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Olek, the Revival


Olek, the Revival


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L’homme puissamment bâti ouvrit les yeux, allongé sur des draps en soie, les doux rayons d’une lune naissante venaient le réveiller. Quelques gémissements se firent entendre autour de lui dans le lit alors qu’il se démenait pour s’extirper d’un enchevêtrement de corps et de membres. Il resta immobile quelques instants, assis sur le rebord du matelas, ébloui par le spectacle de ces formes féminines et généreuses qui s’offraient à lui. La même scène depuis des dizaines de jours mais qui ne cessait jamais de l’émouvoir. Sentant l’excitation le gagner de nouveau il se força à détourner la tête et à se relever promptement. Il enfila son vieux pantalon en cuir renforcé, ses bottes en caoutchouc et sa chemise en lin délavée avant de se diriger vers la fenêtre à moitié ouverte.

Contrairement aux autres jours ou il ne passait pas la tête à travers la fente, et ou il se contentait d’observer la ruelle en contrebas prenant bien soin de rester dissimulé dans les ombres du mur. Olek profita de l'absence de lumière pour ouvrir cette fois-ci le battant à pleine main et de s’étirer face à cette nuit hivernale. Il redressa les manches de ses poignées et passa sa main dans ses cheveux blonds pour leur donner un semblant d’ordre. L’Apollon était heureux.

La pièce dans laquelle il se trouvait était sobre, quelque peu poussiéreuse, garnie de vieilles fournitures dont la propriétaire des lieux n’avait plus l’usage. Il s’agissait du grenier d’un des plus grands et vieux bâtiments de la ville, accessible uniquement avec l’activation d’un mécanisme secret que seules les occupantes du lieu connaissaient. Il était en sécurité ici, nourri et chouchouté, mais il s’agissait également d’une prison. Olek se sentait comme un animal dans une cage beaucoup trop petite, il était temps de chier à nouveau librement sur le monde.

Cette salle était la demeure et le sanctuaire d’Olek depuis des semaines. Depuis le jour où il s’était échappé de prison et qu’il avait détruit tout un quartier de la ville. C’est ici qu’il avait guéri de ses blessures et avait attendu de se faire oublier des forces de l’ordre.

Cela faisait quelques jours que son portrait n’était plus affiché dans les rues d’après ce qu’on lui avait rapporté. Et Les bruits de combats et de poursuites permanentes qui avaient fait trembler la ville prouvaient que la marine avait eu des soucis plus importants que celui de retrouver un fugitif disparu depuis si longtemps. Il n’était plus qu’un vestige du passé, pourtant encore douloureusement proche: ses cotes et cicatrices encore sensibles se faisaient un plaisir à le lui rappeler.

Les rumeurs qui circulaient en ville étaient parvenues jusqu’à ses oreilles de reclus. Il semblerait que l’ile venait de subir un nettoyage des plus sanglants pendant sa convalescence et ses vacances au septième ciel avec ces jolies dames. Le nom de « Red » revenait souvent sur les lèvres en ce moment et Olek ne pouvait s’empêcher de sourire affectueusement en repensant au vieux charlatan surement responsable de tout ce fiasco. Etait-il au courant qu’Olek était à Las Camp en même temps que lui ? Savait-il qu’il venait par inadvertance d’offrir au jeune homme la diversion,  la porte de sortie qu’il attendait depuis si longtemps ? Peu probable, et c’était pour le mieux.  Olek devait déjà tellement au vieil ami de son père qu’une nouvelle dette ne ferait que le plonger un peu plus profond dans la honte.

Il attrapa son nouveau manteau contre le mur et l'enfila, la veste le recouvrait de la nuque aux pieds, le tissu était sombre, bon marché, lourd et imperméable, surement capable de proteger son porteur d'une tempête en mer et des températures les plus basses. Les prostituées l'avaient confectionné ces derniers jours avec amour et en remerciement de ses services si "spéciaux" durant toutes ces nuits torrides.

Les mains contre les rebords de la fenêtre, il jeta un dernier coup d’œil amouraché aux femmes encore profondément endormies et enlacées. Elles allaient lui manquer. Puis il se jeta dans le vide sans autre forme de procès. Son manteau claquait au vent alors qu'il chutait dans la nuit, l’adrénaline reprenait possession de son corps et Olek se mit à rire comme le dément qu'il était.

