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Le paradis du batifolage


- « Globalement, t’as un peu toutes les infos que t’as loupé dans cette chemise. Je te conseille de tout bruler après lecture. »

- « Sankyu ! Tu me sauves la mise mon pote ! »

- « Va pas faire le fou sur les mers hein ! »

- « Je te promets rien, mec, hahaha ! »


Scar me fit une accolade, tapota mon épaule et se retourna vers le centre-ville de ce coin pourri, mains dans les poches. Ce type était un comme un frère pour moi, même s’il me donnait des envies de meurtres lorsqu’il prenait grand plaisir à faire le fanfaron. Je le regardai s’en aller, avant de me retourner vers le train qui allait me transporter jusqu’à Water Seven. Une ville que je n’avais pas visitée depuis longtemps. Ça remontait à mon enfance tout ça, du temps où je squattais le navire de mon père lorsqu’il prenait ses vacances. J’eus un air rêveur pendant un bon petit moment, avant de m’avancer vers l’un des wagons dans lequel je devais prendre place, non sans bailler. On m’avait réservé depuis longtemps un compartiment pour moi tout seul. A croire qu’être vice-amiral n’avait que du bon. En même temps, ce devait être chose rare que de voir un haut officier utiliser le train. Nous avions tous une flotte personnelle. Et c’est justement la mienne que je devais rejoindre à Water Seven avant de penser à ce que j’allais pouvoir faire par la suite. Il y avait tellement d’îles à visiter et tant de hors-la-loi à mettre hors d’état de nuire que je ne savais pas vraiment par où commencer. J’avais aussi la nette envie d’aller voir mon père, sur les blues et de revisiter la ville de Shell, mais j’allais mettre ces envies de côté pour le moment.

- « Mon amiral. Voulez-vous… »

- « Inutile. Te fais pas chier petite. Allez, rentre maintenant. »


J’ébouriffai la jeune officière qui faisait office de protocole, avant de lui gratifier d’un bisou sur le front. Elle se mit à rougir, balbutia quelques mots et s’en alla elle aussi, non sans avoir effectué un salut militaire digne de ce nom. Je regardai sa petite croupe rebondir au rythme de ses pas, avant de checker rapidement mon ticket. Mais très vite, une hôtesse se présenta poliment à moi et me demanda de la suivre. Ce que je fis sans broncher. Faut dire qu’en plus d’être jolie, elle avait un gros cul comme je les aimais. Par contre, ce qui était lassant avec ce genre de femmes, c’est qu’elle en jouait parfois trop. Rouler le cul devant moi comme ça… C’était certes aguicheur, mais dénué d’originalité. Encore une qui devait me connaitre de renommé et qui voulait m’essayer. A force, j’avais la sale impression d’être une espèce de gigolo ou de prostitué, carrément. Du coup, la meuf me coupa toute envie de la draguer. C’était bête, surtout pour elle, mais c’était comme ça. Nous finassâmes devant une cabine qu’elle ouvrit et dans laquelle j’entrai rapidement. Un somptueux espace privatif avec salle de bain et tout. Première classe, s’il vous plait. Et même que mes deux valises étaient déjà rangées dans un coin de la cabine. Un véritable petit paradis. Je saluai gentiment l’hôtesse, fermai la porte derrière moi et sautai sur le lit, avant de soupirer d’aise.


***


- « Putaing… »


Combien d’heures étaient passées depuis le départ ? Je ne savais pas. Mais toujours est-il que dehors, le soleil déclinait lentement et qu’il commençait à faire sombre dans ma cabine. Je m’étirai longuement avant de jeter le dossier que Scar m’avait confectionné sur la petite table à côté de mon lit. Ces papiers m’avaient mis au fait de certains secrets de ma faction et des derniers grands évènements qui s’étaient déroulés dans le monde. Ceci étant dit, peu de choses m’avaient surpris au final. Toute cette synthèse n’avait fait que confirmer la plupart de mes soupçons. Après, ces informations n’allaient pas changer ma manière de voir les choses, ni ma façon de faire, même si je savais à quoi m’en tenir. Sur cette pensée, j’eus un lourd soupir. Après quelques instants à rêvasser comme un gosse, je finis par me lever pour prendre une bonne douche. Dix minutes après, je revêtis un jeans noir et un pull col roulé de même couleur, avant de foutre mon gigantesque manteau d'officier sur mes épaules. Ce n'est qu'après un coup de peigne que je quittai enfin ma loge. Sur mon chemin, je rencontrai bon nombre de marines qui me saluèrent, quelques civils et gouvernementaux bien connus, avant de déboucher une voiture-restaurant qui avait une ambiance très cosy et donc très agréable avec de très belles meufs comme hôtesses. La compagnie faisait fort.

Tranquillement alors, je m’installai à une table de libre, avant qu’une autre hôtesse n’accoure vers moi. Belle, fraiche… Mais mince. Trop mince. Sans un pet de graisses, ni de formes. Parfaite miss que voilà. Mignonne mais pas mon genre… Dommage. Légèrement intimidée par ma carrure, mais sans doute par ma renommée, je fis vite de la mettre à l’aise et tout, avant de commander un simple menu qu’elle s’empressa d’aller chercher au pas de course. Je la regardai s’éloigner sourire aux lèvres, avant de porter mon attention à la fenêtre, où l’on ne voyait que la mer. Juste la mer et rien autre chose. Pas d’îles lointaines… Pas de paysages particuliers… Juste de l’eau à des kilomètres à la ronde. Avec le coucher de soleil lointain, c’était beau mais monotone. Pas de quoi m’émerveiller en tout cas. J’eus donc un soupir, avant de sortir de mes poches une paire de lunettes et un livre. Pas n’importe lequel. « Le Paradis du batifolage ». Inutile de mentionner sa nature. Les enfants ne devaient en aucun cas tomber sur un tel ouvrage. Et comme s’il s’agissait d’un dossier ultra secret et très important comme celui que j’avais laissé dans ma cabine, je me mis à le dévorer sans plus faire attention à mon entourage. Ni à l’hôtesse qui était venue poser une bonne bouteille de vin et une coupe à ma table avant de repartir fissa. Ni à l’inconnue qui s’avançait vers ma table…


Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Dim 10 Juil 2016 - 2:25, édité 2 fois
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Je m'étais particulièrement attachée à cet espace convivial que constituait le wagon bar. Celui-ci était séparé en deux parties : une plutôt réservé à la restauration, accueillant des tables bien dressées de napperons blancs surmontés de couverts en argent avec, plus loin, un espace réservé à la cuisine et une autre plutôt orientée breuvages alcoolisés proposant les services d'une simili-taverne improvisée. J'avais eu tôt fait de faire le tour des deux wagons à la décoration coquette et classique mais n'avais bien entendu pas pu rentrer dans le troisième, consacré à la confection des plats servis bien chauds aux clients acceptant de payer le prix onéreux pour y goûter. Assez rapidement, la taverne était devenue le lieu de prédilection de mon supérieur qui conservait perpétuellement le nez dans le whisky. Je savais pertinemment que si je désirais lui parler, je pouvais aisément le retrouver là pour tout le reste du trajet, son verre fétiche à la main, les yeux posés sur le liquide doré qu'il avait l'habitude de siroter tranquillement. Pour ma part, c'était principalement sur le restaurant que mon intérêt s'était porté : malgré la tentation entêtante de commander au barman une bière pour m'isoler dans le même monde que Larson, j'avais préféré concentrer mon attention sur la nourriture du train et sur ses consommateurs. A cet effet, je m'étais donc faufilée près du comptoir des paiements pour interroger un serveur sur le prix usuel pour avoir un bon repas.

- Cinquante mille Berries pour le plat du jour ?!

- Ce sont les tarifs en vigueur à bord du train, madame.

Le teint blanchâtre, je comprends à quel point les ragots colportés à ce sujet sont désormais bels et bien véridiques. Instinctivement je porte la main au portefeuille avant de me rappeler que mon statut d'agent du CP9 me permet d'être débarrassée de ce genre de dépenses superflues et onéreuses, au même titre que mes frais de déplacements, ce qui me fait assez rapidement retrouver des couleurs. Alors, plutôt que de saisir des espèces trébuchantes dans mon porte-monnaie, je tends simplement une drôle de petite carte de visite mentionnant les coordonnées bancaires d'un établissement situé à Marie-Joie et servant de couverture pour l'organisme de gestion des finances du Cipher Pol 9 : le SAFER.

Le paradis du batifolage  Safer-4fd3321

- Ça ira. Pouvez-vous envoyer la note à cette adresse ? fais-je tout en déposant le petit carton blanc sur la surface de bois verni du guichet.

Arborant une expression suspicieuse, l'homme chauve et binoclard récupère malgré tout l'adresse tout en recherchant simultanément quelque chose dans un épais registre dont il tourne progressivement les pages qu'il parcourt fébrilement avec son index. Puis, lorsque le serveur semble sûr que l'établissement est bien homologué, celui-ci affiche une mine à la fois confuse et désolée, me priant de bien vouloir l'excuser pour la gêne occasionnée.

- Si madame veut bien me suivre, nous allons trouver une table. déclare-t-il tout en accompagnant sa parole d'un geste de la main qui m'invite à avancer à sa suite.

L'endroit est loin d'être bondé, l'heure du dîner étant passée depuis un petit moment déjà. Ce ne sont pas plus des gens affamés qui sont réunis ici que des habitués ou bien des aristocrates. Sinuant entre les tables, le domestique finit enfin par s'arrêter devant l'une d'elle et tirer une chaise en arrière pour m'inviter à m'y asseoir.

- Je reviens dans un instant, le temps que madame fasse son choix. termine-t-il tout en me tendant à nouveau la carte que j'avais déjà eu l'occasion d'étudier à l'entrée.

Rapidement je choisis ce qui accompagnera donc mon entrecôte et opte aussi pour une salade en entrée. Et comme le bonhomme met plus de temps à revenir qu'escompté, j'entreprends de jeter un regard panoramique à la scène qui se déroule autour de moi.

Une dizaine d'autres clients remplissaient le wagon, certains savouraient encore leurs repas, d'autres admiraient le coucher de soleil avec un café. Parmi la grande majorité de civils reconnaissables à leurs habits et leurs gestuelles transpirant la haute bourgeoisie figuraient aussi quelques officiers qui préféraient probablement dîner seuls. Et puis avant d'avoir fini de faire le tour de la salle, quelque chose avait subitement attiré mon attention. Une femme, habillée d'une robe rouge à pois blancs et portant vissé sur son crâne un grand chapeau blanc qui lui mangeait la moitié de ses longs cheveux blonds et bouclés. Son regard semblait perdu dans un livre qu'elle tenait dans ses mains, sur lequel vennaient danser ses doigts et sa plume avec laquelle elle écrivait continuellement. Une écrivaine, probablement ; c'était parfaitement le genre d'endroit où l'on pouvait s'attendre à en trouver. J'étais donc restée une bonne trentaine de secondes à la reluquer coucher par écrit des pensées et des notes qu'elle avait possiblement emmagasiné au cours de sa journée. Loin d'être une personne respectueuse du travail des autres, je tenais malgré tout en estime les romanciers qui parvenaient à nous faire voyager rien qu'en se servant de mots et de métaphores, et d'autres figures de styles aussi alambiquées que magnifiques. Ce travail de la langue me fascinait et à l'instar du métier, la jeune auteure aussi.

La voyant instantanément s'arrêter de scribouiller avec son stylo, je la suspecte alors de s'être rendue compte de mon regard pesant qui l'observe depuis une bonne minute, mais au moment où la romancière relève la tête et zieute d'un air las ce qui se passe autour d'elle, ses yeux passent sur moi sans même accrocher mon regard. A la place, ceux-ci s'arrêtent sur la silhouette tapie dans l'ombre d'un autre inconnu qui mange seul, derrière moi. Mon regard suit le sien et finit par découvrir chez l'énergumène un uniforme d'officier de la Marine, de vice-amiral au vu de l'unique épaulette qui dépasse vue d'ici. L'homme est accoudé à une table posée contre l'une des fenêtres de l'habitacle, les fenêtres de l'âme perdues dans le vide océanien. Malgré tous mes efforts pour distinguer son visage, je ne parviens pas à déchiffrer son expression, voilée par la main épaisse qui appuie son faciès. Mais je semble reconnaître quelques traits distinctifs qui me rappellent étrangement quelqu'un.

Clap !

A quelques tables de là, la rédactrice vient de fermer son bouquin d'un geste souple et se dirige désormais vers le Marine énigmatique, d'une démarche souple et chaloupée. S'invitant à sa table sans même le lui demander, la jeune femme se présente. Grâce au Haki, je peux efficacement épier leur conversation sans même avoir à me retourner.

- Si mon expérience pour les galons ne me trompe pas, vous êtes bien Vice-Amiral de la Marine. C'est pas toujours que l'on en voit passer par ici. Oh, pardonnez-moi, j'en oublie les règles de bienséance. Je suis Béatrice de Montmirail, une écrivaine à la recherche d'histoires passionnantes pour m'inspirer pour mes romans. Et mon flair me dit que vous avez dû vivre des aventures inédites.
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- « La flemme… »

- « J-Je vous demande pardon ? »

- « J’ai la flemme de raconter quoique ce soit, mademoiselle… »


Mon ton n’avait pas vraiment été cassant, mais il avait été las. Terriblement las. Contrairement à cette blonde qui semblait ne pas me connaitre, moi je la connaissais. Par le biais de ses livres. Mais malheureusement pour elle, aucune de ses œuvres ne m’avait vraiment captivé. Non pas parce qu’elle écrivait terriblement mal (Pour être franc, c’était tout bonnement le contraire) mais parce que je trouvais ses scénarios assez fades, clichés, d’autant plus que j’étais moi-même une sorte de super-héros qui avait tout vécu, ou presque. Le défaut d’être un combattant redoutable et reconnu dans le monde entier. C’était malheureux mais c’était comme ça. On pourrait penser la même chose pour les livres cochons que je lisais vu que j’avais connu pas mal de femmes, mais c’était un poil différent. Pis, je préférais une histoire cocasse de consanguinité qu’un thriller qui peignait des réalités accablantes que je vivais déjà au quotidien. Tordu, moi ? Certainement. Personne n’est parfait en même temps. Et puis, je voyais comment se profilait cette discussion : Un brin de causette, des rires, un diner partagé, puis la couche pour une bonne partie de jambes en l’air. De la prétention ? Sans aucun doute. Mais aussi et surtout l’expérience du dandy que j’étais.

- « Mais j- »

- « Je ne suis pas la bonne personne pour vous raconter quoique ce soit. Mes histoires se résument au sang et au sexe. Rien de bien nouveau pour vous. Et puis, je ne me sens pas l’âme de vous raconter toutes mes galères, ni d’en inventer pour satisfaire votre curiosité. Oui, je suis méchant. Pour une fois, je suis méchant. Et pas de bol, ça tombe sur vous ! »


L’auteure resta interdite pendant un bon moment devant moi. Il serait bien hypocrite de ma part de dire que je n’aimais pas l’immense renommée dont je jouissais dans le monde ; mais je ne courrais pas non plus derrière et même pour passer le temps ou pour m’amuser, je n’avais aucune intention de lui raconter quoique ce soit. Mes histoires les plus palpitantes, mes anecdotes les plus croustillantes, je les réservais pour les gamins de l’orphelinat que j’avais construit. Seuls ces petits avaient cette exclusivité. Qui plus est, c’était comme je l’avais aussi signifié : Aucune envie de m’amuser à la baratiner. J’aurai pu, il est vrai, créer de toute pièce une story, lui raconter des bobards, mais non, je n’avais pas l’envie. De toute façon, mes faits d’armes étaient bien connus quand j’y pense. La plupart ou tout du moins, les plus importants. Pourtant, la meuf ne se découragea point. Elle eut même un sourire fin. Peut-être avait-elle déjà essuyé plusieurs refus. Une habituée donc : « Le paradis du batifolage. Personnellement, j’aime bien. C’est cru, mais plutôt amusant. Un peu machiste sur les bords mais assez passionnant. » Et puis, comme si de rien était, elle se mit à décortiquer le roman que je dévorais précédemment avec des avis bien construits et pertinents.  

Une véritable pro…

- « … Et puis, si je ne m’abuse, vous êtes bien le fameux Alheïri Fenyang, non ? Je viens de me souvenir que votre récente promotion a fait du bruit. Et de ce que je sais sur vous… »

Nous y voilà. Et même que mademoiselle s’était penchée un peu vers moi, pour bien mettre son décolleté en valeur. Je le savais que ça allait se terminer comme ça. Sans me cacher, j’eus une moue presque boudeuse. J’étais franchement fatigué de ce genre de procédés. Du reste, c’était même pas comme si j’étais un fan de boobz quoi. T’as des nibards, d’accord, mais garde les pour toi quoi. Que je pensais très fort. Avec le regard qui allait avec. Mais zéro. Quedal. La blonde n’en démordait. J’avais la nette impression qu’elle me lâcherait pas du tout. Je pouvais bien évidemment la menacer et prendre un ton carrément sec, mais là encore, c’était pas moi. Et puis, ce n’était pas comme si sa curiosité était une très mauvaise action punissable par la loi, même si elle était TROP chiante ! « Et si vous me racontiez les conditions de votre promotion. S’agissait-il d’une mission périlleuse ? Vous avez capturé un gros poisson ? » Et tout un flot de questions s’en suivit. Comme ça, facile. Dépité, j’eus un soupir avant d’inspirer profondément. Elle me saoulait vraiment. Mais puisqu’elle n’allait pas lâcher le morceau, je décidai de lui raconter au moins ça. Oui, j’étais faible. Oui, j’ai cédé. Mais si avec ça, elle pouvait définitivement me coller la paix…

L’histoire fit carrément une bonne heure. Une PUTAIN d’heure où je ne pus même pas profiter de mon repas. Si bien qu’à la fin de mon récit, l’écrivaine était toute émerveillée :

- « Magnifique ! Magique ! Époustouflant ! Vous êtes le héros de tout un peuple ! Alabasta doit vraiment vous porter en estime ! »

- « Maintenant j’aimerais pouvoir mang- »

- « Mais qu’en est-il de votre partenaire de circonstances ? Cette Elizabeth Butterfly ! L’avez-vous revu ? Quelle est votre relation actuelle ? »
Coupa-t-elle, aussitôt.

- « Ah ? Cette tarée ? Non. Disparue je sais pas où. Par contre, j’aimais bien son gros cul, en plus. Pas aussi voluptueux que le vôtre, ceci dit, mais il en valait très certainement le détour ! »

- « Mais… »


La Béatrice se mit à rougir comme une pucelle. Clair que je l’avais prise au dépourvu. Elle baissa les yeux une fois, les releva pour me regarder brièvement, puis les rabaissa encore. Ensuite, en silence, elle se mit à écrire sur son carnet sur lequel elle avait longuement griffonné lorsque je lui racontais mon histoire sur Alabasta. J’avais bien entendu omis certaines parties, mais elle avait le plus gros de l’histoire. Il se passa deux ou trois longues minutes pendant lesquelles j’avais profité pour commencer à bouffer quand elle daigna ENFIN se lever pour se barrer ! Pas trop tôt ! Ceci étant dit : « Je suis dans la loge XXX… Si vous voulez, vous pourrez venir. Pour me raconter d’autres histoires, bien entendu ! Sur ce… » Elle s’inclina légèrement et fila à l’anglaise. Pour ma part, j’avais une tronche de constipé. Elle venait de me faire quoi, là ? Juste parce que j’avais vanté son pétard en étant vulgaire ? Nom d’un chien… Encore une folle. Coincée. Perverse. Quoiqu’elle avait vraiment un gros cul, hé. Enfin, c’est pas ce que j’avais jamais vu. Alors bien vite, je l’oubliai pour attaquer mon steak. Il était rudement bon. De loin aussi, je sentais des œillades bien appuyées de plusieurs serveuses, mais je m’en fichais. Les femmes, j’en avais clairement ma dose.
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Aucun doute, c'était bien lui. Le Fenyang et ses mains baladeuses mues par ses intentions lubriques, il était là, à deux pas, en train de se faire draguer, et soudain le train ne m'avait pas semblé assez grand pour que je puisse cohabiter avec un tel énergumène.

J'avais épié l'intégralité de la conversation, repoussant systématiquement l'échéance de mon repas, quitte à manger les quelques miettes qu'il restait dans mon assiette et à déguster mon café goutte après goutte. Définitivement, son récit était héroïque et l'auteure qui n'était autre que la fameuse Lady de Montmirail semblait suspendue à ses lèvres, voire plus car affinités, si bien qu'avant son départ elle lui avait confié le numéro de sa loge en espérant probablement revoir le visage de l'homme dans un lieu un peu plus intime. Tout de même, ce salopiaud avait trouvé le moyen de me traiter de tarée, ce qui m'était relativement resté en travers de la gorge. Venant d'un pervers comme lui, cette insulte sonnait gravement dans mes oreilles et c'était à grand renforts de self-control que j'avais réussi à ne pas me lever pour lui jeter le contenu de mon verre à la figure. Quel goujat, lui qui m'avait publiquement tripotée sans relâche, me rabaissant au rang de femme-objet, voilà qu'il me calomniait désormais et entâchait ma couverture par l'attestation de troubles mentaux que je préférais garder secrets. Tel était l'apanage d'Annabella Sweetsong et non Elizabeth Butterfly qui était, elle aussi, une héroïne et célèbre enquêtrice. Mais bon, j'avais finalement réussi à calmer mes nerfs en me rabattant sur la serviette en papier accompagnant mon café, que j'avais soigneusement déchiré en milliers de petits morceaux. Désolée pour celui qui devrait passer après moi. J'avais ensuite attendu que le Marine quitte le restaurant pour faire de même quelques minutes après, non sans adopter une mine renfrognée au possible et ignorer les questions du serveur, visiblement inquiet à l'idée de savoir si j'avais bien apprécié mon repas. Non, non je l'avais pas du tout apprécié.

Aussi incompétente qu'elle soit, je n'arrivais toujours pas à croire que la Marine ait accepté de compter ce dépravé dans les rangs de ses vices-amiraux. Autant pour le côté "vices", ça y allait, mais j'imaginais difficilement l'homme agir en tant qu'amiral. Lui, commander une flotte avec autant d'hommes ? Quelle idée saugrenue. Je priais pour ne jamais avoir à subir tel supérieur, même si Larson et son penchant avéré pour l'alcool n'était pas vraiment mieux. Toujours était-il que le gaillard s'était incroyablement rapproché de l’État-Major et qu'il était désormais autant une figure intouchable du Gouvernement qu'un bon contact à exploiter. Pour peu qu'il devienne un jour Amiral et la Vierge d'Acier était sûre de ne plus le rester.

