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Le berceau de nos ambitions


- Mais range donc cette paire de coutelas, Brixius ! Saleté d'andouille !
- Leur beauté n'a d'égal que l'étendue colossale de ton impertinence, Landstorm ! Ces somptueuses dagues sont miennes et je les ferai luire sous vos yeux désireux comme bon me semblera, crevards !
- Ouh toi ! J'les jetterai en bas des falaises de Rokade, ces maudits couteaux !
- Ose et je maudis toute ta descendance, maraud !
- Messieurs, suffit. Le voyage a été long, il n'y aucune utilité à s'échauffer de la sorte… Ah !
- V'là vos commandes m'sieur. grommelle un vieux tavernier bourru au poil de torse aussi foisonnant que son épaisse moustache.

Cinq choppes tombent sur la table à laquelle nous sommes tous assis, une mousse épaisse coulant le long des bocks rempli d'une bière noire et odorante.

- Cinq ? Mais nous n'sommes que quatre… questionne le vieux Humphrey Grant en lissant sa barbe hirsute.
- Pouiii ! lui lance-tu, Napoléon, en te saisissant d'une choppe de tes courtes pattes pour l'amener à ton museau.
- Eh ben… t'es plein d'ressources, toi, mon p'tit. répond Grant, surpris. Il semble toutefois se résigner, après tout, la bière, au même titre que l'océan, appartient à tout le monde. C'est le nectar de l'aventure que cette tiède boisson que l'on retrouve dans tous les bouges pirates qui se respectent, à commencer par celui-ci. Rokade.

Le voyage depuis la Flaque était court. À peine deux jours après notre sortie des profondeurs de Red Line, un vent favorable et les talents de pilotes de Landstorm menaient le St-Margot jusqu'à Rokade sans plus de péripéties. La goélette, déjà bien trop abîmée par notre précédente aventure, n'aurait pas survécu -et nous non plus, comme de fait- à un autre obstacle comme celui que nous posait le roi des mers. Déjouant les courants traîtres et les rochers acérés cerclant l'aride piton rocheux qu'est Rokade, Landstorm était parvenu à nous faire mouiller dans une des criques de Rokade, là où quelques épavistes avides nous ont rapidement débarrassé de ce qu'il restait d'utile de notre navire qui, de toute façon, en était sans doute à la fin de sa vie utile. Un regard derrière, un seul, vers le St-Margot qu'on échouait déjà contre les plages de roc, agissait comme un remerciement envers la goélette qui avait su nous porter à travers La Flaque et nous en tirer vivant, affrontant du même coup un roi des mers colossal. Adieux brefs, silencieux. Rokade serait notre maison tant qu'une nouvelle embarcation ne pourrait pas nous porter vers de nouvelles aventures.

La ville troglodyte de Rokade est un amas de tunnels, de grottes et d'alcôves creusés par le vent, les intempéries et les premiers contrebandiers du coin, une insulte à tout ce qu'il y a de beau et de juste en ce monde, mais aussi un des derniers fiefs d'hommes libres sur la mer. Des tavernes et des auberges creusées à-même les parois des nombreux pics de l'île laissent entendre des chants grivois, des cris et des bruits de bagarre. Partout, ce sont les fragrances de poudre et d'alcool qui imprègnent les lieux, si ce n'est parfois l'odeur forte et impétueuse de la mer qui, à chaque instant, fait entendre son grondement à travers chacun des assauts incessants qu'elle entreprend contre les falaises du repaire de la Flibuste. Dans l'œil hagard des hommes, ici, il y a des milles et des milles nautiques à n'en plus finir, des horizons découverts de par le monde et des rêves échoués au fond de quelques bouteilles. On appareille ici pour une simple escale et y on reste toujours plus longtemps que prévu, avalé par les vices et les libertés que proposent cet îlot où tout est permis. En montant vers ces galeries grouillantes de forbans et de brigands, laissant derrière moi la mer, j'ai ce sentiment de soudainement plonger. La surface, elle loin derrière. Ici, on s'enfonce dans le vice, on plonge dans le marasme des marins arrêtés. À Rokade, la Piraterie n'est plus que ce qu'on lui prête. Il n'y a ni rêves ni ambitions qui peuvent croître sainement en ces lieux. Mon seul réconfort est de pouvoir, peut-être, faire naître chez trop de marins désabusés cette étincelle de folie qu'amène le goût de l'aventure.