Il percuta les pavés dans un bruit de tonnerre assourdissant, écrasant par inadvertance une charrette, le conducteur et son poney qui avait eu la malchance de se trouver sous sa zone d’atterrissage et dans les rues à cette heure tardive. Du sang, des morceaux de pierres, de roches et de chairs giclèrent dans tout les sens. Personne ne fut témoin de la scène, mis à part quelques ivrognes sous le choc encore à se demander s'ils rêvaient ou non. Olek, indifférent, continua de rire tout en prenant le chemin des docks.

Il était temps de reprendre la mer, trop de temps avait été perdu ici sur cette île de misère. Olek profiterait du calme apparent en ville pour faire ses adieux en bonne et due forme. A la manière d’un pirate qui veut rappeler au monde qu’il existe...


Dernière édition par Olek le Lun 2 Nov 2015 - 15:09, édité 3 fois
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La loi martiale était levée, les rues étaient calmes, propres de toutes vermines, vides et silencieuses, une atmosphère presque sereine régnait. Les coupe-jarrets, malfrats et voleurs semblaient en voie de disparition, le visage de Las Camp avait drastiquement changé en quelques mois.  L’on pourrait même se laisser aller à un certain sentiment de bien-être en parcourant ces allées fraîchement déblayées de la raclure d’antan. Une purge avait eu lieu et Olek ne connaissait rien des détails, simplement que lui y avait échappé, forcé de faire profil bas à cause de blessures mortelles.

Il y avait cependant un facteur que le jeune colosse n’avait pas pris en compte, l’omniprésence des forces de l’ordre, rendues redoutables, efficaces et sans pitié suite à des mois de combats urbains. Il ne fallut donc que quelques minutes avant qu’une patrouille ne lui tombe dessus, et cela faisait déjà quelques temps qu’il entendait les pas de courses derrière lui. Sans doute étaient-ils tombés sur le cadavre du malheureux et de sa charrette et avaient décidés de prendre le coupable en chasse. Olek lui avait continué calmement sa route malgré les bruits de poursuites.

La rue qu’il traversait alors que la marine le rattrapait était grande, remplie d’échoppes fermés et de bars à moitie vide, les quelques passants disparaisserent promptement. Ii s’agissait d’une des plus grosses artères de la ville qui conduisait directement aux quais et aux navires appareillés.  

En quelques secondes la patrouille l’entourait et le cernait, pointant dangereusement mousquets et sabres contre lui. Le colosse haussa un sourcil et continua sa route, pas le moins du monde inquiété. Les gardes qui l’encerclaient se déplaçaient à l’unisson, le tenant toujours en joue. Leur capitaine, humilié et fou de rage par tant d’insolence se positionnait devant Olek, le bout de son sabre faisant couler une infime goutte de son sang, là où l’acier venait de rencontrer la peau, juste sous le menton.


- Arrêtez-vous !
- Non

Les énormes phalanges d’Olek furent la dernière vision que le sergent eut avant de mourir. Le crane soudain éclaté et le corps désarticulé propulsé comme un vulgaire jouet à une dizaine de mètres plus loin.

 Il n’y avait plus un son, plus un bruit si ce n’était le souffle léger du vent et le cri inattendu d'un hibou au loin. Les soldats regardaient incrédules le corps inerte de leur chef, et revenaient se poser sur le géant. Des gouttes de sueurs perlèrent de leur front et de leur tempe malgré le froid. Ils avaient peur mais la fuite n’était pas envisageable, il s’agissait d’hommes d’honneur, de vétérans, survivants d’innombrables batailles, ils ne fuiraient pas, la marine accomplirait son devoir. Ce criminel devait être mis aux arrêts avant qu’il ne puisse commettre d’autres atrocités.

Ils puisèrent du courage dans toutes les victoires gagnées au fil des derniers mois, ils puisèrent leur force dans le regard de leurs camarades qui avaient vécu et survécu à la purge des guerres intestines contre les gangs de Las Camp. Dans un cri de guerre vengeur et qui se voulait terrifiant, ils tirèrent, les balles giclèrent des canons, les sabres sortirent de leur fourreau. La danse pouvait commencer.

Olek sourit comme un gosse, un gosse de prêt trois mètres, les yeux pétillants sous les torches d’une folie joyeuse et meurtrière. Le faciès défiguré par le bonheur malsain de retrouver cette sensation de danser à nouveau avec son amante retrouvée, sa tendre compagne, la mort.


