Les premiers rayons de soleil trouvèrent leur chemin jusqu'à la fenêtre de la chambre. Diffractés par le verre, ces derniers se dispersèrent alors à travers la pièce, dans un magnifique arc en ciel de couleur. L'un d'eux, de couleur bleu, vint caresser le visage de la jeune dormeuse. Cette dernière ouvrit les yeux, dévoilant deux adorables prunelles rouges sang. Instinctivement, la jeune fille recula sa tête, tentant d'esquiver ce qui était pour elle une agression. Sa peau pale témoignait de son aversion pour l'astre solaire et ses délicieux rayons. S'extrayant de son cocon de couverture, la jeune esclave s'assit sur le bord du lit. Une nouvelle journée de servitude commençait pour elle. La nuit avait été paisible. Mario n'était pas venu la rejoindre cette nuit...
Se levant, Miya avança lentement vers la commode de sa chambre. Son corps nu était recouvert d'ecchymoses et de cicatrices. Il était nécessaire de le dissimuler sous des vêtements autant pour les bonnes mœurs que pour conserver l'illusion de la bonté de son maître. Ouvrant un des tiroirs, la jeune fille en tira une longue robe noire qu'elle revêtit. Puis, ce fut au tour de la coiffure. Faisant face au miroir de sa coiffeuse, Miya peigna ses longs cheveux à gauche et ses courts cheveux à droit. Parant ses cheveux de fleurs blanches déposées par une servante pendant son sommeil, la jeune apporta la touche finale à sa tenue par quelques bijou à ses doigts et à ses oreilles. Se levant, elle inspecta une dernière fois sa tenue avant de dissimuler sous sa robe ses deux Aquilas qu'elle fixa sur ses cuisses. Elle était enfin prête pour une nouvelle journée de servitude...
Sortant de sa chambre, Miya se dirigea d'un pas lent vers la salle à manger. En son centre, trônait une longue table recouverte de mets raffinés et luxueux. A peine arrivée, la jeune esclave alla s'installer juste à côté de la chaise de Mario. Restant droite comme une planche de bois, elle attendit ainsi sa venue, la tête baissée. L'attente dura une bonne heure avant que le gros marchand d'esclave n'arrive finalement pour s'installer à table. Ce dernier commença à manger gloutonnement sans même jeter un regard à son esclave, sans prononcer un seul mot. La jeune fille avait l'habitude. Son maître n'était pas du matin. Autour d'eux, les servantes s'activaient pour remplir les plats qui se vidaient de nourriture, happées par les couverts de Mario. Le repas s'éternisa et le ventre de Miya commença à gargouiller. Tant que son Maitre n'avait pas terminé, elle ne pouvait espérer aucune nourriture. Ce dernier entendit l'estomac de son esclave et la gifla, projetant des morceaux de poulet dans les airs. La jeune fille encaissa la gifle en tournant la tête, sans bouger d'un millimètre.
" Du silence pendant mon petit-déjeuner ! Qu'est-ce que c'est que ces manières Miya ?!! "
" Pardonnez-moi Maitre... " bredouilla-t-elle en reprenant sa position initiale.
Une des servantes se précipita pour ramasser les morceaux de poulet et s'éclipsa aussi vite, non s'en lancer un regard de compassion vers la jeune fille. Miya l'ignora, son éternel regard triste fixant le sol. Soudain, quelques coups retentirent depuis la porte d'entrée. Mario releva sa tête de son auge et postillonna, aspergeant le visage de la jeune fille avec de nouveaux morceaux de poulet.
" Fient, fa doit... " Le marchand avala. " Ça doit être l'acheteur. Il devait arriver ce matin. Miya ! Va lui ouvrir ! Mais très lentement ! Faisons-le un peu attendre ! "
S'inclinant, Miya s’exécuta, se trainant jusqu'à la porte d'un pas très lent. Elle profita de tourner le dos à son maitre pour nettoyer sa figure et sa robe des morceaux de poulet, se rendant à nouveau présentable. Finalement, après de longues minutes Miya ouvrit la porte, dévoilant progressivement la silhouette du mystérieux acheteur. Ce dernier était en fait une acheteuse, comme elle le remarqua en levant à peine son regard. Les cheveux blancs sous un chapeau, vêtue d'un poncho sable et d'un pantalon en cuir, armées de deux pistolets et d'une lame courte. Sans relever le regard, Miya s'inclina en fermant brièvement les yeux.
" Soyez la bienvenue. Veuillez me suivre. Mon maitre attend votre venue. "
Se retournant, l'esclave invita la jeune femme à la suivre. Silencieuse, elle ignora les éventuelles paroles de cette dernière, la conduisant jusqu'à la salle à manger. Apercevant le duo arriver, le marchand d'esclaves releva la tête.
" Ah, mademoiselle, je vous attendais. Excusez-moi pour l'attente, mon esclave a encore trainé. Vous avez fait bon voyage ?" dit-il en octroyant une nouvelle gifle à la jeune fille ayant repris sa place auprès de lui. " Je vous rassure, le reste de ma marchandise est bien plus actif que celle-ci. D'ailleurs, pourquoi ne pas aller la voir tout de suite ? "
Mario se leva et s'apprêta à partir, jusqu'au moment où un serviteur vint à sa rencontre pour lui chuchoter quelque-chose à l'oreille. Le marchand grimaça. Il congédia le malheureux d'une vif geste de main et s'adressa à l'acheteuse.
" Veuillez m'excuser, un fâcheux contretemps. Partez devant avec Miya, elle vous servira de guide et vous fournira toutes les informations concernant la marchandise. Je vous rejoindrais plus tard. J'espère que vous comprenez."
Mario s’éclipsa et laissa les deux femmes seules. Une porte claqua et on entendit la puissante voix rageuse du marchand commencer à s'acharner sur le serviteur qui l'avait précédé. Miya n'y prêta aucune attention et s'approcha de la jeune femme. S'inclinant, elle l'invita de nouveau à la suivre.
" Veuillez me suivre. Je vais vous servir de guide et vous présenter la marchandise. Mon maitre ne tardera pas à nous rejoindre. "
Sans prononcer un mot de plus, Miya sortit de la maison en compagnie de la jeune femme, accusant un bref mouvement de recule lorsque son visage fut confronté à la lumière du jour. Reprenant sa position, la jeune fille se mit à chercher quelques pas devant l'acheteuse, s'assurant que cette dernière la suive bien. Dans quelques minutes, toutes deux arriveraient au port pour inspecter la marchandise...