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On perd pas le nord

Accoudé au bastingage, j’fume une clope en regardant la nuit laisser la place à l’aube, les étoiles qui pâlissent et le changement d’équipe de quart qui se fait. C’était la mienne, juste avant le lever du jour, qui avait la charge de s’assurer de la bonne marche du cuirassé. Bizarrement, j’me sens pas fatigué, alors j’compte vaguement mater l'astre avant d’aller prendre un p’tit déjeuner mastard au mess des officiers. Probablement y croiser Funeste, ça a l’air d’être ses hommes sur le pont.

Ca fait pas longtemps qu’on est parti de Bulgemore, un peu à la bourre à cause des blessés, et des types de la scientos qui faisaient des trucs et des bidules. Z’ont pas voulu nous expliquer. Mais comme on est censé les raccompagner, et qu’ils avaient autorisation de prendre leur temps, on a glandé un peu. Ca a fait du bien à tout le monde, aussi, de ‘’sécuriser’’ la ville, comprendre prendre des vacances. Puis les troquets et autres coins à amusement se souviendront de nous. Rustres, indisciplinés, bourrus, désagréables. Mauvais coucheurs mais bons payeurs. Les gars se sont vite faits une autre réputation que les glands de la régulière en garnison.

Les grosses têtes ont continué à nous prendre de haut, aussi, ces cons. Genre qu’on comprenait pas l’importance de ce qu’ils faisaient, tout ça. Qu’on serait bien content quand ça nous sauverait la vie. On leur a dit que pour le moment, c’était nous qui sauvions la leur, alors ils pouvaient être un peu reconnaissants. J’ai eu l’impression de parler à des Marijoans genre nobliaux. Hautains et méprisants. J’crois que y’a plus que Thorn et Charme qui leur causent encore.

Thorn sort brusquement de l’écoutille qui mène à sa grande cabine. Son regard balaye le pont, tombe sur moi. Il est pas franchement vêtu de son bel uniforme, la chemise à moitié boutonnée seulement, et la mine un peu éblouie du type réveillé en sursaut. Uh oh, ça sent les nouvelles. Le commandant m’fait signe de ramener ma pomme et ordonne à un Marine de trouver les autres lieutenants immédiatement. Ca hoche la tête sans saluer. Puis de faire demi-tour. Hum ?

J’entre dans le bureau, il m’fait signe de m’asseoir. Il va profiter de l’absence des autres pour discuter de notre mission en sous-main ? Mais non, il jette un dossier sur la grande table et disparaît dans la salle de toilette. Funeste entre une minute plus tard, sans toquer. Le dossier parle de rien d’intéressant, de ce que j’ai feuilleté en vitesse. Puis c’est Minus qui se glisse dans l’embrasure de la porte, forcé de se baisser et de se tourner pour ne pas égratigner tous les bords.

Thorn ressort, sapé et coiffé, en même temps que Charme et Prudence pénètrent dans la pièce. On sent vaguement l’immense cuirassé qui manœuvre, contre les vagues, pour se retourner.

« Lieutenants. Nous faisons demi-tour, cap sur Bulgemore, de toute urgence.
- Comment ça se fait ? Demande Prudence. Un scientos a oublié son caleçon porte-bonheur ?
- Une attaque de la flotte des Sunset Pirates était anticipée, donc des garnisons ont été déplacées là-bas.
- Mais on était déjà sur place, fait valoir Minus.
- Apparemment, ils pensaient que nous étions déjà partis. A la date prévue, en fait. Il y a eu un problème de communication.
- On sera contre qui ?
- C’est bien le problème. Plusieurs équipages des Sunset ont disparu à des dates très rapprochées, et l’état-major ne sait pas si les forces convoquées suffiront. Comme nous ne sommes pas si loin que prévu, nous devons aller les aider.
- Et les scientos ?
- Ils restent avec nous. De toute façon, ils n’ont pas vraiment le choix. Nous ferons en sorte qu’il ne leur arrive rien, ni à eux ni à l’Ecrevisse, et ça ira bien. »

On grogne notre assentiment, tout ça. Les ordres, c’est les ordres, hein ?
« Nous devrions arriver à peu près en même temps que les Sunset, par contre. Nous rétablirons les communications denden avec l’île dès que nous le pourrons, pour mettre en place une stratégie. Si nous arrivons avant, nous pourrons prendre le contrôle des opérations et fortifier l’île. Sinon, il faudra faire pencher le cours de la bataille. Des questions ?
- Qui l’annonce aux scientifiques ?
- Moi, évidemment. Par contre, prévenez les hommes, je veux tout le monde sur le pied de guerre et prêt à combattre en arrivant.
- Oui, Commandant. »

On sort, on retrouve le pont. Les Marines font bien gaffe à pas nous regarder directement, uniquement du coin de l’œil, pour essayer de deviner quelle nouvelle on va leur annoncer. Entre le demi-tour et la convocation de tous les lieutenants, c’est sûr qu’il se passe un truc important.
« Putain, j’aurais pas cru qu’on y retournerait aussi vite, que j’fais.
- J’aurais préféré rester là-bas, en fait, dit Minus.
- Dans la neige ? Non, prendre un peu la mer, ça fait du bien, et une température plus clémente, aussi, contre Charme.
- Huhu, grince le rire de Funeste. »
Prudence a juste un grand sourire sur la gueule. Pas d’doute, l’est contente d’aller taper des pirates.

La poignée de jours suivants se passent dans une tension un peu cachée. Tout le monde fait comme de rien mais c’est vers une bataille qu’on s’dirige, et j’suppose que ça pèse sur le moral. Qui va clamser, tout ça.
Dans tous les cas, la plage nord est en vie, et conformément à ce qu’on a appris par denden mushi avec le centre de communications de Bulgemore, la bataille est déjà engagée. Et elle se passe pas si bien que ça pour la Marine.

Un cuirassé qui leur arrive dans le fion, les pirates, ça va leur faire tout drôle.
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- Il se passe quoi là ? Pourquoi on fait demi-tour ?
- T'as pas entendu sergent ? Tout le monde est au courant maintenant.
- Ben pas moi.
- Personne vous a dit ?
- Non, ils pensaient que j'étais au courant comme tout le monde. Pourquoi tu crois que je te demande ?
- Eh, pas la peine de t'énerver non plus. On retourne juste à Bulgemore.
- Eh ? A Bulgemore ? Pourquoi faire ?
- On va .
- Et je suis pas énervée d'abord.
- ... D'accord. On va aider des troupes sur l'île à repousser une attaque des Sunsets.
- C'est qui eux ? Des pirates ?
- Ouais, des pirates. Apparemment ils ont plusieurs de leurs bateaux qui se dirigent vers Bulgemore, mais on l'a appris on était déjà partis.
- D'accord. Ben merci pour les explications alors.
- Ouais. De rien.

Pff, y en a dans la marine d’Élite, ils sont pas polis et ils donnent pas les informations qu'on veut bien vite. Faut faire avec. Pis de toute façon même les pas polis qui traînent ils comprennent vite qu'ils pourraient pas se débarrasser de moi sans me donner les informations que je veux. Parce que je peux être au moins aussi entêtée, que je suis patiente, que je suis plus haut gradée qu'eux en général et donc ils peuvent pas m'envoyer ailleurs faire autre chose. Sauf les Lieutenants et le Commandant, bien sûr. Donc j'évite de leur poser des questions si je peux passer par quelqu'un d'autre pour avoir les informations que je cherche à avoir.

Normal quoi.
Bon bon bon, on retourne sur Bulgemore. C'est ennuyant. Je vais pas avoir de quoi réparer mon bazooka avec ça.
Oh, je sais ! J'vais aller voir quelqu'un qui sait coudre pour lui demander de me rajouter des manches à ma veste. Ou à une autre veste plutôt, comme ça j'aurais une veste normale et une avec plein de manches. Hum, non. Plein de manches ça ferait trop bizarre. Disons ... quatre ? Ou six ? Quatre ou six ? Han, j'hésite. Alors euh ... six c'est comme une araignée. Et quatre c'est comme ... une pas araignée. Quatre ou six, quatre ou six ...
Plutôt quatre. C'est plus facile pour tirer avec des pistolets et ça me demandera moins de concentration et si je veux tirer avec mes pistolets ça sera plus simple comme ça parce que je me suis encore jamais entraînée avec six pistolets. Mais le problème avec ça c'est surtout pour recharger, puis les pistolets ça a une plus courte portée que le fusil. Mais c'est pas un problème la portée vu comme je peux taper loin avec mon pouvoir. Je me demande à quel point loin je peux tirer, d'ailleurs. Non, pas tirer. Faire apparaître des bras, je veux dire. Ou des jambes, c'est pareil. Faudra que je teste. Quand je pourrais tester. Parce que c'est pas sur un bateau que je vais trop pouvoir tester grand chose. Alala, c'est dur ma vie quand même. Obligée d'attendre deux ou trois jours avant de pouvoir faire des tests sur mes capacités et ... Ah zut, je vais même devoir attendre encore plus. On va arriver, on va entrer à la bataille direct.

Bah, j'ai le temps d'y passer.



Les jours passent et on arrive. On voit déjà les navires des pirates, qui ont largué leur équipage sur la plage et qui sont en train de se battre. Enfin, on les entendait déjà avant, parce que le son porte loin sur la mer. Donc y a des pirates qui sont sur les plages et qui partent à l'assaut de barricades en neige creusée par des marines, c'est dingue on reconnaît plus le coin. Pourtant vu le côté de l'île où on est, j'ai dû y passer lors de ... euh ... c'était notre première patrouille je crois. Peut-être la troisième aussi. Est-ce qu'on en a fait trois ? Je sais plus si on en a fait trois. Je crois. Oh j'ai un doute maintenant, c'est malin.

On se rapproche et l'un des trois principâux navires pirates se déporte de ses potes pour venir vers nous. Il arrête de canonner la plage, sans doute que c'est trop compliqué pour eux de faire les deux à la fois. Mais bon, c'est des pirates, on peut pas trop leur en demander. Ils se dirigent vers nous pour nous barrer la route. Nous aussi on se dirige vers eux, mais pas de la même façon. Enfin si mais presque mais pas tout à fait.
Il y a aussi de plus petits bateaux sans doute aux pirates, qui sont échoués sur la plage ou juste à côté. Eux, d'où on est ils ont l'air vide. Je serais pas catégorique parce qu'ils sont encore loin et aussi parce que j'ai pas envie d'être catégorique ou de catégoriser.
Ce que je veux dire, c'est que si on avait été un peu plus rapides, ou un peu plus orientés sur le côté .. tribord, je crois, ben on leur aurait coupé la route et on aurait pu leur tirer dessus avec tous nos canons. Mais là, c'est eux qui sont plus rapides et qui nous tirent dessus avec leurs canons. On a beau être un cuirassé de la marine, on prend quand même une volée de tirs en pleine tronche. Enfin, dans celle du bateau. En pleine coque quoi ! En pleine tronche de coque !

