Le Deal du moment :
Xiaomi Mi Smart Camera 2K Standard Edition (design ...
Voir le deal
11.39 €

Light my Fire [PV Yuji]

Parfois, alors que vous êtes juste peinard en train de siroter une bouteille de scotch comme du petit lait, vous avez la chance de tomber sur une âme compatissante. Celle-ci peut, dans un élan de générosité, trinquer avec vous en vous faisant miroiter ses magnifiques atouts, du genre bonnet D avec trois chiffres avant. Mais là où ça se corse, c'est quand la demoiselle tente de profiter de votre gentillesse pour vous faire les poches. Personnellement, ma condition de gentleman m'empêche de lever la main sur une femme... enfin, sauf lorsqu'elle le demande et dans un cadre bien particulier. Mais quand vous surprenez la miss qui met sa main dans votre imperméable et que ce n'est pas pour vous saluer en vous serrant le troisième bras, vous hésitez généralement entre lui tordre le poignet et lui demander ce qui se passe. D'expérience, je sais que la seconde option conduit généralement à une fuite précipitée ou un verre dans la figure avant celle-ci. Quant à la première, ma foi... en général, il arrive que la voleuse se fasse passer pour la victime.

Sérieusement, qu'est-ce qui est plus énervant en ce bas monde que les fausses-victimes. Vous savez, le genre de personne qui chiale dès qu'elle n'a pas ce qu'elle veut, ou qui vous fait passer pour le méchant alors que c'est elle qui vient de vous démouler un cake dans la colle. C'est sans conteste ce type d'individu qui me fait le plus sortir de mes gonds. Trois ou quatre baffes histoire de les faire tourner sur elles-mêmes avant que, secouées par le choc, elles ne s'aplatissent comme une limande sur le sol, encore en train de se demander ce qui vient de leur arriver. Qui n'a jamais rêvé de faire ça à quelqu'un dans ce genre ? Personnellement, c'est toujours l'envie la plus tentante que j'ai quand je suis face à ce genre de situation. Et c'est pourquoi, vous vous en doutez... j'ai chopé bien fort le poignet de la miss en la dévisageant d'un air pas très enclin à la diplomatie.

Comme on peut s'en douter, la suite est facilement prévisible. Et vas-y que je crie, vas-y que je dis qu'il me fait mal alors qu'il me touche à peine, vas-y que je l'accuse d'être un violeur de la pire espèce qui n'attendait que de te faire boire pour te sauter dessus. Règle numéro dix-sept du code : Un mec en imperméable n'a pas besoin de faire boire une jeune femme pour abuser d'elle. Un mec en imperméable est la classe incarnée et ne force jamais les demoiselles à quoi que ce soit... sauf peut-être en leur racontant des bobards, mais là c'est de l'implicite. Mais bref, toujours était-il que j'avais une espèce de furie dont je tenais le poignet et qui gigotait comme une anguille en hurlant comme une truie qu'on égorge. Naturellement, la première réaction de tout mâle est de prendre le vieux pour un pervers et la fille pour une pauvre petite chatte innocente avec des yeux tout luisants.

Bien entendu, en moins de trente secondes, j'ai droit à une horde de malabars qui s'avancent vers moi avec un air menaçant. Je tente de prendre la chose du bon côté en affichant un visage détendu et essayant de m'expliquer, toujours en tenant ma voleuse par le poignet. Néanmoins, le fait que l'un des protagonistes qui se dirige vers moi n'en vienne à me traiter de pervers juste parce que j'ai un imperméable, et non parce que j'aurai juste un imperméable, me pousse à revoir ma position. Ne jamais, au grand jamais, traiter de pervers quelqu'un de classieux en imper. Il est vrai que l'on a pas le droit de frapper une femme directement. Mais la balancer d'un coup à la tronche du guignol qui vous sort une telle énormité, en revanche, c'est différent. Bon, évidemment, ce simple fait déclenche la bagarre générale. D'un seul coup, j'ai six mariolles qui se ruent vers moi avec leurs poings et couteaux brandis en avant. J'ai cependant une réaction excessivement normale : un coup de latte dans la table pour l'envoyer au pif des deux gus en première ligne.

Évidemment, ça fout un peu la bazar, les six choppes de scotch que j'avais commandé se répandant par terre, l'un des autres assaillants glissant maladroitement dessus pendant que ses trois collègues hurlent comme des bœufs en se dirigeant sur moi. Autre réaction simple, je jette ma clope sur le sol, laissant l'alcool s'enflammer. Celui à terre commence à sentir le steak un peu trop cuit alors qu'il déambule comme un perdu en agitant ses bras partout pour sortir de la taverne. Quant aux deux autres qui étaient sur la flaque à ce moment, leurs pompes prennent feu et ils se mettent alors à paniquer comme si on leur indiquait qu'ils avaient oublié de payer leurs impôts avant la date limite. Tout ça pour deux trois flammèches sur les godasses, si c'est pas malheureux. D'un simple geste du pied, je traîne ma chaise avant de la lever et la saisir avec ma main, pour l'éclater sur la tête du premier. Il me reste forcément quelques morceaux de bois dans les mains, le reste ayant pour le moins explosé sur le crâne du pauvre bougre. Je me sert donc des deux bouts de bois pour claquer la tête du deuxième, et enfin me concentrer sur le dernier qui reste.

Enfin, me concentrer... pas vraiment. Le pauvre ignare se retrouve seul, avec son couteau, en voyant ses cinq copains étalés comme des loques dans que je n'ai sorti ma deuxième main de ma poche. Je vous laisse imaginer que la direction qu'il a pris suite à cette constatation était celle opposée à la mienne. Secouant lentement la tête de droite à gauche en soupirant, je me dirige tranquillement vers la sortie quand l'espèce de morveuse aguicheuse se relève pour me menacer en ramassant un bout de bois de la chaise explosée, genre l'amazone face à un mec civilisé alors qu'elle n'en a jamais vu. Okay ma poule, je veux bien être gentil et je pensais t'avoir fait une fleur en t'envoyant juste voler dans le pif de ton camarade, mais là, tu commences sérieusement à m'échauffer les oreilles. Malgré le fait que je lève les yeux au ciel pour lui montrer qu'elle commence à être lourde la guenon, elle se jette sur moi avec un cri de rage très peu féminin. Désolé Xena, t'es pas encore assez douée pour faire mumuse avec moi. Si tu ne comprends pas la manière douce, tant pis pour toi. Je m'avance vers elle alors qu'elle brandit son arme improvisée, faisant alors un tour sur moi-même en plaçant ma paume de main de manière à intercepter son accessoire et dévier sa course sur le côté. Un dixième de seconde plus tard, le mouvement rotatif la fait basculer et je me retrouve nez-à-nez avec quelle, son bout de bois complètement à ma gauche.

Et maintenant, tu vas gentiment foutre le camp de mon champ de vision parce que tu me pompe l'air chérie. Un coup de genou bien placé dans le flanc gauche de la dame la fait décoller pour aller s'encastrer dans le mur. Ce n'est pas dans mes habitudes d'agir ainsi, mais dès l'instant où une dame brandit une arme vers moi, elle aura beau être la plus belle femme du monde, elle risque d'écoper d'un sérieux coup de latte, et pas comme j'aurai voulu lui donner au départ. Poussant une exclamation pour le moins dépitée, je me passe la main dans les cheveux, juste parce que je le vaux bien, avant de saisir mon imper sur les bords et de le tirer d'un coup sec pour bien le remettre. Les gosses j'vous jure, faut tout leur apprendre.

Là où ça se corse, c'est quand je sors du bar pour voir quoi ? Que le mec que j'ai cramé était un officier de la Marine en permission et qu'il a rameuté ses copains après s'être jeté dans l'abreuvoir des canassons. Que le type me fixe en ayant la face à moitié noircie et en serrant les dents est une chose. Que ses vingt collègues armés me mettent en joue, là, c'est une autre histoire. Qu'est-ce que je suis supposé faire dans ce genre de cas ? Me faire les vingt troufions ? Ouais, c'est sûr, j'aurai peut-être pu en latter une bonne partie avant de me barrer en en laissant la moitié en plan comme des nouilles. Mais d'un autre côté, je risquais quoi ? Le mec n'était même pas en service et il m'avait carrément cherché des crosses. Si on en venait à me juger, je prendrais allez... deux semaines au trou ? C'est loin d'être la mort.

Oui mais voilà, le Marine en question est le fils du magistrat de la ville, et ça, j'étais incapable de le deviner. C'est pas comme s'il avait son pédigrée marqué sur son front non plus. Du coup j'ai fait une bien jolie boulette en levant les mains pour me rendre. Le fait de souligner une vague ressemblance entre mon juge et le guignol du côté partie civile a cependant bien amusé la galerie, genre je m'en rendais compte avec un grand "Haaaaaa oui, effectivement". Et bien sûr, les deux semaines sur lesquelles je tablais se sont rapidement transformées en deux ans à la prison de North Blue, au Quartier Général de la Marine dans ce coin paumé. Joie, joie, bonheur et beurre de cacahouète. Voilà donc comment je me suis retrouvé dans l'une des plus grandes prisons de ce monde sans même avoir quoi que ce soit à y redire.

Comment se sont déroulées les choses ? Très bien... en moins de trois jours après mon arrivée, c'est déjà le gros bordel. J'ignore qui a fait quoi, mais ça s'active dans tous les sens, on entend des coups de feu et j'en passe. Finalement, un bruit bien familier résonne au loin, celui des boulets de canon qui chutent indubitablement vers le sol. Vous savez, comme un gros sifflet bien aigüe juste avant qu'un boom ne retentisse. Bah là, en l'occurrence, le boom se produit sur les murs des cellules. Pratique pour ceux qui ont la chance d'être ainsi libérés. Mais pas mauvais bougre, les bagnards viennent aussi libérer leurs collègues encore derrière les barreaux. Ils ne se seraient pas rendu compte qu'à eux seuls ils n'avaient aucune chance par hasard ? Sortant tranquillement, je me dirige dans la direction opposé aux confrères hors-la-loi qui me demandent ce que je fous. Pendant qu'un grand barbu avec des airs de prophète se la joue un peu, de mon côté, je vais récupérer la vraie source de ma puissance, de ce qui fait de moi un homme : mes vêtements bordel !

