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B&B : Bières et Baffes


Marie-Joie, son air frais, ses petites ruelles et ses avenues riches de monde. J'suis pas un grand fan de cet endroit. Trop de gens dans leur bulle. Pas assez de gars avec qui discuter tranquillement. Mais j'ai quand même mes p'tits coins de bonheur. La taverne de la Dernière Erreur fait sans doute partie des cinq endroits que je fréquente le plus ici. Une tripotée de Marins en civil qui se bourrent la gueule en parlant de tout et de rien. J'aime bien parler de tout et de rien. Et c'est toujours sympa de se bourrer la gueule. Alors j'y traîne mes bottes au moins une fois à chacun de mes passages ici. Le barman est un pote. Néness qu'on l'appelle. Il parle pas beaucoup, mais j'arrive à lui faire dire quelques mots de temps en temps.

« Alors, de la clientèle en ce moment ?
-Bof, ça peut aller, comme d'habitude.
-Ça va alors, faisait un moment que j'étais pas passé à Marie-Joie. Toujours la belle vie ?
-Dépend du temps. En ce moment ça va.
-T'arrives à voir la lumière du jour malgré le monde ?
-Ouaip, ptêt pas autant que toi, mais l'matin j'me fais de p'tites promenades parfois.
-Très bien, j'vais pas te déranger plus longtemps, t'as des clients qui attendent là-bas.
-Ouais, ben j'y vais, j'repasse te voir tout à l'heure.
-Ça marche, m'oublies pas, j'te dois deux consos !
-T'inquiète pas, va. »

À peine le dos tourné, je finis de m'enfiler ma seconde bière. Bien fraîche c'est agréable. Toujours des trucs sympas à boire dans le coin. J'vais bien me trouver un mec avec qui discuter le temps que Néness revienne faire la causette. Mais d'abord, j'passe un coup aux toilettes, deux bières dans le bide, ça fait éclater la vessie, et j'préfère la préserver. Ce qui est agréable avec les chiottes d'ici, c'est la propreté. J'ai déjà traîné dans des rades pourris où les gens étaient trop bourrés pour pisser à l'endroit prévu à cet effet. Ici, les gens sont bourrés, mais font gaffe, y a une masse de gens pour les corriger si l'objet de leur visite au petit coin n'atteint pas l'intérieur de la cuvette. J'vide le contenu que j'viens d'avaler, ça m'prend bien deux bonnes minutes. Une fois la chasse tirée, et mes mimines bien proprettes, j'ressors, soulagé, ça fait du bien.

Néness est en train de causer avec un petit groupe à une table. J'vais pas le déranger. J'vois plutôt deux gusses au niveau du bar qui discutent un peu bruyamment. J'vais me faire des copains. J'approche l'oreille pour savoir de quoi ils causent, de façon à pas être le pénible qui vient interrompre une conversation pour tenter d'en raccommoder une nouvelle, qui les intéressera pas forcément.

« C'était ma bière ça, j'vois bien que t'as échangé les deux pintes, y en avait plus dans la mienne.
-T'essayerais pas de m'carotter de la bière. J'suis bien sympa, mais j'vais pas me laisser avoir par un couillon beurré qui voudrait se déchirer encore plus.
-Excuse moi, mais tu voudrais pas approcher ta tronche très vite de mon poing droit ?
-J'suis pas sur de bien comprendre, mais tu veux que je t'éclate le poing avec ma tête ?
-Je peux aussi te renverser le reste de ta bière sur le front, prendre la pinte et Clang, elle pète sur ta tête.
-Tu veux dire, de ta bière, non ? La plus petite portion c'est la tienne, tu bois comme un trou.
-J'pourrais aussi te couper les yeux et te broyer les couilles.
-Arrêtes de t'imaginer des choses, agis et fais pas l'con. Tu parles beaucoup, mais je te connais, dès qu'il s'agit de passer à l'action, y plus rien.
-Abruti. »

Et tandis qu'une des deux bières coule sur le front d'un des deux adversaires, celui-ci assène un direct à la mâchoire de l'autre, qui réplique en faisant exploser la pinte là où il réussit à toucher son adversaire, à savoir à l'épaule. La manche complètement déchirée, le deuxième soulard saigne de l'épaule, ce qui ne l'empêche pas de balancer son pied vers l'avant, tentant sans succès d'atteindre les couilles de l'adversaire. C'est là que j'interviens. Petit raclement de gosier pour qu'ils prennent conscience de ma présence.



