>> Maxwell Toreshky Percebrume
Pseudonyme : Capitaine, pour toi. Age: 30 Sexe : Homme Race : Humain Métier : Capitaine, Navigateur Groupe : Pirate But : Tuer Teach ; reprendre la place d'empereur de mon père. Fruit du démon ou Aptitude que vous désirez posséder après votre validation : Fruit Temporel. Équipement : Cape, manteau, redingote. Rien d'spécial. Le kit du parfait voyageur. Codes du règlement : Parrain : C'est Lefty, le parrain. Ce compte est-il un DC ? : Oui. De Edwin, j'laisse tomber Oswald, comme prévu. Si oui, quel @ l'a autorisé ? : Alrou. |
>> Physique
Je devrais la raser, cette barbe. Hm… Non. Non, je la garderai, elle me fait sentir plus pirate, à vrai dire. J'ai besoin d'avoir le sentiment qu'il est loin derrière moi, ce temps où je me rasais chaque matin en tant qu'émissaire gouvernemental. Ces cicatrices, qui me suivent déjà depuis longtemps, me rappellent mes origines et ma formation. Je ne suis pas sorti indemne de ces longues heures d'entraînement. Apprendre à charger une pièce d'artillerie de plusieurs millimètres s'est avéré dangereux, si bien qu'il m'en coûta plusieurs marques. Mes mains, calleuses, sont celles d'un homme qui sait nouer et corder. Mes bras, forts et souples, savent hisser, escrimer et feinter. Mon torse, bien charnu et sculpté, peut me garder longtemps sous l'eau. Mes jambes, sveltes et musclées, me permettent de bondir, de courir et de me mouvoir mieux que quiconque. Décidément, ces longues années où l'on me formait à devenir le meilleur marin qui soit ne sont pas dépourvues de sens. Cette formation a fait de moi un matelot aguerri, un homme dont le pied marin n'est plus à discuter. En tant que pirate, rien de mieux qu'une bonne redingote ne pourra me protéger des intempéries. Mes cheveux ? Je les laisserai pousser, en ferai un catogan pour ne pas qu'ils m'incomodent. Je porterai sabre et pistolet pour affronter les dangers. Sombres comme ceux de mon père, mes yeux, eux, seront mon arme face à l'océan. Aiguisés, ils sauront toujours déjouer ses pièges et ses habitants. Charismatique, je m'adresserai toujours aux autres comme le plus respectable des hommes, m'assurerai toujours d'être convaincant et assuré.
À défaut de beaucoup sourire, à défaut d'avoir l'air d'un homme à la bonhommie avenante comme mon père, j'inspirerai la confiance et l'honneur.
Et à mon tour, je serai l'archétype du brave pirate, méritant ma place au panthéon des grands forbans.
>> Biographie
Je vais commencer ici. Ici ? Maintenant, plutôt. À partir de ce moment, tâche d'encre sur la courte ligne du temps de mon existence. Je suis là, prostré au centre des miens, mouton noir momentanément admis chez les loups. Le prisonnier d'un instant où tous, la morgue dans les yeux, voient sombrer le cercueil sous les pelletées de terre. Ils sont mes parents, cousins, oncles, tantes, connaissances. Vêtus de noir, l'œil sombre, mouillé, ils baissent la tête, assentiment silencieux d'un deuil cette fois officiel. Ils sont tous venus, des quatre coins des océans, de plein gré. Moi, j'ai hésité. En marge du groupe même si au beau milieu, loin de tous même si épaules à épaules. Je sens derrière moi les soupires de nouveaux arrivants. Fourbus, défaits, ils transportent avec eux l'immensité de la mer et l'iode des torrents. Épaisses capes. Longs manteaux. Redingotes usées. Bandeaux, sabres, fusils et tricornes. Les pirates du Nouveau-Monde. Ils sont là, eux aussi, pour donner un dernier adieu à mon père.
Puisse le nom de Vladimir Toreshky ne jamais être oublié de par les mers. Puisse sa légende être connue de tous, puisse son rire faire écho à jamais par-delà Grand Line. Il fut ami, amant, camarade, capitaine et confident. Respecté de tous, en chacun de nous se perpétuera sa mémoire.