Puis c'est notre tour. Nous on passe pas devant eux, j'ai expliqué pourquoi. On passe pas non plus derrière, même si on aurait pu se venger et leur massacrer les fesses. Enfin l'arrière. De leur bateau, je veux dire.

Non. On les percute. Et c'est comme ça qu'on apprend, si on le savait pas déjà, que la proue renforcée d'un navire de la marine, ça vaut largement un côté de coque de bateau pirate, même grand et solide comme celui-là.
Et si il y avait encore un doute, ils commencent à couler. Enfin leur bateau, pas les pirates. Pas encore.
L'équipage tente de nous aborder. Ils jettent des grappins, ils nous tirent dessus. Ils sautent depuis les voiles, enfin les cordages.
Ils se font massacrer.

La majorité de leur équipage est à terre, à affronter la marine régulière. Celui qui est arrivée avant nous. Nous, on a une division entière de marines d'Elites qui .. pardon. On a une division "entière" de soixante-cinq pourcents environ de ce qu'on devrait avoir normalement. Entre les morts et les blessés trop graves pour le moment. Et ceux qui ont perdu des morceaux qu'on réparera une fois rentrés à MégaVéga. Mais c'est pas la question. On est nombreux, les pirates sont pas nombreux, ils tentent de monter à bord, ils y arrivent pas et coulent avec leur navire. Fin !


Non, pas fin. Pas vraiment. D'abord il y a deux navires de pirates à détruire. Ou abîmer suffisamment pour qu'ils puissent plus de servir de leurs canons. Après la destruction de leur pote, voilà qu'ils arrivent pour nous.

Et bon, qu'est-ce que je peux dire ? Ils avaient beau être deux, on était plus résistants et plus bourrins. Bien sûr qu'on a pris des coups, qu'on a eu des trous et des blessés. Même des morts. Mais à la fin des canonnades, après un dernier coup de bélier, il ne reste plus qu'un navire pirate hors de l'eau. Et celui-là n'a plus de voiles, ni de gouvernail. Sur la plage, ça se bat toujours. Ça va, on a pas perdu trop de temps. Mais j'ai l'impression que les pirates ont atteint les barricades de la marine et sont en train de les submerger. Ou alors c'était déjà ça avant ? J'ai pas fait trop gaffe. En tout cas c'est encore plus une submersion que tout à l'heure c'en était une, ça j'en suis sûre et certaine.

Les navires pirates vaincus, je suppose qu'on va débarquer sur la plage. Je regroupe ma section, un peu éparpillée pendant la bagarre navale. On se rapproche de la plage, puis on va arrêter le cuirassé et descendre en barque. Pas à la nage, sur une île hivernale comme Bulgemore l'eau est trop froide. Puis les fusils aimeraient pas. Et les pistolets non plus. Et les arcs aussi, mais on a pas d'arcs ici.
Bon, donc logiquement, raisonnablement, on va y aller en barque hein ?
Faux ! On y va en cuirassé ... droit sur la plage. Je crois que mes officiers sont complètement fous.
Ou alors c'est pour l'effet de surprise. C'est vachement surprenant une attaque de cuirassé sur une plage. Et puis comme ça on est pas vulnérable dans les barques.

Ça grince, ça s'enfonce, on est secoués et ceux qu'on pas le temps de s'accrocher à quelque chose tombent. Ceux qui s'accrochent à quelqu'un d'autre qui est pas accroché, ou qui est accroché à celui qui l'accroche, ils tombent aussi. Mais on s'en fiche.
On est encore à bien vingt mètres de la plage quand le cuirassé refuse d'avancer plus. Pas si bien pensé que ça le plan, hein ?
Ça va encore être à moi de faire tout le boulot. Je frissonne rien qu'à l'idée de l'idée que j'ai eu. Avec mes pouvoirs et des tas de bras sortis du sol, je soulève le petit bateau pirate le plus proche et l'amène près du cuirassé en vitesse. Et un autre que je range à côté.

- Voilà, on va pouvoir descendre.

Pas que la plupart des lieutenants aient attendu que j'ai fini. Prudence, Funeste et .. comment elle s'appelle elle déjà ? Les voilà qui pataugent dans l'eau glacée, accompagnées de leurs sections qui pataugent aussi, les bras en l'air pour pas mouiller leurs armes. Ils sont bêtes, mais bêtes ... Au moins c'est surtout des armes de corps-à-corps qui craignent pas l'eau, que les pataugeurs ont emporté.
On va pouvoir attaquer les pirates dans le dos. Et si les marines de la régulière tiennent le coup, les pirates pourront pas s'enfuir à l'intérieur des terres. On a perdu du temps avec toutes ces bêtises. Va falloir le rattraper.

- On y va lieutenant ? Les autres ont presque atteint la plage.
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Vrai qu’on est un peu à la traine. Mais on sera vachement moins mouillé que les autres en arrivant sur la plage. Puis on peut aussi utiliser les barcasses un peu différemment et… J’jette un regard circulaire sur le champs de bataille. La plupart des pirates ont engagé les Marines de la régulière aux abords des fortifications. Celles-ci sont disposées en arc de cercle autour du point d’accostage des navires et visent à imposer un feu nourri.

Pour le moment, ça se passe pas mal. On va les prendre en tenailles et les écraser contre les tas de sable. De toute façon, le cuirassé peut plus vraiment pilonner sans risquer de toucher nos alliés. Autour de moi, les faces sont sérieuses, un peu serrées. Y’a que quelques frappadingues comme Prudence et une poignée de soldats de rang qui sourient à pleines dents à l’idée d’aller risquer leur peau. Le genre accroc au shot d’adrénaline.

C’est qu’on va buter des gens.

On débarque un peu à l’écart, côté ouest de la plage, pendant que le reste de la vingtième se déploie en éventail à partir de leur point d’accostage. Y’a des pirates qui trainaient un peu à l’arrière qui ont bien tenté de les arrêter avant qu’ils établissent une vraie tête-de-pont au sec, mais face à Thorn, les lieutenants et des Marines d’élite bien remontés par la perspective d’une bataille, ils avaient pas la moindre chance.

Nous, on fait davantage dans le feutré. Ceux qui notent notre présence sont prestement éliminés par des tireurs d’élite de la section de Jadieu, ou p’tet celle de Scorone. Des gars qui touchent leur bosse au fusil et qui trônaient à la proue de nos embarcations de fortune. Ils passent leurs fusils derrière, en récupèrent d’autres chargés, et continuent à cibler quasi-exclusivement les forbans qui ont la mauvaise idée de nous remarquer.

« Essayez les officiers pirates, si vous pouvez. Des types qu’ont l’air de davantage lever la tête. Ce genre-la.
- Oui Lieutenant, on sait. »
J’essuie la rebuffade légère sans réagir. Mais j’retiens qu’il s’agit de Lunette, quand même.

La coque râcle le sable, et on saute sur la terre ferme, suivis par les autres embarcations. Et on se baisse, pour pas prendre une balle perdue. Les pirates se sont aperçus du reste de la vingtième d’élite qui leur arrive dans le fion, et se retrouvent pris entre le marteau et l’enclume. C’est marrant, parce que chaque groupe réagit un peu différemment. Certains tentent de s’occuper d’abord de ce qui les coince par derrière, et s’ouvrent inévitablement à une riposte de la régulière. D’autres essaient de s’enfuir comme ils peuvent.

Les plus malins redoublent d’efforts pour enlever les fortifications de fortune de la garnison de la Marine, dans l’espoir de pouvoir s’en servir contre les renforts ennemis. J’pense que c’est la conduite la plus saine à suivre, à part à se rendre, évidemment. Mais pas dit qu’on fasse beaucoup de quartiers. Sur notre bout occidental de la plage, justement, c’est la stratégie agressive qui prime, sous l’égide d’un grand brun colossal qui agite une hache aussi énorme. Il aurait fait un bon client pour Minus, dommage.

Lunette et ses potes arment leurs fusils, font feu. Mais le type plonge au sol. Visiblement, il nous avait déjà vus. Et voilà que sa bande saute les fortifications en faisant tourner leurs armes et engagent les réguliers dans un corps-à-corps vicieux.
« Tss. Grouillez, soldats, on va les aider. »
Grognements d’assentiment. Les mains se resserrent sur les armes, puis on sprinte, pliés en deux pour faire des cibles moins attrayantes, sur les dizaines de mètres qui nous séparent du coin de l’assaut. Les pirates encore du mauvais côté font volte-face quand on arrive dans leur dos, qu’on décharge nos mousquets pour ceux qu’en ont. Puis commence le travail au près. Un de mes couteaux transperce un poignet, y reste pendant que j’déleste le type de son sabre, puis que j’lui rends. Entre les deux yeux. Un autre veut se faire le galonné que j’suis, tente sa chance. J’glisse sous sa garde et la paume de ma pogne fracasse son cartilage nasal, l’enfonce dans son cerveau. Il clamse sur le coup.

J’en pare un autre, négligemment, de mon surin, mais il bondit en arrière avec simplement une coupure superficielle. J’lance un coup d’œil à la ronde, pour voir où en est notre escarmouche. Mon vis-à-vis s’applatit contre la fortification de fortune, fait de même. Il a pas l’air jouasse à cause de ce qu’il voit, et jette violemment son cimeterre au sol avant de lever les mains, pour se rendre.
J’fais un geste de la main et un Marine lui tire une balle dans la tête, à quelques mètres de distance. Ca continue à se battre là-haut, sur la barricade, et cette fois c’est à nous d’escalader. Sur un nouveau signe de ma part, ça commence pendant que j’essaie de comprendre ce qui se passe sur le champ de bataille.

