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Chantage


 
Sentiment
  Dara D. Kol


 

Le temps n’était plus au beau fixe. Lorsqu’elle avait quittée la Nouvelle Ohara, l’agitation avait gagné la ville, que ce soit dans les esprits ou de manière plus météorologique. Une petite tempête avait gagné les côtes et avait fait dériver la petite embarcation pendant un temps, une fois le calme retrouver, Dara reprit sa route vers le Don des Saints.

Pourquoi s’arrêter dans une ville ou la Marine est omniprésente ? Pourquoi faire le choix d’aller sur une île de notable ? Dara avait un plan. Elle voulait atteindre son idyllique but de pirate et commencer par acquérir le fruit du Gum Gum, et pour ce faire il fallait que la Marine lâche du lest. Elle avait donc choisi une île avec le plus de Marine possible et elle devait faire croire qu’elle resterait plusieurs semaines sur l’île, en réalité, elle ne resterait pas plus d’une journée, ce qui lui laisserait assez de répit pour repartir vers d’autres horizons.
Il était clair que Dara ne jouerait pas aussi spectaculairement que sur la Nouvelle Ohara, le moindre faux pas ici serait mortel ! Il fallait donc ruser et établir un plan sur des bases plus politiques, et les Dragons Célestes seraient parfaits pour tout ça !

La pluie fine avait cessé, les épais nuages eux étaient toujours présents et menaçant, prêt à se gonfler de nouveau et déverser des torrents. La petite embarcation de Dara fendait les petites vagues et se frayait un petit chemin vers l’un des luxueux ports de plaisance de l’île.  Il faut dire que, sur cette île tout est richesse et prospérité ce qui favoriserait d’autant plus le plan de Dara, elle savait exactement où commencer et comment s’y prendre.

Elle accosta donc, se dédouanant d’une taxe bien trop élevée pour ses finances – Mais nécessaire pour sa discrétion – une fois le pied à terre, la belle se dirigea aussitôt et le plus vite possible vers le marché de la ville, elle prit à part un vendeur de longues capes et s’en acheta une de piètre qualité à un prix dérisoire. Elle s’encapuchonna rapidement, la météo étant de son côté, personne ne poserait de question sur le fait que cette dernière soit tant vêtue.

La Réprouvée s’agita dans toute la ville, elle était impressionnée par l’étonnante prospérité des lieux et par l’apparente générosité des Dragons.  Elle aurait pu croire qu’au contraire, que la population serait démunie, que l’enrichissement n’irait que dans un sens, mais il en était tout autre. Les Dragons avaient ainsi un véritable culte en leur nom. Une Marine privée, de par leurs uniformes mais aussi de par leur mental et leur embrigadement, un grotesque spectacle que voilà. Une fois de plus, le dégoût pour la Marine refaisait surface comme un goût amer dans la bouche. Dara prit le temps de tout observer pour comprendre le degré de corruption et d’efficacité des Dragons, elle écouta aussi beaucoup les passants discuter entre eux au sein du marché. Ainsi donc l’on pouvait créer l’illusion du Paradis et contrôler la masse avec le cœur corrompu des hommes.  L’argent avait construit l’île, la communauté, les lois… Tout ceci n’était qu’une mascarade de plus.

La belle avait gardé son couteau lors de son dernier combat contre le Lieutenant de la Marine. Bien qu’elle n’eut pas à l’utilise, elle se rappela l’interminable chute du pauvre homme. Il était donc temps de passer à l’action, elle en avait vu assez et compris assez pour pouvoir mettre en œuvre son plan. Elle se dirigea donc vers une des tavernes les plus populaires de la Marine. Comment le savait-elle ? Et bien, elle était Marine et elle  savait d’expérience que les tavernes les plus populaires sont celles à côté de la garnison. Après une dure journée, les jambes sont lourdes et les soldats ne veulent pas marcher bien loin pour boire du saké.

La nuit tombante, plusieurs dizaines de soldats – Voir de sections – défilèrent dans l’établissement, créant ainsi pendant plusieurs heures des tumultes de voix, de cris, de bières entrechoquées et autres festivités. Dara, elle, était impassible dans une rue annexe, attendant le bon moment. Elle avait déjà escaladé péniblement l’établissement pour se glisser sur un des balcons, par chance la fenêtre était ouverte et lui avait permis d’entrer pour se dissimuler dans une pièce à balais.

