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La Bataille du Navire Sans Nom

Rappel du premier message :

Yarost est venu se poser sur mon épaule, c'est tendu pour lui de rester bouche bée, mais je sens bien ses dents mordre sa langue qui pend. Bien la première fois que je l'autorise à me baver dessus. Y a de quoi.

Ouais, ça a de la gueule.

Le navire se dresse, fier, comme un de ces guerriers aux muscles saillants des mers les plus dangereuses du monde. Sauf que lui est encore plus charismatique, il donne envie de se foutre à ses pieds, il oblige, même, parce qu'à côté on est rien que des miettes de poussières. Plus proche du vide que de quelque chose. La couverte est rouge et mon petit doigt me dit qu'elle le restera, sauf que ce sera ni la couleur originel du bois, ni de la peinture. Ce sera du sang.

Les quatres mâts font à peu près tous la taille d'au moins un géant. Sachant que celui voisin à la tour de la vigie supporte une arbalète de cent kilos environ, ils sont résistants et beaux comme le gigantesque gant de boxe à ressort qui sert de figure de proue. Et certainement plus tard de démolisseur de grands bateaux.

La poupe n'a rien à envier à la devanture du Sans Nom, elle aussi est impressionnante. Certainement grâce à l'énorme canon qu'on y a placé... Enorme ?

Hey toi ! Qu'est-ce que ça fout là ça ? J'avais dit à l'avant ! Grouillez !

C'est le frangin du Tsar Cannon du Kultuur. Une surprise que je réserve à l'ami Joe qui a eu la chance de squatter le navire commandant des Saigneurs de Jack, et de voir un peu la taille du truc. Il allait aller à l'avant, juste au dessus du gant de boxe. Tandis que derrière la fronde est déjà mise. Une fronde ! Elle, serait la hantise des tirs au flan, punition des débiles qui en feraient un peu trop ou seraient insolent. Mais aussi, punition des tarés qui pensent pouvoir défier un Saigneur à l'abordage... Un jour, je me ferai projeter !

Sur chacun des côtés, les canons qui ont toujours été là plus deux : un énorme à fumigène rouge que j'ai prévu d'utiliser pour faire peur aux navires qu'on attaquerait et dire que c'est nous qui arrivons, et un autre à feu grégeois. En plus de les faire saigner, on cramerait tout sur notre passage. C'était ça, le Sans Nom.

Devant la tour de contrôle, il y a un drôle de machin. Memson m'a dit qu'il a eu du mal à le trouver. Mais j'ai supposé que ça serait utile au Crack, un mégaphone. A mon avis, ça suffirait pour rendre tout un équipage sourd. Je souris. Une vraie machine de guerre. Mais en plus de ça, il y a une alternative à la fronde... La catapulte. A côté, des cadeaux des Industries Faypher pour ma fidélité : des poix à bouillir, de l'huile, des canons-poivres et des canons ramés. Assez pour s'amuser un sacré bout de temps. Assez pour conquérir Grand Line.

Derrière, alors qu'on vient juste de foutre le navire au port, ça court et s'amasse. Une grosse troupe de mecs que je connais pas mais qui sont surement avec moi se ramènent et me disent qu'il faut manœuvrer.

Qu'est-ce qu'il s'trame ?

C'est Joe ! Il dit qu'on doit poursuivre un bateau qui vient de se casser !

Haha, bordel, ce Crack...

Alors, il est opérationnel ?

Héhé...

Kiril !

Disons qu'vous seriez arrivé une minute avant, ...z'auriez pas eu de chance.

J'vais m'foutre à bord.


Dernière édition par Kiril Jeliev le Mer 28 Jan 2015 - 12:38, édité 1 fois
    Tralalilalèèèreuh
    Je fredonne cet aiiireuh
    Pour ne pas vous plaiiireuh
    Et reprendre la meeereuh

    A moi les coquillaaageuhs
    A la fin d'l'abordaaageuh
    C'est un vieil adaaageuh
    Pour faire passer l'messaaageuh

    Faut pas tirer cette têêêteuh
    Même si t'as plus rien dans ton assieeetteuh
    Et qu'j't'ai pris ta brocheeetteuh
    Au moins t'finies pas chez les Moueeetteuh

    Pour nous c'est jour de fêêêteuh
    C'est un vrai préceeepteuh
    De s'tailler une baveeetteuh
    Sur le cadavre des poèèèteuhs


