Pour pouvoir exercer le métier de transporteur, il faut trouver des choses à transporter. Et pour trouver des choses à transporter, il faut se rapprocher des gens qui ont d’ores et déjà un commerce florissant. Or, aucune île n'est plus active économiquement sur les Blues que Poiscaille. On pêche et revend plus de poisson sur cette île que dans tout le reste des Blues, sans le moindre doute. Joseph est certain de pouvoir trouver des clients désireux d'étendre le périmètre de leur revente de poissons frais. Un commerce fixe, rapportant gros et parfaitement légal, voilà ce dont il besoin dans un premier temps. Il s'est renseigné sur le commerce et sait à qui il doit s'adresser. Trois familles gouvernent la totalité du business, comme le feraient des familles mafieuses d'un trafic d'arme ou de drogue. Lobby influent imposant même leurs conditions à la Marine, les Portdragon, les Malsoin et les Keudever sont de toute évidence ceux à qui parler pour toute négociation financière.
La ville est belle. L'économie locale rapporte gros à la municipalité qui investit de grosses sommes dans les infrastructures. L'architecture est travaillée et moderne, de grands et luxueux voiliers mouillent dans le port et affichent de façon ostentatoire leur réussite. Trois mats, drapeaux flottant fièrement au vent, difficile de se dire qu'il s'agit simplement d'un port de pêche. Depuis qu'il a posé le pied dans ce port, Joseph sait qu'il a bien fait de venir. La réputation du lieu n'est pas usurpée. Des centaines voire même des milliers d'étals proposent des poissons frais, parfois encore frétillant, aussi divers que variés. Certaines espèces sont même parfois totalement inconnues au nouvel arrivant. Des couleurs bariolées, des écailles brillantes, des nageoires et des voiles gracieux... La diversité des créatures aquatiques proposées est étonnante, même pour un homme aillant souvent sillonné les mers. Certaines échoppes proposent également des produits préparés, comme des sushis et des makis en majorité, préparés directement sur place avec la pêche du jour.
Après avoir discuté pendant quelques temps avec de nombreux revendeurs, Joseph en arrive à la conclusion qu'il devrait commencer par tenter de négocier avec la famille Keudver. Ce choix est mûrement réfléchit, après avoir pesé longuement le pour et le contre des trois candidats en lice dans l'ouverture d'un contrat direct de transport et de distribution. Mais un argument à fait pencher la balance pour les Keudver. Ou plutôt deux en vérité. Le sein droit et le sein gauche de la matriarche, Adriana Keudver. Certes, un contrat bien juteux est appréciable, mais il n'oublie pas la mission primordiale qui lui incombe, faire un héritier qui saura faire perdurer la volonté du Q à travers les âges. Et cette Adriana semble parfaitement équipée pour allaiter un enfant. Elle sera très bien.
Le voilà justement qui arrive devant le grand bâtiment qui sert de centre d'affaires des Keudver. Alors qu'il s'approche de l'entrée, deux hommes en armes lui somment de s'arrêter en lui demandant de décliner son identité et de leur faire part de ses intentions.
-Joseph Q. Andersen, c'est ainsi que je me nomme. Je souhaiterais m'entretenir avec Adriana Keudver afin de pouvoir définir un intéressant contrat d'affaire.
-Bougez pas.
Le gardien sort un escargophone de sa poche et annonce l'arrivée d'un homme étrange souhaitant parler business avec la matriarche. Une voix lui répond de le faire entrer après l'avoir fouillé. Joseph se laisse faire sans discuter. On le fouille, lui confisque son pistolet et son fleuret et, après lui avoir frotté la joue avec un morceau de granit marin pour s'assurer qu'il ne possédait pas de pouvoirs liés à un fruit du démon, il est invité à entrer. L'intérieur est immense, semblable à un hangar de stockage. De nombreuses personnes s'activent à transporter des caisses d'un point à un autre, les charger dans des navires, en décharger d'autres et à discuter par escargophone. L'odeur de poisson qui y règne est très importante mais les travailleurs s'y sont habitués. Le garde l'invite à le suivre et l'amène jusqu'à un escalier menant à une grande cabine qui surplombe toute la salle. En levant la tête, il aperçoit la directrice de l'organisation qui l'observe à travers une baie vitrée. Il fait une révérence tout en continuant à grimper mais n'obtient aucune réaction.