Dernière édition par Olek le Lun 2 Nov 2015 - 10:11, édité 3 fois
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Olek riait tel un dément, semblable aux démons des temps anciens, il prenait non pas plaisir dans la douleur et la souffrance, mais dans l’adversité, la violence et la victoire, la suprématie. La mort d’un individu, qu’il en soit le responsable ou non ne lui ne lui laissait aucun arrière-gout de tristesse, culpabilité ou remords comme toute personne normale devrait ressentir. Le colosse lui n’avait d’humain que le nom ainsi qu’une physiologie similaire apparente bien que supérieure.

Il écrasait, déchirait et fracassait, têtes membres os et chair sans aucune discrimination. Olek était recouvert de sang, du sien et de celui de ses victimes, boyaux et intestins pendaient à son insu autour son coup, simulacre de colliers morbides, trophées macabres d’un massacre qui laissait des corps méconnaissables et encore fumant sur les pavés.

Il termina d’empaler sur l’un des lampadaires, dans un bruit de succion écœurant, le corps d'un soldat encore vivant. Il ne s’agissait pas là d’un acte de cruauté mais d’un geste indiffèrent d’un sportif qui venait de terminer son échauffement.  Olek fit rouler ses épaules de leurs jointures, fit craquer sa nuque d’un coter puis de l’autre et reprit sa route dans une petite foulée récupératrice en direction des quais, ses blessures bénignes laissant une fine traînée de sang sur son chemin.

Le colosse s’arrêta prématurément, un sourire mi-contrit mi-joueur aux lèvres devant la scène qui se déroulait en face de lui. Les quelques survivants de sa première escarmouche avaient rejoint une seconde patrouille. Au bout de la rue, un barrage de fortune était entrain de se construire, devant les quais et à défaut de l’arrêter, les quelques soldats présents l’empêcheraient de rejoindre à temps les navires pour quitter cette chienne d'île. Ils étaient une vingtaine de Marines, l'arme en joue, torches allumées, prêt à tirer des qu'il serait à portée. Leur puissance de feu était considérable et même si l'envie lui tiraillait les tripes de se battre, foncer dans le tas maintenant sonnerait sa fin.

Encore à plusieurs centaines de mètres, Olek accéléra la cadence, il ne les laisserait pas faire, sa course faisait trembler légèrement les bâtiments autour de lui, et les dalles se brisaient sous ses pieds, c’était bien de la peur que l'on pouvait discerner dans les yeux des soldats au loin. Mais ils restaient impassibles, dignes vétérans, tous connaissaient l'odeur de la mort et le gout du sang, il n’était pas question de laisser ce barbare survivre.

Le pirate d'un bond puissant et contrôlé se jeta sur les murs d'une bâtisse solide pour atterrir sur les toits, hors de portée des tirs ennemis il continua son ascension et son avancé, prenant bien soin de se cacher dans les ombres et derrière tuiles comme poutres de bâtiments disparates et grotesques. Il manqua de tomber plusieurs fois, sa taille se trouvait être une faiblesse en cet instant et l’empêchait de se dissimuler correctement, de plus certains marines consciencieux quittaient la barricade et se positionnaient déjà sur les toits de l'autre coté de la rue. L’étau se resserrait et les coups de feu retentirent à nouveau, heureusement, par manque de visibilité, la plupart ne parvinrent qu'à déchirer le bois des toitures plutôt que la peau d'Olek. Celui-ci fut tenté de remercier sa bonne étoile et la faible lueur de la lune mais il arrivait à destination, la contre-attaque pouvait commencer.  

Le colosse au dessus du barrage se jeta dans le vide, atterrissant pieds en avant au milieu de la masse de soldats. Le choc fut titanesque, déstabilisa les marines, certains s’effondrèrent incapable de tenir debout. ses trois cents kilos à sec firent un carnage en percutant le sol, pavés et morceaux de bois éclatés giclèrent de tous les cotés, tuant quelques marines et blessant les autres. La belle rangée destinée à l’arrêter n’était plus qu'un gros merdier et même ainsi les mouettes luttèrent jusqu'au bout.  Olek, sans aucune retenue, brisait nuques et colonnes comme s’il s’agissait de vulgaires épis de maïs. tandis que les marines sur les toits cherchaient une occasion pour faire feu, la gâchette tremblante de peur de blesser ou achever un camarade.