    Je reviens donc sur le navire des Saigneurs, le Sans Noms, les cheveux remplis de mille trésors. Après ma victoire face à Dalia, la grognasse au marteau de l'équipage des Zicos, j'ai décidé de faire un petit tour dans la cales pour récupérer le maximum de dials possibles. Et il faut avouer qu'ils avaient bien pillé Armada ces bougres là. Un pièce entière était réservée au stockage de ces petits coquillages. J'comprends toujours pas pourquoi le Joe veut ces trucs, mais bon. C'est lui le capitaine, donc c'est lui qui donne les ordres... pour le moment. Vu que je ne peux pas m'enfuir, encore tout du moins, je suis le mouvement et je ne me fais pas remarquer. Même si maintenant ça va être un peu compliqué de passer inaperçue. La raison ? Tout simplement le gros marteau que j'ai récupéré sur mon ancienne ennemie. Bah, oui, faut pas déconner, elle voulait me prendre ma couronne alors j'lui prends son arme. Logique retour des choses. D'ailleurs, c'est vrai qu'il est léger Ahah. Par contre c'est pas pratique à utiliser.

    Pouïc
    Pouette
    Pffrrr
    Pouette
    Pouïc

    -Raaaagh ! Comment elle faisait déjàààà !

    Pouïc
    Pouïc
    Do
    Do
    Pouette
    Pouette
    Fa
    Sol
    Pouïc

    -Hey mais fais gaffe où tu frappes avec ton machin là !
    -Heuuu... désolééééé ! hihi.
    pouïc-pouïc-pouïc-pouïc-pouïc-pouïc-pouïc-pouïc-pouïc-pouïc-pouïc-pouïc-pouïc-
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    On se retourne tous les deux, arrêtant le combat quand on entend la môme qui passe chantonner d'une voix affligeante, et, avec un air difficile à retenir tant il est irrégulier.

    C'est qui ça ?
    C'est... nul.
    Elle aussi, c'est ta copine ?
    Non, je la connais pas. Toi ?
    Ni d'Adam, ni d'Eve.
    Bon.
    Oui, bon.

    Le combat reprend, on ignore l'improvisation qui témoigne de sa seule existence qu'on peut emmerder la musique en en faisant. Dégoûtés, certes, on n'oublie pas néanmoins que l'objectif de chacun est de terrasser l'autre, peu importe le temps que ça prend. Ainsi, la belle à la chevelure teintée noire fait abstraction du bruit que font ses os quand ils éclatent sur la lonsdaléite vivante que je suis. Je l'aurais à l'usure, me chuchote mon cerveau mais c'est ma fierté de grand gaillard qui en prend un coup. Elle doit penser certainement la même chose alors que la cadence des allées et venues de l'air en moi s'accélère à mesure que mes poings brassent le vent.

    Mais je me suis trompé. Je ne mentais pas quand je lui ai dit que je me faisais vieux, et mes forces s'épuisent évidemment plus vites que les siennes, le haki noir éclatant perd peu à peu de sa couleur et de sa dureté. Jusqu'à ce qu'un ultime coup me transperce. Je pose le genoux à terre alors qu'elle se tient droite devant moi, plus haute. Je souris, marmonnant.

    La volonté. La volonté du simple.

    Elle tousse, à trop se démener, ce n'est plus de l'air mais du sang que ses poumons crachent.

    Du simple..?
    J'étais comme ça avant, adepte de la volonté du simple. Je n'étais pas maître de mes choix, mais de ma volonté. Haha... Je l'ai perdu. Je le dis souvent mais les vieux deviennent lucides, la fougue, l'entrain et l'insouciance des jeunes années se perd.
    Vieillard avarié.
    C'est ça. Et pas besoin de haki pour lire en moi. Je mens en disant que ma caboche n'héberge que des idées sombres. Peu importe ce que j'en dis, elles s'éclaircissent peu à peu. Je veux juste vivre comme ces types-là, sur des îles inconnues comme Tanuki, avec une famille. Une femme, des mômes et une descendance.

