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Dans le port d'Astérion y'a des marins qui meurent

Chassez les habitudes, elles reviennent au galop. Cela va faire un petit moment que je n'ai pas fait d'entraînement. Mon Rokushiki est mou, mes pas brusques et sans souplesse. Néanmoins j'arrive encore à évoluer dans l'obscurité, me faufiler entre les baraques et esquiver les gardes. Je les appâte avec des cailloux, pour les éloigner ou les faire s'approcher. J'en assomme certains et j'en tue d'autres, sans me poser de question. Des pirates, ils sont partout. Ils patrouillent dans les allées et discutent entre eux, sans vraiment être efficace. Pour la plupart, d'autres sont de véritables teignes. Des plus malins qui m'obligent à me fondre dans le décors ou bien à utiliser le Rokushiki. Même un que j'ai dû déstabiliser avec un minuscule tremblement de terre. Pas de quoi ameuter ses copains. Mais finalement m'y voilà.

Pas au pif que je me repère dans le port depuis près d'une heure. Et encore j'ai été rapide. Trente minutes pour atteindre la ville, trente autres pour me faire un chemin jusqu'au plus gros bâtiment, illuminé de toutes parts. Mais surtout : vivant.

Comparée aux Sergentes, j'ai la chance d'avoir une Empathie développée. Et donc de pouvoir entendre les supplications des otages. Dans la grosse bâtisse qui me fait face. Typique de l'architecture du coin : des maisons blanches et beiges avec des toits rouges. Un peu vieilles, elles semblent appartenir à un siècle plutôt ancien. Mais c'est la structure, située au sommet de l'une des collines bordant la baie, qui a su retenir le plus mon attention. De par les lamentations qu'elle laisse s'échapper, en dehors de ses murs épais, mais aussi de par sa taille imposante qui me fait me dire qu'il n'y a pas trente-six prisons possibles. Une déduction qui a probablement su amener les sœurs dans la même direction. Ce qui achève de me convaincre qu'il leur est arrivé quelque chose de mal.

D'ailleurs ici les patrouilles sont plus régulières. Par chance, je ne foule pas le sol, mais les toits environnant, usant du Soru pour me transporter dans l'air de tuiles en tuiles. Une dernière enjambée et me voici désormais sur l'un des balcons du monument affichant en pancarte "Mairie". Une tour qui tient pourtant plus d'une base de la Marine en plein centre-ville. Et pour cause, c'en est une. Ou plutôt était. La fenêtre, un poil ouverte, laisse échapper des bruits du grand hall situé au rez-de-chaussée. Bardé de gardes qui bouclent la pièce de tous les côtés. Sur toutes les entrées. Et veillent au grain pour que rien ne passe.

- Ça sera pas de la tarte.

Pas pour entrer non, ça je peux déjà le faire. Mais pour les faire sortir, eux. Ces hommes, femmes, enfants innocents pris au piège, prisonniers, entassés les uns sur les autres. Et ce depuis des semaines déjà, peut-être des mois. A traîner dans leur pisse, leur merde. Bref, la vision est horrible, je m'en écarte pour prêter attention à autre chose. A des complaintes différentes qui émanent des étages supérieurs. Pas de balcons cette fois-ci, mais des fenêtres avec des supports en pierre assez larges pour pouvoir y tenir debout. Un Geppou, un Kamisori et me voilà deux étages plus haut, guidée par mes sens pour finalement me poser devant la fenêtre la plus proche. Une femme qui hurle, pleure. Un dixième de seconde pour reconnaître la voix arrachée de l'une de mes subalternes. Velours.

Pas de temps à perdre avec les bris de glace ni les bruits occasionnés par la fenêtre réduite en morceaux par un coup de poing fulgurant. J'entre dans le couloir, fais quelque pas jusqu'à la salle dont la porte s'ouvre en fracas, laissant apparaître le visage interrogatif d'un homme avec un bandana. Je me pose pas de question, je frappe et l'envoie direct au tapis. Trois murs plus loin. Puis au tour de son copain, avec son tablier rouge de sang et ses outils de torture dans les mains. J'enrage. Encore plus lorsque je vois le corps de Soie, allongé par terre, inanimé, un trou dans le bide.

- Vous allez me le payer...

Les vociférations n'arrivent même pas à exprimer l'état dans lequel je suis. Celui d'avoir perdu une femme. Une sous-officière que je côtoyais régulièrement. Quelqu'un à qui j'ai appris à tenir, finalement. Alors c'est ça Larson ? C'est ça être chef d'équipe hein ? Tu parles d'un fardeau. Mais je serai pas lâche, je vais accepter la perte. Ça ne me rendra que plus forte lorsque je réduirais les Sunset en charpie. Et c'est le pauvre tortionnaire qui en pâtit le premier. La main posée sur son front, je fais tout bonnement éclater sa tête en la broyant avec mes vibrations sismiques. Un coup qui achève de repeindre la pièce avec des morceaux de cervelle.

- Allez on bouge !

Car les bruits de pas se rapprochent, ils escaladent les escaliers à une vitesse prodigieuse. Et il s'agirait de ne pas gâcher la surprise. En tout cas, de pas trop ébruiter. Pas pour le bâtiment, c'est trop tard désormais. Pour tous les pirates qui s'y trouvent, ils sont déjà morts. En sursis.

La bonne femme est en miettes, penchée au-dessus du cadavre de sa sœur. J'aimerais pouvoir exprimer davantage d'amertume, mais tout ce que je peux faire c'est saisir la dépouille de la Sergente, méchamment mutilée, et la hisser sur mon épaule.

- Elle s'est... snif... sacrifiée...

- Ouais, elle aurait pas accepté qu'on te fasse du mal. Tu le sais. Mais du coup on doit bouger sinon ça aura servi à rien.

Faut encore sauver les civils. Et pour ça, pas de fuite, mais un assassinat minutieux. Un premier homme arrive, sur le pied de guerre. Légèrement encombrée par la pauvre Soie, je mets plus de temps que d'habitude à sortir ma lame. Celle-ci vient pourtant finir sa course dans le torse du bonhomme, trop lent à réagir avec son pistolet à silex. Il y en a partout dans le bâtiment et une dizaine de morts plus tard, l'état d'alerte est donné. Enfin, l'état d'alerte. Un mec qui met trop de temps à crever et rameute les autres salauds du rez-de-chaussée. Et ceux des deux étages supérieurs. Parfait, au moins ils sont tous là. Entre vingt et trente types plus ou moins costauds, plus ou moins farouches mais tous trop proches. Car ils nous enserrent, dans les escaliers. D'un côté et de l'autre, persuadés d'avoir l'ascendant. Deux groupes. C'est con d'être aussi collés.

- Jishin Kenpo, Shigan.

Un premier doigt vient frapper l'air d'un côté, un second de l'autre. Un type éclate même de rire en pensant que ça ne sert à rien. Que nenni, car le voilà bientôt brutalement expulsé, avec les débris des deux murs latéraux et les morceaux de ses potes. Réduits en miettes spontanément.

- Surtout, tu restes près de moi. informé-je ma subalterne, incompréhensive face à la force déployée.

Tant pis pour la sobriété et la discrétion, de toute manière l'opération de sauvetage est un échec. Dieu soit loué, ils ont été assez idiots pour laisser les otages sans surveillance et ne même pas en abattre un seul. Je débarque donc dans le hall et fais passer le message, zigouillant au passage les deux trois gusses qui n'ont pas suivi leurs camarades dans la cage d'escalier.

- Nous sommes de la Marine. Nous sommes venues nous sauver. Suivez-nous sans faire d'histoire ni plus de bruit. Nous allons vous ramener à la maison.

Déjà les portes s'ouvrent depuis l'extérieur sans que ça soit de notre fait. En réalité les patrouilleurs qui se demandent bien ce que ce peut être ce bordel, tombant directement sur les sbires proprement décapités par ma lame qui vole déjà dans leur direction. Ils sont trois. Deux. Un. Mais n'ont pas fait le poids visiblement. D'autres arrivent, courant en direction de la Mairie. C'est le moment où jamais. La grande entrée est libre, mais la petite par derrière semble plus judicieuse.

- Velours, je vous laisse vous en occuper. Je sais que c'est difficile, mais vous devez vous en charger. Je vais faire diversion. Il y a un bois pas loin par lequel vous pouvez vous enfuir. Et semer d'éventuels poursuivants.

