Des coups de canon. De la fumée, et des éclats. C'est tout ce dont je me souviens. J'avais eu du mal à dormir cette nuit là ; un mauvais pressentiment. Et juste après avoir enfin réussi à fermer les yeux, je me suis retrouvé au fond de la mer. Pour changer.
– Ohoh, ma jolie. Tu sais que tu es rare ?
La voix était proche. Et étonnamment joviale. Elle était également accompagné par le crépitement d'un feu. Il cracha un mince filet d'eau. Il avait l'impression d'avoir fait ça pendant des heures. Il se mit alors à remuer. Puis à trembler un coup, avant d'ouvrir lentement les paupières. La lune était haute dans le ciel. Il ne semblait pas s'être écoulé énormément de temps. Ou alors s'était-il passé un jour entier ? Dans sa tête, tout était flou. Sa vue l'était encore plus. En dehors de l'épaisse boule blanche qu'il pouvait vaguement distinguer, il ne discernait rien d'autre. Il toussa une nouvelle fois, et fit sortir l'inconnu de ses pensées.
– Oh, vous vous réveillez enfin. Quelle bonne nouvelle !
Une voix calme, presque chantante. Un accent particulier dénotant une possible noblesse. Quoi qu'un peu forcé.
– Vous pouvez parler ?
– Guh… Je… Ouais.
– Excellente nouvelle ! Se réjouit-il un peu trop. Aurais-je l'honneur de connaître votre nom ?
– … Matthew.
– Enchanté !
Il était temps pour Matthew de se relever. Il avait mal partout, avait perdu à peu près toutes ses forces, mais parvint tant bien que mal à s'asseoir en tailleur. Sa tête tournait, mais sa vue était devenu un peu plus nette. Suffisamment pour pouvoir observer l'inconnu qui lui faisait face.
Un homme qui n'était visiblement plus très jeune. Des cheveux mi-longs grisonnants, un nez crochu et sale, de fines lèvres sèches. La lueur du feu qui se projetait sur son visage aurait pu lui donner un air menaçant, mais il aurait eu vite fait d'être chassé par le sourire bienveillant que l'inconnu affichait.
– Moi, je me nomme Alexander, Alexander Von Perceval de Lanmur. Mais vous pouvez m'appeler Alexander. Ou Alexander Von Perceval de Lanmur, après tout, c'est vous qui décidez.
– … Hm.
– J'aurai bien voulu vous proposer quelque chose à boire, mais je peine moi-même à m'hydrater. Mais approchez vous du feu, vous verrez, vous irez mieux.
Matthew hésita un moment, avant de se dire qu'il serait stupide de rester ainsi éloigné, trempé et gelé. Alors il s'approcha en se traînant sur le sable, avant de se stopper net ; il venait de voir ce que le vieil homme portait sur la paume de sa main. Il avait d'abord pris ça pour un médaillon quelconque. Mais les médaillons ne remuent pas, et sont encore moins poilues.
– Aaah ! C'est une aranéide. Rassurez-vous, elle n'est pas venimeuse. En tout cas, je ne crois pas. Celle-ci est une espèce rare ! Je suis content d'en avoir trouvé une. Peu de personnes ont cette chance !
– Je pense que c'est plutôt eux, les chanceux.
– Approchez ! N'ayez donc pas peur.
– Ici me convient. Je sens la chaleur du feu, et si ce monstre veut m'approcher, j'aurai sans doute le temps de l'écraser. Ou de fuir.
– Je ne suis pas sûr que vous soyez en état de courir.
Heureusement qu'il arborait toujours son sourire bienveillant. Il se remit à examiner l'araignée et à la caresser du doigt.
– J'étais entrain de me demander si je devais l'utiliser pour me nourrir, ou la laisser vivre sa vie tranquillement.
– Vous voulez manger cette chose ?