La vingtième roule relativement sur la maigre opposition qu’on rencontre. Faut dire, les pirates avaient déjà les mains prises par la régulière avant qu’on arrive. Par contre, ils commencent à se rendre compte qu’on a coulé leurs portes de sorties, et que pour partir, faudra nous prendre les nôtres. L’animal acculé est le plus dangereux, tout ça.

Ouais, là d’où j’suis, ça se passe plutôt crème.

Les premiers soldats arrivent en haut du mur, parviennent à se rétablir. De la gnognotte à côté de BAN, ça. Et ils sont les bras ballants, nous font signe de ramener nos fions. On nous jette des cordes, et j’grimpe le premier, pasque, quand même, c’est moi qui commande, ici. Ha. Le grand pirate d’avant est étendu raide mort, de la cervelle étendue sur cinq bons mètres devant un sabreur qui rengaine après avoir nettoyé son arme.

Pas de gradé potable dans le coin.

« Okay, soldats, on va remonter vers l’est le long des fortifications pour donner un coup d’main là où faut. Si on arrive à les juguler là, ce sera au poil.

Allez, au pas d’course ! »
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On est entrés dans le vif du sujet, si je peux dire. Dans la phase de pains dans la face et de meringues dans la tronche et de ... pains de campagnes dans la figure ? Non, ça ferait deux fois pains. Et puis ça me fait penser à la maison après.

C'est plutôt ennuyeux en fait. Après avoir affronté des robots-pirates et des cyborgs, puis des animaux-cyborgs et des robots-robots, taper de simples pirates ça a pas le même .. euh .. je sais pas trop comment dire. C'est moins drôle ? Mais c'est pas drôle de se battre. Enfin si un peu mais c'est dangereux et tout. J'ai beau être la meilleure du monde, je veux dire, je le serais bientôt mais c'est pas l'important ici, j'ai beau être super forte, ben c'est toujours dangereux le combat. On sait jamais quand on prend prendre une mauvaise balle à la tête. En plus on a pas de casque. Puis les casques en métal ça protégerait pas je parie. Ou pas bien. Faudrait essayer. Me demande où c'est qu'on peut trouver des volontaires.

On arrive sur un groupe plus compact de pirates, qui achève les réguliers de leur morceau de mur. On les bouscule, les renverse et les massacre. Un peu plus long que si ils avaient fini de tuer tous les marines de la régulière vu qu'on doit faire gaffe à pas leur tirer dessus. Mais on allait quand même pas laisser les pirates tuer des marines ! Surtout qu'ils auraient pu essayer de s'enfuir. Là, y en a bien deux trois qui tentent leur chance et fuient, mais Mirette et Lunette leur font exploser la tête. Beurk.
Moi, je tire sur quelques pirates à l'arrière, suffisamment éloignés de marines pour que je le fasse sans risque, mais une fois que les marins d'Elite de ma section et celle de Jadieu sont entrés dans la mêlée, j'ai dû arrêter de tirer. J'allais quand même pas risquer de tirer dans le dos d'un de mes soldats.

Quatre pistolets, un par main. Quand ils sont vides, je m'abrite et les recharge. A l'aide d'autres bras, rapidement apparus, très rapidement disparus. Fait froid sur cette île, quand même. Je parie que ceux qui sont passés dans l'eau ils vont finir avec un rhume, ou les jambes glacées et ... Houlala ! J'ai vraiment bien fait de pas marcher dans l'eau moi. J'aurais été toute fatiguée après, à cause de mon fruit du démon. J'avais complètement pas fait attention à ça.
Heureusement que je voulais pas risquer d'attraper un rhume en allant me baigner dans l'eau froide, alors.
Pendant que les copains nettoient les pirates restants, je regarde par dessus le mur et ouvre le feu sur des pirates restés en bas. Là encore, je dois faire attention. La majorité sont en train d'affronter d'autres marines d’Élites, ceux qui ont chargé droit sur la plage au lieu de faire comme nous et d'être intelligents. Du coup je peux pas juste tirer sans faire gaffe à rien. Je dois faire gaffe à tout. À si j'ai une balle dans le pistolet que je veux tirer avec, à si le pirate que je vise bouge beaucoup, à s'il affronte un marine, à tout ça et encore plus d'autres choses. Bref, faut vachement faire gaffe. Je suis pas trop mauvaise pour tirer mais je suis quand même clairement pas au niveau des spécialistes. Parce que c'est des spécialistes du tir, eux. Ce qui veut dire qu'ils sont vachement plus forts que moi pour tirer. Et ultra méga supra beaucoup plus fort que ceux qui sont bien moins forts que moi pour viser et tirer et toucher la cible.
Non parce que tirer et viser, mais pas toucher la cible, tout le monde peut le faire.

Le groupe de pirate sur le mur éliminé, on reprend la route. Je me demande où sont les officiers de ces marines de la régulière. J'en ai pas encore vu d'importants, pourtant ils en ont trois centaines des officiers. Vu que les divisions de la régulière, c'est des milliers de marines.

Mais bon, c'est pas notre problème. On traverse une zone du mur qui a bien tenu et on se jette sur les pirates qui peinaient à percer un peu plus loin. On les bouscule, on les massacre. J'aime pas ça. J'aime pas ça du tout. Mais bon, c'est eux ou nous. Et s'ils sont devenus pirates, c'est sûrement pas dans le but d'agir pour la justice. Plutôt pour tuer des gens et faire ce qui leur plaît.
Tant pis pour eux, quoi.

Une fois ce morceau du mur nettoyé, on continue vers un autre. Et on répète. Encore et encore. Je commence à manquer de munitions moi, alors j'en emprunte à deux marines de la régulière. Ils sont blessés et on vient de nettoyer leur coin, ils devraient plus en avoir besoin.
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J’cherche un lieutenant ou mieux des yeux. Putain, mais avec les barrettes, ça devrait pouvoir se trouver, quoi. A vingt mètres, au sommet d’une fortification, j’vois le symbole du Gouvernement Mondial caractéristique des commandants. Enfin un type qui pourra nous informer plus que les bribes qu’on a eu par denden avant que les communications ne soient coupées.

On peut pas dire que les Sunset Pirates soient venus les mains vides, s’ils avaient prévu jusque-là. Ca doit être une femelle denden ou quelque chose d’identique, j’me renseigne un peu sur les communications. J’me baisse instinctivement au son des fusils, alors que les balles sifflent autour de moi. D’abord, cap sur le gradé là-bas.

J’suis pas le seul à l’avoir repéré. Une marée de pirates prend d’assaut la barricade et se hissent en haut, avec des grapins ou à la force des bras. Et ce con clamse le premier, évidemment. Le coupable saisit la tête, la sépare du reste du corps et la brandit devant les Marines de la régulière, qui restent figés un instant de trop avant de charger pour les déloger. Une grenade explose au milieu d’eux, et fait un massacre.
De là où on est, les criminels en-dessous ont l’air de s’être pas mal calmés, trop peu nombreux pour représenter un vrai danger. J’vais m’en tenir à mon ébauche de plan pour le moment, et espérer que y’ait pas de trop grosse brèche à colmater. Ou, pire, qu’on se fasse prendre en tenailles quand ça aura craqué derrière nous.

Juste en contrebas, on commence à être vachement plus proche des autres membres de la vingtième, qui se sont maintenant retranchés dans le sable et les petites tranchées taillées à la va-vite par les pirates en arrivant. Alors qu’on était vraiment sur le côté, le gros des forces des Sunset ont plutôt visé le milieu pour faire ployer la ligne de défenses. J’me mets à beugler pour me faire entendre par-dessus le fracas des combats.

« Soldats de la régulière ! Il reste un officier parmi vous ? »

Un type s’extrait de la masse, avec de pauvres barrettes de sous-lieutenant sur son uniforme. Il doit avoir la vingtaine à tout casser et il essaie de se faire pousser une pauvre moustache duveteuse. Puis sa gueule reste un peu figée sur une expression de panique, avec des yeux écarquillés qui regardent partout. Tant mieux s’il fait gaffe, mais moi j’suivrais pas un chef pareil…
« Je… suis l’officier restant pour ce morceau de… mur… Le commandant Dan… Il est…
- Ouais, il est mort, j’ai vu. »
Il tressaille. Putain, une bleusaille complète. Mes sections canardent les pirates restants dans les environs, pour alléger la charge. Mais entre leur assaut et le fait que la bataille commence déjà à durer, il reste plus grand-monde de toute façon.
« C’est toi qu’es en charge, garde bien ton bout des défenses. Nous, on continue à remonter pour donner des coups de main là où on peut. »

Sur un geste, les Marines passent devant moi en trottant vers le nouveau point d’appui. Un cri de Mirettes m’alerte.
« Lieutenant ! Regardez ! »
Sous nos yeux ébahis, une ligne de défense détournée par les pirates est légèrement améliorée par des plantes qui poussent le long des sacs de sable et les fortifications de fortune. Ce qu’elles ne sont plus tellement. Pas avec les tiges épaisses comme deux fois mes cuisses qui renforcent et agrandissent la taille des remparts.
En parallèle, les autres pirates qui servaient d’arrière-garde contre la vingtième dirigée ici par… C’est Charme à la manœuvre, que j’crois distinguer plus bas. L’arrière-garde se hisse dans les défenses à l’aide d’échelles de corde tout en pilonnant à l’aide d’armes lourdes les positions de Charme.

Le plus gros souci, c’est comment ils ont réalloué une partie des défenses pour protéger leurs côtés aussi, à savoir contre nous. Et d’autres canons portatifs sont placés et pointés dans notre direction. On saute tous à terre, et l’obus explose un peu devant. Faut croire qu’ils ont pas encore ajusté le point de vue ballistique. Une rouquine à tatouages distribue des ordres à grands gestes, assise sur une tige verte. J’me souviens de son profil. Shantôciel, du Bossa Nova. Son capitaine doit pas rôder très loin.

La régulière commence déjà à se disperser et à se retrancher comme ils peuvent tout en assurant la défense contre les rares pirates qui essaient encore de monter. J’essaie de voir si Charme veut tenter quelque chose. Le mieux, c’est encore qu’on charge ensemble histoire de diviser les forces. Avec Prudence, j’aurais été fixé, elle aurait déjà commencé à foncer dans le tas.

J’regarde mes sections. On a quelques types qui sont pas trop mauvais en sapeurs. J’les pointe du doigt, et ils montrent un sourire jauni par l’âge, la clope, la caféine, au milieu de barbes épaisses. Ils tirent leurs haches des anneaux passés à leurs ceintures, et des grenades qu’ont l’air semi-artisanales de leurs uniformes.