Il était père, aussi. Père. Toutefois, ce fait, les gens semblent l'oublier depuis une bonne décennie. Et ce, tout à fait volontairement, je m'en doute bien. L'homme qui prononce ces mots, c'est mon oncle Allan. Il se retient d'éclater en sanglots par tous les moyens. Jamais je ne l'ai vu si vieux, si affligé et décomposé. Son univers s'est écroulé, celui de ma vieille mère aussi. Mon père est mort, et il s'appelait Vladimir Toreshky, empereur des mers et légitime prétendant au panthéon des plus grands pirates de l'histoire.
C'est ici qu'elle commence, ma nouvelle vie. Celle d'héritier. Toutefois, avant, il y a eu un gamin. Un fils d'empereur promis à un grand avenir. La voilà, son histoire à lui.
Je suis né sur une île du nom de Maple Island. Morceau de terre bien tempéré, doté d'une bonne végétation et de quatre saisons. Petite, surtout. Comme si un troupeau d'îles, passant par là, il y a quelques millénaires, avait malencontreusement laissé derrière un jeune bambin. Une bonne petite pierre assez grande pour y faire vivre quelques centaines d'habitants.
Rien de plus.
Et de ces quelques centaines d'habitants, vivant de peu de choses, il y en eut un du nom de Vladimir Toreshky. Pirate. Époux d'une femme bien attentionnée, faisant bien la cuisine et sachant bien tenir un logis. Sa tâche à lui ? Conquérir le monde et marquer l'histoire en parcourant les mers avec ses nakamas. Son boulot à elle ? Élever le fils unique qu'il lui avait fait pour en faire un pirate aussi grand que son père. Ça a toujours été ainsi, et ça le sera toujours, chez les Toreshky; pirates de père en fils. J'étais à peine né que déjà, on me promettait un avenir glorieux et un nom au sein de la piraterie.
Rien de moins.
Pour aider ma mère à transformer le chétif fruit de ses entrailles en digne forban, il y avait mon oncle. Allan T. Percebrume, le frère de mon père. Lorsque la prime de mon géniteur s'est mise à prendre des proportions faramineuses, les membres de la famille ont jugé mieux de reléguer notre véritable patronyme à ce simple "T." au centre de nos noms. Percebrume, ça sonnait bien, c'est devenu notre nouveau nom. Allan, donc. Comme Vladimir, lui aussi était promis à un brave avenir de boucanier, prenant la mer à la suite de son aîné. C'est la morsure d'un roi des mers qui a mis fin un peu tôt à sa carrière de pirate, ne lui laissant qu'un bras et une jambe pour terminer ses jours dans une oisiveté frustrante, sur Maple Island. N'ayant de mieux à faire que de préparer l'héritier de Toreshky, il m'a enseigné les lettres, mais aussi les codes de la piraterie et les arts de la mer. Chaque jour de ma vie, de mes cinq ans à ma dix-huitième année, devait être consacré à ma formation. J'étais un poulain sur qui on misait tout, on voulait me ferrer d'or avant ma première course. Un jour, j'apprenais les structures des différents navires. Le lendemain, on m'enseignait comment me retrouver sur Grand Line. J'étais une éponge qu'on gorgeait de tous les savoirs pirates. Une machine qu'on poussait sans cesse à une efficacité décuplée. Et avec mes succès et mes apprentissages venait la fierté des autres.
Surtout celle de mon père qui, au détour d'une décennie, mettait de côté ses aventures, le temps d'une semaine ou deux, pour revenir sur Maple Island.
On ne pouvait jamais vraiment savoir quand il serait dans les environs. Un spectre sur les océans, le paternel. Un jour en escale sur Alabasta, le lendemain dans le coin de Logue Town, le Glacier Trempé pouvait, du jour au lendemain, surgir dans la baie de Maple Island. Et il débarquait comme ça, simplement, en grand conquérant du Nouveau Monde, l'air usé, la barbe éméchée, son manteau rapiécé et son air toujours jovial. Vladimir Toreshky. J'ai toujours pensé qu'il aimait cela ainsi, surgir de nulle part sans être attendu. Il aimait bien vivre le présent, se fondre dans la routine du monde. Cette simplicité me désarçonnait et m'impressionnait à la fois. À quel point un homme pouvait, un jour, être mentionné dans les plus grandes légendes, puis rentrer embrasser sa femme en demandant ce qu'il y aurait à manger. Il était comme ça, mon père, un gros morceau d'humilité fiché dans le plus puissant pirate du monde. Et lorsqu'il retirait ses bottes, tout près de l'âtre, allumait sa pipe et se mettait à nous raconter, à tous, les récits de ses voyages, c'était comme s'il n'était jamais parti.