– Ce n'est pas spécialement une envie. Mais un repas, aussi petit soit-il, ferait sans aucun doute beaucoup de bien à mon estomac. Et je ne suis pas très difficile.
– Désolé, je n'ai pas très envie de vous voir manger cette chose. Donc je vais me retourner et-
– Je n'ai pas très envie de faire ça non plus, je vais donc relâcher cette pauvre bête.
– Non non non, mangez là plutôt, allez-y.
– Si vous avez un bocal, je pourrai la déposer dedans…
– Je n'ai rien du tout. Faites ce que vous voulez mais ne laissez pas traîner cette chose ici, s'il-vous-plaît.
– Bon, dans ce cas…
Alexander se leva péniblement puis s'éloigna de quelques mètres, dans l'ombre, pour y déposer le monstre. Matthew en profita pour faire le point sur son état. Fatigué, affamé, assoiffé. Oh, et désarmé également, semblait-il. Il palpa sa redingote. Rien du tout. Heureusement, un rapide coup d’œil autour de lui lui permit d'apercevoir, posés non loin du feu, le manche d'épée qui était cher à ses yeux, ainsi que son non moins précieux escargophone. Il avait l'air mal au point, mais ces bestioles là sont réputé pour être résistante. Il jeta un coup d’œil au vieil homme, qui semblait soit parler à l'araignée, soit se parler à lui-même. Il n'avait pas l'air dangereux. Si il aurait voulu le tuer, il l'aurait fait bien avant. Ou peut-être voulait-il le garder précieusement pour le manger… Après tout, Matthew avait bien rencontré un type comme ça, sur une île déserte. Il s'empara du manche d'épée et son escargot avant de retourner rapidement à sa place.
– Et bien, je craint que nous n'ayons rien à nous mettre sous la dent. Jusque là, je ne me risquais pas à quitter la plage, mais je sais qu'il y a une rivière non loin, puisque j'y avais puiser un peu d'eau. Mais avec vous… Nous n'avons de toutes façons pas le choix.
– Nous ?
– Nous. Vous êtes, sans l'ombre d'un doute, un homme civilisé. Alors entraidons nous.
– Hm.
– En attendant, faisons plus ample connaissance, vous et moi.
– Vous êtes bizarre.
– En effet. Vous savez au moins une chose sur moi !
Les deux hommes s'étaient rapproché du feu qui n'avait, pour le moment, pas faibli.
– Dites-moi, reprit Alexander, comment vous êtes vous retrouvé ici ?
– Embarquement sur le mauvais navire. On s'est fait allumé.
– « On » ?
– …
Il n'y pensait même plus. Il se leva d'un bond, puis regarda à l'horizon.
– Mon ami… Il faut absolument que je les retrouve, je dois…
– Du calme, voyons. Je vois mal comment nous pourrions partir d'ici. Se morfondre n'est d'aucune utilité. Racontez-moi plutôt.
– Mais… Ils ont peut-être même mouiller l'ancre ici, et...
– Et vous aurez bien du mal à les rejoindre donc votre état. Racontez-moi.
– …
Matthew se remit en tailleur en soupirant. Il avait raison. Aucun moyen de partir d'ici. En tout cas pour le moment. Et impossible pour lui de tenir suffisamment longtemps debout. Il lui fallait reprendre des forces. Et puis…
– On est monté à bord du mauvais navire. On s'est rapidement fait attaqué. On a absolument rien pu faire. Ils ont capturé une bonne partie de l'équipage, dont mon ami. J'ai rien pu faire, j'ai été projeté par dessus bord. Et je me suis réveillé ici. Bordel. Il faut que je le retrouve…
– Dites-vous qu'ils veulent sûrement le vendre ou le réduire en esclavage. Rien de bien méchant, il doit toujours être envie. Rassurez-vous.
– Super, merci.
– …
– … Et vous ? Comment vous vous êtes retrouvé ici ?
– Je suis monté à bord du mauvais navire, fit-il en souriant de plus belle.