Okay, maintenant, j’ai plus trop la confiance.

Charme a enfin remarqué notre présence, prêts à chargés malgré les balles, les explosifs, et les obus. J’prends conscience de l’odeur de la poudre, du sang et de la tripaille. Puis on fonce, les sapeurs devant, qui zigzaguent follement au milieu des tirs. Ils balancent leurs grenades en terre cuite sur les défenses. L’explosion fout la honte aux grenades habituelles de la Marine. Ils doivent distiller cette saloperie dans leur coin pendant qu’on glande, j’sais pas.

Au milieu de toute la fumée qui s’dégage on voit un beau trou dans les défenses de fortune, dans lequel on s’empresse de se précipiter, pour arriver au corps-à-corps des pirates et leur fait goûter un peu de notre Justice maison.

Et la rouquine est la première de la liste.
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J'commence à en avoir marre. C'est trop long tout ça. Taper des pirates, taper des pirates, taper encore des pirates ! J'ai pas le temps de m'ennuyer ou de me mettre à réfléchir et c'est tant pis, mais c'est fatiguant et répétitif.

On se lance à l'assaut des barricades érigées par les pirates, en faisant pousser des plantes je sais pas comment. Je veux dire, c'est les pirates qui ont fait pousser des plantes pour renforcer les murs déjà en place grâce à la régulière. Nous, on se contente de l'assaut. Nous en attaque et eux en défense. Et si la bataille traîne et qu'on laisse les pirates faire comme ils veulent, ça va se reproduire de plus en plus souvent. Jusqu'à ce qu'il y ait plus de pirates bien sûr.

Je suis pas dans les premiers à passer la brèche, les plantes l'ont presque comblée. Je tire là où je peux, y a encore trois marines qui passent après moi. Doombeast, une femme d'une escouade de Jadieu et un gars dont je me souviens pas du tout. Il doit pas être assez intéressant pour que je le retienne en mémoire aussi souvent. Il doit être à Jadieu lui aussi. Je fais quand même l'effort de me rappeler des visages de ceux sous mes ordres. Y en a que vingt-quatre après tout. Moins aujourd'hui, après ce qui s'est passé sous les montagnes de Bulgemore.
Bref, les plantes rendent le passage trop étroit pour passer et à ce que je vois, il reste encore bien un quart de la section. Tant pis pour eux, ils vont rater la bagarre. Je monte rapidement sur le rempart, histoire d'avoir un meilleur point de vue sur l'intérieur. J'en profite bien sûr pour assommer à gros coup de poings le pirate qui s'y trouvait déjà. Puis les autres qui sont sur les remparts, je les cogne également. Pas besoin de bouger, mon pouvoir est suffisant pour faire apparaître un bras sur leurs épaules et leur assommer la tête avec de supers coups de poings ! J'suis trop forte.


Pendant que je fais ça, c'est presque fini en bas. Oui bon, on était pas plus nombreux que les pirates, plutôt le contraire. Mais on a des marines d’Élite ici, et pas n'importe quelle Élite. Une solide, pas disciplinée, mais qui sait se débrouiller quand c'est la bagarre. D'abord ça me rappelle plus la rixe dans un bar qu'on avait été chargés d'aller interrompre une fois à l'époque où j'étais dans la régulière, qu'une vraie bataille où on se sert les coudes et on combat en groupe. C'est, je dois bien être honnête, le gros bazar. Même deux gros bazars. Non, non. Trois gros bazars. Oh, non. Quatre gros bazars ... Non, seulement trois.
N'empêche que le groupe des pirates qui se battent diminue progressivement. C'est ceux qui n'ont pas été éliminés dès l'explosion des supergrenades, mais ils auraient peut-être dû. Simplement sonnés et capturés, c'est mieux que tué. Même si le Lit Angus semble préfère l'exécution sommaire. Clairement, j'approuve pas. Mais c'est comme avec le Lieutenant Ishumi. Les Lieutenants aiment la Justice, mais surtout si elle est expéditive. En tout cas mes Lieutenants d’Élite, ils sont tous comme ça. L'un et l'autre.

Le mur éclate à nouveau, un peu moins brutalement cette fois. C'est qu'on a des marines des deux côtés cette fois. Le groupe de Charme entre, certains agitent des couteaux pour couper les plantes et gagner assez de temps pour que tout le monde passe. Le reste des sections d'Angus, ceux qu'étaient restés coincés dehors, les accompagne. A quatre sections complètes, enfin aussi complètes qu'on peut, c'est vite achevé.

Rapidement reste plus que leur chef. Une femme rousse avec des tatouages partout même sur le visage. Elle avait un fusil, fin une arquebuse, mais elle l'a lâché à la fin pour se défendre au corps-à-corps. Elle a vu qu'on accordait pas de pitié à ceux qui se rendent, alors elle semble vouloir se battre jusqu'à la fin. Voilà pourquoi c'est stupide de tuer les gens, surtout sans procès !
Bon, je dis ça mais même si des plantes poussent vite pour essayer de la protéger, elle est finie. Elle a tiré avec son arquebuse plusieurs fois, le groupe de Charme semble avoir laissé des morts sur la plage et nous on a l'air d'avoir des blessés supplémentaires, mais c'est trop tard.
Seule, je parie que je pourrais la battre. Ouais elle a des plantes pour la protéger, même dans le climat froid de l'île. Moi, c'est des coups de poings que je peux faire pousser n'importe.

De toute façon, elle est face au Lieutenant. Et à d'autres marines de nos sections à Jadieu et à moi, mais ils sont pas fous, ils s'approchent pas trop. Le Lieutenant sait faire, le Lieutenant se débrouillera très bien tout seul, hein.

Et effectivement, le Lieutenant Angus se débrouille tout à fait très bien. Moi je m'assois sur le mur, les jambes pendantes vers l'intérieur, pour mieux voir leur affrontement. Puis comme ça je suis pas vraiment visible depuis en dehors. Je me demande si je devrais pas faire apparaître quelques poings pour la distraire, le temps qu'Angus s'en occupe. J'hésite, parce que j'ai pas envie d'être complice d'un meurtre. Mais bon, d'ici à ce que je me décide, il a joué avec ses couteaux, fait des moulinets, un mouvement suprarapide qui doit être un soru et lui a tranché la gorge sans qu'elle ait eu le temps de voir où le Lit était passé. Dans son dos.

Bon ben c'est une zone de plus de nettoyée. Je me relève et commence à regarder où on va aller ensuite. Je vois une série de murs, un peu plus loin, où ça a l'air de se finir. Sauf que c'est les pirates qui semblent avoir gagné là-bas.
Avec mes pouvoirs, j'attrape Mirettes en bas dans la cour et l'aide à monter sur le parapet sans lui demander son avis.

- Tu vois quoi là-bas ? que je lui demande en montrant du doigt là où je pense qu'on devrait aller maintenant.
- Des pirates. Mais ...
- Mais quoi ?
- J'dois mal voir.
- Mais tu vois quoi ?
- Ben sauf si j'me trompe ... leur chef, il ressemble à un gros caillou.


Dernière édition par Gallena Scorone le Dim 10 Avr 2016 - 9:59, édité 1 fois
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J’souffle un coup après m’être occupé de l’autre, avec son fruit du démon des plantes pas si fruit du démon que ça. Charme finit de nous rejoindre sur notre morceau de barricade, et on jette un regard sombre aux cadavres accumulés. Pour la sous-couche, des Marines de la régulière. Puis ensuite du pirate, avec tout ce que ça implique de membres manquants, de vêtements bariolés et mal assortis, et d’armes hétéroclites.

Mais, surtout, ils puent tous pareil, la mort, le sang, les entrailles… Enfin au moins, quelques-uns seront rapatriés, morts au champ d’honneur, avec toutes les conneries qui vont avec.

Puis Scorone et Mirettes nous alertent. Les pirates ont dû mener une offensive un peu plus sérieuse ou appuyée de l’autre côté de la plage et font comme nous autres. Ils remontent en écrasant les défenses sur leur chemin, ou simplement en les prenant. J’vois d’ici le reste de la vingtième qui s’retrouve à prendre d’assaut ce qu’elle devait protéger. Ca doit faire ricaner Funeste et grincer Thorn.

Des protections gentiment construites par Shantôciel, on observe le gros caillou, Babell de l’équipage du Majestueux, qui fracasse un tas de sacs de sable puis fait trembler le sol en abattant ses poings énormes au sol. La fraction de garnison placée là tente de se défendre, mais les balles ricochent sur le meneur. Pas sur ses copains, cela dit, eux ça les traverse, donc une partie tombe. Mais ils sont galvanisés par l’invincibilité de leur leader, et ça nous arrange pas trop.

Notre groupe de six se regarde.
« Faut s’occuper du gros caillou, que j’dis.
- Comme de tous les autres, oui, ajoute Charme.
- Si on le frappe assez il cassera, comme tous les cailloux, fait Scorone.
- Oui Sergent, mais d’habitude les rochers marchent pas en tuant des gens. Et les éboulis comptent pas.
- C’est quoi la situation, sur la plage, Charme ?
- Dur à dire. Nous nous sommes écartés, en éventail, pour couvrir le plus de terrain possible et soulager la régulière partout à la fois. Je crois que Funeste leur court après à l’autre extrémité. Minus est coincé dans un creux. Thorn est bloqué par des tireurs qui arrosent sa position après avoir pris la barricade très rapidement. »

On pondère la situation quelques instants.
« Faudrait réussir à sortir Thorn de là, p’tet en contournant.
- Mais ça laisse le problème de Babel, dont il vaut mieux s’occuper de suite, tant que nous sommes en force, rétorque Charme.
- Ouais.
- Il faut qu’on s’en débarrasse rapidement.
- Tu crois qu’une section pourrait se faufiler par l’intérieur des terres, soit pour arriver dans le dos de Babel, soit pour dégager Thorn ? Minus, il se débrouillera bien. Au moins il risque pas grand-chose. Si on débloque la situation à ces endroits-là, ça devrait libérer nos hommes et nous permettre de profiter de l’avantage numérique.
- Puis de prendre le reste du champ de bataille, c’est ça ?
- Dans l’idée, ouais. »
Ca grogne son assentiment autour du cercle de sergents et lieutenants. Va pour ça, Angus, grand spécialiste de la tactique militaire, tout ça. Si ça marche, j’veux dire. Mais t’façon, c’est une section de Charme récupère cette responsabilité. Ils se glissent hors des protections et foncent vers la forêt, considérablement plus enneigée que la plage. Faut dire, entre les obus, le vent, et la mer, la neige doit mieux tenir sous les branches.

