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examen et coup fourés

Persé avala rapidement ce qui restait de sa dernière tartine, enfila son manteau, puis quitta son studio en quatrième vitesse. Un studio en plein cœur de MariJoa qui lui coutait une blinde, mais bon, pas trop le choix.
Il était en retard, et Haark n’était pas particulièrement conciliant, surtout en ce moment. Allez savoir pourquoi, mais depuis quelques jour, il était devenu incroyablement exigeant avec lui. Et exigeant selon les normes de cet homme-là, ça signifiait beaucoup.

Ne souhaitant pas spécialement subir une autre engueulade, il s’avança donc d’un pressé dans les rues de la ville, dominé par des tours interminables et perdu dans une foule dense et multicolore. Enfin, surtout noir, la foule. Dans tous les sens du terme. Trop de gens. Trop peu d’espace. Trop de bruit. Il en avait la migraine. Il ne serait jamais venu habiter ici si il avait eu le choix. Il s’étira tout en pressant le pas, pressé d’arriver. Malgré son malaise, il sembla se fondre instantanément  dans la foule. Ses mouvements pressés copiés sur ceux des gens qui l’entourait, sans même qu’il s’en rende compte. Son manteau de cuir noir se fondant dans la foule des vestes et son regard absent semblait se refléter à l’infini dans les yeux de ceux qui l’entouraient.

Il arriva enfin devant un bâtiment à l’air particulièrement banal et entra sans hésiter. Le hall, tout aussi banal, ne contenait qu’un petit guichet derrière lequel se tenait un gardien à l’air déjà endormis. Celui-ci leva les yeux à son passage avant de les rebaisser dès qu’il l’eut reconnu et Persé continua son chemin sans plus se soucier de lui. Il tourna au milieu de quelques couloir qui n’était ni vraiment grand ni vraiment beaux. En revanche, ils étaient ce que l’on pourrait nommer sinueux. La peinture s’écaillait par endroit et une vague odeur de  renfermé se dégageait de la moquette passée. Bienvenu au CP5.
Persé entra dans son bureau en s’étirant et vérifia rapidement s’il n’avait rien de nouveau. Si, en fait, de nombreuses choses, mais rien d’urgent. Il s’en occuperait à son retour. Il attrapa ses affaires et se changea tout en planifiant mentalement sa journée, puis repartit se perdre dans les couloirs. Quelques minutes plus tard, il atteignit le cœur de l’endroit, et contrairement à ce que l’on pourrait penser, il ne s’agissait pas de la cantine.


Le dojo était incroyablement spacieux et lumineux, surtout si l’on comparait avec le reste du bâtiment.  Ses murs étaient recouverts de carrelage d’un blanc étincelant, son sol par des tapis fin et  raides, mais qui valaient toujours mieux que la pierre qui se trouvaient en dessous. Il occupait près d’un tiers du bâtiment, pourtant loin d’être petit. Une petite dizaine de personnes occupaient déjà la salle, mais Haark était encore absent. Persé s’étira puis commença à s’échauffer, commençant par quelques courses rapides et courtes, puis une marche tranquille tout en actionnant chacun de ses muscles, chaque articulation, avant de s’étirer à nouveau puis de repartir, effectuant d’amples enchainements, curieux mélange de danse et de techniques de combats.
Autour de lui, les autres apprentis s’échauffait, chacun à leur manière, mais tous s’échauffaient. Ceux qui manquaient de rigueur étaient déjà partis depuis longtemps. Plus de la moitié d’entre eux étaient bâtis comme des armoires à glaces, imposants et puissant. Mais, à une exception près, trop lents. Pour les trois qui restaient, l’un n’avait strictement rien de remarquable physiquement, un autre, bien le seul, possédait un peu de brioche. Quant au dernier, tout comme Persé, il possédait une silhouette allongée, des muscles souples et ressemblait, une fois en mouvement, à une sorte de fouet métallique. Celui-là se nommait Eros et surpassait Persé aux arts du combat. Mais c’était bien le seul.
Quant aux autres… l’enveloppé se nommait Éric. Un combattant à la hauteur de ce que son physique laissait présager, mais il possédait une capacité d’analyse et de réflexion incomparable. La montagne mouvante se nommait Jean. Ses coups étaient d’un force incomparable et il surprenait régulièrement ses adversaires par sa vitesse d’attaques, d’autant qu’en général, jusqu’au moment de passer à l’action, il se déplaçait avec une extrême lenteur. Une seule attaque de plein fouet de sa part et Persé était à terre. Mais encore faudrait-il qu’il le touche.
Les autres avaient des styles et des types très variés, mais avec un point commun. Si ils décidaient tout à coup de sortir dans la rue et de  dézinguer tout le monde, même ici, en plein cœur de Marie Joa (surtout ici, en fait, vue la densité de la foule), les victimes se conteraient par dizaines avant qu’ils ne se fassent abattre. Mais ils ne le feraient pas. Premièrement par ce qu’ils n’avaient pas de raison de le faire, deuxièmement par ce qu’aucun d’entre eux ne serait assez stupide pour agir au grand jour. Parmi ceux qui restaient, on trouvait Leo, Andrew et Julia, respectivement maitre en infiltration, sabotage et filature. Tous n’avaient pas un domaine de préférence, mais tous étaient excellents. Enfin, si on exceptait Alexandre. Mais il y avait tout à parier qu’Alexandre ne serait plus là à la fin de la semaine. Il ne connaissait réellement que leurs compétences. Tous étaient des solitaires endurcis, capable de passer des semaines sans lâcher un mot. Ils étaient partenaire, pas camarades.

Haark finit par arriver, à peu près dix minutes après l’heure du rendez-vous. L’homme n’était pas particulièrement grand, ni particulièrement musclé (selon les critères du CP du moins), mais il était d’une redoutable efficacité.  Il les regarda s’échauffer encore un peu, puis les appela.
Bon, nouvelle leçon aujourd’hui. Lancer de couteau. Persé et Julia vous allez me chercher les mannequins, Éric, tu me ramène la mallette qui est dans mon bureau
En quelques instants, le matériel fut en place, d’autant plus que tout le monde était impatient de commencer. Ils savaient qu’ils allaient en baver, que le maitre d’arme aller leur crier dessus par ce qu’ils n’y arrivaient pas assez vite, mais ils s’en foutaient. Ils étaient là pour apprendre.
Cinq mannequins étaient répartis à intervalle régulier à travers la pièce. Pour Haark, pendant que le premier agissait, le deuxième devait l’observer pour ne pas refaire les mêmes erreurs. Et si il y avait une chose dont Persé était certains ici, c’est bien de la qualité de l’enseignement du maitre d’arme. Il n’avait commencé à apprendre les arts du combat en arrivant au CP, mais depuis qu’il y était, ses progrès étaient phénoménaux.