- La Vierge d'Acier... Pfffrrt.

C'est incontrôlable, mers nerfs se relâchent dans un odieux pouffement de rire en pensant au surnom de l'Amirale en Chef. Heureusement le personnage derrière n'est pas aussi pitoyable, et le mot "Acier" retranscrit parfaitement la poigne avec laquelle la jeune femme gouverne un aussi grand nombre d'incompétents. Ce mot que je partage d'ailleurs avec elle depuis peu, puisqu'il compose aussi mon nouveau nom de code sur le terrain, fraichement donné par Vanderspool Alvaro lors de mon intégration au CP9. Subjugué par le réalisme de mes prothèses et envieux de ne pas avoir pu bénéficier d'un tel traitement, la faute à ses vertèbres brisées empêchant toute opération sous peine de le rendre tétraplégique, celui-ci s'était soudainement exclamé : Annabella Sweetsong, le "Coeur d'Acier" en découvrant que mon palpitant avait lui aussi dû subir quelques modifications. A l'instar de "La Boule" ou bien Dédé "Tire-Sec" Esska, le pseudonyme était devenu ma nouvelle nomination dans les bureaux et ceux qui ne me connaissaient pas personnellement m'appelaient ainsi. C'était toujours mieux que "la nouvelle" ou bien "la blonde" comme certains avaient commencé à me nommer avant que le coordinateur n'intervienne pour mettre les choses au clair. Ce pour quoi je lui étais fondamentalement reconnaissante, en plus de ne plus avoir à trimballer l'inoffensif et stupide pseudonyme du "Papillon" que Ao Novas m'avait précédemment attribué, sous-entendu qu'au départ j'étais une larve et que j'avais finalement évolué en quelque chose de plus majestueux mais toujours aussi inutile.

Fraichement sortie du wagon-restaurant, je pousse donc dans la porte de celui qui renferme le bar pour venir tranquillement récupérer le cadavre alcoolisé de mon superviseur, véritable baleine échouée sur le comptoir avec son éternel verre dans la main. D'une petite tape sur l'épaule, je le réveille et lui fais comprendre qu'il est plus que temps de retourner à la loge : nous sommes parmi les derniers pécores à occuper l'endroit et la nuit est déjà tombée depuis longtemps. D'abord relativement tiède à l'idée de conter ses aventures, le vice-amiral avait fini par raconter notre dernier voyage à Alabasta et nos péripéties sous toutes leurs coutures. Bien évidemment, ses écarts réguliers, parenthèses et autres surlignages sur mes fesses avaient fini par rallonger la discussion pour que celle-ci dure finalement une éternité.

- Hips. Je crois... que j'ai... Hips. Un peu trop bu...

Le pas léger, l'homme ne semble pas pouvoir tenir debout à première vue, ce qui me vaut un regard perplexe du barman qui ne comprend pas pourquoi je ne vais pas aider le vieil homme à marcher droit. Mais en vérité, malgré son alcoolémie, le chef d'équipe du CP9 n'a absolument pas besoin de support pour avancer : sa démarche a beau être chancelante et imprévisible, les chances que l'homme perde l'équilibre et chute sont très minces. J'avais déjà eu l'occasion de vérifier cela lors d'un combat au cours de l'une des précédentes missions dans les parages de Marie-Joie et avais découvert pour la première fois l'art martial de l'homme saoul, le "Poing Ivre".

- Je... Hips. Ne tomberai pas... conclue l'agent tout en poussant la porte du wagon pour s'engager sur un étroit petit pont reliant les deux chariots.

Malgré son échine qui se tord et ses jambes qui se balancent, l'homme fait preuve d'une époustouflante souplesse et d'un contrôle presque absolu de son corps, lui permettant d'enjamber les obstacles et traverser tour à tour les différentes voitures, indemne. C'était la particularité du Poing Ivre : être capable d'agir comme lorsque l'on est bien rond dans le but d'être davantage imprévisible, tout en gardant l'équilibre et en maîtrisant sa force, avec ou sans alcool. Et lorsque Larson couplait cela avec le Rokushiki, il devenait imbattable. Cette fois-ci, aucune raison de se battre mais il fallait bien que le bonhomme atteigne son lit s'il voulait dormir confortablement. Ce qu'il arrive finalement à faire assez rapidement pour être le premier arrivé dans notre espace réservé.

- Sweetsong, demain... demain je dois être réveillé... réveillé tôt... Réveille moi... tôt...

***

- Larson, Larson il est dix heures, vous m'avez dit de vous réveil-

- Raaah ferme-la Sweetsong... laisse-moi dormir... encore un peu...

Comme je m'y attendais, impossible de sortir le vieil ours de son lit. Je commence à le connaître assez bien pour savoir que son addiction ne le protège aucunement des effets secondaires de l'alcool. Je le devine groggy et probablement déjà endormi, malgré ma main qui le secoue frénétiquement et ma voix aigüe qui le rappelle à l'ordre. Inutile, il a sombré, encore. Foutu ivrogne.

Apprêtée depuis plus d'une heure, j'avais attendu que mon chef d'équipe se réveille pour avoir plus d'informations sur la mission qui se profilait. Apparemment celui-ci devrait être contacté par Alvaro, prévenu en amont des actions du CP8 agissant en support sur le terrain. Néanmoins étant donné que l'escargot-phone est resté silencieux et que l'homme ne veut pas se lever, je considère donc que j'ai quartiers libres pour une bonne partie de la journée et m'échappe de la loge remplie d'effluves de whisky pour retourner découvrir le reste du train, saisissant l'opportunité comme je l'avais déjà saisie à mon réveil. Aucunement surprise par l'absence de compartiment accueillant des douches et des bains, j'avais tout de même déjà pu profiter de la découverte d'un wagon comportant des toilettes et des lavabos privés et cloisonnés. Après m'être toilettée pendant près d'une demi-heure, j'étais alors tombée nez à nez... enfin... nez à torse avec le vice-amiral au sortir de "la douche". Persuadée qu'il ne m'avait pas reconnue, probablement à cause de l'absence de mon œil borgne ou bien tout simplement car ses yeux ne fixaient pas mon visage mais essayaient plutôt de percer à travers ma serviette de bain, je m'étais alors littéralement dérobée de son champ de vision pour rejoindre mes appartements et enfiler des habits.

Désormais à la recherche d'une sorte de wagon-boutique, j'espère palier mon manque de vêtements de rechange par l'achat de nouvelles tenues. Néanmoins mes espérances sont rapidement réduites à néant : à part le wagon-restaurant et le wagon-bar, le reste du train est exclusivement composé de couchettes pour les passagers et de ces étranges sortes de salles de bain accessibles uniquement aux plus aisés. Mais si mon entreprise ne m'a pas permise de mettre la main sur de nouvelles robes, elle m'a en revanche permise de tomber sur la jeune écrivaine de hier soir, au détour d'un corridor. En même temps que je me remets de notre choc frontal et que celle-ci récupère le livre qu'elle a fait tomber à terre, l'idée me prend subitement de profiter de cette rencontre inopinée pour en tirer profit.

- Excusez-moi, je ne vous avais pas vue. C'est si étroit par ici, hihihi. fis-je tout en repoussant maladroitement une mèche de cheveux pour me donner un air potiche.

- Ce n'est rien, ne vous en faites pas. Plus de peur que de mal.

Je profite de ma proximité avec la demoiselle pour vérifier spontanément son tour de poitrine, de hanches et comparer nos tailles. Similaires voire identiques, parfait. D'autant plus que je la devine comme faisant partie de ces gens qui se baladent avec une malle gigantesque de vêtements, ce qui se vérifie par ses précédentes révélations : elle vit quasiment dans le train, à la recherche de nouvelles histoires. Cela tombe bien, j'en ai. Voyant l'un des coins de la couverture du livre de la Lady écorné, je rebondis instantanément sur le sujet :

- Oh il semblerait que j'aie abîmé votre si joli livret. Permettez-moi de rattraper mon erreur en vous offrant un thé... ou bien un café ?

Quelque peu perturbée par cette invitation soudaine, la jeune femme reste hébétée un petit moment avant de se fendre d'un grand sourire.

- Ma foi je n'ai rien à faire pour le moment. Allons pour un café. Mais avant cela, serait-il possible de savoir à qui j'ai l'honneur ?

- Milles excuses, j'avais totalement oublié de me présenter. gloussé-je avant de récupérer un air un peu plus sérieux, question de crédibilité. Mon nom est Butterfly, Elizabeth Butterfly.
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- « Holala… Je suis si moche que ça… ? »

En levant mon bras, j’avais voulu attraper la main de cette inconnue qui s’enfuyait sans demander son reste, mais elle fut trop rapide. Bien trop rapide. Si bien que ça en était presque suspect. J’aurai bien évidemment pu enchainer soru sur soru, mais ça n’en valait pas la peine. En lieu et place, je matai quelques secondes son petit cul bien rebondi, avant de sourire. Intéressé par cette petite peureuse qui s’était dérobée comme une voleuse, je me retournai pour suivre la direction qu’elle avait prise, mains en poches et non sans avoir ramassé l’un de ses gants qu’elle avait malencontreusement fait tomber lors de sa fuite. Prétexte idéal, n’est-ce pas ? Elle allait sans doute me divertir un peu durant tout le trajet restant. Faut dire que je n’avais rien à foutre depuis. Il n’y avait pas grand-chose pour se distraire dans ce train, malheureusement. Je suivis donc les traces d’eau qu’elle avait laissé derrière elle, jusqu’à arriver devant une loge. J’aurai voulu taper pour me signaler en dégainant le gant, mais je me ravisai au dernier moment. Sans savoir pourquoi. Ledit gant, je le fourrai tranquillement dans l’une de mes poches avant de m’en aller ailleurs. Mon ventre criait famine, avec tous les gargouillis que je pouvais entendre. Un petit déjeuner s’imposait donc.

C’est deux minutes plus tard que j’arrivai au restaurant du train. Là encore, il était vide. Trois ou quatre mecs éparpillés çà et là, mais c’était tout. Je fis signe à la serveuse d’hier qui accourut automatiquement vers moi, avant de m’installer à une table libre. J’optai rapidement pour un breakfast, avant de me remettre à ma lecture plutôt passionnante. Néanmoins, j’eus une pensée pour l’écrivaine d’hier. Le seul souvenir de cette gamine m’arracha un frisson désagréable, si bien que j’étalai une bulle de haki autour du wagon restaurant au cas où. Pas question qu’elle vienne ruiner mon p’tit déj’ avec des plaintes ou autres demandes. Son rendez-vous d’hier, je l’avais absolu zappé, préférant aller dans ma chambre pour bien me reposer. Niveau meuf, je pense avoir suffisamment fait le tour ; quoique foutre une femme aussi connue dans mon lit serait quand même inédit. Là-dessus, j’eus une petite pensée pour Jérémiah, une vice-amirale qui m’avait presque harcelé sexuellement durant tout mon séjour à Marie-Joie, avant de me dire que j’avais fait le bon choix que de rester sage. Qui sait ce que cette Montmirail aurait écrit sur ma gueule si jamais je l’avais niqué. Je voyais déjà le profil du héros récurrent de ses prochains livres. La plaie hein ?

J’eus heureusement un p’tit déjeuner tranquille si bien que j’en remerciai le ciel. Seule la gentille serveuse m’avait tenu compagnie, mais elle ne me gêna pas vraiment, heureusement. Par la suite, je me suis un peu promené partout. J’eus du plaisir à m’entretenir avec les différents marines qui étaient dans le train et savoir un  peu où ils allaient. Je suis même tombé sur quelques « fans » qui avaient postulé pour intégrer mon équipage, mais qui avaient été transférés ailleurs. Je pris alors le soin de choper leurs noms et leurs nouvelles affectations pour un jour, aller les récupérer. Vu leurs grades pas trop élevés pour la plupart, je n’allais pas avoir trop de soucis, à mon sens. C’était l’affaire de quelques coups de fil après tout. Rien de bien méchant. Je m’attardai un peu avec ces officiers, mais une demi-heure plus tard, je décidai de rejoindre mon compartiment. Si certains étaient admiratifs devant ma bouille, d’autres étaient tellement impressionnés qu’ils n’arrivaient pas à ouvrir la bouche pour prononcer le moindre mot. Mal à l’aise, en gros. Je pouvais le sentir encore plus avec mon haki. Empathique jusqu’au bout des ongles. C’est à cause de ces gars que je pris le chemin du retour. Chemin qui me contraignait à repasser par le restau et le bar.

Et une fois à l’intérieur de ces wagons, devinez sur qui j’étais tombé.

- « Ooooh… »




Je n’avais définitivement pas la berlue. Loin de là même. Mais voir ces deux femmes assises autour d’une table, face à face, c’était plutôt marrant. Si je voulais absolument éviter l’une, l’autre m’intéressait beaucoup. A croire que le destin était plutôt joueur. Du coup, sans attendre plus longtemps, j’effectuai rapidement un soru et je me retrouvai devant la table qu’elles occupaient, comme par magie. Mon apparition surprise chamboula la pauvre écrivaine qui sursauta, eut un petit cri et laissa tomber sa tasse de thé. Tasse que je réceptionnai avec grâce, sourire aux lèvres. La pauvre a dû être bien affolée. Yeux écarquillés, bouche encore ouverte, visage tout rouge… Une vraie tronche d’ahurie, hé. « A-Amiral… ? » Ses balbutiements m'arrachèrent un gros rire avant que je ne pose tranquillement sa tasse devant elle et que je lui fasse signe de s’asseoir tranquillement. Comprenant mon geste, Béatrice regarda autour d’elle et vit qu’elle avait attiré l’attention de quelques convives avec sa réaction à la fois disproportionnée et normale. Elle rougit de plus belle, avant de reprendre très rapidement sa place. Pauvre fille. Elle avait beau écrire des livres en tout genre qu’elle n’avait jamais vraiment dû voir un combattant en action. Une vraie bourge, hein…

- « Je suis désolé de vous avoir surpris de la sorte. »

- « N-Non… Non. Ce n’est rien, amiral. Je vous assure… »

- « Également désolé pour l'invitation d'hier soir. C'est que j’étais très fatigué. Je vous promets de me rattraper. »

- « HEIN ?! Ah… Non… C’est que… »


Confuse, l’écrivaine baissa les yeux et se mit à jouer nerveusement avec sa serviette de table, aussi rouge qu’une tomate bien mûre. Son trouble, il faut le dire, m’amusait beaucoup. Mais la p’tite Béa n’était clairement pas celle qui m’intéressait actuellement. Non… Celle qui m’intéressait, c’était l’autre. Je dirigeai alors mes yeux vers les siens avant de l’observer attentivement maintenant. « Une poupée. Une putain de poupée. » Première sensation en tout cas. Mais très vite, j’eus une impression de déjà-vu. Alors, sans ciller une seule fois, je l’observai en silence pendant encore une bonne poignée de secondes. Peut-être une minute même. Le fait même qu’elle arrivait à soutenir mon regard sans broncher était plutôt… Impressionnant. Qui plus est, cette impression de déjà-vu se renforçait au fur et à mesure que le temps passait. Et puis, pour me fuir comme elle l’avait fait, il lui fallait une bonne raison non ? Alors, je fis brusquement usage de mon mantra pour sonder la nature de cette gamine ou même me rappeler de quelque chose. On aurait presque dit un prédateur qui tournait autour de sa proie. Ou d’un autre prédateur, tiens. Comparaison qui m’arracha alors un sourire. Énième sourire qui perturba assez la célèbre écrivaine.

- « Vous… Vous la reconnaissez ? » Demanda-t-elle aussitôt.

- « Comment ne pas la reconnaitre ? »

Cette déclaration eut l’effet d’une bombe et laissa l’héritière des Montmirail sur le cul. Littéralement. Cette dernière ne put prononcer le moindre mot et resta interdite en passant son regard sur chacun de nous. Pour ma part, je dévisageais toujours autant la fuyarde. C’est comme si nous n’étions que deux dans ce wagon… Comme si plus rien n’avait d’importance autour de nous. Ma mine quant à elle, était toujours amusée. Je finis même par pouffer de rire sans m’en cacher, ce qui plongea encore plus l’intrus (Entendez par là Béatrice) dans le désarroi. « Cette femme et je ne sais pour quelle raison m’a fui tout à l’heure. Comment donc ne pas la reconnaitre ? Ah d’ailleurs ! » Après un long moment à la regarder avec insistance, je détachai mes yeux de « ma proie » pour fouiller l’une de mes poches et ressortir le gant qu’elle avait laissé tomber et que j’avais enveloppé dans une serviette propre. Je le déposai près d’elle et reportai mon attention vers l’auteure qui était plus que jamais choquée. Ses réactions plus que sincères et ses questions tellement innocentes renforcèrent les doutes qui s’étaient insinués dans mon esprit. Je n’étais peut-être pas loin de la vérité, mais le reste du voyage allait peut-être éclaircir lesdits doutes que j’avais.

- « Je vous présente encore une fois mes excuses pour vous avoir dérangé. »

Après quoi, je me retournai une dernière fois vers "l’inconnue". « Je ne connais pas les raisons de votre fuite, mais j’espère ne pas vous effrayer la prochaine fois que nous nous croiserons. N’ayez crainte. Même si j’en ai l’air, je ne suis pas un monstre… D’ailleurs, vous me rappelez quelqu’un. Votre présence, votre odeur. M’enfin… Je dois surement me tromper. Sur ce, mesdemoiselles. » Je posai une paluche sur ma poitrine et m’inclinai légèrement avant de prendre la route de ma loge, non sans une dernière œillade amusée à la jolie blonde. Une fois sorti du wagon, je me mis à rigoler tout seul comme un con. Non… Ça ne se pouvait quand même pas… ? Ce serait une drôle de coïncidence non ? Mais pas forcément déconnant quand j’y pense. Elle n’avait pas été vraiment surprise lorsque j’avais effectué mon apparition soudaine. Bah après, ça n’avait pas tellement d’importance. Si j’en croyais l’itinéraire du train et le temps qu’on a fait à l’intérieur, la prochaine station n’était plus très loin. Et puis, j’avais hâte de rejoindre mon équipage. Je n’avais ni le temps, ni le loisir de m’engluer dans le passé. Cet épisode d’Alabasta n’était qu’une histoire parmi tant d’autres. Quoique ce serait quand même amusant que ce soit elle, que m’étais-je dis en m’installant sur mon lit.

Le destin était joueur après tout.
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Le paradis du batifolage  Tumblr_o72ohibwyu...0o1_1280-4fdff6a

- Il... il ne s'est douté de rien ? Il aurait dû vous reconnaître pourtant !

J'étais moi-même interloquée après cette intervention éclaire du bonhomme, venu se présenter à notre table pour tenter de sonder mon esprit et me ramener le gant de toilette que j'avais maladroitement perdu lors de notre bousculade. Les vêtements aussi. Il était assez rare que je me vêtisse ainsi : j'avais finalement réussi à soutirer à mon hôte une charmante robe pour le reste du voyage et l'un de ces grands chapeaux qui faisaient la fierté de l'aristocrate. Ainsi vêtue, j'incarnais à la perfection le rôle d'une bourgeoise à cause de mon visage désormais net et presque poupin. La cause à l'absence d’œil borgne pour déformer le tableau.

- Mais il a tenté de me sonder avec son Haki... Disons que depuis notre dernière rencontre, mon apparence a quelques peu changé ?

- En quatre mois ? demande la jeune femme, perplexe.

N'y voyant aucun inconvénient, j'avais mise l'auteure dans la confidence à propos de ma partie réalisée sur Alabasta. C'était la première chose qu'elle m'avait demandé, pour parfaire le récit de l'autre zigoto et rajouter mes péripéties d'un point de vue plus personnel... et plus féminin. Pour avoir déjà parcouru deux ou trois bouquins de la donzelle, c'était ce qui la caractérisait : la douceur et le féminisme avec lequel étaient empreints ses écrits. Chaque mot qui lui était conté devait être par la suite enrubanné de soie par ses adjectifs pompeux tous trouvés. Néanmoins ses histoires étaient entraînantes et certaines pouvaient malgré tout se révéler assez viriles. Pour citer par exemple : "la Véritable Histoire d'Edward Newgate" ou bien "De la Barbarie de Teach" qui étaient de véritables best-sellers débordant de testostérone. Et tout de suite une fois ma narration finie, elle avait voulu en savoir plus. Alors, entassant les cafés, nous étions restées là à dialoguer sur l'arrestation du boucher de Logue Town et le grand coup porté à la Triade de Las Camp. Emportée par le flot toujours plus conséquent, j'en étais même arrivée à discuter avec elles des récents événements de Bulgemore, que je couvrais bien évidemment d'un œil extérieur, quand le vice-amiral était intervenu.

- Il peut se passer énormément de choses en l'espace de quatre mois, mademoiselle Montmirail. J'ai beaucoup apprécié cette conversation, malheureusement je me dois de vous laisser, des obligations m'attendent. fais-je tout en sortant poliment de table, effectuant au passage une révérence envers l'aristocrate avant de conclure : Ne vous en faites pas, je m'occupe de régler l'addition. Je vous dois bien ça, après ce que vous avez fait pour moi.

- Oh mais c'est moi qui vous remercie pour cette charmante compagnie, Miss Butterfly. Je... j'ai moi aussi des affaires pressantes.

Levant un sourcil, je ne peux m'empêcher d'afficher un léger sourire en coin. La jeune femme n'est définitivement pas insensible au charme du vice-amiral. Mais ce ne sont pas mes affaires, au contraire, j'ai plus le sentiment de souffrir de la présence du pervers qu'autre chose. Alors je lui souhaite bonne chance et prends congés, me repliant en direction de mes quartiers. Larson doit être levé désormais.

***

- Bon sang, Sweetsong, je t'avais dit de me réveiller non ?

- Si tu ne buvais pas autant, tu n'aurais pas besoin de moi pour te tenir la main.

L'accueil s'était plus ou moins fait en fanfare à mon retour. Le gusse semblait visiblement mal luné et je le détestais lorsqu'il était dans cet état là. Malheureusement, c'était principalement son comportement habituel, la faute à son alcoolisme latente qui le rendait rude et aigri.