Nous, évidemment, on reste pas les doigts d’pieds en éventail. Sinon, ils risqueraient de cramer la manœuvre de contournement, et pour peu qu’ils puissent communiquer ou réagir, ça serait naze. Surtout pour la section esseulée et isolée. On sonne la charge. Il a beau être un gros caillou, si on s’y met tous ensemble, avec Charme, Jadieu, Scorone, moi… Putain, ça devrait aller, quoi. Babel attrape un énorme sac de sable, le lève au-dessus de sa tête. Puis l’envoie sur notre groupe. Deux Marines se font projeter au sol par l’impact, des membres démis ou simplement assommés. Les autres pirates nous raillent, crient de joie, se marrent.

Rira bien quand on sera là.

Une brunette court à côté de moi, un fusil en main, les yeux fixés sur la ligne ennemie. A un moment, elle se jette au sol, fait un roulé-boulé puis termine allongée, en position de tir. Le pirate juste à côté de Babel tombe par terre, le crâne explosé par la cartouche qu’elle tient de lui coller. Sympa. Les autres qui savent un peu tirer font pareil, pour nous couvrir sur la fin de la charge, et il faut pas long pour qu’en face, ça s’abrite derrière les protections de fortune.

Il nous en faut moins pour arriver sur leurs positions et commencer la grimpette, pendant que j’gueule de se bouger le fion un peu plus vite que ça. Quand la première vague est passée, menée par Charme et Scorone, j’bondis jusqu’en haut, davantage grâce au Geppou qu’à de vrais appuis. Un Rankyaku empêche les forbans de réagir trop tôt et j’atterris sur la tête-de-pont qu’on a établi à la va-vite.

Babel est à dix mètres, derrière une muraille de ses petits copains.

Deux couteaux apparaissent dans mes mains après un rapide mouvement du poignet tandis que Scorone arme ses poings et Charme sa masse d’armes.

On arrive, mon gars, on arrive.
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Notre objectif, c'est le rocher ambulant. Nos obstacles, c'est les pirates sur le passage. Nos moyens de les enlever ? C'est les tireurs sur les côtés, c'est le groupe qui charge au centre dont je fais partie, c'est ceux partis faire le tour qui sont pas encore rarrivés. Parce qu'ils ont un chemin plus long à suivre. Eh, moi ça me va. Au pire on aura fini avant leur retour. Ils auront qu'à aller aider le commandant à se sortir des ennuis où il parait qu'il est.
Mais ! Ça sera possible seulement si on fait ça bien et vite de notre côté. Moi j'suis d'accord.

En face de nous, y a des pistolets, de vieux mousquets et des fusils, mais la plupart des pirates semble pas en avoir. De toute façon la plupart sait pas tirer j'pense vu que tout part à côté et dans le sol et dans la neige. Ils doivent préférer les sabres, comme tous ceux qu'ils agitent en l'air pendant qu'on court sur eux. Pour impressionner ou faire peur ? Sais pas, en tout cas ça marche pas sur moi.
Ils doivent se dire pareil après avoir pris plusieurs tirs. Que ça marche pas tout court.
Alors ils braillent bien fort et ils se mettent à courir. Dans notre direction. Et leur chef-caillou est avec eux, bien sûr. Même qu'il est dans les plus rapides, il est rapidement en tête. En chemin il a récupéré un caillou .. un rocher plutôt qu'il lance dans un mouvement vachement sportif. Nan mais vraiment, c'était fluide et tout. Et en pleine course en plus. Dommage qu'il se dirige vers nous. Bon moi si je voulais je m'en fiche, je suis rapide aussi et le rocher va passer derrière moi.
Le soucis, c'est que c'est les marines derrière qui vont se faire écraser par le rocher. Et comme je suis dans les officiers et que je crois pas qu'Angus et ses ptits couteaux va pouvoir faire grand chose, c'est moi qui m'en charge.

Je fais pousser d'une série de bras au bout desquels poussent d'autres bras puis encore d'autres bras puis encore et encore et encore et encore et encore. Et encore. C'est lourd, c'est pas stable. Je suis obligée de ralentir et d'ajouter des jambes pour soutenir la structure en vitesse. Tout ça pour attraper un rocher volant et l'amortir et ... zut il est lourd quand même malgré tous mes bras. N'empêche que si l'autre peut faire catapulte avec un seul bras, moi je peux faire encore mieux avec tous ceux que j'ai. Je plie "les bras" en arrière, devant moi le corps-à-corps s'est déjà engagée. J'suis presque la dernière quand je vais le lancer.
Et qu'à la place je crie, surprise, j'ai mal. Tout disparaît, sauf le rocher qui tombe juste derrière moi. Et deux de mes quatre pistolets par terre, vu que j'ai aussi laissé disparaître les mains qui les tenaient J'ai pris une balle, j'ai pris une balle ! Où ça ? Ah, sur un bras disparu ! Mais pourquoi y a du sang sur mon vrai br.. ah oui. Aïe aïe aïe aïe aïe ... c'est pour ça que j'évite de les garder apparus longtemps quand y a des méchants qui menacent de les cogner ou de tirer dessus. J'avais oublié .. j'aurais pas dû oublier qu'après les blessures, c'était sur mes vrais bras et jambes que ça apparait. C'est pas bien du tout, je fais que des oublis là. Bon, ça saigne, pourrait être pire. Mais ça fait un mal de chat ! Ou de canard, je sais plus. Puis c'est pas l'important. Est-ce que je vais chercher un médecin ? Est-ce que j'ai le temps pour ça ? Non, bien sûr que non j'ai pas le temps.

Je me rapproche de l'affrontement, une main plaquée sur la blessure, les quatre pistolets récupérés mais un rangé à la ceinture. J'ai vite remonté la manche de mon manteau et j'ai ramassé de la neige a quelques mètres de là où j'étais pour la mettre contre la blessure. Pas la neige de surface qui est un peu pas propre surtout avec la poudre à canon qui s'est déposée dessus, mais la neige juste en-dessous. Plus propre, normalement.

..Zut quoi. J'vais rejoindre la bagarre, mais là j'ai vraiment plus envie d'être à faire un combat équitable ou quoi. Je me fraie un chemin vers ce qu'on va appeler la ligne de front faute d'autre nom, dès que je vois un pirate des bras poussent sur lui et il se fait cogner partout. Surtout sur les emplacements vulnérables. Yeux, gorge, oreilles, entrejambe, poitrine pour les femmes. J'ai vraiment pas envie de jouer. Et même si c'est que des coups de poings, pas grand monde peut résister à ça longtemps.

La plupart résiste même pas à la première dizaine de coups. Et si y a une chose que je fais bien faire moi, c'est taper VITE.
T'es un pirate ? T'es par terre à gémir ! T'en es un aussi ? Pareil ! Et toi aussi ! Et toi ! Et t.. mince c'était un marine elle, heureusement que j'ai pas donné plus de trois coups. Ou quatre. Peut-être cinq mais vraiment pas plus. Assez embêtée quand même, j'utilise mes pouvoirs pour ramener ma victime accidentelle en arrière en la protégeant en même temps le temps qu'elle s'en remette. Ensuite au suivant ! Aux suivants ! En faisant plus gaffe cette fois ....

Je laisse le gros caillou aux lieutenants qui ont l'air de très bien s'en tirer. Ou en tout cas qui font très bien distraction. C'est pas avec mes poings que je pourrais casser ce genre d'armure, même avec mes gants en métal.
Pas grave. J'ai encore assez de pirates à assommer pour m'occuper. Même si ça va pas prendre trop longtemps.
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J’cligne des yeux pour écarter la sueur qui manque de couler dedans et j’reprends mon souffle. A quelques mètres, Charme laisse perceptiblement le bout de sa masse reposer au sol. Babel fait rouler ses épaules pour les assouplir pendant qu’autour, les combats continuent. Le sergent de ma binôme s’est fait étendre dès le début de l’affrontement et Jadieu dirige les hommes contre ceux du caillou. Avec Scorone, de ce que je suis vaguement, ça se passe bien.

En fait, Babel a beau être rapide pour son gabarit et sa puissance, de ce côté-là, j’ai pas trop de risque de me faire toucher. Les coups sont pas télégraphiés mais j’arrive toujours à m’en sortir sans trop de mal. Nan, c’qui est chiant, c’est ce corps. J’sais pas s’il a bouffé un fruit du démon ou quoi, les informations ont l’air de dire que non, mais putain qu’il est dur.

J’ai déjà pété deux couteaux sur sa carapace, sans parvenir à l’entamer sérieusement. J’vais arriver en rupture de stock, à ce rythme. D’ailleurs, j’en ai pas sorti d’autres. On va revenir aux bases, le Rokushiki. Pas le Shigan, j’veux pas me détruire les doigts, encore qu’en couplant p’tet avec du Tekkai… J’note d’essayer, si la situation se débloque pas. Mais Charme est plus dangereuse pour lui, avec sa masse d’armes. Et c’est clairement de ça qu’il se méfie. Y’a quelques creux dans ses bras là où ça a déjà touché.

En même temps que la lieutenante d’élite, j’me projette au corps à corps d’un Soru, et j’dévie un coup de coude vers mon visage. Le genou qui arrive ensuite me sert d’appui pour sauter au niveau de sa tête et lui coller un coup de pied retourné qu’il esquive d’une inclinaison du buste. Bien trop vif pour sa corpulence. La masse de Charme impacte la jambe restée au sol au niveau de l’articulation. Elle la tenait à deux mains, a bien pris son élan. La rotule plie un peu et il tombe au sol, mais se rétablit d’une pirouette.

Et fait manifestement peser son poids sur l’autre jambe. Tellement manifestement que ça sent un peu le traquenard.

Mais pour le moment, on le jugule bien, et on a le contrôle du reste de la situation. Finalement, tant qu’on l’empêche d’inverser la tendance, il se retrouvera tout seul et se rendra bien compte qu’il a aucune chance. P’tet même qu’il se rendra. On reprend la même procédure. J’passe devant, j’essaie d’occuper son champ de vision pour libérer de l’espace pour Charme. Qu’elle prenne son élan, frappe là où ça fait mal.