Au fond, je le jalousais pour cette bonhommie et cette simplicité. Je voulais être, moi aussi, celui que personne n'attendait mais que tous appréciaient. À l'époque, je n'incarnais que le fils prometteur. Pour tous, sur Maple Island, je n'étais que "le brave gamin de Toreshky", "L'héritier". Un trésor qui, croyait-on, gagnerait en valeur avec le temps. Quand il rentrait, la première chose qui me frappait, c'était son aura de conquérant. Déjà corpulent, mon père me semblait gigantesque. Il transportait le poids du monde sur ses épaules comme si de rien n'était. À l'allure, il n'aurait pu être qu'un simple trouvère un peu bourru. Pourtant, il était à la tête du plus grand équipage de Grand Line. Vladimir Toreshky était immense, intimidant, impossible. Un jour, j'allais devoir être comme lui.
Et cette idée m'empêchait de dormir chaque soir.
À chacune de ses visites, on n'attendait pas un seul instant que Vladimir ait demandé des nouvelles de son fils -son unique fils- que déjà, on lui en offrait. Alors ses yeux paisibles se posaient sur moi et me balayaient de bas en haut, comme on analyse un produit qu'on va acheter. Cette petite présentation avait pris des allures de tradition, pourtant, elle laissait toujours en moi une panique et une anxiété que je ne savais cacher. On présentait son fils à l'empereur Vladimir Toreshky comme un trophée, un butin. On offrait à mon père le fruit des efforts de mon oncle et de ma mère, comme s'il ne pouvait être fier d'eux que par mon entremise. Les yeux sombres de Vladimir Toreshky me détaillaient alors. Mon oncle, lui, se sentait l'obligation de meubler les lourds silences accompagnant ce procédé. Tu sais le canon solitaire sur la Pointe-aux-cigognes, Vlad' ? Eh ben Max' sait le nettoyer et le charger seul en moins de trois minutes ! C'est un gros canon, quand même, pas un petit tuyau de caravelle… Il apprend vite, ton fils, Vlad'. Déjà le mois dernier il connaissait tous les nœuds du Guide de Navigation sur Grand Line et pouvait les faire en moins de trente secondes ! C'est déjà un brave marin, ton fils… Cela pouvait durer un temps, puis, toujours, mon père murmurait, sur un ton bourru "Il fera un grand pirate". Sa main ébouriffait mes cheveux. Moi, je ressentais un immense relâchement. Il l'avait affirmé une nouvelle fois, je ferais un grand pirate. Il pouvait traverser les océans, s'absenter des mois, combattre colonels et amiraux, puis revenir simplement pour me dire, d'un air détaché "Il fera un grand pirate".
C'était ça, mon enfance. Une attente interminable pour devenir ce pour quoi on m'avait élevé. Un grand pirate. Toutefois, entre ces rares visites et mes longues journées de formation, je découvrais la lecture, les contes et légendes, les lettres et les joie d'écrire. Je pouvais passer des heures à composer, moi-même, des histoires que je ne vivrais jamais. Mon oncle Allan, en pirate de souche, fier et endurci, stipulait que je devais plutôt jouer avec les autres gamins de l'île. Que mon leadership s'en trouverait développé. Il avait probablement raison, mais je ne pouvais me soustraire aux joies des rêveries et aux exploits de l'imagination. Il m'arrivait même d'échapper à mon oncle boitillant pour me réfugier, des journées durant, dans la grande bibliothèque du manoir familial. Là, j'épluchais, je dévorais, je lisais et relisais des ouvrages entiers.