Par chance, la réserve n'est pas trop loin... enfin, si on fait abstraction du peloton de Marines qui se dirige par ici. Je déambule en tenue de bagnard dans les couloirs, mains dans les poches, comme si de rien. Qu'est-ce que je ne donnerai pas pour une putain de clope et un bon verre de scotch. Mais voilà, j'trouve enfin un foutu plan d'évacuation en cas d'incendie. Amen, Alléluia et beurre de cacahouète ! Je m'y retrouve un peu mieux, même si c'est assez difficile à comprendre avec toutes leurs flèches à la con qui se croisent. Mais alors que je regarde peinard, j'ai pas le temps de bitter quoi que ce soit qu'un coup de feu retentit et mon beau plan dans son cadre vole en éclat. Je regarde en direction de là où vient le coup de feu pour découvrir un peloton armé et prêt à faire feu. Inutile d'indiquer la grossièreté sortie de ma bouche à cet instant, juste avant que je ne file dans le couloir de droite, évitant une razzia de plomb. Bon, autant continuer dans cette direction, vu que je n'ai pas vraiment d'autres alternatives.

Ainsi commença un véritable show à la Benny Hill où il ne manquait plus que cette foutue musique qui rend cinglé et le passage en avance rapide pendant qu'on se court après comme des abrutis. Après une dizaine de minutes à déambuler, je finis quand même par trouver la réserve. Entendant les bruits de pas de mes poursuivants résonner dans les couloirs, je ne prends pas la peine de réfléchir et m'enferme dans celle-ci. Là, plongé dans le noir, j'appuie sur l'interrupteur et ô miracle : les objets ayant appartenu à tous les détenus sont entreposés ici. Moins de dix secondes plus tard, je le vois alors, là, plié soigneusement, toujours impeccable : mon imperméable, au-dessus de mes autres vêtements. Papa est rentré à la maison les enfants, et ce soir, la bonniche va prendre sévère ! Du moins, c'est ce que je me dis en enfilant mon apparat avec élégance. Allez, c'est pas tout ça, mais y'a des Marines qui attendent de prendre des bons coups de pied au train !

Ni une ni deux, j'entends qu'on court juste devant la porte, pas la peine de réfléchir. Un grand coup de taloche dans celle-ci et elle sort de ses gonds, envolant au passage les quatre arsouilles qui passaient devant. Bon, par contre, voir les seize autres un peu éberlués en me voyant sortir ainsi vêtu, avec un air bien confiant sur le visage, pas stressé du tout, c'était un peu jouissif. Mais ça ne le fut pas très longtemps, car une seconde plus tard, tout le monde levait à nouveau son fusil vers moi. Et merde, j'ai beau avoir retrouvé ma classe, je ne suis pas immortel bordel ! Arrêtez de tirer deux secondes et battez-vous en homme bande de gougnafiers ! A nouveau je cours en évitant les balles qui ricochent un peu partout, pour finalement arriver à une intersection où une porte retient toute mon attention. Les cuisines ? Bonne idée ! Se faire un casse-dalle alors que je suis à la diète depuis un moment reste un bon plan. Je m'engouffre donc dans l'entrée et bloque celle-ci en coinçant le manche de la hache destinée à être utilisée en cas d'incendie, entre les deux poignées de la porte.

Bon, bien sûr, j'ai maintenant seize guignols qui tentent de me défoncer tout ça assez bruyamment. Mais pour passer outre une hache en acier, ça va leur prendre quelques minutes. Je me pose alors en face de la porte, sortant mon paquet de clope de ma poche pour finalement m'en griller une. En levant un sourcil perplexe, je cherche quand même s'il n'y a pas de quoi passer le bon temps, genre une petite bouteille de scotch. Mais finalement, après mes recherches, je ne tombe que sur du vin. Ma foi, je saurais m'en contenter, mais je suis tout de même un poil déçu. Qui plus est, difficile d'apprécier la boisson quand on a des sans-gênes qui jouent du tambour avec la porte. Il était temps de leur apprendre la vie quand même. Toujours aussi décontracté, je commence à allument l'ensemble des gazinières. Les quatre immenses machines servant à la restauration de toute la prison se mettent alors à siffler légèrement, laissant l'air vibrer sous l'effet du gaz libéré en abondante quantité. Je jette un rapide coup d'oeil derrière moi et vois que la porte ne va pas tarder à céder. Tant mieux.

Toujours aussi décontracté, je me dirige vers l'autre sortie, tout en posant au passage ma cigarette sur le bord de la table. Je ferme la porte de la deuxième entrée derrière moi et m'écarte du passage qui donne sur celle-ci, restant juste adossé au mur, à côté de l'entrée. Comme je n'ai plus de clope, je m'en sors une deuxième, histoire de déstresser. J'entends alors un gros crac, caractéristique d'une porte défoncée par une horde de sauvages. Bien entendu, l'appel d'air créé facilite l'embrasement lié à la présence d'une forte quantité de gaz et de la clope encore allumée. Ni une ni deux, tout le bousin se met alors à foutre le camp, une détonation importante faisant sauter la porte à côté de moi en laissant s'évader un faisceau incandescent qui part en ligne droite. Alors que les flammes se dispersent, je retire ma cigarette de ma bouche et souffle tranquillement la fumée. Je peux enfin apprécier le silence d'une clope fumée en toute tranquillité... enfin, si on oublie les corps calcinés des seize Marines cuits à point qui crépitent un peu.

D'un air nonchalant, je m'avance dans le réfectoire, débouchonnant ma bouteille de vin pour m'en siroter une lampée. Mais à ce moment-là, voilà-t-y pas qu'apparaît un charmant noble chevalier. Il est là, entre moi et la sortie, prévoyant visiblement de m'empêcher de passer. Si c'est pas mignon la jeunesse. Pour peu j'en viendrais à lâcher un "Kawai" à son attention. Mais l'heure n'est tout de même pas aux réjouissances. Je n'ai pas pour intention de me laisser traîner dans une cellule aussi facilement que la dernière fois. Si tu veux me bloquer le passage mon gars, on est face à un gros problème, et si je dois repeindre les murs avec ton jus de cervelle pour retrouver ma liberté, va surtout pas croire que je m'en priverai... enfin, peut-être quand même, parce que ça tâche et j'aime bien rester propre tout de même.
    Dans une étroite galerie creusée dans les entrailles de la terre, à une dizaine de mètres sous ce qu'on peut considérer comme la surface (en fait les sous-sol du QG eux-mêmes enfoncés de plusieurs dizaines de mètres dans le sol), le jeune Marine connu sous le nom de Yuji Livingstone se pose des questions existentielles. Plus précisément il regarde ses mains avec un air tellement concentré qu'on s'attend à ce que des lasers sortent de ses yeux ou tout autre effet spectaculaire porté sur la pyrotechnie. Mais non, il regarde juste ses mains. Enfin, ses nouvelles mains. Il aimait bien les anciennes mine de rien, après tout ils se connaissent depuis la naissance si on peut dire. Ce n'étaient pas des mains très belles c'est vrai. En fait elles étaient même un peu trop grosses, mal proportionnées par rapport au reste corps, ce qui les faisait ressembler à deux pelleteuses organiques. Elles étaient aussi couvertes de cicatrices et leur surface ressemblait plus à du cuir qu'à une peau de bébé. C'est qu'elles ont eu une vie bien remplie: brûlures, coupures, écrasements, engelures et fractures ont été leur lot quotidien. Non, à bien y réfléchir, ce n'était pas de très belles mains. Cependant l'Excavateur a pour elles une affection nostalgique.

    Après tout c'est MES mains ! Qui lui a donné le droit de les remplacer par... ÇA ? Qu'est-ce que je lui ai fait hein ? Tout ce que je voulais c'était une espèce d'armure pour me rendre invincible, le "Exkeltrex" là. Mais je suis vraiment trop bête: si une telle armure existait pourquoi ce serait Yuji qui l'aurait ? Je me suis fait avoir. Comme d'habitude. COMME D'HABITUDE ! IDIOT IDIOT IDIOT IDIOT !


    Il ferma les poings et frappa inutilement le bout de son tunnel, arrachant seulement quelques mottes de terre à la paroi et quelques lambeaux de peaux à ses poings. Pourtant il ne ressent rien. Enfin si, il sent que quelque chose arrive à ses mains, parcontre aucune douleur ne parcours son pourtant sensible système nerveux. Aucune démangeaison. Aucune "décharge électrique". Aucune sensation. Rien. Il pleura. Même la douleur on la lui a prit. Nonante pourcents de son sens du touché a disparu, remplacé par...des signaux sans saveurs provenant de ses prothèses mécaniques qui commencent au niveau du coude. Juste parce qu'un scientifique a qui il manque une case et dont celles qui restent sont dans les désordre s'est dit que ce serait une excellent idée de lui greffer des avant-bras tout en métal et en rouages.

    Le Docteur Mégapunk. Qu'est-ce qu'il déteste ce type. Déjà à leur première rencontre il ne le trouvait pas très sympathique. Même lui avoir fait fusionner le visage avec le sol ne l'a pas calmé, même pas un tout petit peu. Il faut dire qu'il ne l'a pas fait totalement exprès: ses nouvelles mains ont une puissance bien supérieure aux anciennes, celles qui étaient roses et un peu molles. Tout bien considéré il a même eu de la chance: le Marine lui a donné une raclée avant qu'il apprenne que non seulement il lui a greffé des membres mécaniques mais qu'en plus il y a intégré ses précieuses foreuses familiales. Ce n'est pas tellement ce fait qui a rendu Yuji dangereux (quoique) mais plutôt le fait que la "transformation" de ses mains en foreuses soit très sensible et même un brin aléatoire. Lorsqu'elles se sont mises à vriller à pleine vitesse il n'a tout simplement pas pu les contrôler. Si on devait faire une analogie c'était comme vouloir retenir un cheval parti au galop en le tenant par la bride.