La jeune femme hoche la tête et regarde la foule. Celle-ci est coi. Dégage une odeur nauséabonde et affiche une bonne centaine de visages couverts de crasse. C'est peu, beaucoup ont déjà dû mourir lors de l'attaque. Mais la perspective de s'échapper semble faire naître dans leur regards une lueur d'espoir. Cette lueur qu'a malencontreusement perdue la jeune sœur, laissée orpheline de la plus grande. Je lui donne une petite tape dans le dos, aussi bien pour la réveiller que pour faire montre de compassion. Je suis pas trop douée pour ces choses là. Mais au moins elle comprend qu'elle doit bouger.

- Ah euh... oui... Tout de suite ma Lieutenante-Colonelle.

Ça y est, ils arrivent presque. A nouveau aux portes, les sentinelles. Je la presse donc de s'activer, de faire se bouger la foule, tandis que mon bras vient s'allonger une nouvelle fois, anticipant un Soru qui me propulse à l'extérieur. Essoufflée par les enchaînements aussi rapides que puissants, je débarque sur la place qui borde la tour. Une trentaine de gars m'y attendent. Mais j'ai promis de faire diversion alors...

- Kaishin.

Coup de talon sismique qui vient briser la croute terrestre. La faire s'élever, se surélever. Sur plusieurs bonnes centaines de mètres, brisant nettes les structures autour de moi. Mais bien mesurées pour épargner la Mairie au possible. Juste son toit qui s'écroule quand les maisons alentour disparaissent sous terre, happées par des crevasses à ciel ouvert. Le coin a l'air fragile et creux. Une mauvaise chose aussi pour les gardes qui disparaissent avec la dizaine d'habitations englouties et retournées. Mais ça c'est pas grave, de nouveaux arrivent. Inutile d'attendre plus longtemps. Velours s'échappe avec les civils, quasiment hors de danger si elle fait bien son boulot. Les pirates sont au courant qu'il y a un truc louche qui les attaque. Mais pas de ma stratégie en "sandwich" qui les attend.

Je sors donc mon escargophone.

Et je donne l'assaut.


Dernière édition par Annabelette Sweetsong le Jeu 25 Aoû 2016 - 14:06, édité 1 fois
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Attendre, ça fait aussi partie du devoir d'un bon marin. Mais pas seulement, être prêt pour le moment fatidique où l'assaut sera ordonné et s'assurer de rempli les ordres donnés en attendant. Pour nous, c'est rester discret tout simplement. Le demi-millier de marins qui nous accompagne sont aux aguets, maintenant qu'ils ont étés secouée et remit sur le droit chemin, ils se comportent comme il le faut et on l'attend d'un militaire.

La tension va en crescendo, chaque instant qui passe nous amène vers une lutte inévitable, avec l'espoir que la mission de Soie et Velours est réussies et que les civils ne risquent pas d'être pris dans un feu croisé. Attendre est frustrant, stressant, mais c'est un mal nécessaire don, je m'acquitte mal dans l'immédiat. Tremblant très légèrement, pourtant ce n'est pas mon premier combat, mais c'est le premier ou autant de vie dépend directement de mes ordres et de ma sagacité. Une erreur coûterait trop cher, je ne peux pas me le permettre, comme avant je ne pouvais pas me permettre de me laisser aller, mais c'est le rôle du supérieur d'être digne de la confiance et la dévotion de ceux qui le suivent.

Alors que notre attention est à son comble, ne pouvant pas laisser échapper le moindre détail pouvant faire la différence, que nous effectuons la rotation de la surveillance, un détail semble interpeller une des personnes qui vient de prendre son poste.

"Commandante, il y a des reflets lumineux qui proviennent de la direction sud, sud-est."

Zut, est-ce que ça pourrait être des éclaireurs ? Si je bouge, on va se faire repérer, mais on l'est peut-être déjà. Je ne peux pas prendre le risque de ne pas savoir, je prends délicatement l'homme qui porte une des longues-vues et tend mon bras en l'ait tout en étant allongée pour qu'il puisse mieux voir.

"Des sentinelles, ils nous ont repérés !"

S'ils ont le temps de donner notre position, non seulement le plan tombe à l'eau, mais c'est les civils qui vont en pâtir, on n'a pas le temps de trop réfléchir.

"Premier peloton prenez les par le sud, le second par l'est, le troisième s'assure qu'ils ne nous contournent pas pendant que je vais tenter de leur faire peur en allant vers eux, histoire qu'il ne prennent pas le temps de faire un appel par escargophone."

Devoir foncer sur un groupe de pirate à quatre pattes est loin d'être glorieux ou pratique, mais si je me lève, on pourra me voir depuis la ville. On agit donc comme je l'ai commandée et même si on a la chance qu'ils aient eu trop peur pour effectuer un appel ou un signe particulier, ils ont eu la réaction la plus logique... Ils sont partis en arrière. J'affecte un peloton à leur poursuite et les deux autres se remettent en position. Je ne peux qu'attendre la suite. Finalement, je reçois un appel via la Noirvoyante une demi-heure plus tard. Grâce au surnombre ils les ont capturés sans subir de perte. Une douzaine d'hommes vont les garder captifs près du mur, ce sera des troupes en moins, mais on ne peut pas laisser des prisonniers seuls et encore moins compromettre l'opération.

Je ne peux pas m'empêcher de penser à ce qui serait arrivé si ça n'avait pas fonctionné ou si un de ces monstres de puissance avait était dans le groupe de patrouille pirate... Je vais devoir accepter que mon rôle créera des situations où il n'y a pas de bonnes réponses, mais surtout devoir m'entretenir et apprendre d'autre officier pour comprendre ce que mon rôle incombe. Même si c'est un grade temporaire, je suis sûre qu'un jour cela ne le sera pas et j'aurais toujours besoin de ce savoir.

Finalement l'appel arrive,il est temps de lancer l'assaut. La stratégie est simple, le sandwich n'en serait pas réellement un, ni même un étau, cela va être un encerclement propre et sans bavure. C'est la raison pour laquelle j'ai séparé mes troupes en trois pelotons. Je vais suivre le premier vers le sud de la ville, le second ira droit vers l'est de Port-aux-rois et le dernier va soutenir les troupes de notre commandante et de la 346ème en les rejoignant au nord. La seule direction qui n'est pas couverte est le front de mer ce qui ne laisse que peu de possibilités pour les pirates pour se replier.

"52ème de la marine. Vous connaissez le plan, n'oubliez pas de privilégier la sécurité d'éventuels civils qui n'auraient pas eu le temps d'évacuer et surtout de rester à couvert. Un bon marin est celui qui sert son drapeau de manière prudente, pas celui qui meurt bêtement dessous en jouant au héros !"

L'assaut est lancé, d'abord lentement, puis une charge le temps d'atteindre la ville et d'y trouver des positions favorables. Un encerclement lent, méthodique et qui a pour but de pousser petit à petit les pirates, soit vers la mer, soit à rester sur place et se faire doucement, mais surement encercler. Il faut profiter du nombre pour pousser les criminels à l'erreur, puis les écraser comme de vulgaires insectes pour le bien du plus grand nombre. Malheureusement, le fait qu'il y a beaucoup de personnes impliquées d'un côté comme de l'autre fait que les victimes commencent à être nombreuses... Le seul point positif à cela c'est qu'il n'y a pas de civil parmi celles-ci. Rue après rue, la marine avance, et ce, jusqu'à un événement à la fois impressionnant et à la limite de l'irréel... Un tsunami géant emportant avec lui la seule chance que les pirates avaient de fuir, les obligeant à une lutte pour leur survie. Mais comme toute catastrophe naturelle, cette vague géante à emporté e manière impartial autant des pirates que de bons marins, j'ai limité au maximum possible les pertes de mon côté en me servant de mon corps comme d'une digue improvisée, j'ai à peine eu le temps de déposer la Noirvoyante sur un toit avant de me jeter à terre. La tactique du cachalot échoué est parfois nécessaire...
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Le combat bat son plein mais mon attention est ailleurs. Elle accompagne la troupe de civils menée par la Sergente, sortant enfin de la ville. Indemne ou presque. Enfin.

En parallèle, l'étau se resserre et les pirates sont pris en embuscades. Attaqués de toutes parts. Vasilieva et la 346ème à l'ouest, Konsho et la 52ème, sur trois autres positions, venant du nord-est. Et puis moi au centre, Je me fraye un chemin en direction des quais où se trouvent les navires pirates. Tant pis pour le paysage et la jolie petite ville, mais la priorité est ailleurs. Et comme autour de moi il n'y a que des adversaires, je libère mon pouvoir au point de rendre les vibrations palpables. Autour de moi, dans mon sillon et devant moi. Sous la puissance dévastatrice, le sol se craquèle et les murs s'effondrent. Les balles rencontrent l'air vibrant et chutent. Et, plus loin, les eaux se soulèvent pour former des vagues menaçantes devenant progressivement plus grosses, plus violentes.