Un sourire plus moqueur que bienveillant cette fois-ci.
* * *
– Ohoh, ma jolie. Tu sais que tu es rare ?
La voix était proche. Et étonnamment joviale. Elle était également accompagné par le crépitement d'un feu. Il cracha un mince filet d'eau. Il avait l'impression d'avoir fait ça pendant des heures. Il se mit alors à remuer. Puis à trembler un coup, avant d'ouvrir lentement les paupières. La lune était haute dans le ciel. Il ne semblait pas s'être écoulé énormément de temps. Ou alors s'était-il passé un jour entier ? Dans sa tête, tout était flou. Sa vue l'était encore plus. En dehors de l'épaisse boule blanche qu'il pouvait vaguement distinguer, il ne discernait rien d'autre. Il toussa une nouvelle fois, et fit sortir l'inconnu de ses pensées.
– Oh, vous vous réveillez enfin. Quelle bonne nouvelle !
Une voix calme, presque chantante. Un accent particulier dénotant une possible noblesse. Quoi qu'un peu forcé.
– Vous pouvez parler ?
– Guh… Je… Ouais.
– Excellente nouvelle ! Se réjouit-il un peu trop. Aurais-je l'honneur de connaître votre nom ?
– … Matthew.
– Enchanté !
Il était temps pour Matthew de se relever. Il avait mal partout, avait perdu à peu près toutes ses forces, mais parvint tant bien que mal à s'asseoir en tailleur. Sa tête tournait, mais sa vue était devenu un peu plus nette. Suffisamment pour pouvoir observer l'inconnu qui lui faisait face.
Un homme qui n'était visiblement plus très jeune. Des cheveux mi-longs grisonnants, un nez crochu et sale, de fines lèvres sèches. La lueur du feu qui se projetait sur son visage aurait pu lui donner un air menaçant, mais il aurait eu vite fait d'être chassé par le sourire bienveillant que l'inconnu affichait.
– Moi, je me nomme Alexander, Alexander Von Perceval de Lanmur. Mais vous pouvez m'appeler Alexander. Ou Alexander Von Perceval de Lanmur, après tout, c'est vous qui décidez.
– … Hm.
– J'aurai bien voulu vous proposer quelque chose à boire, mais je peine moi-même à m'hydrater. Mais approchez vous du feu, vous verrez, vous irez mieux.
Matthew hésita un moment, avant de se dire qu'il serait stupide de rester ainsi éloigné, trempé et gelé. Alors il s'approcha en se traînant sur le sable, avant de se stopper net ; il venait de voir ce que le vieil homme portait sur la paume de sa main. Il avait d'abord pris ça pour un médaillon quelconque. Mais les médaillons ne remuent pas, et sont encore moins poilues.
– Aaah ! C'est une aranéide. Rassurez-vous, elle n'est pas venimeuse. En tout cas, je ne crois pas. Celle-ci est une espèce rare ! Je suis content d'en avoir trouvé une. Peu de personnes ont cette chance !
– Je pense que c'est plutôt eux, les chanceux.
– Approchez ! N'ayez donc pas peur.
– Ici me convient. Je sens la chaleur du feu, et si ce monstre veut m'approcher, j'aurai sans doute le temps de l'écraser. Ou de fuir.
– Je ne suis pas sûr que vous soyez en état de courir.
Heureusement qu'il arborait toujours son sourire bienveillant. Il se remit à examiner l'araignée et à la caresser du doigt.
– J'étais entrain de me demander si je devais l'utiliser pour me nourrir, ou la laisser vivre sa vie tranquillement.
– Vous voulez manger cette chose ?
– Ce n'est pas spécialement une envie. Mais un repas, aussi petit soit-il, ferait sans aucun doute beaucoup de bien à mon estomac. Et je ne suis pas très difficile.