Haark ouvrit la mallette qui contenait, à la surprise générale, des dizaines de poignards de toutes les tailles et de toutes les formes. Il se saisit de l’un d’entre eux, fit un ou deux jongles pour tester son équilibre puis se tourna vers ses élèves :
Bon, premier point, vous tenez le couteau par la pointe, entre le pouce et l’index. Oui, comme d’habitude, il y a des monstres capables d’en lancer 10 avec une précision parfaite en un quart de seconde, mais on rediscutera quand vous toucherez la cible. Bon, je reprends. Vous prenez par la pointe, le manche basculé vers le bas avec un angle à peu près égal à 19°. Vous tendez le bas vers l’arrière et vous balancez. Alexandre, tu commences.
Alexandre se saisit donc d’un couteau, suivit les instructions et le jeta. Non, non, pas le lança. On n’appelle pas ça lancer quand le couteau passe à plus d’un  d’une cible de la taille d’un homme et que cette cible est à moins de dix mètre.
Éric, quelles sont ses erreurs ?
Avant les essais par duo venait à chaque fois un premier tour où chacun tentait, dans l’ordre des compétences estimés par le prof, de réaliser l’action demandé. Chacun à son tour, devait tenter de comprendre pourquoi le précédent avait échoué ou manqué d’efficacité (il ne faut pas déconner, personne n’avait réussi à ne pas toucher le mannequin quand ils avaient travaillés les coups directs)

Ses appuis n’étaient pas ferme, sa main tremblait, son couteau était trop baissé.
Bien, à toi
Eric se saisit donc du couteau, se mit en position, fit attention à positionner ses pieds au mieux, et rata presque autant la cible qu’Alexandre.  
Jean ?
sa main a eu un spasme au moment de lancer.
tire
Il n’a pas assez armé son bras
Bien.
Il s’est décentré en tirant
Va-y.
Il a relâché le couteau trop tard.
A toi.
 Il avait une mauvaise prise sur le couteau
D’accord. Tire.
Andrew s’exécuta. Comme pour tous les autres, son couteau ne parvient pas à trouver à toucher la cible. Les résultats s’étaient peu à peu améliorés, au fur et à mesure des  remarques et du niveau des acteurs. Haark classait toujours les apprentis dans l’ordre des résultats attendus, et on entrait maintenant dans le trio de tête. Tout le monde redoubla d’attention, désireux de savoir quand ils parviendraient à planter la dague.
Jean ?
Imprecsisions. Pas de grosses erreurs, juste des maladresses.
Montre-moi
Jean choisit un couteau, se mit en position d’un mouvement fluide, puis lança le couteau avec force, qui vient s’écraser de tout son long sur la tête du mannequin.
Persé ?
Il n’a pas vérifié l’équilibre de la lame
Sans attendre, Persé s’empara d’un couteau, le fit tournoyer dans les airs, le rattrapa par la pointe et tira. Le couteau traversa la pièce et vint toucher l’emplacement du cœur. Mais trop faiblement. Le couteau retomba en tintant sur le sol.
Tu n’as pas assez armé ton bras. Il me semble que la remarque a déjà été faite ?
Oui…
Bien. Cent pompes, maintenant. Eros, c’est à toi
Persé s’exécuta sans un mot tandis Que le couteau d’Eros traversait la salle pour se ficher en plein cœur de la cible. Haark attendit quelques minutes que Persé ai fini avant de les envoyer par groupe de deux sur les différents mannequins. Persé, comme il s’y attendait, se trouvait avec Eros. Il se doutait que l’objectif du maitre d’arme devait être de forcer la compétition entre eux afin d’obtenir des résultats plus rapide. Il faut dire que ça marchait plutôt bien.


Malgré leurs résultats précédents, ni l’un ni l’autre ne parvient à toucher à la cible au deuxième essaie. Ni au troisième. Persé planta au quatrième essaie, Eros lui lança un regard furieux quand lui-même rata, qui lui rendit un petit sourire moqueur, avant de rater à nouveau tandis qu’Eros touchait la cible en pleine gorge.
Leur précision augmenta lentement jusqu’à ce qu’il touche un lancé sur deux. Avant de stagner car ils se mettaient à tirer de plus en plus vite. Cependant, à force de vouloir accélérer, ils finirent par ne pas toucher la cible pendant dix lancés consécutifs, et ils se mirent d’accord pour retourner à la précision, au soulagement visible du professeur.

Les couteaux continuèrent à voler des heures durant, dans une compétition toujours aussi féroce entre Eros et Persé. En fait, ils ne portaient pas la moindre attention aux autres apprentis, omnibulés qu’ils étaient par le fait de surpasser l’autre. Malgré tous les efforts du jeune homme, son rival le battit d’une longueur à peine. Quand le professeur donna le signal de la fin du cour, leurs bras étaient en plomb, leurs doigts tétanisés et leur souffle court. Ils avaient lancé près d’un couteau toute les trois secondes pendant les dix dernières minutes, et leur mannequin ressemblait à un foutu porc-épique.
Haark les libera, tout en leur rappelant qu’ils n’auraient pas cour de l’après-midi. Ce temps leur était laissé afin qu’il puisse continuer à vivre le temps de la formation. Lui n’avait rien d’autre que les cours.  Ils reprirent leurs affaires sans un mot, avant de rentrer chez eux. Ils n’avaient rien à se dire de toute façon. Persé s’apprêtait à franchir la porte quand Haark le retient
Persé ? Attend. Je voudrais te parler.
Oui, monsieur ?
Le maitre d’arme attendit que tout le monde soit sorti de la salle. Il regarda la sortit pendant encore quelques secondes puis dit très calmement :
Vous dégagez. Maintenant. Ça ne vous concerne pas. Et pour avoir voulu m’espionner de façon aussi maladroite, vous me ferez un grand tour.
Persé cilla. Un grand tour signifiait 200 répétitions de chaque exercice. Il y en avait pour au moins trois heures, et une fois fini, on ne rêvait plus que d’aller se coucher. Ce que Haark voulait lui dire était visiblement important. Ou il était de mauvaise humeur, au choix.
Bien. On va pouvoir parler tranquillement maintenant.
Une lumière presque sauvage brillait dans les yeux sombres du maitre d’arme, inquiétant fortement Persé.
Persé, la phase finale de votre formation va débuter dans deux semaines. Une semaine de repos, une semaine d’examens. A l’issu des examens, seuls trois d’entre vous seront pris. Je veux que tu sois dans ses trois-là.
Pourquoi moi ? Eros me bat dans presque toutes les disciplines physiques, et vous êtes perpétuellement en train de me dire que mes capacités sont insuffisantes.
Insuffisantes par rapport à ce qu’elles pourraient être Persé. Tu bon, mais tu pourrais atteindre l’excellence. Et tu l’atteindras. Je te jure que si tu n’y parviens pas, je te fais jeter du CP sans aucune passerelle nulle part. Tu as une semaine. Tu m’entends, une semaine pour pouvoir faire ravaler sa suffisance à Eros. Et pour ce qui est de te comparer à lui… Oui, il est bon physiquement. Oui, il va passer les examens. Mais il cassera dès le début de la prochaine partie de la formation. Son mental ne vaut rien. Il ferait un excellent marine, mais il est incapable d’agir en tant qu’agent. C’est la loi qu’il veut protéger, pas le gouvernement. Et au niveau mental, tu as quelque chose grâce auquel tu le surpasse largement : l’absence de tout sentiment humain.
Le sourire de Haark était terrifiant, animal. C’était celui d’un prédateur. D’un grand fauve prêts à tuer. Persé le lui rendit, incertains.


Dernière édition par Persé le Sam 23 Avr 2016 - 10:19, édité 3 fois
    Persé repartit chez lui, essayant de saisir tous les aboutissants de sa conversation avec le maitre d’arme. Il envisagea un test, mais exclu rapidement cette possibilité. La seule chose que l’on pourrait tester chez lui avec ça était une honnêteté excessive. Et c’était bien la dernière chose qu’on irait vérifier chez un agent du CP. La fidélité et l’obéissance, oui, l’honnêteté, non. Abso-lument pas. A la limite, la capacité mentale de s’affranchir des règles.