- Ça va, ça va, j'ai compris. Des nouvelles d'Alvaro ? me demande-t-il tout boutonnant sa chemise, visiblement prêt à se sociabiliser, ou bien à retourner au wagon-bar pour parfaire son rituel quotidien : cigarettes et whisky.

- Aucune, l'escargot-phone n'a pas vrombi une seule fois. fais-je tout en saisissant le petit appareil dissimulé dans les plis de ma robe et en le rendant à son propriétaire.

L'homme affiche une moue de déception avant de saisir l'animal et le glisser dans la poche de sa veste en tweed. Contrairement à moi, ce-dernier possédait assez de vêtements de rechange pour plusieurs jours, bien que le voyage n'en dure pas plus de trois. Notre arrivée était prévue pour le lendemain, au petit matin.

- Dis, Larson, honnêtement, tu as l'impression que j'ai changé ? Je veux dire, physiquement. Avant et après Bulgemore.

Dardant sur moi un œil interrogateur, l'homme reste silencieux plusieurs secondes, s'appliquant à boutonner ses moutons de manchette sans produire un seul son, sinon celui de sa respiration lourde et saccadée. Je le soupçonne d'être encore un peu migraineux, mais un bourbon devrait vite lui passer ce mal. Du moins c'est ce qu'il pense. Au moment où je m'apprête à raviser ma question, pensant que celle-ci n'a pas lieu d'être, qu'elle est peut-être trop familière ou trop stupide, le vieil homme finit enfin par me répondre avec une voix sobre et neutre.

- Physiquement ? Le jour et la nuit. Allez, Sweetsong, il est grand temps d'aller prendre un verre. termine-t-il tout en me saisissant l'épaule et en m'entraînant avec lui en dehors de la loge.

***

Une bière, deux bières, trois bières. Des pintes, bien évidemment. Depuis plus d'un an, l'alcool n'avait plus de secret pour moi, mais en grandes quantités, il me rendait toujours aussi pompette, aussi naïve. Ces nombreux verres de whisky que j'avais déjà pu échanger avec mon superviseur à Bulgemore m'avaient déjà retourné l'estomac et mise dans le brouillard total pour toute une matinée. Néanmoins, les bières, ça j'arrivais à tenir. J'appréciais particulièrement le goût amer du houblon, mais étais aussi une grande fervente des boissons aromatisées et des différentes sortes d'hydromel. En même temps que mon nez et mes joues s'étaient empourprées et que ma tête était devenu plus légère, le langage de mon chef d'équipe était lui devenu plus grossier.

- Ça me fait... particulièrement chier qu'on ait pas plus de détails... Bordel. On se rend sur ce foutu îlot au milieu d'un putain de trou dans l'océan... et tout ça pour quoi ? Foutre un juge... en taule. Pour le CP qu'ils disent. M'enfin bon, au moins je... perdrai pas d'hommes cette fois-ci. Je déteste ça... perdre de bons gars.


A vrai dire le gaillard s'en fiche éperdument que je l'écoute ou pas, l'important d'ailleurs c'est que personne ne l'écoute à part moi. Néanmoins je ne m'inquiète pas trop : ses balbutiements et son intonation traduisent relativement mal ses syllabes désarticulées qui viennent s'entrechoquer pour produire des mots inaudibles. D'ailleurs, le voilà qui est reparti pour toujours ressasser son histoire. Les autres l'appellent "le Couard" car il prend les bonnes décisions soi-disant. C'était vrai que le bonhomme avait une forte réputation de trouillard, mais je savais la réalité derrière tout cela. Ce n'était pas dû à ses actions sur le terrain, non : Larson était de loin quelqu'un de courageux, prêt à se sacrifier pour ses camarades et à enseigner l'esprit d'équipe. Mais c'était souvent cet esprit d'équipe qui l'amenait à faire des choix difficiles et refuser des missions trop risquées pour ses subordonnés. Certains jugeaient cela de faiblesse et je les comprenais, mais mon respect pour le vieux trouillard me faisait passer outre ces idées préconçues.

- Tous des jeunes freluquets. Ça veut du sang, ça veut tuer. Le CP9 ça a pas toujours été ça...

Absolument pas concentrée sur les pleurnicheries du vieillard fortement alcoolisé, mon regard légèrement trouble vient se poser sur les autres passagers du wagon. Pas grand monde, c'est à peine la fin de l'après-midi, mais déjà quelques habitués et, bien évidemment, lui. Bondissant hors de mon tabouret, je prends mon courage à deux mains et accoste l'inconnu à mon tour. Le nez un peu rougi, le teint rose, cette fois-ci je dois réellement ressembler à une poupée.

- Tu ne me reconnais donc pas ? fais-je tout en m'asseyant à ses côtés, attirant subitement son attention qui devait se porter sur un quelconque jupon soulevé quelque part dans les parages.

Cette aura, ce Haki, lui, était reconnaissable entre mille. Désormais un peu plus experte dans la maîtrise de la capacité, j'étais capable de bloquer les intrusions du bonhomme et le laisser dans le flou total. Non, il ne devinerait pas mes intentions, pas cette fois-ci. Mais ses yeux trahissent ses pensées et il sait, il se doute sans vraiment y croire. Alors j'ai vraiment changé.

- Je ne pensais pas non plus te revoir et si j'avais pu continuer à t'éviter, je l'aurais fait plus longtemps, Fenyang. Mais il semblerait que le destin nous ait encore réuni tous les deux. Pour le meilleur et pour le pire.

Impossible de ne pas me rappeler de nos dernières aventures et des moments forts que nous avions traversé. Je n'étais pas traumatisée par la façon dont il m'avait traitée, non, bien des hommes m'avaient déjà vue de cette manière, cependant j'étais alors persuadée d'avoir construit des défenses assez fortes pour éviter que l'on puisse me toucher ainsi. Mais il avait fallu que ce gros pervers pose ses sales pattes sur moi et crée cette gêne aujourd'hui encore présente entre nous. Voyant ses yeux s'écarquiller, ses lèvres se délier, je suis désormais sûre qu'il me reconnaît, peut-être même s'apprête-t-il à prononcer mon nom ou bien me gratifier d'une tape malvenue sur les fesses que je remercierais éventuellement par une magnifique baffe dans sa mâchoire. Quand le train vient à la place soudainement s'arrêter, provoquant dans son freinage une légère embardée de la voiture. Moment de catastrophe, les passagers chutent, les tables se retournent, les boissons se renversent et nos deux silhouettes semblent figées dans ce moment de fracas, immuables. Même Larson n'a pas totalement pu résister à l'appel de la gravité : le corps plié vers l'avant, l'homme contemple le cadavre brisé de ce qu'est et fût jadis son verre de whisky. Vient alors une voix qui retentit et sonne l'alerte dans la surprise la plus générale.

- Les pirates nous attaquent !

Pas si surprenant que ça.


Dernière édition par Annabella Sweetsong le Sam 9 Juil 2016 - 23:15, édité 2 fois
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- « Attaquer un train… Quelle idée… J’ai décidément pas de chance… »

Alors que je soupirai profondément, la panique, elle, s’installait dans tous les wagons. Les civils faisaient limite sur eux, tandis que les employés du coin, affolés, ne savaient pas trop comment réagir pour le coup. Il devait y avoir une procédure d’urgence, mais vu qu’ils n’étaient  jamais attaqués, je comprenais bien leur affolement et leur absence de réactions. De bonnes réactions en tout cas. Ça se mit à courir un peu partout dans le train. A crier aussi. La panique se transformait carrément en psychose. Pour ma part, je m’amusai à remuer mon verre de rhum comme si de rien était. A mes yeux, ce n’était qu’un petit problème. On allait s’en sortir. On devait s’en sortir. J’étais pas vraiment prêt à crever comme un con, sans compter que les pirates qui nous prenaient en embuscade n’étaient surement pas très forts. M’enfin… Tant qu’il ne s’agissait pas d’un empereur, pas de raison de flipper à mon sens. Je vidai alors mon verre d’une seule traite, avant de porter mon regard vers celle-là même qui m’avait surprise. Enfin, à moitié. Elle venait juste de confirmer mes soupçons. Pour le reste, j’étais resté fidèle à moi-même. Je l’avais détaillé du regard, insistant bien évidemment sur son p’tit cul, puis j’eus des regrets. D’énormes regrets.

- « T’as la gueule d’une bourge maintenant. T’es même mignonne. Mais t’as perdue en volupté. Dommage… »

Je continuais à taper la causette au beau milieu de ce capharnaüm, un peu comme si c’était normal. Puis, je portai même une main à son visage avant de lui caresser une joue du revers de la main. Puisque mon geste était dénué de mauvaises intentions, j’avais pris tout mon temps pour qu’elle comprenne la nature de l’action. Il ne restait plus grand-chose à peloter sur elle. D’où les regrets. J’aurai vraiment dû la baiser quand elle avait encore un cul bien rebondi. Une pensée si forte que je ne cherchai même pas à la cacher et qu’elle capterait sans doute avec son fluide. Fluide qu’elle a dû aiguiser à bien y repenser. Je retirai rapidement ma paluche néanmoins, histoire qu’elle ne tente pas quelque chose que nous pourrions tous les deux regretter. Puis je me levai pour bien m’étirer. C’est d’ailleurs ma présence et le craquement de mes doigts qui imposa le calme dans le wagon dans lequel nous étions. Ma présence fut tout d’un coup rassurante et allégea les cœurs. Alors, c’était ça être un héros hein ? « Mon amiral ! » Rapidement, plusieurs marines vinrent m’encercler avant le salut militaire de rigueur. Il s’agissait pour la plupart des gosses avec qui j’avais tapé la causette ce matin même. Ils s’en remettaient volontiers à moi.

- « La situation ? »

- « Oui monsieur ! C’est-à-dire que… »


Le petit se mit à flipper sans que je ne comprenne pourquoi. Les autres aussi. C’est à cet instant précis que j’abandonnai complètement ma gueule nonchalante pour une mine on ne peut plus sérieuse. S’ils flippaient comme ça malgré ma présence, c’est qu’on avait affaire à un gros poisson ou une grosse flotte. Sérieux… C’était pas de bol… Dire que la soirée allait être marrante avec Elizabeth à mes côtés… D’ailleurs, c’était drôle de voir que c’était toujours en sa présence que je tombais dans des situations pareilles. La poisse ? Le destin joueur ? Une série de coïncidences ? Va savoir… Mais pas trop le temps d’y penser actuellement. Le gamin en face de moi reprenait déjà la parole : « Il y a deux navires qui s’approchent de l’arrière du train et les pavillons indiquent clairement qu’ils appartiennent aux Furious Pirates… » Je fronçai aussitôt mes sourcils. Cet équipage me disait vaguement un truc. Mais d’où ces navires sortaient-ils ? Comment le train avait-il pu les dépasser sans même les repérer au préalable ? Je pensai très furtivement au revêtement des navires qui leur permettait de naviguer carrément dans l’eau et à l’effet de surprise que cela pouvait causer, mais là encore n’était pas le plus important pour le moment.

- « Devant ? »

« Les Checkmates Pirates ! Trois navires... »

Par contre, je connaissais bien cet équipage. Notamment celle qu’on appelait Hedda. Une sorte d’épéiste qui était redoutée pour avoir le haki royal. Un gros morceau donc. La perspective de croiser le fer avec une pareille pirate me fit sourire pendant un court moment malgré la dangerosité de la situation. Parce qu’être pris comme ça, en sandwich par deux équipages pirates qui sortaient du néant, c’était clairement dangereux. Et louche. Trop louche. Il devait y avoir une taupe à bord en plus du fait qu’on devait sans doute transporter des trucs de valeur ou même une éminente personnalité. Va savoir… Mais alors que je réfléchissais à comment organiser tous les marines présents dans le train, une détonation sourde retentit et un boulet de canon manqua l’une des voitures de peu pour aller s’écraser dans l’eau et exacerber l’agitation un peu partout. De quoi me pousser à prendre une décision à la hâte : « REGROUPEZ TOUS LES CIVILS DANS LES PREMIERS WAGONS ! GROUILLEZ ! » Les marines se hâtèrent. Pas de temps à perdre. Dans l’état actuel des choses, on ne pouvait clairement pas répliquer. Ce qui urgeait, c’était la sécurité des passagers. Les regrouper de la sorte présentait un risque, mais il était moindre que de les laisser éparpillés dans les autres véhicules.

Je me tournai ensuite vers Elizabeth non sans lui balancer à la gueule un escargophone portatif…

- « Je suppose qu’il y a d’autres gouvernementaux avec toi, non ? Allez à l’arrière du train et essayez de gérer les deux navires qui arrivent. Contacte-moi s’il y a une coui- »

- « LA SEULE PERSONNE QUI COMMANDE ICI, C’EST MOI ! »


Le contrôleur de l’Umi Ressha sortit de nulle part et m’interrompit en m’engueulant direct. En voilà un qui ne semblait pas du tout impressionné par mon grade. Et de ce que je sentais, il avait l’air fort. Assez fort pour que je l’assigne à la protection des civils et autres non-combattants que j’allais entasser dans les deux premiers véhicules. Un autre boulet de canon fendit le ciel et s’écrasa à quelques mètres du wagon dans lequel nous étions. Deux tentatives en à peine trente secondes. C’était beaucoup. Les gars qui nous attaquaient n’avaient clairement pas froid aux yeux. C’est comme s’ils cherchaient à nous faire couler. Nous n’avions donc pas le temps de nous attarder sur des sujets futiles comme celui du commandement. Aussi m’étais-je approché du vieillard légèrement plus petit que moi avant de poser une main sur l’une de ses épaules. L’instant d’après et sans qu’il ne comprenne le pourquoi du comment, il était à genoux devant moi, sans pouvoir bouger le moindre petit doigt ni esquisser un quelconque geste. La force que j’employais pour le soumettre le fit même grimacer pendant un court moment, avant que je ne le relâche, sourire aux lèvres. Il se releva prestement et se massa l’épaule endolorie avec des sueurs froides.

Ma force était à des années lumières de la sienne…

- « J’aimerais que vous assuriez uniquement la sécurité des civils et des employés du train que je fais envoyer dans les premières loges. C’est un peu votre job de toute façon. Mais je vous assignerais quelques marines. Vous pourrez vous en occuper ? »

Le contrôleur acquiesça en silence sans discuter. Il semblerait que ma force l’ait tenu en respect. Parfait. Les querelles internes étaient inutiles et ne feraient qu’amoindrir nos chances de survie. Après une troisième tentative de bombardement qui se solda encore une fois par un échec, les civils se ruèrent déjà dans le wagon restaurant qui fut bondé en un clin d’œil. Vu le nombre, ils étaient bien partis pour remplir deux ou trois véhicules comme je l’avais pensé. Je me frayai tout de même un chemin dans cette qui s’agglutinait avant d’arriver tant bien que mal vers la locomotive que le conducteur avait quitté. Un vioque qui avait la gueule d’un ivrogne, mais qui semblait parfaitement lucide vu son air grave et la situation qui s’imposait à nous : « Je vais faire en sorte de dégager la voie devant. Dès que vous avez une ouverture, vous foncez directement ! Ne m’attendez pas ! C’est clair ?! » Gérard -C’était en tout cas le nom inscrit sur la chemise qu’il avait porté- approuva d’un signe de tête. S’il était sorti, c’est qu’il avait soit cherché à me voir, soit à voir le contrôleur. Bon réflexe. Il retourna rapidement à la locomotive, tandis que je me fis de même vers les véhicules bondés de monde. Mais la première personne sur qui je tombai fut…

- « Amiral… »

- « Tout se passera bien. Vous pouvez occuper ma loge. Ne faites rien d’imprudent surtout Béatrice. Vous et moi avons un rendez-vous après tout. »


Alors qu’un autre canon grondait, je passai une main sur l’une des joues de l’écrivaine qui se mit à couler des larmes tout en essayant de garder le sourire. Nous fûmes cependant rejoints par Max, le jeune colonel à qui j’avais donné des ordres et qui se tenait prêt à exécuter mes ordres. Brave gamin. « Formez deux groupes. Le premier aidera le contrôleur à protéger les civils. Le second se dispersera à travers les autres véhicules. Si les gouvernementaux ne bougent pas, occupez-vous de l’arrière du train. Ce sera tout ! » Je terminai par un « bonne chance » avant que le gosse ne s’en aille non sans tirer avec lui l’auteure qui semblait ne pas vouloir me quitter. Par la suite, j’eus un soupir. Je m’adossai un moment à un mur histoire de m’allumer une cigarette, puis après ma première taffe, je grimpai sur la toiture de la locomotive dans laquelle le conducteur était aux aguets. Devant nous, trois gigantesques navires. A un peu moins d’un kilomètre de notre position. Je jetai rapidement un coup d’œil en arrière et vit que les deux autres bateaux étaient un peu plus éloignés. C’était d’ailleurs ces chiens qui nous bombardaient sans états d’âmes. Je comptais sur la fameuse « enquêtrice » pour gérer l’arrière. En espérant qu’elle n’allait pas faire sa pute…

- « Bon ben… J’ai plus qu’à les attaquer de front, hé… »


C’était l’affaire de quelques geppo. Histoire d’atteindre le premier gros rafiot. Et de le faire couler à coups de lames de vent.
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Blam !

Le coup de tonnerre avait fait frémir le plancher de la voiture sur laquelle nous nous tenions, Larson et moi, tandis que le boulet ennemi était venu s'enfoncer dans le bois sec de l'une des parois sous nos pieds. Debouts, sur le toit, nous attendions que les ennemis soient davantage à proximité pour pouvoir les aborder directement et ainsi empêcher davantage de dommages sur notre propre embarcation. Jusque là nous nous étions simplement préoccupés de renvoyer la plus grande partie des projectiles grâce à de rapides enchaînements de Rokushiki, arrivant par chance à toucher à deux reprises l'un des navires ennemis faisant face au cul du train. Nous ne l'avions malheureusement pas coulé, mais le retour de l'arme ne s'était pas révélé inoffensif, endommageant salement la coque et le pont du bateau, faisant brusquement trembler le mat prônant haut et fort son pavillon des Furious Pirates. Pas inconnus au bataillon, j'avais rapidement entendu parler de ces spécimens : des Supernovas, de dangereux rookies cherchant à atteindre le Nouveau Monde. Une menace sérieuse, donc, mais au moins cette fois-ci ce n'était pas une flotte entière des Sunset qui nous tombait dessus. Le combat risquait donc d'être difficile, mais pas impossible.

Fenyang avait définitivement bien fait de nous envoyer à l'arrière pour, de son côté, s'occuper avec ses hommes du gros poisson attaquant par l'avant. Quoi que pouvait en dire mon supérieur. Quelques instants plus tôt, le vice-amiral s'était illustré en véritable homme de la situation, agissant indéniablement comme un leader et un membre de l’État Major de la Marine, ce qui m'avait laissée quelques peu estomaquée, balayant littéralement sur le moment l'intégralité de mes idées préconçues. Invectivant dans tous les sens, soulageant le contrôleur de son commandement, le vice-amiral avait rapidement pris les choses en main et nous avait assigné la protection des derniers wagons, avec mon supérieur. D'autres sbires éventuellement, mais il n'y en avait pas à bord et c'était tant mieux. Seuls, nous avions ainsi la possibilité de nous donner au maximum sans avoir à dévoiler notre couverture ou nous inquiéter pour quiconque.

- Pas un chat, les compartiments sont déserts. Je suppose qu'on peut y aller ?

Grognon, mon superviseur hoche la tête sans esquisser le moindre geste supplémentaire. Encore fortement alcoolisé, le bonhomme avait de fortes chances d'être un fléau pour l'équipe adverse, qui risquait de subir le Poing Ivre à son degré le plus fatal. Je le savais capable d'utiliser le Rokushiki, cependant quelques rumeurs témoignaient aussi de sa maîtrise du Haki de l'Armement, une autre de ces capacités surhumaines permettant de développer les muscles du corps et les rendre aussi dur que l'acier. Déjà imprévisible, le gaillard semblait avoir du mal à tenir debout et affichait une mine furieuse : pour son whisky renversé dans un premier temps, mais aussi pour tout un tas de raisons diverses qui venaient visiblement pourrir sa journée.

- Tu le... connais ce... vice-amiral ? J'aime pas quand... la Marine me donne des ordres.

Ça, c'était ce qui le perturbait de plus. Néanmoins l'homme était loin d'être idiot ou dissident, il avait obéi aux consignes de son officier et avait même été le premier à partir en direction du champ de bataille. Probablement plus pour éviter de faire une gigantesque connerie que pour venger la perte regrettable de son tendre alcool.

- Une vieille connaissance... J'attends ton signal. fais-je tout en me campant davantage sur mes positions, prête à bondir pour renvoyer un énième boulet de canon.

Légèrement crispée, j'endure l'attente en faisant craquer mes phalanges une par une et terminant par une lente roulade de la tête sur mes épaules, histoire de délier les nœuds dans mes vertèbres. Tranchant le silence, une nouvelle détonation retentit soudain dans l'air, m'amenant instantanément à enchaîner Kamisori et Jugon pour heurter l'objet expulsé en fin de trajectoire et le réexpédier au loin grâce à un puissant choc. Croisant les doigts, j'espère que ma parade fera mouche en renvoyant la sphère en fer à son destinateur.

Craaaaac !

Bingo ! Cette fois-ci le mat du navire le plus proche a bel et bien été touché, déstabilisé et plié en deux par la collision. Des deux embarcations qui nous font face, celle endommagée et immobilisée est désormais à assez courte distance pour pouvoir traverser le vide qui la sépare du train. Affichant un sourire malsain, je devine l’imminence de notre arrivée en fanfare dans les rangs ennemis. Du premier sang versé, du bois pulvérisé, des corps des criminels qui s'amoncèleront sur le pont de leur vaisseau et écouleront leur liquide vermeil. Cela va faire tellement longtemps que j'attends ce moment pour prendre ma revanche sur ce monstre qu'est la piraterie. Rien à protéger, la mission est simple cette fois-ci : les réduire en bouillie. Un seul mot de mon supérieur suffit alors pour donner le départ, occasionnant chez moi un regard oppressant qui observe ses moindres mouvements comme si c'étaient les derniers.

- Maintenant.