    Oui, on peut pas.

    Et le Marine n'a pas pu non-plus Ses bras-foreuses ont commencé à creuser des tas de trous dans les murs façon marteau-piqueur qui carbure à la caféine.

    Lorsqu'enfin elles sont se sont arrêtées (pour une raison tout aussi mystérieuse que celle qui les a enclenché) la salle d'opération où il s'était réveillé ressemblait à l'antre d'un monstre déchainé qui aurait griffé et frappé les murs de son antre parce qu'il a été rendu fou furieux par un ongle incarné doublé d'une violente rage de dent. C'était assez flippant et Yuji dû exercer un petit ajustement mental pour se rendre compte que c'est lui qui a causé tout ça. C'était lui le monstre. Lorsque cette pensée horrible lui a traversé l'esprit il a fait ce qu'il sait le mieux faire: il a fuit. En creusant.

    Après avoir creusé sans but et miné les fondations du QG avec des tunnels qui tiennent plus de la montagne russe que du réseau souterrain murement réfléchit il s'est enfin arrêté. Et le voilà. Dans sa galerie. Dans le noir. Seul. Nu à part une serviette qui lui ceinture chastement le bassin et des lunettes de forages relevés sur le front. Et avec Boota, sa petite taupe à lunette, qui essaye de dire quelque chose et mais se ravise à chaque fois, ne sachant que dire. De fait, "dire quelque chose" lui est physiologiquement impossible. Mais elles peut aboyer et grogner, ce qui, dans son langage de taupe, revient au même mais pour les lecteurs humains il est bon de le préciser. Son esprit simple avait seulement trouvé un début de phrase rassurant lorsque quelque chose foira à la surface. Lorsque le sol tremble tel un gong frappé par un moine zélé on peut dire que quelque chose a foiré à la surface. Le son ne ressemblait parcontre pas du métal mais plutôt à un troupeau d’alligator qui ferait un concours de rots particulièrement épique. Bien entendu Yuji n'a pas pensé à étancher sa galerie et ladite galerie s'effondra sur elle-même quasi silencieusement si on excepte un début de cri de la part du jeune marine et de la taupe qui l'occupaient.

    Heureusement pour eux, ça se saurait si un simple éboulement pouvait avoir la peau d'un Excavateur. Après tout ils passent bien la moitié de leur vie à creuser et l'autre à remonter il faut bien que leur expérience serve à quelque le chose. Dans le cas présent ça servit bien Yuji. Enfin, après dix minutes le temps qu'il trouve comment comment réactionner ses bras-foreuses. Lorsqu'il eut enfin comprit le processus mental ad-hoc il fora vers la surface pour voir l'étendu des dégâts. Ses foreuses crissèrent contre une dalle en béton qu'il dû dégager en poussant de toutes ses forces une fois ses bras redevenus des membres à pouces opposables. Il souleva le bloc de pierre au dessus de lui et sortit le torse de son tunnel de sortie. Bizarrement il se retrouve dans un couloir standard. Vu le bruit (il a même encore entendu une réplique une dizaine de secondes avant de tomber sur la dalle) il s'attendait au moins à ce qu'il y ait quelques cratères. Des ruines. Un petit apocalypse quoi. Tout est normal. Les murs sont droits, le sol est plat, le plafond est toujours à sa place. C'est presque décevant.

    Il jeta la pierre (pas très loin, il est pas très costaud non-plus) et s'extirpa de sa taupinière fraichement creusée. Se souvenant soudainement d'un détail il s’agenouilla près du trou et farfouilla avec son bras dedans. Après quelques essais il en ressortit une petite taupe qui avait l'air d'avoir bu la tasse. Une bonne tasse pleine de terre. Il lui tapota gentiment le dos pour qu'elle recrache ce qu'elle a ingurgité par les poumons puis il voulut la mettre dans sa poche habituelle.

    Ah...oui...j'ai plus de poche. J'ai plus que ce drap. Et mes lunettes...

    Ne réfléchissant pas plus que nécessaire (après tout il vient de se prendre deux tonnes de gravats sur le crâne) il plaça la taupe sous l'élastique de ses lunettes, au niveau de sa tempe droite. C'est pas très confortable mais au moins ça tient bien. Relevant les yeux il tomba sur quelque chose qui n'était pas censé être là. Un grand blond dans un grand manteau. Archéotype même du type louche, il ne manque plus que les grosses lunettes teintées et un insigne du FBI. Ce détail technique passa largement au dessus de la tête de Yuji et il demanda stupidement:

    Heuuu...il se passe quoi là ? C'est la guerre ?


    Dernière édition par Yuji Livingstone le Lun 13 Juin 2011 - 12:14, édité 1 fois
      Je devais avouer que j'étais quand même légèrement intrigué par le nouvel arrivant. Celui-ci avait surgi d'un coup, sortant du sol du réfectoire à la manière d'une espèce de taupe pour le moins... particulière. Je remarquais immédiatement les drôles d'apparat au bout de ses mains, semblables à des foreuses assez peu esthétiques. Quant à son look assez peu orthodoxe, il n'était pas difficile de deviner que le jeune homme était de la Marine. On pouvait percevoir avec aisance son air juvénile. De toute évidence, il avait encore du lait sur les lèvres et c'est à peine si je pouvais dire s'il était majeur ou non. Peu m'importait de savoir s'il s'agissait de quelqu'un de bien ou non. Le fait étant qu'il se dressait entre moi et ma liberté. Cependant, s'il avait eu l'air un peu plus vieux, sans doute lui aurais-je foncé dessus sans cherche midi à quatorze heure pour lui botter le train fissa et prendre la clef des champs. J'étais, en revanche, beaucoup plus réticent à l'idée de faire rougir les fesses d'un gamin qui ignorait encore sans doute les joies de la vie telles que les femmes ou l'alcool.

      Alors que je l'observais avec un air pour le moins détaché, je le vis sortir un étrange petit animal. Celui-ci avait toutes les caractéristiques d'une taupe... et même d'une taupe alcoolique si l'on en jugeait la manière dont elle se dandinait de droite à gauche avec ses yeux tourbillonnants. J'ignorais ce qu'avaient fait les deux compères sous terre, ou même comment ils s'y prenaient pour jouer les fossoyeurs, mais je trouvais tout de même le spectacle qui se jouait devant moi plutôt attendrissant. Je n'étais, après tout, pas le genre d'homme qui lève la main sur un animal, du moins lorsque ce dernier était dépourvu de crocs acérés ou même de griffes. Et avouons-le, elle était toute mimi la petite taupe, avec son air bourré comme si elle venait de s'enfiler un litron de Pur Malt. Je suis sûr qu'elle aurait attendri le cœur des plus endurcis parmi les pirates. Bon, en revanche, pour les plus psychotiques, c'était une autre histoire. Sans doute auraient-ils pris un certain plaisir à lui écraser la tête jusqu'à voir ses yeux sortir de leurs orbites.

      Je percevais néanmoins chez le propriétaire de la bestiole comme un air pour le moins perdu. Un léger froncement de sourcil suivi d'un haussement de ces derniers semblait indiquer qu'il se demandait clairement ce qui venait de lui tomber sur le coin de la trogne. Lui répondre "Un ancien roi emprisonné pour rien et très désireux de se casser d'ici quitte à t'exploser la tête à coup de cruche à eau" n'aurait sans doute pas eu le meilleur effet. Mais dieu seul savait à quel point j'étais blasé par la tournure des choses. Après en avoir vu des vertes et des pas mûres sur Grand Line, l'évasion d'un Quartier Général de la Marine ne me procurait pas vraiment une dose d'adrénaline suffisante pour que je sois excité comme une puce. Prenant une nouvelle inspiration avec ma cigarette, laissant le rougeoiement au bout de celle-ci s'embraser, je relâchais un nuage de fumée par le nez avec une expression on ne peut plus neutre. Ce jeune Marine se demandait si c'était la guerre... Lui répondre oui aurait été faux en comparaison des véritables conflits, mais lui répondre non l'aurait été d'autant plus étant donné que la situation était loin d'être celle du Pays Magique de Babar.


      - Ca dépend du point de vue gamin. Pour moi ça ressemble davantage à une joyeuse sauterie. En revanche si tu ne fous pas le camp de mon chemin dans les secondes qui viennent, là il se peut que ça vire à la baston.

      Sans ajouter mot, je jaugeais le jeune homme avec les yeux à demi clos, comme si cela m'ennuyait au plus haut point d'être dans cette situation. Une nouvelle bouffée de fumée s'échappa de ma bouche tandis que mes yeux restaient rivés sur l'adolescent. Il ne semblait guère enclin à bouger ses miches de mon chemin. Ces Marines... pourquoi faut-il toujours qu'ils se lancent dans un combat dont tout le monde se ficherait éperdument s'ils en venaient à l'éviter et laisser les autres en paix. Peut-être l'arrogance de la jeunesse, allez savoir. Pour ma part, je ne comptais pas me retenir face au gosse en face de moi s'il venait à monter sur ses grands chevaux. Le réfectoire ne tarderait sans doute pas à se changer en un véritable champ de bataille.
        Hééééé pas la peine de se fâcher...