Ils finissent par arriver devant une porte, elle aussi gardée. Les vigiles s'écartent et Joseph est invité à entrer. Adriana l'attend. Une belle femme au charme certain. De longs cheveux ondulés qui tombent en cascade sur une poitrine aussi généreuse que les rumeurs le prétendaient. Des courbes à faire rugir de passion un eunuque et des hanches encadrées par une robe rouge aguicheuse. Elle se tient debout devant son bureau recouvert de papiers. Un révolver est posé de façon bien visible en plein milieu. Le message est clair. Elle n'est pas une faible femme que l'on pourrait vouloir escroquer et gare à celui qui voudrait la doubler ou lui faire perdre son temps. Joseph s'assoit dans le fauteuil qui lui ait destiné après un geste du menton de la chef.
-Bonjour. Vous êtes venu faire affaire à ce qu'on m'a dit.
-Tout à fait, je pense qu'une femme telle que vous, doit devoir exporter beaucoup. Je suis livreur de l'extrème, le défi c'est ce que j'aime. Je livre des marchandises où l'on m'envoie avec une garantie de choix.
-C'est à dire?
-Toutes mes marchandises sont sécurisées, si la livraison n'est pas effectuée, sa valeur vous est remboursée dans les plus brefs délais. Je me charge moi-même de la sécurité, les attaques de pirates sont repoussées.
-Je vois. Vous prétendez être en mesure de repousser d'éventuelles attaques. Ca peut être inétressant. Et vous vous occupez de revendre les poissons une fois arrivé?
-Non, cela n'est pas ma fonction. Je me charge seulement de la livraison. Je ne me fais donc pas de marge sur le prix de vente ce qui vous permettrait d'augmenter votre rente. Je charge les poissons sur mon bateau et m'occupe de leur faire traverser l'eau. Je les remets à votre contact qui les revend et revient vous donner le payement.
-Hahaha! Et quelle garantie aurais-je que vous reviendrez avec l'argent? Vous me prenez pour une imbécile? Je vous préviens, je ne suis pas d'humeur à écouter des gens qui tentent de me flouer!
Adriana se saisit du revolver et s'approche lentement du livreur, un petit sourire au coin des lèvres. Joseph ne se départit pas de son sang-froid et lui explique calmement que s'il faisait ce genre de chose, son commerce coulerait en quelques instants, sans compter le nombre d'ennemis qu'il se ferait à travers les Blues. Un contrat sur le long terme avec une entreprise aussi florissante que celle des Keudver est bien plus intéressant que le prix d'une unique livraison de poissons. Il n'aurait donc aucun intérêt personnel ou financier à la trahir. La femme l'écoute tout en lui tournant autour, faisant virevolter son revolver, amusée. Les regards se croisent, les deux commerciaux se toisent et se jaugent l'un l'autre. Elle finit par revenir à sa place et repose l'arme à feu d'un geste sec.
-Vous disiez être de mauvaise humeur, pas plus tard que tout à l'heure. Peut-être que je peux vous aider, avant de commencer à négocier?
La femme d'affaire se retourne vivement et fixe Joseph pour tenter de deviner ses intentions. Elle finit par laisser transparaître un sourire. Il pourrait effectivement l'aider. Passant rapidement à côte de Joseph, toujours assis confortablement dans le fauteuil, elle ouvre la porte et demande à n'être dérangée sous aucun prétexte avant de la refermer d'un claquement sec. Le transporteur pivote pour lui faire face et la voit sortir un couteau de sa manche. Intrigué, il la laisse s'approcher, relever le bas de sa robe et le chevaucher pour mettre son visage à quelques centimètres du sien. Elle place la lame sous la gorge de l'homme et appuie doucement.