Ça ne marche pas, tentons une approche moins discrète. Tout en posant ma main sur l'épaule d'un des deux gars. En vérifiant au préalable qu'il ne s'agit pas de celle qui s'est pris une chopine aux bords coupants. Puis, un raclement de gorge plus tard, j'entame la conversation, je sais bien faire.

« Messieurs, pas de débordements inutiles, je vous offre une bière à tous les deux, que j'leur fait avec un grand sourire en évitant deux ou trois coups.
-...
-...
-C'est qu'il croit qu'on est pas capables de s'acheter des bières tout seuls ?
-C'est bien c'que je dirais. T'as un nom tête de fion ?
-Al...
-Prend pas la peine de m'le dire en entier, j'vais l'oublier sitôt que ta face de porcelet sera allée sniffer les mauves par les racines.
-J'vais pas faire mon gentleman pudique les loulous, mais si vous continuez à m'chercher des noises alors que j'étais juste là pour vous aider à régler le conflit dans la bonne humeur, vous allez rencontrer julot et son jumeau popol.
-Euh... Il parle de ses couilles là ?
-A priori non, j'pense plutôt que ça a un rapport avec les deux poings qu'il a de serrés
-Bon, vous faites quoi, vous arrêtez de foutre le barouf ici, ou on s'explique gentiment ?
-... »

Je jette un coup d'oeil a Néness, il regarde attentivement dans not' direction. Furibard qu'il est le patron. J'ferais bien de pas faire d'esclandre, sinon y a de grandes chances que j'termine au fin fond de l'eau avec une chaîne accrochée au pied, et pour seuls compagnon les deux abrutis beurrés que j'aurais tenté de raisonner. Y a vraiment des cons dans ce monde ; ils auraient gagné une bière et ils vont perdre des dents.

Alors que j'les vois tous deux s'avancer progressivement dans ma direction, le premier avec sa chopine cassée toujours dans la main, le second a sorti un couteau. Moi j'ai que mon cerveau et mes bras, qui, bien qu'ils soient plutôt résistants ne tiendraient pas bien longtemps face à leurs trucs qui coupent. Alors qu'ils entament la conversation j'fixe un point bien précis de mes mirettes. J'ai appris ça y a pas si longtemps ; la meilleure façon de voir les coups arriver, c'est de fixer un point dans l'espace, on peut voir tout ce qui bouge dans un rayon de 180 degrés autours de soi. Clac, j'choppe la main qui tient le couteau pendant que j'évite l'autre, en n'oubliant pas d'aller frapper l'estomac du premier de ma main libre.

À peine le temps de mettre quelques mandales et de désarmer les pauvres types qui s'en prennent à moi que déjà, je sens une ombre dans mon dos. Comme si le type faisait trois mètres quatre-vingt et me regardait d'un air menaçant sans que j'en ressente autre chose qu'un étrange frisson glacé. Je me retourne pour apercevoir un gaillard qui -s'il est encore loin des trois mètre quatre-vingt- atteint bien les deux mètres cinquante, une bobine taillée dans la brique, un regard lourd et un poing plus gros que ma tête.

« Tiens, salut. J'étais justement en train de t'aider dans ton boulot, mon gars...
-Hum.
-Je te les laisse. Tchao !
-Bouge pas, microbe.
-Néness ! Malentendu à l'horizon !
-Désolé Kosma, ce sont les règles, une fois le processus enclenché, j'peux plus rien pour toi.
-Mais... »

Merde. Alors que le mastodonte me soulève par le col et qu'il empoigne les deux autres bagarreurs de son autre main, j'réfléchis à la meilleure façon de me tirer d'là. Ne pas me mêler des affaires des autres aurait encore été la meilleure solution. Si j'avais été en service, mon statut de sous-officier de la Marine aurait suffit, mais là, avec deux pintes dans l'bide et une micro-bagarre à mon actif, j'suis bon pour aller visiter les poissons. Réfléchis Kosma, réfléchis bien.