        Yuji catégorise les gens en quatre groupes: les copains, les chefs, les méchants et les-gens-qu'il-connait-pas. Il ne se souvient pas d'avoir déjà croisé le blondinet quelque part, et vu son caractère c'est pas comme si cet accro à la nicotine pouvait passer furtivement dans le champ de vision de quelqu'un. Et si on ajoute le ton employé il peut définitivement être mit en dehors du groupe "copain". Pour ce qui est des "chefs" là ça se complique. La plupart d'entre eux crient fort et se montrent désagréables avec leurs subordonnés mais c'est pas une règle absolue, y a parfois des sympas. Ils ont aussi tendance à porter des uniformes pas très orthodoxes en fonction de leurs goûts, donc en théorie le type que l'Excavateur a en face de lui mériterait quelques courbettes. Si il n'y avait pas un léger détail. Yuji pourrait rater un éléphant dans un couloir si il est trop absorbé par le laçage de ses chaussures mais y a quand même des choses qu'il sait, qu'il DOIT savoir pour éviter les ennuis. Un éléphant c'est généralement sympa mais un officier, là on a intérêt à y regarder à deux fois avant de lui chercher des crosses.

        Bref: le type n'a pas d'insigne. Tout supérieur hiérarchique qui veut se faire respecter doit au moins arborer un symbole de son grade histoire qu'on le mette pas en prison chaque fois qu'il demande à un garde d'aller lui chercher un café avec deux sucres. Question de logique. Le Marine a beau regarder l'imperméable grisâtre que porte l'homme en face de lui il ne voit rien qui puisse ressembler à un symbole de pouvoir tel qu'une médaille ou autre breloque rutilante. C'est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle: bonne car il ne se fera pas enguirlander parce qu'il se balade seulement vêtu d'une serviette dans l'enceinte d'un QG du Gouvernement Mondial, et mauvaise parce qu'il pourrait bien subir autre chose. Car après les "copains" et les "chefs" viennent les deux dernières catégories à savoir "méchants" et "connait pas". En sachant que la base de North Blue contient pas mal de criminels qui vont du pickpocket libéré dans trois jours à l'assassin multirécidiviste qui attend son transfert à Impel Down il est en droit de se faire du mouron.

        Il ne s'intéresse jamais aux prisonniers qu'il peut croiser et ne tient jamais à trop en savoir sur eux: son instinct lui chuchote chaque fois que poser trop de question risque réduire à une peau de chagrin son précieux capital-sommeil.

        Non, décidément ce type, à bien y regarder, ne ressemble pas trop à un prisonnier mais plutôt à quelqu'un qui veut répandre le chaos juste pour embêter les gens. Il a beau dire le Marine sent qu'il mène en ce moment une petite guéguerre personnelle contre quelque chose. Et il pourrait très bien faire parti de ce "quelque chose".

        J'aurais quand même dû me renseigner un peu...parce qu'une guerre ça ne se déclenche pas comme ça ! C'est vrai quoi, il faut un accord signé style "déclaration de guerre", un endroit bien délimité pour les combats et au moins deux semaines d'avance pour se préparer. J'aurais été prévenu quoi !!! Quant à une évasion il faut même pas y penser, comment ils se serait fournis en explosifs (qu'on vienne pas me dire que ce qui a fait s'écrouler ma galerie n'était pas une bombe !!!).

        *tilt*

        Attendez. Explosifs. QG. Mec mal rasé....


        Lentement mais sûrement Winchester D. Arthur passa, dans l'esprit de Yuji, dans la rubrique "Méchants" sous-groupe "Révolutionnaires-terroristes". Si l'Excavateur devait imaginé un poseur de bombe il aurait en effet cette tête là. Il se mit en garde, ses bras en mode "poings", et voulu prendre un air plein de défi qui veut un peu gâché par ses tremblements involontaires. Il est presque tout nu devant quelqu'un qui a sans doute des tas de choses qui font "boom" cachées dans son grand manteau. Y a de quoi avoir la frousse.

        On...on...oon ne passe pas espèce de...de...terororiste !

        Histoire de donner un peu plus de poids à la déclaration de son maître, Boota tendit une patte en direction du pseudo-terroriste et lui montra un majeur bien raide qui souligne, et ce quelque soit votre langue, son total méprit pour son adversaire du jour. Il faut dire que c'est pas elle qui se prendra des baffes...


        Dernière édition par Yuji Livingstone le Lun 13 Juin 2011 - 12:17, édité 1 fois
          Je fixais toujours le mec qui me semblait être un Marine face à moi avec un air pour le moins perplexe... enfin, pas autant que le sien. Vu la manière dont il me reluque, j'ai un peu l'impression d'être une danseuse de cabaret face à un jeune puceau qui se demande s'il va ou non oser lui demander une séance privée. J'ignore si ce gosse est attiré par moi ou non, mais il devrait tout de même essayer de dévisager les gens de manière un peu moins évidente. L'art de matter, ça s'apprend espèce d'amateur ! Un regard en coin, utiliser sa vision périphérique, ça te dit rien ? Il commence à me foutre mal à l'aise avec ses yeux un poil trop insistant à certains endroits de mon corps. Il matte mon poitrail ou je suis en train de rêver là ? Sérieusement, j'hésite à m'enfuir à sens inverse ou lui savater la trogne sévèrement pour lui apprendre les bonnes manières à ce petit dégoûtant. J'espère qu'il ne va pas regarder mon paquet de manière aussi insistante, parce que sinon, je vais gérer la situation avec Diplomatie, mon pied gauche, et Tact, mon pied droit. Je veux bien être gentil, mais l'idée d'être l'objet de désir d'un pervers pas très discret me gêne au plus haut point. Dans certaines îles que j'ai visitées, c'était passible de la peine de mort ce genre de comportement... à plus forte raison envers un membre d'une famille royale.

          Enfin, il se décide à ouvrir sa bouche... et c'est pour me dire quoi ? De ne pas me fâcher ? Houlà, mauvaise pioche morveux ! Quand on demande à un gosse de pas faire une chose, il est connu que c'est justement ce qu'il va vouloir faire le plus au monde. "Ne t'assois pas sur ce siège" et paf, trois secondes plus tard, il s'éclate à faire la toupie avec jusqu'à vomir dessus et le dégueulasser. Malheureusement pour toi mouflet, j'avais beau avoir pratiquement deux fois ton âge, je restais un grand enfant dans l'âme. Forcément, si tu me dis de ne pas me fâcher mais que tu restes quand même sur mon chemin, ça me fait tiquer. Fixant le pauvre inconnu en haussant un sourcil perplexe, mais en affichant un air plutôt froid et détaché, je me demandais ce qu'il allait bien pouvoir me pondre encore comme énormité. Le pauvre semble en pleine séance de réflexion, comme s'il se demandait qui de l'oeuf ou de la poule s'était pointé le premier. Et pendant ce temps-là je dois faire quoi moi ? Te fixer d'un air pas commode en espérant que les fils de ton cerveau se touchent et que tu finisses par foutre le camp ?

          Ah, il se décide enfin à bouger. Y'aurait-il de la vie dans cette caboche ? En tout cas, niveau réactivité, il repassera le bougre. J'ai connu des centenaires qui carburaient à l'eau de vie beaucoup plus aptes à réagir promptement que lui. Même moi en état de cuite, je restais beaucoup plus attentif. Mais ce qui me gêne, c'est que quand il se met à bouger l'animal, ce n'est pas pour s'écarter mais pour se mettre en position de combat. Il croit faire quoi là ? Jouer les Jet Li ? Ils sont à combien dans le caleçon qu'il exhibe alors qu'il est pratiquement à poil pour espérer me barrer la route comme ça ? Par contre, j'ignore si c'est la frousse ou le fait d'être presque nu, mais le gaillard semble avoir quelques spasmes et tremblements. Faut dire, s'il s'en sort et qu'il ne chope pas un rhume après le défi qu'il me lance, c'est qu'il est chanceux le bougre. D'un air pas trop sûr de lui, il finit par m'adresser à nouveau la parole, et ce pour me sortir des énormités plus grosse que le truc qu'il cache dans son falzar... ce qui ne devait pas être difficile vu qu'il devait vraiment avoir froid. Moi, un terroriste ? Ouais bon, j'ai déjà fait des attentats à la pudeur mais faudrait voir à pas pousser grand-mère dans les orties. J'ai peut-être fait sauter les cuisines et quelques guignols qui s'y trouvaient, mais je n'ai rien d'un Révolutionnaire quand même.

          Je porte ma main à ma bouche, saisissant ma clope entre mon index et mon majeur pour la retirer avant de recracher un peu de fumée, l'air toujours aussi décontracté. Il rigole des genoux le gamin là. J'affiche tout de même un air diablement surpris en voyant sa petite bestiole me faire un doigt sans aucune honte ou peur. Je ris ou je pleure ? Le spectacle avait quelque chose de comique, mais le quiproquo me met légèrement mal à l'aise. Il me prend vraiment pour un terroriste en plus ? A voir sa tête pas trop rassurée, j'en conclus que oui. Je jette un rapide coup d'oeil dans le réfectoire pour voir ce que j'ai à ma disposition. Hormis des tables et des chaises renversées par le choc de l'explosion, y'a pas grand-chose. Des bombonnes d'eau, pas mal de bouteilles d'alcool réservées aux officiers, un buffet froid éparpillé un peu partout. Ça va pas être une sinécure de se battre dans un bordel pareil. Me remettant ma clope au bec, je finis par prendre la parole, toujours avec un air détendu.


          - Faudrait voir à pas abuser de ma gentillesse gamin. Je t'ai juste demandé de te pousser. Mais si tu le prends sur ce ton...