Elle ne voulait vraiment pas faire ça, mais elle n’avait plus le choix, il fallait voir plus loin, c’était la Marine qui l’avait poussé à ça. Elle devait faire ça pour son bien, pour avoir un répit. Alors qu’elle n’avait cesse de ressasser ses pensées dans ce lugubre placard, elle entendit en bas le bruit de la fermeture, le gérant était dans les escaliers, montant lentement à l’étage.

Il était temps. Le plan pouvait commencer.


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Dara D. Kol


 

L’horreur n’en finirait pas aussi simplement.
Tout était en place, la peur est bel et bien le plus puissant des moteurs, celui qui permettait d’accomplir de grandes choses, dans le bon ou mauvais sens. Il était impressionnant de voir à quel point la peur pouvait motiver des actes.

La fine lame du couteau était apposée sur le lobe de l’oreille, c’était un point rudement sensible et à en voir la tension du tissu du bâillon, le simple fait d’y penser devait faire mal. La victime devait avoir tout au plus seize ans, c’était un beau jeune homme à peine tirer du lit, sa crinière de jais était toute ébouriffée. Il était encore très tôt dans la nuit, bien qu’au loin l’on pouvait distinguer une aube proche. La lame était toujours posée sur l’oreille et Dara fixa cette fois-ci le gérant avec un regard terriblement déterminé.

« Je répète encore une fois !  Ai-je toute votre attention désormais ? »

Le gérant de la taverne hocha la tête en retenant son émotion – bien qu’elle soit largement palpable – Il faut dire que lorsque la belle avait entendu le gérant grimper les escaliers, elle n’avait pas hésité une seconde et avait attrapé le fils de ce dernier en plein sommeil. Elle avait ainsi une monnaie d’échange parfaite, la chair de sa chair, il serait obliger d’obéir cette fois-ci et n’aurait d’autre choix que de faire ce que dit Dara.
Elle ôta donc la lame, mais garda l’arme bien en main non loin de la tête de l’adolescent, puis son sombre regard se posa à nouveau sur le tavernier.

« - Tu te demandes pourquoi toi ? Tu te demandes bien ce que je te veux ? Tu demandes aussi pourquoi je m’en prends à ton fils. Tant de questions qui te taraude, je ne suis pas un monstre rassure toi. Cependant, mes intérêts propres passent avant les tiens. Aussi, si tu tentes de me doubler sur ce coup, ou que j’ai le moindre doute sur ta coopération… Je tuerais ton fils d’une manière parfaitement ignoble et je le torturerais… Sans hésiter. Hélas, dans ce genre de cas… Je sais d’expérience que les gens peuvent penser que je bluff, après tout, je suis une femme bien frêle et mon visage d’ange me fait perdre toute crédibilité… Tu comprendras donc que… »

Dans un mouvement parfait, le couteau vient s’abattre sur le lobe de l’oreille, le coupant net, l’adolescent se tortille alors dans tout les sens malgré ses liens et se laisse tomber au sol. Dara le relève aussitôt en attrapant ses cheveux pour le mettre à genoux. Le tavernier et gérant, lui, pose ses mains sur sa propre bouche pour se retenir d’hurler.

« -Vous êtes d’une méchanceté sans limite ! C’est purement gratuit et injuste ! »

Dara hocha la tête devant une telle affirmation et répondit à son tour sur un ton sec et froid, de façon à ce que chacun ici se rappel qui est en possession du couteau.

« - La cruauté et la méchanceté hein ? C’est tout à fait relatif vois-tu ? Si t’as vie était en danger je pense que tu serais facilement capable de pire que de découper une oreille non ? Et nous allons faire le test de ce pas d’ailleurs. La vie de ton fils en jeu, tu vas donc me tenir tête longtemps ? Ou tu vas jouer la carte de la prudence et faire ce que je t’ordonne de faire ? »

Le père balança positivement sa tête, il semblait être à bout de nerfs et n’avait de cesse que de regarder autour de lui, comme pour trouver une échappatoire à cette situation.