Landstorm est du coin, si bien qu'il nous a guidé vers une taverne dans les hauteurs des pics rocheux de l'endroit. Un rade crasseux à l'air étouffant et aux effluves d'alcool presque gênantes, mais un rade de marins, de vrais, un endroit où seuls les hommes arpentant toujours fièrement les quatre mers viennent toujours s'attabler. On connait cet endroit comme "La halte de l'Albatros",  un repaire de voyageurs et de forbans connaissant l'endroit comme le lieu de prédilection pour échanger des nouvelles sur la mer et sur l'actualité de la Flibuste agonisante des Blues. Chez l'Albatros, il n'y a que les vrais pirates -ou du moins ce qu'on ose toujours qualifier de la sorte- que l'on sert, les contrebandiers et les bandits de bas étage cherchant l'asile à Rokade sont jetés dehors à grandes vagues d'insultes et de menaces, c'est là que nous nous sommes attablés, moi et mes Héritiers ; à une table ronde couverte d'une couche collante de bière, dans un coin de la vaste salle taillée dans la roche au plafond soutenu par quelques grossiers piliers de roc. Seule lumière dans le demi-jour ambiant, quelques lustres de fer forgé laissent brûler d'odorantes torches enduites de gras de baleine laissant une épaisse fumée emplir l'atmosphère étouffante de l'endroit. La voilà, l'odeur de Rokade, un âpre mélange de piquantes effluves alcoolisées.

- Ce vilain poison putréfié n'a rien d'une bière ! Je reconnais là la pisse frelatée d'une vache sidéenne !
- Serais-tu trop précieux pour prétendre à la vie de pirate, Balthazar ? que je lui réponds, cherchant à le taquiner.
- Comment ose-tu !
- Allez, tu es le cambusier des Héritiers, désormais, mon brave Baron, c'est à toi que reviendra la tâche de nous réapprovisionner en vivres et en alcool, habitue-toi tout de suite à ce qui se fait de mieux sur les mers..!
- Et cette bière racle le palet juste comme 'y faut j'vous dirais, héhé ! tonne Landstorm en faisant signe au tenancier de lui apporter une nouvelle choppe.
- Nyéhéhé, avec tout ce trésor amassé dans la Flaque, on pourrait acheter plusieurs tonneaux ! jubile Grant, de la mousse plein la barbe, en redécouvrant l'ivresse de l'alcool après plusieurs décennies sous terre.
- Pouiih ! le soutiens-tu, mon brave Napoléon !

Je ne peux m'empêcher de sourire, fier de mes compagnons et de leur optimisme, alors que même Brixius, renfrogné, fixe le contenu de sa choppe avant de se forcer à en boire le contenu.

- Eh, mais j'vous r'connais vous…

C'est le tavernier qui m'interpelle de la sorte en déposant une nouvelle tournée de choppes à notre table. Il me reconnait ? Ma réputation de capitaine aurait donc déjà transcendé les mers bleues ?! L'aventure est pleine de surprises, et sûrement que les rumeurs d'un fameux capitaine cherchant de vrais pirates à travers les Blues s'est déjà répandue comme une traînée de poudre sur les quatre mers !

- Ah bon ! À la bonne heure ! En effet, je suis Maxwell Percebrume, il n'y a rien d'étonnant là-dedans, car je suis le Capitaine des Héritiers !
- Oui ! Oui ! C'est vous ! J'vous r'connais ! Didiou vous valez dix millions !
- C-comment ?

Qu'est-ce que…? J'écarquille les yeux, un instant, alors qu'un doute plane dans mon esprit… un doute rapidement confirmé alors que le tavernier pointe un babillard affiché non loin de son comptoir. Un babillard sur lequel de nombreuses brochures de journaux sont découpées et placardées à l'aide de punaises et de poignards...

- C'est vous, là, les Héritiers !
- Cap de diou...
Percebrume
10.000.000
Baron Brixius
18.000.000
Lansdtorm
2.000.000
  • https://www.onepiece-requiem.net/t13911-toreshky-junior
  • https://www.onepiece-requiem.net/t13830-les-reves-de-mon-pere
18 millions ? Est-ce qu'un marmot a misé son argent de poche sur ta tête d'enterré ?