Ce fut le colonel Matheson qui stoppa l'absolution, manquant de lui trancher la jugulaire d’un cheveu. Il terminait son service et rentrait à la maison retrouver les femmes de sa vie lorsqu'il avait entendu des coups de feu non loin, il avait accouru au plus vite, mais visiblement pas assez. Véritable héros de la ville, figure vivante de bonté et de courage, il se tenait la devant le cadavre de ses hommes, son sabre de cavalerie à la main d’où perlait une goutte du sang d’Olek. En temps normal il nourrissait le courage de ses hommes par son charisme et sa présence, mais ce soir, devant ce spectacle de mort, il n'y avait rien d'autre qu'une rage justifiée et conviction farouche dans son attitude.

Dans un élan de confiance, l’un des soldats sur le toit appuya sur la détente de son mousquet. La balle de plomb vint s’enfoncer et disparaître dans l’épaule du colosse ensanglanté. Olek n’eut aucune réaction, si ce n’est de jeter un regard meurtrier dans la pénombre des toits, incapable de discerner l'auteur du tir mais persuadé d'en avoir effrayé plus d'un.

Matheson tira la dernière taf de sa cigarette avant de la jeter au sol d’une main dédaigneuse. Son regard s’était assombri à la vue des morts que le criminel avait laissé sur son passage. Ces hommes étaient morts par sa faute, le colonel, en digne commandant, se sentait surement beaucoup plus
coupable de leur décès que le pirate lui-même. Il mettrait un terme à cette farce, bien décidé à freiner un bilan déjà bien trop lourd en vies humaines.


- C'est ici que ton chemin s’arrête mécréant !

Les torches et lampadaires offraient une frêle luminosité comparé à la noirceur d'une nuit d'hiver, et donnaient une atmosphère étrangement apocalyptique à la scène... La mêlée reprenait, avec un léger désavantage pour le golgoth, qui signait un peu plus son arrêt de mort à chaque minute qui passait.

Temps avant l’arrivée des renforts: 10 minutes...



Dernière édition par Olek le Lun 2 Nov 2015 - 17:06, édité 9 fois
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L’adversaire d’Olek n’était pas n’importe quel homme, il s’agissait d’un commandant vétéran, d’un guerrier aguerri et d’un patriote dans l’âme.  Une combinaison qui ne pouvait qu’être meurtrière pour toute personne jugée ennemi au bien de la communauté que ce Colonel défendait. Cet homme exemplaire, ce chef respecté était une proie idéale pour notre Olek, un adversaire redoutable qui ferait bouillir son sang. il s’agissait là de son tout premier affrontement officiel avec le gouvernement et l’issue de ce combat traverserait les quatre mers. Ce duel était le prologue de son aventure, trop de temps avait été perdu ici.

Olek n'aurait pas de meilleures chances, les ténèbres de la nuit allaient dans son sens, ils rendaient quasiment inutiles les tireurs positionnés sur les toits puisque même avec les quelques lampadaires les risques de tirs alliés étant trop grands, tandis que l'heure tardive promettait un retard dans l’arrivée des renforts. Même si les deux patrouilles de la zone étaient plus ou moins hors-combat, il ne pouvait se permettre de s’éterniser, il se devait de profiter de cette nuit noire pour prendre la mer et ainsi réduire les chances de poursuites.

Malheureusement, fraîchement sorti de convalescence et à peine guéri de ses blessures le jeune pirate était un peu rouillé, sa puissance s’était amoindrie, ses muscles affaiblis tout comme son endurance s’était drastiquement détériorée. Il s’en rendit compte alors qu’il se retrouvait subitement en manque d’air, peinant à retrouver un souffle régulier, soudainement forcé sous un déluge de coups précis, ininterrompus.  Ses avant-bras en croix devant lui, il défendait son visage et ses organes vitaux du mieux qu’il pouvait. Le dos courbé et les épaules redressés, Olek était semblable à une montagne de muscles, une forteresse de chair et d’os qui défendait ses murailles à coups de pieds frontaux en guise de canons contre l'assaut incessant du colonel.

