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Le retour du larbin.

Et me voilà, dans une pièce sombre, attaché les mains dans le dos, assis sur une chaise sans rembourrage. Cette scène respire le déjà vu, mais comme on dit c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures compotes ou un truc dans cette veine là. Ah, oui excusez moi, j'vous ai peut être un peu perdu depuis la dernière, laissez moi donc reprendre depuis le début.

On avait décidé d'voler un bateau en bon état pour avoir des pièces afin réparer notre bateau, enfin ce qu'il en restait. Le plan s'était déroulé plutôt bien, Jackie avait failli se noyer, juste failli malheureusement, j'm'étais fait salement violenter par un gnome mais on avait fini avec le bateau et j'avais grave la confiance. Souvent on dit que la confiance est une bonne chose. C'est faux, quand on prend la confiance on fait des choix plus stupides et dangereux qu'à l'accoutumée, alors déjà qu'en temps normal, les choix d'un Etranger sont particulièrement con, j'vous laisse imaginer ce qui se passe quand il a pris la confiance. Bon, j'vais stopper le suspense ici, car j'sens que vous trépignez d'impatience quant à la suite. Comment ça non ? Vous vous la fermez et vous trépignez d'impatience ! Et bien, cette hausse de cretinitude des décisions m'a poussé à forcer la chance en décidant d'aborder un autre bateau, un grand bateau de type classieux avec une proue qui pèse dans le game et des belles voiles immaculées. Jusque là, c'est d'un niveau de stupidité standard vous allez me dire et j'suis bien d'accord, là où ça a dépassé les frontières du stupide c'est quand j'ai décidé de le faire seul, pour flamber, faire le mec, toussa toussa quoi.

Honnêtement, j'suis monté sur le bateau assez facilement, j'ai marqué mon blaze, comme le dirait Jackie, sur le front de deux trois gardes à grands coups de Sans Honneur puis j'leur offert un petit bain en les balançant par dessus bord car j'suis hyper généreux comme type. Bref, une fois ce petit ménage fait, j'm'suis rendu, de la manière la plus discrète qui soit : en rampant, dans le petit bâtiment duquel sortait le grand mât. À l'intérieur ça respire le bon goût, le cigare roulé à la main de première et le cognac. Au loin j'entendais des voix, trop lointaines pour être réellement audibles, on sentait juste qu'elles étaient présentes. J'me suis donc décidé à m'en rapprocher, avec le recul j'me dis que c'était p'têt pas ma meilleure idée, mais j'avais la confiance. Plus je me rapprochais plus l'adrénaline se faisait sentir, plus je m'imaginais ressortant du bâtiment victorieux et acclamé par les autres.Le truc avec l'imagination c'est qu'elle t'écarte de la vérité, dans ce cas là, la vérité allait être salement douloureuse : c'est seulement quand je pus reconnaître les voix que je réalisa mon erreur.

-Donc, pensez vous qu'un accord soit possible, Mr Rack ?
-J'vous en prie, 'ppelez moi Alaric, Mr Rack, c'tait personne, c'tait mon père, nyark, nyark. Bon, pour en revenir, oui j'pense bien que j'pourrais réussir à convaincre ma Lady d'envisager la possibilité d'une hypothétique future collaboration. Sachez en tout cas, que nous apprécions le fait que soyez venu en personne Ray.
-C'est amusant, je peux m’apercevoir qu'en plus d'être un génie des chiffres vous êtes un roi de la langue de bois mon très cher. J'ai vu des bonhommes de papier se mouiller plus que vous, mais cela me prouve juste que notre collaboration sera très profitable. Hahahaha.


Très vite, l'adrénaline se transforma en sueurs froides, des vrais pas des métaphoriques, je suais vraiment. Je me mis donc à faire marche arrière, en rampant, pour faire le moins de bruit possible, retenant mes claquements de genoux et autres tremblements. Je me sentais comme dans un nid de T-Rex. Oui, cette comparaison est nulle, mais j'n'ai jamais été un grand littéraire voyez vous.

-Mmmh, Ray...
-Oui, je sais Alphonse. Il semblerait que nous avons un problème d’étanchéité.

À ce moment, j'realisa qu'j'étais aussi grillé qu'un mormon dans une boite échangiste, j'me suis retourné instant et j'me suis mis à courir comme si ma vie en dépendait, ce qui était le cas. Au bout de cinq pas, je sentais plus le sol, en revanche ce que je sentais très bien, c'était la main qui m'avait attrapé par le col. Par la suite, cette dite main m'envoya valdinguer à travers le bâtiment. Quand j'ai relevé la tête, il était là, lunettes à monture d'écailles, sourire de canaille, tu pouvais plus Ray. Oui j'sais que ça rime pas mais bon, dans l'idée, c'était mieux, j'te jure. Il me dit alors bonjour en souriant puis m’asséna un chassé frontal. Frontal car s'écrasant sur mon front.