          Je lève alors mon pied pour l'abattre sur une chaise renversée juste à côté de moi. En frappant l'un des pieds de celle-ci, je provoque un effet de propulsion qui la fait sauter jusqu'à hauteur de mon visage, à la verticale. Je fais alors un rapide tour sur moi-même pour frapper l'objet d'un second coup de pied qui l'envoie droit dans la direction du gamin en face de moi. J'aime pas trop frapper les mouflets téméraires qui prennent leur courage à deux mains, mais entre le torgnoler et me faire à nouveau coffrer, je choisis la première option sans hésitation. Non content de lui envoyer des objets en pleine poire, je m'élance alors derrière le projectile improvisé en question, brandissant mon poing droit, caché par la chaise. S'il la dégage, la première chose qu'il va voir, c'est ma royale personne lui faire un bilan complet de la dentition gratuitement. S'il la pulvérise, pareil. C'est pas l'armature métallique de la chaise, son dessous en bois et son dossier dans la même matière qui va m'empêcher de passer outre et mettre un gnon dans la face de ce gamin un poil trop prétentieux. Je veux bien être gentil, mais j'ai pas que ça à foutre non plus.
            HAAAAAA !

            Comme il a été dit et répété Yuji n'est pas un rapide de la comprenette, ainsi lorsque un tabouret prit la direction approximative de sa tête il fut totalement surpris. Non pas que l'attaque soit particulièrement rapide ou puissante mais c'est surtout que ce n'est pas du tout ce genre d'attaque à laquelle il s'attendait. Un terroriste c'est censé être un pyromane doublé d'un fan des explosions, il aurait donc dû sortir des grenades de sa poche ou un lance-flamme de son manteau. Ce qui aurait été logique si Winchester avait effectivement été un terroriste, or ce n'est pas le cas, ce que son Marine d'adversaire n'a pas encore enregistré. Comme de juste il ne réagit pas à l'attaque. Ses prothèses en revanche prirent la direction des opérations, sans lui demander son avis même si après coup il fut assez content de l'initiative. Ses bras semblèrent se transformer en une bouillie multicolore qui donne mal à la tête si on la regarde trop longtemps. Cela prit deux grosses secondes et un vacarne digne d'une section de percussion dévalant une montagne, mais le résultat est là: désormais deux grosses foreuses remplacent les avant-bras de Yuji.

            Leur éclat métallique tranche avec la nudité rosâtre de l'Excavateur mais c'est pas ça qu'un observateur extérieur noterait en premier. Il pointerait d'abord du doigt que lesdites foreuses tournent comme des toupies avec une allure aussi menaçante qu'une personne masquée brandissant une tronçonneuse lancée à plein régime. Hé oui, des perceuses géantes on a pas trop de mal à imaginer le genre de dégâts qu'elles peuvent faire sur un corps humain. Des choses salissantes. Le tabouret démontra le potentiel de destructions des prothèses du Marine en étant littéralement réduite en petit copeaux de bois et de métal lorsqu'elle se risqua à une passe frontale.

            Le petit moment de flottement qui s'en suivit fut mis à profit par Winchester pour frapper à la suite de son projectile. Son poing fonça vers la figure de l'Excavateur à la vitesse d'un petit météore et entouré d'un petit halo de puissance brute histoire de préciser, pour ceux qui en douterait encore, que la personne se mettant en travers de son chemin se retrouvera avec un nez de travers. Et ça c'est le scénario sympa. Yuji ne dut la survie de son visage qu'à une manœuvre qui ne réussit que dans les films de science-fiction où des types en manteaux noirs tentent de déjouer les plans machiavélique d'une intelligence artificielle, et tout ça dans un monde virtuel je vous prie. En résumé: le Marine se pencha en arrière quasi en angle droit et le poing du pirate-terroriste le manqua d'un cheveux. La loi de la gravité étant ce qu'elle est il n'a pas pu tenir équilibre dans cette position et s'est retrouvé sur les fesses. Si encore ses problèmes s'arrêtaient là. Il est sous la garde de son adversaire et il peut donc méchamment lui boxer l'estomac. Oui mais...

            Les foreuses du Marine, toujours actives, rencontrèrent le sol. Et elles firent donc ce qu'on attendait d'elle: elles creusèrent. A la petit différence qu'elles creusèrent horizontalement, ce qui n'était pas du tout prévu au programme. Emporté par la force motrice de ses prothèses le Marine creusa un profond sillon à travers la salle, faisant valser des morceaux de tables et de chaises en tout sens. Le boucan est tel que le cri paniqué de Yuji passa totalement inaperçu. Après avoir répandu le chaos et la désolation à travers la salle les foreuses se plantèrent contre le mur du fond et s’arrêtèrent soudainement de tourner. Sonné par ce qui vient de se passer le jeune homme tenta de débloquer ses bras du mur.

            Et merde et merde et merde débloque-toi saloperie de...

            *SPLOP*

            Le bras droit du Marine sortit du mur. La foreuse gauche parcontre resta bien coincée et se désolidarisa en passant de l'avant-bras organique de son propriétaire dans une bruit du sucion un brin obscène. Yuji contempla le moignon de bras d'où pend encore quelques files électriques avec un air terrifié.

            Mais...mais...

            HAAAAAAAA !

            Sa prothèse droite se retransforma en une main à pouce opposable et attrapa sa prothèse gauche dans l'espoir de la désincruster du mur. Non, c'est bien coincé. Boota joignit ses forces aux siennes et sauta sur la foreuse puis tira elle aussi de toutes ses forces, sans plus de résultat.

            Yuji n'a plus qu'un bras

            HAAAAAAAA !


            Dernière édition par Yuji Livingstone le Lun 13 Juin 2011 - 12:20, édité 1 fois
              Alors que j'avais lancé la chaise tout droit en direction du Marine exhibitionniste, son visage restait masqué par le projectile entre nous. Tandis que je brandissais mon poing, j'entendis soudainement le même bruit que lorsque ce gosse était apparu. Était-ce ses étranges gants qui produisaient ce genre de bruit ? Si tel était le cas, je risquais d'être aussi bien reçu par lui, que je ne comptais bien le recevoir une fois la chaise brisée. Bien que j’aie un poing brandis, je faisais craquer les doigts de mon autre main en la crispant, m'apprêtant à m'en servir pour saisir le petit cachotier qui voulait sans doute me jouer un bien vilain tour. Au pire, si je venais à rencontrer les mains excavatrices qu'il avait montrées lors de son arrivée surprise, je pourrais essayer de les saisir nettement, en espérant faire cesser leur mouvement, au risque de voir mes mains se changer en purée écarlate. Mais bon, dans l'état actuel des choses, ce n'était pas comme si quelques giclées de sang allaient me poser problème. Je me doutais bien que sortir de la prison sans prendre quelques coups était assez utopique. Voilà pourquoi je me tenais prêt à faire face à tout ce qui pourrait bien se passer une fois le projectile en bois et en métal devant moi pulvérisé.

              Ça, pour être pulvérisé, on pouvait dire qu'il l'était ! Un gros "Crac" plus tard, l'objet avait volé en éclats, laissant apparaître le gamin avec ses deux mains qui vrillaient tellement qu'elles auraient pu donner le tournis à un hypnotiseur professionnel. Mais c'était qui ce moutard bon sang ? Et puis c'est quoi ces drôles de mains qui jouent les toupies ? Toujours était-il qu'au moment où mon poing fonça droit en direction de son nez, je me demandais comment il allait bien pouvoir réagir. Hey... attend... il ne va pas... non, il n'oserait pas ! Hé ben si... cet espèce d'ahuri se penche en arrière comme une nouille qu'il est pour éviter l'attaque. Je ne sais pas s'il percute bien les conséquences de cette esquive le bougre. Jamais je n'aurais pensé qu'il oserait éviter l'attaque de la sorte étant donné ce que cela impliquait forcément... à savoir ce qui allait suivre. Dans cette position, ses mains en mouvement touchèrent le sol... avant que tout son corps ne soit entraîné par ledit mouvement qui l'emmenait foncer droit vers le mur. J'en avais vu des fondus, des idiots, ou même des inconscients, mais là... j'ignorais à quelle catégorie ce gamin pouvait appartenir. Peut-être aux trois ?

              La suite des évènements ne m'aida d'ailleurs pas plus à me décider. Ses étranges mimines vinrent se bloquer droit dans un mur, le laissant complètement immobile et embêté, à la manière d'un bretteur qui aurait enfoncé sa lame dans un arbre un peu trop gros, se prenant pour un bûcheron. Me retournant, j'observais cette scène avec une expression pour le moins dubitative. Il jouait les idiots ou l'était-il réellement ? C'est en le voyant avec un bras en moins que j'en vins à penser que la seconde option était la bonne. Plus qu'un combat, cela ressemblait davantage à un magnifique cirque. J'avais vu des pseudo-super-héros se prendre la cape dans un ascenseur et finir avec la tête séparée des épaules, ou encore des dompteurs de fauve avoir les yeux crevés par un chaton, et même des bretteurs expérimentés perdre leur main en faisant la cuisine... mais un mec avec des foreuses pour mains qui se fait entraîner par celles-ci et finit dans un mur pour être coincé, et se retrouver manchot... là, j'étais un peu perdu. Pour une fois, ma grande expérience, aussi bien du Shin Sekaï que de la première partie de Grand Line, était loin de rivaliser avec cet étrange spectacle. Cela expliquait sans doute pourquoi je le regardais se débattre en fronçant les sourcils, un air plus que perplexe affiché sur le visage. Je suis sensé faire quoi moi pendant ce temps ?

              Je fus alors rappelé à la réalité par une douce odeur bien connue de mes sens. Celle d'un arôme délicat et si caractéristique de l'alcool. Un peu plus loin, contre l'un des murs du réfectoire, on pouvait voir les tonneaux de boissons alcoolisées entreposés comme de charmantes princesses attendant le baiser de leur prétendant. Tout en gardant un œil sur le Marine en difficulté, j'ouvris l'un d'entre eux en saisissant une carafe encore disposée sur l'une des tables toujours debout. C'était certes un peu grand comme verre, mais je faisais avec ce que j'avais... et je n'allais pas m'en plaindre. C'est d'une traite que je sirotais le divin breuvage, avant de soupirer de plaisir. Cela faisait trop longtemps aussi que je n'avais pas pu profiter de ce plaisir si simple de la vie. Néanmoins, l'heure n'était pas aux élucubrations d'épicurisme. J'avais face à moi un adversaire manchot à moitié fossoyeur qui paniquait. Si je voulais prendre l'avantage, c'était maintenant. J'éprouvais néanmoins quelques remords à aller me jeter sur lui dans une telle situation. Lui laisser une petite chance ne serait pas de mauvais goût, aussi m'adressais-je à lui en soulevant l'un des immenses tonneaux dont le contenu se vidait lentement par l'ouverture circulaire de quelques centimètres située sur la face plate de celui-ci.