    Pour la toucher, il faudrait que je redevienne cet assassin sans avenir parce qu'il a du mal à oublier son passé que je crois être. Mais le passé, je l'oublie. J'ai l'impression de n'avoir jamais été qu'un saigneur. Un type perdu dans une part de rêve dans le sommeil des choses. L'espace où je suis n'est pas un lieu, il est éthéré, incomplet, irréel. Mais je vis dans un paradoxe infini et quand j'étais ce pivé insatiable, tout ce que je voulais c'était perdre le souvenir. Et maintenant, je voudrais qu'il réapparaisse ? Et si je la laissais, par le biais de la gamine, me prendre ? ça ne ferait qu'un damné de plus dans l'Enfer de Dante. Une âme errante et sans confession qui pleure la vie qu'elle a vécu. Et si je la laissais ?

    Désormais, je n'ai plus rien pour me protéger. Et la petite s'en donne à coeur joie. Mes côtes et mes autres os craquent comme elle l'a souhaité au début.

    Le son n'est pas si impressionnant que ça, en fait.

    Combien de fois ils ont cédé aux coups ? Combien de fois je me suis battu pour une place au comptoir ? Combien de fois je me suis battu pour une remise pas assez importante ? Combien de fois je me suis battu ? Et combien de fois j'ai perdu la vie ?

    Finalement le Sans Nom se revêtit seulement de mon sang. Le Saigneur se fait saigner. Ses bottes à clous n'épargnent pas ma trogne. Des cicatrices en perspective, peut-être les dernières ? Et si je la laissais ?

    Pour la toucher, il faudrait que je me souvienne, il faudrait passer ma main sur le rugueux de mon monde pour adoucir ma vie. Après tout, la lumière se repose dans les mouvements de l'ombre pour renaître plus vive. Mais quelle lumière ? Je suis fêlé. Il faudrait que je me souvienne cette époque où j'avançais dans l’abondance de l'inconnue, l'empathie des ruisseaux, la volonté du simple.

    Mais. Si je la laissais faire ?

    Combien ça fait d'os ? Une dizaine ! Héhé ! Hé, vieillard ?

    J'essaie un coup. Elle l'évite. Elle l'a prévu. Evidemment.

    Si je la laissais faire alors c'est tout que je perdrais. Plus effrayant que la mort, c'est l'oubli de tout, c'est l'oubli de soi. J'étais déjà mort quand j'ai cessé d'écrire à Lana, cessé d'y penser, cessé de la chanter, cessé de croire en son existence... Mais maintenant c'est clair.

    Le Scotch reprend couleur. Un peu.

    1620. J'avais des cheveux, j'étais un homme heureux. J'avais Harry, et mes soldats. Je m'avais moi. J'avais une vie. Puis, je l'ai eu elle. Quel bonheur. Un bonheur qui a duré deux ans. Et puis.

    Le Scotch reprend couleur. Enfin.

    1621. Décoré, couronné. Je recevais des compliments. J'avais des supérieurs avec lesquelles je tapais dans quelques boules de pétanque le soir, avec qui je picolais un peu mais pas beaucoup parce que demain il y avait boulot. Parce que le soir je rentrais et que je l'avais, elle.

    Le Scotch reprend couleur. Beaucoup.

    1622. J'avais les criminels, les révolutionnaires, la guerre, les cliquetis des fusils, les ennemis puissants, les missions du Gouvernement. Je la perdais. J'avais, paraît-il, le cœur là où les poules ont les œufs.

    Le Scotch reprend couleur. Enormément.

    Et je l'ai toujours. Mais il me faut lui prouver que ça peut changer, qu'avec elle, tout est possible. Il me faut la trouver, comme j'ai dit à Micha. Marie-Joie. Mon objectif final, c'est ça. Comment est-ce que j'ai pu oublier ? Et comment est-ce que je peux la laisser faire ? Non.

    Quand elle essaie encore de frapper, j'attrape sa main avec la mienne et je serre tellement fort que je sens son poignet céder.

    Aarrgh...!
    Ne crois jamais un gars, jamais un gars comme moi...

    Avec l'autre poigne, je lui colle une mandale qu'elle ne peut éviter. Pourquoi ?

    Ce qu'il y a dans ta tête... c'est quoi ? Ce ne sont pas des pensées... C'est horrible.
    Horrible, hein... J'avais oublié.

    Et je serre. Crack. Mon corps se transforme lentement, je change de gueule. Komodo. Loch Dhu. Je sens ma puissance décupler tandis que son os se brise complètement. Plus jamais utilisable...

