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Première prise - Mart'O'Frégate

Montaudevert était redescendu de son arbre et traînait désormais l’oisson capturé en direction de la ville. Il avait beau chercher la Folle du regard,  il ne la trouvait pas. Elle semblait s’être volatilisée. Sans doute les rumeurs à son compte étaient-elles vraies, et alors elle s’en était allée vers le geyser, dans la direction opposée. Peut-être Monty se rendrait-il lui-même au geyser plus tard, s’il parvenait à vendre son Mart’O’Frégate.
La forêt commençait à se faire moins dense et le pêcheur pouvait désormais apercevoir les toits des habitations bordant les bois. C’étaient celles des bucherons et autres travailleurs du bois. Il en croisa d’ailleurs un groupe qui partait en reconnaissance. Régulièrement de tels groupes s’en allaient en balade, comme ils appelaient ça, afin de repérer les prochains arbres à couper, ainsi que l’état de repousse de ceux qu’ils avaient plantés. Montaudevert les connaissait de vue pour avoir travaillé pour leur patron lors de son arrivée sur l’île. Eux semblaient le connaître par son nom. Mais cela n’était guère étonnant, car le Siafelan passait difficilement inaperçu au milieu de la population de taille normale de l’île des éveillés.

« Oh, Montaudevert ! Qu’est que t’as attrapé là ? Cccc’est balaise ton machin ?! » L’interpella un des bucherons en parlant du Mart’O’Frégate. En effet, la prise était conséquente et Monty portait sur son dos la recette de sa pêche, certes sans grosse difficulté, mais courbant l’échine malgré tout afin de ne pas perdre l’équilibre.
« C’est une Frégate à bec plat. Chez nous on les appelle Mart’O’Frégate à cause de leur bec. Ils brisent la roche avec faut dire.
-Uck, c’est ssssolide alors cccce truc ?! ‘fin bref, ccccc’est impressionnant. Y a de quoi manger là-desssssssus.
-Manger et pas que, je descends au port pour voir avec un boucher ou un poissonnier pour m’aider à le débiter. Après si jamais ça vous intéresse, j’aurais de quoi faire un superbe marteau à vendre. » annonça Montaudevert en montrant le bec de sa prise d’un coup de tête. Un autre travailleur du bois s’avança vers le pêcheur, alors que ses collègues avaient commencé à s’enfoncer dans les bois.

« Bah, ils vont essayer de t’enfler au port quand ils verront ce machin. Le bucheron pris une pause et regarda son compère qui avait interpellé Montaudevert. Ils hochèrent de la tête en concert, comme s’ils avaient communiqués par la pensée, ce qui surprit quelque peu le pêcheur. Bon, t’as bossé pour l’patron, donc t’es un peu des nôtres. repris l’éveillé Donc voilà c’que t’vas faire. T’vas aller voir l’patron, et t’vas lui dire que t’as chopé un, j’sais plus comment t’appelles ça, et que t’veux lui filer le bec pour faire un marteau.
-Tu lui précccises bien que cccc’est Aldo et Maccionné qui t’envoies.
-Après ça, t’verras qu’i’t’filera une bonne adresse. Et t’feras pas avoir par les poissonniers. »

Montaudevert était quelque peu perturbé, pour la première fois depuis son arrivée sur l’île des éveillés, il semblait qu’on souhaitait vraiment l’intégrer. Pas juste se servir de lui, et surtout de ses muscles, mais l’intégrer à la communauté. Pris au dépourvu par cet élan de sympathie, Monty eu un petit temps de latence avant de répondre.

« Ermmm… Et bien merci les gars, Aldo et Maccionné c’est bien ça ? Je ferais en sorte de vous garder une pièce à la découpe. Si c’est pas ce soir, ça sera demain, je passerais vous poser ça à la scierie, ou bien je serais à la taverne.
-Va pour mon gars ! A la taverne demain pour trinquer ssssur ta bessstiole me parait un bon plan !
-Deal Montaudevert ! T’verras, qu’t’le regretteras pas. Aller, on va aller bosser nous, sinon l’patron va nous cracher ses poumons t’aleur. »