Ils m'ont volé UN PORTRAIT ! Un FRUSTRE CHAROGNARD est venu becqueter UNE FIGURE DE MON ÉTINCELANT FACIES SANS M'EN DEMANDER GRÂCE !

L'artiste de cirque payé à capturer cette grotesque image devait être lourdement équipé pour avoir su percer ta pénombre inhérente de ce... flash ? Mal cadré... Il n'éclaire que tes joues ! Cette caricature me laisse penser à un hamster sous psychotropes.

18 millions ! Bah eh, ça fait 18 fois l'salaire de Cocotte, dites donc !
Insinues-tu que tu convoites mon scalp et que je dois de sitôt ouvrir ta cage thoracique pour y vomir ce pissou de chacal lépreux que tu surnommes bière ?
Inutile de blanchir ainsi, mon ami, Balthazar a un très subtil sens de l'humour !
Ah ah.... De l'humour...
TU AS ASSEZ D'INTESTINS LA-DESSOUS POUR PENDRE TOUT LE QUARTIER, FRELUQUET !

Une maigre raison de parader, Balty : tu jouis de la plus haute mise à prix de cette finaude troupe. Dix huit millions pour une première enchère. Il y a une certaine fierté à percevoir sous cet amas de péripéties dégradantes que tu dévales depuis quelques semaines. Comme une note jouée juste au milieu d'un capharnaüm insensé ! Notre pataud gouvernement a conscience que tu es plus dangereux que les troubadours niais qui t'entourent.

Tu n'en restes pas moins la plus pestilentielle des tâches qui macère sur le tableau familial, mmh ? Mais tu peux te vanter d'être une tâche de sang caillé plutôt que de matière fécale, voilà tout. Ou un peu des deux mijotés ensemble.

L'ambiance du puant troquet s'alourdit de regards en biais des tablées qui vous encerclent. Épaves échouées ou corvettes arrogantes qui vous dévisagent, vous contemplent, vous auscultent de leur rapacité. Bien peu comptent dans leurs yeux livides une étincelle de bienveillance ou d'admiration, un certain nombre vous fustigent de discrets sarcasmes ; la plupart vous sont complètement indifférents.


Cap'taine, pas qu'j'en frissonne, mais ça va demander d'réviser certains plans.
Oui, bien sûr ! Le début de la gloire, les amis ! On ne pourra bientôt plus faire un pas dans la rue sans faire battre les coeurs à tout rompre !
EH BIEN JE LES ÉVISCÉRERAI CES COEURS, ET ILS SE TAIRONT !
Il ne s'arrête jamais.
C'est sa façon à lui de se sentir vivant ! Vous nous resservez, tavernier ?
Ah ouais, ah ouais ! J'aime bien les rookies, moi ! Ça dépense fort !

Puis ils finissent hilares comme un banc de baleines, excepté Fallanster à qui on arracherait pas le moindre sourire même à la tenaille, et toi bien évidemment que toute forme d'émotion autre que les mille dérivés de la haine a quitté il y a bien longtemps. Ils sont si légers face à l'augure béante de leur perte ! Un horizon de cavale s'ouvre devant eux, mais ils l'embrassent souriants. Des gazelles ravies d'être pitance de prédateurs. Une prime sonne le glas de la liberté.

Sont-ils tous amoureux de la Faucheuse pour se réjouir à l'idée de croiser de plus en plus souvent sa route ? Ta seule présence constitue déjà une insidieuse gangrène pour tout l'équipage. Ajoutons-y une peste bubonique et rions-en en choeur ! Écoeurantes baleines !


Eh... On va être traqués...
Tu savais à quoi t'attendre, crévindou ! Tu vas pas nous faire la mijaurée maintenant ?
Non non ! Mais ! Euh !... Va nous falloir un meilleur vaisseau. Et puis plus de beau monde pour le manoeuvrer aussi... On est d'beaux jeunes hommes craints et prometteurs équipés comme des marins d'eau douce, héhéhé...
Je te sers aussi une becquetée de caviar, horrible petit farfadet ?
Euh... Si c'est si gentiment propo...
SARCASME !
OUAH !
Ah, tu as raison ! Notre navire ne tiendrait pas long sous des boulets. Et notre réputation naissante nous ouvre une occasion d'étoffer nos rangs. Hmm...
Recruter, recruter... C'pas à Rokade qu'on trouve les plus valeureux des marins, cap'taine. M'dis même qu'c'est un jardin d'mauvaises graines.
Naturellement, nous chercherions des hommes de notre trempe.
Je vous ressers ?
Oh ouais, tavernier !
Hors de ma vue, LAQUAIS DES ENFERS !