A l'instar des constructions en bois et en briques, les hommes qui cherchent encore à me faire face sont balayés comme des fétus de paille. Les plus téméraires viennent tenter des estocs et des coups bas. Mais je contre ou esquive systématiquement avec ma lame, mon Haki, mon Rokushiki. Indétrônable, je finis ma chevauchée sismique sur les quais, traînant derrière moi un paysage dévasté avec la perte de déjà plusieurs centaines d'hommes. Entre l'attaque de la Mairie et les différents affrontements qui ont eu lieu. Et désormais les navires, devant moi, qui semblent presque vulnérables ? Presque ?

- Kaishin !

Un nouveau coup part et vient trouer l'air. L'eau semble fuir, s'évader du port, reculer en direction du large. Laissant dans sa déroute des poissons dépossédés, gesticulant inutilement dans les fonds portuaires et marins. Une centaine de mètres, peut-être plus, pour que le rouleau se forme finalement et entreprenne le voyage retour. Un tsunami haut d'une dizaine de mètres qui vient fracturer les pontons, briser les navires accostés et inonder les maisons. Emporter avec lui les corps inconscients des pirates... mais aussi de quelques pertes collatérales. Perchée sur un toit, j'observe le spectacle, silencieuse. Véritable cavalier de l'apocalypse. Pour ces bandits des mers surtout, ces hommes qui ne méritent rien de plus que de finir au fond des eaux qui les ont portés. Les pirates.

De mon perchoir j'ai une vue panoramique complète. Face à la mer, dos à la 52ème. Et sur ma gauche, la 346ème. Les balles vont bon train et les ordres aussi, puisque les pirates s'amassent visiblement en hâte et en désordre autour de leurs supérieurs. Enfin, une bonne femme à la peau tannée tenant un gros bâton dont elle se sert pour regrouper ses hommes. Et les entraîner au combat. Puis un autre type borgne qui se la joue plus solo et peine davantage à diriger ses sbires. Grâce à leurs primes et aux infos du Colonel, je peux les reconnaître. Respectivement Chan Delierre et Borat Borat, les seconds des Pirates de la Bougie et des... Cipher Pirates. Mais où sont donc leurs capitaines ?

Mon regard continue de fouiller l'horizon, tandis que les eaux évacuent tranquillement la zone sinistrée. Tous les navires sont pliés, retournés ou brisés. Ceux qu'on a croisé en haute mer et qui ont déjà subi deux pertes. Maintenant de l'armada il ne reste plus rien. Mais c'est surtout l'option de fuite qui disparaît. Plus de navires et Port-aux-Rois encerclé. Les Sunsets vont au devant d'un funeste destin.

Le combat n'est pas gagné pour autant. Une ombre fugace vient me le rappeler. Se fendant d'un :

- Shigan.

Rapide, furtif, le coup semble provenir de nul part. Le murmure accompagne le sifflement dans l'air de l'attaque. Une technique de Rokushiki que mon Kami-E parvient à esquiver au-dernier moment. Évitant un contact mortel avec le derrière de mon crâne. Une attaque dans le dos, une technique d'agent secret. Ça ne peut être que...

- Soru.

- Rankyaku !

Oh non, elle ne m'échappera pas comme ça. La capitaine des Cipher Pirates, toute jeune. Enfantine, Peach Anli. Sa chevelure rousse flotte au vent, son tailleur la fond dans le décors nocturne. Sa vitesse est vertigineuse, mais sa trajectoire est prévisible. Et son point de chute tout autant. Mon coup vient alors lui couper l'herbe sous le pied, brisant la surface du toit en tuiles sur laquelle elle escomptait atterrir. Raté. Les ardoises disparaissent aussi bien que la jeune femme. Très jeune femme. Déséquilibrée par l'attaque, qui ne se reprend d'un Geppou que trop tard. Un Kamisori pour la rejoindre, un Jugon pour l'accueillir. Arrêtée à mi-chemin par une technique similaire, l'agente vient faire front. Et non plus fuir. Avec son doigt pistolet tendu, mais aussi un... pinceau ?

Nos deux élans se confrontent alors dans un contact brutal et mon attaque la transperce presque. Enfin, c'est ce que je pense avant de remarquer que mon poing n'a pas atteint sa cible. Mais plutôt un pan du mur derrière, vaguement peint en rouge. Irrémédiablement attiré par la couleur écarlate. Et une lame d'air pour me cueillir dans mon estoc à la place. Pour m'envoyer bouler au loin et finir ma course dans un tas de caisses pleines de flotte à cause du tsunami. Le ventre tailladé, nervuré de coupures peu profondes, je coule.

Merde.

Légèrement sonnée mais grossièrement incapable, mon énergie est comme aspirée par l'eau des caisses dans laquelle je baigne aux trois quarts. Fichtre, pas le moment pour répéter cette expérience. Comme la fois où j'ai voulu prendre un bain au palais de Strong Town. Sale expérience. Heureusement le bois ne tarde pas à céder sous le poids de mon corps en plus du précédent choc. Écoulant des litres et des litres, je me découvre néanmoins vulnérable, avec la chasseuse de Cipher Pol qui me fond dessus. Pas le choix, je tends ma main droite et je déploie un Tekkai faiblard qui vient limiter son coup.

Un Shigan qui me transperce le bras, qui le fend du cœur de la paume jusqu'à l'avant-bras et me laisse pantoise. Autant que l'ennemie qui découvre ma prothèse. Pourtant le poing naturel n'est pas loin. Lui aussi incertain, il vient dans tous les cas percuter la peintre, agenouillée au-dessus de moi, en plein abdomen. La menace écartée, je peux alors me redresser fébrilement, sans pouvoir faire appel à mon bras mutilé. Comme d'habitude. A quoi bon avoir une prothèse en métal si celle-ci ne sert pas à atténuer les coups ? Néanmoins, le fait qu'elle soit fendue me permet toujours de l'utiliser. Juste perdre des bouts et avoir une sensation désagréable dans le coude, mais on fait avec.

Au tour de la gamine d'être à moitié sonnée. Manque de bol, son crâne a rencontré l'angle d'un mur lors du vol plané. Et ses pas lents et sa démarche boiteuse l'emmènent inexorablement vers les quais encore inondés. Il ne manque plus qu'un coup. Un seul. Pour l'achever.

Quand un obstacle se dresse soudainement sur ma route.
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L'eau se retire, lentement,mais une chose reste et cette chose c'est moi. Je crache de l'eau salée, j'ai mal partout et à des endroits d'on je n'imaginais même pas l'existence... Je n'ai jamais fait de cours d'anatomie, donc je ne pourrais pas les nommer. Je respire à nouveau, une respiration tremblante et sifflante. J'observe autour de moi en espérant que mon action, qui manquait peut-être un chouia de réflexion, a eu un quelconque impact. La réponse, c'est que je n'en sais rien et que je dois me ressaisir. Je me relève lentement, prenant appui sur le bâtiment le plus proche en toussant.

Mon fusil est foutu, avec toute la flotte qu'il a prise et je n'aurais pas le temps de m'assurer qu'il ne va pas m'exploser à la figure. Je suis debout, mon arme à la main qui maintenant n'est gère plus qu'un gourdin sophistiqué et l'esprit qui essaye de s'en remettre. Une fois debout, je lance des ordres ici et là pour m'assurer que mes hommes ne soit pas perturbés aussi, si ce n'est plus longtemps que je ne l'ai été par cet incident. Décidément, si même mère nature fait tout pour nous punir, on ne va pas s'en sortir. Ils sont secoués, on l'est tous et a raison, pourtant on n'a pas le droit à la faiblesse et plus ou moins lentement on se remet en marche, passant pour eux de couvert en couvert.

Pour ma part, je reçois ma grêle de plomb habituel. Un village n'offre pas tant de couvertures que ça, ni même un grand port, surtout quand on fait douze bons mètres de haut. L'avantage, c'est que tout ce qui m'arrive douloureusement dessus n'est pas destiné à mes hommes. Pourtant on avance, petit à petit, on n'a pas le choix et pour le moment je n'en pas dans la poire plus qu'habituellement, enfin ça s'était jusqu'à un certain moment en particulier. Ce moment survient quand je passe à côté d'une bâtisse, je suis certaine d'avoir vu un homme avec un costume... Le genre de costumes que portent les agents du gouvernement ou certains riches civils. Cela avant qu'il ne disparaisse aussi vite qu'il est apparu.