              - Je te trouve un peu tendu gamin. Ce n'est probablement pas de ton âge mais... bois donc un coup, tu verras, ça t'aidera !

              Puis, avec un léger sourire à la fois sincère et complètement faux, quoi qu'un peu amusé, je lançais dans sa direction l'immense baril de liquide qui ne manquerait pas de se briser sur sa caboche s'il ne réagissait pas un peu plus vite. Allais-je m'arrêter là ? Non pardi ! L'instant qui suivi, j'en saisi un deuxième pour accompagner son petit frère juste derrière lui. J'étais impatient de voir comment ce gosse allait faire pour éviter les deux tonneaux qui lui fonçaient droit dans la face. Allais-je en lancer un troisième ? Non ! Évitons d'abuser des bonnes choses. Qui plus est, même si l'expérience était amusante, je devais avouer que j'étais un peu triste de gâcher un si bon alcool de la sorte. Mais comme le dirait l'autre : c'est pour la bonne cause. Puis qui sait, peut-être que huiler un peu les engrenages des machines lui servant de bras les ferait mieux marcher et les débloquerait. Ou peut-être que dans le meilleur des cas, recevoir tout cet alcool dans la face suffirait à le rendre saoul et à l'empêcher de me poursuivre. Confortablement installé sur l'un des quatre barils restants, j'attendais de voir l'issue de cette action, étant aussi impatient qu'intrigué.
                Le regard paniqué de Yuji passe toujours de son moignon à sa prothèse fichée dans le mur. Ce genre de truc ce n'est pas censé arriver. Comme souvent lorsqu'un évènement improbable se taille un chemin dans les nœuds de possibilités, son cerveau à fait ses valises et est parti visiter les autres parties de son corps histoire de se ressourcer et de remettre un peu d'ordre dans tout ce bordel qu'on appel communément "réalité". Il a beau regarder son bras -enfin "ses" vu que les deux parties se font la gueule- il n'arrive pas à savoir quelle réaction adopter. Ho bien sûr il pourrait paniquer, il passe pour un maître en la matière. Mais là il sèche sur la manière de procéder. Crier. Courir partout. Agiter les bras. Le BABA du paniquard quoi. Pourtant ça lui semble hors de propos pour le moment. Finalement il trouva pourquoi lorsque deux neurones arrêtèrent de la jouer solo et de se serrer (métaphoriquement) la main: paniquer en plein combat c'est la dernière chose à faire. On le fait avant, limite après lorsqu'on a peur des conséquences mais en aucun cas pendant, c'est un coup à se prendre une hache en plein front. Et si il est en combat c'est qu'il a un adversaire.

                Lentement il commença à se faire à l'idée qu'il a peut-être un problème plus urgent que la perte de son bras. Un terroriste par exemple. Qui se trouve présentement derrière ses omoplates. Les problèmes sont TOUJOURS dans votre dos parce que par définition ce sont des choses que vous n'avez pas vu arriver. Le Marine eut une sueur froide. Puis une deuxième. Il n'a vraiment pas envie de faire face aux problèmes. Pas maintenant. Il a envie de s'enterrer. Retrouver la moiteur des souterrains. Mais pour ça il lui faut des foreuses. Il lui faut ses deux bras. Le train de ses idées file à vive allure et est proche du déraillage en règle.

                Un jour ou l'autre il faudra qu'il se retourne.

                Alors, courageusement, il se retourna. Et il fit face à un trio de tonneaux en bois, bien plus grands que lui et sans aucun doute remplis de choses déplaisantes. La pensée lui vint que ça doit être ce qu'on appel des "colis piégés". Étrange, il ne les voyait pas comme ça.

                Personne n'a demandé l'avis des tonneaux sur la question, mais si on leur avait demandé ils se seraient sûrement insurgés de se faire traiter de "colis". Quoi qu'il en soit ils foncent résolument (oui, un objet pour être résolu) vers Yuji à une vitesse approchant celle d'un boulet de canon. Bon, plutôt à des boulets lancés par une grosse arbalète car ils ne sont pas très aérodynamiques. Ce qui ne change pas grand chose lorsque l'on considère le temps de réaction d'un humain normal, c'est vrai.

                Hey !

                Se trouvant un talent soudain pour le saut en hauteur l'Excavateur bondit en l'air et évita de peu le tonneau destiné à ses rotules. Miraculeusement il (le tonneau, pas la cible) n'explosa pas au sol et alla rebondir contre le fond sans faire plus de mal. Son petit frère ne compte pas en rester là et fonce vers le Marine dont le bond l'a bien opportunément mit sur sa trajectoire. On peut difficilement bondir lorsqu'on est déjà en l'air ainsi Yuji ne pu rééditer son exploit du premier projectile. A la place il activa l'unique foreuse qu'il lui reste, tendit son bras devant lui et ferma les yeux. Il s'attend à ce que ça perceuse provoque l'explosion du tonneau, ou son embrasement, ou qu'elle libère des créatures dégoutantes cachées à l'intérieur. Pas à ce qu'elle lui déverse du jus de fruit sur la figure !

                Mais c'est quoi ce...

                Le bois du baril ne résista pas plus que celui de la chaise que le terroriste lui avait précédemment lancée et explosa lui aussi sous le vrombissant assaut de la foreuse du Marine. Alors que le bras du jeune homme se taille en passage à travers la paroi du tonneau un liquide rouge en jaillit tel un tsunami pourpre et l'aspergea de la tête au pied. Il eut à peine le temps de se remettre de sa surprise que la troisième barrique s'invita à la fête à la suite de la deuxième. Malheureusement les rouages de la prothèse du Marine se bloquèrent sous l'action du vin et ce fut cette fois une foreuse à l'arrêt qui intercepta le tonneau. Une nouvelle fois le bras tendu de Yuji s'enfonça dans le tonneau mais cette fois ledit tonneau n'explosa pas à son contact. Le corps de l'Excavateur trembla sous l'impact mais il garda son bras tendu. La collision fut si puissante qu'il fut entrainé plusieurs mètres en arrière, ses talons laissant deux petits sillons dans le sol de la salle jusqu'à ce qu'il arrive dos au mur. Littéralement.

                Sa foreuse se réactiva sous le choc. A l'envers. Au lieu de se tailler un passage dans le tonneau elle appliqua une force "tire-bouchon" et renvoya le projectile dans la direction approximative de son adversaire. Mu plus par l'instinct que par une quelconque tactique il s'élança ensuite vers Winchester foreuse en avant.

                Martooopikeeeeeur !


                Yuji a lancé la contre-attaque, et il ne l'a même pas fait exprès.



                Dernière édition par Yuji Livingstone le Lun 13 Juin 2011 - 12:24, édité 1 fois
                  Nan, sincèrement... il était amusant ce gamin. Le voir se débattre comme un singe était assez amusant. Certes, l'esquive du premier projectile était assez aisée. Il fallait avouer que le premier assaut était toujours le plus facile à éviter, étant donné que c'était généralement lui qui servait de tir de couverture. En revanche, ceux qui suivaient l'étaient toujours beaucoup moins. C'est pourquoi j'avais l'habitude de dire qu'essayer de terminer un combat en un coup était une absurdité sans nom. On coupe d'abord la retraite, et ensuite on offre une tarte aux marrons à l'adversaire. Le but de la manœuvre est de faire déguster un maximum en s'épuisant un minimum. Voilà pourquoi il est si important de ne jamais mettre le plus gros de ses forces dans la première attaque, mais plutôt dans celles qui suivent. Bon, ici en l'occurrence, vous me direz, il n'y a pas vraiment de différence entre un coup de tonneau plein d'alcool et un autre coup de tonneau plein d'alcool. On aurait pu croire que j'allais lancer le deuxième et le troisième plus fort que le premier, mais en réalité, une telle action aurait tout simplement abouti à l'explosion des tonneaux sur ma face à cause de l'excédent de puissance du coup sensé les envoyer au loin. Je suis peut-être un peu âgé, mais pas encore complètement rabougri du cerveau.

                  Tranquillement assis, je voyais le jeune garçon éviter la première attaque en sautant, avant de devoir faire face aux deux dernières qui fonçaient droit dans sa trogne. J'étais curieux de savoir comment il allait réagir. Il n'avait plus qu'un... simili de bras, et un moignon assez peu élégant. D'ailleurs comment ce bougre avait-il pu perdre ses deux bras ? Étant donné son caractère un peu loufoque, il devait être le genre de gamin à fourrer son nez même là où un clébard éviterait de foutre sa truffe. Sans doute avait-il voulu voir ce qui se passait avec une moissonneuse batteuse de l'intérieur, ou encore avait-il voulu aider son grand-père à tailler les haies en lui apportant la scie électrique... en courant. Bref, je le soupçonnais fortement d'avoir été victime de sa propre étourderie. Si j'avais du temps à perdre et que je n'étais pas au beau milieu d'une évasion, sans doute aurais-je essayé de le faire parler autour d'une bonne choppe de Schnaps.