    Le but des CP était de réguler le GM, les pirates, les mafias, les nobles ambitieux, les riches pré-tentieux… En bref, de gérer le monde des ombres, et ce par tous les moyens. Absolument tous. Torture, meurtre, enlèvements, faux dossiers, propagandes véreuses, vols, manipulation… La liste était aussi longue que l’intelligence humaine. Et cela convenait à Persé.
    Au fond, peut lui importait le GM et le conseil des cinq étoiles, mais comme tout le monde, il avait besoin de se nourrir. Alors autant faire ça en s’amusant. Il aurait pu aussi faire ça tout seul, mais s’aurait été moins amusant, et il n’aurait pas su faire. De toute façon, il préférait rester du côté du gouvernement, une vie de fuite ne lui disait pas trop. A côté de ça, certains détails per-mettaient également au gouvernement de lui faire confiance. Notamment le fait qu’il estimait qu’aucun gouvernement ne valait mieux que les autres, et qu’une révolution ferai au final beau-coup de dégâts pour rien. Il n’était pas un fanatique, mais n’en servirait pas moins le gouverne-ment. Sans aucune hésitation.

    C’est perdu dans ses réflexions que Persé rentra donc chez lui, dans son minuscule studio, quelques parts dans une rue dont il avait oublié le nom. Il se prépara un rapide repas, fait de lentilles froides et de moutarde, ressassant en boucles ces mots, et essayant de comprendre ce qui les avait motivés. Ayant fini les lentilles sans trouver aucune réponses, il décida de plutôt se concentrer sur leur sens que sur leur motivation. Quel qu’ne soit l’intention, le résultat était le même. Il devait s’entrainer. Il commença par effectuer un « grand tour ». Il enchaina les pompes, les tractions, les abdos, les étirements, les chaises et tous un tas d’autres exercices aux noms improbables. Les heures s’égrenait lentement au fur et à mesure que les exercices avan-çaient et que ses muscles se tétanisaient. Son corps tout entier le lançait quand il termina, sur une série de petit sprint « pour se détendre » comme aurait dit Haark. Il en avait des bonnes. Quand il en eu enfin terminé, le jeune homme alla s’écrouler sur le seul fauteuil disponible : son lit.

    La moitié de l’après-midi s’était déjà écoulé… Mais il restait l’autre. Et il n’était pas vrai-ment question de se reposer. Il n’avait aucune dague de lancer, ni de vrai mannequin. Mais bon, vu l’état de sa casserole, un peu plus ou un peu moins… Il attrapa ses deux couteaux à beurres et se mit en position. Il se demanda pendant quelques secondes si il était vraiment sérieux avant de décider que non, vraiment. Il était peut-être fauché, mais il y avait quand même quelques limites. Il décida donc de se trouver un magasin ouvert, histoire d’acheter un ours en peluche et quelques couteaux à viandes. Ça, au moins, il y avait une chance qu’il doive s’en servir.
    Les rues étaient heureusement plus calmes que le matin. La plupart des magasins vendaient des habits ou de la nourriture. Il n’avait besoin ni de l’un ni de l’autre. A la première boutique de jouet qu’il croisa, il acheta. Un gros, un très gros ours en peluche, tout rose avec des petits cœurs. Etonnement, il l’avait plutôt bien inspiré pour servir de cible. Un peu plus loin, il trouva un magasin de quincaillerie. Il choisit rapidement quelques couteau de tables, un couteau de boucher et un canif. Il aurait bien aimé acheter du vrai matériel de combat, mais il pouvait diffi-cilement se le permettre.
    Ses courses finies et de retour chez lui, il posa l’ours sur le table, recula d’une dizaine de mètre et entrepris de réduire en pièce cette chose mignonne. Le premier couteau à partir toucha l’ours en plein front, manche en premier. Avec un grognement, il saisit le deuxième, qui s’envola en sifflant. Pour déchirer l’oreille. Avec un claquement de langue, Persé repartit à l’assaut. Sur les cinq couteaux, aucun n’avait touché le tronc ou la tête lors du premier lancer. Celui de boucher, lui, avait visiblement décidé que le parquet était une cible bien plus intéressante. Ces couteaux manquaient cruellement d’équilibre. C’est dans ces moments-là qu’il appréciait réellement la qualité du matériel qui leur était fournis. En souriant, malgré ce qu’il convenait d’appeler un échec, il partit récupérer les lames.
    Il lança à nouveau, avec des résultats légèrement meilleurs, surtout en ce qui concerne le cou-teau de boucher : il vient se planter dans la table. Alors il recommença. Encore, encore et en-core. Jusqu’à ce que le geste devienne mécanique. Jusqu’à ce qu’il ne loupe plus jamais la cible. Jusqu’à ce que ses bras, en feu, le supplie d’arrêter. Alors il recommença. Encore. Et Encore. En s’éloignant, en sautant, en faisant une pirouette… Il continua jusqu’à estimer ne pas pouvoir faire mieux. Et même dans un petit appartement comme celui-là, il pouvait beaucoup. Lorsqu’il cessa enfin son entrainement, la nuit était retombée sur la ville depuis longtemps. Très long-temps. Ce fut en allant se chercher de quoi manger qu’il se rendit compte de son état de fatigue : sa vison était floue, ses jambes vacillaient et ses mains tremblaient. Il avait repoussé ses limites et son corps le lui faisait payer. Après avoir échoué trois fois de suite à ouvrir son placard, il renonça et alla se coucher.


    Le lever se fit de bonne heure et la fatigue s’y fit ressentir. Des courbatures, mais il avait connu pire. Au début de sa formation, notamment. Tout en se préparant, il eut une pensé ému pour les débuts de son apprentissage. Après sa première rencontre avec Haark, il avait sérieusement son-gé à abandonner. Il ne regrettait pas d’avoir continué. Pas une seule seconde. Il aimait cette vie, voir son corps se renforcer de jour et jour et voir la réalité et les interdits plier devant lui. Après, certains aspects étaient quand même plus plaisant que d’autres… Cour sur les documents offi-ciels. Purée… Des milliers de pages et apprendre par cœur, à pouvoir reconnaitre du premier coup d’œil, savoir leur porté exact, se rappeler que sur untel, le seau est à droite, sur untel à gauche, un coup en bleu, un coup en noir, parfois en doré. Ça avait certes (dans la plupart des cas) une utilité certaines, mais bon dieu que c’était fastidieux.

    Il reprit le chemin des cours malgré tout. Après l’ultimatum de Haark, faire une impasse était la dernière chose à faire. Surtout qu’il n’avait pas l’intention de la faire de toute façon. Tant qu’a subir une formation aussi dantesque, autant en profiter un maximum.
    Toujours les mêmes rues, les personnes qui semblent ne plus exister par elles-mêmes, toujours le même bâtiment un peu passé… La salle de classe, perdus au milieu de d’obscures allés avait déjà un peu plus de gueule. Certes, il était vain d’y chercher la moindre décoration ou le moindre agrément, mais le matériel pédagogique était de très bonne qualité. Ce qui évidemment n’incluait pas les chaises. Des générations d’apprentis s’était demandés comment du bois pou-vait être aussi dur. Ici, le confort, on pouvait s’assoir dessus, mais au sens figuré seulement.
    Il arriva un peu en avance dans la classe, aussi seul trois élèves étaient déjà présents. Plus le pro-fesseur, qui distribuait déjà les documents pour le cours. Rien de nouveau sous les étoiles. Les élèves arrivèrent un à un et se positionnèrent, toujours sans un mot. Quand le professeur lança le signal du début de cour sans qu’Alexandre ne soit là, personne n’eut à poser de question et ils se mirent au travail.

