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C'est pas la taille qui compte...

Le sultanat de pétales, East Blue, 1626

Il y a une pression quasiment insupportable sur le navire tandis qu'on se rapproche de la côte. Depuis le temps qu'on attend tous un exercice sur le terrain pour nous démarquer, au final on y est pas du tout préparé. Il y a quelques heures à peine, nous étions tous assis à étudier encore et encore les différentes tactiques et astuces utilisées par tous les agents du Cipher Pol, comme toujours. Rien de plus chiant. Mais d'un seul coup, un type est entré et a annoncé que tous les apprentis étaient réquisitionnés pour une mission super importante, commanditée par un Dragon Céleste. Carrément! C'est assez tordu en fait. Le gouvernement décide d'envoyer le CP pour montrer qu'il s'implique et éviter de froisser un tenryuubito, mais comme au fond ils en ont rien foutre, bah ils nous envoient nous plutôt que de vrais agents. C'est un peu vexant mais on s'en branle, au moins on va pouvoir tester tout ce que les enseignants nous fourrent dans le crâne depuis des mois. Les autres aspirants nous regardent de travers et on fait de même.

Il n'y a aucun doute, celui qui réussira cette mission sera propulsé directement major de la promotion. Le grade d'agent de niveau III est assuré avec une telle victoire. Et pour finir premier, il n'y a que deux tactiques. La première consiste à être le meilleur. La seconde consiste à éliminer tous ceux qui sont meilleurs. Par pure méchanceté, il est tout à fait possible de faire les deux. Du coup, en plus du stress engendré par la mission, il y a aussi la tension entre les participants. Quinze personnes prêtes à se mordre à la gorge en toute discrétion dès que les instructeurs auront les yeux tournés. Le pur bonheur... La mission si on l'accepte, et c'est le cas, consiste à retrouver un géant qui a disparu. Dit comme ça, ça peut sembler ridicule, un géant c'est pas le truc qu'on peut planquer sous le tapis ou dans la commode du salon. Pourtant, c'est bien le cas, il semblerait qu'un esclave géant que la Tennryubito Cassandre Yonesku avait réclamé ait disparu durant son transport. Le navire a coulé aux abords  du sultanat de pétales et il est toujours porté disparu alors que tout le reste de l'équipage est sain et sauf. C'est bizarre.

On commence déjà à réfléchir à ce qu'on va faire quand on débarquera. C'est sûrement la même chose qui se passe dans la tête des autres vu le silence qui règne. Première chose, il faudra commencer à sonder les gens sur le port pour trouver qui a vu l'équipage arriver après le naufrage. Interroger l'équipage lui-même semble bien entendu primordial mais les autres participants vont se jeter sur eux et on perdrait du temps à attendre notre tour. De toute façon, s'ils savaient où se trouve le géant, ce dernier ne serait pas porté disparu. Il faudra trouver l'endroit où ils ont échoué et observer les traces. Un géant qui marche, ça doit faire de grosse empreintes de pas, non?


-C'est parti mes p'tits poulets ! Que le meilleur gagne ! Vous pouvez bosser en équipe, faire des alliances et des trahisons ! Comme de vrais agents, hahaha!

On joue des coudes pour débarquer en premier mais les autres sont tellement hystériques que c'est peine perdu. Mieux vaut laisser ces tarés se piétiner les uns les autres. On attend que tout ce beau monde ait foutu le camp, on sort une petite bouteille de saké et on s'envoie une rasade. C'est la base de toute mission. Faut être détendu. Nous avons débarqué dans le port de Rosetta, la capitale du sultanat. On comprend tout de suite pourquoi cette nation s'appelle ainsi. Ca sent super bon, presque trop même, on a l'impression que quelqu'un a versé dix bouteilles de parfums différents sur nos fringues. Partout sur les quais, on voit des mecs déplacer des tonneaux et des caisses entièrement remplis de pétales de toutes les couleurs et des bouteilles transparentes contenant sûrement du parfum. C'est très animé et le rythme est impressionnant.

La structure de la ville, elle, est étrange. Les habitations sont en vérité de gigantesques champignons  que les gens ont creusés de manière à pouvoir s'y installer. On a jamais vu une telle chose. On se demande si ces champignons continuent de grandir, ce qui déformerait les habitations au fur et à mesure. Ou bien s'ils sont morts, est-ce qu'ils moisissent? Peu importe, c'est leur mode de vie et ça à l'air de bien fonctionner. Mais c'est moche. Enfin... Comme prévu, tous les rapaces sont partis en direction du QG de la garde des ronces où les naufragés sont retenus en attendant que l'affaire soit éclaircie. Grossière erreur. Le sultanat n'est pas rattaché au gouvernement mondial, il est donc très peu probable qu'ils fassent quoi que ce soit pour aider des agents du Cipher Pol à s'infiltrer parmi la population pour enquêter. Ils auraient plus de chance de se prendre une balle dans la tête ou un coup de sabre dans le bide. C'est au goût de chacun.