                  Sa réaction fut tout de même assez vive. En effet, il abattit son dernier membre encore valide sur le tonneau, le laissant voler en éclat pour le recouvrir de ce qui était tout sauf du jus de fruit. Désolé gamin, mais après vingt années à boire comme un trou, je saurais reconnaître un fut qui contient de l'alcool d'un simple tonneau de jus de raison. Son sens de l'odorat ne devait néanmoins pas être sensible aux désagréments que provoque une aspersion d'alcool, car il resta droit, sans montrer un quelconque signe de gêne. Mieux que tout, j'ignorais ce qui se passait avec son bras, le troisième tonneau me cachant la vue, mais ce dernier repartit tout droit de là où il était venu, c'est à dire, dans ma direction. Sérieusement, je l'aimais de plus en plus ce môme. Prenant appui sur mes mains, posées entre mes jambes sur le tonneau où j'étais assis, j'écartais mes membres inférieurs pour les relever derrière moi, tenant alors sur mes mains de manière droite, les jambes tendues en l'air.


                  - As if !

                  Tsé... dans le feu de l'action, je me mettais à parler l'ancienne langue de Nosgoth sans même m'en rendre compte, avec l'accent dit Bri-Teash. C'était une langue subtile pleine de pièges, mais d'une sonorité plus que plaisante. Contrairement à la langue vulgaire parlée partout dans ce vaste monde, le langage des habitants de Nosgoth était assez particulier. Entre nous, nous l'appelions le Chac-Spirien. C'était assez pratique pour parler en langage codé pour éviter d'être compris par la Marine ou les Chasseurs de Primes quand on essayait de marchander avec des truands. Mais encore fallait-il tomber sur un revendeur qui parle cette langue. Bref, ce que j'avais voulu exprimer en parlant ainsi n'était autre qu'un simple "Comme si". Ah, vous le saviez ? Vous parlez le Chac-Spirien ? Vous m'étonnez de plus en plus. Je parie que la comprendre vous a demandé des heures et des heures d'entraînement avec un professeur sadique qui ne cessait de vous compter les histoires d'un dénommé Bryan qui n'arrive pas à sortir de sa foutue Kitchen... euh, cuisine ! Je vous plains sincèrement, car dans mon île natale, on parle naturellement cette langue sans avoir besoin de ce genre d'entraînement farfelu digne d'une éducation des plus incompétentes !

                  Pour en revenir au sujet qui nous intéresse, à savoir le tonneau qui me fonçait droit dans la trogne, je ne comptais pas rester immobile à attendre qu'il vienne gentiment me frapper. Certes, en principe, quand une masse d'alcool se dirige vers moi, je l'accueille à bras ouverts, mais j'avais des doutes quant aux intentions amicales du baril. C'est pour cela qu'ainsi debout sur mes mains, j'écartais mes jambes pour leur donner un mouvement de rotation, frappant le tonneau en dosant ma force avec assez de précision pour éviter qu'il ne m'explose à la figure. Cependant, si je désirais faire une partie de tennis avec mon hôte, il fallait croire que je manquais légèrement d'entraînement, ou peut-être était-ce l'âge, mais je n'avais pas visé correctement, envoyant le baril valdinguer au loin en passant à environ un demi-mètre de lui. En même temps... pas facile de viser en tournant sur soi-même, le tout sur un tonneau.

                  Alors que je pensais à faire cesser mon mouvement de rotation des jambes, j'entendis le Marine prononcer un nom de technique, l'entrapercevant au travers du tourbillon que je faisais. Tout poings dehors... enfin, tout poing et tout moignon dehors plutôt. Fléchissant mes bras, je pris une impulsion pour les tendre d'un seul coup et provoquer un mouvement d'expulsion, me propulsant vers le haut et laissant le jeune garçon fracasser le tonneau qui contenait l'alcool noble qu'était le Whisky. Bon sang ! Si je m'étais mis sur ce baril, c'était pour justement éviter de le lancer ou de l'endommager ! Le divin breuvage se répandit partout alors que de mon côté, je tentais plusieurs demi-salto pour prendre une certaine distance. Mais c'était que le soldat continuait de m'attaquer morbleu ! C'était quoi cette série de coups interminables ! Certes, il n'y avait qu'un seul poing à éviter, mais bon, le fait qu'il soit fait d'une foreuse désireuse de me faire un deuxième trou de balle n'était pas pour me plaire.

                  Je me rétablissais de mes acrobaties en reculant, encore et encore, évitant tantôt en penchant ma tête sur la gauche, tantôt sur la droite. Mais c'est qu'il est quand même rapide l'animal. On ne saurait pas le dire, mais même moi il m'impressionne. Splaf, voilà qu'il manque de peu ma joue droite, faisant couler un peu de sang en entaillant celle-ci. Mais il va arrêter de jouer aux cons un peu ! Il pourrait vraiment blesser quelqu'un cet idiot ! Décidant que ce petit jeu devait toucher à son terme, je fis un rapide mouvement de rotation sur moi-même en levant ma jambe droite, afin d'essayer de frapper non pas le bras mécanique, mais la partie supérieure de celui-ci, au niveau du biceps qui était tout ce qu'il y a de plus humain et ainsi le bloquer. Alors que j'effectuais cette action, je lançais une dernière phrase à mon hôte plutôt violent.


                  - Puisque tu te montres aussi froid avec moi...

                  Et là... j'eus une réaction que certains pourraient qualifier d'assez mesquine. Ni une ni deux, une fois mon mouvement de rotation terminé, j'expulsais la cigarette qui se trouvait au coin de ma bouche dans la direction de mon interlocuteur. Autant vous le dire tout de suite, j'ignorais s'il savait ce que cela allait donner s'il entrait en contact avec le très faible projectile. Je ne savais pas s'il s'attendait à une attaque aussi pitoyable, mais avec un peu de jugeote, peut-être comprendrait-il qu'être imbibé d'alcool risque de poser un problème lorsque l'on a en face de soi quelque chose qui peut mettre le feu au poudre, provoquer chez vous un embrasement de colère, ou même vous rendre tout feu tout flamme. A dire vrai, la moitié de la cantine risquait de prendre feu suite à notre séance de football avec les tonneaux d'alcool mais bon. Dans l'état actuel des choses, je n'allais pas rester à rien faire et le laisser me capturer ou mettre en morceau. Qui plus est, je n'aimais pas trop frapper les gosses. En le laissant se faire dominer par son tempérament de feu, je l'attaquais de manière moins directe et donc moins pesante pour ma conscience. Restait à savoir s'il allait comprendre ce qui lui pendait au nez et comment il réagirait. Vu que nous étions pratiquement face à face et que j'étais également légèrement imprégné d'alcool, j'allais sans doute devoir réagir à mon tour très vite. Certes, cela était moins important que pour lui, mais ce n'était pas une raison pour laisser les flammes de la passion s'en prendre à moi pour autant.
                    Le truc lorsque vous êtes faible et que, par un malheureux concours de circonstances, vous avez à vous battre c'est de frapper dans tous les sens en criant très fort. Ça ne fait pas énormément de dégâts mais ça rassure et ça occupe l'adversaire, le temps qu'il se rende compte que vous avez la musculature d'une crevette et que vous ne savez pas épeler le mot "technique". De manière surprenante il s'avéra que se battre à un bras donne un certain avantage en terme de vitesse, en effet il n'est plus nécessaire de penser à ce que fait le deuxième ce qui permet de mieux se concentrer sur sa tâche. Et puis le gars d'en face est souvent perturbé par le fait de se battre contre quelqu'un handicapé, rapport un certain "code d'honneur" que partage tous les combattants du monde. Du moins la plupart. Le fait est que l'effet de surprise ne fit pas long feu et le "terroriste" a vite fait de reprendre ses esprits et de montrer à Yuji de quoi il est capable. Outre le fait d'envoyer valser des tonneaux de vins dans tous les sens, s'entend.

                    Du pied il bloqua le bras du Marine et lui fit un grand sourire. Le genre de sourire qu'on imagine plein de crocs acérés. Un sourire qui n'est relié à aucune sentiment de joie. Pluôt à du sadisme. Et il y a eu la cigarette, si petite et pourtant, à deux doigts du nez de l'Excavateur, elle ressemble à un volcan en pleine activité. Il n'a pas fait attention à l'alcool jusque là, et pour cause à par le recouvrir d'un liquide poisseux il n'a pas eu grande incidence sur sa contre-attaque. Ho, il y a bien les effluves qui rendraient saoul un poivrot en phase terminal mais Yuji passe son temps sous terre, et à ce titre il a les narines complètement bouchées par de la glaise et autres boues siliceuses. Oui, quand il sort de son trou il n'est pas du tout présentable, c'est un fait. Lorsque Winchester lui envoya le mégot d'une pichenette il ne s'inquiéta donc pas outre mesure. Tout au plus risquait-il de se faire griller un sourcil.

                    Du reste ses cheveux sont tellement incrustés de poussières rocheuses qu'ils ne risquent pas de prendre en feu. Quoique. Au dessus de la poussière il y a le vin. Et le vin...


                    AUUUU FEEEEEEEEEEEEU !


                    Des serpents rouges et jaunes envahirent la chevelure du Marine et se mirent à crépiter à la manière d'un steak sur un barbecue, le bruit le plus terrifiant qui existe pour une créature constituée à 70% d'eau.
                    Techniquement parlant le Marine ne brûle pas.... seulement de son point de vue ça ne fait aucune différence: il sent la chaleur, il voit les flammes, et de toute manière le feu finira bien par atteindre des parties non-rocheuses de son anatomie. Il recula d'un pas et essaya frénétiquement d'éteindre les flammes avec son dernier bras. Lui aussi imbibé de liquide inflammable. En une seconde il se trouva avec la tête et sa dernière prothèse au milieux des flammes avides de chaire fraiche.

                    DELDEMEEEEEEEEERDE !