Je ne pouvais me soustraire à ce besoin assoiffé de rêver, de coucher sur papier les aventures épiques ou saugrenues qui naissaient au fond de mon esprit. Un grand pirate doit développer sa créativité et son esprit critique, stipulait mon oncle. Je ne développais plus, je perfectionnais et j'affinais. J'avais au bout des doigts le pouvoir de transformer mon monde rectiligne et prévisible en fabulation fantastique. Je donnais à chaque mot des teintes nouvelles à ce parcours tout tracé qu'on me réservait. L'histoire du monde me passionnait, les récits de piraterie m'enlevaient. Insatiable, j'en vins même rapidement à piquer le journal d'Allan et à en décrypter chaque article.
C'est là que je compris, au tout début de mon adolescence déjà toute tracée, que je ne pourrais jamais être pirate.
Une importante facette de la piraterie m'avait jusqu'alors échappé. Trop jeune, je n'avais pas encore réalisé que d'être pirate il n'y avait rien de glorieux. Les articles sur les pirates de l'heure, sur mon père, se faisaient tous péjoratifs, diffamatoires, haineux, effrayés. On y parlait de mon père et de ses homologues comme des rêveurs stupides, des criminels et des obstacles au Gouvernement. De ces grandes histoires de héros et de vilains, mon père était en fait l'un des plus grands antagonistes. Toute ma vie, l'on m'avait formé à, à mon tour, devenir l'un des hommes les plus craints de l'histoire ? C'était à cela que l'on me dédiait ? Je m'y refuserais.
Changer le monde. Voilà ce que je me voyais faire. J'étais de ces adolescents rêveurs à qui on avait commis l'erreur d'offrir rêverie et ambition. Je voulais devenir ce héros que tous apprécient, celui qui dirige sans être craint, celui qui inspire sans être dépassé. Je voulais être mon père, sans être pirate. Si bien que le jour de mes dix-huit ans, ce jour fatidique où je devais prendre la mer en tant que capitaine pirate, je me désistai. Mon père, mon oncle, ma mère. Tous présents pour constater l'échelle de leur réussite, furent déçus et atterrés. À vrai dire, seul mon père ne dit rien. Mu par un silence que je n'ai jamais su associer à de la déception ou à un soulagement. Je n'ai jamais clairement connu ce qu'il voulait pour mon avenir. J'ai toujours assumé que ses désirs étaient ceux de mon oncle et de ma mère. Femme forte, idolâtrant son mari et s'étant toujours pliée en quatre pour répondre à mes besoins, sa tristesse fut foudroyante et misérable. De quoi me fendre le cœur, me faire regretter, mais je ne pouvais me détourner de mes nouvelles ambitions.
En effet, cherchant à tout prix moyen d'échapper à la piraterie, je vouai mon futur à la politique. L'écriture, d'abord, serait mon moyen d'être connu. D'abord, le journalisme fut mon tremplin vers les hautes sphères.
N'écrivant qu'un papier par semaine, ne faisant jamais de gros titres, j'ai pris l'habitude de critiquer, de remettre en question et de sous-entendre dans mes articles. Rien n'y faisait. Dans le cruel monde de la rédaction, on ne change pas le monde à coup d'éditoriaux et de chronique dénonciatrices. Il me fallait quelque chose de puissant, quelque chose qui pouvait possiblement faire connaître le brin d'écrivain que j'étais aux yeux des sphères politiques. Que savais-je faire, si ce n'était rédiger des histoires ? Quelle connaissance avais-je, si ce n'était que celles concernant l'océan et la navigation ? Elles se sont offertes à moi ainsi, les solutions. J'allais écrire des nouvelles. Des nouvelles pour tous ces nobles oisifs et ces bourgeois blasés de Marie-Joa. L'ironie du sort voulu que je relate les aventures rocambolesques d'un capitaine pirate dans le Nouveau Monde. Peu importe ce à quoi je m'adonnais, la piraterie me rattrapait toujours. Si j'avais fuis la piraterie, je ne me suis pas résolu à fuir la notoriété qu'en relater les histoires m'apporta. En moins de quelques années, j'avais gagné la reconnaissance publique nécessaire pour enfin pouvoir prétendre à la politique.