Le videur me paraît beaucoup trop balèze pour que je tente quoi que ce soit d'insensé. J'connais les règles, pas moyen de magouiller avec. Pas non plus moyen de faire appel à mon rang. Plus qu'une solution, mais elle est à double tranchant. De toute façon, j'ai pas bien le choix, je vais clamser sinon. Et c'est pas que j'aime pas boire de l'eau, mais en si grande quantité, c'est jamais bon pour la santé. Alors j'me lance.

« Dites...
-Hm.
-Ça existe toujours, les défis du tavernier ?
-Comment tu connais ça, toi ?
-J'ai travaillé dans une taverne quand j'étais jeunot, job étudiant vous savez, j'faisais mes classes au BAN et j'bossais au bar pour me payer ma routine.
-Ça existe toujours, mais faut faire partie de la guilde.
-Justement... »

J’attrape mon pantalon et j'soulève un côté. Un tatouage qui commence à dater me mange le mollet. Mon appartenance à la guilde date de cette même époque, où mon patron était tellement content de jouer avec moi qu'il avait envie de faire partager ma bonne humeur et mes babillages amusants à ses potes. Seul truc c'est qu'il fallait appartenir à la guilde. Alors j'ai passé quelques tests, et paf. Et là, les défis du tavernier, des jeux, juste des jeux. Trois manches, trois défis. Mais à chaque manche perdue, on doit une faveur à son adversaire. Je regarde le videur qui s'est arrêté et pose son regard sur ma jambe pour vérifier. Le tatouage est inimitable.

« Tu me défies microbe ?
-C'est l'idée, une façon de sauver ma peau, d'une certaine manière.
-C'est d'accord. On est bon sur les règles.
-Oui.
-Deux secondes, je fais en sorte que ces deux asticots ne se barrent pas pendant le duel. »

Quelques baffes plus tard, nous voilà tous deux assis face à face, à la table du bar. Les clients autour de nous nous encerclent. C'est rare qu'on s'adonne à ce genre de pratiques. Néness a un air amusé. Il suffit que je gagne une des trois manches pour sauver ma peau. Mais il sait parfaitement que j'vais vouloir sauver la vie des deux autres couillons. Et que j'me satisferais pas d'une victoire.

« Bon, lance le patron du bar, la première épreuve va démarrer. Sur la table tous les deux !
-On va pas être trop...
-T'occupe ! Cette table est prévue à tout usage. Monte. »

Je me fais pas attendre une seconde de plus, on monte tous les deux sur la table. On nous déroule un bout de pq accroché au caleçon et qui descend jusqu'au sol. Puis on m'fout un tonneau de bière dans les mimines. Bien rempli. Va falloir que j'boive un p'tit peu.

« Bon, on allume le PQ, vous buvez le contenu du tonneau, celui qui en aura bu le plus avant de protéger ses burnes d'une brûlure au je ne sais combien-t-ième degré gagnera la manche.
-Ça me va.
-Tu vas perdre, microbe.
-On y va, c'est parti, à vos tonneaux, prêts ? »

Acquiescement de ma part, mon adversaire fait de même et ils allument. J'porte le tonneau à ma bouche et j'commence à boire. Il faut savoir quelque chose, boire une pinte de bière cul sec est déjà quelque chose d'extrêmement difficile, mais ingurgiter le plus possible de bière en un temps assez court est méga dur. J'essaie de boire le maximum en continu, mais la quantité de bière qui me rentre dans l'estomac est assez impressionnante et me donne envie de dégueuler. Pis ça commence à chauffer près du slibar. Pam, je repose vite fait mon tonneau et zioup, je largue le reste de pq enflammé sur le sol.

« Tu as perdu Kosma. »

Me lance Néness avec un petit sourire. Pas étonnant. Face à un gars dont la capacité buccale et stomacale doit être quinze fois supérieure à la mienne, je suis forcé de perdre à ce genre de jeu. Pis j'me sens un peu groggy. Bon, il me reste deux épreuves. Toujours de quoi sauver ma peau. Qu'est ce que me prépare la suite ? J'en sais trop rien, mais j'commence à avoir une sacrée envie de pisser.