Le coup d'envoi est donné et aussitôt mon corps se fend, comme celui de mon partenaire, d'un Soru enchaîné par une multitude de Kamisori permettant finalement le débarquement en grandes pompes. Surgissant au milieu de la foule de forbans ameutés sur le pont de leur navire, nos deux silhouettes apparaissent brusquement et commencent déjà leurs basses œuvres. Un Shigan se perd et vient subitement heurter le torse d'un homme qui a eu la maladresse de se trouver devant moi, tandis qu'une lame d'air projetée par Larson fend net les jambes d'un autre moussaillon. Plutôt que de faire place immédiatement à une gigantesque foire aux bruits, l'endroit se teint à la place d'un étrange silence, le temps d'un coup d’œil, d'un battement de cil. Dix, vingt, trente, quarante. Rien que sur ce navire, les Furious Pirates sont bien une cinquantaine, peut-être plus, et tous tiennent une arme avec laquelle ils s'apprêtent à agir, à combattre vaillamment malgré certains regards fuyants et des expressions maussades. Après tout, nous étions les démons qui avaient démoli leur bâtiment sans même y mettre les pieds, et rien que dans notre apparition nous avions déjà emporté deux de leurs camarades. Ils avaient raison d'avoir peur.

- Tekkai utsugi. fais-je instantanément, me préparant à l'avalanche de coups et de balles qui viennent bientôt ricocher contre ma carapace endurcie, ferrailleuse.

Cling, clang, clong. Les projectiles fusent et sont automatiquement renvoyés, blessant ou tuant sur le coup tous ceux qui ont eu la mauvaise idée de décharger leurs fusils et leurs pistolets. Grossières erreurs aussi du côté du mon partenaire, dont les mouvements imprévisibles l'amènent à tantôt défoncer le plancher et envoyer des marins à la mer, tantôt ravager l'ennemi par des lames d'air insoupçonnées. A vrai dire, les balles ne doivent même pas l'atteindre. Mais je n'ai pas le temps de me concentrer trop longtemps sur son combat : déjà les premiers assauts à l'épée se font. Instantanément je tire donc ma lame au clair et viens parer et riposter, occasionnant le tintement du Clair de Lune sur les sabres de bonnes et mauvaises factures qui, pour certains, viennent se briser contre mon Meitou.

- Jugon ! Tekkai kenpou.

Virevoltant dans cet éternel combat, désormais habituée à être submergée par le nombre et non la qualité de mes adversaires, j'éventre et je pourfends avec ma lame puis avec mon poing avant de protéger temporairement une partie de mon corps avec le Tekkai, parfois en mouvement, parfois non. Et j'esquive une nouvelle salve de balle avec le Kami-E, et je prends mes adversaires par surprise avec le Soru pour finalement inspirer la crainte, tandis que mon compère met ses derniers ennemis à terre de son côté. De cinquante ils sont désormais passés une vingtaine.

- Cessez, bande d'idiots ! Vous voyez bien que vous êtes trop faibles. tonne une voix légèrement féminine provenant des quartiers d'équipage, précédent la venue de deux officiers de bord, surgissant côte à côte de l'ouverture dans le pont.

La plèbe s'écarte, laissant subitement la voie libre à un homme enrubanné et une femme chevauchant un drôle d'animal. Ce doit être elle, la seconde. Elle transpire la fierté et la concupiscence, tandis que l'autre gaillard semble simplement être son homme de main, énigmatique je l'avoue. Dardant un regard suspicieux et empreint de haine sur l'arrivante, je me permets une remarque, tandis que mon ivre de collègue demeure coi.

- Vous avez attaqué le mauvais train.

Un rapide coup d’œil panoramique informe la quartier-maître des dégâts causés par notre attaque. Mais au lieu d'afficher une mine décomposée, celle-ci vient à la place se lécher la lèvre supérieure avant de saisir les rênes de sa monture, qui vient soudainement accrocher dans un corps inerte et commencer à s'en repaitre.

- Vinus. exprime-t-elle simplement tout en continuant de me fixer dans les yeux, avant de décrocher le regard en direction de mon supérieur. Occupe toi de cette chienne, je me charge de l'homme ivre.

A moitié tapi dans l'ombre depuis l'arrivée de sa maîtresse, l'oriental fait aussitôt un pas en avant pour venir se placer devant moi, faisant tournoyer de courtes lames entre ses doigts comme pour témoigner d'une éventuelle agilité qui saurait lui donner l'avantage. Je ne peux m'empêcher de me gausser en voyant le spectacle, cependant cela n'attire pas l'attention de la seconde du capitaine qui a déjà avancé en direction de mon chef d'équipe. Très bien, les jeux sont faits.

Et pour eux, rien ne va plus.
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- « Rapide… »

J’eus un sourire au coin des lèvres, lorsque je sentis ma belle Elizabeth bouger. Elle et une autre personne. Deux seulement ? C’était trop peu… Mais de ce que j’avais pu voir à Alabasta, il n’y avait pas de raisons de s’en faire pour sa gueule. De plus, je n’avais pas trop ce luxe. J’avais à faire après tout. Devant moi, trois gros navires attendaient un je ne sais quoi. Et c’était bien ce qui était bizarre. Eux n’attaquaient pas. Eux ne bougeaient pas. Aucun mouvement. Aucune réaction. Dans l’immédiat, je dirais que c’est une très bonne chose. Mais en y réfléchissant bien, cette passivité demeurait louche. La situation dans sa globalité l’était de toute façon. Dans ma tête, la même question tournait en boucle : Pourquoi deux équipages s’associeraient-ils pour attaquer un train de la Galley-La Company ? Qu’est-ce qu’il y avait de si intéressant ou de si important dans ces wagons ? Avais-je loupé un épisode ? C’était complètement fou. Et plutôt chiant, hein. Sans me contrôler, je mordis dans le mégot que j’avais en bouche, avant de le cracher carrément, la mine légèrement fermée. Bosser, je veux bien le faire. Mais pas dans ces conditions. Et surtout pas avec autant de civils innocents. Mon équipage me manquait déjà. Mais pour me calmer, je réussis à me rallumer une autre clope malgré le vent qui se levait, signe annonciateur d’une tempête.

La veine, hein…

Puis, sans perdre une seconde de plus, je me jetai sur les rails avant de courir dessus à vitesse maximale. En moins de temps qu’il n’en faut, j’avais déjà réduit la distance de moitié. C’est à cet instant précis que je gagnai les airs via une bonne série de geppou enchainée très rapidement. Une fois nettement au-dessus des navires, je dégainai ma lame avant de décocher de gigantesques lames d’air. Les attaques s’abattirent et fracassèrent le seul navire situé à gauche des rails avant que celui-ci ne coule aussitôt. Mais contrairement à ce à quoi je m’attendis, je ne perçus aucun cri de détresse ni aucun pirate qui se jetait sciemment à la mer pour éviter de rester coincer sous les décombres du navire réduit en charpie et donc la noyade. Je fis alors usage de mon haki et constatai que le rafiot que j’avais visé en premier était vide. Je voulus aussitôt étendre mon fluide aux deux autres bateaux encore en place, mais un projectile fila façon missile vers moi et m’obligea à exécuter un soru pour l’éviter rapidement. Même pas le temps de souffler qu’un deuxième provint de l’un des gros rafiots qui flottaient encore, menaçant de perforer mon cœur. J’usai cette fois-ci de ma lame pour dévier ce qui était une dague. Une dague recouverte d’un voile noire. L’armement ? Probable. La personne qui me visait ne faisait pas dans la dentelle. Mais au moins, j’avais réponse à mes questions.

Il y avait des pirates à bord des deux autres galions et même qu’ils m’avaient repéré…

Sans me gêner donc, j’enchainai plusieurs ondes tranchantes vers lesdits galions, mais des attaques de même nature se heurtèrent aux miennes et les neutralisèrent par la même occasion. J’eus un petit rire sec, avant de diriger brusquement vers le navire d’où venaient les différentes attaques. Les attaques lointaines n’auraient plus aucun effet et j’avais une petite idée sur la personne qui arrivait à m’attaquer et à défendre en même temps son équipage. Dans ma lancée, une pluie de projectiles en tout genre m’accueillit : Dagues, flèches, cartes, boulet de canon… Bref, la totale. Mais une bourrasque concoctée par mes soins balaya ces gênes, avant que je ne me réceptionne en force sur le large pont du vaisseau principal et ce dans un bruit assourdissant. Une très grosse secousse du fait de mon atterrissage fit vibrer toute l’embarcation, mais pas de quoi la faire couler. Je finis par me redresser avant que la poussière autour de moi ne se dissipe. Devant moi, une multitude de pirates armées jusqu’aux dents ; et au beau milieu de ce comité d’accueil se trouvait un gosse, assis sur ce qui semblait être un « trône ». J’eus aussitôt un soupir, avant de tirer fort sur ma cigarette qui se consuma dans son entièreté. Pour une raison que j’ignorais, la gueule de ce gamin qui s’la pétait m’horripilait déjà. C’était rare avec moi, mais ça arrivait de temps en temps.

- « OOOOH ! MAIS C’EST QUE NOUS AVONS UN INVITÉ DE MARQUE ! UN VICE-AMIRAL ET PAS DES MOIN- »

- « Ferme ta gueule petit, j’ai pas affaire à toi. »

- « Comment ?! »


Une dague se dirigea à pleine vitesse vers ma gueule, mais j’anticipai l’attaque à l’aide de mon mantra et n’eut qu’à pencher ma tête vers mon épaule gauche pour l’éviter. J’expirai la fumée de ma cigarette, avant de laisser tomber le mégot auparavant planté entre mes lèvres. Mes yeux se rivèrent immédiatement sur la personne qui venait de me viser avec toute la hargne du monde. Elle dégageait une telle animosité à mon égard que mon haki y fut particulièrement sensible. La haine qui déformait ses traits pourtant magnifiques ne faisaient plus aucun doute : J’avais provoqué la colère de cette personne. Et pas n’importe laquelle : La fameuse Hedda. Un sourire fendit mon visage à mesure que je redressai ma tête. Voilà qui était moins chiant. Voilà qui était même intéressant ! En vérité, je n’étais ni quelqu’un de violent, ni un bagarreur dans l’âme, mais je ne rechignais pas à relever un défi qui s’imposait à moi. Mon sang de bretteur se mit alors à bouillir. L’importance de la faction n’était plus, même si je gardais en tête que j’avais des civils à protéger coute que coute. Devant mon visage amusé, le cœur de la jeune femme manqua un battement et celle-ci se plaça devant son capitaine et adopta aussitôt une posture de combat. C’était comme si elle avait vu à l’avance le mouvement que je voulais faire pour abattre au plus vite ce p’tit prétentieux à la con.

- « Oooooh ! Tu es très réactive. Le haki de l’observation ? Ou peut-être ton instinct ? »

- « VOUS TOUS, PROTÉGEZ NOTRE ROI ! » Hurla-t-elle aussitôt.

- « Ce ne sera pas nécessaire, Hedda ! »

Une voix rude et rocailleuse se fit entendre. Un grincement aussi. Quelqu’un approchait. Mes yeux observaient toujours les courbes de la jeune femme restée sur ses gardes, avant qu’un mastodonte ne vienne me gâcher la vue en se postant entre nous à seulement quelques mètres de moi. Un gars avec une armure assez épaisse et un bouclier tout aussi imposant. Ne parlons même pas de sa massue… Un sacré morceau quoi. Il se mit alors à rigoler très fort et fut bientôt imité par une poignée d’hommes. Ses sbires sans aucun doute. Ces gars devaient avoir une confiance absolue en leur supérieur. J’eus un soupir. Ça devenait presque ennuyant tout ça. J’aurai préféré qu’ils m’attaquent tous en même temps… « Même un lourdaud comme moi suis capable de lire dans tes pensées ! Tu te demandes pourquoi nous ne t’attaquons pas tous en même temps hein ? C’est parce que nous autres, valets du roi Edwald sommes nobles, fiers et courageux ! Jamais nous ne nous abaisserons à une telle bassesse ! » Et blablabla… Pour ma part, je ne l’écoutais même plus. J’étais plus occupé à vérifier l’état de mon épée. Du reste, il se mit à pleuvoir. Fortement. Une averse carrément, en plus d’un vent qui devenait de plus en plus fort. Comme je l’avais imaginé plus tôt, une tempête menaçait de s’abattre sur la zone. Les Dieux devraient être en colère ou quelque chose comme ça…

- « MOI, GORN RUNAR, JURE DE PROTÉGER SA MAJESTÉ JUSQU’A LA MORT ! EN GARDE, FEN- »

Las de le voir bavasser pour rien, je lui catapultai une terrible lame d’air d’un simple geste. La lame qui trancha le plancher sur son passage fut néanmoins bloquée par le bouclier du guerrier devant moi. Il réussit même à la dévier dans les airs et l’attaque finit par se perdre dans le vide. Là, il faut dire qu’il attira mon attention. C’est alors qu’il eut des applaudissements nourris autour de nous, ainsi que des acclamations. Honneur, courage, fierté etc… Mouais… J’étais tombé sur des cas quoi. Pour en faire taire quelques-uns, je voulus décocher une forte brise qui les emporterait loin de ce navire, mais le gros lourdaud me chargea aussitôt. Sa grosse massue menaça de m’écraser, mais je la bloquai grâce à ma lame et ce avec une facilité déconcertante. Je finis même par dégager brusquement le chevalier d’un violent coup d’épée, ce qui le déséquilibra légèrement. Un laps de temps qui me permet de lui balancer à la gueule une énième lame de vent. Technique qu’il réussit à contrer in-extremis, grâce à son bouclier, une nouvelle fois. De quoi exciter la foule encore plus. Le fameux Gorn réussit à se relever, brandit ses armes en l’air et se mit à rugir : « TANT QUE J’AI ELIGRAN, TES PAUVRES ATTAQUES NE M’ATTEINDRONT PAS FENYANG !!! » Eligran ? Son bouclier ? Il me semblait avoir déjà entendu pareil d’un truc pareil. Mais peu importe.

Si je ne pouvais pas le passer facilement, plus qu'une chose à faire…
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Sans plus attendre, je fonçai sur lui, avant de l’assaillir de coups de sabres. En à peine vingt petites secondes, le pauvre guerrier en armure fut submergé par mes assailles. J’étais trop rapide, trop percutant, si bien qu’il ne sut pas à quel saint se vouer. A la trentième seconde exactement, je lui infligeai un terrible coup d’estoc au niveau de son plastron qui l’envoya valser à plusieurs mètres en hauteur. Son corps suivit une trajectoire diagonale avant qu’il ne heurte un mat avec fracas et qu’il ne retombe piteusement sur le plancher. Plusieurs hommes se précipitèrent vers le point de chute, sans doute inquiets pour leur chef que j’avais malmené en deux temps trois mouvements. Je m’étais servi de ma lame comme une masse pour lui infliger de lourds coups. La prochaine fois, je n’allais pas hésiter à fendre son armure… et son corps par la même occasion. Mais contre toute attente, le p’tit blond qui leur servait de capitaine, lui, se mit à applaudir. Même ses éléments furent étonnés : « Magnifique ! Merveilleux, Fenyang ! Tu es tellement resplendissant que tu me donnerais presque envie de te prendre pour cible ! » Je haussai un sourcil. C’est moi ou le mec ne comprenait pas la situation dans laquelle il s’était fourré en me croisant sur sa route ? Plus il parlait et plus je le trouvais particulièrement con. Et irritant aussi. Je n’allais plus tenir à ce rythme…

- « Sais-tu pourquoi nous sommes là, Fenyang ? »

- « Tu es vraiment en train de me questionner sur tes propres intentions, là ? »

- « Il y a quelques temps, j’étais vers Bulgemore. J’avais pour cibles deux personnalités de la piraterie : Lord Watt et Alan Suburbs. Malheureusement, plusieurs choses se sont passées sur cette île et mes cibles sont mortes ! PAR LA FAUTE DE CES SATANÉS CHIENS DU CP9 !!! »


- « Hein ? Et alors ? Qu’est-ce que j’en ai foutre, moi ? C’est une raison pour attaquer un train rempli de civils ? »

- « Nous ne l’avons même pas attaqué ! » Intervint énergiquement Hedda qui se positionna une nouvelle fois devant son roi, l’air menaçante.

- « Du calme, Hedda. Laisse-moi finir. Laisse-moi lui expliquer, fufufu ! »

Je fronçai mes sourcils et serrai ma poigne sur le meitou.

- « Alors que je bouillonnais de rage, Faustus, mon fou, qui est aussi un cartomancien a réussi à m’apaiser et à me prédire quelque chose d’intéressant ! Tu n’es pas sans savoir que les fous étaient parfois les conseillers des rois, jadis ! »

Là-dessus, un gars super bizarre qui battait plusieurs cartes me fit une révérence. Puis le roi continua son récit :

- « Et selon sa prédiction, ce groupe que je recherche se trouverait dans ce train ! A cette date ! A cette heure ! Le meilleur moment pour les battre selon les étoiles et les dieux ! »

- « Conneries ! »

- « Pour toi, Fenyang ! Pour toi ! Mais les prédictions de Faustus ont toujours été exactes. Toujours ! Il ne s’est jamais trompé. Jamais ! »


Mon cœur se mit à battre à tout rompre. Pourquoi avais-je des sueurs froides ? Pourquoi pensais-je surtout à une personne particulière à cet instant précis ?

- « Preuve en est qu’il m’a prédit qu’un obstacle de dernière minute se dresserait sur mon chemin. Et il n’avait pas tort… » Dit-il en me pointant lentement du doigt.

Il eut un moment de silence où seul le bruit du vent violent et de la pluie se firent entendre. Les pas très lourds et lointains de Gorn, également. Il devrait s’être tant bien que mal remis de mon attaque foudroyante et nous rejoignait doucement. J’étais stupéfait. Si ses explications farfelues étaient à s’arracher les cheveux, elles faisaient mouche sans que je ne comprenne pourquoi. J’étais pas spécialement pratiquant, bien que je croyais en une divinité supérieure. J’étais pas non plus branché arts divinatoires, mais j’avais la nette impression que ce gars maniéré et péteux ne me mentait pas. Va savoir pourquoi… Le reste de ce scénario improbable prit doucement forme dans mon esprit : « Le bateau de tout à l’heure était un leurre alors ? » Le roi du navire se mit à sourire et hocha la tête malgré les trombes d’eau qui avaient ruiné sa coiffure. « Quitte ou double comme on dit. Faust sans connaitre exactement l’identité du fouteur de troubles, savait néanmoins que tu allais nous attaquer. Le positionnement de ces navires avait deux buts : Évaluer ta puissance d’attaque et ta position. Suite à quoi, mes meilleurs éléments t’ont envoyé des avertissements… » Les dagues de tout à l’heure ? Tu parles d’avertissements… Ils voulaient me buter rapidos. Ou plutôt elle. J’étais sûre que c’était Hedda qui m’avait balancé les petits projectiles.

- « Heureusement d’ailleurs que tu as laissé le deuxième intact. Je vais l’utiliser pour m’approcher de ce train et rechercher mes proies parmi ces civils ! »

- « Quoi ?! »


A peine avais-je voulu me ruer vers lui que sa seconde me barra la route en croisant ses fers contre les miens.

- « Ne t’inquiète pas Fenyang… » Fit le capitaine en se dirigeant vers le flanc gauche de son navire, accompagné par presque tous ses sbires. « Je ne tuerai pas les civils ! Ils ne m'intéressent pas ! Tu as dû le constater non, que nous ne vous avons pas bombardé avec nos canons… »

- « Foutaises ! Tu penses que je vais gober les dires d’un forban ?! Et d’ailleurs comment tu reconnaitras ces gens ?! »

- « Faust ne se trompe jamais, Fenyang. Il saura débusquer ces chiens ! »

- « A ce propos, majesté… »
Intervint le fou, qui finit par approcher le capitaine pour lui chuchoter quelque chose à l’oreille.

- « Ooooh ! Alors, nul besoin de s’occuper de se tracasser à fouiller cette machine alors ! Réjouis-toi Fenyang ! Je ne toucherai pas ton fameux train ! TOUS LES HOMMES AVEC MOI ! NOUS ALLONS REJOINDRE LE NAVIRE DES FURIOUS ! »

- « ATTEEEEEEENDS ! »


J’avais hurlé et presque dégagé la gamine devant moi, sauf qu’elle revint à la charge et me bloqua le chemin, permettant ainsi à ses compères de quitter le navire où nous étions pour l’autre qui était tout près et encore en état de naviguer. J’aurai dû le détruire. J’aurai dû le bousiller ! D’ailleurs, d’où elle tirait sa force, cette garce qui me tenait tête ?! Mon affolement me faisait doucement glisser dans une fureur sans nom, si bien que je la toisai avec une animosité inégalée. Affolée par mon regard de bête féroce capable de tout, la petite relâcha alors inconsciemment son haki royal ! D’une terrible force ! Ce fluide s’il ne m’ébranla en réalité, fit hérisser mes poils et m’impressionna tout de même. Je me mis à trembler légèrement, les dents serrées, sans pour autant la quitter du regard. C’était vraiment un gros poisson, cette fille. Son sacrifice permit au reste de l’équipage, y compris le guerrier en armure de quitter le bateau pour rejoindre l’autre, qui aussitôt, se mit à avancer vers le train. Si quelque part, je voulais croire qu’ils n’attaqueraient pas le train, j’étais clairement persuadé que les marines à l’intérieur des wagons allaient ouvrir le feu pour se protéger. Cela engendrait très certainement une riposte, aussi bons et nobles soient ces pirates. Un carnage allait donc se perpétrer si je n’intervenais pas au plus vite. Putain de destin…


Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Ven 8 Juil 2016 - 17:08, édité 1 fois
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Le danger s'approche, un mauvais pressentiment. Quelque chose de personnel. L'instinct ou bien le Haki, je ne saurais dire.

Cette sensation m'avait subitement obligée à porter le regard à l'horizon et m'avait permise de discerner l'ombre du second navire des Furious Pirates en approche, comprenant très probablement à son bord le capitaine primé à plus de cent millions de Berries. Le temps nous était donc compté et si l'on ne voulait pas être submergés par le nombre, il était impératif de terminer le travail que l'on avait déjà commencé sur ce premier bateau. Ce qui avait finalement ramené mon attention vers la silhouette de mon adversaire.

Cling ! Cling ! Ting !