    Ce qu'il y a dans ta tête, c'est... incompréhensible.
    Et ça aussi, j'avais oublié.

    Lâchant prise volontairement, j'enchaîne directement avec une giboulée de gnons dans le buffet. Je combine illégitime et naturelle avec la force que mon pouvoir me procure. Et ça fait mal, ça se voit à la tronche que tire mon vis-à-vis, et je remarque ses yeux virer du bleu au noir, ainsi de suite, pour reprendre leur couleur de base.

    On.. m'avait.. pas dit.. pour ... ça.

    Je la dauble du genoux en la retenant par le dos pis la jette contre le Tsar Cannon, elle tombe net. Mais je la rattrape par le colbac pour l'envoyer voler haut et puis quand elle redescend...

    BEIGNE DANS TA GUEULE ET TU BAIGNES DANS TON SANG


    Ne crois jamais, beauté
    Pouvoir battre un Saigneur
    Tu vas perdre en beauté
    Tu vas y perdre ton cœur

    Si ton sang s'éparpille
    Et si dans l'grand couloir
    Tu croises cette vieille tapine
    Dis lui bonjour pour moi

    C'est pas encore mon heure
    Je sais qu'elle le voudrait
    Mais je suis un Saigneur
    Et je le resterai

    Si tu croises cette tapine
    Dis lui de pas s'en faire
    Dis qu'avec ma prime
    J's'rai bientôt en Enfer


    Yarost !


    Le lézard rapplique illico avec ce qu'il sait. Lana, mon os de mouton, qui a d'ailleurs été customisé par la bonne branche. Je voudrais l'essayer, ce poison de mort.

    Comme prévu, avec la volonté du simple, même affaiblie comme elle est, elle abandonne pas. Mais c'est sa fin... Parce que Lana habille mes phalanges. Parce que je me souviens de tout, maintenant. Je me souviens pourquoi je suis. Et pourquoi personne ne pourra jamais me traiter de vieillard avarié. Je sais pourquoi elle ne sera plus. Je sais.

    Petite, c'est quoi ton nom, dis ?
    Hnn...
    Dis moi, vaut mieux. Tu sais.
    ... Queen.
    Tu étais venue chercher des excuses, hein ? Je suis désolé, Queen. Mais c'est comme ça que je suis. Et y a qu'une seule personne capable de me changer. Elle porte le même nom que ce qui va te tuer, mais tu sais...

    Faut pas t'en faire, t'iras p't'être pas en...


    Non !
    Non ?
    T'as pas besoin de le faire. C'est pas ce que t'es. C'est pas ce que tu nous as dit au chantier.
    Nounours ?
    Deviens pas ce genre de personne, ces types qui vendent des rêves qui pensent ne pas pouvoir vivre. Tu peux, t'es pas un assassin. T'es juste un homme. Alors, la tue pas...
    Hm...

    Nounours, sans le connaître, je sais que c'est un type que j'aurais rêvé d'être. Un genre de gars brisé par quelque chose. Jusque là c'est moi. Mais lui a accepté, et c'est ça nous qui nous différencie. Moi j'ai pas eu le courage. Je veux pas le faire, mais.

    Le réel existe seulement quand on peut le rêver. Le vrai rêve, et je m'en tape de la définition qu'ils mettent dessous le mot dans les dicos, le vrai rêve c'est pas quelque chose d'inatteignable. Le rêve, choisis de le vivre. C'est pas en faisant ça que tu pourras te repentir.

    Sur mes joues, des larmes invisibles. Je laisse tomber Lana que Yarost s'empresse de venir ramasser en faisant attention de ne pas toucher les pointes mortelles. Ensuite vient le tour de mes genoux. Je ressens maintenant la douleur de tous ces os qu'elle m'a cassés.

    D'accord, Nounours. J'ai pigé. J'ai pigé... Désolé, Queen. Désolé pour tout. Ramenez moi du Panaché, heh, les gars. Ramenez-en moi... des litres...