Sur ces mots les bûcherons rejoignirent leurs collègues dans le bois et Monty pris la direction de la scierie. Restait à voir si le duo disait vrai. Mais le désir de reconnaissance du Siafelan était fort et il était décidé à tenter le coup.
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Montaudevert suivait le chemin menant à la ville. Bien que courbé afin de porter le Mart’O’Frégate, il pouvait voir du coin de l’œil les arbres se faire plus rares et plus frêles à mesure qu’il s’éloignait du geyser. Bientôt les troncs ne ressemblèrent plus qu’à de vulgaires brindilles couronnées d’une triste poignée de feuille. Mais Monty savait, pour l’avoir vu, que la vitesse à laquelle la flore s’épanouissait sur l’île aux éveillés était extraordinaire. Dans quelques semaines les arbustes maigrelets auraient atteint une taille suffisante pour intéresser les bucherons.

La silhouette imposante de la scierie se dressait désormais devant Monty. Il s’agissait de l’une des trois scieries en activité autour de la ville. Il avait bien vu quelques vieilles planches dressées qui eurent autrefois l’honneur d’être appelées scieries, mais avec l’amélioration des techniques et l’importance du commerce les petites exploitations s’étaient regroupées en de plus grosses structures. Les trois actives ne se départageaient que peu en terme de taille, et leurs rendements étaient relativement proches. Ainsi la compétition entre elles paraissait saine.

Montaudevert avait travaillé à cette scierie lors de son arrivée sur l’île, quelques mois plutôt. Certes il n’avait fait que de la manutention, exercer en tant que bucheron ou charpentier était réservé aux locaux expérimentés, mais cela lui avait permis de survivre et d’engranger de maigres économies. Le patron, une patronne en l’occurrence, s’était sans doute frottée les mains lorsqu’elle avait vu le travail que pouvait abattre son nouvel employé en une journée, et sans doute Monty avait-il été un poil exploité. Mais cela ne pesait guère dans la balance de son point de vue. Il avait pu se nourrir, se loger, et c’était bien suffisant tant les prises étaient rares dans les environs du fait de la lumière perpétuelle. On lui avait pourtant parlé d’une espèce endémique d’oisson, mais il n’en avait encore jamais vu.
Après quelques tours et détours afin de pénétrer dans le bâtiment sans avoir à ouvrir de nouvelles ouvertures pour y faire passer l’imposante frégate, Montaudevert se place en bas de l’escalier menant aux bureaux de la patronne et de sa secrétaire. Il se servit de sa canne-ciel pour taper sur la rambarde de l’étage ce qui attira l’attention de Madame Bombadour, la secrétaire.

« La patronne s’il vous plait. » lui demanda Monty sur un ton fort aimable. Quelque peu perturbée par ce qu’elle voyait, la secrétaire s’exécuta et fut remplacée en haut des marches par la patronne de la scierie. Cette dame sans âge au regard dur gérait seule la scierie au jour le jour, laissant son mari et ses fils jouer de la hache comme ils l’aimaient tant.


  • « QUI T’AS PERMIS D’ENTRER ICI AVEC CETTE, CHOSE ?!
  • Veuillez m’en excuser, c’est une frégate à be…
  • Je t’ai pas demandé ce que c’était bondieu ! le coupa la patronne. Ses yeux semblaient à deux doigts de s’enflammer et avaient pris une teinte rougeâtre. Montaudevert ne perdit pas de temps, peu envieux de voir si regard de la patronne aller oui ou non se mettre à lancer des flammes.
  • Voyez Madame, je voulais la vendre au port mais Aldo et Maccioné m’ont conseillé de venir vous voir. avança donc Monty, mais cette réponse paru assombrir les yeux de son interlocutrice plutôt que de les ramener à la normale. Alors il se dépêcha d’ajouter en empoignant le bec de la frégate, C’est à cause de son bec ! Voyez, il peut briser la roche et ferait un excellent marteau ! Ils m’ont conseillé de vous le proposer… »

En dépit de son explication claire,  Montaudevert craignait que la fureur de la patronne ne fasse qu’augmenter, pourtant il n’en fut rien. Ses yeux avaient retrouvé une blancheur proche de la normale et ses traits semblaient s’être détendus.[/list]