Quelques temps plus tard, je me réveillait ici. Quelques coups plus tard, nous sommes maintenant et j'ai dû perdre un dent. Fait chier.
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Alors que je commence à ne plus sentir ni mon dos, ni mes jambes à force d'être assis sur cette chaise de merde, la porte s’entre-ouvre laissant des rayons de soleil m'cramer les yeux,puis je vois deux silhouettes qui rentrent suite à quoi ils referment enfin cette porte laissant mes yeux retourner au repos. Repos qui est de courte durée puisque ces deux crevards allument la lumière ce qui me laisse voir leur belles têtes de gland arborant des coupes de type balais-brosse, le plus drôle étant que c'était les gusses que j'ai balancé à la flotte tout à l'heure. Enfin drôle, pas vraiment, faudrait plutôt dire cocasse. Là, les deux gusses commencent à se monter le bourrichon entre eux et à me mettre des p'tits coups de pression, pourquoi ? J'en sais rien, sûrement l'habitude. Ce que j'sais en revanche, c'est qu'ils se sont mal positionnés : celui sur lequel il est écrit frontalement Jevta est à droite et celui arborant le Cofresi est à gauche, c'est vilain. Il faut y remédier.

-Les gars, vous pouvez échanger vos positions s'il vous plait ? Ce serait vraiment super sympa.
-Joe, on fait quoi ?
-Bah, on va lui faire plaisir et échanger nos places Joe, en plus j'suis gaucher, j'préfère frapper intérieur, j'peux mieux brosser le tir tu vois.
-Ouaip, c'est vrai que frapper extérieur ça craint. On a moins d'impact, c'est dommage.
-Top, merci les gars, vous êtes les meilleurs !
-Merci Jevta. Bon va falloir reprendre là où ils ont laissé le chantier. Désolé, tu sais y'a rien de personnel, c'est le boulot.
-Enfin, si quand même, c'est un peu personnel, il nous a balancé à la flotte, s'il y avait pas eu cette sorte de poulpe parlant qui passait dans le coin, on se serait probablement noyé. On aurait dû apprendre à nager.
-Ouaip, mais l'eau de Badoedi était super froide. En plus M'sieur DuTronc faisait flipper avec son maillot hyper petit.
-C'est pas faux, c'est pas faux, n'empêche que ça fait chier d'être toujours en mer et d'pas savoir nager.

Non, c'est pas vrai, ces cons m'ont oublié... Je trouve ça limite vexant, mais ça me va, j'préfère être vexé que frappé, après c'n'est que mon avis, c'est personnel et subjectif, cela n'engage que moi hein, d'où l'utilisation du Je, sachez cependant que je respecte le fait que vous puissiez avoir une opinion différente à ce sujet. Par contre si c'est le cas, vous êtes sacrément cons. Bon, toujours est-il que le temps commence à être long.

-Et tu te souviens des exercices d'arithmétique que nous donnait Mme Deplussede ?
-Ouaip, ils étaient super chaud, quelle connasse celle la.
-J'avoue, tous des chiens ces profs de mathématiques.
-Ah, c'est vrai que t'es là toi. Bon Joe, on commence ?

Et merde, j'suis trop con. Cette affirmation est validé quand la droite de Joe, enfin plutôt sa gauche s'abat sur mon nez. Je commence à sentir du liquide dans mes narines. Probablement du sang. Puis viens le tour de l'autre Joe, qui me colle un crochet de pleine beauté en plein dans ma machoire. Ce crochet quant à lui fait sortir un filet de sang de ma bouche. J'vous cache pas que ça commence à faire mal quand même, enfin, ça pourrait être pire, ça pourrait être Ray qui s'y colle, j'crois que ses frappes ont une puissance similaire à celle du Monstre. Tiens, les deux enfoirés consanguins m'ont l'air chaud maintenant. Ils enchaînent, Joe droite, Joe gauche et moi punching ball. Je compte les coups pour savoir combien leur en rendre quand je me serais libéré, pour l'exemple, Joe droite est à douze et Joe gauche à seize. Oui, j'suis un optimiste de nature, j'pense toujours qu'ils vont me libérer, si c'est pas le cas ce ne sont que des enculés de sadiques de base qui veulent me faire souffrir. Remarque, c'est Ray qui tient les manettes.