J'inspecte la bâtisse, rien... Jusqu'au moment où je sens une chose sur mon épaule, le temps de tourner la tête, le personnage qui porte un cache-oeil m'assène une sorte de coup étrange. Il a donné un coup de pied et pourtant, sans que celui-ci ne me touche directement... Il vient de me trancher la joue en y faisant une balafre et la violence du coup me projette sur le côté. Je tombe alors droit sur une maison, comme si la direction de la projection était préméditée... Une maison avec un beau toit a deux versants sur lequel je me fracasse en faisant une belle blessure à l'arrière de l'épaule qui fut le premier endroit à rencontrer la construction. Je me relève et mets ma main au niveau de mon visage pour y sentir une belle coulée de sang, je ne sais pas qui c'est et comment il l'a fait, mais il ne m'a pas raté.

Je le vois apparaitre derrière une autre bâtisse, j'essaye de le rejoindre, fusil de nouveau en main, mais rien... Enfin, c'était le cas jusqu'à que ce sente de nouveau une vive douleur au niveau de l'articulation à l'arrière de genoux. Prise par surprise et par la douleur, je tombe encore, ce qui devient vraiment une sale habitude, ça et les blessures ouvertes qu'il commence à multiplier sur mon corps. Il marche calmement, je suis au sol la tête sur le côté et je le vois, marchant calmement les mains dans les poches. Je ne suis pas, à aucun moment une source de danger pour lui, pas plus que la dizaine de marins qu'il vient d'exécuter sans suer une seule goutte ou même tacher ses habits. Du sang, partout, tout autour, le rouge se repend... Dans un geste désespéré, je tente de l'écraser avec une main, j'étais sûre qu'il était encore au point d'impact, mais je n'ai rien senti... Non, par contre je sens bien ma joue et ma jambe et le sang qui coule dessus.

Certains son puissant, d'autre comme moi son juste grand... J'avais déjà entendu des humains dire que ce n'est pas la taille qui compte, c'est seulement aujourd'hui que je comprends ce qu'ils voulaient dire. Il n'est ni grand ni costaud et pourtant c'est une sorte de fantôme invulnérable qui déverse la mort à chacune de ses venues. Une apparition après l'autre, alors que j'essaye de me relever en utilisant mon arme de fonction comme une béquille. Comme pour m'interdire tout espoir de contre-attaque, un coup qui fend mon ventre bien que la blessure ne soit pas aussi profonde que je le craignais m'a envoyé retrouver le plancher des vaches. Alors que plus de la moitié des hommes de mon groupe sont morts ou disparus, entre les pirates, la vague et l'homme... De véritables ravages et l'un des responsables est debout, un petit sourire narquois sur le visage sur ma poitrine. Mon cœur bat fort, qui serait assez stupide pour ne pas avoir peur dans ce genre de situation ? Mais la peur ne doit pas me contrôler, je dois me tenir, je dois... Je... Il arme son pied, les mains dans les poches, est-ce la fin ? Si c'est le cas, je n'aurai que peu de regrets... J'aurais fait mon possible pour protéger et servir, j'aurais juste espéré le faire plus longtemps.

Mais alors qui se prépare à m'achever, comme l'apparition d'un dieu dans les vieilles pièces de théâtre, il prend un coup d'une matraque en métal... Non un kanabō ? La Noirvoyante... J'en suis réduite à être une demoiselle en détresse... Simple spectatrice du combat qui s'engage. Mais je ne compte pas être inutile, il faut que je bande mes blessures et que je retourne faire ce que je peux faire.
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Un mur noir sorti de nulle part. Il se dresse, me barre la route et continue de bouger. Avançant dans ma direction à une vitesse prodigieuse, sa structure étrange lui permet de résister à un coup de poing. Et m'oblige à reculer prestement. Avant de m'écarter pour l'esquiver finalement et en découvrir sa source.

Un homme, la main tendue, quelques mètres plus loin, projetant une sorte de substance blanche à la fois liquide et solide. Produite par sa peau. Aucun doute, c'est un utilisateur de Fruit du Démon, mais lequel ? En tout cas, son portrait typique, sportif, musclé, aérodynamique. Sa sculpture athlétique faite pour l'endurance et la vitesse trahissent son identité. C'est le second capitaine. L'un de ceux de la troisième flotte des Sunsets, dans la catégorie des élites. Rickon Dolstick.

- Bats-toi contre des adversaires à ta taille. tonne le bonhomme.

Présomptueux le gamin, mais c'est vrai que mon poing gauche se souvient encore de l'étonnante solidité de son mur. Que ma réflexion me pousse à considérer comme recouvert de Haki. Une idée qui me trotte dans la tête. Si oui, alors le combat risque de s'avérer assez difficile.

Une bonne chose au moins, l'autre Capitaine semble avoir pris la tangente en direction de l'un des champs de bataille. Celui de la 346ème, renforcée par un bataillon de la 52ème. Espérons que ça soit assez.

Un second regard me terrifie d'ailleurs, voyant la géante s'effondrer tête la première contre le dénommé Borat. Éclatée en quelques coups, je la pensais plus forte au vu de sa taille. Je me suis peut-être trop avancée. Mais en tout cas, il semblerait que mon adversaire du moment n'apprécie pas trop mes petites œillades furtives. Et il ne perd pas l'occasion de me le rappeler. Profitant de mon ataraxie pour engager un nouvel échange.

- Qu'est-ce que tu regardes ? C'est ici que ça se passe !

Il ne peut pas comprendre. Il n'est qu'un pirate. Un homme avide de pouvoir, de richesses, à la tête d'une horde de hors-la-loi aussi détestables que remplaçables. Comment pourrait-il s'attacher à ses subordonnés, dans ce cas ? Des criminels, je suis même enthousiaste à ne pas leur attribuer une âme. Comme la mienne, que j'ai perdu depuis longtemps. Mais pour la bonne cause. Pas pour marchander avec le diable.

J'esquive un coup porté bas, puis un autre porté haut. Les mains de mon adversaire semblent enrobées d'une substance blanche en forme de gants de boxe. Et, comme je le soupçonnais, surmontées d'une couche métallique sombre bien reconnaissable, du Haki. Les coups sont précis mais rencontrent systématiquement mon Kami-E, qui l'est encore plus. Par chance, car je peux entendre les détonations des mouvements transperçant l'air près de mes oreilles. Un seul de ceux-là pourrait me faire manger la poussière.

Enfin, je dois me dégager de ce guêpier, l'homme a l'ascendant et je n'ai aucune occasion de contre-attaquer.

- Soru. m'écarté-je avant de revenir à la charge. Jugon !

Un simple coup de Rokushiki pour commencer, histoire de conserver des forces. Pas sombrer dans la consommation énergivore du Jishin Kenpou. Enfin, on verra pour la suite. Mais pour l'instant je balance un revers du gauche aussitôt paré par l'un des poings... qui s'est transformé en bouclier ! Néanmoins le Haki n'a pas pu suivre aussi rapidement que la matière blanche, qui s'effrite au contact et, vu la texture, semble être de la cire. Alors c'est ça ? Pas le choix, je vais donc devoir redoubler d'effort pour percer cette armure. Une définition qui prend tout son sens lorsque, au cours d'une seconde attaque, avec mon poing droit endommage cette fois-ci, c'est le visage du gusse qui se recouvre de cire. Adoptant la forme de la visière d'un casque. Bien de parer, mais grossière erreur de ne pas chercher à esquiver.

- Kabutowari !

Le poing gronde. Autant que des vibrations peuvent gronder en explosant comme un feu d'artifice autour de l'épicentre qu'est ma main. Enveloppée d'un halo bleuâtre. Enfin, le phénomène habituel résultant de la condensation des ondes. Qui se libèrent brutalement et viennent provoquer un trauma crânien à l'ennemi, expulsé brusquement plus loin, colporté par un violent souffle, une détonation invisible faite d'ondes sismiques. Typiquement, la sensation de se prendre une avalanche invisible sur le coin de la figure.

Une douleur non-simulée par la blessure qui vient épandre du sang sur le visage du bonhomme, depuis la fracture ouverte faite sous son crâne chevelu.

- Gghh...