« - Tu sais ce qui à de bien pour un Pirate sur cette île ? L’argent et les Dragons… Pourquoi me diras-tu ? Pourquoi les Dragons seraient une bonne chose pour une Pirate ? Et bien, parce qu’ils vont devenir mon alibi grâce à toi ! Je suis actuellement un peu trop pourchassée par la Marine. De Fushia à la Nouvelle Ohara je n’ai eues que des soucis regrettables avec cette dernière. Il me faut donc me débarrasser quelques temps de la Marine de West Blue. Ainsi je pourrais voguer autre part sans être trop remarquée. Voici comment… »

L’adolescent se débattit de tout son corps, lâchant totalement prise sur ses muscles pour offrir la plus belle résistance possible, devant cet élan de témérité, Dara assena un parfait coup de pied dans la tête du jeune homme qui se retrouva de nouveau au sol, elle se contenta de poser sa chaussure sur son visage avant de reprendre.

« -Je disais donc… Je dois quitter West Blue de manière définitive. Et il n’y que toi, parfait petit gérant qui peut m’aider. Je vais reste ici trois jours durant pour m’assurer que tu fais ton travail, si tu ne le fais pas, je reviendrais tuer ton fils après de nombreuses tortures et je brulerais cet endroit. Je pense donc avoir toute ton attention et tu dois mourir d’impatience d’obtenir les détails du travail pour l’accomplir avec brio. Voilà… Tu possède l’établissement le plus proche des garnisons et tu as ainsi une clientèle privilégiée de soldat de la Marine. Soldats, sous-officiers, officiers. Tu vas lancer une vilaine rumeur au sujet de la Pirate Dara D. Kol ! Oui… »

Elle prit le temps de transférer un peu plus de poids sur son pied pour écraser d’avantage le visage de son prisonnier, lui arrachant ainsi un souffle fort et rauque synonyme d’énervement profond. Elle continua de fixer droit dans les yeux, telle une vipère prête à tuer.

« - Tu vas faire croire que j’étais présente dans ton établissement durant la semaine et que tu m’as entendu parler avec un homme encapuchonné. Tu diras que tu as entendu à demi-mots que… Je comptais commettre un larcin dans les banques privées de nos amis les Dragons. Stupidité tu me diras ? Je te dirais intelligence. En temps normal et sur une autre île, l’information arriverait automatique aux Dragons qui engageraient tout leurs moyens pour me traquer et me tuer. Mais ici… Tout est différent. Les soldats sont presque des fanatiques de la condition dont ils jouissent et pour rien au monde ils ne se risqueraient de se montrer incompétent ou peu clairvoyant sur la situation. Aussi ils ne diront rien, mais mobiliseront tout leurs effectifs pour attraper une chimère, et moi je me cacherai durant les trois jours avant de fuir tranquillement. Astucieux pas vrai ? Je suis tellement anonyme et sans réelle compétence qu’ils n’oseront rien dire, ils vont peut-être me cherche quelques jours… Et c’est quelques jours de répit pour quitter cet endroit. »

Elle mentait, elle ne tiendrait pas une seule journée face à une horde de soldat lancer à sa recherche pour une rumeur. Bien sûr qu’elle était anonyme et sans danger, elle ne tiendrait pas cinq minutes contre la Marine et la Garde des Dragons, il lui fallait ruser sur ce coup pour pouvoir partir de West blue, peut-être y reviendrait-elle plus tard.

« -Vous êtes folle à liée ! Complètement tarée ! Les Dragons vous tueront ! »

Bien sur que non, les Dragons se croient intouchables et une rumeur si bénigne mobilisera quelques soldats et l’attention sur l’île quelques jours, une simple diversion, un sursis qui lui offrira la possibilité de quitter West Blue. Etouffé dans quelques sanglots, la réponse du père ne tarda pas elle fut positive. Dara hocha la tête et releva une énième fois le fils.

« - Bien, je le prends avec moi, je le relâche une fois que je serais sûre que la rumeur est lancée ! »

Le gérant était fou de rage, et son esprit était embrumé par la colère.
L’aube pointait à l’horizon et il ne faudrait plus longtemps pour que la rumeur soit diffusée au petit déjeuner des soldats, la ville serait sûrement fouiller, non pas que la menace soit inquiétante pour la Marine, mais plutôt pour avoir le privilège de mettre la main sur un déserteur qui est censé rester quelques temps ici pour préparer son coup.

Il lui fallut quelques heures pour retourner discrètement à son emplacement, une fois dans son embarcation de fortune, elle relâcha le jeune homme lui intimant de faire silence. Une fois que fois fini, elle prit le large.

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