    Le soleil se couche déjà. Je suis étendu sous les étoiles à côté de celle que je voulais sacrifier, pour qui, pour quoi, je ne sais pas. Et même en plein milieu de l'odeur nauséabonde de la mort, et même au milieu d'autant de bois, et même au milieu d'autant de bouts de ciel, je me sens terriblement seul. Et pourtant, il y en a deux qui veillent sur moi. Yarost et ce drôle de type.
      Finalement la projection de crêteux était une technique qui fonctionnait plutôt pas mal. Il n'y avait qu'à voir le résultat que la euh bombe cinétique avait eu sur le Musicien. Il paraissait encore plus furax qu'avant, si c'était possible, et tout son corps était recouvert de bleus. Qui eut cru que des baies puissent faire si mal ? Pas Joe en tout cas. Par contre maintenant, il avait Mister Baies de son côté. Hum... Remporter son duel face au Musicien seul comme un grand ou se faire aider de l'ami Mahach ? Cruel dilemme. Le crêteux semblait lui parler mais le Crack était toujours sourd. Il réactiva son ouïe à temps pour saisir l'essentiel, Mahach voulait sa part du Musicien. Brave petit.

      "La Mélodie de la Souffrance ? Oh, oh. Très beau titre !"

      "Pfff... Vous n'êtes pas capable de comprendre la grandeur de mon Art et les sacrifices que celui-ci requiert. Tout Chef d'Orchestre a besoin de choristes ! Qui êtes vous pour me critiquer, vous qui n'êtes même pas fichus de mourir correctement ! Un requiem, voilà ce qu'il vous faudrait ! Une bonne marche funèbre ! Comme si le Quatrième Art pouvait mourir sous les coups de rustres tels que vous. Il en faut bien plus pour tuer la Musique... Crack ! Vous et votre larbin, vous allez mourir maintenant mais la Musique, elle, vivra à jamais !"

      De nul part jaillirent soudain plusieurs instruments de musique. Un tambourin, un accordéon, des cymbales et même un sifflet. Le Musicien s'était transformé en véritable orchestre vivant. Pour en rajouter, il dévoila à son tour son arme secrète, des Audio Dials accrochés sur son torse. Un grand sourire apparut sur le visage du vieil homme.

      "Eternellement ? Bwéhéhé. La Musique n'est que du son et JE suis le Maître du Son ! Alors j'crois qu'on va zapper l'second et l'troisième couplet pour embrayer directement avec le Grand Final ! BWEHEHEHE !"

      "Lux Aeterna !"

      Explosion sonore qui envoya voler les débris au loin et tapa dur sur les oreilles des deux Saigneurs. L'orchestre entrait en action. Le Musicien paraissait se démultiplier, ses mains, sa bouche, ses jambes, tout son corps devenait un instrument de musique. De ses dials émanaient des sonorités de piano, de violon et d'autres instruments qu'on ne pouvait ranger dans sa poche. Le Crack ne cessait de sourire. Tout cela était bien beau mais cela restait des effets de son et lumière auquel il était immunisé. Il y était immunisé pas vrai ? C'était juste son esprit qui lui faisait croire que la musique du Musicien le repoussait. Le sol qui tanguait et les murs qui ondulaient, ça aussi ça devait être son esprit. A moins que ce ne soit sa musique...Il n'aurait pas dû réactiver son Ouïe, maintenant il n'avait plus le choix. Il allait devoir recourir à son arme secrète. Celle qu'il n'avait même pas utilisé contre Kiril, qu'il réservait spécialement pour Gorilla Jack. Tant pis.

      "Thunder Clap !"

      D'un geste si rapide que nul ne put le voir, le Crack venait d'ouvrir sa veste et d'activer dix audio dials d'un seul coup. L'idée de l'écharpe était proprement géniale. Désormais c'était comme si dix Joseph hurlait à plein poumons. Si l'Orchestre Humain s'entendait sans problème depuis le navire des Saigneurs, l'attaque de Joseph fit vriller les tympans de toutes les personnes présentes sur les deux navires. Impossible de penser, impossible de s'entendre. Il n'y avait plus que les cris du Crack qui existaient. Nul ne pouvait l'ignorer à présent.

      D'un pas triomphant, le Crack s'approchait d'un Musicien ayant mis le genou à terre. Son regard était empli d'incompréhension et ses oreilles saignaient. Vu sa proximité, ses tympans devaient être réduits en miettes. Le principal problème de cette technique, selon Joseph, était qu'elle l'empêchait de tenir son petit speech. Le Crack aimait entendre le son de sa voix mais cette fois il allait devoir faire une exception. Le Musicien parvint à se redresser péniblement mais il tanguait, son oreille interne était détruire, son sens de l'équilibre lui faisait désormais défaut. Alors aggravons le cas.