-Autant vous prévenir, aucune médiocrité ne sera tolérée.
-Il n'est pas dans mes habitudes de faire preuve d'inaptitude.
Les lèvres se claquent violemment.
La ville est belle. L'économie locale rapporte gros à la municipalité qui investit de grosses sommes dans les infrastructures. L'architecture est travaillée et moderne, de grands et luxueux voiliers mouillent dans le port et affichent de façon ostentatoire leur réussite. Trois mats, drapeaux flottant fièrement au vent, difficile de se dire qu'il s'agit simplement d'un port de pêche. Depuis qu'il a posé le pied dans ce port, Joseph sait qu'il a bien fait de venir. La réputation du lieu n'est pas usurpée. Des centaines voire même des milliers d'étals proposent des poissons frais, parfois encore frétillant, aussi divers que variés. Certaines espèces sont même parfois totalement inconnues au nouvel arrivant. Des couleurs bariolées, des écailles brillantes, des nageoires et des voiles gracieux... La diversité des créatures aquatiques proposées est étonnante, même pour un homme aillant souvent sillonné les mers. Certaines échoppes proposent également des produits préparés, comme des sushis et des makis en majorité, préparés directement sur place avec la pêche du jour.
Après avoir discuté pendant quelques temps avec de nombreux revendeurs, Joseph en arrive à la conclusion qu'il devrait commencer par tenter de négocier avec la famille Keudver. Ce choix est mûrement réfléchit, après avoir pesé longuement le pour et le contre des trois candidats en lice dans l'ouverture d'un contrat direct de transport et de distribution. Mais un argument à fait pencher la balance pour les Keudver. Ou plutôt deux en vérité. Le sein droit et le sein gauche de la matriarche, Adriana Keudver. Certes, un contrat bien juteux est appréciable, mais il n'oublie pas la mission primordiale qui lui incombe, faire un héritier qui saura faire perdurer la volonté du Q à travers les âges. Et cette Adriana semble parfaitement équipée pour allaiter un enfant. Elle sera très bien.
Le voilà justement qui arrive devant le grand bâtiment qui sert de centre d'affaires des Keudver. Alors qu'il s'approche de l'entrée, deux hommes en armes lui somment de s'arrêter en lui demandant de décliner son identité et de leur faire part de ses intentions.
-Joseph Q. Andersen, c'est ainsi que je me nomme. Je souhaiterais m'entretenir avec Adriana Keudver afin de pouvoir définir un intéressant contrat d'affaire.
-Bougez pas.
Le gardien sort un escargophone de sa poche et annonce l'arrivée d'un homme étrange souhaitant parler business avec la matriarche. Une voix lui répond de le faire entrer après l'avoir fouillé. Joseph se laisse faire sans discuter. On le fouille, lui confisque son pistolet et son fleuret et, après lui avoir frotté la joue avec un morceau de granit marin pour s'assurer qu'il ne possédait pas de pouvoirs liés à un fruit du démon, il est invité à entrer. L'intérieur est immense, semblable à un hangar de stockage. De nombreuses personnes s'activent à transporter des caisses d'un point à un autre, les charger dans des navires, en décharger d'autres et à discuter par escargophone. L'odeur de poisson qui y règne est très importante mais les travailleurs s'y sont habitués. Le garde l'invite à le suivre et l'amène jusqu'à un escalier menant à une grande cabine qui surplombe toute la salle. En levant la tête, il aperçoit la directrice de l'organisation qui l'observe à travers une baie vitrée. Il fait une révérence tout en continuant à grimper mais n'obtient aucune réaction.