« Allez, on enchaîne, seconde épreuve.
-Qui consiste ?
-Un duel de regards. Pour l'occasion ça peut être sympa, non ? »

Un truc pas trop dur pour moi. Le psychique c'est mon domaine. Quoique le gars à l'air d'être un robot tant son regard ne vrille pas d'un millimètre. Ce sera pas une partie de plaisir, mais j'vais gagner. Néness nous pose un verre chacun sur la table. J'sens que le duel de regards n'est pas la seule chose à rentrer en compte. J'ai la vessie qui menace d'éclater, et on m'remplit un verre, j'ai peur.

« Bien entendu, le duel devra se faire en buvant régulièrement des Jaegerbomb, que je vous préparerai. Environ 20 secondes de répit entre chaque shot.
-Génial.
-Tu vas perdre, microbe.
-Tu te répètes mon gars. »

Mais il a raison le gars. J'pense qu'il tient quinze fois mieux l'alcool que moi, et j'ai le bas-ventre qui me démange affreusement. Bon. On y va. On me donne le signal de départ et j'plonge mes yeux dans ceux du gorille. Chacun de nous boit son verre. En périphérie, je vois Néness qui nous ressert. Bam, deuxième shot. La foule fait beaucoup de bruit, je me trémousse violemment pour que ma vessie me laisse tranquille et j'continue de boire ce qu'on me sert. Le souci, c'est que mon vis-à-vis fait de même sauf qu'il n'a pas l'air d'être gêné le moins du monde par une quelconque envie de pisser. Alors forcément, de verre en verre, l'alcool aidant. Ben j'finis par perdre...

« Deuxième défaite pour le sergent Kosma. Dernière chance.
-Ouais, mais chuis pas encore fini. J'ai plein de ressources mouuua ! »

Le mastodonte ne prend même pas la peine de faire une remarque. Il sourit. J'aime bien les gens qui sourient. Alors j'lui rends son sourire. Mais j'suis quand même sacrément soul. Alors mon sourire doit être sacrément drôle à voir. Et j'sens que j'vais avoir sacrément de mal à emporter la dernière épreuve. Dernière épreuve dont les objectifs sont simples, une épreuve de longueur, qui se fait dans une ruelle plutôt peu passante non loin du bar.

« Bon, allez-y messieurs, que le meilleur gagne ! »

Question quantité j'suis pas à plaindre, mais va falloir que j'mette un peu d'pression. Il a l'avantage de la taille, mais j'aurai l'avantage si j'parviens à en lancer direct plein d'un coup. J'le vois qui commence à bazarder. Il va loin le p'tit gars. Mais j'vais aller plus loin. J'dégaine, j'tente un axe qui me donnera autant de hauteur que de profondeur, et ziou, j'balance la sauce. Rien de plus intelligent que de jouer à celui qui pisse le plus loin. Et la quantité de liquide que j'ai dans le bide me promet de bonnes chances. Puis ça soulage un max. J'ferme les yeux en continuant de pisser et progressivement ça se vide. Très rapidement au début puis le débit ralentit. Plus que quelques gouttes pour finaliser, j'rentre le zob dans mon pantalon, pis j'tombe sur le dos. Le soulagement est trop fort.

« Kosma ! Kosma !
-Ouais ? Que j'fais en émergeant. Tiens Néness. J'ai gagné c'est ça ?
-Non, égalité, on parvient pas à départager les traces les plus lointaines.
-C'est vraiment un concours à la con.
-Du coup, tu pourras pas empêcher Boris de t'balancer à la flotte...
-Ah ?
-Par contre, t'as un peu de répit.
-Comment ça ?
-Ben, tu lui dois deux faveurs, il va pas te buter avant de les avoir obtenues.
-Et il veut quoi ?
-Oh, il a le temps, toute sa vie et toute la tienne pour que tu le rembourses. »

Il me fait un clin d’œil. J'vais pouvoir repartir. C'est la dernière fois que je prends part à un conflit de bar. J'veux bien faire la morale cinq secondes, mais risquer ma vie pour des buveurs de bière, non merci. D'autant que mon intervention n'a rien changé. Bref, j'vais aller me faire une petite sieste, j'suis encore trop alcoolisé pour faire quoi que ce soit.
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