      "Beat Punch !"

      Un coup à l'estomac avec l'effet Beat fit ployer le Musicien en deux, le faisant cracher du sang. Crack Joe souriait encore plus largement qu'avant. C'était son moment préféré. Le moment où sa victime comprenait finalement qu'elle allait mourir, qu'elle s'était vu trop belle et que nul n'était plus fort que le Crack. D'un main il saisit le menton du Musicien, le forçant à le regarder. La petite lueur verte brillait toujours au fond de son regard, qu'à cela ne tienne, Joseph en avait encore à son service. Il laissa sa Colère s'exprimer et recouvrir ses avants bras de ce noir qu'il aimait temps. Gauche ! Droite ! Gauche ! Droite ! Les coups du Crack s’abattait sans pitié sur le Musicien qui ne pouvait se défendre car les dials de Joseph ne cessaient de hurler. A chaque coup, la lumière dans son regard semblait vaciller et briller un peu moins fort jusqu'à finalement disparaître.

      Après ce qui parut sans doute une éternité aux personnes présentes sur les deux navires, le Crack se décida enfin à couper ses dials pour contempler sa victime. Il voulait pouvoir entendre ce que le Musicien aurait à dire, la réciproque s'avérant compliquée à réaliser.

      "Alors Merry, qu'est ce que ça fait de trouver son Maître hein ? Bwéhéhé ! Ta p'tite musique n'a pas fait le poids ! Maintenant crache le morceau, où sont tes dials ? Où est ton trésor ?!"

      Histoire d'être sûr que le Musicien ait bien pigé le truc, le Crack arracha l'un des dials de Fredcurry et le lui agita sous le nez en compagnie d'un billet de banque. Toujours aller à l'essentiel, règle n°24 du Manuel du Parfait Petit Agent. La règle n°25 détaillant comment se comporter face à un interlocuteur rétif comme le Musicien. L'homme se gondolait. Ce qui lui restait de visage affichait un rictus méprisant. Ses lèvres remuèrent, il semblait sur le point de parler. Le Saigneur se pencha vers l'homme, prêt à entendre ses dernières paroles et fut accueilli par un mollard en pleine figure. Fredcurry rit aux éclats en se tenant ses côtes brisées. Le sourire du Crack se crispa, son poing se nimba une nouvelle fois de noir avant de abattre sur le visage du Musicien, l'enfonçant à travers son crâne. Plus de doutes, cette fois Merry Fredcurry venait de passer l'arme à gauche.

      Le Maître des Saigneurs se releva et épousseta son costume désormais totalement ruiné. Il allait encore devoir en changer, c'est que ça finissait par coûter cher de bien s'habiller. D'ailleurs en parlant de coûter cher, il était temps de mettre fin à ce massacre. Le Crack était repu. C'était désormais l'heure des cadeaux. Il activa son pouvoir, sa voix résonnant sur tout le navire mais sans effet nocif cette fois.

      "Musiciens ! Votre Capitaine est mort, votre navire est détruit, ce combat n'a plus aucun sens ! Vous avez perdu et vous devriez tous mourir pour cela ! Mais vous êtes des pirates comme moi, aussi je vais vous faire une offre exceptionnelle. Je vous offre un choix ! La Mort ou les Saigneurs ! Si vous êtes assez stupides pour continuer à vous opposer à nous, alors mourrez. Ceux qui déposeront les armes et rejoindront mon équipage auront le privilège de devenir le nouvel orchestre des Saigneurs ! Vous avez deux minutes pour vous décider, passé ce délai... Bah, pas besoin de vous faire un dessin."

      Le Crack coupa son pouvoir, plutôt fier de son petit discours. Evidemment qu'il continuait à recruter. Il lui fallait d'avantage de larbins pour peupler son navire. Un Capitaine devait avoir de nombreux hommes sous ses ordres et il n'allait pas passer à côté d'une opportunité de recrutement. D'ailleurs en parlant de ça, il n'y avait pas un Lieutenant à lui dans les parages il y a peu... Ah si, une tête à crête dépassait d'un tas de décombres. L'effet du Thunder Clap sans doute.

