Cul posé dans son trône, le cafard se prélassait à bord. Ledit trône était bien trop large pour une vermine de sa carrure. Cependant, plus qu'un symbole de son autorité, il s'agissait d'un trophée de guerre dont il s'enorgueillissait. Après avoir mis à sac une obscure île sur lequel le Log Pose du navigateur avait attiré les Blattards, ceux-ci s'en étaient allés piller tout ce qui pouvait avoir de la valeur. Depuis le temps, cette démarche tenait plus de l'habitude que du besoin de s'enrichir. Durant la razzia, ils s'étaient emparés du trône local, celui d'un demi géant que tous s'étaient fait un plaisir à broyer après l'avoir forcé à regarder sa femme et ses enfants se faire torturer devant lui. Il n'y avait pas de petit plaisir.
Depuis un certain temps, les affaires allaient toutes seules. Avide de richesses et pingre comme il savait lêtre, Joe aurait pu s'en réjouir. Et pourtant, le cafard s'en lassait. Au fond de lui, il savait que si il avait embrassé la vie de pirate, ce n'avait pas été uniquement pour s'enrichir facilement, mais pour une certaine idée de l'aventure et du défi.
Son équipage se renforçait chaque jour un peu plus, peu de choses résistaient aux Blattards, parfois, certains capitaines de vaisseaux se rendaient sans combattre. Cette sensation de victoire sans péril laissait un arrière goût de pisse dans la bouche de Joe.
- Dites.... Ça fait longtemps qu'on n'a pas croisé un putain de marine non ?...
Blasé, affalé sur la trôle, les jambes posées sur un accoudoir tandis qu'il était adossé à celui d'en face, le siège faisait presque office de banquette pour lui. Interpelé en ces termes, le navigateur qui passait pas là lui répondit la fleur au fusil.
- En effet capitaine ! Grâce aux escargophones noirs installés par Clotho nous interceptons leurs communication. Ainsi, nous avons toujours un coup d'avance et pouvons les éviter.
Immobile, restant silencieux un instant, Joe sembla émerger après être tombé dans un coma profond.
- Je peux savoir qui est le demeuré de première qui a donné cet ordre ?!
Petit à petit, son visage se déformait pour devenir celui du teigneux qu'il avait toujours été. Lèvre supérieure retroussée, un tic au coin de l'oeil gauche, il tremblait tant il tentait de contenir sa rage. Si son envie de défi n'avait pas été rassasiée depuis tout ce temps, cela tenait au fait que l'équipage s'était montré trop prudent. Qui en effet aurait pu suggérer une tactique aussi lâche et indigne de la piraterie ?
- Mais enfin capitaine, c'est vous... Vous avez même été celui qui avait eu l'idé....
Interrompu par une balle logée dans sa gorge, le navigateur s'écroula au sol se tenait le cou de ses deux mains afin de contenir une hémorragie qui de toute manière aurait raison de lui sous peu. Aurait-il eu la présence d'esprit de rejeter la faute sur quelqu'un d'autre plutôt que de dire la vérité qu'il ne serait pas mort aujourd'hui.
La détonation du mousquet à triple canon du cafard eut le don d'attirer l'attention de tout le monde à bord. C'était ce qu'attendait Joe.
- Messieurs messieurs.....
Se levant enfin de son trône à la taille de sa démesure, il rangea son canon fumant, plaça ses mains dans son dos et déambula au milieu de ses hommes sur le pont central.
- Je crains que si nous continuons à enchaîner les victoires faciles, vous risquez de vous relâcher. Aussi, entendez moi bien, car je n'ai pas l'intention de me répéter.
Plaçant sa main droite devant sa bouche alors qu'il toussotait afin d'éclaircir sa voix, il reprit sur un ton bien plus menaçant.
- MAGNEZ VOUS DE ME TROUVER UN GALION DE MARINE À COULER !!!
Cette injonction tomba comme un caprice. Toutefois à bord, les Blattards étaient habitués aux lubies de leur capitaine. La plupart d'entre eux n'étaient d'ailleurs pas hostiles à l'idée de se dégourdir les mousquets à l'encontre des forces armées de la grande mouette. Rien de tel qu'un massacre de militaire après avoir passé un séjour en mer à se baigner dans les berries. Cet exercice ferait le plus grand bien à tous. Tous, sauf la marine.
