- Manœuvrez, putain !
Les boulets volent dans tous sens, explosent et envoient siffler leurs shrapnels. Ils perforent, oblitèrent et déchiquètent. La Boule est sur le pont, il ne pipe mot. Ses marins l'entourent dans cette atmosphère empestant la poudre, le sang et le sel. Le Bretzel fait un virage serré et se rapproche de la nef ennemie. Les cordes d'amarrage sont lancées, les chants pirates tonnent. C'est le moment. La Boule regarde avec un plaisir rageur ses pirates voler vers l'ennemi. Ils sont bons dans leur genre, pas de putains de marins d'étangs comme on en voit pulluler sur la mer ces derniers temps. De vrais frères de la côte, c'est devenu plus rare qu'une pucelle dans un bordel.
Des hurlements de toute sorte se mêlent. La souffrance côtoie la jouissance. Ses marins acculent l'ennemi qui recule, qui recule et si ça continue, ils finiront par se réfugier dans leur cale, les mômes. « J'crois pas qu’il est là, hein, captain » vint lui dire Aru, son second. Petit, famélique, cheveux cassés, Aru est l'exact opposé de son capitaine. Ce dernier le surplombe de ses trois mètres et lui jette un regard mauvais suivi d'un grognement. Aru s'éloigne. En silence. Trop longtemps que la Boule rumine sa vengeance et à chaque fois, le même scénario. Ils attaquent une flotte pirate, la détruisent totalement et rien. Pas de trace du fugitif. Ce trimestre si, c'est déjà le cinquième bateau pirate qu'ils attaquent. Enfin, à peu près, personne ne fait de compte.
- Boule ! réclame le capitaine.
Quand La Boule réclame sa boule, tout le monde s'exécute. Sa voix puissante porte au delà de la rumeur des combats et des complaintes. C'est pas une voix qu'il a mais un cor qui couvre la bataille. Précipitamment, ses marins battent en retraite. Une colonie de termites face à un fourmilier. Ils s'empressent de retourner sur le Bretzel avant que la main charnue de leur capitaine ne touche une des sphères noirâtres qu'on lui apporte sur un chariot. Plus de cinquante kilos pièce, et pourtant, il ne les soulève que d'une seule main. Une main rageuse. La Boule n'est pas expressive. Ses yeux aux pupilles oranges injectées de sang parlent pour lui.
Un moulinet. Un cri de fureur. Un vrombissement dans l'air. Puis l'explosion. Le bateau éventré part en feu aussitôt mais l'équipage du Bretzel se garde d'exulter. L'heure n'est pas à la réjouissance, il n'y a pas de fête quand la Boule est furax. Bras croisés, il regarde fixement le bateau brûler. Dix minutes plus tard, il ordonne le départ puis se dirige vers sa cabine à grand pas. Son manteau claque au vent. Son unique et longue queue de cheval sur sa boule à zéro fluctue dans l'air tel un serpent. Elle aurait pu être vivante. Dans la suite du capitaine se précipite le Chef cuistot. Le seul qu'il autorise dans ses quartiers, le seul à pouvoir le calmer. Grâce à ses bons petits plats dont raffole la Boule.
- Hey ! Pssst ! Mec ! Moi c'est Ormad. T'y sais quoi ? C'mon premier combat avec vous autres aujourd'hui, ha !
- Ouais, c'vrai. D'la bleusaille que t'es. Alors, c'tait comment ?
- Fastoche mec ! J'débarque sur l'pont adverse et t'y sais quoi ? J'tombe sur un noob. Pas comme moi ici, mais l'genre à avoir jamais porté un coup, t'y sais. Sur moi, il braque un gun. Il a l'traque. Ses nerfs craquent. Il farm sur l'percuteur mais nadaa. Le semi s'enraille.
- Noooon ? Sans dec ? T'as une veine d'malade mon pote !
- J'me dis aussi. Mais là, il s'fait d'ssus et je le plante, t'y sais. Dix fois. Et...
- Ta gueule le newbie ! Récure bien l'canon au lieu de taper la causette ! Frotter les chiottes, ça t'branche ?
- Non, quartier-maître !
- Alors, au travail !
...
- Hey !
- Pitié, lâche-moi. T'es dur des pavillons ? Ta gueule a dit l'QM. Frotte seul'ment.
- Nan, t'y sais, j'me d'mandais. P'quoi on poursuit des équipages pirates ? C'sont des ennemis, ouais, mais y a pas que. L'captain cherche quelqu'un, c'est c'qui s'dit. J'plains c'pauvre zig', mais t'y sais c'est qui ?
- Non. Et j'veux pas savoir. J'tiens à mon grand manteau noir.
- Hein ?
- Ma peau, triple idiot. Et frotte !