Émissaire spécial du Gouvernement Mondial. Rien de moins pour le fils d'un empereur.
Il m'arrivait dès lors d'oublier, de longues années durant, ceux que j'avais laissé derrière. Ma mère, mon oncle. Je vivais une nouvelle vie que je ne devais à personne d'autre que moi-même. Je ne la devais pas au bagage de mon père, je ne la devais pas aux enseignements de mon oncle, ni aux attentions de ma mère. J'étais enfin un homme débarrassé de la tension et de l'anxiété causée par ce besoin inexplicable que l'homme a de devoir plaire à ses aînés. De nombreuses années durant j'avais pu parcourir le monde, et enfin, je laissais derrière moi cette amertume causée par la déception causée chez mes parents. Je ne retournais plus sur Maple Island, par honte ou par désintérêt, je ne saurais dire. Je n'envoyais pas de lettre, pas de présents, pas de vœux de santé. J'étais seul, n'ayant plus besoin de cette famille m'ayant trop longtemps maintenu prisonnier d'un carcan inextricable.
Pourtant, au fil des semaines, des mois et finalement des années, une cruelle réalisation s'offrait à moi. Le monde ne change pas si facilement. Oh non. À force de voyages et de découvertes, j'avais même réalisé que, loin de mon coin de terre, les inégalités étaient légions. Tous vivaient sans ce questionner sous un gouvernement militaire, laissant croître comme de la mauvaise herbe les injustices et les écarts entre les différents membres de la société. Les journaux, pour la majorité, n'osaient mentionner de telles aberrations. Les gens, par paresse ou par peur, n'envisageaient pas les dénoncer. La réflexion fut pour moi un coup de poing ; la politique n'existait pas pour changer la forme du monde, mais plutôt pour en freiner la transformation. Des mensonges, une bureaucratie lourde et rouillée, des assemblées inutiles, le Gouvernement se révélait pour moi être un système dépassé et autoritaire. Enfin, malgré moi, je comprenais enfin ce que mon père, durant tant d'années, pouvait chercher à travers les mers.
Sa liberté.
Puis, la semaine dernière, la nouvelle tomba.
Cette possibilité ne m'était jamais apparu. Elle me semblait invraisemblable. Inimaginable. Risible. Dans cette part toujours candide et rêveuse de mon esprit siégeait toujours cette impression qu'il était immortel, immense, invincible. Son inaccessibilité avait fait de lui pour moi un dieu sur terre, un être supérieur l'immunisant contre toute forme d'affliction. Pourtant, de toute les calamités de ce monde, c'est le temps qui fit rendre l'âme à mon père. Mort du Seigneur d'Ivoire : ses flottes détruites par Teach ! Les journaux ne pouvaient mentir sur cette improbable vérité. La culpabilité chez moi était grande. Comment avais-je pu le décevoir à ce point, puis ne plus jamais lui adresser la parole ? Mon père…! Mort sans que je ne puisse jamais réellement m'expliquer avec lui. L'impression d'être une ordure, l'amertume et ce deuil inexplicable me poussèrent tous à assister à ses funérailles. Au beau milieu de tant de personnes qui, pour moi, ne représentaient plus rien depuis des lustres déjà. Vladimir Toreshy était mort, j'étais son seul héritier, et, au seuil de la trentaine, désœuvré, cynique et triste, je ne savais ce que l'avenir pouvait me réserver. Moi qui tant de fois s'était évertué à le tromper.
Merci d'être là, Max'.
Mon oncle Allan s'approche, boitillant toujours sur vieille jambe de bois, son crochet faisant de rapides va-et-vient pour mieux le propulser. Son visage de grand pirate gras a fondu, ses yeux creux et ses joues saillantes montrent bien que, tout comme mon père l'était, lui aussi se fait vieux. Une fois à ma hauteur, dans l'atmosphère brumeuse et triste de cet après-midi sur Maple Island, il fixe la mer. Lui, vêtu d'un vieux costard rapiécé, moi, ayant revêtu un costume d'apparat des envoyés du Gouvernement.
De rien.