    Le sujet du jour était le royaume de Bliss. Ils étudiaient les documents les plus compliqués en cour et apprenait à en faire des faux au cas où il devrait se débrouiller dans l’urgence. Après quoi, chez eux, ils devaient apprendre à maitriser tous les documents. Tous .
    Persé s’immergea donc dans l’étude d’une sombre autorisation de pécher depuis sa maison, exis-tant depuis plusieurs siècles alors que personne ne se rappelait pourquoi elle avait été créée. Premier point : le texte. Au mot, à la virgule prêt. Son organisation, ensuite, puis le seau (forme, couleur, emplacement, épaisseur, matière). Les minutes s’égrenaient lentement au fur et à me-sure qu’il gravait les inscriptions dans sa mémoire. Quand il estima en avoir assez fait, il retour-na le document, prit une feuille et entrepris de faire un faux à un nom quelconques, se donnant une demi-heure.
    Lentement, les larges arabesques étaient reprenaient forme sur le papier. Parfois, il s’arrêtait un instant pour se remémorer un détail, puis reprenait aussitôt. Une fois terminé, il se relit rapide-ment puis attrapa un morceau de cire et une chandelle. C’était la partie la plus délicate : repro-duire le seau de cire sans en avoir le moule. Et si possible en évitant de bruler la feuille, ce serait bien. Rapprochant la cire de la flamme, il la fit ramollir puis entrepris, à l’aide d’un stylet, de modeler cette dernière pour obtenir la forme désiré, avant de repasser la flamme dessus, pour donner l’illusion qu’elle avait été apposée avec de façon classique.
    Il retourna enfin l’original et compara le résultat des deux. Le résultat était potable. Bon ben plus qu’à passer à la suite, hein. L’heure tournait au fur et à mesure que la paperasse passait. Chacun avançait à son propre rythme, même si il y avait là aussi une sorte de compétition, gagné sans surprise par Éric. Persé, malgré son peu d’intérêt pour la matière, était troisième. En même temps, son engouement était partagé par tous. Il avait parfois l’impression que même le prof trouvait sa matière rébarbative. L’heure tournant, le moment de la fin du cours vient, et pourtant le professeur ne les libéra pas, malgré une attention de plus en plus appuyé sur l’horloge.
      Il avait fallu qu'on vienne me déranger. Ce n'est pas par mépris que je ne souhaitais pas me présenter aux prochains candidats en lice pour intégrer le Cipher Pol, mais il y a tant à faire. On avait tenu à ce qu'une "sommité" vienne à leur rencontre afin de leur transmettre les indications de leur prochain examen. Une sommité... La plupart si ce n'est la totalité des aspirants ici présents ignorent qui je suis. Ce qui est d'ailleurs une preuve d'expertise de ma part, car après tout, tout bon agent du CP se doit d'être discret.
      Malgré tout, il aura fallu que le directeur du Cipher Pol 5 en personne fasse le déplacement pour des banalités administratives. Un personnel administratif à notre disposition est pourtant là pour ce genre de formalités.

      À quoi bon se plaindre de toutes manières, je suis déjà dans le couloir qui mène à la salle où sont entassés les futurs candidats. Beaucoup d'appelés, peu d'élus.

      - Mesdames est messieurs levez vous ! Yakutsuki Rei, directeur du Cipher Pol 5 est venu afin de vous introduire à la dure réalité qu'est notre institutions et....

      Poliment, je fais signe à la dame de se taire. Un bon agent du CP se doit d'être effacé et silencieux. Et puis, plus tôt nous en aurons terminé, et plus tôt je pourrai retourner travailler à des choses sérieuses. Il faut croire qu'il n'y a pas assez d'instabilité sur Grand Line pour se donner la peine de me déranger pour ces formalités administratives.

      - Aspirants au Cipher Pol, je serai bref. Seul trois d'entre vous seront retenus pour intégrer nos rangs. Pas un de plus.

      Sans doute devaient-ils ne pas s'attendre à une telle nouvelle, la moitié semble miné par ce que je viens de leur dire. Si une telle annonce suffit à les ébranler, leur place n'est décidément pas parmi nous.

      - Sept jours vous serons alloués avant le début de l'examen vous permettant de nous rejoindre. Vous les passerez dans nos locaux, ici, au centre de formation. Cependant, je serais vous... Je ne me reposerai pas, j'irais mettre en oeuvre certaines habilités, notamment l'espionnage.

      L'examen écrit n'a jamais été rien d'autre qu'une façade. Le réel intérêt est de voir comment chaque candidat éliminera les autres. L'écrémage avant la sélection, ce sera eux qui l'opérera, pas nous.

      - Comprenne qui pourra, et malheur à ceux qui ne le pourront pas. Une dernière chose.

      Déjà je quittais la pièce. Un passage éclair leur suffit.

      - Si on dénombre un seul mort parmi les candidats d'ici à la date de l'examen, ce dernier n'aura pas lieu. Sur ce... Veillez sur la santé de vos petits camarades. Enfin... veillez sur eux tout simplement. Là encore comprenne qui pourra.

      Cette épreuve n'est pas qu'une question d'évaluation des capacités à éliminer ses concurrents, mais surtout de savoir gérer des situations épineuses. Car ils seront confrontés à plus d'une de ces situations une fois en fonction.
      Inutile de leur souhaiter bonne chance, cela ne servira aucunement compte tenu de ce qui les attend.
        La porte s’était ouverte sans que personne ne l’entende et tous les candidats sursautèrent lors-que la prof commença sa tentative de discours. Persé sourit quand celle-ci fut coupée net par l’intervenant. Cet homme lui plaisait. En fait, il lui plaisait exactement comme lui plaisait le CP : il semblait en être l’incarnation. Les nouvelles tombèrent comme des couperets, sans le surprendre outre mesure. Décidément, cet homme lui plaisait de plus en plus. Au final, il était déjà repartit que certains n’avaient toujours par réalisé ce qui se passait.
        Sur les 10 membres de la promotion, 7 regardaient autour d’eux d’un air perdu, dont Persé et Leo, le spécialiste de l’infiltration, qui semblaient jouer la comédie. Eros, Éric et Jean, eux, avaient compris et le montraient clairement. Les regards dérivèrent pendant quelques secondes, avant de se poser sur eux, sans qu’aucune réponse ne leur fût apportée. Persé souriait intérieurement. Aucun besoin d’une intelligence particulièrement développé pour comprendre le message, seulement de comprendre le fonctionnement de l’agence gouvernemental.

        Au final, les mots de Haark ne lui auraient fournis qu’une faible avance. Encore une fois, on en restait au système élitiste dans lequel ils baignaient : même quand on aidait son favori, on se contentait d’un coup de pouce. Si le favori n’était pas au niveau, tant pis pour lui. L’information était incomplète et arrivait trop tard pour offrir une véritable avance. Au fond, ça lui allait. Il ne voulait devoir sa réussite qu’à lui-même.

        Éric serait certainement la première cible. Incapable de se défendre, il offrait une victime toute faite pour s’entrainer avant de passer aux choses sérieuses. Probablement Jean. Il y avait tout à parier qu’Eros, lui, commencerait par les champions de chaque matière. Éric ne représentant pas un vrai défi à ses yeux, ce serait Leo, Julia ou Andrew. Il se réserverait Persé, qu’il voyait comme son principal rival, pour la fin. Quand à Leo, difficile à dire… Probablement pas lui, car il se doutait certainement qu’il avait également compris, mais il allait tenter un coup d’éclat pour éliminer tous les indécis. Comme l’avait dit le directeur, « malheur à ceux qui ne com-prendront pas ».  Sauf si Eros s’attaquait d’abord à Leo. Personne, en tout cas, ne s’attaquerait tout de suite au trio de tête. Trop dangereux. Après réflexions, il allait jouer là-dessus.