Bloquant la multitude de coups portés par l'ennemi qui déploie progressivement armes blanches et couteaux de lancer à une vitesse phénoménale, ma lame ne cesse de tournoyer autour de mon poignet, déclenchant au contact de l'acier des tintements réguliers tranchant net le silence ambiant. Les hommes autour de nous n'étaient pas spectateurs, cependant quelques téméraires avaient déjà tenté de me prendre à revers et avaient aussitôt pu démontrer à leurs camarades l'échec immédiat de leur entreprise, aussi vaine que futile. Peu désireux de subir le même sort, les pirates demeuraient donc aux aguets, sur leurs gardes. Le sabre au clair ils s'étaient postés autour d'un ring invisible et attendaient avec impatience le moment où je laisserais une éventuelle ouverture pour sauter sur l'occasion, à la façon d'un attroupement de vautours, et aider leur supérieur.

- Tu te défends bien. fais-je dans l'optique de laisser l'homme ou la femme qui me fait face se découvrir un peu plus ; il y a quelque chose qui cloche et je le sais.

Malheureusement l'assassin reste silencieux, m'assaillant non pas de paroles mais d'estocs et de coupes dans l'air qui finissent indubitablement par rencontrer Clair de Lune. Voilà cinq minutes que l'on jouait à ce petit jeu et je devais avouer être un peu décontenancée. Arborant un teint brun et des cheveux blonds, le gaillard était finalement tout aussi énigmatique que son mutisme prêtait à y penser. Sous ses bandages on pouvait aisément deviner une stature d'athlète et des muscles saillants, néanmoins si le bonhomme possédait de la force, il n'en faisait visiblement aucun usage, préférant s'en tenir à des coups aussi prévisibles que faiblards, que je détournais assez souvent avec lassitude du bout de mon épée.

- Si ton objectif c'est de me faire mourir d'ennui, continue, tu es sur la bonne route.

Le désenchantement était tel que, de façon ponctuelle, je prenais le temps d'observer ce qu'il se passait aux alentours, spectatrice du combat qui faisait rage non loin entre la dénommée Scothfield, la jeune femme à dos de "dinosaure", et le vieux Larson, semblant encore plus saoul qu'il ne l'était avant de combattre. Les bruits de leurs échanges résonnaient aisément à travers la faible tumulte causée par le pusillanime ambiant du reste de l'équipage : de ceux qui n'étaient pas à terre, morts ou blessés, seule une poignée d'homme demeurait et tachait de se rendre utile, attendant le bon moment pour intervenir aux côtés de l'assassin qui me faisait face ou bien prêter main forte à la cavalière. Je ne me faisais pas trop de souci au sujet de mon compère, le devinant aisément en position de force, ce qui transparaissait sporadiquement par les petits cris poussés par la seconde des Furious lorsqu'un coup du Poing Ivre atteignait sa cible. Du côté de Larson, rien, silence radio, juste cette hargne et cette violence qui meublait l'atmosphère ainsi que la vision de sa silhouette qui se balançait variablement d'un pied sur l'autre et venait parfois s'évanouir dans un Soru ou un Geppou imprévisible. Le Rokushiki Ivre.

Première erreur. Déconcentré le temps d'une seconde par un énième gémissement de douleur poussé par la jeune femme, mon ennemi laisse soudain une ouverture que je m'empresse de saisir. Le geste part et lui taillade l'épaule, tranchant la peau et la chair sur quelques centimètres mais pas plus : un réflexe avisé de mon adversaire qui a tôt fait de lui sauver un bras. Jugeant probablement le moment opportun pour intervenir dans la bataille, un nouveau pirate tente soudain de me fendre l'arrière du crâne à l'aide d'un sabre de mauvaise facture, ce qui permet simultanément à l'assassin de saisir un nouveau couteau à sa ceinture pour tenter de m'embrocher de front. J'esquive sans aucune peine l'attaque à la dernière seconde, venant surprendre le nouveau participant qui ne s'y attend visiblement pas.

- Soru.

Accrochant de ma main gauche la tête du boucanier, je m'en sers brutalement comme d'un bouclier pour l'envoyer rejoindre le poignard de l'oriental qui s'enfonce sans peine dans l'une des cavités orbitales de ma victime. Bien tenté, je le concède. Voyant aussitôt l'homme peiner à retirer son arme, j'en profite pour me déplacer instantanément dans sa direction et lui asséner un Jugon dans la tempe, brisant sous la puissance du choc plusieurs os du crâne et expulsant l'homme à travers le plancher du navire pour l'envoyer rejoindre la cale, raide mort. Subitement, une vision due au Haki me prévient d'une manœuvre dangereuse dans mon dos, aussi sournoise et subtile que l'attaque d'un serpent.

- Si tu crois que je n'ai pas deviné ton petit jeu. exprimé-je soudain tout en faisant volte-face pour cueillir la lame d'un énième criminel, en tout point semblable à celui qui vient de mordre la poussière, tout droit sorti de l'ombre cette fois-ci.

Un rapidement mouvement du sabre et l'arme voltige à plusieurs mètres de là, laissant la garde de mon opposant grande ouverte et ne protégeant absolument plus son ventre, que je transperce instantanément. Ma lame s'enfonce, tourne sur elle-même et se retire, tandis que le masque blanc du pirate se teinte de rouge sous ses crachats sanguinolents, accompagnant son agenouillement progressif, puis sa chute mortelle. D'un geste du talon, j'envoie son cadavre rejoindre celui de son jumeau, à fond de cale.

- Shigan ouren ! rugit brusquement la voix de mon chef d'équipe.

L'attaque ultime de mon partenaire clôt simultanément le second duel, transperçant d'une multitudes de coups fins et mortels les corps de la monture et de sa cavalière. Redoutable. En tout cas assez pour pousser les autres forbans à se précipiter à l'eau pour immédiatement quitter l'embarcation et ne pas subir un destin aussi funeste que celui de leurs officiers. Mais tandis que d'un côté les rats abandonnent le navire, d'autres l'abordent... un peu tardivement. Et aussitôt un flot incessant d'hommes frais et assoiffés de sang franchit le bastingage pour nous encercler en un clin d’œil. Dardées vers nous, les épées s'apprêtent à nous embrocher, attendant visiblement un nouveau coup d'envoi pour venger la mort de leurs confrères. Ou bien peut-être est-ce juste histoire de faire couler le sang, pour le simple plaisir de tuer ? Tanguant plus que jamais, mon partenaire semble déjà prêt à en découdre et à foncer dans le tas, cependant quelque chose laisse présager que cette fois-ci ce sera moins facile.

Conjointement à l'assaut, une puissante aura qui se déplace sur les filets succède l'arrivée de ses larbins, baignée d'intentions mortelles et mue par le besoin insatiable de saccager. Spontanément, le flot de barbares se divise pour laisser la voie libre à leur capitaine, permettant finalement à ma curiosité de se satisfaire de la vue du primé : Faran Vognar. Fidèle à la photographie sur son avis de recherche, l'homme de haute stature affiche un visage démoniaque, assombri par des yeux malades et un teint verdâtre. Mais ce qui achève de la diaboliser n'est rien d'autre que ses cornes, épaisses et pointures, qui viennent brusquement poindre hors de son front. Du reste, l'homme arbore des habits communs aux flibustiers : une chemise blanche large tâchée de sang et un épais pantalon noir en coton. Mais pas de tricorne. Parachevant le portrait terrible du forban, un sourire monstrueux fend son visage d'une oreille à l'autre, le laissant apparaître non pas désolé mais plutôt ravi à l'idée qu'une partie de son équipage a déjà été mise en pièces. Cela le fait même rire, visiblement.

- Pwahahahahaha. Vous n'êtes que deux ? Ridicule ! Pathétique ! s'exclame l'homme tout en donnant un coup de pied dans le premier macchabée à portée. J'ai presque envie de vous remercier pour m'avoir débarrassé de larves aussi abjectes.

Je n'effectue pas un seul mouvement, immobile comme le roc. J'attends de savoir ce que l'homme nous réserve, j'attends qu'il lance l'offensive. Au lieu de cela, le capitaine pirate continue à s'amuser en piétinant les blessés et en maltraitant les morts, un bien horrible personnage. Le temps semble passer très lentement tandis que l'homme poursuit son petit jeu, ce qui visiblement n'est pas au goût de mon supérieur.

- Des clowns j'en ai vu, mais c'est la première fois que j'en vois un cornu.

Provoquant un froid dans l'assemblée, la vanne semble faire mouche, stoppant directement les rires de Vognar pour ramener son attention dans notre direction. Son regard fait froid dans le dos, mais j'ai vu pire. Au lieu de perdre la face comme n'importe qui l'aurait déjà fait, je resserre davantage mon étreinte sur le pommeau de mon Ninjatou. Dardant subitement son index en direction de mon camarade, le capitaine met donc finalement fin aux pourparlers.

- Tuez cette immonde vermine... et gardez-moi la fille.
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- « Arrête de faire la conne ! Il y a des vies innocentes en jeu dans cette putain d’histoire ! »

- « Vous semblez oublier ce que nous sommes, vice-amiral. Des pirates ! »

- « Et alors ?! C’est une bonne raison pour risquer la vie des gens, tu crois ?! »

- « Je n’ai que faire de vos mots, Fenyang ! Si vous êtes si inquiet que ça, vous n’avez qu’à me vaincre. Mais même pour vous, cela risque d’être corsé ! »


Il n’y avait décidément rien à faire. Cette gamine était prête à risquer sa vie pour que son roi assouvisse son stupide désir de vengeance. Incroyable. Par mon haki, il m’avait pourtant semblé qu’elle n’était pas de nature mauvaise et ce malgré son statut de pirate et la prime sur sa tête. Néanmoins, force est de constater que son roi l’obnubilait au point qu’elle en perdait tout bon sens. Ce n’était même pas un lavage de cerveau, mais tout simplement de l’amour. Elle l’aimait. Du fond de son cœur, de son être tout entier et elle était prête à faire tout ce qui était en son pouvoir pour le satisfaire. Même se transformer en monstre. Une bombe à retardement. Il n’y avait pas d’autres qualificatifs plus adéquats. Juste incroyable. Je serai les dents en jetant un coup d’œil au galion qui s’éloignait lentement. A cette allure, il allait rejoindre le train dans vingt voire même quinze minutes. Un laps de temps trop court. Bien trop court. Un constat amer qui me fit légèrement paniquer. Il fallait vite en finir. Mais en retournant mon visage vers mon adversaire, je vis celle-ci enchainer un coup de pied vers mon flanc gauche. Son coup fit mouche puisqu’en plus de m’arracher un râle de douleur, il me fêla une ou deux côtes. La veine hein ? Je n’avais qu’à m’en prendre à moi-même pour m’être déconcentré pendant un instant. Un vrai petit monstre, cette gamine…

- « Tu es prête à mourir pour ton capitaine ? »

- « Quelle question ! »

- « Très bien. Si tel est ton souhait. »


Hedda eut un sourire, mais de courte durée puisque je lui infligeai un sérieux coup de boule qu’elle ne put éviter à temps. Son pif fut carrément brisé, et de larges filets de sang s’écoulaient déjà de ses narines. Sous l’impact de cette attaque soudaine, elle ne put que tomber sur ses fesses, mais ce fut plus que suffisant pour moi pour enchainer sur une onde tranchante qui fonça direct sur elle. La jeune eut le très bon réflexe de rouler rapidement sur le sol, à sa gauche pour éviter l’attaque. Mais au moment même où elle voulut se relever, j’étais dans les airs, au-dessus d’elle, prêt à la transpercer. Des poches de son espèce de kimono, elle sortit rapidement deux lames courtes et me contra à la dernière seconde, avant de réussir à me dégager tant bien que mal. Puis elle se redressa des suites d’un relevé carpé et se tint en position de combat. Je pouvais lui fausser compagnie en poursuivant l’autre bateau, mais j’étais certain qu’elle-même se jetterait sur les rails pour nous poursuivre. Le tout était donc de la neutraliser au plus vite. La buter au pire, si j’en avais les moyens. Je n’aimais clairement pas me battre contre les femmes, d’autant plus que celle-là était jeune et pas forcément mauvaise, mais si celle-là voulait risquer la vie de nombreuses personnes juste pour combler ce petit con de merde, je n’avais pas du tout le choix…

D’ailleurs, plus que quinze minutes et l’accrochage était inévitable…

Sans hésitation, je chargeai une nouvelle fois mon adversaire. Nos sabres s’accrochèrent une première fois, avant qu’une violente pluie de coups ne s’enchaine de part et d’autre. Avec un katana comme le mien, j’avais la chance d’avoir une plus longue portée. Avec des lames aussi petites que les siennes, elle avait l’avantage de la rapidité d’exécution. Mais cet avantage était relatif vu l’écart de force entre nous deux. Il n’était pas du tout monstrueux, mais il avait tout de même le mérite d’exister. Cette meuf avait carrément le niveau d’un vice-amiral. Ce n’était clairement pas normal ! Surtout pas aussi jeune. Cependant, je n’eus même pas le temps d’y penser correctement, puisqu’elle effectua plusieurs rotations rapides sur elle-même en seulement une seule seconde pour faire la toupie humaine et se jeter vers moi. J’avais l’impression de voir Ethan. Sauf qu’en plus d’être bien exécuté, la trajectoire des coups qu’elle m’infligeait était illisible même avec le mantra. Une grosse entaille barra tout le long de mon torse sans que je ne puisse comprendre pourquoi, avant que mon sang ne jaillisse avec force. Même pas le temps d’hurler de douleur qu’elle planta aussi l’une de ses lames dans la cuisse gauche et ce jusqu’à l’os, histoire de me clouer sur place. Ne parlons même pas des petites estafilades qui avaient recouvert mon corps un peu partout.

- « AAAAAAARGHHHH !!! »

- « Je vais vous tuer… »


Plus que dix minutes…

S’il n’y avait aucun sourire mauvais qui fendait son visage comme tous les pirates qui versaient dans le sadisme, sa face était tout de même marquée par une détermination inébranlable. Elle était vraiment prête à me faire la peau. Pas étonnant, hein… Mais tout de même perturbant venant d’une jeune fille aussi chaleureuse et humble qu’elle. Je pouvais le ressentir. Sa deuxième arme menaça de me trancher la gorge après sa phrase, mais je réussis à la contrer avec fracas grâce à ma propre épée, puis je la dégageai d’un coup de pied dans le bide qui l’envoyer bouler plus loin. Pendant qu’elle se relevait, plus folle que jamais, je retirai sa lame fichée dans ma cuisse non sans une horrible grimace de douleur. C’est à ce moment-là que j’aperçus un voile noire qui avait nappé le métal. Elle m’avait bien eu la pute ! Haki de l’armement ! Pas étonnant que ça fasse un mal de chien ! Je lui balançai sa propre arme à la gueule, mais elle réussit à l’éviter et se mit à fondre sur moi avec son petit sabre restant. Légèrement ralenti par le gros trou qu’elle m’avait foutu à la cuisse, je n’eus d’autres choix que d’enchainer des geppo sur mon pied encore intact pour gagner en hauteur et être hors de sa portée. Pas de quoi la décourager puisqu’elle fonça sur l’un des mats les plus proches, avant de courir dessus comme si elle était sur une surface horizontale et non sujette à la gravité.

- « Elle est sérieuse ?! »

Sans que je ne puisse comprendre comment, Hedda arriva au même niveau que moi, fléchit ses genoux pour se donner de l’impulsion et bondit vers ma direction en se servant clairement du gros mat comme un putain de tremplin. Son sabre pointé vers moi était plein de volonté et de détermination. Pour tout dire, elle m’aurait certainement atteinte en plein cœur si mon désir n’était pas aussi brulant et noble que le sien si ce n’était plus même. Un désir de protéger des vies humaines qui me poussa à effectuer un soru au dernier moment pour disparaitre de son champ de vision et réapparaitre derrière elle. La seconde des Checkmates écarquilla alors ses yeux d’effroi en me sentant dans son dos, mais ne pouvait plus rien faire et c’était bien ce fait qui l’apeurait. Son élan avait été trop puissant pour qu’elle puisse essayer de le freiner et se retourner à temps ; en plus du fait qu’il n’y avait aucune surface plane en dessous de nous pour l’y aider, vu que nous étions dans les airs. J’avais alors fermé les yeux l’espace d’un millième de seconde, avant de les rouvrir pour frapper fort. Un puissant coup de sabre tout le long de son dos. Sans ménagements. Une grosse gerbe sanguinolente macula mon visage, tandis que le corps de la gamine chuta et s’écrasa sur le pont du navire. Je finis moi aussi par redescendre, avant de la regarder gesticuler dans tous les sens…

- « Ed-Edwald… J-Je dois… »

- « Haki de l’armement au dernier moment hein ? Je vois… »


Hedda avait réussi à recouvrir une bonne partie de son dos de fluide combattif au dernier moment. Ceci étant dit, elle ne devait pas complètement le maitriser en plus du fait qu’il y avait un réel fossé entre nos puissances. Une telle aptitude ne devait pas totalement combler l’écart entre nous. Je restais donc le plus fort et surtout, le plus expérimenté. La jeune femme réussit à se remettre debout tant bien que mal. Elle souffrait le martyr, haletait comme jamais et titubait. La chute n’a pas dû l’arranger. Elle voulut faire un pas vers moi, mais se rata complètement et tomba encore une fois. Si elle m’avait infligé de sacrées blessures, ce n’était rien vis-à-vis de ce que j’avais faire subir à son dos. C’était donc un miracle ou plutôt une prouesse de sa part que de réussir à se relever. J’aurai pu l’achever, mais je préférai l’assommer. Elle tomba aussitôt dans les pommes. Vu qu’elle perdait du sang -Une flaque pourpre se formait autour de son corps inerte-, sa survie dépendait d’elle-même. Ou des Dieux. A voir. Je finis par me retourner vers le navire du con qui se prenait pour un roi et constatai qu’il n’était plus qu’à trois minutes du train. Il me fallait faire vite. J’eus un énième gémissement de douleur, avant de sauter du bateau pour enchainer geppo sur geppo. Malgré mon état, j’allais arriver à temps et essayer de les contenir. J’avais pas tellement le choix de toute façon.
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Subitement, le cercle se referme, uniforme, rapprochant irrémédiablement les lames et les piques qui nous menacent. Pas d'effet de surprise cette fois-ci, mais surtout une coordination des troupes ennemies qui tiennent plus d'un bataillon de soldat que d'une mêlée de pirates. Étrange, mais dangereux, car les gestes sont parfaitement synchrones et les déplacements soigneusement millimétrés, pour refermer progressivement sur nous les remparts d'acier qui nous menacent. Durant l'espace d'une seconde, je doute. Immobile, dos à moi, Larson ne semble plus prompt à vouloir en découdre, même si son visage ne trahit aucune...

- Rhooon... pshii.... lâche soudain le ronfleur, dont je ne remarque les yeux clos que maintenant.

Décomposée par l'excès de sang froid ou l'étonnante stupidité de mon camarade, ma main vient brutalement le secouer pour le prier de se bouger, l'arrachant brutalement au royaume des songes pour le ramener à la réalité. Que l'homme redécouvre avec une pointe de dédain.

- Foutu ivrogne, t'as bien choisi le moment pour t'endormir !

- Ah... Qu'est-ce que tu fous là, Sweetsong ? T'es pas encore partie clouer le bec de l'autre fanfaron ? Bordel faut vraiment tout te dire...

A mon tour, j'affiche une mine lugubre, trahissant à la fois mon incompréhension et mon désespoir. Simultanément, une main vient sortir des rangs ennemis pour tenter hasardeusement d'agripper ma robe et de m'entraîner avec elle dans la mêlée. Probablement un inconscient cherchant à exécuter les ordres de son chef. Grave erreur.

- Viens par là ma minet-

Schlack.

Un rapide coup de sabre a tôt fait de raviser le forban, lui occasionnant la perte d'un membre et la dotation d'un moignon sanguinolent qui éclabousse immédiatement d'hémoglobine ses camarades les plus proches. Dans un bruit mou, la main tranchée tombe sur le pont et glisse sous les pieds des pirates, légèrement ahuris. Stoppant leur progression pour se tourner vers la victime dont les cris suraigus percent brusquement l'atmosphère, je devine avant l'heure les prochains mouvements de mon coéquipier qui, déjà, s'est mis en posture d'attaque.

- Et c'est reparti pour un tour... entame-t-il tout en soulevant sa jambe pour déchaîner une puissante lame d'air sur les trois ou quatre gusses qui lui font face.

Pas de bol. Non content d'être tranchés et décapités, les cadavres déchiquetés transportent avec eux les corps bousculés de leurs compagnons d'infortune, brutalement repoussés vers le bastingage. Dans un "plouf" caricatural, deux hommes tombent soudainement à la mer et l'encerclement n'est plus, laissant place à une zizanie qui ne m'est plus étrangère. Je profite donc de la diversion de la diva et de l'incompréhension des adversaires pour flanquer un puissant coup d'épée sur les sabres et les pertuisanes qui me font face, brisant net les armes pour me frayer un passage droit devant. Balayé d'un côté, le revers du coup vient cette fois-ci taillader les hommes d'armes, bientôt morts ou gravement blessés avant qu'ils n'aient pu saisir la chronologie des derniers événements.

- Tekkai Kenpou, Jugon ouren ! tonné-je tout en continuant ma progression, distribuant cette fois-ci des gnons à la pelle qui expédient systématiquement mes adversaires au sol ou bien plusieurs mètres plus loin.

L'enchaînement est ravageur mais demande beaucoup d'énergie, ce qui me permet de tenir la formation pendant une dizaine de secondes le temps de me rapprocher du capitaine qui trône non loin le cul vissé sur un baril, bien à l'abri derrière sa muraille de chair à canon. Temporairement invulnérable face au flot d'armes qui échouent à embrocher ou trancher ma chair et viennent à la place ricocher et se briser sur ma carapace invisible, j'envoie tous azimuts mes poings qui viennent s'écraser sur les ennemis à une vitesse affolante et compressent ou broient la chair et les os de mes pauvres victimes. Progressivement, les cadavres s'amoncellent et le nombre de têtes encore levées se réduit. D'une nouvelle cinquantaine de criminels, l'attroupement s'était réduit à une trentaine d'hommes toujours debout, entre les assauts répétés de mon camarade et ma trouée brutale en direction du capitaine. Ce qui ne semblait pas inquiéter Vognar le moins du monde, toujours assis à attendre ma venue. Il voulait me garder pour le dessert ? Je lui simplifiais la tâche en me rendant directement à lui. Une brève utilisation du Haki m'avait d'ailleurs prévenue que ses intentions étaient plus opaques que jamais, ce qui renforçait ma détermination à atteindre le gaillard pour savoir ce qui l'avait poussé à s'en prendre au train des mers. Et trahissait aussi la force de l'adversaire. Cessant de mitrailler la foule avec les poings, j'écarte du revers de ma lame un dernier opposant bloquant le chemin entre le capitaine et moi. Haletante, j'invective le bonhomme d'une insulte bien placée.