Les boulets volent dans tous sens, explosent et envoient siffler leurs shrapnels. Ils perforent, oblitèrent et déchiquètent. La Boule est sur le pont, il ne pipe mot. Ses marins l'entourent dans cette atmosphère empestant la poudre, le sang et le sel. Le Bretzel fait un virage serré et se rapproche de la nef ennemie. Les cordes d'amarrage sont lancées, les chants pirates tonnent. C'est le moment. La Boule regarde avec un plaisir rageur ses pirates voler vers l'ennemi. Ils sont bons dans leur genre, pas de putains de marins d'étangs comme on en voit pulluler sur la mer ces derniers temps. De vrais frères de la côte, c'est devenu plus rare qu'une pucelle dans un bordel.
Des hurlements de toute sorte se mêlent. La souffrance côtoie la jouissance. Ses marins acculent l'ennemi qui recule, qui recule et si ça continue, ils finiront par se réfugier dans leur cale, les mômes. « J'crois pas qu’il est là, hein, captain » vint lui dire Aru, son second. Petit, famélique, cheveux cassés, Aru est l'exact opposé de son capitaine. Ce dernier le surplombe de ses trois mètres et lui jette un regard mauvais suivi d'un grognement. Aru s'éloigne. En silence. Trop longtemps que la Boule rumine sa vengeance et à chaque fois, le même scénario. Ils attaquent une flotte pirate, la détruisent totalement et rien. Pas de trace du fugitif. Ce trimestre si, c'est déjà le cinquième bateau pirate qu'ils attaquent. Enfin, à peu près, personne ne fait de compte.
- Boule ! réclame le capitaine.
Quand La Boule réclame sa boule, tout le monde s'exécute. Sa voix puissante porte au delà de la rumeur des combats et des complaintes. C'est pas une voix qu'il a mais un cor qui couvre la bataille. Précipitamment, ses marins battent en retraite. Une colonie de termites face à un fourmilier. Ils s'empressent de retourner sur le Bretzel avant que la main charnue de leur capitaine ne touche une des sphères noirâtres qu'on lui apporte sur un chariot. Plus de cinquante kilos pièce, et pourtant, il ne les soulève que d'une seule main. Une main rageuse. La Boule n'est pas expressive. Ses yeux aux pupilles oranges injectées de sang parlent pour lui.
Un moulinet. Un cri de fureur. Un vrombissement dans l'air. Puis l'explosion. Le bateau éventré part en feu aussitôt mais l'équipage du Bretzel se garde d'exulter. L'heure n'est pas à la réjouissance, il n'y a pas de fête quand la Boule est furax. Bras croisés, il regarde fixement le bateau brûler. Dix minutes plus tard, il ordonne le départ puis se dirige vers sa cabine à grand pas. Son manteau claque au vent. Son unique et longue queue de cheval sur sa boule à zéro fluctue dans l'air tel un serpent. Elle aurait pu être vivante. Dans la suite du capitaine se précipite le Chef cuistot. Le seul qu'il autorise dans ses quartiers, le seul à pouvoir le calmer. Grâce à ses bons petits plats dont raffole la Boule.
- Hey ! Pssst ! Mec ! Moi c'est Ormad. T'y sais quoi ? C'mon premier combat avec vous autres aujourd'hui, ha !
- Ouais, c'vrai. D'la bleusaille que t'es. Alors, c'tait comment ?
- Fastoche mec ! J'débarque sur l'pont adverse et t'y sais quoi ? J'tombe sur un noob. Pas comme moi ici, mais l'genre à avoir jamais porté un coup, t'y sais. Sur moi, il braque un gun. Il a l'traque. Ses nerfs craquent. Il farm sur l'percuteur mais nadaa. Le semi s'enraille.
- Noooon ? Sans dec ? T'as une veine d'malade mon pote !
- J'me dis aussi. Mais là, il s'fait d'ssus et je le plante, t'y sais. Dix fois. Et...
- Ta gueule le newbie ! Récure bien l'canon au lieu de taper la causette ! Frotter les chiottes, ça t'branche ?
- Non, quartier-maître !
- Alors, au travail !
...
- Hey !
- Pitié, lâche-moi. T'es dur des pavillons ? Ta gueule a dit l'QM. Frotte seul'ment.
- Nan, t'y sais, j'me d'mandais. P'quoi on poursuit des équipages pirates ? C'sont des ennemis, ouais, mais y a pas que. L'captain cherche quelqu'un, c'est c'qui s'dit. J'plains c'pauvre zig', mais t'y sais c'est qui ?
- Non. Et j'veux pas savoir. J'tiens à mon grand manteau noir.
- Hein ?
- Ma peau, triple idiot. Et frotte !