Des dizaines d’estafilades rougeâtres vinrent rapidement zébrer chaque parcelle son corps, incapable de se défendre convenablement contre ces attaques répétés et sans pitiés. D’abord peu profondes et sans importances, elles devinrent rapidement un handicap de par leur nombre. Il pissait le sang, percé des pieds à la tête comme une gourde trop pleine mais son adversaire n’était pas en meilleur état. Pour chaque blessure qu’il recevait, c’était un coup qu'il rendait, œil pour œil, dent pour dent. Le combat semblait durer une éternité mais cela ne faisait que quelques minutes qu'ils avaient commencé.

Figure emblématique de la ville, véritable phare au milieu de ces ténèbres, de ce cimetière encore fumant des corps des défunts, une lumière éclatante, un paratonnerre contre l’orage qu’était Olek. Mais l’on n’arrête pas une tempête avec une tige, aussi résistance qu’elle puisse être. Elle peut dévier sa puissance quelques instants, la ralentir, mais l’ouragan n’est pas une espèce qu’un humain peut arrêter ou contrôler, et tôt ou tard, inéluctablement, l’homme se retrouvera impuissant face à sa destruction. Priant pour que son passage soit bref et qu’il reste quelque chose à sauver.

Telles étaient les sombres pensées qui venaient perturber Matheson alors que d’un coup d’estoc il plantait son sabre pour la énième fois dans la chair du colosse. Le momentum de son assaut avait disparue. Lui-même n’était pas assez fort pour à la fois se défendre et tenter de vaincre le pirate qui lui mettait sa vie en jeu dans chaque attaque. Le vieil homme avait tant de choses à perdre et ne pouvait se permettre de périr sous la main de ce minable. L’intégralité de ses talents était à présent utilisée pour retarder la cible, l’affaiblir et ainsi l’empêcher de rejoindre à temps les quais, ses hommes ne tarderaient pas à arriver, certains devaient déjà être en route pour sonner l'alerte.  Un espoir qui fut oublié, fauché par l'image qu'Olek transmettait. La lumière des torches se reflétait dans les yeux chatoyant du guerrier, comme s’ils brûlaient de l’intérieur, asséchés par une soif de sang et de victoire qui parvint même à effrayer le vétéran qu’était Matheson. Dans un combat de niveau égal, garder ses forces ou sous-estimer son adversaire pouvait s’avérer fatal...

Pour la première fois de sa vie, durant une infime seconde, le Colonel connut la véritable peur, spectateur de sa propre mort lorsque leurs regards se croisèrent.

Temps avant l’arrivée des renforts: 6 minutes...


Dernière édition par Olek le Lun 2 Nov 2015 - 13:38, édité 7 fois
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Olek, malgré les apparences n'allait pas mieux, dans un état second, presque léthargique dans le sens où il peinait à aligner deux pensées concrètes. Au bord de l’inconscience son corps mouvait de lui-même. Plus proche de la bête sauvage et enragée que de l’humain, la scène qu’il offrait était effrayante de surréalisme et de violence. Cela faisait longtemps que toute humanité avait disparu de ses traits, remplacés par des cris féroces et rires diaboliques. Une leçon de son père, devenu un réflexe, une part de son subconscient qui le poussait à se marrer de la souffrance, à se jouer de la mort. Chaque blessure, chaque coup reçu était une raison de s'esclaffer, si l'on pouvait rire de la douleur, alors personne ne pourrait jamais nous nuire véritablement. Il n'y à de maîtres en ce monde que deux choses, la peur et la souffrance, contrôle les et rien ne pourra jamais t’arrêter...

Massue improvisée, le criminel tenait dans la paume de sa main la tête arrachée d'un soldat décédé, un bout de la colonne vertébral pendait librement entre ses doigts, les yeux vides mais le faciès expressif du mort, défiguré par une douleur atroce, intriguait l’homme à demi conscient qui s’appelait Olek. Lui-même ne se rappelait plus de grand-chose et ne pouvait détourner ses yeux de ce crane ensanglanté dans sa main. Il sentit plus qu’il ne vit une présence et leva difficilement les yeux, les arcanes sourcilières explosées il peinait  à voir correctement. Un nom lui vint cependant à l’esprit, « Matheson » et avec ce nom une multitude de souvenirs et d’émotions qui semblaient appartenir à quelqu’un d’autre.  La bête qu’il était devenu, possédée par une  folie inlassable de souffrance, se nourrit de ces sentiments humains revenus à la surface pour tenir bon et porter un dernier coup.