  • « Pourquoi t’as pas commencé par là ! ‘fin bref ces deux là ne sont pas totalement idiots apparemment. Tu saurais faire un marteau avec ce, bec ?
  • Non Madame, je saurais le détacher, mais un bon artisan pourrait vous faire un manche sans peine et l’y attacher proprement et solidement.
  • Bon, va pour, et t’en voudrais combien ?
  • C’est-à-dire Madame, rien, Aldo et Maccioné m’ont affirmé que vous sauriez me recommander quelqu’un qui ne se jouerais pas de moi pour la découpe.
  • Ugh, c’est tout ?
  • Oui. » dit alors Montaudevert en guise d’introduction à un silence gêné.
    La patronne était passée de la colère à l’irritation, et elle avait désormais atteint le stage de l’incompréhension. Perdue car on lui proposait une ressource dont la valeur devait être considérable contre un simple renseignement. Elle savait Montaudevert intelligent, en ce qui concernait la pêche et les créatures volantes, mais elle le soupçonnait maintenant d’être plus un idiot savant qu’une personne pleine de bon sens. Pourtant ce fut lui qui vint briser le silence.



  • « N’y voyez pas de naïveté de ma part Madame, mais un échange de bon procédé me parait en ordre, ne serait-ce que pour vous remercier de m’avoir employé lors de mon arrivée alors que personne ne voulait de moi. Je vois là un moyen de m’intégrer, si vous désirez y voir une manœuvre sournoise ou autre, libre à vous.
  • Bahh, ça me va ton histoire. T’auras qu’à me ramener le bec. BOMBAAAAA. Bomba darling, trouve moi l’adresse de Feun Chenasse, tu expliqueras à Montaudevert comment s’y rendre. Et toi, j’attends mon bec ! » lui adressa la patronne en guise de conclusion.
    Elle s’en retourna dans son bureau, un sourire satisfait non dissimulé aux lèvres, oui pour elle Monty était un idiot savant.

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Madame Bombadour avait confié à Montaudevert toutes les informations pour se rendre à l’échoppe de Feun Chenasse. Elle avait compilé l’itinéraire sous la forme d’un trait rouge parcourant une carte gribouillée à la va vite.  Monty avait trouvé le plan plus utile que ses explications, débitées à grands renforts de soupir dont le Siafelan ne parvenait à savoir s’il s’agissait de marques de satisfaction, d’intérêt, ou de désespoir. Empruntant le chemin des troncs, comme il l’avait fait à l’aller, Montaudevert quitta la scierie en direction du port. C’était là que se situait la poissonnerie du dénommé Feun. Ou était-ce une boucherie et Feun se dénommée au féminin plutôt qu’au masculin. Le pêcheur ne se souvenait pas avoir entendu ces précisions de la bouche de la patronne. Ces détails ne s’étaient pas non plus échappés des lèvres de la Bombadour. Alors que les maisons se faisaient plus fréquentes, Montaudevert se dit que cela avait peu d’importance tant que la découpe ne lui revenait pas à un prix exorbitant.

De fines gouttes de pluie commençaient à se faire sentir. Elles annonçaient sur l’île aux éveillés un retour à la normale. Adieu beau temps et bonjour atmosphère poisseuse. Ce temps ne dérangeait guère Monty au quotidien, mais il préférait éviter l’abat d’eau avec la frégate sur le dos. Se retrouver avec une boule de plumes et d’écailles trempées n’avait rien d’engageant. Ainsi Montaudevert se hâta en direction du port, ne s’arrêtant que pour regarder le plan de la Bombadour.
Plusieurs fois on tenta de l’interpeller à propos de la frégate, ou même de la toucher, mais il ne s’était pas laisser distraire et avait filé à l’adresse de Feun Chenasse. L’échoppe, qu’il trouva après s’être trompé d’impasse une première fois, se trouvait donc dans une voie sans issue. L’air y était plus moite encore qu’à la scierie et les bâtiments semblaient froids. Ayant les mains prises et ne désirant surtout pas poser la frégate compte tenu de la pluie qui s’intensifiait, Montaudevert se résolu à crier et à frapper la porte désignée du pied.