Le pirate marmonne dans sa barbe tout en se relevant difficilement. Maugréant la douleur qui lui tenaille le crâne. Cette douleur sourde qu'il maîtrise néanmoins, quand il arrive à prestement se dégager au passage d'une lame d'air balancée dans le même mouvement. Et l'esquiver. Malgré le fait qu'il soit sonné, le gaillard conserve encore des réflexes. Plus que ça, celui-ci arrive d'ailleurs à me surprendre en faisant apparaître hors du sol une dalle en cire qui vient m'emprisonner les pieds. Et deux murs adjacents qui se referment sur moi. Un cercueil bien efficace qui me comprime la poitrine et qui brise mon Tekkai, fortifié une nouvelle fois par ce fichu Haki.

A mon tour de grimacer, même si la cire ne fait pas le poids face aux vibrations qui entourent mon corps. De sorte à ce qu'il soit impossible de m'emprisonner. Progressivement, le Haki s'efface pour laisser place à la structure blanchâtre de la cire. Qui craque et se fend, se faille de haut en bas. Et ce juste avant qu'une flamme ne soit balancée dans ma direction, me permettant d'échapper au brasier qui succède ma fuite. Instantanément.

- Impressionnant ce Fruit du Démon.

La scène est figée. L'un devant l'autre. Les remarques promptes à se faire dans une conversation courte et concise. Goguenarde, je réponds :

- Il va bien plus à la Marine qu'aux pirates.

- Je n'en doute pas une seconde.

Il ironise, je sais bien. Sa langue fourchue venant chercher le sang qui ruissèle sur sa joue est une preuve superbe de son sarcasme. Il se fiche de moi mais n'est pas assez idiot pour me sous-estimer. Et l'un comme l'autre, nous voilà déjà bien mal en point, dans cet instant charnière du combat. Enfin, je possède encore une longueur d'avance sur lui. Mais ses pouvoirs couplés au Haki sont aussi dévastateurs.

Soit il s'agira d'un combat de longue haleine.

Soit tout se décidera dans les prochaines minutes.
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L'avantage, le seul, de la vague précédente et que le sel sur mes blessures m'empêche pour le moment de tomber inconsciente, me prêtant ainsi d'avoir encore l'occasion de servir. Mais inconsciemment, je sens que je suis plus une gêne qu'autre chose. Fut un temps où mes réflexes, mon instant et ma force physique m'auraient permis, sans m'en sortir mieux, de le faire sans être dans cet état, peut-être même de répliquer de manière plus efficace. Mais je ne suis que trop consciente que depuis que j'ai vécu cet incident, que j'ai respirée ce gaz, je ne suis plus simplement faible comparé aux puissants, je suis aussi un boulet. Être une géante est censé avoir quelques avantages, mais face à ce genre d'adversaire ils ne servent à rien.

Je n'intéresse plus l'homme au costume, il a trouvé un adversaire beaucoup plus amusant, mais surtout bien plus dangereux. Autour d'eux, les corps continuent de s'accumuler, je sors lentement un rouleau de bandage et commence à le serrer autour de ma jambe. Puis je fais de même pour mon ventre et ma tête. C'est rudimentaire, ça ne fera pas de miracle, mais sans être médecin c'est bien le maximum que je peux faire, même si c'est certainement inutile. Évidement, ils deviennent vite rouges et à cette allure il y aura bien plus de sang, bien trop de sang à l'extérieur de mon corps plutôt qu'à l'intérieur.

Je suis assise, inutile et impuissante, tout autour des combats font rage. Tous les officiers... Lieutenant ? Les gros pirates... Les Capitaines et leurs seconds ? Peu importe le terme en fait, nos plus puissants adversaires sont déjà confrontés à des membres de la 346ème, les autres, les lambdas dont je fais partie ne peuvent qu'espérer que les combats tournent en notre faveur et faire ce qu'ils peuvent. Me servant de ma béquille qui décidément aura servi à tout sauf à délivrer la justice à coup de plomb, je me lève à nouveau en essayant de me convaincre que je peux encore être utile à quelque chose. Mais c'est impossible, c'est impossible avec mes moyens actuels... Tout ce qu'il me reste, c'est mon corps mutilé et... Mes poires à poudre qui ont plus la forme de baril sont intactes, le contenu sec...

Je ne suis pas du genre à jouer avec les explosifs, mais je ne pense pas avoir de meilleures idées... Dans un combat, le moindre moment d'inattention peut signer la fin, mais le problème d'une diversion, c'est qu'il faut que la personne que ça aide puisse comprendre que c'est le but visé. Je ne sais pas si c'est la chance ou le manque évident de danger que je dégage, mais j'ai eu un trop long moment sans réelle attaque qui me cible. C'est le moment pour risquer le tout pour le tout, une main pour la victoire, une mèche improvisée pour rester en vie, une aide peut-être pour rien...

Je me laisse tombe vers la Lieutenante-Colonelle et son adversaire, je n'ai le temps, ni le luxe de faire des mouvements assez rapides pour agir autrement. Alors que ma main se place entre eux deux, Amanda Holmes est du côté du dos de ma main, son opposant du côté de la paume, mais il n'est pas seul, il y a aussi un récipient de poudre noire allumée suivie d'une explosion. C'était stupide, mais c'est surtout tout ce que je pouvais faire. Si on perd, je perdrai plus qu'une main... J'ai déjà perdu tellement plus en voyant tant de mes camarades tomber au champ d'honneur. Il n'y a pas de nobles sacrifices, il n'y a que des décisions, qu'elles soient bonnes ou non.
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Le sentiment est louable, mais l'effet plutôt dérisoire. Surtout lorsque l'on prend en compte que maintenant je dois protéger ma subordonnée. Qui s'est mise en danger toute seule. Enfin je ne lui en veux pas, ça part d'un bon sentiment. Je sais le reconnaître. Sauf qu'avec la main de la géante qui me bloque le chemin, je suis obligée d'utiliser le Haki pour deviner le cours des choses. L'explosion, le cri de douleur de la jeune femme, mais aussi et surtout...

- Soru !

Un geste bloqué de l'adversaire ou du moins dévié, à deux pas de son visage. Un coup de poing lourd, gigantesque, ciblant directement le joli minoi de la Commandante. Garni d'un gant de boxe immense cette fois-ci et noir de Haki. Un coup comme ça aurait envoyé Konsho au tapis ou même pire. Par chance, mon poing entre en opposition et vient libérer des ondes de choc pour essayer de briser l'arme. Je n'ai pas trente-six solutions, je dois passer au niveau supérieur.

- Jishin Kenpo : Jugon Ouren !

Avec ça, peu de chance que ma prothèse y survive. Mais le bon côté des choses, c'est que la main grotesque du bonhomme semble nécessiter toute sa concentration ou presque. Et que son armure de cire peine à contrer tous mes coups sismiques qui s'y enfoncent, qui la trouent, la brisent et atteignent la chair. Même dans le Haki, qui se tord. Jusqu'à ce que mon bras droit déraille et se détruise complètement sous l'effort.

Sacrifice nécessaire pour cette mêlée qui aura coûté infiniment plus à mon adversaire. Côtes broyées, nez écrasé et l'un des bras en compote. Mais aussi bien en énergie, pour moi. Haletante, les yeux à demi-clos, en sueurs. Je peine à tenir debout. Idéalement, il me faudrait quelques instants pour récupérer. Mais ça, mon opposant ne l'a que trop bien compris. Et une balayette de la jambe vient supprimer mes appuis beaucoup trop incertains, me faisant chuter à terre comme une loque. La faute à la fatigue soudaine et aux étourdissements.

Par chance nous nous sommes pas mal éloignés de la géante, qui a pu se ressaisir. Et fuir tant qu'il en était encore temps. Un handicap en moins, sa présence. Sa protection. Théoriquement je devrais donc avoir l'esprit plus clair et pouvoir rester focus sur l'ennemi. Mais ça n'empêche pas le coup suivant d'arriver et de me compresser violemment les poumons. De me couper la respiration. Un nouveau gant de boxe gigantesque renforcé à l'armement qui me fait bouffer les pissenlits par la racine. Façon de parler, juste histoire de dire qu'il m'envoie six pieds sous terre. Littéralement.

- On fait moins la maligne maintenant... trône-t-il, fier, surplombant mon corps mutilé.

Enfoncée dans le sol, les plaies ensanglantées, les os brisés, je ne donnerais pas cher de ma peau si j'étais une simple femme. Une Lieutenante-Colonelle de la Marine lambda. Cependant c'est bien sous-estimer ma vigueur. Après tout ce que j'ai vécu, après l'explosion de Bulgemore, après le combat contre Murphys... Finalement, c'est même jouer avec le feu quand on sait que je suis dans mon élément. La terre.