Ce coup-ci, il m’ignore carrément, se contentant de se mettre en garde haut pour protéger son visage et son champ de vision. Ses yeux abrités derrière les poings, j’arrive pas à passer. J’écrase mes phalanges contre son foie, sa rate. Sans susciter la moindre réactions, ses muscles massifs encaissant tout ça. J’réessaie, en renforçant au Tekkai Kenpo, pour avoir moins mal de mon côté. Derrière moi, j’sens Charme qui attend son heure, le moment où il sera assez déconcentré.

Il tressaille à peine alors que mon souffle se fait plus court à force d’enchainer les attaques, sans succès au demeurant. Si y’a bien un coin qu’on peut pas rendre plus solide, cela dit, c’est bien les mirettes… Un Geppou me met à la bonne hauteur et j’glisse ma main dans sa garde, avec l’index et le majeur tendus pour l’énucléer. Il plisse les yeux, tente d’enfermer mon poignet tout en décalant la tête vers la droite.

C’est le moment choisi par Charme pour y aller. J’m’en serais douté. Le souci, c’est que lui aussi. Son autre bras m’écarte comme on le ferait d’une mouche et, en l’air sans appui, j’peux que me laisser faire. Puis il abat son panard au sol et envoie un uppercut à la vieille virago. En plein élan, elle peut esquiver qu’en abandonnant sa masse d’armes, qui le touche sans poids derrière, juste l’inertie. Autant dire que ça lui fait rien du tout.

Il enchaine avec un coup de pied au niveau des côtes qui l’envoie au sol, les mains posées sur la blessure. Putain. Son arme rebondit par terre, un peu loin de moi. J’vais en rester à ma stratégie. Tout s’est passé tellement vite que j’ai pas eu le temps de toucher le sol. J’fais un Geppou avec les mains pour ralentir en l’air, et j’colle un Kamisori pour m’déplacer rapidement. La combinaison avec le Soru me fait apparaître juste devant lui alors qu’il repose à peine la jambe. Le Shigan perce l’œil droit, puis le gauche avant que j’recule d’un salto en plein air.

Il lève les mains à son visage et laisse échapper une inspiration saccadée, puis un grognement et enfin un cri. Charme se relève difficilement pendant que j’fonce vers la masse d’arme et la ramasse. Plus lourde qu’elle n’y paraît, entièrement en métal, mais doit y avoir quelque chose dans la tête, pour que ça pèse comme ça.

Avec l’élan, j’fais un tour complet sur moi-même et j’l’abats dans le genou déjà touché par la lieutenante dans un échange précédent. Cette fois, il casse purement et simplement et la peau arrachée dévoile l’articulation brisée, et les tendons qui tiennent encore à peine le tibia. Le goliath tombe au sol, une main en train de se baisser vers sa jambe. Levant la tête métallique le plus haut possible, j’joins ma force à la gravité pour la faire tomber le plus méchamment possible sur le visage de Babel.

La main amortit le choc, évidemment, celle qui touche pour voir où sont passés les yeux. Mais ça suffit pas pour un coup pareil, et j’entends distinctement le craquement de la multitude d’os qui font une pogne. Puis celui du pif en-dessous. Il tressaille, puis son corps se relâche totalement. Charme arrive, le pousse du bout de la botte.

« Tu crois qu’il est étendu ?
- Mort, j’pense pas, mais l’a l’air évanoui.
- Résistant, quand même.
- Putain, ouais. »
Autour de nous, l’échaffourée s’achève sur la victoire des Marines emmenés par mes deux sergents, tandis que celui de Charme est ranimé par ses hommes.
« On l’achève ? Que j’propose.
- Pour quoi faire ? On le tient, là. On n’a qu’à l’attacher.
- Ouais mais bon. Ca veut dire le surveiller, on n’a pas que ça à foutre.
- Et la justice ? Le jugement ?
- On sait tous qu’il va finir dans une prison.
- Oui, très bien.
- Et les frais carcéraux ? Sans compter qu’il faut encore qu’on le tienne jusqu’à la fin de la bataille. Imagine, ça se passe mal, il se libère, ou ses potes le retrouvent, ou…
- On l’attache et on le laisse là.
- Tu veux l’attacher avec quoi ? Ca serait rudement plus pratique de s’en débarrasser. On est sûr qu’il reviendra pas nous hanter. »

Les hommes écoutent notre petit désaccord avec désintérêt, à quelques exceptions près. M’gonflent, ils ont pas mieux à faire ? Sur un signe de Charme, un type approche avec des menottes en granit marin qui passent à peine aux poignets massifs de Babel. D’autres lient ses chevilles.
« Sans compter que vu le mal qu’on a eu à le mettre K.O., t’imagines le temps qu’il faudra pour l’achever ?
- En passant par les trous que j’ai fait dans les yeux, doit y avoir moyen, quand même, d’arriver au cerveau et…
- De toute façon, il est attaché, là. »
Ca m’ennuie un peu, mais un champ de bataille, c’est pas forcément le lieu pour argumenter. Y’a aussi l’histoire de l’ancienneté, à laquelle les Marines attachent de l’importance. J’ferme les yeux deux secondes pour pas les lever au ciel.
« Mouais, okay. Mais, putain, si ça revient nous mordre, ça sera pas volé. »

C’est pas tout ça mais l’autre moitié de la zone de combat tourne pas spécialement en notre faveur, donc il serait temps de faire basculer tout ça du bon côté. Le nôtre, quoi.
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- Lieutenant ?
- Ouais ?
- Faudrait que j'aille à l'infirmerie.
- Au milieu du champ de bataille ?
- Euh. Sur le cuirassé sinon ?
- Vous êtes mourante ?
- Non non, juste blessée.
- Comme plein d'autres. Vous endurerez. Allez regrouper vos gars et on y va.
- Mais ..
- Vous aviez pas l'air si blessée que ça tout à l'heure.
- Adrénatruc.
- Quoi ?
- C'est à cause de l'adrénachose, là. Je sais plus le nom.
- L'adrénaline ?
- C'est ça. C'est à cause de ça.
- Que vous êtes blessée ?
- Que je sentais pas la blessure.

Le lieutenant passe sa main sur son visage et pousse un soupir.

- Allez rejoindre votre section et arrêter de me casser les noix Scorone.
- ... .. ..

Je cherche une réponse, mais je trouve pas quoi répondre. En plus c'est pas poli ce qu'il dit mais vu la situation je vais quand même pas le lui dire. En plus je parie qu'il le sait et qu'il fait ça juste pour m’énerver. Eh ben ça marchera pas, désolée de le dire. En fait non, pas désolée du tout. Na.

- ... .. ... Oui Lieutenant ...
- Et faites pas cette tête. C'est pas pour ça que vous êtes dans l'Elite, pour vous battre ?
- D'habitude ça fait moins mal, je marmonne en réponse.


Je remets rapidement de la neige sur la blessure et j'arrache un morceau de tissu qu'a l'air pas trop sale au tee-shirt d'un pirate mort. Je le trempe dans la neige et m'en sert comme bandage de fortune. Le froid est pas agréable mais c'est mieux que perdre mon sang sans rien faire.
En même temps, je regroupe ma section. Des blessés, mais toujours aucun mort. C'est bien. J'ai pas l'habitude. Mais c'est bien.

Les deux Lieutenants donnent rapidement le signal du retour au combat. On part dégager le commandant Thorn et on continue pour décoincer les sections du Lieutenant Minus. Fin sauf si le Commandant a un autre plan après, mais c'est pas dit. Avec notre détour sur l'homme de pierre, le groupe qui contournait les pirates semble avoir continué vers Thorn pendant qu'on achevait notre travail. Je pense. Pas sûre. Pas grave.

- Allez on y va !

On suit les sections de Charme et celle de Jadieu. Dans ma section entre ceux restés sur le bateau blessés, les morts de l'autre jour et les deux suffisamment blessés pour rester en arrière dans des unités de la régulière en train de se reformer et qui verront sûrement plus de combat de la journée, on est cinq, six, sept. Oui, sept. Ça fait quand même pas beaucoup, sur treize qu'on était en arrivant sur l'île. C'était y a même pas un mois.
Comparé aux six mois passés à entraîner des marines d’Élite au BAN, c'est pas rentable.

Bon bref, c'est pas vraiment le sujet. On court avec les autres, une nouvelle fois on prend les pirates de flanc et même s'ils savent qu'on arrivait, ils doivent se battre sur trois fronts. Oh, zut. Deux fronts, le groupe de réguliers qui tenaient le coin ont fini de s'effondrer. D'un autre côté, comme ça rend encore plus facile de tirer dans le dos des pirates qui croient bêtement qu'ils ont une chance de s'échapper par ce côté, c'est pas forcément ultratrop grave.
C'est surtout gênant pour les marines réguliers qui étaient là avant quoi.

J'ai un bras blessé, quatre pistolets armés et pour augmenter la cadence, j'ai aussi attrapé mon fusil. Je monte sur un rocher quand j'ai fini de recharger, j'en redescend quand j'ai vidé mes munitions. Et je recommence, en changeant d'emplacement de tir pour ne pas être trop facile à atteindre. Même si les pirates ont sûrement d'autres idées en tête que d'attendre que je montre la mienne, mes cheveux roses sont trop coolos pour que je prenne un risque stupide.
Une fois pour changer, je me soulève en faisant apparaître des pieds sous mes pieds. Je le fais pas souvent, parce que c'est pas toujours génial pour l'équilibre. Mais là c'est juste pour tirer quelques secondes. L'important c'est de tirer sur les pirates et pas sur les marines, sinon c'est pas bien grave la précision. Au pire ça tape par terre ou sur des cailloux.


Devant, c'est un corps-à-corps furieux, mais plutôt court. Les pirates qui tentent de fuir soit se font massacrer ... soit réussissent. Réussissent surtout à tomber sur l'unité détachée, qui finalement a pris la place des réguliers massacrés, a pour cela repoussé et tué les pirates du coin, et qui maintenant tire sur ce qui bouge et est un pirate. Ou quelque chose comme ça. Peut-être une histoire de spaghettis. Mais c'est pas vraiment le moment d'essayer de me rappeler.
Ceux des pirates qui ne tentent pas de fuir se font massacrer. Que ça soit par Thorn, Angus, Charme ou quelqu'un d'autre, ça ressemble parfois plus à couper de l'herbe qu'à un combat cette affaire. De l'herbe carnivore armée de sabres rouillés et de tromblons pourris, mais quand même.