- Justement capitaine....
Un préposé aux communications escargophoniques se manifesta timidement. Après avoir contemplé la manière impulsive dont le cafard avait fait preuve pour tuer le navigateur, il y avait de quoi être quelque peu réservé avant de s'adresser au capitaine.
- Il y a environ vingt minutes de ça, nous avons eu vent d'un convoi de munitions destiné à Navarone sous bonne escorte. Trois galions il me semble. Mais peut-être devrions nous commencer par plus faible non ?
Bras croisés, buvant les paroles de son homme d'équipage, le cafard sourit en coin. Il en avait presque l'air candide et innocent. Cela contrastait tant avec son visage habituel que nombreux à bord en furent déroutés.
- Plus faible hein ?...
Gloussant un petit rictus malsain, à nouveau son visage se déforma au cours d'un énième épisode de rage spontanée. Très vite, le mousquet à canon triple fut à nouveau dégainé.
- Tu nous suggère de nous échauffer sur ta chiasserie de carcasse si je comprends bien ?!
Le saisissant sèchement à l'avant bras de sa poigne puissante, Clotho lui jeta un regard froid. Il savait qu'il lui aurait suffit d'appuyer davantage pour briser le bras de son capitaine. Cependant il ne se permis pas une telle liberté qui aurait vite pu mener à un drame. Les réactions du cafard pouvaient être excessives lorsqu'il était en mauvaise posture.
- Je pense qu'un navigateur mort suffit pour aujourd'hui.
Vexé d'avoir été ainsi recadré, Joe revînt néanmoins à la raison et rangea à nouveau son arme après s'être défait de l'étreinte de sa recrue. Crachant aux pieds de l'ancien révolutionnaire comme pour le provoquer et lui montrer qui était le chef à bord, le capitaine des Blattards face à un homme d'équipage de la trempe de Clotho ressentait le besoin constant d'affirmer sa position de chef.
- Soit. Dès que vous aurez localisé les galions, on met le cap sur le convoi. Et je vous préviens... Le moindre pisse froid qui se montre hésitant à l'idée de les aborder, il apprendra à ses dépends que le cafard sait se montrer plus nocif que la mouette.
Légèrement voûté, mains enfoncées dans les poches de son long anorak, Joe s'en retourna s'allonger sur son trône laissant à ses hommes la tâche ingrate d'obéir à ses ordres insensés. Le capitaine voulait casser du marine, que sa volonté soit faite.
Depuis un certain temps, les affaires allaient toutes seules. Avide de richesses et pingre comme il savait lêtre, Joe aurait pu s'en réjouir. Et pourtant, le cafard s'en lassait. Au fond de lui, il savait que si il avait embrassé la vie de pirate, ce n'avait pas été uniquement pour s'enrichir facilement, mais pour une certaine idée de l'aventure et du défi.
Son équipage se renforçait chaque jour un peu plus, peu de choses résistaient aux Blattards, parfois, certains capitaines de vaisseaux se rendaient sans combattre. Cette sensation de victoire sans péril laissait un arrière goût de pisse dans la bouche de Joe.
- Dites.... Ça fait longtemps qu'on n'a pas croisé un putain de marine non ?...
Blasé, affalé sur la trôle, les jambes posées sur un accoudoir tandis qu'il était adossé à celui d'en face, le siège faisait presque office de banquette pour lui. Interpelé en ces termes, le navigateur qui passait pas là lui répondit la fleur au fusil.
- En effet capitaine ! Grâce aux escargophones noirs installés par Clotho nous interceptons leurs communication. Ainsi, nous avons toujours un coup d'avance et pouvons les éviter.
Immobile, restant silencieux un instant, Joe sembla émerger après être tombé dans un coma profond.
- Je peux savoir qui est le demeuré de première qui a donné cet ordre ?!
Petit à petit, son visage se déformait pour devenir celui du teigneux qu'il avait toujours été. Lèvre supérieure retroussée, un tic au coin de l'oeil gauche, il tremblait tant il tentait de contenir sa rage. Si son envie de défi n'avait pas été rassasiée depuis tout ce temps, cela tenait au fait que l'équipage s'était montré trop prudent. Qui en effet aurait pu suggérer une tactique aussi lâche et indigne de la piraterie ?