- Seuls les lâches se cachent derrière leurs subordonnés.

- Et c'est un chien du Gouvernement qui me dit ça ? ricane l'homme tout en se redressant subitement pour me toiser de trois bonnes têtes de plus que moi.

Affichant son éternel sourire pincé, l'homme se tient malgré tout sur la défensive. Étrangement, son arrogance semble mesurée, laissant aisément transparaître son air supérieur mais pas au point de sous-estimer son adversaire. Pas d'armes à proximité, seulement deux poings que l'homme brandit devant lui, à la façon d'un boxeur attendant le premier assaut de l'adversaire.

- Il semblerait que je l'ai trouvé, ce fameux CP9 que les Checkmates recherchent tant. Bon, l'autre peut bien crever, mais toi... toi je vais essayer de pas trop t'abimer. lâche le pirate tout en me glissant une petite œillade trahissant ses intentions, désormais claires comme de l'eau de roche.

Et c'est aussitôt un premier poing venant de sa part, fulgurant dans l'air, qui entame le combat. Trop rapide pour que je puisse l'éviter ou bien le contrer, celui-ci s'écrase brutalement dans mon ventre et me fait brutalement traverser le bastingage pour échouer au beau milieu du pont du second navire, totalement désertique. Légèrement sonnée, je mets quelques secondes pour récupérer mes esprits, permettant au pirate de me rejoindre à bord et de se dresser devant moi à nouveau, toujours sur ses gardes. Comprenant que mon sabre ne me sera d'aucune utilité au cours de ce combat, je le range donc dans son fourreau avant de déchirer les manches de la robe que m'a prêté la jeune romancière. L'estomac encore douloureux suite au choc, j'appréhende le prochain coup, prête à me défendre si jamais l'ennemi surgit aussi rapidement face à moi : au moins cette fois-ci je pourrai parer son coup ou bien l'esquiver. Néanmoins l'homme ne semble pas prêt à esquisser le moindre geste, au contraire, il a l'air d'attendre que quelque chose se passe.

- Tu l'auras voulu.

Levant haut le poing, je me déplace subitement dans un Soru pour venir abattre un uppercut assassin sous le menton de mon adversaire. Mais c'est sans compter sur une capacité secrète, qui le pousse à rester immobile et subir le coup sans même broncher, sans mimer la moindre expression de douleur, ni même déplacer le crâne. Instantanément, je ressens une vive douleur dans les phalanges avec lesquelles je suis venu écraser la mâchoire de l'ennemi, endolories par la rencontre avec ce qui semble de plus en plus être du fer.

- Couleur de l'armement : durcissement.

Voltigeant en arrière grâce à un salto parfait, je prends du recul pour ne pas subir la contre-attaque du gusse qui est presque immédiate : un crochet du droit imprégné du Haki qui tranche brutalement l'air et évite ma tête de peu. Néanmoins l'élan apparaît comme étant trop puissant, tandis que mon corps continue sa roulade jusqu'à la finir au pied du mat. Une soudaine vision m'indique qu'il est impératif de faire une nouvelle torsion si je ne veux pas me retrouver encastrée dans le bois de la masure, ce qui me permet d'éviter un ultime coup de pied faisant l'effet d'un boulet de canon.

Craaaaac.

Ainsi entamé à sa racine, le gigantesque poteau en bois vient se plier et s'effondrer sur l'arrière du navire, pour le laisser définitivement plat et nu. Je ne peux m'empêcher de sourire à l'idée que le pirate est en train de couler son propre bâtiment, cependant un rapide coup d’œil sur son expression faciale me fait comprendre qu'il n'en a véritablement cure.

- Tu as de bons réflexes pour une fifre du gouvernement. m'assène le bandit, tout en se campant à nouveau solidement sur ses deux jambes, laissant prédire une nouvelle attaque.

Effectuant un rotation du bassin et des jambes, j'arrive à me remettre debout sans l'aide de mes bras, que je conserve soigneusement dans mon dos. Depuis le début, l'homme avait l'ascendant sur moi, me clouant plusieurs fois à terre alors que mes coups semblaient inefficaces du fait de son armure surnaturelle.

Et il était grand temps de renverser la vapeur.
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Retour aux bonnes vieilles valeurs, finie la boucherie, le carnage et les coups donnés à droite à gauche sans réfléchir. La dualité de la piraterie et du Gouvernement Mondial entre leurs deux héros, leurs deux effigies, luttant à armes quasiment égales.

Voilà une dizaine de minutes que je tenais tête au barbare qui affichait désormais une expression sombre et des vêtements déchirés. Plus de chemise de lin, mais des lambeaux blancs et rouges pendant sur son torse recouvert d'hémoglobine. Le corps tailladé par une multitude de blessures superficielles, l'ennemi se tenait toujours droit et restait concentré malgré la froideur de son exaspération, cependant les quelques entailles qui avaient percé à travers son armure de fluide avaient visiblement fini par rendre certains de ses mouvements plus lents ou plus grossiers. Je n'étais pas dans un meilleur état : recouverte de la tête aux pieds d'hématomes, j'avais récemment senti quelques côtes se rompre à la suite d'un coup de pied bien placé sur mon flanc droit et un tendon de ma jambe gauche venait tout juste de m'abandonner, pour me laisser quasiment unijambiste dans le combat qui se profilait. Si au départ le gaillard voulait me garder en vie pour s'amuser avec moi par la suite, désormais ses yeux trahissaient d'autres pulsions.

- Finalement j'ai changé d'avis. Il n'y aura pas de survivant. m'intime-t-il enfin avec soulagement, avant de se précipiter vers moi.

Le coup est prévisible et je tente déjà de me déplacer pour l'esquiver, cependant mon mollet n'est pas de cet avis, me clouant sur place. J'observe le poing de l'ennemi se recouvrir à nouveau d'une couleur noire tandis qu'il fait appel à son Haki, prend de l'élan et...

- Tekkai !

L'espace d'une seconde, la carapace semble résister à l'attaque... avant de se briser subitement et me laisser savourer la puissance du coup de poing porté à mon visage. L'attaque est dévastatrice et m'envoie brutalement heurter le dénivelé du gaillard d'avant, dans lequel je m'enfonce sur une bonne dizaine de centimètres. Les étoiles dansent, mon corps lui chute et heurte le sol du pont principal, que j'épouse sans aucune résistance. Sonnée comme une cloche, j'ai le sentiment que mon cerveau est en train de couler hors de mon oreille, qu'il s'enfuit par mes narines et macule avec son sang les planches en bois sur lesquelles je demeure allongé. C'est foutu. J'entends les pas de mon adversaire qui se dirige tranquillement vers moi, prenant un malin plaisir à profiter de sa victoire, finalement si facile et si immédiate. Il a seulement fallu d'un tendon, d'un talon d'Achille. Je sens malgré tout mes forces revenir mais lentement, trop lentement en comparaison de l'allure de l'homme qui vient s'agenouiller devant moi et me saisir par le col, par le biais duquel il me soulève comme une poupée de chiffons.

- Tu t'imagines peut-être que j'en ai terminé ? ricane-t-il tout en rapprochant mon visage ensanglanté de sa gueule diabolique.

J'essaye d'agir, mes mains s'accrochent à son bras, tentent de le griffer mais l'homme s'est revêtu de son armure invisible et mon agitation semble n'avoir pour seul effet que d'accentuer son rire gras et monstrueux. Puis soudain, un nouveau coup de poing vient brutalement heurter mon visage pour m'arracher à la tenaille du bonhomme et m'envoyer rouler contre le bastingage.

- Je ne fais que commencer.

Même si je peux encore prévoir les attaques, je ne suis plus à même de les éviter. Mon corps est endolori et le dernier coup m'affligera à coup sûr d'un œil au beurre noir pour les prochains jours. Néanmoins tout n'est pas perdu, non, car mes forces n'ont pas totalement disparu et c'est ainsi que j'arrive à redresser l'échine à la force de mes bras, puis à me remettre debout pour faire face à l'opposant qui demeure cette fois-ci immobile. Je comprends à quel point tout cela est un jeu pour lui, car le psychopathe semble cette fois-ci attendre que je vienne vers lui pour me cueillir gentiment. Néanmoins la situation ne tourne pas tant que ça en sa faveur puisque le nombre de larbins sous son commandement a drastiquement diminué. A vrai dire, ils ne sont plus qu'une dizaine à occuper Larson à présent et ce dernier est bien trop dans son combat pour témoigner de l'état dans lequel je suis. Pour les prochaines minutes, l'adversaire est donc tout à moi.

- Je n'ai pas... encore abandonné... haleté-je, effectuant un mouvement circulaire de l'épaule pour dénouer mes muscles endormis par la douleur.

Faisant fi de l'affliction qui me transperce le genou, j'avance donc en direction de l'ennemi. Doucement d'abord, puis de plus en plus rapidement avant de me retrouver finalement face à face avec lui. S'il y a une chose dont je suis sûre, c'est que même si l'homme maîtrise la Couleur de l'Armement, sa perception, elle, est loin d'être surhumaine. Ainsi il ne s'attend pas à ce que je fonde vers le ciel au dernier moment où son nouveau coup s'apprête à exploser sous mon menton.

- Kamisori, Rankyaku Ran !

Avant que Vognar n'ait le temps d'effectuer son durcissement de la peau, plusieurs de mes attaques font mouche, criblant son torse et sa tête d'entailles pour la plupart bénignes... sauf une bien profonde au niveau de sa clavicule. Voyant l'expression de rage sur son faciès, j'anticipe alors sa contre-attaque en me déplaçant subitement vers le gaillard d'arrière, sur lequel j'atterris avec difficulté.

Le paradis du batifolage  Giphy

Finie la partie de chasse, le capitaine a perdu son sang froid. Dans un hurlement de rage, celui-ci n'est plus aussi immuable qu'avant, aussi tacticien ; à la place, c'est une véritable bête fauve qui se rue sur moi pour m'asséner de coups aussi brutaux que grossiers. Là où le Haki m'est d'une aide très précieuse. Comme si le temps avait soudain ralenti, je me vois alors me pencher prestement à gauche, à droite ou bien encore me baisser pour éviter les attaques de mon adversaire, ce qui ne fait qu'accentuer son énervement et laisser apparaître des brèches plus grosses. L'homme semble un véritable professionnel dans l'utilisation de son fluide, cependant sa hargne l'empêche de voir clair et me permet de le surprendre par un coup rapide et puissant porté juste au-dessus de la ceinture.

- Tekkai kenpou... Jugon !

Renforcé par le Tekkai, le coup vient brutalement heurter le ventre de l'homme et l'envoie voltiger à son tour sur le pont principal, provoquant une trou immense et fumant dans le plancher du navire. Voyant du coin de l'oeil mon camarade enjamber la rambarde et effectuer quelques Geppou pour venir se tenir à mes côtés, je trouve le timing étonnamment parfait.

- Beau boulot, Sweetsong.

- Ce n'est pas encore fini. fais-je tout en pointant le cratère non loin.

En effet, la silhouette qui vient d'y être éclipsée commence déjà à se relever et à faire craquer ses phalanges en guise d'avertissement. L'attaque a surtout été dévastatrice pour le moral de l'ennemi, qui doit désormais faire face à deux agents du CP9 au lieu d'un, de quoi le rendre furax, ce qui finira par le perdre. Les muscles gonflés et les veines poignant sur l'intégralité de son corps, le combattant semble sur le point de se propulser dans notre direction pour nous assaillir à l'aveuglette. Cependant il n'en est rien et celui-ci se fend simplement d'un rire long et démesuré, à l'image de la décadence de sa folie.

- Je ne peux pas perdre contre de vulgaires toutous du Gouvernement Mondial. Je vais vous laminer.

Ses menaces traduisent sa compréhension de la situation dans laquelle il se trouve. Tous ses hommes de main sont morts ou ont pris la tangente, laissant soudain le capitaine seul et désœuvré. Il sait qu'il n'a plus rien à perdre, ce qui ne peut le rendre que plus dangereux.

- Allons-y. lâche mon chef d'équipe après un bref regard entendu, tout en se déplaçant instantanément face au forban, sur le pont principal.

L'homme se gausse toujours, cependant son sourire est inversé et traduit son malaise. C'est la folie qui a désormais pris le pas et le fait paraître davantage diabolique. Ses yeux, hors de contrôle, oscillent entre mon supérieur et moi, comme cherchant à juger lequel de nous deux attaquera le premier. Moins harassé par ses précédents combats, Larson possède encore toute sa vitalité, ainsi que son joker qu'il ne tardera pas à utiliser, c'est donc tout bonnement que je le laisse avoir la main pour venir discrètement prendre l'ennemi à revers.

- Soru. Jugon !

S'attendant à une attaque de front, le pirate jubile en prenant de l'élan pour frapper l'air devant lui avec son bras droit recouvert de Haki, entrant subitement en contact avec le poing de mon coéquipier. Pendant un dixième de seconde, le pirate semble avoir l'ascendant, avant de découvrir avec stupeur une tâche noire sur l'une des phalanges de son adversaire, qui grandit et vient brusquement dévorer l'intégralité de sa main à l'image d'un gant.

- Durcissement.

Le choc tient les deux hommes en haleine, sauf que les techniques de combat du vieillard sont généralement loin d'être aussi prévisibles et aussi simples, ce qui m'oblige à remarquer sa jambe droite déjà haute levée qui s'apprête à accabler l'ennemi d'un violent mawashi dans les côtes. Chose que Vognar remarque à son tour... mais trop tard. Car le poing de Larson vient soudainement s'ouvrir comme une fleur pour agripper solidement la main de l'ennemi et lui faire une clé de bras pour à la fois le maintenir en place et le déstabiliser davantage. Concluant son attaque par un ultime Rankyaku, l'agent vient finalement bloquer l'homme avec un genou à terre, me laissant l'ouverture parfaite pour enfin jouer mon rôle. Ayant profité de la manœuvre de diversion de mon camarade, j'apparais donc subitement dans le dos du forban et n'attends pas plus longtemps pour l'empaler subitement avec mon Meitou sorti de son fourreau, traversant brusquement le dos du condamné avec les trois-quarts de ma lame pour en faire ressortir l’extrémité au niveau de son thorax.

Durant une dizaine de secondes, le corps du cornu continue alors de donner de multiples signes de vie, parcouru de spasmes et de tremblements incontrôlés, venant saisir de sa main libre la pointe de Clair de Lune comme pour tenter de la retirer... Profitant de ces derniers instants de lucidité, mon partenaire se penche pour dévisager de plus près le visage du démon.

- Pourquoi avez vous attaqué le train ?

Je me rappelle les paroles prononcées par le capitaine des Furious mentionnant le fait que les Checkmates étaient à la recherche d'agents du CP9, cependant la question du pourquoi de cette curieuse alliance restait énigmatique. Qu'est-ce qui avait poussé le pirate à continuer à sourire et à se battre avec autant de détermination, même après que l'intégralité de son équipage avait disparu. Néanmoins la réponse est simple, concise et aussi claire que de l'eau de roche, ce qui finit par décrocher un dernier sourire au forban tandis que celui-ci épelle difficilement ses quelques derniers mots :

- Pour... l'ar... gent...

Puis dans un dernier tremblement, l'homme blessé à mort finit par s'écrouler, abandonnant la poigne de sa main autour de mon sabre que je retire automatiquement, laissant mollement tomber son bras bientôt suivi par le reste du corps qui vient gîter inanimé sur le sol.

- Voilà une bonne chose de faite. termine mon supérieur tout en se redressant avec le cadavre du pirate qu'il ne tarde pas à hisser sur son épaule.

Les yeux encore posés à l'endroit où l'ennemi s'était effondré quelques instants plus tôt, je hoche la tête avant d'emboiter tant bien que mal le pas de mon chef d'équipe, déjà parti récupérer les corps des deux autres primés sur le second navire. Il s'agit désormais de revenir à bord du train, ce que mon supérieur s'empresse de faire le premier par quelques impulsions du Geppou qui l'entraînent dans les airs. Mais alors que je suis sur ses talons, le gaillard stoppe spontanément sa progression pour m'indiquer de l'index les deux carcasses bloquant les rails et donc toute possibilité de repli pour l'Umi Ressha. Immédiatement, je comprends ce qu'il me reste à faire.

- Rankyaku !

J'enchaîne ainsi quatre puissantes lames d'air qui viennent violemment percuter les navires et les découpent en plusieurs parties, ne tardant pas à sombrer indépendamment les unes des autres pour laisser la voie libre à nouveau. Seuls quelques débris demeurent, vestiges de feu l'équipage des Furious Pirates.

Succédant finalement mon arrivée à bord, j'étends instantanément mon Haki et découvre la situation à l'avant du train, une dizaine de wagons plus loin. Les Checkmates approchent, les Marines tirent à vue et les civils sont de plus en plus apeurés. J'arrive même à discerner la silhouette recroquevillée de Lady Montmirail dans la loge du vice-amiral, que je devine confrontée au danger pour la première fois de sa vie. Je l'envie. Néanmoins je n'ai pas plus de temps pour m'attarder sur les détails insignifiants que déjà mon chef d'équipe me demande un compte rendu sur mon observation. Et tandis que le train semble se remettre en marche et faire machines arrières, je vrille sur l'homme désormais à jeun un regard plus sombre et plus sérieux que jamais.

- Il faut que l'on rejoigne le vice-amiral Fenyang.


Dernière édition par Annabella Sweetsong le Sam 9 Juil 2016 - 15:53, édité 1 fois
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- « Bwahahaha ! Regardez capitaine ! Ils sont en train d’essayer de nous bombarder ! »

L’un des sous-fifres d’Edwald riait et sautillait vulgairement sur place en battant des mains. Accoudé à l’un des bastingages du navire, il pouvait voir des marines faire feu vers leur direction, positionnés pour la plupart sur les toitures des différents wagons du train immobile. Plus que quelques petits mètres et le vaisseau pirate le rejoignait. A l’intérieur, la peur était plus que jamais au rendez-vous. Tous les civils et autres personnels non-combattants s’étaient planqués sous les nombreuses banquettes ou même dans des salles qu’ils avaient pris le soin de boucler à double tour. Sous les nombreuses détonations en tout genre, des cris d’effroi se faisaient tout de même entendre. Le contrôleur, lui, pestait. Malgré sa fougue habituelle, il demeurait tendu et anxieux. Ça s’annonçait pas bon du tout. Dans sa cabine, le conducteur pour sa part, hésitait. Foncer ou rester toujours sur place ? Autant dire qu’il ne savait pas quoi faire. C’est alors qu’il eut une idée à la fois risquée et ingénieuse sur le moment. Il passa sa tête à l’extérieur de la locomotive et remarqua qu’il ne restait plus aucun navire en arrière. Sans attendre une seule seconde alors, il commença à faire reculer le train. Rapidement. Très rapidement. La tentative semblait vaine mais elle retarderait au moins l’échéance, qu’il se disait. Et puis, Gégé comme on l’appelait affectivement avait foi en ce vice-amiral.

Sans savoir pourquoi…

- « Ne vous occupez pas du menu fretin ! La vengeance est à portée de main ! Avançons sans nous occuper de ce tr- »

« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHH !!! A L'AIDE !!! CAPITAINE !!! »

Alors que le roi galvanisait ses sujets, un cri perçant vint l’interrompre. Lorsqu’il se retourna lentement vers la source dudit cri, il vit l’un de ses hommes courir vers lui, l’oreille gauche tranchée net. Le pauvre homme tendit sa main droite vers son roi en hurlant à l’aide, mais sa tête fut détachée de ses épaules et roula jusqu’aux pieds de son cher maitre. La faute à une lame d’air qui en décapitant le pirate, vola jusqu’à Edwald qui dû s’employer pour la dévier comme si de rien était. Ce dernier, surpris et choqué resta muet pendant quelques secondes, les yeux fixés sur la caboche de feu son serviteur, avant de relever les yeux pour apercevoir ma silhouette qui devenait de plus en plus distincte au fur et à mesure que j’avançais vers eux. Je finis par m’immobiliser à bonne distance, avant de soupirer. J’avais abattu près d’une trentaine d’hommes de façon furtive. Tous ceux qui était à l’arrière en tout cas. Seul le dernier avait réussi à esquiver au dernier moment l’une de mes attaques, même si elle avait fini par emporter son oreille gauche. S’il n’avait pas gueulé en s’enfuyant, j’aurai certainement pu m’attaquer à ce p’tit con qui me faisait face sans qu’il ne puisse réagir à temps. Malheureusement, les choses ne se sont pas passées comme prévu. La faute à mes blessures assez grosses et graves qui me ralentissaient assez. Cette pétasse m’avait quand même bien eu…

- « Qu'as tu fais de mes hommes ? »

- « Morts. »

- « Et Hedda ? »


Je restai silencieux pendant un petit moment, avant de répondre avec lassitude…

- « Pourquoi tu rebrousserais pas chemin pour voir par toi-même ? »


Cette fois-ci, le blond perdit son sourire. Malgré la distance et la tempête qui s’acharnait dans les environs, je pouvais voir que ses traits étaient froissés par la colère. Sans même qu’il n’eut à donner des ordres, un bon nombre de ses hommes se ruèrent vers moi. Ils devaient vraiment kiffer leur « reine » hein. Mais toujours est-il qu’ils faisaient une grave erreur. Profitant du vent violent qui soufflait fort et faisait rage, je déclenchai un mini cyclone d’un simple coup d’épée dans le vide. L’attaque les balaya complètement et les envoya tous à l’eau. A l’exception de quatre zigotos : Edwald le fameux roi, un cavalier sur une monture plutôt impressionnante, le lourdaud dans son armure chiante et le fou qui semblait plutôt excité par la tournure des évènements. Un vrai petit con, celui-là. Je pouvais sentir de loin sa soif de sang. Encore un taré que je n’hésiterais pas à buter sans aucun scrupule. C’était la cause de tout ce chaos après tout. Lui et son fameux art divinatoire de merde. Le bateau se mit à tanguer dangereusement. Les vagues mugissantes se déchainaient un peu partout. Mais malgré ce fait, personne ne bougeait. Cette fois, j’en avais conscience : Ça se jouait à quatre contre un et ils avaient clairement l’avantage. J’analysais très rapidement la situation : Le plus fort était leur capitaine, assurément. En mettant l’autre con avec son armure de côté…

Il ne me restait plus que le sinistre cavalier qui m’avait l’air tout aussi chiant et le diseur de bonne aventure.