        On vient individuellement les chercher pour leur présenter leur chambre, suffisamment vastes pour que, en comparaison, son studio passe pour un palace. Le reste du bâtiment, il le connais-sait. Intéressant… personne ne savait donc où se situait les autres… Personne sauf celui qui trouverait le petit papier qu’un fonctionnaire maladroit aura malencontreusement laissé trai-né… Quelque chose lui disait que ce quelqu’un serait lui. On avait dit et répété aux futurs agents que le meilleur moyen pour une perquisition idéal était l’aube. Vu le fonctionnement, deux possibilités : de un, ce sera le seul moment où il sera disponible, de deux, ce sera le moment où il sera le mieux protégé. Avec encore un petit détail à régler avant : où se trouvait ce foutu papier ?

        Premier option, dans le bureau du directeur. Mais de un, le directeur avait sans doute beau-coup mieux à faire, de deux, s’y introduire sans permission équivaudrait à un allez simple pour le paradis, même dans ce genre d’exercice. Donc non. Deuxième option, dans le bureau d’un membre quelconque de l’administration. Le retrouver demanderait alors un travail bien supérieur à une semaine. Troisième option, dans le bureau du responsable de la promotion : Jyo Haark.

        En tant que responsable, ce dernier passerait beaucoup de temps dans les prochains jours à préparer les examens, pour bidons qu’ils soient, offrant une magnifique porte ouverte sur son bureau. Problème, quand ? Aux heures du repas ? De sommeil ? Là encore, il devait y avoir une solution… Le plus simple serait de trouver une excuse et de s’y rendre. Avec un peu de chance, le papier sera simplement posé sur la table et il pourrait le lire. Mouais. I n’y croyais pas lui-même.

        Quelques heures, il toquait donc au bureau de Haark, à deux heures et demie du matin. Y’a pas de raison. Comme on pouvait s’y attendre, personne ne répondit. Il essaya la poignée qui, ô surprise, s’abaissa sans opposer la moindre résistance. Il regarda pendant quelques secondes avant de trouver ce qu’il cherchait, bien en place sur le dessus d’une pile, sur la gauche du bureau. Il sortit un papier et une lettre de sa poche et les posa sur le bureau après avoir noté quelques petites choses sur la feuille, le plus tranquillement du monde. Il ressortit, fermant la porte derrière lui, puis se retrouva nez à nez avec un vigile.
        Qu’est-ce que tu fous là, toi ?
        J’apportais juste une lettre à mon responsable de stage, Jyo Haark
        [b] ah ouais ? Ben on va voir ça

        Le vigile entra donc dans le bureau, trouva la lettre de Persé, puis e fit ressortir brusquement.
        C’est bon pour cette fois, mais ne recommence pas à rentrer dans les bureau sans permission
        Puis, par ce qu’il n’était pas complétement stupide, il ajouta :
        enfin, ceux du CP, quoi
        Oui, je comprends.
        Persé s’éloigna dans le couloir, la précieuse liste en poche. Une nuit, le temps pour lui de se préparer, pour les autres de s’entretuer. Il alla se coucher, sachant pertinemment ce qu’il dé-couvrirait le lendemain matin, quand il se lèverait. Et cela ne manqua pas. Eric était à l’infirmerie après avoir « accidentellement » chuté dans les escaliers. Julia également, dans un sale état, mais elle refusait de dire pourquoi, bien que tout le monde l’ai compris. Et trois autres élèves, victimes d’une indigestion grave après avoir mangé à la cantine. Parfait. Reste 5.

        Il passa a matinée dans la salle de sport, travaillant avec une ardeur effarante, tout en prenant garde de ne pas user ces forces en trop. Restait à planifier la semaine. Les prochains jours se-rait certainement utilisé pour se préparer. Il allait en faire de même. Puis Jean et Eros tenterait d’éliminer les petits poissons qui restaient, tandis que ceux-ci essayeraient de leur rendre la politesse. En temps normal, il ne parierait pas dessus sur les derniers, mais il allait leur donner un coup de main. Ou plutôt non. Ces deux-là devait continuer de se croire invincible. Ainsi, il se précipiterait droit dans ses pièges en croyant l’avoir. Le plus inquiétant à l’heure actuel était Leo, tous les autres semblant le sous-estimer. Il s’en occuperait lui-même. Oui, il allait faire comme ça…

        L’aspirant agent commença l’après-midi par emprunta un petit arsenal à l’armurerie. Un petit quelque chose lui disait que l’ambiance risquait de devenir assez vite électrique. Et ce qu’il allait faire n’aiderait pas. Il prévoyait de passer l’après-midi à ce préparé et de s’entrainer le soir. Le contraire de ce qu’il attendait des autres, en somme. Premièrement, s’assurer qu’il pourrait dormir tranquillement. Il s’occupa donc de mettre en place un petit système qui, si on ne le désamorçait pas, ne vous tuerait certes pas, mais vous referais quand même redécouvrir la notion de salle quart d’heure. Quelques cordes, deux ou trois ressorts, une massue. Mettons en deux. Une première pour faucher les jambes, une deuxième pour frapper en pleine tête. Réussir à faire un système discret et efficace lui prit déjà une bonne partie du temps qu’il s’était alloué, mais il estimait que ça en valait le coup. Il s’offrit ensuite un tour de repérage pour voir où les autres dormaient, avant de se consacrer à son premier projet. Ça devrait faire l’affaire, se dit-il après un moment. Bon, retour aux exercices. Là encore, il enchaina les étirements, mouvement rapide et exercice de combat jusqu’à atteindre un niveau raisonnable de fatigue, après quoi il s’enferma dans sa chambre pour réviser.

        Les premiers jours s’enchainèrent suivant un schéma semblable sans incident notable. Trois jours, pour être précis. Il était en train de s’entrainer physiquement, comme à son habitude, quand il saisit  quelques dagues pour s’entrainer au lancer. Il tenait la première au niveau de son œil quand il remarqua un détail insolite. De fines rainures le long du manche aux bords tranchants. Intéressant. Même sans regarder, il sut qu’au milieu de ces minces rainures devait se trouver un poison assez violent. Suffisamment pour l’envoyer à l’infirmerie pendant plu-sieurs semaines. Visiblement, l’heureux temps où il pouvait s’entrainer librement était révolu.