      "Oy Mahach ! Arrête de rêver ! R'trouve la Fouine et ses gars. Ils doivent être en train de r'tourner la cale en c'moment. J'veux que tout c'qui a de la valeur soit ramené à bord, surtout ces fucking dials ! Oh et... Belle entrée. Très important les entrées charismatiques."


      Le petit discours de Joseph avait porté ses fruits. Il faut dire que le moral des Musiciens avait été mis à rude épreuve par les armes du navire Sans Nom. Gant de boxe rétractable, Tsar Canon, Gatling Guns, triple tourelles, j'en passe et des meilleurs. Sans compter les monstres qu'étaient les Saigneurs. Était il si surprenant que la majorité des Musiciens aient choisi de déposer les armes et se retrouvent à transporter leur propre trésor sur le navire des Saigneurs ? Pas vraiment.

      De retour sur son navire, bien à l'aise sur la tourelle d'avant, le Crack contemplait la procession de petites fourmis qui ramenaient tout ce qu'elles pouvaient à bord. Visiblement il y avait eu des heurts sur son propre navire. Du sang frais maculait le pont avant et... Oh, n'était ce pas le bras droit du Musicien que ses propres hommes abreuvaient de panaché pour remettre d'aplomb ? Si, si, c'était bien elle. Avec Kiril et une des nouvelles recrues, un espèce de gros nounours au crâne rasé, qui veillaient sur elle façon bons samaritains.

      "Fiouuuu. J'aurais pas cru que vous accepteriez mon offre Mam'zelle Queen. Ouais, ouais, j'vous connais. T'penses bien que j'me suis renseigné sur cet enfoiré de Fredcurry. Content d'vous compter parmi nous."

      Le Crack sourit de toutes ses dents. Une recrue de poids que cette Queen, ça allait fait des quiproquos avec Levy mais qu'à cela ne tienne. Il...

      "Des clous."

      "Hum ?"

      "J'ai dit... des clous. Jamais je ne suivrai un sanguinaire comme toi. Plutôt mourir."

      "Hum... Ça tombe bien, c'est ce qui était prévu. Vous avez entendu la Dame les gars ? Donnez lui ce qu'elle demande ! Kiril, bouge de là tu veux. Foutez moi ça à la flotte ! Oh et cassez lui l'autre bras avant. On voudrait tout d'même pas rendre les choses trop facile pas vrai ? Béhéhé"

      Deux des Saigneurs du Crack, ceux de l'équipe de Dead End, forcèrent Queen à se relever, la maintenant debout tandis qu'un troisième entreprenait de faire faire un 180° à son bras restant. Bras qui se brisa net passé un certain degré, arrachant malgré elle un cri d'agonie à la Musicienne. Ses deux bras pendaient désormais comme deux appendices flasques et inutiles. Derrière Kiril, le gros au crâne rasé semblait se retenir de faire une connerie. Encore un qui avait le cœur trop tendre. Tous devaient bien comprendre qui était le Capitaine. Le Crack siffla entre ses dents, la Planche fut prestement installée et Mademoiselle Queen y fut poussée. Après tout, elle avait fait son choix. Accoudé à la rembarre, le Crack souriait de toute ses dents. Une exécution était toujours un grand moment, surtout quand il était le bourreau. Queen se retourna, le défiant du regard.

      "Qu'est ce que tu attends stupide vieillard ? Que je te supplie ? Va te faire voir !"

      "Pas de supplications ? Quel dommage... Mais pas de quoi s'en faire, on s'reverra en Enfer !"

      D'un poing d'air envoyé au ralenti, le Crack fit basculé la Musicienne à la renverse, la faisant chuter de la planche et tomber dans les eaux sanglantes. De nouveau tout sourire, le Saigneur se retourna vers son équipage qui achevait tout juste de transvaser le butin. Tous devaient être revenus à bord maintenant. Il aurait tout son temps pour faire l'inventaire du butin plus tard. Pour l'instant, c'était l'heure de gloire. Le Crack brandit le poing bien haut.

      "Saigneurs, nous sommes victorieux ! L'or est à nous ! Ce soir, c'est votre Capitaine qui réagle ! Cap sur Armada !"

      "Erm... Capitaine Patchett ? Permettez que je vous rappelle qu'un navire non baptisé porte la guigne. Nous avons eu de la chance cette fois, mais nous devrions donner un nom à ce sanglant vaisseau ! Pourquoi pas...