– Désolé, je n'ai pas très envie de vous voir manger cette chose. Donc je vais me retourner et-
– Je n'ai pas très envie de faire ça non plus, je vais donc relâcher cette pauvre bête.
– Non non non, mangez là plutôt, allez-y.
– Si vous avez un bocal, je pourrai la déposer dedans…
– Je n'ai rien du tout. Faites ce que vous voulez mais ne laissez pas traîner cette chose ici, s'il-vous-plaît.
– Bon, dans ce cas…
Alexander se leva péniblement puis s'éloigna de quelques mètres, dans l'ombre, pour y déposer le monstre. Matthew en profita pour faire le point sur son état. Fatigué, affamé, assoiffé. Oh, et désarmé également, semblait-il. Il palpa sa redingote. Rien du tout. Heureusement, un rapide coup d’œil autour de lui lui permit d'apercevoir, posés non loin du feu, le manche d'épée qui était cher à ses yeux, ainsi que son non moins précieux escargophone. Il avait l'air mal au point, mais ces bestioles là sont réputé pour être résistante. Il jeta un coup d’œil au vieil homme, qui semblait soit parler à l'araignée, soit se parler à lui-même. Il n'avait pas l'air dangereux. Si il aurait voulu le tuer, il l'aurait fait bien avant. Ou peut-être voulait-il le garder précieusement pour le manger… Après tout, Matthew avait bien rencontré un type comme ça, sur une île déserte. Il s'empara du manche d'épée et son escargot avant de retourner rapidement à sa place.
– Et bien, je craint que nous n'ayons rien à nous mettre sous la dent. Jusque là, je ne me risquais pas à quitter la plage, mais je sais qu'il y a une rivière non loin, puisque j'y avais puiser un peu d'eau. Mais avec vous… Nous n'avons de toutes façons pas le choix.
– Nous ?
– Nous. Vous êtes, sans l'ombre d'un doute, un homme civilisé. Alors entraidons nous.
– Hm.
– En attendant, faisons plus ample connaissance, vous et moi.
– Vous êtes bizarre.
– En effet. Vous savez au moins une chose sur moi !
Les deux hommes s'étaient rapproché du feu qui n'avait, pour le moment, pas faibli.
– Dites-moi, reprit Alexander, comment vous êtes vous retrouvé ici ?
– Embarquement sur le mauvais navire. On s'est fait allumé.
– « On » ?
– …
Il n'y pensait même plus. Il se leva d'un bond, puis regarda à l'horizon.
– Mon ami… Il faut absolument que je les retrouve, je dois…
– Du calme, voyons. Je vois mal comment nous pourrions partir d'ici. Se morfondre n'est d'aucune utilité. Racontez-moi plutôt.
– Mais… Ils ont peut-être même mouiller l'ancre ici, et...
– Et vous aurez bien du mal à les rejoindre donc votre état. Racontez-moi.
– …
Matthew se remit en tailleur en soupirant. Il avait raison. Aucun moyen de partir d'ici. En tout cas pour le moment. Et impossible pour lui de tenir suffisamment longtemps debout. Il lui fallait reprendre des forces. Et puis…
– On est monté à bord du mauvais navire. On s'est rapidement fait attaqué. On a absolument rien pu faire. Ils ont capturé une bonne partie de l'équipage, dont mon ami. J'ai rien pu faire, j'ai été projeté par dessus bord. Et je me suis réveillé ici. Bordel. Il faut que je le retrouve…
– Dites-vous qu'ils veulent sûrement le vendre ou le réduire en esclavage. Rien de bien méchant, il doit toujours être envie. Rassurez-vous.
– Super, merci.
– …
– … Et vous ? Comment vous vous êtes retrouvé ici ?
– Je suis monté à bord du mauvais navire, fit-il en souriant de plus belle.
Un sourire plus moqueur que bienveillant cette fois-ci.
Dernière édition par Matthew Tennant le Mar 27 Oct 2015 - 22:00, édité 1 fois