avant de partir en chasse.
Le navire de patrouille était relativement petit et léger, ce qui convenait parfaitement à ses besoins. Un cuirassé n’avancerait pas aussi vite, mais serait beaucoup plus utile lors de la rencontre avec les pirates. Or, pas de bataille s’ils ne pouvaient les rattraper avant qu’ils ne se cachent aux yeux de leurs poursuivants.
Ils ignoraient cependant être poursuivi se disait le jeune officier. S’ils n’étaient pas tombés sur le navire immobilisé, les recherches n’auraient commencées que bien des heures plus tard. Les pirates ayant pris soin de récupérer tous les escargophones de l’équipage du marchand.
Il fallait juste qu’ils les rattrapent avant qu’ils ne se terrent quelque part. Une fois en sécurité, le sauvetage du marchand serait encore plus périlleux.
Le Lieutenant ne connaissait pas encore assez bien ses hommes pour se risquer dans un combat où la vie d’un innocent était en jeu… Mais il n’était pas temps de penser au futur, la situation présente requerrait toute son attention.
Lieutenant !
Oui Sergent ?
Jetez un coup d’œil à la carte s’il vous plait. Vous trouvez pas ça bizarre ?
Quoi donc ? Alec ne voyait pas du tout où le vieux soldat voulait en venir.
Ben y’a pas mal d’iles tout près du lieu d’l’attaque. Dans toutes les directions, sauf à l’Est. Et pourtant c’est par là que ces fumiers ont pris la fuite. Pas trop logique tout ça…
Pas trop logique c’est le moins qu’on puisse dire. Pas logique du tout même. En temps normal, une fois l’enlèvement accompli, les pirates se réfugiaient sur une ile proche afin de contacter la famille plus rapidement. Cependant la région était connue pour sa concentration en navires de la Marine, c’est peut-être ce qui poussait les forbans à mettre les voiles. Alec se préparait à faire part de sa réflexion à son sous-officier quand un cri de la vigie le devança.
TERRE ! Terre à babord !
Terre ? Mais la partie d’océan était totalement vierge sur la carte ?! Une erreur dans sa réalisation ?
C’est en observant l’ile en question qu’Alec comprit pourquoi une telle ile pouvait ne pas figurer sur son document. Il n’avait pas beaucoup voyagé et pourtant, il était sûr qu’il ne verrait pas beaucoup de lieux aussi peu engageants que celui-là. Tout n’était que rochers. Des falaises vertigineuses, une montagne enneigée, des crevasses lugubres… Aucun signe de vie apparent. Une ile morte. Inhabitable.
Un endroit parfait pour se faire oublier.
Voilà votre réponse Sergent. Je suis prêt à parier ma paie du mois contre la vôtre que notre gibier est terré là-dessus.
Pari tenu Lieutenant, mais n’venez pas pleurnicher quand vous n’trouverez qu’des cailloux sur ce tas d’cailloux.
Bzah ! Bzah ! Bzah ! Nous verrons Sergent, nous verrons.
Faites-nous faire le tour de ce rocher, mais avec prudence. Il ne faut pas qu’on nous repère avant d’être prêt à lancer l’assaut.
Bien Lieutenant. C’t’une perte de temps si vous voulez mon avis, mais si j’me fais vot’ solde j’vais pas chicaner.
Alec aurait pu rappeler à l’ordre le vieux soldat pour son langage, mais il semblait impossible de le faire parler convenablement plus de deux minutes. Et puis il était bien sympathique ce vieux roublard, tant qu’il ne discutait pas les ordres de son jeune supérieur. Si cela arrivait, il faudrait remettre les choses au clair.
Heureusement, l’intuition du jeune homme était plus aiguisée que celle de son ainé. Ils découvrirent le bateau pirate dans une petite crique – rocheuse évidemment.
Le patrouilleur fut rapidement stoppé à bonne distance et Alec observa la situation au moyen d’une longue vue que lui tendit son Sergent en bougonnant. Son amusement à voir le vieux ronchonner fut de courte durée, la situation était plus délicate que prévu.
Le navire ennemi était amarré près de l’entrée d’une grotte naturelle. Il pouvait discerner le flamboiement d’un feu de camp à quelque distance de l’entrée, mais c’était tout. Un vrai cul de sac.
Seul élément encourageant : les pirates étaient assez confiants dans leur cachette pour ne pas poster de sentinelles.
Demi-tour. On s’amarre un peu plus loin, mais restez en vue de l’entrée de la crique. Je veux être prévenu dès qu’il y a du mouvement là-bas.
Sergent ! Escargophonez le QG pour demander des renforts. Expliquez la situation et donnez nos coordonnées. Si on veut récupérer Monsieur Pétroushka en un seul morceau, il va nous falloir un peu d’aide.
Le Lieutenant fraichement promu haranguait son nouvel équipage. Il avançait sur le pont du patrouilleur avec vivacité, encourageant ses hommes à redoubler d’effort. La vitesse était primordiale s’ils voulaient rattraper le rafiot des pirates.
Quelques minutes plus tôt, alors qu’ils effectuaient une patrouille ordinaire dans North Blue, ils avaient aperçu un navire marchand immobilisé. Ils avaient appareillé le navire, le temps d’être mis au courant de la situation, puis avaient filé vers l’Est.