  • « FEUN CHENASSE ! JE CHERCHE FEUN CHENASSE ! »


La porte s’ouvrit dans un grincement. Une silhouette voutée aux yeux creux et à la moustache luxuriante observa Montaudevert des pieds à la tête, puis lui tourna autour pour observer le Mart’O’Frégate. Le vieillard ne cessa de se gratter le menton et il s’en retourna, fermant derrière lui la porte. Montaudevert, impressionné par la moustache du vieil homme, n’en resta pas moins décontenancé par ce personnage qui s’était contenté de l’observer avant de repartir s’enfermer. Mais Monty se trompait sur ce dernier point, car dans un fracas propre aux cloisons de bois qui s’entrechoquent, ce fut le mur entier qui se souleva. Derrière la façade amovible se cachait un atelier étrange. Mi-boucherie, mi-poissonerie, l’endroit était plutôt haut de plafond, et de nombreux crochets y pendaient. Seuls quelques-uns étaient occupés, soit par des gibiers, soit par des poissons.
Le vieux Feun se trouvait entre deux plans de travail et avait enfilé un tablier. Lissant sa moustache, il observait une impressionnante collection de couteaux, cherchant les plus appropriés au travail qui l’attendait.


  • « Monsieur Chenasse bonjour, je suis Montaudevert, c’est la patronne de la scierie qui m’envoie.
  • Le nom de ta, chose ?
  • Mart’O’Frégate, enfin frégate à bec plat.
  • Oh oh oh, c’est ma première, installe là sur un crochet veux-tu. Oh oh oh, une frégate avec des écailles, oh oh oh, intéressant… »


Montaudevert s’exécuta et vint se placer sur un tabouret en face du plan de travail recouvert de lames où Feun s’affairait. Le vieil homme ponctuait chaque examen de couteau en assortissant un commentaire sur celle-ci d’un rire caractéristique. Monty remarqua qu’il n’avait pas refermé la façade et que déjà quelques autres représentants du troisième âge y étaient apparus, avec chaises-parapluies et boissons chaudes. Comme s’ils allaient assistés à un spectacle.


  • « Allons allons, Oh oh oh, j’ai choisi, oh oh oh, plus qu’à examiner ta frégate mon garçon ! Après ça je pourrais commencer ! Oh oh oh, ma première frégate, oh oh oh ! dit le vieux Chenasse en sautillant en direction de l’oisson suspendu.

Il se mit alors à tâter la bête sous toutes ses coutures sous le regard quelque peu confus de Montaudevert, que le public dans l’impasse perturbait plus encore que la personnalité étrange du vieillard.

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Montaudevert l’observait s’agiter autour de la frégate, tournant, tâtant, sautant, tandis que dehors le crachin était devenu averse. Les spectateurs étaient une dizaine et occupé tout l’espace disponible, tant et si bien qu’il n’était plus possible de caser un autre siège, même de plage, devant l’atelier du vieux Feun. La moyenne d’âge de ces gens semblait élevée, et Montaudevert l’estimait entre soixante-dix et quatre-vingt ans. Il plaçait Feun dans cette même fourchette, bien que son attitude et sa démarche lui donnaient au bas mot dix années de moins.

Le vieil homme revint vers ses couteaux, il en isola une dizaine, de tailles et de formes différentes, et rangea les autres dans une longue sacoche qu’il roula ensuite et disposa dans un coin de la pièce. Montaudevert ne le quittait pas des yeux. Non pas qu’il fut inquiet pour le Mart’O’Frégate, ou pour le petit vieux, mais il se doutait que les spectateurs sur le pas de la façade n’était pas là par hasard, et que ce non-hasard devait trouver son origine dans les talents du vieux Chenasse.

Parmi les lames choisies le pêcheur reconnu un couteau à désosser, un hachoir, un couteau fin dont on se servait pour lever les filets de poisson, et une lame courbe, qui faisait penser à une serpe.
Monty alla émettre une question alors que Feun enfilait un tablier duquel pendaient de petites cordes, mais il se ravisa quand le vieil homme attacha ses couteaux à ces cordelettes. Le pêcheur convint que cette méthode lui permettait de limiter ses allers-retours dans l’atelier.

Feun s’en alla discuter avec les spectateurs, les saluant un par un. Mais ce ne fut pas ce qui fit sursauter Montaudevert. Non, ce qui manqua de faire tomber le Siafelan à la renverse fut le couteau qui fila en direction de la frégate sans que personne n’en tienne le manche. Et, alors que le vieux Chenasse discutait des potins récents avec ses spectateurs, la lame incisa avec délicatesse la frégate. Puis une paire de couteaux vint la rejoindre dans son œuvre, aidant ainsi la première lame à dépecer la bête avec dextérité. Lorsque la peau du Mart’O’Frégate lui fut ôtée jusqu’à la base de son crâne, Feun y reporta son attention. Il ramassa le tissu peaucier, couvert de plumes et d’écailles, et le confia, encore humide de sang, à Montaudevert qui n’en revenait toujours pas du spectacle.