Ils finissent par arriver devant une porte, elle aussi gardée. Les vigiles s'écartent et Joseph est invité à entrer. Adriana l'attend. Une belle femme au charme certain. De longs cheveux ondulés qui tombent en cascade sur une poitrine aussi généreuse que les rumeurs le prétendaient. Des courbes à faire rugir de passion un eunuque et des hanches encadrées par une robe rouge aguicheuse. Elle se tient debout devant son bureau recouvert de papiers. Un révolver est posé de façon bien visible en plein milieu. Le message est clair. Elle n'est pas une faible femme que l'on pourrait vouloir escroquer et gare à celui qui voudrait la doubler ou lui faire perdre son temps. Joseph s'assoit dans le fauteuil qui lui ait destiné après un geste du menton de la chef.
-Bonjour. Vous êtes venu faire affaire à ce qu'on m'a dit.
-Tout à fait, je pense qu'une femme telle que vous, doit devoir exporter beaucoup. Je suis livreur de l'extrème, le défi c'est ce que j'aime. Je livre des marchandises où l'on m'envoie avec une garantie de choix.
-C'est à dire?
-Toutes mes marchandises sont sécurisées, si la livraison n'est pas effectuée, sa valeur vous est remboursée dans les plus brefs délais. Je me charge moi-même de la sécurité, les attaques de pirates sont repoussées.
-Je vois. Vous prétendez être en mesure de repousser d'éventuelles attaques. Ca peut être inétressant. Et vous vous occupez de revendre les poissons une fois arrivé?
-Non, cela n'est pas ma fonction. Je me charge seulement de la livraison. Je ne me fais donc pas de marge sur le prix de vente ce qui vous permettrait d'augmenter votre rente. Je charge les poissons sur mon bateau et m'occupe de leur faire traverser l'eau. Je les remets à votre contact qui les revend et revient vous donner le payement.
-Hahaha! Et quelle garantie aurais-je que vous reviendrez avec l'argent? Vous me prenez pour une imbécile? Je vous préviens, je ne suis pas d'humeur à écouter des gens qui tentent de me flouer!
Adriana se saisit du revolver et s'approche lentement du livreur, un petit sourire au coin des lèvres. Joseph ne se départit pas de son sang-froid et lui explique calmement que s'il faisait ce genre de chose, son commerce coulerait en quelques instants, sans compter le nombre d'ennemis qu'il se ferait à travers les Blues. Un contrat sur le long terme avec une entreprise aussi florissante que celle des Keudver est bien plus intéressant que le prix d'une unique livraison de poissons. Il n'aurait donc aucun intérêt personnel ou financier à la trahir. La femme l'écoute tout en lui tournant autour, faisant virevolter son revolver, amusée. Les regards se croisent, les deux commerciaux se toisent et se jaugent l'un l'autre. Elle finit par revenir à sa place et repose l'arme à feu d'un geste sec.
-Vous disiez être de mauvaise humeur, pas plus tard que tout à l'heure. Peut-être que je peux vous aider, avant de commencer à négocier?
La femme d'affaire se retourne vivement et fixe Joseph pour tenter de deviner ses intentions. Elle finit par laisser transparaître un sourire. Il pourrait effectivement l'aider. Passant rapidement à côte de Joseph, toujours assis confortablement dans le fauteuil, elle ouvre la porte et demande à n'être dérangée sous aucun prétexte avant de la refermer d'un claquement sec. Le transporteur pivote pour lui faire face et la voit sortir un couteau de sa manche. Intrigué, il la laisse s'approcher, relever le bas de sa robe et le chevaucher pour mettre son visage à quelques centimètres du sien. Elle place la lame sous la gorge de l'homme et appuie doucement.
-Autant vous prévenir, aucune médiocrité ne sera tolérée.
-Il n'est pas dans mes habitudes de faire preuve d'inaptitude.
Les lèvres se claquent violemment.