- « ATTAQUONS LE TOUS ENS- »

Trop tard. J’avais déjà bougé le premier. Et mon choix fut arrêté très rapidement : Le fou allait y passer. D’un soru, j’étais déjà arrivé derrière lui et mon arme s’était fichée dans son dos sans qu’il ne puisse bouger. Trop faible. Mais au moment même où je voulus planter ma lame jusque dans son cœur, son capitaine était déjà très près de nous. Son sceptre bien enduit de haki menaça de m’exploser le crane, mais un soru bien exécuté me sauva la mise. Le cavalier et le gros con en armure, eux, n’avaient même pas pu faire le moindre petit pas. Ils étaient presque sidérés par la vitesse d’exécution de leur capitaine, mais encore plus de la mienne. Ce mec devait sans doute avoir le mantra pour avoir deviné mon choix, en plus de son fluide combattif. Quelle plaie. Le voilà d’ailleurs qui chargeait dans ma direction, furieux, alors que je venais à peine de réapparaitre dans un coin du pont. Ceci dit, pour jouer avec ses nerfs et parce que je n’avais pas envie de l’affronter directement pour le moment, je disparus et réapparut une nouvelle fois devant le dénommé Faustus qui s’appuyait contre un garde-fou, diminué par la blessure que je lui avais infligé. Je voulus le décapiter, mais il réussit à me balancer une carte à la figure bien avant. Je me protégeai avec le plat de ma lame, mais une mini-explosion se déclencha et le souffle me balaya jusqu’au centre du pont…

Une carte explosive… Le truc improbable quoi… Le bâtard m’avait bien eu.

Je retombai brutalement sur mes côtes qu’Hedda avait fêlées et râlai de douleur. En plus de cela, ma peau était calcinée à quelques endroits et l’explosion m’avait presque aveuglé. Le cavalier en profita pour galoper à vive allure vers moi, mais les sabots de son cheval faisait tellement de bruit et ce malgré la tempête que je réussis à le localiser avant de me hisser sur mes jambes pour lui balancer une lame d’air. Vu qu’il était tout près, les chances pour qu’il se mange l’attaque étaient proches de 99%, mais sa monture déjoua les probabilités en cabrant pour le faire tomber et encaisser l’attaque de plein fouet. Sur le coup, le cheval fut sectionné en deux. L’animal s’était sacrifié pour protéger son cavalier. Admirable. Mais ma passivité de quelques secondes me couta cher. Très cher : Edwald apparut derrière moi et utilisa son sceptre comme une batte de base-ball pour enflammer ma nuque. Malgré mon lourd gabarit, il réussit à me décoller du sol et à me faire voler vers son gros loubard en armure qui enchaina lui aussi avec sa massue en plein dans mon torse. S’il avait eu une lame, il aurait certainement réussi à m’empaler net. Je me mis à vomir mes tripes puis une bonne dose de sang avant de tomber aux pieds de Gorn qui voulut m’écraser avec un coup de patte. Mais la chance fut de mon côté puisque le bateau s’inclina soudain vers la gauche.

De quoi occasionner la glissade de mon corps tandis que le gros con enfonçait son pied à travers le plancher du pont.

- « TU NE NOUS ECHAPPERAS, FENYANG !!! »

Ben quoi ? Ils avaient rangé leur noblesse au placard depuis que j’avais mis au tapis leur reine ? C’est bien des pirates ça… Malgré la quinte de toux et les différentes douleurs qui me tiraillaient, j’étais assez amusé par la situation. Je réussis à me redresser, avant de contrer un assaut bien lourd du cavalier qui semblait pleurer la mort de son cheval. Je pouvais en tout cas sentir son amertume à travers mon seul fluide perfectionné. Tout en réussissant à ouvrir enfin un œil, je dégageai le cavalier, mais fut aussitôt assailli par le blond qui avait fait sortir une lame de son sceptre. Il multiplia les coups d’estocs, mais je réussis à les éviter pour la plupart avant de disparaitre comme par magie. Enfin… Disparaitre serait trop dire vu qu’il avait réussi à attraper l’un de mes bras avant d’essayer de me transpercer le ventre. Attaque que j’avais contré du plat de ma lame avant de lui foutre un sacré coup de boule qui lui péta la truffe comme avec sa bien-aimée. Alors qu’il tombait au sol, plusieurs cartes fondirent vers moi, mais je réussis cette fois-ci à effectuer un soru, avant de me retrouver une énième fois près de Faustus qui, apparemment, avait joué ses dernières cartouches et qui agonisait presque. Vu qu’Edwald était couché sur le pont et râlait de douleur en se tenant le pif, sans oublier Gorn qui avait encore le pied coincé dans le plancher, seul le cavalier se précipitait vers nous…

Mais il ne fut pas assez rapide pour empêcher l’inévitable : La décapitation de Faust par mon sabre.

Plus que trois personnes…
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- « FAUSTUS !!!! »

- « ADERBAL ! NOOOOON ! ATTENDS !!! »


Aderbal ? C’était le nom du cavalier ? Tiens donc. Un nom original mais qui ne me disait absolument rien. Mais ça n’avait pas tellement d’importance maintenant, vu comment il s’élançait vers moi. Faustus avait dû être l’un de ses meilleurs potes dans l’équipage pour qu’il beugle ainsi et se rue vers moi comme ça. Presque touchant. Malheureusement pour lui, je n’étais pas prêt à rendre l’âme. Pas aujourd’hui. Pas maintenant. Aussi avais-je contré sa salve d’attaques non sans beaucoup de mal. J’avais perdu énormément de sang et je commençais à avoir la tête qui tournait. L’anémie n’était pas loin. Je n’oubliais pas non plus ce gros trou au niveau de la cuisse qui ne m’aidait pas tellement à bien bouger, ainsi que les multiples hémorragies et fractures internes. Bon sang ! Et dire que je devais simplement emprunter ce train pour gagner Water Seven ! Me voilà bien beau ! Je dus me baisser pour éviter une énième frappe de sa hallebarde avec laquelle il tentait vraisemblablement me décapiter. Le roi, pour sa part, se relevait tant bien que mal en se tenant toujours le nez. S’il était fort pour attaquer, sa défense devait être lamentable. Gémir pour un petit coup de boule comme ça… Même sa meuf avait mieux encaissé la douleur. Le con en armure réussit à extirper sa jambe, mais tomba aussitôt sur son dos. Sérieux… J’avais presque l’impression de combattre des ploucs…

- « NE REGARDE PAS AILLEURS ! JE SUIS TON ADVERSAIRE ! »

Apparemment, Aderbal ne supportait pas du tout que je ne lui porte pas toute mon attention. C’est ce qui le motiva à me foutre un coup de pied en supplément que je réussis à bloquer avec l’un de mes genoux. Puisque j’étais mal en point en plus d’avoir une vue pourave que la pluie et le vent n’arrangeaient pas du tout, j’avais déclenché mon haki de l’observation au maximum. Tous mes sens étaient sollicités. De ce fait, ses mouvements étaient lents. Très lents. Et puis, il ne devait pas être vraiment puissant. Plutôt éprouvé pour bouger de manière convenable, j’avais le sentiment qu’il me fallait quelques secondes pour souffler. Une trentaine… Ou peut-être une minute entière le temps de recharger un peu mes batteries. C’est fort de ce constat que j’eus une pensée pour l’une de mes capacités que j’avais presque oublié : Le retour à la vie. Jérémiah m’avait tellement bluffé avec ses techniques basées sur ce pouvoir, que je m’étais senti très nul et que j’avais décidé de ne pas l’utiliser pendant un moment avant de m’être perfectionné comme il le fallait. Sauf qu’ici, j’avais pas trop le choix. En plus du cavalier qui réussissait tout de même à m’immobiliser avec sa hallebarde que j’avais contrée grâce à ma lame, le roi se mit à courir comme un fou furieux vers moi, prêt à profiter de cette situation pour bien me planter comme il faut. Sérieusement…

- « ADEEERBAAAAAL ! TIENS LE COUP ! J’ARRIVE ! »

Mon mantra me le montra très clairement : Son passage sur mon flanc droit et son épée perforant ma chair et mes organes jusqu’à ce que mort s’en suive. Terrible destin ! Et tout ça en moins de quinze secondes ! La belle blague. J’eus alors un sourire avant de faire pousser mes cheveux à la va-vite. Je me calquai sur ce que j’avais vu de la vice-amirale Jérémiah pour former plusieurs tentacules avec mes mèches, qui telles des lianes, filèrent vers les membres du cavalier qu’elles ceignirent avec force ; à un tel point qu’il lâcha sa grosse hallebarde. Le pauvre Aderbal ne pouvait plus rien faire. Il n’avait jamais dû voir cette technique en plus du fait que je l’avais pris au dépourvu. Il essaya de se débattre, mais ne put s’extirper de mon emprise capillaire. Cependant, c’est à ce même instant que le roi fit son apparition sur le côté droit. Plus que trois pas et il me transperçait comme un gros porc. Le tout joua donc en quelques petites secondes : Edwald bondit furieusement vers moi, l’air décidé à m’abattre. Ce n’est que lorsqu’il se trouva à un petit mètre de ma position et qu’il déclencha enfin son estocade, que je déplaçai subitement son cavalier sur sa trajectoire de sorte à en faire mon bouclier. Pris par son élan de forcené, le pauvre roi poignarda impitoyablement son propre élément sans pouvoir y faire grand-chose. Je venais de de leur faire un gros coup de pute…

Plus que deux personnes.

- « A-Ader… Aderbal… »


Ma chevelure se retira lentement des membres du poignardé, tandis que ce dernier était récupéré par son roi qui ôta aussitôt son épée de sa poitrine. Edwald se mit alors à genoux et secoua son cavalier dans ses bras. Il voulait se rassurer, mais c’était trop tard : Le mal était déjà fait. Le cavalier hoqueta et leva l’une de ses mains pour la passer sur l’une des joues de son souverain. Il voulut prononcer quelques mots, mais crachait déjà du sang. Le blond se saisit de la paluche d’Aderbal et se mit à pleurer en secouant sa tête pour le dissuader de parler. Ils s’échangèrent quelques mots inaudibles à cause de la forte pluie qui s’abattait sur nous. Et soudain, à travers mon mantra, je sentis le cœur d’Aderbal s’arrêter de battre. Plutôt que d’hurler comme un fou, son roi resta immobile contre lui. Je pouvais ressentir le désespoir et la tristesse qui le gagnaient. Le cavalier devait avoir une place spéciale dans son cœur ; d’autant plus ses fidèles serviteurs mourraient les uns après les autres. J’aurai bien voulu m’attarder sur cette scène, mais un pas lourd retint mon attention : Gorn s’avançait vers moi avec une aura menaçante. Puisque son souverain était encore en état de choc -Ce n’était rien qu’un sale morveux en définitive-, c’est lui qui allait prendre la relève. Mais très franchement, j’en avais ma claque de ce type. J’allais en finir une bonne fois pour toute.

Sans attendre une seule seconde de plus, je lui balançai une lame de vent à la gueule. Il réussit à la parer grâce à son bouclier. Doutes confirmés. Soit je mettais toute ma force dans une onde tranchante, soit j’allais lui porter un coup direct pour faire céder ses défenses. Il mettait à l’épreuve mes talents d’épéiste. C’était surtout ce fait qui me cassait les couilles. J’avais l’impression d’être naze malgré toutes les années et tous les efforts que j’avais dû fournir pour affuter ma lame. Foutaises ! Mû par mon égo de bretteur émérite, je repoussai mes limites pour aller à sa rencontre et l’assaillir d’attaques. S’il n’était pas rapide et pas forcément très fort, sa carapace lui servait bien. Alors, plutôt que de s’embêter à éviter ou contrer mes frappes, Gorn misa tout sur l’attaque. La meilleure défense, disait-on. Mais comme signifié plus tôt, il était lent et tous ses mouvements imprécis. Je n’avais aucun mal à éviter ses assauts même blessé. Alors, je concentrai toute ma force dans mon bras armé, puis je lui infligeai un coup de sabre d’une brutalité extrême. Gorn s’immobilisa, secoué par la force de mon agression, puis il se mit à rire, sans doute convaincu que son armure était indestructible. Sauf qu’au moment où il voulut répliquer, sa ferraille vola subitement en éclats. Je pouvais maintenant voir un mec aussi grand et musclé que moi, surpris et paralysé par la peur.

- « Adieu ! »

Alors qu’il voulut hurler à l’aide, un coup d’estoc de ma part vint le réduire au silence éternel. Il attrapa ma lame, balbutia quelques mots incompréhensibles, avant de lâcher prise et de tomber. Une mort sans trop de bavures. Plus qu’une personne. Je me retournai alors vers le capitaine pirate qui était toujours contre son ex-cavalier. Incompréhensible. Dire que j’avais même eu le temps de tuer le dernier de ses sbires… A quel point appréciait-il Aderbal ? M’enfin… Ce n’était pas comme si sa passivité ne m’avait pas arrangé, même si Gorn, au final s’était avéré très faible. Son atout avait été son bouclier et son armure que j’avais finalement réussi à détruire comme il le fallait. Je pensai un instant à récupérer son bouclier encore intact pour défier Edwald, mais elle allait s’avérer trop encombrante. Inutile donc et pas forcément compatible avec ma manière de me battre. J’eus un soupir, avant d’avoir une violente migraine. Ce malaise faillit me clouer au sol, puisque je posai un genou à terre. C’est à ce moment précis que le supernova se releva. A travers mon œil encore valide, je pouvais voir sa face. Stoïque. Lui qui aurait dû se noyer dans une colère noire, au contraire, semblait l’avoir domptée. Impressionnant. Ses frappes allaient être d’une précision chirurgicale et donc décisives. Ça sentait pas bon, mais alors pas du tout. J’essayai de me relever, mais rien à faire…

Mes forces me lâchaient au plus mauvais moment.

J’étais à sa merci.
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- Tekkai !

Survenant au moment propice, j'atterris en trombes sur le pont du navire pour venir me placer sur la trajectoire du roi, qui abandonne spontanément son expression de sévérité pour en adopter une plus interrogative. Obligatoirement, son espèce de sabre tout fin ricoche sur ma peau sans provoquer le moindre dégât, ce qui laisse le bonhomme d'abord pantois, puis agacé. Bientôt rejointe par mon coéquipier qui ne s'est pas autant pressé pour venir, ne devinant pas le vice-amiral dans une telle panade, nous nous dressons tout deux sur le chemin qui sépare l'auto-proclamé "roi" de Fenyang.

- Qui sont ces zoufs ?

Retirant Clair de Lune de son fourreau, je peux enfin espérer avoir un duel à l'épée honorable avec l'un de ces fichus pirates. Il fallait dire qu'entre l'assassin et le boxeur professionnel, je n'avais pas été gâtée, cependant j'étais désireuse de pouvoir m'essayer à l'escrime et mettre en pratique l'expérience développée au cours de mes entrainements antérieurs au CP8. C'était en compagnie du couple de formateurs du CP8 situé à l'île du Karate que j'avais quotidiennement appris, au cours de mes trois années de formation, les arts martiaux les plus sophistiqués ainsi que les techniques de combat, d'espionnage et d'infiltration utilisées par les fameux "ninja". C'était grâce à ce véritable bagage culturel que j'avais pu reconnaître le Ninjatou la première fois que je l'avais vu et que j'étais désormais capable de me défendre avec. Mais pour en revenir à l'instant présent, ce que j'avais cru remarquer au moment où mon coéquipier était arrivé semblait désormais se vérifier : ivre, l'homme était à nouveau imbibé d'alcool, encore plus inflammable qu'un bidon d'essence. Cette fâcheuse tendance à ne pas pouvoir se passer d'alcool prêtait à penser que c'était de là qu'il tirait son énergie. Dans tous les cas, le bonhomme n'était pas vraiment dans la capacité de répondre au pirate, tournant même le dos à celui-ci pour admirer je ne sais quelle partie du paysage. Ainsi c'est donc à moi de prendre les devants et de m'exclamer, avec un petit sourire en coin, sur les raisons de notre présence.

- Il paraîtrait que vous êtes à la recherche d'agents du Cipher Pol 9, je me trompe ?

Soudainement estomaqué, le curieux personnage qui me fait face affiche une mine décomposée, allant jusqu'à oublier ses précédents démêlés avec le vice-amiral qui profite de ce court répit pour s'adosser contre le bastingage et vérifier l'état de ses blessures.

- Vous êtes les chiens du gouvernement qui ont détruit la cinquième flotte des Sunset Pirates ? questionne le bonhomme, étrangement dubitatif.

Alors c'était donc ça la raison de leur présence ? Les Sunset ? La vengeance ? Face à cette scène aussi théâtrale que pathétique qui me donne quasiment le fin mot de l'histoire, je ne peux m'empêcher de me fendre d'un rire grossier que j'étale librement au visage de mon adversaire.

- C'est vrai. J'ai tué vos amis. J'ai décapité Suburbs avec ce même sabre et j'ai fait exploser Lord Watt en morceaux. Je suis celle que vous recherchez.

A son tour, le roi affiche un sourire goguenard. M'étais-je trompée ?

- C'étaient mes proies, pas mes amis. Tu m'as volé leurs morts, ce qui fait de toi ma nouvelle proie désormais ! m'assène l'homme tout en pointant vers moi son sceptre-lame, qu'il recouvre soudainement d'une couche obscure.

La Couleur du Combattant, à nouveau. Campée sur mes positions, je me tiens prête à faire face à ce nouvel adversaire et à ses capacités surhumaines, malgré mon tendon toujours douloureux et ma maîtrise imparfaite de la Couleur de l'Observation qui ne me donne visiblement pas l'ascendant sur un potentiel combat à long terme. Mais tandis que les doutes commencent à m'envahir, une main paternelle vient subitement se poser sur mon épaule et semble temporairement m'ôter de la peur et de la frustration qui commencent à avoir de plus en plus d'emprise sur moi.

- Tu n'es pas seule, Sweetsong.

C'est vrai, je ne devais pas l'oublier. Je ne devais pas sous-estimer la présence de mon partenaire qui, malgré son aspect ivre, était un combattant redoutable. Je ne devais pas non plus laisser de côté Fenyang, qui pour le moment semblait dans l'incapacité de se battre mais devrait bientôt pouvoir se relever. C'était à l'ennemi d'être effrayé, seul contre trois pointures du gouvernement, seul parmi les cadavres des membres de son équipage, seul, définitivement seul.

- Soru.

Grappillant un peu plus de forces et me poussant dans mes derniers retranchements, je fais montre de ne pas sentir la douleur au moment où je me propulse vers l'avant et ébranle soudainement ma jambe malade pour déséquilibrer l'adversaire et lui envoyer ma lame sur le visage. L'épée anodine de sa majesté des pirates contre malheureusement mon coup mais ne vient pas non plus ébrécher ma lame, bien que renforcée par le Haki : cette capacité lui donne la résistance et le tranchant d'un véritable Meitou, rien de plus. Nous luttons à armes égales. Jusqu'à ce que mon partenaire vienne prendre l'ennemi à revers et lui envoyer le plat de sa botte noircie par le fluide au visage, aussitôt parée par le bras protecteur du roi. Repoussant brutalement à la fois mon attaque et l'assaut du chef d'équipe, l'homme continue ainsi à parer et contrer nos attaques au cours de la minute suivante, sans faire preuve d'aucune difficulté. Je saisis soudain.

- Il a la couleur de l'observation.

Cette remarque arrache un sourire dissimulé au capitaine qui cherche soudainement à me couper l'herbe sous le pied par un coup horizontal de l'épée, m'obligeant à faire un saut en arrière pour ne pas me retrouver cul-de-jatte. D'un autre côté, les attaques réputées imprévisibles de l'homme ivre n'arrivent pas à percer l'armure de l'opposant qui, malgré le fait qu'elle est loin d'être omniprésente ou totalement maîtrisée, arrive à protéger les parties visées par les coups de l'agent. Rapidement énervé, Larson semble progressivement perdre le contrôle à cause de l'alcool qui n'aide visiblement pas à lui faire conserver son sang froid. M'acharnant aussi bien que mon coéquipier, j'arrive finalement à infliger à l'adversaire une longue estafilade sur la joue au moment où celui-ci se concentre pour parer une avalanche de Shigan renforcés au Haki et portés par mon collègue. D'avantage heurté psychologiquement, le roi prend subitement sa retraite sur la figure de proue pour porter sa main à son visage mutilé et grossièrement hurler sa douleur à qui veut l'entendre.

- Mon visage, mon beau visage... VOUS M'AVEZ DÉFIGURÉ ! sanglote et crie le blondin, immobile sur la poutre qui dépasse à l'avant du navire.

Soupirant d'exaspération face à la tournure du combat, aussi irréelle que pathétique, je remarque brusquement du coin de l'oeil Fenyang qui semble s'être quelques peu rétabli et est déjà en route pour nous rejoindre sur le gaillard d'avant où nous luttons contre le dernier Checkmates...

Ou pas exactement.

- FENYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAANNNNNG !!

Débarquant de Dieu sait où, une jeune femme à l'allure asiatique fait spontanément irruption sur le navire en se plantant brutalement dans le plancher du point principal, juste devant le vice-amiral et à quelques mètres derrière nous. Affichant un état aussi lamentable que celui du Marine, la jeune femme semble en capacité de se mouvoir malgré une imposante blessure qui lui taillade l'intégralité du dos. Comprenant que les groupes sont désormais plus équilibrés au vu de la puissance que déploie la garce pour garder notre allié à distance, je dévie mon regard vers l'ennemi qui nous fait face, à moi et à Larson, toujours prostré avec les mains ensanglantées appliquées sur son visage. Les doigts écartés, celui-ci affiche des yeux maladifs et injectés de sang, laissant transparaître son humeur assassine. Prédisant à mon collègue l'imminence d'une offensive du pirate, je me vois confier l'ordre de reculer pour laisser le chef d'équipe tamponner l'attaque. Et celle-ci ne tarde pas à s'effectuer, au moment où l'homme libère brutalement ses bras pour se projeter à une vitesse ahurissante dans ma direction et rencontrer le poing de fer de mon coéquipier, qu'il barre spontanément avec son avant-bras, obligeant Larson à reculer sous la pression. Ainsi oppressé, l'agent est soudain dans l'incapacité de se protéger d'un crochet du doigt qui survient instantanément et vient l'expédier par-dessus bord.