Vulnérable pour un énième coup, je me prépare pourtant pour une contre-attaque magistrale. L'occasion que j'attendais pour renverser la vapeur. Et potentiellement mettre un terme à cette mascarade. Longuement immobile, je décide enfin de me redresser. Assez péniblement. Et de faire face à l'adversaire. Sauf que cette fois-ci, mes doigts sont restés grippés dans quelque chose. Un bon gros pan de la croute terrestre qui s'étend sous les pieds de mon opposant.

- Kaishin !

Aucun doute, aucun scrupule, pas le moindre moment de flottement. Entre les yeux écarquillés du bonhomme et l'ouverture de la gigantesque faille qui vient séparer le sol en deux sous ses pieds, il se déroule un dixième de seconde. Deux ou trois Geppous me permettent de m'écarter d'un tel danger, il n'en est cependant pas de même pour le capitaine des Pirates de la Bougie qui perd appui. Tombe. Et parvient à se raccrocher à la paroi avec un filet de cire. Mais avant qu'il ait pu prendre élan et bondir vers la surface, j'interviens. Brisant ses derniers espoirs. A quelques mètres de là. Le poing braqué en direction du sol. Et à nouveau je répète l'opération. Le tremblement artificiel fissure la terre à une vitesse incommensurable.

Faisant ainsi se détacher le lopin de terre auquel s'accroche le pirate, qui chute.

Le précipice s'ouvre comme une gigantesque bouche. Profond de plusieurs dizaines de mètres. mais surtout inondé de l'eau de mer qui s'y engouffre. Pas de chance de survie pour le capitaine, entraîné par la roche. Et son seul cri de désespoir témoigne de ses dernières secondes de vie. Avant qu'un bruit sourd ne témoigne de sa rencontre avec l'eau, au fond du gouffre.

Pourtant le combat est loin d'être terminé. Pas encore. Il reste un adversaire, que je pensais parti rejoindre ses subalternes. Mais qui en réalité se tapissait dans l'ombre, attendant son moment. C'était sans compter sur mon troisième œil.

- Et toi, tu crois que je ne t'ai pas vue ?

La prémonition parle pour la suite. Je la vois prête à frapper. Le doigt tendu en direction de ma tête, sur le point de me trouer le crâne avec un Shigan. La jeune femme qui se tient dans mon ombre, désireuse de m'achever tandis que je savoure ma victoire. Que j'éponge le sang sur ma joue. Non, le moment est mal choisi, c'est encore trop tôt. C'est sous-estimer ma faiblesse et sur-estimer mes blessures. Ponctuant donc ma phrase qui, je le devine, fait frissonner mon assassine, je fais instantanément volteface. Un Kami-E pour esquiver le coup porté parallèlement. Rapide, mais pas assez.

Malgré la fatigue physique, l'écart de force demeure trop grand entre mon adversaire et moi. Et comme j'ai entamé ce long combat en abattant le premier capitaine, je le termine par le meurtre de la chasseuse de Cipher Pol. Les doigts écartés, la paume brandie, c'est avec un Shigan de la main que je viens enfoncer mes doigts dans son thorax. Traverser la chair, broyer les os sur le chemin. Et en retirer son palpitant encore fumant.

- Espèce de...

Blom.

Deux zéro. Mais pas une victoire parfaite. Le corps douloureux, les muscles en compote et les os brisés, je m'étale comme une crêpe. Quelques minutes, le temps de récupérer. La douleur dans le bras humain, celle dans les vestiges de ma prothèse brisée. Et trois côtes émiettées qui menacent de transpercer mes organes, à vif. Enfin, je quitte les quais. Dévastés, troués, détruits et les corps qui le jonchent. J'enverrai des hommes récupérer les cadavres, je ne suis pas en état de le faire. Tout ce que je peux faire, c'est rejoindre le champ de bataille le plus proche et en finir. Celui de la 346ème.

Le trajet semble aussi long qu'épuisant. Dans mon état, les pas ne peuvent que se succéder, l'un après l'autre, dans un équilibre précoce. Pourtant je fais face et je continue. Les bruits des combats se rapprochent, ma vue n'étant plus aussi limpide qu'avant. Seules mes oreilles servent à me guider désormais.

Sortie de nulle part. Le bras ensanglanté, j'interviens alors. Je bloque le bras de la seconde des Bougies, qui s'apprête à écharper l'une de mes femmes. Le regard vitreux, un filet de sang séché maculant ma bouche. Mais surtout, la sensation d'avoir perdu cette bataille.

Pourtant les scores jouent en notre faveur. Les deux capitaines sont morts et les derniers pirates commencent à bâtir en retraite. Restent quelques irréductibles, le regard froid, qui continuent à massacrer ou vont au devant de leur perte. Je ne peux plus rien faire pour le cadavre de la Lieutenante Kold qui s'étale sous mes yeux. Comme je ne peux plus rien faire pour celui de la Caporale Sparkle. En train de convulser sur un matelas de macchabées. Pertes cruelles pour un combat qui n'est pas le notre. Mais surtout, le sentiment de voir la vie de mes enfants partir en fumée.

Oui c'est ça, des enfants.

- Estime-toi heureuse que je te laisse en vie. grogné-je tout en pliant brutalement le bras de la guerrière.

Brisé en deux, l'os apparent. Elle s'effondre en pleurs, son bâton finissant dans le même état. Je ne me contrôle plus, la douleur m'obscurcit la pensée. Et même la présence de Vasilieva, elle aussi bien amochée mais au moins vivante, ne suffit pas à me rassurer. Une sorte de stress post-traumatique inexplicable, lié à la perte de jeunes recrues. De femmes fortes. Et tout ça pour quoi ? Virer des pirates pour le compte d'un officier, baignant dans le jus de sa transpiration. Encore assis sur sa chaise à profiter de l'air frais qui passe par l’entrebâillement de sa fenêtre ouverte, mais pas trop.

Et pourtant, n'est pas ça, la Marine ?

Qu'en est-il du statut des vénérables étoiles et de celle du Chef des Armées, hein ? A cet instant précis, en voyant les pertes de la 346ème, j'ai envie de tout foutre en l'air. Mais je me retiens, car ce n'est pas dans ma nature de désobéir. Car le GM c'est ma vie, mon devoir et le sale chose qui me donne le pouvoir de continuer à me battre. Sans ces valeurs, sans cette loyauté, je ne suis plus que l'ombre de moi-même.

Alors au lieu de cela je m'agenouille et viens récupérer le corps de la Lieutenante, mortellement blessée à la tête. Plus qu'un subalterne, elle a été une camarade. Une collègue avec qui j'ai partagé des moments. Et une très bonne médecin. Et là voilà désormais atteinte d'une maladie incurable que personne ne peut traiter et qui vient tous nous frapper au moment où on s'attend le moins.

Lentement, les dernières armes tombent à terre. Celle des Marines, celles des forbans. Ceux-ci en infériorité numérique se laissent passer les menottes. Pour certains. D'autres se débattent et finissent avec quelques coups en plus. Dans tous les cas, le combat est terminé.

- Récupérez les blessés. Et nos morts. Nous devons leur fournir une sépulture appropriée.

- Vous avez entendu la Lieutenante-Colonelle ? Alors on s'active ! Allez, au pas de course ! reprend la belle brune.

Inutile de rester plantée là plus longtemps. Le navire est loin, mais un hôpital de campagne est rapidement dressé. Pas par la géante qui, je l'espère, a la situation en main avec la 52ème. Au pire des cas, la Noirvoyante est avec elle et c'est un bon élément. Toutes les femmes de ma division en sont. Celles qui ont survécu aujourd'hui comme celles qui sont tombées.

Puis enfin, c'est Cooper, le visage fermé, le regard sombre, qui vient me délester de ma charge. Me voyant en difficultés pour continuer, elle fait signe à Fosters de me prêter main forte. Et de me prodiguer les premiers soins. Tandis que la Sergente-Cheffe disparaît dans la fumée et la brume nocturne. Cette étrange purée de poix digne des champs de bataille, provoquée par les échanges de poudres. Sa supérieure dans les bras, elle s'éloigne pour lui trouver un endroit où reposer jusqu'à ce qu'on lui creuse une tombe. A elle et aux autres. Moi, ma destination est ailleurs.

Les songes.