Le pirate ne pouvait mourir ici, n'en avait pas le droit, chaque vie qu'il prenait était une obligation de poursuivre ses rêves, d'aller plus loin, toujours plus loin. Il portait sur ses épaules les ambitions de dizaines de défunts, et même si leur précédente vie était insignifiante, celle d'Olek se devait être elle éblouissante, similaire à une mer éternelle teintée de rouge par des siècles de guerres, qui transporte inconsciemment dans ses courants et marées les convictions de milliers de morts et noyés. Le colosse irait au bout du monde, en marchant sur des collines de cadavres et en naviguant sur un océan de victimes s'il le fallait.

Feignant à moitié, la bête à l'ambition disproportionnée se laissa tomber à  genoux dans un râle d'agonie et d’épuisement, lâchant le crane qui roula sur les pavés, dans une douce mélodie, jusqu’aux pieds du colonel victorieux. Les bras ballant le long du corps, la monstruosité pliait la nuque en soumission, signe de défaite, son visage dissimulé derrière une chevelure crasseuse autrefois blonde, elle attendait le coup final, immobile. Un acte fourbe et indigne qui était dicté par une noirceur omniprésente dans son cœur, mais également par une envie de survivre on ne peux plus humaine...

Le Colonel ne vit pas le sourire démoniaque  de sa proie, ou ne voulait pas le voir, préférant croire plus que tout en cette opportunité...
Egalement à bout de force, il s’approcha d’Olek, le sabre levait dans les airs d’une main fatiguée mais experte, il n’y avait pas de gagnant aujourd’hui, il n’y aurait pas de festivités. Des larmes coulaient sur son visage, ses yeux, miroirs de l’âme, laissaient transparaître une tristesse infinie d’avoir vu son escouade, certain ses amis depuis des dizaines d’années, mourir sans qu’il puisse rien y faire. Il était responsable de cette catastrophe tout autant que ce maudit pirate. Quel métier de merde pensa-t-il alors qu’il abattait son sabre, déterminé à sauver et libérer le monde de cette créature de cauchemar.

Temps avant l'arrivée des renforts: 3 minutes...


Dernière édition par Olek le Lun 2 Nov 2015 - 13:44, édité 3 fois
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Le colonel ne comprenait pas, ses sourcils clignèrent plusieurs fois de manière saccadée, son cerveau ne parvenant pas à assimiler l’information que ses yeux transmettaient. Incapable de sortir le moindre son de sa bouche, il restait là, immobile, en face du pirate qu’il avait cru agonisant. Sa bouche entrouverte ne laissait échapper qu’un long filet de bave et de sang. Matheson avait froid, il se rendit compte alors que son corps tremblait dangereusement, quelque chose n’allait pas mais il n’arrivait pas à savoir ce dont il s’agissait. Il observa alors le colosse qui se relevait devant lui, péniblement, doucement mais inévitablement, semblable à un mort vivant, véritable montagne de chair et d’os à vifs, sa taille assombrissait une lune déjà lointaine et faible, son ombre semblait englober le monde d'une noirceur étouffante.

La bataille n'avait duré qu'une poignée de minutes, et pourtant les deux combattants étaient à bout de force, en pleine agonie... Le colonel ressentait en cet instant une nostalgie étrange, déplacée, il ne voulait plus qu'une chose, rentrer, oublier cette nuit de cauchemar. Sa femme et sa fille devaient l’attendre, le repas était surement entrain de refroidir depuis le temps mais il était persuadé qu’on l’attendait encore, ses chéries l’attendaient toujours…  Sur le seuil de la porte, emmitouflées dans des couvertures, l’une impatiente de voir son mari au coin de la rue même après toutes ces années de mariage, l’autre d’apercevoir sur la pointe des pieds, son père bien aimé…

Pourquoi pensait-il à cela ? Matheson tenta de revenir à la réalité, mais son esprit ne fit que s’échapper à lui, incapable de se concentrer. Puis il comprit, en une infime seconde, il sut la raison pour laquelle il repensait à sa famille… Surement parce qu’il avait peur de ne plus jamais la revoir…