Ah ! Ce breuvage empeste l'urine de rat à plein nez. On dirait que tu as fais tes besoins dans leurs choppes, Balty !

Blague à part, l'idée de te retrouver encerclé d'encore davantage de pourceaux ne m'enchante guère. De quoi envenimer une situation déjà fort toxique ? Tes options de sortie de cet infernal univers boucanier se réduiraient toujours plus !


Que pense ta mère de notre ascension, au fait, Balty ?
Comment ?!
Puisqu'elle ne te quitte pas, elle fait de facto partie de l'équipage, même si elle ne nous est pas accessible à tous. Son opinion compte. Et j'ai cru comprendre que c'était une dame cultivée.
Euh ! Z'avez conscience que c'est un fantôme-délire bizarre de dingo, capitaine ?
TU M'ÉTAIS PLUS SUPPORTABLE QUAND LA TERREUR TE SOUDAIT LE MUSEAU, VIEUX BOUC !
Eh, rigolez pas... Z'avez bien vu dans la Flaque, hein, c'est d'la blague, ces balivernes, haha... héhé...

Son rat... Le capibara. Il me scrute. Il me scrute, Balty. Mes derniers doutes se dispersent en cendres ! Son hideux rongeur a un oeil braqué sur une porte entrouverte de l'outremonde. Et me voit comme tu me vois. Ses deux mirettes dépourvues d'âme humaine me fixent et ont l'air d'essayer de m'arracher la réponse que Maxwell désire. Prend-t-il en otage ma tranquillité post-mortem par caprice ? Prétentieuse bestiole !

Ton coyote velu l'indispose !
Quoi ? Napoléon ?
Oui !
Napoléon, tu vois sa...
IL LA VOIT !
Pouiiic !


Grant ! Ce croûton gâteux s'excite comme un damné autour de sa place, renversant sa choppe d'urine fraîche. Il murmure quelques insanités incompréhensibles entre deux saccades. Puis ses lèvres en anus de poule laissent s'échapper une nauséabonde question.

Elle... est... où... ? La... fantôme...
Tu t'donnes en spectacle, pauvre briscard !
Un coup à être possédé... Suffit d'être au courant et... et paf, ça rentre dans ton âme... !
MAMAN NE RENTRERAIT CERTAINEMENT PAS EN TOI, VIEIL ÂNE !
Pas de crainte des fantômes lorsqu'on en est soi-même un.
Calmez-vous, c'est juste...
Dîtes, les gars, vous faites un peu flipper les clients... Il leur arrive quoi, au vioque et au petit excité ?
Regardez pas derrière vous... Je suis sûr qu'elle vous observe...
Elle lève les yeux au ciel A LA RECHERCHE DE TON ESPRIT, CREVURE BONIMENTEUSE !


Balty... Ah ! J'ignorais qu'un tel malaise pouvait encore s'infiltrer sous ma raison éthérée. Cette situation assèche mon vocabulaire avec la même disgrâce qu'un prépuce vérolé sous le feu d'un viol. J'ignorais... J'ignorais que je pouvais me sentir aussi profondément humiliée alors même que je ne suis plus ancrée aux bassesses frivoles du monde matériel.
Balty. Par ta faute. Tu as excité les singes. Me voici désormais fort piquée par leurs simagrées.
Vois-tu tes odieuses lèvres ? Ces lambeaux grumeleux qui encerclent cette morbide fosse de laquelle rampent tant d'insanités ?
Couds-les.


Maman, je...
Ah ! Vous voyez !

Pas la moindre once de second degré. Demande au porc indiscret du matériel de couture, et scelle de fil noir cet exaspérant clapet !

J-Je commande un nécessaire de couture !
Ghein ?
Euh ?
Tu te découvres une passion subite pour le tricot, Balthazar ?
NE VOUS AVISEZ PLUS DE RAMEUTER VOS CRASSEUX CANCANS SUR LES TERRITOIRES CONSACRÉS DE L'OUTREMONDE !
... Elles viennent ces aiguilles, ou suis-je censé user de tes protubérantes canines, affreux porcin ?
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