Dernière édition par Annabelette Sweetsong le Sam 27 Aoû 2016 - 10:58, édité 1 fois
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L'orgueil, je pensais être au-dessus de ce genre d'erreur, mais ce n'était qu'une preuve supplémentaire de sa présence. J'ai eu l'arrogance de penser que dans un combat de réels Titans, j'aurais pu être d'un quelconque secours, à la place, je me suis mise en avant dans le plus pur des échecs. Par suffisance, j'ai échoué à entreprendre une action condamnée d'avance et sacrifier inutilement une partie de moi, compensation du champ de bataille pour une leçon durement acquise. Et pourtant, comparé à tant d'hommes et de femmes coucher sur le champ de bataille, je m'en sors relativement bien. Après ma fessée donnée par la réalité elle-même, je me retire au moment opportun pour ne pas plus gênée la Lieutenante-colonelle. À quoi bon être grand, a quoi bon être entrainée, a quoi bon s'engager quand d'un revers de la main tous vos efforts son balayé par les puissants pour qui vous n'êtes rien de plus qu'une nuisance passagère au mieux, un grain de poussière porté par le vent de l'impuissance plus certainement.

Alors qu'un gouffre géant se créer dans la ville, à l'image de celui qui sépare le gros des gens de l'élite, de celui qui se forme peu à peu en moi à la vu des tas de cadavres que je n'arrive même plus à totalement éviter en plus des ruines. J'erre entre les décombres, au milieu de tous ceux qui ont failli à survivre à tous ces évènements, que j'ai envoyés à leurs morts pour sauver ceux qui n'auraient jamais dû être en danger à la base. Le tout pour un homme qui mériterait un châtiment exemplaire et qui ne sera jamais inquiété... Pourtant le calme n'est pas encore totalement maître à bord, ici, et là, il reste des pirates qui se font encore capturer ou tuer, mais surtout il reste encore un duel au sommet, un de ceux ou mon intervention ne ferais qu'envenimer les choses.

Pourtant, malgré mes blessures et mon manque de talents, puis-je ou dois-je réellement rester les bras croisés à espérer une issue favorable ? Je le devrai, mais la vanité n'est pas propre aux humains, malgré mon état et mon incapacité à être réellement un atout, j'approche donc des derniers échos de la lutte qui vient d'avoir lieu. La Noirvoyante et l'homme au cache-oeil sont encore au coude-à-coude, si je devais intervenir, je serais encore un poids mort dans la balance n'est-ce pas... Le problème, c'est que cela pourrait la faire pencher dans le mauvais sens. Pourtant malgré ma présence, ils dansent autour, je ne suis pas plus qu'un élément du décor, lent, prévisible et destructible dans le pire des cas...

Avec le temps et les blessures, l'un comme l'autre ont grandement ralenti, ils finiront certainement sur une égalité ou l'équivalent. Il ne reste que la mort comme compagnie qui les caressent de ses effluves nauséabonds, les vivants s'affairent plus loins eux ont compris qu'il y a un gouffre entre le haut et le bas. Ma main noircie par le feu et le sang devrait pourtant être un rappel efficace et pourtant... Ça ou les sangs qui goûtent plus ou moins doucement de mes soins improvisés. À ce moment-là, je suis la géante la plus invisible qui existe sur les océans, pas parce qu'on ne me voit pas, simplement car je pourrais très bien ne pas exister.

Je les observe, ils ont perdu de leurs superbes, l'un comme l'autre maculé de sang, de bleu et d'autres blessures. Pourtant, il m'évite quand même, non ils le font, l'un parce qu'il ne veut pas finir à deux contre un et la seconde pour ne pas m'impliquer dans mon état. L'ignorance et la pitié, voilà à quoi j'en suis réduite et à raison. Sous le coup de la colère et de la frustration, j'essaie quand même de lui asséner un coup-de-poing quand il s'est encore une fois écarté de ma camarade. J'ai la même sensation que si j'avais frappé un rocher, il ne reculera devant rien pour me mettre à terre ou me montrer à quel point il m'est supérieur n'est-ce pas ?

"Si tu veux jouer à ça, on va finir cette plaisanterie sur une note paillarde."

Je l'attrape dans ma main valide ou plutôt j'essaye, mais alors qu'il l'esquive deux fois d'affiler, la troisième sera la bonne quand l'aveugle lui décoche un coup de pied qui l'envoie dans ma paume. Il se débat, s'il avait sa force d'avant, il m'aurait sectionné un doigt ou deux pour en sortir, en fait il ne se serait même pas fait prendre tout cours honnêtement. Il se contente de me briser un os le salaud, ça fait un mal de chien, mais à côté de tout le reste je ne tiens plus qu'a la volonté de toute manière. Avant de l'écraser contre mon poitrail, de le serrer dans mes bras de toutes mes forces. Il peut devenir aussi dur qu'il le veut, je suis persuadé qu'il ne pourra pas éternellement s'empêcher de respirer... Finir dans la poitrine d'une femme sur un champ de bataille, cela sonne tellement sale alors que ça ne l'est pas... En tout cas pas au sens ou certains l'entendraient, même avec toute la mauvaise foi du monde, je ne peux pas confondre un bruit de torsion avec celui des os qui se brisent un a un. Je ne sais pas dans quel état il finira, simplement car, j'ai perdu conscience à ce moment-là, en tenant cet homme dans une étreinte qui lui sera certainement mortel.

Plus tard, sur les ruines du port, les morts sont alignées, les blessés conduisent à un hôpital de campagne. Au milieu des cendres, du sang et d'une quiétude brisée de diverses manières, jusqu'à la terre elle-même fendue et faucher ici et là... Je suis allongé dans ce qu'il me reste d'uniforme, à moitié nu et maculé de crasse et de sang. Je tiens encore mes bras contre moi comme une enfant qui tiens son doudou et ne compte pas le lâcher d'aussi tôt. Ce serait adorable ou aguicheur dans des circonstances tout à fait différentes, ça ne serait même pas trop glauque si seulement...

"Où est le prisonnier ?"
"Je ne sais pas comment le dire, sans donner l'impression de vous manquer de respect à vous où à la commandante madame..."
"Commencez avec des mots."
"Hé bien c'est délicat."

Dit le pauvre caporal en rougissant, une scène presque surréaliste au milieu de la souffrance et de la détresse qui étend encore son linceul sur le cadavre de ce qui fut la veille encore Port-aux-rois.

"Je veux une réponse claire caporal et je la veux maintenant."
"Il est encore coincé entre les seins de la commandante..."
"Pardon ?"
"Mais il est encore vivant, on l'entend encore geindre pour nous répondre. Les médecins ont essayés de l'extraire, mais ils ne peuvent pas le faire sans risquer de l'achever."
"C'est si grave ?"
"Ils ont surtout peur que ça aggrave les blessures de la commandante, elle semble avoir perdu beaucoup de sang et son état reste fragile."

Un réflexe musculaire est si vite arrivé, déjà qu'ils ne savent pas par qu'elle miracle le pauvre bougre n'a pas fini le corps entièrement broyés sous la forme d'un petit tas de chair sanguinolent au milieu de l'effroyable... Prise de soumission géante ? C'est encore le terme le moins tendancieux à employer au vu de la situation. Vasilieva vient au niveau de mon cou, monte dessus puis avec le geste assuré et doux qu'aurait une mère ou une grande-sœur, me caresse la joue. Un instant par la suite avec un petit grommellement, je lâche prise assez pour extraire mon captif recouvert de sueur et pas forcement que la sienne. Allongés sur le dos par une équipe entière de marin, les médecins ont enfin le champ libre pour essayer de sauver ce qui peut l'être.
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Deux semaines plus tard...

Port-aux-Rois. Débarrassé de son fléau. En pleine reconstruction. Avec les habitants qui y ont enfin remis les pieds, comprenant aussi ceux qui ont réussi à s'enfuir vers les autres grandes villes. L'endroit baigne dans la vitalité. Ici les hommes s'acharnent à rebâtir et les Marines leur filent un coup de main. La faille a été rebouchée, comme tous les trous que j'ai pu créer. Mais les dégâts matériels demeurent. Pour la Mairie, à moitié affaissée, dans laquelle les blessés ont été amenés à l'issue du combat. Base temporairement reconvertie en hôpital, puis base à nouveau. Pour le reste de la ville aussi : les bâtiments écroulés, les maisons mitoyennes inclinées comme des dominos les unes sur les autres. Enfin, tout est à refaire.

Par chance, la 346ème et la 52ème ne sont pas les seules garnisons à s'activer. Avec le retour du Contre-Amiral Johny qui a su prendre les choses en main. Il a répondu à l'appel, pour peu que l'on cherche à le joindre. Ce que le Colonel rechignait à faire en pensant que tout cela passerait inaperçu ? Il s'est trompé.