Alors qu'ils en sont à une vingtaine chacun, je les vois s'étirer. Je ravale ma salive ensanglantée et j'commence à flipper sévère. Je commence encore plus à flipper quand ils enfilent des poings américain et qu'il me mettent un protège dent de force. J'essaie de négocier avec eux, mais causer avec un protège dent c'est dur. Puis viens Joe un grosse droite, je commence à voir trouble, puis viens l'autre avec un crochet en plein sur mon nez. CRACK. Je vois de plus en plus trouble et j'commence à avoir du mal à respirer. Et puis un uppercut. Et puis le noir.
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SPLASH

Rien de tel qu'un sceau d'eau de mer pour te réveiller, c'est ce que dirait probablement un mec que je connais pas. Toujours est-il que ça pique. J'ouvre les yeux. Il est là, seul dans la pièce avec son sourire de carnassier et il fume un cigare. D'ailleurs, il n'y a que la cendre de ce dit cigare qui nous permet d'avoir de la lumière. Cet enfoiré a vraiment le sens de la mise en scène. Il fume tranquillement son cigare. J'attends patiemment. Pourquoi ? Je sais pas trop, mais je sens que je dois pas l'interrompre, c'est comme ça, des fois, il n'y a pas d'explications rationnelles, c'est juste de l'instinct. Au bout d'une période très longue, probablement trop, il commence à s'activer, le cigare pas encore terminé :
-Jevta, Jevta, Jevta, qu'est ce que j'vais bien pouvoir faire de toi ?
-Mmmhmhmhmhmhmh mhmhhmhmh mhmhmhmh
-Ah, ils t'ont pas enlevé le protège dent, ouvre la bouche veux-tu.

Je l'ouvre, il retire le protège dent, je redécouvre des sensations oubliées dans ma bouche. Putain ce que c'est agréable, c'est comme après une anesthésie.

-Donc, qu'est que j'vais bien pouvoir faire de toi ?
-Euh....
-Car la logique voudrait que je te tue : une balle dans la tête, le corps à la mer, tu nourrirais les poissons qui eux nourriront les pécheurs et ainsi de suite. D'ailleurs c'est ce que Al' préconise. Qu'en penses tu ?

Là, je demande à mon cerveau de se mettre à fonctionner. Dur pour lui, il est pas vraiment à habituer à tourner à plein régime. Dans un premier temps j'arrête le singe à cymbales qui tournait en boucle à l’intérieur, dans un second temps je relance la machinerie et je me concentre pour donner la réponse qu'il attends ou du moins celle qui sera la moins pire.

-Personnellement, j'suis pas fan de cette idée Monsieur Ray, j'aimerais bien vivre encore un peu, quitte à vous servir.
-Mon bon Jevta, je te rappelle que la dernière fois que tu bossais pour moi, tu m'as laissé en plan, ce qui m'a coûté beaucoup d'argent, de temps et un peu de réputation. En quoi ça serait différent cette fois ci ?

Il a raison, à la première occasion je vais me casser et il le sait très bien, il me connaît trop.

-Cette fois là, ce sera différent, je vous le jure.
-Mmh, admettons que je te croie, même si c'est pas gagné. Qu'est-ce que tu pourrais faire que d'autre ne pourrait pas ? Qu'est ce qui te rend unique ?
-Et bien... J'ai toujours les atouts que vous me connaissez Monsieur.
-Savoir voler ? Je peux en embaucher de meilleurs maintenant . Savoir crocheter des coffres ? Idem. Donc qu'est ce que tu pourrais m'apporter que je n'ai pas déjà ?

Cette question est la plus dure que l'on ne m'ait jamais posé. Sérieusement, qu'est ce que je n'ai que les autres n'ont pas ? Je sais faire du thé, du très bon thé, mais je pense pas que ça l'intéresse en fait. J'suis ingénieux, mais pas plus que d'autre. Je sais survivre à tout, à un homme poisson en costard, à une naine breakdanseuse, à une tribu de gosses sauvage, à une lieutenante d'élite vengeresse, à Down Below. C'est ça, voilà ce que j'ai en plus, je suis un Etranger.

-Je suis un membre des Etrangers de Ishii Mosh. Enfin, je l'étais.

Là Ray se met à rire. C'est limite insultant.

-Non, sérieusement Ray, j'ai survécu à une bataille contre les Ombres du Chaos sur Reverse Mountain, j'ai bu du poison hallucinogène, j'ai dropé le gardien du port d'Helliday, je me suis infiltré dans le navire d'une corsaire pour en voler un coffre et j'en passe.Je suis un putain de survivant, t'auras jamais personne dans ta clique qui aura mes qualités, mon expérience ou mon désespoir. En fait, je serais ta meilleure carte, si jamais t'as un doute, regarde comment j'ai latté les affreux Joe-Joe.

Pendant ma tirade, Il s'était arrêté de rire, il m'écoutait vraiment. À la fin, il s'est mis à sourire. Il s'est levé et est allé vers la porte avant de s'arrêter pour allumer la lumière.

-Tiens.

Il lance un dossier sur le bureau « d'interrogatoire » se trouvant devant moi, ce qui sonne mieux que vieille table en bois.

-Euh, je te rappelle que j'ai les mains liés. Avec des menottes.
-Tu t'en sortiras Jev', t'es un grand garçon. N'importe comment tu t'en sors toujours.

Sur ces mots, il sort de la pièce, laissant le dossier sur la table, mon cul sur la chaise et les menottes sur mes poignets.
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