L'absurdité de la chose ne me frappe toujours pas. Mon père est mort. Mon père est mort et personne n'a encore venger l'affront que son pire ennemi lui a fait. Je le connais, ce Teach, les journaux l'ont assez louangé pour cela. C'est cet homme qui brime les pirates. C'est cet homme qui a rangé mon père dans la même catégorie que tous ces criminels et ces forbans. Je n'ai pas été éduqué comme l'un d'eux, et ça je le réalise enfin. J'ai été élevé selon les vrais codes de la piraterie, selon les arts de la mer et de la fraternité. Teach ne mérite pas de prétendre au titre de pirate. Le Gouvernement ne peut prétendre au titre de défenseur de la liberté.
J'ai enfin l'impression que toute ma vie, jusqu'ici, n'a été qu'un mensonge. Tout ce que je ne tiens ni de toi, ni de mon père, me semble faux, enjolivé.
J'ai osé découvrir le monde avec les yeux du rêveur, et désormais, je ne peux que trouver horrible les couleurs fades de cet univers où je croyais rencontrer une kyrielle de teintes exotiques. Je ne peux que le repeindre à mon image. Et pour cela
J'accomplirai les rêves de mon père.
Ah ? regain d'espoir dans la voix de mon oncle.
Prépare-moi le vieux voilier qui baigne toujours dans la baie, Allan.
Il y a un trône vide qui appartient aux Toreshky, loin par-delà l'horizon. Et je compte bien le reprendre au nom de mon père.
C'est ce qu'il aurait voulu, mais c'est aussi ce que je veux désormais. Cesser d'écrire et d'imaginer des aventures et commencer à les vivre.
>> Psychologie
Des rêves déçus. C'est un peu ça, le nouveau moteur de ma vie. Trop d'années passées à subir la bureaucratie immobiliste du Gouvernement et ses politiques drastiques et autoritaires m'ont donné la nausée de ce monde qui vit dans un semblant de paix. J'ai quitté mon chez-moi en croyant pouvoir changer le monde, je n'en ai découvert que les mauvais côtés et les tréfonds obscurs. Les passe-droits, les privilèges et les priorités d'un côté. Les laissés pour compte, les intolérances et les taxations excessives de l'autre. Mon boulot d'émissaire du gouvernement ne m'a apporté qu'une seule chose : la certitude que si j'avais à tourner au gris pour m'assurer de faire bouger les choses, je le ferais. Cela dit, j'ai les rêves de mon père à porter. Plus jamais je ne laisserai mes rêves bafoués par la réalité de ce monde. Même si cela a fait de moi un homme cynique, désabusé et rebelle, je saurai redorer le blason de la piraterie en devenant un pirate respecté et apprécié de tous, comme mon père. Charismatique, cultivé, je saurai m'entourer de vrais compagnons qui, eux, sauront me porter jusque sur le trône des Toreshky. Je suis un homme de parole et de confiance, ils trouveront en moi un confident et un ami. J'ai hérité des valeurs de mon père, quoique je l'ai réalisé un peu tard. Toujours, je lutterai pour la liberté des autres, je tâcherai de changer les ordures en braves hommes de confiance. Entraîné toute ma vie aux arts de la navigation, la mer est mon amie, et toujours elle sera mon destrier. Férus de lecture et de lettres, j'écrirai ma propre histoire et mes aventures pour que tous la connaissent et l'entendent. L'écriture, pour moi, sera toujours un échappatoire dans les moments difficiles, un moyen de me recueillir et d'oublier l'extérieur. Élevé comme un pirate, ayant vécu comme un aristocrate, je saurai combiner art de vivre et navigation. Le luxe et la culture me vont bien, je trouve, je saurai en faire ma marque de commerce. Je reviendrai peut-être un jour sur Maple Island, me voyant mal à nouveau laisser ma famille derrière. Qui sait quand la mort emportera d'autres des miens ? Dans tous les cas, j'espère que mon oncle et ma mère me verront accomplir leur rêve avant de passer l'arme à gauche. Je fumerai comme mon père fumait. Je dirigerai comme mon père dirigeait. Je serai pirate, puis empereur, tout comme mon géniteur l'a été. Pourtant, je ne garderai pas ce "T." au centre de mon nom. Je suis un nouvel homme, je serai le Capitaine Percebrume, pas le Capitaine Toreshky. Mon père a bien gagné le droit d'emporter son nom comme un véritable titre. Je ne suis pas digne encore du nom de ma famille, si bien que je garderai Percebrume. Un jour, peut-être, oserais-je reprendre ce titre, lorsque j'aurai accompli les rêves de mon père.