« Oh oh oh, va donc la nettoyer à l’évier, tu dois bien savoir faire ça, oh oh oh » demanda Feun à Montaudevert, toujours absorbé par les couteaux qui commençaient désormais à désosser l’oisson. « Oh oh oh, aller aller, ne dors pas petit, va t’occuper de cette peau. Oh oh oh, ces jeunes alors, jamais vu de Rope Action, Oh oh oh. » l’interpella le boucher-poissonnier. Monty se reprit et s’exécuta, s’il ne serait probablement d’aucune utilité pour la découpe, il pouvait sans nul doute s’acquitter de cette tâche de nettoyage. Ce qu’il fit en continuant à jeter des coups d’œil intéressés par-dessus son épaule.

Rope Action pensa Montaudevert, c’est à coup sûr ses cordelettes, s’il y avait des hameçons au bout…

Et pendant que Montaudevert rêvait à une multitude de lignes ramenant une multitude de prises, le vieux Feun taillait la bête à une vitesse impressionnante, amassant sur l’un de ses deux plans de travail la viande blanchâtre. Bientôt il ne resta d’entier que les pattes et le bec de la frégate. La tête avait été mise à part et les os entassés dans un coin. Le vieux Feun avait insisté pour que Montaudevert garde la peau de la frégate, en dépit de l’insistance de ce dernier pour la lui offrir. Le vieil homme préférait ouvertement une bonne pièce de chaire.

Enfin Feun salua ses admirateurs et referma la façade. Quelque peu essoufflé, il vint s’asseoir sur un tabouret, en face de Montaudevert.
Rope action…
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La façade refermée, une discussion entre Montaudevert et le vieux Feun s’était engagée autour d’un thé. Les tasses que le vieil homme avait demandé à Monty de remplir ressemblaient entre ses mains à des dés à coudre, mais le thé qu’il y versa était savoureux. Les arômes riches s’échappant au gré de la fine évaporation couvraient les odeurs de viande. Assez vite le dialogue dériva sur la technique utilisée par Feun, qui à chaque question intéressée de Montaudevert répondait d’un simple « OH oh oh ! » avant de rediriger la conversation sur le métier du Siafelan. Monty rebondissait alors plus ou moins longuement avant de revenir à la charge sans succès.
Le thé terminé, Montaudevert empaqueta la viande, laissant le choix de sa part au vieux Feun qui opta pour quelques côtes qu’il espérait faire griller dans les jours à venir.  La tour de viande bien harnachée dans le dos, le bec à  la ceinture, Montaudevert allait pour prendre la direction de la scierie lorsque le vieillard enfila un imperméable.

    «Oh oh oh, le temps s’est vraiment gâté. Oh oh oh, ça fait longtemps que je n’ai pas vu la petite, je vais t’accompagner. Oh oh oh ! »

Ne sachant quoi répondre, Montaudevert se contenta d’avancer, ralentissant malgré tout son allure habituelle pour ne pas laisser Feun à la traîne. Ce dernier sautillait joyeusement, et ne semblait pas affecté par la pluie battante. A l’inverse, Montaudevert peinait quelque peu, se ralentir était plus difficile qu’il n’y paraissait et l’eau débordait de son tricorne pour venir lui arroser la moustache. Cette désagréable sensation d’humidité s’insinuait sous les vêtements et s’en allait refroidir les os. Sans y être habitué, Monty supportait mieux cette horreur que lors de ses premiers jours sur l’île. Pour lui cette humidité n’avait rien à voir avec celle du grand large. Celle que l’on subissait sur les flots était relayée par les vents, ici, sur l’île aux éveillés, elle persistait, encore et toujours, sous le poids d’une chaleur douce mais terrible à qui n’y avait jamais été exposé auparavant.