Territoire nettoyé, une fois de plus. Ça vaut vraiment pas un robot ces pirates.

Bon, maintenant on part sauver Minus et ce qui reste de ses sections ou le Commandant a d'autres idées en tête ? Non parce que même si la régulière côté île se fait massacrer, ça serait embêtant qu'on perde un Lieutenant côté plage.
Le Lieutenant Prudence, j'ai pas la moindre idée d'où elle peut être. Avec Minus peut-être ? A l'autre bout de la plage par contre, c'est le Lieutenant Funeste qui gère. On voit mal, on en est encore qu'à la moitié de la plage. Mais ils ont l'air d'avoir les choses en main, là-bas.


Dernière édition par Gallena Scorone le Dim 10 Avr 2016 - 10:05, édité 1 fois
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Tous les officiers de la Vingtième se regroupent autour de Thorn sur un signe impérieux de sa part, pendant que ses yeux fouillent le champ de bataille à la recherche d’informations qui lui permettraient de finir de prendre le contrôle de la plage, de sauver des types de la régulière ou de se débarrasser définitivement de ces pirates. Il passe sa main dans ses tifs pour les refoutre en arrière.
« Bon. Situation de votre côté, Angus ?
- On a nettoyé la plage en partant de la bordure, et en sécurisant toutes les défenses qu’on pouvait. On défendait les points chauds aussi, quand y’avait l’occaz’. Normalement, la garnison doit les réinvestir et reprendre la défense contre les quelques pirates qui restaient dans le coin.
- D’accord. Charme ?
- Avec mes sections, nous les avons rejoints un peu plus loin pour avancer de concert. Nous avons éliminés deux quartiers-maîtres.
- Donc il reste les deux capitaines ?
- Sauf s’ils sont partis ailleurs ou bien si Minus ou Funeste les ont eus.
- Oui, enfin...
- Une section de Charme est aussi partie devant en passant par l’intérieur des terres pour aller soulager Minus et Funeste, que j’ajoute.
- Bon. »

Il pondère quelques instants, inspecte l’état de nos troupes, le champ de bataille.
« Les blessés s’étendent progressivement ici pour établir une zone sécurisée avec les chirurgiens qui commencent à opérer. Les autres continuent d’avancer le long de la plage pour nettoyer.
- A vos ordres, Commandant ! »
Une section reste aussi pour couvrir les blessés et s’assurer qu’aucun pirate leur tombe dessus pendant qu’ils sont occupés à mourir ou à se faire amputer. Puis on se remet en ordre de bataille.

C’est Thorn qui mène l’assaut, et on le suit tous, menant chacun nos hommes. Il suffit qu’on avance de quelques dizaines de mètres dans le fracas des explosions et des coups de feu qui redoublent d’intensité pour voir que le Lieutenant Minus est mal en point. Sa position est maintenant pilonnée sévèrement et il peut à peine en bouger pour venir prendre d’assaut les défenses totalement investies par des forbans retranchés.

En plus de ça, on s’met à détecter un signal de détresse sur le côté, vers l’intérieur des terres. La fumée qui s’élève juste à ce moment-là de la forêt enneigée laisse pas trop de doute sur ce qui s’y passe. La section de Charme a dû tomber sur un os. Le Commandant regarde les deux zones probables.
« Angus, vers l’intérieur des terres. Réglez ça là-bas puis venez prendre à revers les pirates en face, si nous ne sommes pas parvenus à la déloger.
- Sauf votre respect, Commandant, ce sont probablement mes hommes qui…
- Justement, Lieutenant Charme. Vous n’avez plus qu’une section sous vos ordres, et cela ne suffira peut-être pas à rétablir la balance. »
Elle ravale ce qu’elle allait dire en fermant sa bouche, plisse les mirettes sur le commandant, de plusieurs années son benjamin, puis les porte sur moi. Oui, oui, je hoche la tête, le regard plein d’assurance de celui qui va sauver ses soldats.

Puis j’y file, ça va pas se faire tout seul.

Malgré ses plaintes, le Sergent Scorone est quand même venue avec les hommes, et j’note qu’ils sont tous encore là, sauf ceux qu’étaient cassés d’avant. Sur un signe de ma part, on y va au pas de course, un peu pliés en deux quand même histoire de pas trop attirer l’attention. Derrière nous, ça canarde sur la défense des pirates, et dans l’autre sens aussi. Bah, ils s’en sortiront bien.

On s’enfonce dans le sous-bois, et le sable laisse la place à la neige encore vierge à part quelques traces de piafs et autres petits rongeurs. On ouvre notre chemin avec de la poudreuse jusqu’aux genoux, en prenant appui sur les arbres proches pour se tracter vers l’origine des bruits. C’est fou mais rien que les branches et la neige, la bataille de la plage semble plus lointaine, avant que le bruit de l’échaffourée n’arrive jusqu’à nous. Les soldats raffermissent leurs prises sur leurs armes, pataugent de plus belle pour aller aider les copains et les copines.

On arrive à une p’tite clairière toute gentille, avec le ruisseau gazouillant qui la traverse, même s’il a l’air soit gelé soit à sec pour le moment. Les balles volent, le sang tache la neige. C’est sûr que c’est moins champêtre avec les cris des blessés et les râles des bientôt morts. Les Marines maintiennent un tir de barrage pendant que les pirates progressent petit à petit, sous la couverture des arbres.

Une brunette avec des fleurs tout le tour du crâne mène la danse côté forbans, plus rapide et tout que les autres. Avec le gros caillou, il faut pas être un génie pour voir que c’est la capitaine, dont l’nom m’échappe sur le moment. J’cligne des yeux.

De toute façon, on va pas faire dans la subtilité. On arrive de flanc, ils viennent de s’engager au corps à corps juste sous nos yeux. On les prend en tenailles et on en termine ici pour retourner sur la place.

« A l’assaut ! »
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On ouvre le feu.
Ça y est, ils sont morts, plus de pirates, on a gagné.

Ben quoi ?

Les choses ne marchent pas comme ça ? C'est jamais aussi simple ? Tss tss, mensonge. C'est tout à fait possible.

Oui d'accord, c'est possible mais c'est pas arrivé comme ça.

Ça aurait été bien n'empêche. J'suis blessée moi, je vais pas rester me battre pendant des heures. C'est pas raisonnable.
Mais depuis quand l’Élite serait raisonnable ? Hein ? Jamais, hihi. N'empêche que c'est fatiguant tout ces combats. Alors pendant que les autres se ruent à l'assaut derrière le Lieutenant, je me hisse dans un arbre histoire d'avoir une meilleure vue d'ensemble. Comme ça je pourrais tirer plus facilement. Et comme ça je suis assise sur une branche et je peux me reposer un peu. Je prends le temps de viser et je tire dès qu'un pirate marque une pause ou court en ligne droite vers moi. Pour aller affronter la masse de marines braillards qui court après Angus, par exemple. Je veux dire, les deux sections de fiers soldats de l’Élite qui suivent vaillamment leur Lieutenant au combat.

A ce moment-là dans la bataille, on a pour ainsi dire trois groupes.
Les soldats de Charme, qui sont en train de se faire défoncer la tête en morceaux. Vraiment. Celle qui doit être la chef de ce groupe de pirates, quand elle est pas en train de lancer des couteaux qui touchent assez souvent leur cible, elle donne des coups de pieds et des genres de claques qui laissent de sacrées traces dans les troncs d'arbres - d'ailleurs elle a l'air embêtée vu qu'elle semble s'excuser à chaque fois qu'elle en cogne un, enfin je crois j'entends pas de là où je suis -, les rochers et les visages. Soldats d'Elites mais soldats vachement dans la panade. Je comprends qu'ils aient lancé un signal de détresse.
L'autre groupe, c'est les pirates, qui pour la plupart sont en train de se replacer en courant pour accueillir la charge d'Angus.
Et pour finir, bien sûr, les deux sections d'Angus qui courent, derrière Angus.

Contact. Ça commence à se cogner entre les groupes deux et trois. Le groupe un, vu qu'il comprend des marines et une chef pirate, ça se tape naturellement dessus, donc pas besoin de le préciser.
Et moi, je tire là où je peux. Pan pan pan pan. Recharge. Pan.

A un moment, je me déplace dans un autre arbre, plus proche de la bagarre. Je n'avais plus de bonne cible. Je commence à m'installer mais des balles frappent le tronc à côté de moi. J'ai à peine le temps de me barrer, je reste pas pour savoir qui m'attaque. Esquive PUIS frappe, pas l'inverse. Parce qu'on peut pas toujours donner de coup de poings si on a pas esquivé avant. Parce qu'on est trop dans les pommes pour ça.
Ou trop mort, mais ça, ça serait vraiment pas cool.

Du coup je me laisse tomber sur le sol pendant que les autres se battent toujours. Et je rejoins la mêlée rapidement. Le temps d'assommer quelques pirates. Là normalement ça serait l'occasion de décrire un super combat, avec passes, feintes, esquives, tentatives de frapper bloquées inextrémité. Sauf qu'en fait, ben, pour ça faudrait que le combat dure plus que "je te fous un coup de poing dans la tronche, je fais apparaître un bras sur ton flanc et te cogne avec, puis un coup sur la tête, puis les deux à la fois pourquoi pas et ça y est t'es à terre".
Mon pouvoir, ça permet pas de faire des combats longs et classes. Ça permet que d'être superefficace et pratique et géniale. Mais géniale, je l'étais déjà avant bien sûr.

J'ai rejoint mon escouade et je profite d'un instant de répit, gagné en assommant suffisamment de pirates, pour m'assurer que tout le monde va bien. Puis l'échange de gnons reprend sans me demander mon avis, alors tout en cognant un type trop présomptueux, je finis de discuter avec mes caporaux. Je m'assure qu'ils ont toujours les choses en main, de toute façon ils ont qu'à suivre les ordres du Lieutenant, et moi je m'envole.

Pas vraiment. Je vole pas vraiment. Je m'accroche juste à un arbre et me tire en l'air pour rejoindre la section de Charme, qui ... est complètement à terre en fait. Pas vraiment morts, enfin ça a pas l'air d'ici, mais tous trop abîmés pour continuer à se battre. Y a aussi une chef pirate, qui se dirige vers moi. Ah oui, maintenant qu'elle a fini sa zone je suis le marine le plus proche d'elle. Du coup ... ça va être plus dur pour lui tirer dessus.