        Comme il s’y attendait, peu de temps après, les pas d’Andrew résonnèrent dans le couloir. Persé se mit à genoux à côté du présentoir en se tenant la main. Peu de temps après, il devina sa présence dans son dos.
        Tu vas bien Persé ? Tu ne te serais pas fait mal quand même ? Allez, viens, je vais t’aider.
        La voix était pleine de fiel. Il sentit une main se poser sur son épaule. Un léger appel d’air derrière sa tête. Au dernier moment, il la baissa et saisit la main qui l’attaquait.
        Décidément, tu es trop prévisible.
        Il appuya tranquillement sur un point à la base du coude, déclenchant une vague de douleur dans chez son « agresseur ». Dans son regard pu se lire un instant de terreur. Il connaissait ses limites. Et combattre Persé sans que celui-ci ne soit blessé les dépassait. Maintenant qu’il avait déjà pris l’ascendant, on ne pouvait même plus parler de combat. Et le petit sourire de ce dernier ne présageait rien de bon.
        Il le redressa d’un coup sec, avant de le saisir par la nuque, en évitant tranquillement le coup de coude qui tentait d’atteindre son foie. Le coup. Le centre nerveux par excellence. [i]Là[i] ça allait faire mal. Persé prit son temps. Tout son temps. Il ne servait à rien physiquement de faire souffrir ce piètre adversaire, mais l’impact psychologique était d’un tout autre calibre. Avec une volonté de vengeance réelle, Andrew pouvait être sur pied en trois jours. Tandis qu’après avoir été détruit, il lui faudrait plusieurs mois, même avec des blessures en comparaison. Mais il n’avait prévu de ne le blesser que légèrement. Il était furieux. Furieux contre lui-même. Il avait failli se faire avoir. Le piège, bien que simple, était bien pensé et il avait baissé sa garde. Si il n’avait pas changé ses habitudes précisément à ce moment, ce serait lui qui partirait pour l’infirmerie.  On ne pouvait pas pour autant parler de torture, loin s’en fallait, mais il lui passa l’envie de s’attaquer à Persé. Une fois qu’il eut finit, il clos cet incidents d’un magistral coup de genoux dans la poitrine, fêlant plusieurs côtes. Inutile de continuer, il avait eu son compte. Plus que quatre.

        Il avait fini ses préparatifs. S’il Andrew l’avait attaqué, les autres n’allait pas tarder à se mettre en branle également. Pile dans les temps. Il avait terminé ses préparatifs pour la deuxième phase. Celle à l’issue de laquelle il ne resterait que trois candidats en lice. Mais personne ne s’en contenterait, lui le premier. Trois étaient accepté, mais un seul se présenterait. Et il serait celui-là.

        Il se tourna vers les écrits et la théorie, le dojo étant désormais un peu trop dangereux à son gout. Quelques heures de révisons, puis un sommeil réparateur. Ou plutôt une veille réparatrice. Il ne voulait pas rater le spectacle. Il devait être quatre heures du matin quand un cri retentit dans la chambre à côté de la sienne. Il laissa couler une minute puis se précipita là-bas, comme si il était vraiment inquiet de ce qui se passait. Leo était sur le sol, à tenir sa jambe. A côté de lui se trouvait trois serpents décapités. Visiblement, l’un d’eux avait mordu le pauvre garçon au niveau du mollet. Persé se précipita et assomma son camarade d’une manchette derrière la tête, au cas où il simulait. Il entailla ensuite la chaire en-dessous de la morsure. Le sang qui coula était mêlé de violet. Visiblement, il ne simulait pas. Il sentit le liquide, pour être sûr. Pas de doute, le serpent l’avait bel et bien mordu. Il l’amena donc précipitamment à l’infirmerie, en le portant avec lui. Personne ne lui posa de question en voyant l’état dans lequel il était. En tout cas, pas d’autre question que « comment c’est arrivé ? ». En cas d’empoissonnement, on pouvait parfaitement assommer la victime pour éviter que le cœur ne s’emballe. Quant au fait de lui entailler la jambe, c’était tout naturellement pour faire sortir le venin. Et vu la qualité du venin, Leo était hors-jeu. Tout comme le dernier participant, qui avait visiblement déjà trouvé une place à l’infirmerie. Plus que deux.

        Il alla se recoucher, mais il passa avant récupérer la fausse liste qu’il avait placée sur le bureau du maitre d’arme. Il avait eu du mal à les obtenir sans se faire voir, ces serpents. Dommage qu’ils ne puissent pas resservir. Alliés aux bons déguisements, les cours sur les autorisations officiels avaient du bon, mine de rien. Et tant pis si le zoo de Marie Joa avait perdu ceux-là, ça n’enlèverait rien à sa splendeur.
        Il s’était douté que ce serait lui que Leo attaquerait de façon assez simple : il était le seul à ne pas le sous-estimer, et il jouait au même jeu que lui. Il apparaissait donc comme un rival à abattre. Qu’y a-t-il de plus facile que de tendre à un piège à un adversaire dont on connait déjà le prochain mouvement ? Cette pensé lui rappela désagréablement qu’il avait failli se faire avoir de la même façon. Il avait réussi à éviter de le payer de sa chaire, mais le tribut que versait son orgueil restait lourd. Tant mieux, quelque part. Comme ça, il n’oublierait pas la leçon.
        [/b]


        Dernière édition par Persé le Sam 23 Avr 2016 - 10:17, édité 1 fois
          Il restait trois jours et deux adversaires à éliminer. Jean et Eros. Les éliminer ne serait pas choses facile. Il était probable qu’Eros attendrait qu’ils s’entretuent, avant de venir achever le dernier. Jean serait plutôt du genre à tendre des pièges, mais était suffisamment prudent pour ne pas commettre les mêmes erreurs que Leo. Il faudrait donc le pousser à la faute. Ce ne se-rait pas simple, mais échouer était hors de question. Pour deux raisons. La première, c’était que ses ennemis ne le laisserait aller tranquillement jusqu’à l’examen. La deuxième c’était qu’il n’avait pas non plus l’intention de laisser quiconque d’autre gagner à ce jeu.
          Son premier mouvement serait d’attendre et de se préparer. Il était probable que Jean s’attaque à lui dans la journée ou dans celle qui suivrait. Il allait donc rester dans sa chambre, toute sor-tie offrant de fortes chances d’attaques. Il sortit cependant, allant en cuisine récupérer des provisions pour la journée devant l’œil désabusé des cuisiniers, et au dojo, non pas pour s’entrainer, trop dangereux, mais pour récupérer un boken, sabre d’entrainement en bois, idéal pour briser les os.

          En rentrant dans sa chambre, il eut la surprise de retrouver une lettre sur son lit. Il l’ouvrit pru-demment, craignant un piège, mais celle-ci s’ouvrit sans artifice. Il préféra cependant la laisser ouverte plusieurs minutes, des fois qu’elle serait piégée avec un gaz. Horriblement difficile à réaliser, le procédé était extrêmement efficace et, selon le gaz utilisé, parfaitement indétectable sans un matériel spécialisé qu’il n’avait pas. Il était presque impensable que l’un de ses cama-rades ait pu le faire. Presque. Ce fameux presque qui fait toute la différence. Il refusait de prendre des risques qui pouvaient être facilement évités, même aussi improbable que celui-là. Toute erreur serait éliminative. Il avait dû compter sur la chance une fois, il était hors de ques-tion qu’il recommence. Après un temps qu’il estima suffisant, il se rapprocha et en lut le con-tenu. Un sourire s’étira lentement sur son visage. C’était parfait.
          Finalement, il allait bouger plus vite que prévu. Il commença par récupérer la vrai liste (ou du moins ce qui était très probablement la vrai liste). Par habitude, il commença par barrer les noms de toutes les personnes éliminés, question d’organisation. La chambre d’Eros se situait à deux couloirs de là.