A mi-chemin entre le port et la scierie, là où les habitations ne faisaient pas légion, le singulier duo se retrouva nez à nez avec un groupe de travailleurs du bois. Vêtus de leurs cirés verts, Monty ne les reconnu pas immédiatement, mais il s’agissait du groupe d’Aldo et Maccionné.

  • «Messieurs ! Vous aviez raison, merci encore. Je vais à la scierie porter le bec à la patronne, on se retrouve toujours à la taverne ?
  • Ah, bas ssssi tu veux, on peut aller donner ççça à la patronne pour toi.
  • Non, vous m’avez déjà bien aidé, je vais le faire, et puis Monsieur Chenasse m’accompagne pour aller la voir.
  • Nan mais nan, t’vas nous l’donner, et pis nos part de barbac aussi, à nous et aux copains, et on dira à la patronne qu’t’es un bon gars.
  • Cccc’est ççça. Ssssinon, elle sssera pas contente tu vois, elle ssse dira que tu fais pas confiancccce aux gens. »

Le ton des deux bûcherons n’avait plus rien à voir avec celui employait plus tôt dans la journée. D’amical il était devenu menaçant. Les deux hommes, et leurs compères qui s’étaient rapprochés, prenaient sans nul doute Montaudevert pour un imbécile, un peureux, ou les deux. Ce court échange avait déçu Monty plus qu’il ne l’avait énervé. Mais passer l’éponge ne le gênait pas tant. Ils s’étaient sans doute dit qu’ils pourraient améliorer un peu leur quotidien.

  • « Arrêtez de dire des bêtises, on se retrouve à la taverne tout à l’heure. Aller Monsieur Feun, allons y. dit Montaudevert, mais Maccioné se planta face à lui. Il n’était pas très grand, mais il semblait plutôt fort, ou plutôt il devait l’être, à cause de son travail.
  • T’pas bien compris. T’vas nous filer le bec, la barbac, et nous on t’laissera filer sans t’faire mal. T’vois, t’es un pêcheur, t’es pt’être grand, mais on est dix, et on est d’bûcheron.
  • Ouai, ççça va mal sssse passsssser ssssinon.
  • Oh oh oh, comme c’est excitant, c’est comme dans ma jeunesse, oh oh oh !»


De la déception, Montaudevert était passé à la colère. Ils étaient dix, certes, mais dix idiots. Ils étaient bûcherons certes, mais il pêchait des bêtes plus puissantes qu’eux.

Monty laissa tomber sa canne-ciel, inutile de l’abimer pour des souillons comme ceux-là. Se lissant la moustache, il plia les genoux pour se défaire de son bagage de viande. Puis fit un pas vers les bûcherons et planta ses yeux dans ceux de Maccioné. Pathétiques, ils étaient pathétiques, pitoyables, pittoresques, et petits. Terriblement petits. La tête du Siafelan se balança de droite à gauche dans un mouvement de négation, ce à quoi les bûcherons répondirent par des crachats. Maccioné retroussa alors ses manches et arma son poing. Mais avant qu’il n’ait pu esquisser une frappe, son corps décolla. Le puissant bras de Montaudevert était aussi vif. Et le poing qui le terminait été dur. Si dur que le bûcheron crut qu’on l’avait frappé avec une pierre. Si dur que l’écorce contre laquelle son visage vint s’écraser lui parut être oreiller. Si dur qu’il ne se releva pas.
Les neuf restants oscillèrent un instant entre la peur et la stupeur. Mais l’esprit de groupe prit le dessus sur ces émotions et ils se lancèrent à l’attaque du titan se tenant face là. Malheureusement pour eux, ils étaient petits. De vulgaires mouches pour les cent soixante-dix kilos de muscle de Montaudevert, qui les sonna les uns après les autres. Revers de la main, plat de celle-ci, coup de pied, frappe du genou et des coudes, tout l’arsenal y passa. Et bien qu’il encaissa quelques frappes, à cause du nombre de bûcherons, il ne souffrit guère tant elles lui paraissaient légères, inachevées, sans substances ni poids se cachant derrière.

Les dix benêts étalés, Montaudevert ramassa son équipement alors que Feun semblait prendre un malin plaisir à toucher avec un bâton un bûcheron au tapis.
Sans faire attention au vieillard cette fois-ci, Montaudevert reprit son chemin. Il allait devoir expliquer à la patronne comment il s’était retrouvé entre le Mart’O et ces enclumes.



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