Allez, vu que chef des pirates c'est lourd à répéter encore et encore, voici son nom, que je connaissais pas sur le moment. Blanche, capitaine du navire Majestueux et chef de Babar, le grand homme-caillou qu'on a affronté plus tôt.
Fin de la parenthèse nomination.

Faisant une sorte de roulade sur le côté, elle ramasse deux dagues, l'une dans un marine et l'autre par terre. Sans pause, elle me les lance. L'une rate de peu, l'autre j'arrive à intercaler mon poing ganté entre moi et la lame, qui ricoche et passe juste au-dessus de moi qui suis en train de m'écarter par réflexe. D'ailleurs je tombe un peu en arrière sur le côté. Chute que je prolonge et transforme en galipette arrière pour éviter deux autres lames. Pas le temps de me relever que Blanche m'atterrit dessus à pieds joints. Pieds qu'elle a vachement musclés, ses talons, c'est comme des pierres lancées superfort.
Argh. Elle fait un petit bond en arrière pour être sur le sol plutôt que moi et se laisse tomber, paumes en avant. Je roule pour l'éviter, j'ai eu raison. Elle laisse des trous dans le sol là où j'étais.

- Enfoirés de marines. Vous auriez dû nous laisser tranquille, au lieu de venir aussi nombreux. Personne ne serait mort aujourd'hui.

Plutôt qu'essayer de me relever, je fais surgir deux chaînes de bras d'un arbre voisin et me soulève en vitesse. Blanche frappe juste trop tard, je me retrouve au moins trois mètres au-dessus d'elle. Elle est juste en-dessous de moi. Et j'ai quatre pistolets chargés.
Je fais disparaître les chaînes et me laisse tomber sur elle. Elle m'évite en reculant. Je projette une chaîne de bras sur elle. Elle la dévie d'un coup de paume. Ça fait mal ! Elle va me casser mon second bras si on continue comme ça.

Aux grands maux ... deux bras sortent du sol près d'elle et lui attrapent les chevilles. Je me précipite sur elle pendant l'instant de surprise, avant qu'elle puisse réagir à l'immobilisation surprise. Elle se met en défense pour me recevoir et reçoit un coup en pleine tête.

- Lieutenant ! Qu'est-ce que vous faites ?
- On a terminé de notre côté et on a pas le temps de s'amuser Sergent. Ligotez-la ou exécutez-la mais faites-vite, on repart dans deux minutes. Une escouade pour récupérer les gars de Charme et s'assurer de leur état. S'il y en a qui sont morts, on les laisse là pour le moment. Allez hop, on a encore du boulot.
- Est-ce que moi je m'incruste dans vos combats singuliers ?
- Ta gueule Scorone.
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Evidemment, Scorone les fait ligoter. L’autre brutasse de caillou nous est pas revenue dans la gueule, mais j’suis pas optimiste au point de croire que ça arrivera jamais. Ces saloperies, ça s’évade toujours, d’une manière ou d’une autre, et j’ai certainement pas envie que ça soit pour ma pomme de les retrouver, ou pire, qu’eux me retrouvent histoire de régler leurs comptes.

Encore que, finalement, si j’finis la mission et que j’me casse de la Vingtième, j’risque pas grand-chose.

Les Marines regroupent les prisonniers, les attachent et les mettent en file, tout en les maintenant en joue. Blanche est portée par deux de ses membres d’équipage, toujours évanouie. J’aurais dû lui foutre un coup de surin dans la carotide. On commence à manquer de menottes, à force de faire prisonnier tout ce qui bouge ou se rend. Ca va faire un chargement plein vers les prisons, ça. J’espère qu’ils auront Miles High Purgatory, la plus vicieuse de loin.

Pour le retour, on prend la trace en ordre inverse, renforcés par ceux qui sont assez bien en point de la section de Charme. Les souffles sont plus saccadés, certains ressemblent davantage à des râles. Des plombes qu’on court sur cette saloperie de plage, à se battre et à trotter dans le sable. M’enfin ça a l’air de tirer sur la fin, on a éliminé pas mal de grosses têtes.

On revient au point de séparation, un peu plus lentement vu qu’on connaît pas la situation. L’éclaireur, un gars de Charme, revient vers moi.
« Les sections dirigées par Thorn ont pris d’assaut les dernières défenses pirates, Lieutenant.
- Et ça donne quoi ?
- Dur à dire d’ici, mais la voie est libre jusque là. Et Minus a pu se dégager de sa position pour y aller aussi.
- Okay, merci euh…
- Remugles.
- Merci, Remugles. »
Putain, y’en a qu’ont pas gagné à la lotterie des surnoms.

Effectivement, à part le bruit des combats juste devant, le champ de bataille est plutôt calme. On arrive juste à temps à l’ouverture forcée par Thorn et ses ouailles pour le voir dévier un coup de sabre en bloquant l’avant-bras du tranchant de la main. Puis son coude droit file vers le visage de Just Leblanc tandis qu’il pivote sur ses appuis. La tête du capitaine file en arrière sur l’impact et il s’écrase au sol, ses armes toujours en mains.

Thorn se passe la main dans ses cheveux pleins de sable et de sueur, puis dans sa barbe. Autour de lui, c’est fini et les Marines lèvent leurs armes au ciel pour se congratuler.
« Nous n’en avons pas encore totalement fini, Marines ! Qu’il s’exclame, sa voix couvrant celles des hommes. Nous devons encore éliminer les dernières poches de résistances et finir de nettoyer la plage ! Il reste également Blanche, la capitaine du Majestueux à…
- Pardon d’interrompre, Commandant, que j’fais, mais la Blanche, on l’a eue dans les bois.
- Excellente nouvelle. Restent donc les pirates. »
Les mines restent graves mais tous sentent qu’on a la situation bien en main. On a eu les cadres des deux équipages, les types les plus dangereux. Plus qu’à retrouver Prudence et Funeste.

On continue à nettoyer en avançant vers l’est. On est tellement en force, maintenant, que les forbans ont tendance à fuir à notre arrivée. S’écarter de la plage, ou au contraire filer devant nous, ce qui nous permet de prendre un minimum de risques en les tuant au fusil, de loin. Au final, maintenant, ça ressemble carrément à une promenade hivernale. En plus, il a commencé à neiger, pas trop fort encore, mais si ça empire, on va devoir chercher les cadavres de Marines dans la poudreuse. Et je manque singulièrement de motivation pour ça.

Minus nous rejoint, s’entretient brièvement avec Thorn puis repart. Devant nos airs interrogateurs, il s’explique :
« Le Lieutenant Minus pense avoir trouvé la source de ce qui bloque les denden mushis. Il y est donc allé avec quelques hommes, ce qui devrait rétablir les communications. Nous continuons vers Prudence et Funeste. »
On hausse les épaules. A priori, ça doit pas être super bien protégé. Et il faut pas attendre longtemps pour que les lignes du commandant se signalent à nous, en communication directe du cuirassé.
« Commandant Thorn. Les communica…
- Oui, je sais. Essayez d’échanger avec les autres garnisons de Bulgemore pour qu’on soit au fait de la situation.
- A vos ordres ! »

On arrive enfin au bout de la plage. J’commence à avoir les jambes lourdes, les muscles qui tirent et font la gueule à force de bosser. Y’a rien qui se passe, juste une pile avec quelques arbres. Vrai que c’est quasiment la forêt qui donne sur la mer, ici, avec peu de sable, plutôt du caillou. Y’a des types assis par terre, et des troncs nus auxquels des trucs se balancent.

Suffit qu’on s’rapproche un peu plus pour voir Funeste et Charme qui discutent tranquillement, les pieds au bord de l’eau, en nous regardant approcher. Les branches des arbres ploient sous le poids des pendus, tous des pirates, et les autres macchabées font des ponts entre les rochers qui permettent presque de circuler sans lever le pied.

Le Lieutenant Funeste nous adresse un grand sourire, le genre dont on se passerait bien, le genre qui lui a donné son surnom.

‘Sûr, chacun ses méthodes. Au final, il a plutôt fait son boulot, j’suppose.

Thorn et d’autres font la gueule, ils aiment pas trop les tueries, surtout quand y’a la possibilité de capturer vivant. Et là, visiblement, comme les pirates sont tombés dans des traquenards, ça devait être faisable. Bah, ça leur apprendra. En tout cas, dans les sections de Funeste, ils sont bien contents de leur petit tour et bichent sévère en nous voyant.

Avant même que le Commandant d’élite puisse moufter, une voix étouffée sonne de sa veste. Il en sort son escargophone, qui s’exprime aussitôt.
« Commandant ! Des informations du sud de Bulgemore ! Cette attaque n’aurait été qu’une étape, et d’autres forces ont débarqué sur une plage au sud ! Elles ont besoin de support ! »
Les épaules de tout le monde s’affaissent légèrement. Putain, c’est pas fini ?
« Marines ! Embarquez sur le cuirassé. Mettez en place un hôpital sur la plage, on y laisse les blessés avec tous les médecins. Allez, en avant ! »

On fait le signe de salut militaire, et on se bouge.

Heureusement, on fait que la moitié du chemin, à se reposer dans le gigantesque bateau, qu’on nous dit que c’est déjà fini. Thorn grince des dents et nous fait faire demi-tour. C’est qu’on doit récupérer nos bonshommes, quoi.

En tout cas, on commence salement à être en sous-effectifs. Y’a des rumeurs qui disent que les garnisons régulières, qui se sont faites meuler encore plus que nous, vont être dissoutes. Ou refondues. Et d’autres qui disent que les marines de la régulière voudraient p’tet bien nous rejoindre. Moi j’dis, ça reste à voir, mais j’suis pas sûr qu’ils en soient capables.

Puis avant ça, ils devraient affronter le plus gros ennemi de tout soldat : la bureaucratie. Celui contre lequel tout ton entrainement militaire ne sert à rien.

Nous, on s’éternise pas, les Scientifiques toujours coincés avec nous veulent toujours rentrer à Mégavéga au plus vite, donc on se repose en bateau. Ca nous fait quelques temps où la discipline est un peu plus lâche histoire que chacun puisse reprendre ses forces. Une sale bataille, que c’était.

Mais, putain, on les a pas loupés.
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