- Mais enfin capitaine, c'est vous... Vous avez même été celui qui avait eu l'idé....
Interrompu par une balle logée dans sa gorge, le navigateur s'écroula au sol se tenait le cou de ses deux mains afin de contenir une hémorragie qui de toute manière aurait raison de lui sous peu. Aurait-il eu la présence d'esprit de rejeter la faute sur quelqu'un d'autre plutôt que de dire la vérité qu'il ne serait pas mort aujourd'hui.
La détonation du mousquet à triple canon du cafard eut le don d'attirer l'attention de tout le monde à bord. C'était ce qu'attendait Joe.
- Messieurs messieurs.....
Se levant enfin de son trône à la taille de sa démesure, il rangea son canon fumant, plaça ses mains dans son dos et déambula au milieu de ses hommes sur le pont central.
- Je crains que si nous continuons à enchaîner les victoires faciles, vous risquez de vous relâcher. Aussi, entendez moi bien, car je n'ai pas l'intention de me répéter.
Plaçant sa main droite devant sa bouche alors qu'il toussotait afin d'éclaircir sa voix, il reprit sur un ton bien plus menaçant.
- MAGNEZ VOUS DE ME TROUVER UN GALION DE MARINE À COULER !!!
Cette injonction tomba comme un caprice. Toutefois à bord, les Blattards étaient habitués aux lubies de leur capitaine. La plupart d'entre eux n'étaient d'ailleurs pas hostiles à l'idée de se dégourdir les mousquets à l'encontre des forces armées de la grande mouette. Rien de tel qu'un massacre de militaire après avoir passé un séjour en mer à se baigner dans les berries. Cet exercice ferait le plus grand bien à tous. Tous, sauf la marine.
- Justement capitaine....
Un préposé aux communications escargophoniques se manifesta timidement. Après avoir contemplé la manière impulsive dont le cafard avait fait preuve pour tuer le navigateur, il y avait de quoi être quelque peu réservé avant de s'adresser au capitaine.
- Il y a environ vingt minutes de ça, nous avons eu vent d'un convoi de munitions destiné à Navarone sous bonne escorte. Trois galions il me semble. Mais peut-être devrions nous commencer par plus faible non ?
Bras croisés, buvant les paroles de son homme d'équipage, le cafard sourit en coin. Il en avait presque l'air candide et innocent. Cela contrastait tant avec son visage habituel que nombreux à bord en furent déroutés.
- Plus faible hein ?...
Gloussant un petit rictus malsain, à nouveau son visage se déforma au cours d'un énième épisode de rage spontanée. Très vite, le mousquet à canon triple fut à nouveau dégainé.
- Tu nous suggère de nous échauffer sur ta chiasserie de carcasse si je comprends bien ?!
Le saisissant sèchement à l'avant bras de sa poigne puissante, Clotho lui jeta un regard froid. Il savait qu'il lui aurait suffit d'appuyer davantage pour briser le bras de son capitaine. Cependant il ne se permis pas une telle liberté qui aurait vite pu mener à un drame. Les réactions du cafard pouvaient être excessives lorsqu'il était en mauvaise posture.
- Je pense qu'un navigateur mort suffit pour aujourd'hui.
Vexé d'avoir été ainsi recadré, Joe revînt néanmoins à la raison et rangea à nouveau son arme après s'être défait de l'étreinte de sa recrue. Crachant aux pieds de l'ancien révolutionnaire comme pour le provoquer et lui montrer qui était le chef à bord, le capitaine des Blattards face à un homme d'équipage de la trempe de Clotho ressentait le besoin constant d'affirmer sa position de chef.
- Soit. Dès que vous aurez localisé les galions, on met le cap sur le convoi. Et je vous préviens... Le moindre pisse froid qui se montre hésitant à l'idée de les aborder, il apprendra à ses dépends que le cafard sait se montrer plus nocif que la mouette.
Légèrement voûté, mains enfoncées dans les poches de son long anorak, Joe s'en retourna s'allonger sur son trône laissant à ses hommes la tâche ingrate d'obéir à ses ordres insensés. Le capitaine voulait casser du marine, que sa volonté soit faite.