          Persé s’y rendit donc sans la moindre gêne. Il toqua ostensiblement à la porte en arrivant, mais ne reçut aucune réponse. Il entreprit donc de chercher le moyen de désactiver le piège qui gar-derait forcément l’entrée. Un petit bout de carton, glissé sous la porte. C’était surement ça. Il l’enleva en le repoussant à l’intérieur de la chambre. Connaissant Eros, il avait surement voulu faire l’inverse de tout le monde. Une rapide vérification lui confirma qu’il ne s’agissait pas que d’un leurre, et une entré prudente dans la chambre lui confirma qu’il ne s’était pas trompé sur Eros. La chambre était vide. Il referma la porte, remis le carton en place, admirant le piège simple et efficace auquel il était relié, puis il s’installa sur le lit et attendit.
          Au bout de seulement quelques dizaines de minutes d’attentes, le carton se repoussa et la porte s’ouvrit sur le propriétaire des lieux, qui, en le voyant, sursauta avec tant de force qu’il faillit s’assommer sur le linteau. Malgré sa réaction plutôt comique, Eros n’avait pas retouché terre qu’il avait déjà sorti une dague.
          Persé temporisa, levant ses deux mains vides, signe universel pour signaler qu’il était désarmais et venait avec des intentions pacifiques. Même si le premier point était inexact. Il était armé, il n’avait juste pas sorti ses armes. Toujours sur ses gardes, son opposant referma la porte d’un coup de pieds.
          Qu’est-ce que tu me veux ?
          Juste te signaler que suite à ma demande, Haark à accepter de nous faire passer l’épreuve de combat en premier. Il m’a également signalé que le combat avait pour seul règle absolu de se faire à main nue. J’en ai été informé tout à l’heure, par lettre.
          Je vois où tu veux en venir… C’est d’accord. Mais je te préviens, tu n’as au-cune chance.
          On verra bien. Fais-moi, plaisir, ne te fais pas avoir d’ici là.
          J’y compte bien.

          Persé repartit tranquillement, mais pas au point de tourner le dos à Eros. Il ne restait mainte-nant plus qu’à régler le problème. Un problème massif, certes, mais quelque chose lui disait qu’il ne serait pas de taille.


          Il retourna réviser quelque temps dans sa chambre. Certes, il restait déjà suffisamment peux de participants pour que l’évaluation n’est pas de raison d’être, mais les enseignants seraient foutu de leur mettre des épreuves éliminatoires si ils n’atteignaient pas une certaines note. Il mangea rapidement dans sa chambre puis se mit au lit. La nuit fut courte, mais calme. Comme à son habitude, il se réveilla à peine le soleil levé. Il commença par s’échauffer. Impossible de savoir quand ça allait péter, mais ce serait pour aujourd’hui. Il retourna, comme le jour écoulé, ses provisions chercher. Mais sur le chemin, dans le self, l’attendait Jean. Il se leva à son approche, le dominant de sa stature. Persé baissa ses appuis, dégagea ses mains et sortit son arme. Bien que Jean soit dans une position qui se voulait détendu, on voyait que lui aussi redoutait une attaque, qu’il cherche à la déclarer ou qu’il craigne d’y arriver. Mais la première option était peu probable. Ce n’était pas son genre d’agir de façon aussi grossière, avec un assaut de face. Tout cela avait traversé l’esprit de Persé dans le court intervalle de temps qu’il lui fallut pour se mettre en garde. Ils se fusillèrent un instant du regard, puis Jean prit la parole, de sa voix profonde :
          Du calme, Persé, je suis venu te proposer une alliance. Eros est trop fort pour nous deux, alors que chacun de nous a une chance raisonnable de s’en sortir face à l’autre. C’est pourquoi je te propose que nous fassions une trêve afin de l’éliminer. Ce soir, on se retrouve ici, vers deux heures. Je lui ai laissé une fausse convocation de la part de Jerk, la prof de psycho. Il y est doué et puisque tu sembles déjà être le chouchou du maitre d’arme, il ne devrait pas juger impossible que ce soit le cas pour d’autre. Une embuscade sur la route, à la sortie d’une zone mal éclairé, quand il relâchera sa surveillance. Tu es avec moi ?
          Persé pris un instant pour réfléchir, puis acquiesça lentement. Il savait donc quand ça exploser.

          A l’heure dite, il retrouva Jean. Il avait passé la journée à se préparer et à ruminer ce qui se passerait. Il avait beau avoir été préparé à ça, et avoir choisi d’agir en toute connaissance de cause, ça n’annulait pas l’impact psychologique de la chose pour autant. Il n’avait pu s’empêcher d’imaginer des scénarios catastrophes et d’y imaginer les parades les plus improbables. Mais au final, une fois calmé, il en revenait à son plan de base, et il s’y tiendrait. Jean accueilli son arrivée avec un signe de tête, puis se mit en marche, après avoir vérifié d’un rapide coup d’œil son armement, à savoir son boken. Tout en marchant, il lui donna les quelques informations qu’il manquait. :
          Le couloir Nord, au croisement avec celui qui mène à la réserve. On devrait avoir à attendre une quarantaine de minutes, maison n’est pas à l’abri d’un arrivée précoce.
          Comme toujours, Jean parlais trop. Cinq secondes auraient pu suffire à exprimer ce qui lui en avait pris quinze. Une façon de se déplacer trop ostentatoire, une apparence imposante, des yeux qui semblaient se réjouirent à l’avance de la douleur qu’il allait infliger… Il n’aimait pas Jean. Certes, lui-même n’était pas dérangé par le fait de faire souffrir quelqu’un, mais il n’y prenait pas de plaisir pour autant. Il le suivi pourtant tranquillement, suivant les couloirs tortueux du centre de formation. Les couloirs se suivaient et se ressemblaient, semblable pour un œil inconscient, mais à force d’errer dans ces lieux, les légères différences de chacun suffisaient à Persé pour se repérer. L’endroit annoncé pour l’embuscade n’était plus très loin.
          Jean restait prudent vis-à-vis de lui, lui jetant régulièrement des regards furtifs. Trop régulièrement. Il y avait à chaque fois entre quinze et vingt seconde entre chaque regard. Un regard, il détourne les yeux, quelques pas, il le regarde à nouveau. Encore quelques pas, Persé sort sa dague et la plante en bas de son dos, il se retourne lui jette un regard stupéfait.
          Jean avait perdu, il le savait, mais il ne comptait pas tomber seul. Il chargea avec force. Une charge imposante, destructrice et prévisible. Persé saisit son poing, se décala lestement puis faucha ses jambes. Jean tenta de se redresser d’une roulade, mais Persé posa tranquillement son pied sur son bras avant de le lui tordre violemment, le brisant net. Il hurla. Il tenta de reprendre l’ascendant, mais le puissant narcotique dont était enduit la lame faisait déjà effet malgré l’adrénaline et il avait l’impression de se mouvoir dans de la gelée.
          Au bout de quelques secondes, il admit sa défaite et cessa de se débattre.
          Pour… Pourquoi ?
          Tu veux peut-être me faire croire que tu avais l’intention de mettre Eros hors-jeu et de me laisser repartir tranquillement ? Je suis prêt à parier qu’il n’a jamais reçu la moindre convocation et qu’un certain nombre de cadet nous attend à l’endroit prévu. Tu me prends vraiment pour un abrutit. Et comme si ça ne suffisait pas, tu passais ton temps à me surveiller, mal d’ailleurs, montrant par la même que tu n’avais pas la conscience tranquille.
          Avec un petit sourire satisfait, Persé repartit en l’abandonnant. Même si il s’était trompé pour les cadets, les cris de Jean allaient attirer du monde et on l’emmènerait rapidement à l’infirmerie.

          Plus qu’un. Plus que Eros. Encore un et c’était fini.