- De toute manière, je n'ai jamais eu confiance en cet imbécile.

Attablés à la terrasse d'un sympathique restaurant qui a su résister aux combats, nous discutons. Lui et moi. Et Vasilieva, comme toujours. Que ferais-je sans elle ?

- Vous avez fait le bon choix en le remerciant.

- Même si pour cela j'ai dû me mettre des supérieurs à dos, je ne regrette pas en effet. Encore une fois, beau travail Lieutenante-Colonelle.

C'est tout à votre honneur. Nous ne faisions que passer. Au moins, désormais, la bière est fraiche à nouveau dans le port d'Astérion. Et les marins reviennent et hèlent les femmes servant des boissons. La situation est redevenue normale, même si les Portauroyaux n'oublient pas. Mais ils sont délestés de cette terreur. La menace pirate, ici comme ailleurs. Elle peut revenir, mais pas tant que Johny sera là.

- Je savais que quitter l'île serait une mauvaise idée. Mais je l'ai fait malgré tout. Des changements vont avoir lieu sous peu.

- Des changements ?

L'homme boit une gorgée, laissant la conversation suspendue pendant quelques secondes. Mais je vois déjà de quoi il veut parler, quand son verre retrouve son sous-bock.

- Le poste de Contre-Amiral, ça n'est pas pour moi. Je ne pourrai pas veiller sur cet endroit si je dois être ailleurs. Je vais demander une mutation, un changement de secteur. Sous-Amiral ça me conviendrait mieux. Ça conviendrait mieux à tout mon équipage. Des hommes qui ont ou qui avaient une famille ici. Quelle ne fut pas leur tristesse en apprenant ce qu'il s'est passé...

En effet, elle se lit sur son visage. Au moins aussi bien que la mienne lorsque j'ai dû enterrer mes femmes. Enfin, l'homme ponctue cela en saisissant une étrange bourse dont le tintement du contenu m'est étrangement familier.

- Ah, plutôt que de se morfondre. J'allais oublier. On m'a chargé de vous donner ceci, pour vos bonnes actions. Je crois que vous avez le droit à une promotion, vous et vos femmes.

Je réceptionne le petit sac en toile de jute et écarte ses bords pour découvrir le lot de médailles. Un exemplaire pour chacune : Vasilieva, moi et Konsho. Ainsi que l'Eternal Pose des Pythons Rocheux. Ce pour quoi nous étions venues à la base, quand même.

Mais aussi une étrange lettre que le marin pose sur la table. Scellée de l'emblème du Gouvernement Mondial, avec une écriture que je reconnais bien assez pour me figurer l'identité du destinateur. Je la récupère sans l'ouvrir et remercie une fois de plus l'officier tout en courbant l'échine.

- Bien, c'est pas tout mais j'ai du travail. conclue-t-il tout en se redressant, poussant la chaise derrière lui.

Je fais de même. Et après une solide poignée de main, nous voici à partir dans des directions opposées. Même si l'homme me garnit d'une dernière remarque dans sa course. Une qui a son importance.

- Au passage, l'un de mes hommes a un cadeau pour vous à quai. On peut dire que c'est dû à votre promotion.

***

- Un cuirassé ?

- C'est cela.

- Ce n'est pas le bâtiment sur lequel vous officiez, Commodore ?

Oui, "l'un de ses hommes" est un Commodore. Tout bonnement. Un homme droit dans ses bottes, tout médaillé de partout avec une moustache fournie et une coupe stricte. Enfin, celui-ci ne semble pas lésiner avec les détails. Et va directement droit au but.

- Je prends le commandement de la base de la 52ème. En tant que Colonel. Mes hommes et moi resterons à terre. Vous êtes bien Commodore vous aussi non ? Il vous faut un navire digne de ce nom.

Certes. J'ai du mal à me faire à l'idée. Cela va tout juste faire dix minutes que j'ai ouvert la lettre pour en saisir le contenu. Un message d'Alvaro, une fois de plus. Court et concis avec juste écrit dessus :

- J'ai pensé que cela te ferait plaisir, Commodore Holmes.

Et il faut croire qu'avec le titre me revenait un navire de grande taille. Bardé de canons et fortifié de bon acier. Le fleuron de la Marine. Vasilieva, qui se tient à mes côtés, est aussi décontenancée que moi. Pourtant elle aussi est montée en grade. Lieutenante-Colonelle à ma place.

- Je... Euh... Oui.

J'en blêmirais presque. La petite Lieutenante Holmes a fait du chemin ces derniers mois. Mais j'ai atteint le haut du panier. Déjà que beaucoup ont des doutes et que ces promotions ne passent pas du tout inaperçues. Mais en plus, je ne peux tout simplement prétendre à faire entrer ma couverture dans l'état-major. De toute manière, ça n'est pas de mon ressort. Commodore ira très bien. C'est déjà pas mal, même trop influent. Le sommet des officiers supérieurs. Ça fait naître la sueur qui perle sur mon front.

- Commodore Holmes, vous allez bien ?

- Comme un charme, Commo... Colonel. Si vous me permettez, je vais rejoindre mon navire.

- Faites, c'est le votre après tout.

- Non, l'autre là-bas. Le plus petit. Pour le moment.

Aussi rigide et sèche que du petit bois pour le feu, je prends aussi poliment que possible congé du Colonel. Et je m'éloigne du ponton auquel est amarré le navire gigantesque pour faire face à l'autre, quelques mètres plus loin, plus petit. Et maintenant si désert.

- Ça ne sera plus pareil sans Kold...

Une main posée sur son épaule, je lui fais comprendre que j'ai la même sensation de vide. Même si d'autres femmes nous rejoignent. Si celles-ci sont vaillantes, intelligentes et fortes. Ça ne change rien à la donne. D'être en deuil, d'avoir perdu des membres de notre famille.

- Voyons les choses du bon côté. Nous avons de nouvelles femmes et un cuirassé. Et puis, vous avez été promue, Lieutenante-Colonelle.

- Mais tous les navires et toutes les promotions du monde ne ramèneront pas mes femmes.

Inutile de dialoguer lorsqu'elle est comme cela. Vous la croiriez motivée, comme si elle voulait défendre son pain. Que nenni, encore sa maladie qui lui joue des tours. A la place elle monte à bord, sans faire de cas, intérieurement morne et décomposée. Et mes doutes se précisent quand je vois son expression et sa décontenance contaminer ses subalternes.

La Marine n'était pas la seule chose qui réunissait les deux femmes.

***

Trois bâtiments désormais. Celui de Vasilieva, celui de la géante et le mien. Une petite flotte de deux cent âmes. Et encore, je me demande comment on a fait pour trouver une centaine de femmes de plus dans la Marine du coin. Mais bon, peu importe, l'important c'est qu'elles soient là. Si elles débutent, ça les formera.

Les Blues Maidens prennent de plus en plus d'ampleur, ce qui me ravit bien évidemment. Et me permet de me chasser les idées aussi. Trois jours entre ma promotion et maintenant, j'ai fait mon deuil, même si les jeunes femmes tombées au combat resteront gravées dans ma mémoire. Ces trois jours au cours desquels la Sergente Velours, fraichement promue Adjudante, m'a annoncé son départ. Sa garnison à Astérion pour rester auprès de la tombe de sa sœur. Ce que je comprends tout à fait. Enfin, un bon élément de plus qui nous a quitté, ça n'aide pas à sortir la tête de l'eau. Bref.

Dix jours supplémentaire, c'est le temps de trajet jusqu'aux Pythons Rocheux. Alors ne traînons pas. Vasilieva la première, je suis en donnant les ordres sur le cuirassé. Puis vient finalement le navire de la géante, fraichement équipé d'un système d'hélices pour ne plus avoir à être tracté. Sa vitesse tournant désormais aux alentours des dix nœuds.

Beaucoup des nouvelles recrues sont à mon bord. Mon choix, pour laisser un peu d'air à la Lieutenante-Colonelle. Finalement, j'ai la chance d'avoir une Lieutenante érudite qui pilote l'engin. Et une mécanicienne de la Scientifique. Ce sans quoi la manœuvre aurait pu être difficile.

- Comment c'est votre petit nom déjà ? demandé-je tout en rejoignant la navigatrice.

- Veronica Browneye, ma Commodore. Verra si vous préférez.

- Très bien Verra, faites fonctionner ce machin. En avant toutes !
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