Je serai libre, juste et bon, comme Vladimir Toreshky, mentor modeste et exemplaire, père absent, mais ô combien présent.
Et un jour, à mon fils aussi, je saurai transmettre les préceptes des vrais pirates.
>> Test RP
C'est un étalon forestier sans égal. Il trotte comme galoperait la plus gracieuse des montures. Ses pattes, nobles excroissances rapides et précises, le portent avec la délicatesse d'un fauve. Sa démarche est lente, on la devine juste, posée. Son corps peut vous sembler disgracieux, gras, on le devine pourtant vif et pratique. Son pelage, brun aux reflets roux, est une robe hérissée et lumineuse. Ses petites griffes, des serres dorées, son large arrière-train, un coussin transformant en trône n'importe quelle surface. Assit, il se dresse de toute sa majesté, pointant son énorme truffe inquisitrice vers le lointain, un conquérant visualisant avec acuité l'étendue de ses prochaines dominations. Il est un mâle magnifiée par son aisance et sa prestance, un alpha au longues incisives blanches et respectables. Ses énormes amandes sombres sont les yeux perdus de Thémis, ses petites oreilles frémissantes dépeignent une intelligence inégalable. C'est une bête des plus brave qui se dresse devant moi, ignorante du danger. Elle vaque à ses occupations sans un regard vers l'intrus, ne se souciant que des cette herbe grasse qu'elle soumet de quelques coups de dents passionnés. Vigie de l'avenir, l'animal -non, l'être mythologique- couine victorieusement lorsqu'il s'élance au galop, plongeant avec véhémence dans un étang boueux. Recouvert de son armure suintante et dégoulinante, portant avec fierté ses parures de terre séchée, il parade au centre de la clairière avec l'assurance du gagnant. Je n'ai jamais vu telle créature, mais j'ai déjà lu sur ces êtres de légende, ces rois des rongeurs, ces fabuleux animaux de légende.
Un capibara.
En escale sur ma première île, que déjà, je découvre une telle merveille.
Profitant d'un fort vent d'ouest, j'ai engagé mon petit voilier, quelques temps plus tôt, en cette direction, sachant qu'un morceau de terre inhabité se trouverait sur ma route. Havre de paix tropical, oasis calme et inhabité au beau milieu de l'océan, je me savais en sécurité sur ce petit morceau de terre, l'histoire d'une nuit. Le lendemain, je pourrais donc prendre la direction de la civilisation. Seulement, la nuit tombante, à la recherche de bois pour le feu, je tombe sur cet immense rongeur, en pleine clairière. Frappé par la majesté de l'animal, je n'ai pu faire autre chose que de dégainer un cahier pour en rédiger une description enjolivée. Je devine des étoiles au fond de mes pupilles, l'étonnement et l'admiration dans mon visage pourtant si sobre, à l'habitude.
Un capibara. C'est un capibara.
Il a le cosmos au fond des yeux, la détermination au bout de sa truffe, le monde qui défile sous ses solides petites pattes griffues. Il es beau. Beau.
J'ai bien griffonné sur une page complète de mon carnet. Un premier récit, quoique banal, pour raconter à l'avenir. Néanmoins, mon feu, lui, ne se fera pas en rédigeant, si bien que je reprends le petit bois laissé au sol et retourne près de mon embarcation. Là, j'ai dressé une tente, non loin de la rive, et j'ai gardé entreposé la majorité de mes vivres à bord du voilier. Je me vois déjà profiter du soleil couchant sur l'horizon, tout en mangeant un morceau de viande séchée, réchauffé par les douces flammes de…
Hm ?!
