- Ce dernier entraînement avec Salem ne cesse de faire des allers et retours dans mon esprit. Mon inefficacité est telle qu’il doit s’infliger des handicapes pour rendre le combat un peu plus équitable. Sans ça, l’entraînement aurait été inutile, à l’instar de celui effectué sur Alabasta où seul Yamamoto s’est plutôt bien défendu. Je ne l’admettrai jamais face à eux, mais je suis en plein doute. Je doute de mon utilité au sein de l’équipage, de mes ambitions trop grandes pour ce que je suis capable de faire, de ma propre personne. Je rumine dans mon coin, éloigné de tous les autres, à l’extérieur des murs de Marie-Joie. Hors de question que l’on me voit dans cet état, personne n’en a le droit. Si quelqu’un ose, je le tue. Le poing serré, mon regard s’obscurcit quelques instants, avant de regarder le vide avec légèreté.
« Saloperie de fragilité. L’intelligence a des limites, heureusement que la bêtise n’en a pas. » Marmonnai-je en constatant mon déplorable état psychologique.
Que faire dans ce genre de situation ? M’apitoyer sur mon sort et rester le minable ? Connaissant pertinemment la réponse, je ne sais pourquoi la question m’est parvenu à l’esprit. « Abandonner », « pleurer », tous ces termes ne font pas partis de mon vocabulaire. Comme tout être humain, j’ai des instants de faiblesse où je remet certaines choses en question, mais cela ne m’a jamais empêché de poursuivre mes rêves. Oui, je suis pour l’instant à la ramasse… Ce n’est que temporaire.
Une journée vient de passer, le soleil se couche enfin. Sur les hauts plateaux qui surplombent Marie-Joie, qu’il m’a fallut l’après-midi pour y parvenir, j’ai le privilège d’assister à un magnifique coucher de soleil. Je dégaine ma lame qui scintille grâce aux dernières lueurs, et je reste statique quelques instants, m’amusant avec les différents effets lumineux. Pis inconsciemment, je commence à la tournoyer comme avant un combat. De là, je commence un enchaînement de skills, des combats en shadows…
« Comment fonctionnent leurs déplacements déjà ? »
Je fais allusion au Soru utilisé par Yamamoto et d’autres. Sans ce déplacement, je ne parviendrai jamais à les faire trembler. Le Geppou aussi est un déplacement qui m’intéresse grandement. Tout seul, je n’y parviendrai pas. Je dois observer Yamamoto les effectuer quelques avant de pouvoir me programmer des sessions d’entraînement. En attendant, je m’amuse à balancer des cailloux au loin, que je broie à l’aide de fines lames d’air envoyées avec une précision chirurgicale. Un sans faute. Ça commence enfin à rentrer, les sensations sont bonnes. Qu’en est-il de ce gros rocher qui se tient fièrement face à moi ? Mes fines lames d’air n’en viendraient certainement pas à bout.
Ma force actuelle est quasiment nulle. Cependant, en y ajoutant de la vitesse, malgré ma faible force, je peux produire une puissance non négligeable. Mon mouvement préféré, la toupie, je l’effectue une nouvelle fois en balançant une lame d’air. Cible manquée. En même temps, pas évident de viser quand tu bouges dans tous les sens. Je retiens la trajectoire de la lame et recommence en réajustant la mire. Cette fois, ça découpe le rocher, mais seulement une partie, je n’ai pas réussi à taper en plein milieu. Au moins, la puissance est là. Je recommence le mouvement un certain nombre de fois, jusqu’à ce que la cible soit inutilisable.
« Hm. » Laissais-je non satisfait, légèrement essoufflé par les enchaînements. Je me défais de mon haut, retire mes bottes et commence un entraînement physique. Des pompes, des abdos, des burpees, et d’autres exercices de renforcement musculaire. S’en suit des exercices plus spécifiques, comme monter une pente en transportant un rocher à la seule force de mes bras. L’entraînement improvisé a finalement duré deux bonnes heures. Je suis allongé à même le sol rocailleux, exténué, en étoile et le regard totalement vide. Les étoiles semblent tourner autour de moi.
J’entend soudainement des pas s’approcher de moi.
« Qui est-ce ? Présentez-vous avant que je ne devienne impoli ? »
Je tente d’intimider l’inconnu comme je peux hein, je suis à bout de force.