                    Il se mit en courir en rond et levant son unique bras en l'air, en proie à la panique la plus totale. Puis il remarqua le gros chaudron de soupe qui siège dans la grande cheminée de la salle. On laisse toujours de la soupe, au cas où il y aurait des retardataires. Bien entendu elle est froide mais "ça leur fera les pieds" dixit le cuistot. Un liquide froid, c'est justement tout ce dont le Marine a besoin. Pulvérisant tous les records de vitesse il plongea dans le récipient, éteignant du même coups l'incendie qui ravageait sa tête et son bras. Il s'accouda au bord de la marmite et eut un un soupir de soulagement:

                    Yokataaaaaa....*slurp* mium, goût ognon !

                    Pendant ce temps, toujours coincée de le mur, la prothèse gauche de Yuji est malmenée par Boota qui tente de la refaire fonctionner, ou du moins trouver les points d'attaches qui pourrait de nouveau faire de son maître un humain "complet". Tenant dans chaque main un fil, on devine que la petite taupe à lunette est en pleine réflexion. Elle haussa finalement les épaules et les mit en contact. Un halo jaune l'entoura immédiatement et ses poils se hérissèrent, la faisant ressembler à un oursin shooté à la caféine imitant une ampoule. Et faisant le bruit d'un marteau-piqueur:

                    DADADADADADADADADADADADADADADADADADADADADA ....


                    Enfin la décharge électrique s'arrêta, laissant la taupe noire et légèrement fumante. Des cliquetis se firent entendre dans la prothèse. La foreuse remua, vrilla légèrement avant de démarrer franchement. Boota lui lança un regard perplexe avant que la machine ne commence une nouvelle course aléatoire dont elle a le secret.
                    BWAAAAAAAAAAAAH !

                    Griffant sévèrement le béton, elle prit une trajectoire à 45° qui la mena dans le coin supérieur de la pièce où elle ricocha das un raclement de métal, fonçant tout droit vers le terroriste tandis que Boota tentait de reprendre le contrôle.

                    Comment ça se pilote un bras ?


                    Dernière édition par Yuji Livingstone le Lun 13 Juin 2011 - 12:29, édité 1 fois
                      Haha ! Notre excavateur ne tarde pas à comprendre qu'alcool et feu ne font pas bon ménage. Ni une, ni deux, voilà qu'il commence à s'enflammer comme une belle-mère qui découvre que sa fille chérie vient de perdre sa vertu par la grâce du même type qui lui a fait perdre la sienne vingt ans plus tôt. Si la belle-mère en question irait chercher le fusil de chasse, notre petit Marine, lui, cherche plutôt un moyen de calmer ses ardeurs. On passe d'un corps-à-corps à un guignol qui court dans tous les sens en criant au feu et un mec ultra-classe les mains dans les poches qui regarde le tout en se bidonnant comme le salaud qu'il est. Dieu que c'est plaisant de voir ce genre de scène. Bon, j'avais quand même un peu pitié du pauvre gamin. Déjà qu'il était manchot, le voilà maintenant embrasé par sa passion du combat. Snif snif ! Ouh ! Et en plus, il refoule maintenant ! Bien qu'il soit en train de courir partout, je sens l'odeur du cochon grillé qu'il dégage. C'est loin d'être une très bonne senteur. A croire qu'il n'a pas pris de bain depuis une semaine et que le cramé évacue sa puanteur en la mêlant à la fumée qui s'échappe de ses cheveux. Par contre, malgré le fait qu'il soit loin de moi, je peux quand même sentir la température monter d'un sacré cran. Je pensais que c'était juste du vin, mais à en juger comment l'atmosphère se réchauffe, j'ai de plus en plus l'impression qu'il s'agissait d'un truc plus fort encore. Pas normal qu'on crève de chaud d'un seul coup alors que seul le petiot devrait avoir cette impression.

                      Toujours en rigolant, je me tourne vers la porte afin d'essayer de profiter de la situation pour me barrer. Sauf que d'un coup, je vois dans un des miroirs du réfectoire que moi aussi, je suis en train de brûler comme une sorcière sur un bûcher. Sa grand-mère la punk ! Ca douille sévère cette connerie ! Maintenant, le guignol manchot n'est plus le seul à courir comme un dératé dans tout le réfectoire en gueulant l'évidence, à savoir
                      "AU FEU", comme si ça ne semblait pas évident ! D'un coup, je croise le regard de mon homologue enflammé, et tous deux, nous apercevons le baril de soupe froide ! S'il y a un moment dans la vie où je dois courir, c'est celui-là ! Je fonce, je fonce, mais le petit salaud était déjà plus près de la sacro-sainte soupe salvatrice que moi. Avant que j’aie fait la moitié du chemin, lui, s'est déjà "éteint", me laissant tout seul avec les flammes qui se répandent sur mon corps de plus en plus. Si ça continue, rien qu'à l'odeur, je devine que je vais ressembler à un caramel mou, avant de me changer en bloc de charbon ambulant. Me roulant sur le sol, je vois que ça n'éteint pas du tout ces saloperies de flammes ! Saleté ! Ça m'apprendra avec mes idées à la con ! J'aurai dû calculer que j'étais aussi légèrement imbibé d'alcool avant de me mettre à élaborer ce genre de plan à la con !

                      Au beau milieu de tout ce foutoir, alors que je peine déjà à me concentrer sur mon propre sort et que je joue le plus classe des quatre fantastiques, j'entends un drôle de cri, le genre du hamster qu'on passe au mixer. Pas le temps de me formaliser avec ce genre de trucs inutiles, je continue à courir, totalement en panique ! C'est que ça chauffe là-dessous ! Je vois alors un truc me foncer droit dans la trogne, genre Rocket ou Fulguro-Poing à la con, mais sans le reste du Goldorak sur qui c'est censé être fixé. Davantage par réflexe qu'autre chose, je me mets à faire le pont... sauf que j'ai trop chaud et trop mal pour maintenir la position. J'évite in-extremis le projectile avec l'espèce de bestiole qui le conduit, sauf que l'espèce de machinchose miniature pas content dessus ne s'arrête pas là. Allez essayer d'esquiver un truc qui ricoche partout un peu vous. Déjà que dans des conditions optimales, c'est pas vraiment une promenade de santé, alors en jouant les hommes pyrogènes, c'est encore moins facile. A la rigueur, je serais plus à l'aise dans le rôle du torché que de la torche, mais là n'est pas la question.

                      J'esquive une fois, puis une deuxième, la troisième manque de peu de me faucher un bras... oui mais voilà, j'ai mal. J'ai beau être matinal... j'ai mal ! Au secours ! Je me remets à courir parce que ça ne va pas en s'améliorant, bien au contraire. Du coup il se passe quoi ? Je vous le donne en mille ! Alors que l'autre émerge de sa soupe, moi je perds ma concentration, j'entends juste un bruit, me retourne, et me bouffe la saloperie de taupe et son bras à la con en pleine poire alors que je suis contre la fenêtre du réfectoire. Bien sûr, par un coup du sort, le bras remonte juste au moment où il dit salut à mon crâne... encore heureux, sinon j'aurais été tué par un headshot genre foreuse qui t'emporte la moitié du visage. S'il ne fait que m'érafler le crâne, cette connerie a tout de même produit une poussée suffisante pour me faire décoller du sol et m'envoyer valdinguer par la fenêtre. Qui c'est qui descend les six étages en ayant le feu au cul ? C'est bibi pardi !

                      Là où j'avoue qu'avoir le feu au cul ne m'empêche pas d'avoir du cul, c'est que je tombe dans le réservoir d'eau potable, en traversant le toit en acier de celui-ci. Vous imaginez le gros machin marqué ACME d'où s'évadent les Animaniacs ? Bah imaginez le même avec maintenant un gros trou qui sert de cheminée improvisée, ainsi qu'un couillon à moitié cramé là-dedans, et vous pouvez maintenant voir le résultat de cette fuite plus qu'involontaire. Bon, au moins, j'avais dévalé les étages sans me fritter avec d'autres Marines, c'était déjà ça. Mais je me retrouvais bloqué dans ce putain de réservoir à la con. Enfin, pas pour longtemps. Visiblement, le truc étant déjà assez ancien, le choc avec ma personne qui le traverse semble avoir légèrement secoué les quatre pieds en bois qui le maintiennent. Ressortant ma tête de l'eau, j'entends alors craquer tout le baltringue, ce qui est rarement bon signe. Alors que je commence seulement à me dire que j'ai un peu de chance dans mon malheur, le truc commence à se pencher, l'un des pieds s'étant brisé, avant d'emporter les autres avec lui. Pour peu qu'il y ait une hélice géante au fond du réservoir, je me serais cru dans un mixer géant.

                      Trois secondes-et-demi plus tard, qu'est-ce qui se passe ? Paf, le réservoir rencontre le sol, son capot troué se détachant et laissant se déverser les quelques centaines de litres qu'il contenait... et ma personne qui ne trouve rien d'autre à faire que de gueuler et prendre de grandes inspirations pour reprendre son souffle une fois que tout s'est finit. Bordel, j'en ai fait des évasions, mais celle-là était de loin la plus foireuse que j'ai jamais réussie. J'en venais même à me demander comment je pouvais être encore en vie. Tout ça à cause de l'autre andouille et de sa taupe en carton ! Si au moins il m'avait laissé passer, on ne se serait pas tous deux changés en torches humaines. Oui bon, c'est aussi "un peu" ma faute, mais pas complètement non plus. Je lui avais rien demandé au gamin moi ! Enfin, maintenant que je suis dehors, ou du moins dans la cours, et que je n'ai plus le feu aux fesses, je vais pouvoir essayer de chercher la sortie de cette foutue prison. Comme c'est un peu le dawa et que tout le monde se bat partout, ça ne devrait pas être trop difficile. Me passant les mains sur la figure pour essayer, inutilement, d'ôter le côté "mouillé" qui brouille un peu ma vue, je me remets en route, l'imperméable pratiquement fusionné avec mon gilet en dessous, qui est quant à lui presque entièrement cramé. Si je sors d'ici vivant, je réfléchirais davantage avant de changer des mecs en allumettes sur pattes, maintenant que je sais ce que ça fait !