- Non !

Néanmoins je n'ai pas le temps de m'apitoyer plus longtemps sur le sort de mon camarade, déjà la prochaine cible du pirate qui charge dans ma direction, récupérant au passage sa lame fichée dans le bois du parquet. Ma première expérience avec Vognar m'ayant déjà appris que le Tekkai ne fait pas le poids face au Haki, je n'ai plus qu'une seule option : l'attaque. Dressant ma lame devant moi et pliant les genoux, je m'apprête à encaisser l'élan de l'ennemi et me défendre tant bien que mal grâce à la solidité présumée de mon sabre.

- TU. ES. A. MOI !
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- « J’en ai marre… »

J’étais fatigué. Physiquement et mentalement. Entre ces putains de pirates qui jouaient avec la vie des autres, et ces membres de CP9 qui bien qu’ils m’avaient sauvé le cul au dernier moment étaient responsables de ce qui se passait, il y avait de quoi être en colère. Alors que nous étions sabre contre sabre, la gamine qui aurait dû se vider de son sang eut un frisson qui lui glaça l’échine. Plutôt que de continuer notre épreuve de force, elle recula de trois bonds et me regarda d’un air dubitatif. Presque craintif. Elle avait un mauvais pressentiment. Et puis, huit autres checkmates qui depuis le début des hostilités ne s’étaient pas montrés, jaillirent de nulle part : Des nains qu’on aurait dit. Quatre d’entre virent en soutien à Hedda, tandis que les autres partirent vers leur roi bien aimé. Ils avaient l’air rigolo. En temps normal, ils m’auraient même fait rire avec leur dégaine bien particulière. Cependant, j’étais pas du tout d’humeur à plaisanter, à faire dans la dentelle ou à avoir pitié de qui ou de quoi que ce soit. Ils avaient ruiné ma soirée. Tous autant qu’ils étaient. Les quatre nains qui me firent face dégainèrent leurs armes : Epée, gourdin, nunchaku et fusil. D’ailleurs, celui qui possédait le fusil se mit à me canarder sans se poser des questions. Mais à chaque fois qu’une balle semblait m’atteindre, je l’évitais ou la déviait tout simplement du plat de ma lame.

- « C’est un monstre ou quoi ? » s’étonna l’un d’entre eux.

« Peu importe ! Nous allons sauver dame Hedda ! » Répondit un autre.

- « NON ! ARRÊTEZ ! REVENEEEEEEZ ! »

Mais les quatre pions n’écoutèrent pas leur reine, puisqu’ils foncèrent déjà vers leur adversaire, tête baissée. C’était même pas admirable, ni courageux. C’était de la connerie, tout bêtement, que je pensai intérieurement. S’ils voulaient jouer les kamikazes, grand bien leur fasse. C’est sous cette pensée que j’agitai mon arme avec maestria comme le ferait un chef d’orchestre avec sa baguette de direction. Les lames de vent que je générai firent mouche : Deux d’entre eux eurent le corps fendu en deux de haut en bas, tandis que le reste du groupe fut décapité. La projection de sang fut tellement violente qu’elle alla jusqu’à éclabousser la pauvre Hedda qui avait déjà les larmes aux yeux. Elle tendit péniblement la main devant elle dans le vide, et ouvrit la bouche sans qu’aucun son n’en sorte. Le désespoir qui la gagnait se percevait à des kilomètres à la ronde. Ceci étant dit, je n’épprouvais aucune peine à son égard pour la toute première fois. A vrai dire, je m’en fichais royalement. Je m’étais de toute façon résigné à la buter. Vu qu’elle ne voulait pas lâcher l’affaire, et que frôler la mort de très près ne lui avait pas servi de leçon, il n’y avait plus de pitié qui tienne. Plus question d’être empathique. Elle allait tout simplement payer pour sa bêtise et sa naïveté. C’est ainsi que je me mis à avancer tranquillement vers elle, sans pression. Mais Hedda fit vite de réagir :

- « NE T’APPROCHE PAS !!! ASSASSIN !!! »


Ça, c’était la meilleure. Mais plus important que son insulte, c’était la gigantesque lame de vent qu’elle m’avait balancé à la figure qui me préoccupa sur l’instant. Sans me débiner, je saisis mon épée à deux mains et bloquai son attaque avant de la dévier de sorte à ce qu’elle se perdre dans les cieux. La lame d’air dégagea quelques nuages, si bien qu’il eut une brève éclaircie. Épatée par mon tour de force, Hedda se mit à trembler. En plus de ressasser ce que je lui avais fait subir il y a quelques temps seulement, c’était surtout mon visage fermé et dénué de toute expression qui l’affolait. Malgré le fait qu’elle ne possédait pas le haki de l’observation, la reine pouvait le ressentir : J’avais enfoui tout sentiment superflu au fond de mon cœur pour laisser ma lame et mon talent s’exprimer librement. Je n’avais pas eu une rupture au niveau de ma conscience ou quoique ce soit de similaire, mais j’avais décidé de ne plus faire dans la dentelle. Être sans merci. De ce fait, c’était toute ma force de vice-amiral qui allait s’abattre sur elle. J’avais heureusement eu le temps de bien récupérer grâce à l’intervention des Cipher Pol. A ce propos, une dernière question me turlupina. Comment avait-elle fait pour récupérer ? A la seule force de sa volonté ? J’en doutais fort. Mais le fait qu’elle était là prouvait qu’elle était définitivement dangereuse. Pas étonnant qu’elle inquiète le GM.

- « Comment tu as fait pour te relever et venir jusqu’ici ? »

- « COMME SI J’ALLAIS VOUS RÉPONDRE ! »


Maaah… J’aurai dû m’attendre à cette réponse. Je l’observai pendant un moment, avant de sentir que Hedda pensait fort à ses compagnons morts il n’y a même pas cinq minutes. Les nains quoi. Je regardai le cadavre de l’un des leurs, avant de capter ou tout du moins m’imaginer que c’est eux qui avaient dû lui porter secours d’une manière ou d’une autre. L’un d’eux était sans doute un toubib. M’enfin… Tout ceci n’avait plus vraiment d’importance. Et puis, je le sentais, que j’arrivais au bout du bout. J’avais pu souffler pendant une bonne poignée de minutes, mais ça ne me rendrait pas tout le sang que j’avais déjà perdu. J’avais toujours cette satanée migraine et des sensations de nausée. De vertige aussi. Le gros bateau qui tanguait n’aidait pas non plus, il faut avouer. On allait jouer le tout pour le tout. Soit je la tuais, soit je l’emportais avec moi. C’était peut-être cette idée extrême que ressentait inconsciemment la seconde des Checkmate qui flippait sans pouvoir mettre exactement le doigt sur la raison. Les prémices du mantra ? Fort probable. Raison de plus pour en finir avec elle. Dire qu’elle aurait pu faire une excellente contre-amirale voire même vice-amirale. Du gâchis. La vie était merveilleuse autant que triste. Tant pis pour sa poire. Pas de pitié pour une petite conne qui ne pouvait pas comprendre que l’amour ne justifiait pas tout.

- « J’arrive. »

Puisant dans mes dernières réserves, je fonçai sur elle sans hésitations. Brusquée par cette charge soudaine, Hedda relâcha violemment son haki royal, une seconde fois. Mais pour l’avoir déjà expérimenté, il ne me fit pas grand-chose. Et puis, je luttais déjà intérieurement contre mon mal de tête et le vertige. Ceci était donc la preuve que j’étais bien plus fort que la jeune femme. Le nouveau contact de nos lames provoqua une violente onde de choc qui balaya les cadavres autour de nous. Les autres combattants avaient dû le voir. Nous nous mîmes alors à échanger des coups d’une violence inouïe. Le tintement métallique de nos deux sabres devait s’entendre même dans le train. Tout sur l’attaque. Personne ne défendait. Hedda l’avait compris : Reculer ne servait à rien. Même si je la dominais légèrement, elle me rendait mes coups. Le duel était plus que véhément. Des rafales de vent dues à la collision effroyable de nos armes défonçaient le pont et le bastingage autour. Vu que nous étions tous les deux portés sur l’offensive, nos frappes touchaient leurs cibles et occasionnaient des jets de sang extraordinaires qui tapissaient le plancher autour de nous. Il aurait été impossible pour un individu lambda de suivre nos mouvements tant nous étions rapides. Alors que nos lames ricochèrent une énième fois l’une sur l’autre, Hedda shoota violemment dans mes boules.

- « GWAAAAAAAAAAAAAAAH ! »

La douleur qui irradia mon bas ventre et mes reins me poussa à former un poing de ma main de libre pour lui foutre une bonne droite qui lui arracha deux ou trois dents. Hedda hurla elle aussi et nous reculâmes au même moment, haletants et plus que jamais crevés. Nos corps étaient à bout. Nos esprits aussi. Tout n’était que sang, sueurs et souffrances. Mon dernier combat aussi intense remontait à quatre mois. Contre le grand vizir du royaume de je sais plus où, aux côtés d’une certaine Elizabeth. La même à cause de qui des navires avaient attaqué ce train. Tu parles d’une malchance. Le destin était plus qu’un farceur : C’était carrément un connard ! J’eus un petit sourire avant de me redresser. Hedda fit de même. Nos chairs étaient trop éprouvées pour continuer un tel combat. Gagner à l’usure, c’était juste plus possible ni pour elle, ni pour moi. J’eus une petite toux, avant d’adopter une position de combat fixe malgré le déchainement de la tempête autour de nous : « Finissons-en, Hedda. En un coup. » La jeune femme eut un regard pour son roi qui se frottait à la Cipher pol, puis finit par acquiescer. J’eus un sourire. C’était bien la première fois qu’elle était d’accord avec moi. Elle aussi opta pour une position qui lui permettait de me faire face et nous bougeâmes nos sabres au même moment. Ah… Elle optait également pour ça hein… Pas mal pour une gamine…

Le vent se condensa doucement autour de nos épées. Nous restâmes immobiles pendant une bonne dizaine de secondes, yeux dans les yeux ; puis nous bougeâmes simultanément, encore une fois, pour mimer un grand mouvement de coupe dans le vide, Lesdits mouvements relâchèrent l’air accumulé et comprimé autour de nos lames sous formes de gigantesques ondes tranchantes destructrices. La collision des deux entités provoqua un choc sourd et complètement dévastateur. Alors que tous les signes de cette ultime confrontation nous menait à un match nul, la gigantesque lame d’air d’Hedda connut un déclin et fut aussitôt happée par la mienne, qui continua son chemin et bousilla tout sur son passage. La moitié du pont avait été carrément soufflé. Après cette déferlante digne des Dieux, le calme revint et laissa place à un dénouement sans appel : Je l’avais vaincu. Mais je dus reconnaitre une chose : Hedda était exceptionnelle. Alors que j’étais tombé à genoux, totalement vidé de toutes mes forces et réserves, elle était debout. Elle avait perdu ses deux bras et l’une de ses jambes, mais tenait sur l’autre. On aurait pu croire qu’elle pouvait bouger, mais non. Une grosse partie de sa poitrine et de son ventre avait été arraché, le cœur avec. Sa mort était inévitable. Une larme roula le long de sa joue gauche, avant qu’elle ne remue ses lèvres pour murmurer quelque chose.

Les couleurs désertèrent son corps haché menu.

L’éclat de ses yeux finit par se ternir.

Puis son corps bascula à l’eau, sans un bruit.

Hedda n’était plus.

- « Dire que tu aurais pu réussir à contrer totalement mon attaque… Jusqu’au bout, tu auras été magnifique… »

J’eus un petit sourire. Le pouvoir de l’amour transcendait l’humain peu importe la nature de ses motivations.

Oui… J’avais pu entendre ses derniers mots grâce au haki. Forts. Puissants. Adressé à son bien aimé. Et d’une sincérité émouvante :

- « Je t’aime Edwald. »
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Délaissant ses airs de toutou docile et d'aristocrate, le roi s'acharne à me mitrailler de coups d'épée sans relâche, hurlant en même temps pour faire bonne figure. Déchaîné, sa force brute vient provoquer des étincelles lorsque nos sabres s'entrechoquent et son harcèlement me pousse à reculer et reculer... jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que le vide derrière moi. Acculée contre le bastingage, les intentions de l'ennemi sont désormais claires : me faire connaître le destin de Larson. Cependant mon mantra m'informe que le chef d'équipe n'a pas encore abandonné la partie et que son "aura" s'accroche à la balustrade du navire. Déjà il se hisse à nouveau à bord par l'unique force de ses bras et franchit soudainement la barrière. Mais pour en revenir à ma situation précaire : je n'ai plus le temps d'attendre l'intervention de mon partenaire. Le derrière collé à la rambarde, je m'évertue à parer les coups aussi rapidement que je peux les discerner. Des fois je peux entrevoir de futurs mouvements mais la vitesse d'exécution d'Edwald me contraint à ne pas pouvoir m'y dérober, simplement contrecarrer sa lame systématiquement pour que celle-ci ne vienne pas me couper plus qu'elle ne l'a déjà fait. Même si je m'étais dépêtrée pour ne pas subir de coup mortel ou trop handicapant, j'avais nombre de fois été obligée de sacrifier quelques morceaux de peau et de chair lorsque la longue cane était venue m'entailler les bras et les jambes. Pissant le sang par tous les membres, je devais ressembler à un sac de viande.

- TU... VAS... CRE...VER OUI !! gueule le pirate tout en martelant chaque syllabe avec un coup précis.

Mes muscles endoloris commencent à fatiguer mais mes jambes ne peuvent désormais plus suivre la pression des assauts répétés. Et au moment où je me sens en train de tomber, une puissante lame d'air vient échouer aux pieds de mon agresseur et l'oblige à esquiver maladroitement, ce qui me permet de me dégager brusquement. Un coup de mon camarade qui, apparemment aux mains avec une horde de nains, avait tout de même trouvé un temps pour m'aider du mieux qu'il avait pu. Gesticulant et bataillant aussi hasardeusement que Larson, les quatre petits soldats arrivaient à lui tenir tête non pas grâce à leur force, mais grâce à l'excentricité de leurs coups et leurs stratégies qui se concentraient sur un seul et même point : la gêne. Des espèces de marmots, de petits chiens turbulents, qui quand ils le pouvaient, sautaient sur un espace découvert et se prenaient aussitôt une mandale, mais ne cessaient jamais de se redresser. Ce bref instant de répit au cours duquel je peux reculer vers le mât près duquel luttent les deux forces de la nature, j'ai nommé Fenyang et son antagoniste à la poitrine généreuse, me permet d'admirer la force de leurs échanges jusqu'au moment où une sorte d'aura invisible se propage autour de la jeune femme et me fouette brusquement le visage. Soudainement migraineuse et hagarde, je ne prête donc plus attention aux mouvements de mon adversaire qui court dans ma direction. Juste : que vient-il de se passer ?

- REVIENS PAR ICI, TU ES MA PROIE ! tempête le roi tout en tenant horizontalement son sceptre pour essayer de m'embrocher avec.

Légèrement abrutie, je me retrouver à zigzaguer entre les coups d'estocs, à la fois grâce à mon Haki mais aussi grâce à un Kami-E instinctif qui me donne la souplesse d'une feuille de papier. Chose qui achève d'énerver davantage le blondin qui conclue donc son enchaînement par un balayage du tranchant de la lame au niveau de mon cou, que j'esquive au dernière moment.

- TU VAS LA FERMER OUI OU MERDE ?! fais-je, dépassée par mes émotions, tout en contre-attaquant brusquement d'un revers du Ninjatou dans le visage du gaillard pour l'affliger d'une nouvelle balafre.

A nouveau prostré par l'attaque portée à son divin faciès, cette fois-ci je ne me fais pas prier pour profiter de l'état végétatif de mon ennemi. Enchaînant à mon tour les coups tranchants intempestifs, parfois ponctués d'estocs qui viennent repousser mon adversaire, je finis à mon tour par le bloquer au bord du navire.

- Bouhouhou, mon si beau visage...

- FERME LAAAAAAAAAAAAA !! terminé-je tout en bloquant ma lame contre la sienne et en me servant de ma main libre pour lui envoyer un vilain crochet du droit dans la joue. TIENS GROS JUGON DANS TA GUEULE LA !!

Le coup fait l'effet d'un boulet de canon, aplatissant brutalement la tempe de l'ennemi pour envoyer son joli minois bouffer le plancher à ma droite, à quelques mètres du combat de Fenyang qui semble toucher à sa fin au vu de la concentration et de la détermination dont font preuve les deux belligérants. A l'opposé, Larson semble enfin s'en tirer avec les petits teigneux qu'il maîtrise et liquide un par un, préférant visiblement les envoyer dans les bras de Morphée plutôt que de les tuer. Un choix qui lui appartient. Bouclant mon observation, je finis de m'approcher du corps galvaudé du roi qui peine à se remettre debout et essaye donc de se déplacer en rampant en direction de sa reine.

- He...dda...

- Reviens par ici, j'en ai pas fini avec toi ! grincé-je des dents tout en retournant l'homme sonné comme une crêpe et en m'appliquant à lui distribuer gratuitement pêches et gnons dans sa face.

Les Jugon s'enchaînent et lui font systématiquement cracher du sang. Puissants et détonateurs, les coups brisent les os des joues de mon adversaire, l'arrête de son nez, fissurent sa mâchoire et lui transforment littéralement son visage en bouillie compacte avant que j'en vienne finalement à m'arrêter, débordée par la fatigue et non plus subjuguée par la hargne et le désir de vengeance. Incapable de dire quoi que ce soit, ce qu'il reste de l'homme beau et sophistiqué de jadis n'est plus qu'une chose infâme qui respire difficilement et crache du sang par bouillons.

Edwald après s'être fait démolir la gueule:

Jetant finalement un coup d’œil à ce vers quoi le jeune homme se précipitait avant que je ne le roue de patates primaires renforcées au Rokushiki, je découvre sous mes yeux une impressionnante tornade spontanée qui déchiquette et tranche violemment le pont principal en deux parties, tumulte au sein duquel se trouvent le vice-amiral et la fameuse Hedda. La bourrasque souffle des courants d'air puissants m'obligeant à porter le bras en protection devant mon visage pour ne pas finir aveuglée par les copeaux de bois qui volent à tout va, propulsés par les vents violents. Finalement le calme revient progressivement, laissant au bord d'un gouffre désormais creusé deux silhouettes que je reconnais bien : celle à genoux, intacte, de Fenyang et celle encore debout mais en lambeaux de la pirate qui lui avait tenu tête jusqu'à présent. La vision est macabre tellement son corps est en morceaux, cependant sa détermination et son désir de se battre jusqu'à son dernier souffle m'arrache malgré moi un soupire d'admiration. Enfin, son corps dépérit pour de bon et vient chuter dans le creux créé par la précédente explosion de lames d'air. Trop faible pour pouvoir lutter, le dernier debout semble à bout de forces, bientôt secouru par mon coéquipier qui vient cueillir son corps avant qu'il ne s'écroule sur la partie du navire en train de couler.

Ramenant mes yeux vers ma victime, je vois parmi les larmes de sang une perle transparente couler juste sous ce qui s'apparente normalement à un œil. La bouche grande ouverte garnie de trous et de dents brisées et le visage tuméfié au point d'en être définitivement défiguré, j'en viens à penser que pour la première fois, le roi ne pleure pas pour ses propres pertes. Mais pour celle de sa reine.

- Échec... et mat. fais-je tout en soulevant le corps mou et faiblement animé de mon opposant pour le hisser sur mon épaule.

En voilà un qui passera le restant de sa vie à regretter d'avoir voulu jouer avec plus fort que lui. Et d'avoir perdu.

***

- Oh bon sang Elizabeth, vous êtes vivante ! Mon dieu, je n'y croyais plus. J'ai eu tellement peur !

Zut, mauvais choix. En voulant échapper au bordel ambiant résultant de notre victoire dans l'ensemble du train, j'avais fini par décider de me réfugier dans la loge du vice-amiral, actuellement inoccupée le temps que celui-ci recouvre des forces dans une voiture aménagée pour le traitement des blessés. Un rapide passage là-bas m'avait octroyé le droit de prendre quelques cachetons contre la douleur ainsi que quelques rubans de gaze enroulés autour de mon tendon et de mon torse pour éviter que je n'aggrave mon cas. Deux côtes fêlées, plusieurs bosses et hématomes sur tout le corps : je pouvais m'estimer heureuse que l'un de mes poumons n'ait pas été perforé. L'idée désormais était donc de récupérer et profiter des drogues et autre antidouleurs que l'on m'avait refilé par poignées. Chose que les ronflements de mon chef d'équipe ne me permettaient pas de faire dans ma propre chambre et qui m'avaient finalement poussée à squatter celle de l'officier de la Marine. Mais c'était sans compter sur la présence de la jeune femme, veillant au grain le retour de son prince charmant et me trouvant à la place avec une expression décomposée sur le visage.

- Je... désolée... besoin de dormir. avais-je mimé tout en m'effondrant sur le lit sans même prêter attention aux balbutiements et autres excuses de l'invitée.

Après tout, l'endroit était désormais sûr. Le train avait repris sa route et n'allait plus faire de halte avant la prochaine station, où des renforts de la Marine viendraient prendre en charge les blessés et mettre en place une cellule psychologique, tout ça. Bref le combat était terminé, elle pouvait s'en aller et moi dormir. Ce que j'avais essayé de lui faire comprendre par quelques grognements gutturaux incompréhensibles. Mais la romancière devait avoir saisi le principal car j'avais entendu ses bruits de pas se rapprocher inexorablement de la porte de la chambre, puis celle-ci s'ouvrir dans un léger grincement sonore, avant que la jeune femme ne s'engouffre dans l’entrebâillement pour finalement ne laisser que sa tête à l'intérieur et me gratifier d'un :

- Vous me raconterez, n'est-ce pas ?

Ce à quoi j'avais répondu par un unique, ultime grommellement.
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