Un navire pirate avait attaqué le marchand originaire de Luvneel peu de temps auparavant. L’équipage avait été rudement malmené et le capitaine avait été enlevé, en plus de ses marchandises les plus précieuses. Le marchand Pétroushka, grand nom dans le commerce de l’ivoire, ferait l’objet d’une belle rançon si les pirates parvenaient à s’échapper.
Mais Alec ne comptait pas les laisser s’en sortir aussi facilement.
C’était une de ses premières patrouilles et il s’était enfin passé quelque chose d’intéressant. Il laissa une escouade sur le bateau marchand afin de soigner les blessés et de les ramener sains et saufs à Luvneel avant de partir en chasse.
Le navire de patrouille était relativement petit et léger, ce qui convenait parfaitement à ses besoins. Un cuirassé n’avancerait pas aussi vite, mais serait beaucoup plus utile lors de la rencontre avec les pirates. Or, pas de bataille s’ils ne pouvaient les rattraper avant qu’ils ne se cachent aux yeux de leurs poursuivants.
Ils ignoraient cependant être poursuivi se disait le jeune officier. S’ils n’étaient pas tombés sur le navire immobilisé, les recherches n’auraient commencées que bien des heures plus tard. Les pirates ayant pris soin de récupérer tous les escargophones de l’équipage du marchand.
Il fallait juste qu’ils les rattrapent avant qu’ils ne se terrent quelque part. Une fois en sécurité, le sauvetage du marchand serait encore plus périlleux.
Le Lieutenant ne connaissait pas encore assez bien ses hommes pour se risquer dans un combat où la vie d’un innocent était en jeu… Mais il n’était pas temps de penser au futur, la situation présente requerrait toute son attention.
Lieutenant !
Oui Sergent ?
Jetez un coup d’œil à la carte s’il vous plait. Vous trouvez pas ça bizarre ?
Quoi donc ? Alec ne voyait pas du tout où le vieux soldat voulait en venir.
Ben y’a pas mal d’iles tout près du lieu d’l’attaque. Dans toutes les directions, sauf à l’Est. Et pourtant c’est par là que ces fumiers ont pris la fuite. Pas trop logique tout ça…
Pas trop logique c’est le moins qu’on puisse dire. Pas logique du tout même. En temps normal, une fois l’enlèvement accompli, les pirates se réfugiaient sur une ile proche afin de contacter la famille plus rapidement. Cependant la région était connue pour sa concentration en navires de la Marine, c’est peut-être ce qui poussait les forbans à mettre les voiles. Alec se préparait à faire part de sa réflexion à son sous-officier quand un cri de la vigie le devança.
TERRE ! Terre à babord !
Terre ? Mais la partie d’océan était totalement vierge sur la carte ?! Une erreur dans sa réalisation ?
C’est en observant l’ile en question qu’Alec comprit pourquoi une telle ile pouvait ne pas figurer sur son document. Il n’avait pas beaucoup voyagé et pourtant, il était sûr qu’il ne verrait pas beaucoup de lieux aussi peu engageants que celui-là. Tout n’était que rochers. Des falaises vertigineuses, une montagne enneigée, des crevasses lugubres… Aucun signe de vie apparent. Une ile morte. Inhabitable.
Un endroit parfait pour se faire oublier.
Voilà votre réponse Sergent. Je suis prêt à parier ma paie du mois contre la vôtre que notre gibier est terré là-dessus.
Pari tenu Lieutenant, mais n’venez pas pleurnicher quand vous n’trouverez qu’des cailloux sur ce tas d’cailloux.
Bzah ! Bzah ! Bzah ! Nous verrons Sergent, nous verrons.
Faites-nous faire le tour de ce rocher, mais avec prudence. Il ne faut pas qu’on nous repère avant d’être prêt à lancer l’assaut.
Bien Lieutenant. C’t’une perte de temps si vous voulez mon avis, mais si j’me fais vot’ solde j’vais pas chicaner.
Alec aurait pu rappeler à l’ordre le vieux soldat pour son langage, mais il semblait impossible de le faire parler convenablement plus de deux minutes. Et puis il était bien sympathique ce vieux roublard, tant qu’il ne discutait pas les ordres de son jeune supérieur. Si cela arrivait, il faudrait remettre les choses au clair.
Heureusement, l’intuition du jeune homme était plus aiguisée que celle de son ainé. Ils découvrirent le bateau pirate dans une petite crique – rocheuse évidemment.
Le patrouilleur fut rapidement stoppé à bonne distance et Alec observa la situation au moyen d’une longue vue que lui tendit son Sergent en bougonnant. Son amusement à voir le vieux ronchonner fut de courte durée, la situation était plus délicate que prévu.
Le navire ennemi était amarré près de l’entrée d’une grotte naturelle. Il pouvait discerner le flamboiement d’un feu de camp à quelque distance de l’entrée, mais c’était tout. Un vrai cul de sac.
Seul élément encourageant : les pirates étaient assez confiants dans leur cachette pour ne pas poster de sentinelles.
Demi-tour. On s’amarre un peu plus loin, mais restez en vue de l’entrée de la crique. Je veux être prévenu dès qu’il y a du mouvement là-bas.
Sergent ! Escargophonez le QG pour demander des renforts. Expliquez la situation et donnez nos coordonnées. Si on veut récupérer Monsieur Pétroushka en un seul morceau, il va nous falloir un peu d’aide.