          Il retourna le plus tranquillement du monde dans sa chambre, désireux de se reposer convenablement. Il ne lui restait plus qu’une nuit et demie avant le grand moment.
          Quand vient le matin, il entreprit une série d’étirement, puis se rendit dans l’une des trois salles de sport secondaires. Il faisait suffisamment confiance à la parole de Eros pour se permettre ce trajet. Ce qui ne l’empêcha pas par ailleurs de verrouiller la salle une fois entré.
          Là encore il enchaina les exercices, sans pause, jusqu’à ce qu’il puisse à peine tenir debout. Il avait travaillé de façon encore plus intensive que d’habitude et les résultats commençaient à s’en ressentir. Il parvient à effectuer deux grands tours avant de s’écrouler. Une heure pour se reposer et manger, puis il reprit des exercices plus calmes. Il lui fallait être en forme. Aucune révision, ce jour-là. Dès qu’il eut fini ses exercices, il partit dormir. Il eut cependant du mal à trouver le sommeil sous le coup du stress et ne s’endormit qu’au bout de plusieurs heures.



          Le moment était venu. Il suivit la convocation qu’il avait reçu le soir précédent et arriva dans le dojo ou l’attendait Haark, qui l’accueilli d’un signe de tête, avant de lui signaler qu’il attendrait la demi-heure supplémentaire pour voir si personne d’autre n’arrivait, confirmant de manière implicite le but de la semaine de « révision ». Eros arriva quelques minutes plus tard à la surprise manifeste du maitre d’arme. La surprise fut cependant générale quand Éric se présentât à son tour. Voyant les regards qui le regardaient fixement, il s’expliqua, l’air gêné :

          Sachant que j’étais vulnérable et que je serais la première victime, j’ai préféré vous prendre de vitesse et simuler un attaque, avant de réapparaitre pour l’évaluation.
          Un silence s’installa pendant quelques secondes, puis Eros prit la parole d’une voix douce :
          Eric, on va commencer par le combat. C’est pour ça que Persé ET moi sommes là. Nous avions prévu de finir sur un duel.
          Oh.
          Un autre ange passa pendant qu’il prenait conscience de la situation, puis ce fut le maitre d’arme qui reprit la parole.
          Bon. Dix minutes d’échauffement, puis Éric contre Eros. Après, dix autres minutes de pause et Persé contre Eros.
          Le fait que le maitre d’arme ne prit même pas la peine de lui donner un deuxième combat acheva de miner le jeune homme. Il s’échauffa sans conviction à leur côté pendant les dix minutes alloué, mais il n’y croyait plus. A l’appelle du maitre d’arme, Eros lui proposa d’abandonner et de faire tout de suite les démarches pour rentrer dans l’administration, mais il serra les dents et refusa d’un signe de tête, arrachant un sourire à Persé. Il avait du cran. Mais ça ne suffirait pas.
          Le combat commença. Eros était manifestement en situation de force dès le début de l’affrontement, mais il n’osait pas y aller, offrant à Éric la possibilité de placer quelques coups, bien que peu efficaces. Persé commençait à comprendre ce que Jyo Haark entendait par « l’absence de tout sentiment humain ». Lui aurait considéré que le meilleur moyen de remercier son opposant pour ce cran aurait été d’y aller à fond. Mais Eros n’osait pas attaqué, gêné de frapper le jeune homme sans défense. Malgré tout, le combat fut vite expédié et celui qui avait eu le malheur d’être trop malin ne s’en relèverait avant plusieurs semaines.

          La pause passa avec une lenteur insoutenable. Le stresse le remplissant peu à peu. Il jouait toute la suite de sa vie ici. Quand l’appel retentit, il se leva lentement et ses craintes disparurent dans la préparation du combat à venir. Le calme était passé, la tempête arrivait.

          Ils étaient à une dizaine de mètres l’un de l’autre. Eros avait privilégié une garde haute, tandis que lui privilégiait une basse. Les mains ouvertes pour l’un, replié pour l’autre. Le signal retentit sans qu’aucun ne bouge. Ils se jaugeaient en silence, immobiles. Ce fut Eros qui fit le premier pas. Il le suivit, les deux s’avançant lentement vers le centre. Son bras se détendit souplement, intercepté par son adversaire qui réagit en envoyant un coup droit sur son épaule gauche, qui fut paré avec le bras avait été intercepté, tandis que l’autre frappait au plexus, voulait frapper. Il fut également arrêté. Ils enchainèrent de courtes séries d’attaques presque collé l’un à l’autre avant de s’éloigner et de se tourner autour. Leurs yeux ne se quittaient pas. Ils avançaient, lentement, un pas, la jambe glissant doucement, reprenant le poids du corps d’un mouvement souple, puis un autre.
          Eros chargea soudain. Une charge simple, puissante, l’épaule en avant. Il l’évita d’une courte roulade, afin d’éviter d’être happé par ses bras. Il se releva tandis qu’un coup de poing arrivait vers sa pommette. Il se saisit du poing, glissa autour et s’en servit de poing d’appuis pour frapper du pied dans le mollet. Sa riposte fut évitée et son adversaire dégagea son bras d’une secousse avant de prendre du champ.
          Il ne lui en laissa pas le temps et avança rapidement sur lui, frappant de coups rapides et secs. Eros fut obligé de passer sur la défensive, parvenant difficilement à parer les coups et à retrouver son équilibre. Il finit par s’enfuir d’une roue, tentant de le frapper au visage de ses pieds joints. Il partit en arrière pour tenter d’éviter le coup, mais trop lentement. Le coup frappa au coin du visage, provoquant une douleur sourde. Ce fut lui qui dût cette fois se reculer.
          Courant à sa rencontre, Eros, frappa, d’un magistral coup vers la tête. Il évita, passant sous la jambe, avant de déchirer de ses ongles le front de celui qui lui tenait tête. Ce dernier ramena brutalement sa jambe pour tenter de l’avoir. Il saisit la jambe au vol en accusant le coup, avant de la tordre et d’envoyer son adversaire au loin. Il prit une rapide inspiration puis se lança sur son adversaire qui ne l’avait attendu pour se relever d’une pirouette. Une feinte de coup à la tête, il descendit sur ses appuis et faucha les jambes de son adversaire. Trop prévisible. Il le comprit trop tard. Eros lui saisit la jambe au vol et le força à tomber avec lui. Il atterrit plein dos, l’impact chassant l’air de ses poumons. Il releva le buste sans attendre malgré la douleur qui lui vrillait le torse, avant de se lancer en arrière, les jambes et les bras tendus, frappant de ses pieds joints le menton de son adversaire, qui partit en arrière sous l’impact.
          Il se vengea en envoyant deux attaques vicieuses sur la tempe et le foie, mais Persé para le premier et le sang qui coulait sur ses yeux lui fit rater le second. Il y répondit par un coup de coude dans le toraxe, avant de pivoter en frappant de sa main à plat sur le bas de son menton, puis frappa en pirouettant d’un prodigieux coup de pied fouetté en torse qui aurait été plus qu’improbable si son adversaire avait été en moyen de réagir. Mais il ne l’était pas.

          Eros fut frappé de plein fouet par le coup qui le projeta sur plus de deux mètres. Un craquement sinistre retentit. Le coup avait été suffisamment fort pour briser puiseur côtes. Une douleur intense se lut un instant dans son regard tandis qu’il tentait de résister, mais elle fut bientôt balayée par une inconscience miséricordieuse.


          Il avait gagné.


          Cette évidence se fraya lentement un chemin dans sa conscience, aidée par le sourire chaleureux du maitre d’arme. Un sourire s dessina lentement sur son visage, sans qu’il se rende compte qu’il s’agissait exactement du même sourire sauvage qu’il lui avait adressé il y a de ça une semaine.
          Bienvenu au CP, Persé