Un son, un bruissement, derrière moi. Un ennemi ? Ici ? Par réflexe, ma main attrape rapidement le lourd sabre d'abordage pendant à ma ceinture. Je saurai défendre ma vie comme un véritable pirate, si l'on osait y attenter. Je plisse les yeux pour distinguer les mouvements dans la brousse. Plus rien. Soit mon espion est furtif, soit ce n'était qu'une petite bête passant dans les fourrés. J'opterais plutôt pour la deuxième hypothèse, n'ayant aperçu de navire arrimé à l'îlot, en arrivant.
Qui est là ? … Hm. Personne.
Personne ? Le mot n'a plus aucun rapport, à vrai dire. Puisque dès le moment où je me retourne pour reprendre ma route, le sol tremble sous mes pieds à m'en faire échapper ma charge. Derrière moi, une horde de couinements et de bruissements répondent à ma surprise. Le temps de retrouver l'équilibre et de faire volte-face, j'ai le souffle coupé. Ils sont des centaines. Non. Probablement des milliers. Des milliers de capibaras, tous rangés dans le chaos le plus total, à me fixer de leurs grandes amandes sombres. Une horde, une armée, une population complète. Soudain mus par le silence le plus total, seules leurs oreilles s'agitent toujours, alors que tous semblent subjugués par chacun de mes mouvements et tremblements.
C'est fabuleux ! Autant de capibaras sur un simple îlot ! Ils ont très certainement dû dominer la chaîne alimentaire de l'endroit, si j'en crois mes quelques lectures sur le fort instinct grégaire de l'espèce.
Braves bêtes… ne puis-je m'empêcher de murmurer en tirant mon carnet de sous ma redingote.
Une fois le carnet sorti, cependant, ce sont des milliers de longues dents de rongeur qui surgissent de sous des milliers de museaux. Menace. Effrayé, j'esquisse quelques pas vers l'arrière. Qui sait ce qu'une telle nation peut faire subir à un seul pauvre voyageur… Je n'ose même pas l'imaginer. Je dois m'attirer leur bonne grâce, voilà. Les rudiments de la diplomatie et du jeu politique ne m'ont pas servi à rien, au cours de ma vie. Aussi décidé-je de lancer le carnet au sol. Tout de suite, c'est l'approbation chez la troupe. Et c'est là que je comprends, à mon tour.
Une si grande population, de belles bêtes légendaires et appréciées comme celles-ci. Si l'on apprenait leur existence, ils seraient probablement domestiqués, adoptés, capturés ou chassés. Ces capibaras méritent de garder leur anonymat plusieurs années encore. Qui sait, en fait, combien d'autres voyageurs ont pu périr avant moi, pour que ce secret soit gardé. J'ai pris la mer pour donner de nouvelles teintes à ce monde fade qui m'a déçu, et déjà, je me vois satisfait. C'est un peu de ça, la vie de pirate; des découvertes invraisemblables et des morales enivrantes.
De la troupe, un seul individu émerge. C'est le brave mâle d'un peu plus tôt, belle bête élancée dépassant d'une tête ses congénères. Il ouvre le calepin à la page où je l'ai décrit, prend plusieurs minutes pour, il me semble, décrypter mes éloges couchées sur papier, puis relève la tête. Dans son regard, je distingue l'approbation et le respect. Il est intelligent.
Il couine, une fois. Une fois, et ce sont des milliers de capibaras qui s'évanouissent dans la nature. Nous sommes seuls, lui et moi. Il me double avec prestance, prend quelques morceaux de bois dans sa gueule, puis tourne un air curieux vers moi. Je souris sous ma barbe, en voilà, un véritable compagnon loyal. Je te trouverai un nom digne de prestance, mon ami capibara. Je te nommerai et tu m'accompagneras dans mes aventures. Tu seras la pierre angulaire de mon équipage, son représentant et le symbole de son hégémonie. Oui, tu seras le capibara du Capitaine Percebrume, le rongeur le plus brave des mers.
Allez, viens avec moi au bout du monde, Napoléon, Roi des Capybaras. Et nous affronterons ensemble tous les défis que le monde mettra sur notre chemin !***
Hep, m'sieur, 'scusez moi !
Oui ?
Les animaux de compagnie sont interdits à l'intérieur.
Ah non non non… vous n'comprenez pas du tout…
Dernière édition par Maxwell Percebrume le Dim 22 Mar 2015 - 16:16, édité 2 fois