      "Merci Anna mais ce navire a déjà un nom... C'est le... C'était quoi déjà Kiril ? Ah oui... Le Poing d'Honneur !"


      Dernière édition par Joseph Patchett le Sam 31 Jan 2015 - 15:48, édité 1 fois
      • https://www.onepiece-requiem.net/t6586-crack-crack#80645
      • https://www.onepiece-requiem.net/t6519-joseph-patchett-en-attente-de-validation
      Tous ces gens à nos pieds
      Ont entendu la voix de Joe
      Rendu esclaves et estropiés
      Par la voix de Joe
      Assujettis sans pitié
      Par le cri de Joe
      Allégorie d'l'inimitié
      Le Saigneur Crack Joe

      Et ce n'est que le début
      Car la Poulie revit
      L'emblème de nous, rebuts
      Et d'la fin de vos vies

      Et ce n'est que l'commencement
      Car l'Poing Ardent est né
      Navire fait d'mort et d'sang
      D'un équipage damné

      A genoux le monde !
      Bientôt tu entendras
      Le bruit atroce, immonde
      D'une poulie sous tes draps.
        Peu de temps après mon arrivée fracassante et fracassée, le sol recommençait à être mou, tout volait en éclat. Même ma volonté. Et faut dire qu'à ce moment là elle était balèze. Mais moins que l'envie du Joe faut croire.

        Quand il m'a réveillé, ce connard de Musicien était méconnaissable, et j'avais la rage : j'y étais pour rien.

        Pas le temps de trop réagir, le Joe me demanda de piller le rafiot à moitié mort avant d'aller fanfaronner. Il changera jamais. Mais avant ...

        * * * * *

        Je choppe le Musicien par la cheville et je le traine comme une vulgaire merde. C'est ce qu'il était. L'envie de le mettre encore plus en charpies me manque pas mais il a déjà eu ce qu'il méritait.
        Je le passe passe par dessus bord, je le retiens juste par la cheville.

        - J'espère que les abysses vont te dévorer !

        Et je le lâche. Sans plus d'attention.

        Je me tourne vers les Saigneurs encore présents :

        - Embarquez tout ce qui est utile : bouffe, or, dials ...

        Moi aussi je descends dans les calles, notre victoire me donne envie de pousser la chansonnette :

        - Ton OPA a capoté ! On s'est farci tes millions ! Tous tes p'tits potes, mis au tapis ! Tu l'as ta grosse humiliation ! Hey ! Merry ! Tu l'as dans le fion ! Tous les dials sont à nous, tu ne les auras jamais ! Tous les dials sont à nous, tu ne les auras jamais !

        Tout le monde se met à l'ouvrage, même les Musiciens. Je crois qu'ils ont pas intérêt à broncher dans les prochains jours, parce que je sais pas ce que je ferais d'eux. Ils en sont pas à la cause pour Lilian, mais faute d'avoir pu me venger sur Fredcurry ...

        Les sacs se remplissent de plus en plus, à contre coeur pour certains sbires du Zikos. Tout le monde commence à quitter le Navire. Ezekiel se pointe vers moi, un large rictus aux lèvres qui baissent comme des rideaux d'une salle de spectacle en me voyant.

        - C'est bon la Fouine, vous pouvez y aller, prenez les derniers trucs et partez. Dites à Joe que j'arrive.

        Je suis le frère Kishishi qui m'emmène vers son jumeau. Pas loin de lui, un long drap noir recouvre quelque chose que je devine être le corps de Lilian sur sa jonque de fortune.

        - Merci les gars ...

        Azazel allait rire, Ezekiel lui pose un beignet ; ils allaient pour se mettre sur la tronche, je les fusille du regard, ils s'arrêtent.

        On apporte le corps vers la mer qui brûle maintenant paisiblement quelques mètres plus loin. Ce n'est pas grand chose mais ça suffira. On pose la jonque sur l'eau, elle tangue un peu et on lui donne un peu d'élan pour qu'elle vogue vers le paradis.

        - Repose en paix, et ... et bon vent ...

        Quand les flammes viennent lécher le bord de la latte de bois, je ne peux plus supporter cette vision d'horreur. C'est la mine basse que je rejoins le Sans Nom. J'aurais tellement voulu le rejoindre à quatre ...
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