Matheson avait du mal à se faire à l’idée qu’il s’agissait de ses derniers instants. L’indice qui l’avait aidé à comprendre la gravité de la situation était ce trou béant à la place duquel se trouvait son bras encore quelques secondes auparavant, un flot ininterrompu de sang commençait maintenant à se tarir, Il détourna les yeux de ce cauchemar, les larmes lui montant aux yeux devant tant d’injustice. Alors que ses camarades et lui avaient enfin réussi à pacifier Las Camp, voilà que  la mort venait les prendre en récompense…

Le colonel voulut crier de rage, de frustration, de colère et de tristesse sous ce ciel noir dépourvu d’étoiles, contre ce dieu injuste qui devait l’observer depuis là-haut et se marrer de sa misère. A genoux sur les pavés, baignant dans son sang et celui de ses frères d’armes, il releva alors la tête comme pour défier une dernière fois un destin bien trop cruel. Une dernière bataille psychologique, à l'image de ce monde maudit par l’humanité.

Ce qu’il restait de son âme fut déchirée alors que Matheson croisait le regard du colosse au-dessus de lui, des yeux inhumains, deux puits de ténèbres sans fonds ou aucune compassion ni empathie n’était visible. Olek le regardait comme s’il s’agissait d’un vulgaire animal, d’une fourmi qu’il écrasait sur son passage, la vie d’un être humain n’avait donc à ses yeux aucune valeur… C’est alors que le colonel agonisant aperçu une joie, une folie presque sadique qui éclairaient d’une lueur accueillante le noir éternel de ses yeux; il le vit sourire, d’une grimace ensanglantée si innocente, débordante de vie et de sympathie, contraste effroyable avec la scène de mort qu’il représentait, le corps recouvert de blessures et de sang. Olek ouvrit alors la bouche, laissant échapper un flot de liquide rougeâtre suivis d'un long rire tonitruant et chaleureux.


- C’était un bon combat le vieux…

Il s’agissait là des derniers mots que le colonel Matheson entendit avant de sombrer définitivement dans les ténèbres, son corps inerte s’effondrant sur les pavés dans un bruit d’éclaboussures pathétique. Olek s’éloignait en clopinant tandis que les quelques soldats survivants postés sur les toits descendirent en courant à l'endroit ou leur colonel bien aimé venait de tomber, préférant sauver la vie à une figure emblématique de la marine en lui instiguant les premiers soins plutôt que de poursuivre un pirate qui crèverait de ses blessures. Ils surent qu'ils venaient de faire le bon choix lorsqu'ils entendirent non loin les bruits de la relève.

A quelques rues de là, sur le pas d'une porte, une petite fille ignorante, le regard inquiet, attendait en vain le retour de son père...

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Las camp était calme, les ténèbres régnaient, et malgré quelques coups de fusils et bruits de poursuites rien ne laissait témoigner du combat qui venait d'avoir lieu. Les quelques corps seraient emportés avant le lever du soleil et les rues nettoyées de tout ce sang. Seul souvenir de ce carnage serait quelques lignes dans un journal et les rapports confidentiels de la Marine... Les civils quand à eux reprendraient leurs activités au petit matin comme si de rien était, complètement ignorant de la violence de l'affrontement nocturne...

Le colonel Matheson était déjà entrain d’être rapatrié vers l’hôpital le plus proche, toujours inconscient sa vie n’était cependant plus en danger, mais son bras déchiré ne pourrait être recousu. Au même moment une cinquantaine de soldats, le cœur empli de rage et la mine grave fouillaient les quais à la recherche du pirate responsable du carnage.

Ils avaient suivi les traces de sang sur le sol, qui menèrent directement à la mer, ils découvrirent que le criminel blessé s’était jeté dans le port, et s'attelaient maintenant à scanner de leur yeux perçants les eaux alentours. Malheureusement la lumière de leur torche était insuffisante et leur infructueuse recherche fut prolongée jusqu’à midi le lendemain...

Olek quand à lui, en parallèle, usait de ses dernières forces pour nager vers une petite barque de pêche, il avait une avance de quelques secondes sur ses poursuivants et en profita pour se faire la malle. Épuisé, vidé de plusieurs litres de sang, et trempé jusqu'aux os en pleine nuit hivernale, ses chances de survies étaient terriblement minces... Ce fut sur une vieille chaloupe et voguant vers le large qu'il quitta Las Camp, emportant avec lui une victoire au gout bien trop amer de la défaite...

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