On hausse les épaules et on se dirige vers une enseigne qui nous a attiré l’œil. Cela représente la feuille d'une plante assez rare que l'on utilise régulièrement pour obtenir des liqueur somnifères. Sûrement des médecins spécialisés dans les plantes. Peut-être pourrait-on trouver notre bonheur et nous refiler des tuyaux entre collègues. Et peut-être même des renseignements à propos de l'esclave disparu, qui sait?
    Yoru se resservit une tasse de café, la savoura tranquillement en admirant le paysage fortement mis en valeur par un soleil radieux et un grand ciel bleu sans nuages. Dans certains des immenses champs de Rosetta s’élevaient des pâquerettes géantes. Au sommet de l’une d’elle, le samouraï scrutait le paysage avec attention. Un nouveau tour d’horizon ne lui permit que de distinguer des champs colorés couverts de fleurs, elles de taille normale, qui s’étendaient à perte de vue.

    Il soupira, rangea sa thermos dans sa sacoche, s’approcha du bord pour le franchir d’un pas. Comme il s’y attendait, quand il se réceptionna une dizaine de mètres plus bas, le groupe de paysans qu’il avait aperçu un peu plus tôt gravir le sentier l’y attendait.

    « Messieurs, Dames, salua-t-il. Vous tombez bien. J’aimerais un renseignement.
    - Eh ben, répondit en retour le chef du groupe, salopette et béret enfoncé sur la tête, c’est-y qu’on aimerait aussi vous-y poser d’la question.
    - Feu alors !
    - Feu ? s’exclamèrent les types d'un air affolé, certains sortant de nulle part des sceaux d’eau et des arrosoirs. Où le feu ? Nos champs sont en feu ?
    - Heu.. non, pardon, c’est une expression… feu nourri, quoi… C’était juste pour dire que vous pouviez me poser votre question…
    - Ah oui… comprit le bonhomme en conservant un air soupçonneux. Ben voilà, avec les gars, ça fait d’puis l’matin qu’on t’y voit grimper de fleur géante en fleur géante et tout observer. Et on se demandait pourquoi, parce qu’on aimerait pas que t’y nous prépare un mauvais coup, tu vois ?
    - Pas du tout, les rassura Yoru, je ne vous veux aucun mal. Je cherche quelqu’un.
    - En haut des fleurs ?
    - Tout à fait. C’est un géant. Je me suis dit que j'avais plus de chance de l’apercevoir de là-haut.
    - Ah ben ! ça parait logique en effet.
    - Et vous, vous l’auriez aperçu ?
    - Quoi donc ?
    - Le géant ! On m’a dit qu’il y en avait un ici.
    - Ah, vous devez-y parler de Rodoric. D’Erbaf, il venait. C’est lui qui les a plantés ces pâquerettes géantes. Mais il nous a quitté il y a un mois.
    - Toutes mes condoléances. Mais ce n'est pas feu votre ami que je cherche…
    - Feu ? paniquèrent les villageois en sortant leurs arrosoirs, où du feu ? Nos fleurs crament ?
    - Heu… non… c’est encore une expression. Pour votre ami qui est mort.
    - Quel ami qui est mort ?
    - Le géant !
    - Ben il est pas mort. Il est parti je vous ai dit. En bateau. Il est rentré chez lui voir sa famille.
    - D’accord... répondit Yoru en ayant doucement l’impression que la conversation lui échappait. Du coup le mien, de géant, vous l’avez vu ?
    - Ah. Non.
    - Ah. Dommage.
    - Au port de Rosetta ville, pourront p-t-être vous renseigner. Ils y savent toujours tout, par là-bas. Un géant autre que Rod, devraient l’avoir vu.
    - Déjà fait. Personne n'est au courant de rien.
    - Essayez la caserne du port alors. La Garde se balade souvent dans tous les vizirat, eux ils savent peut-être. Par contre c’est pas tout prêt, vous en avez pour une p’tite trotte. Si vous voulez y arriver avant le midi pour y manger, va falloir vous presser.
    - Merci du conseil. Je vais quand même y aller tranquille. Pour une fois, ma mission n’est pas urgente, alors il n’y a vraiment pas le f… heu… pas de quoi se presser ! »

    ~~ ~~

    Installé sur un tabouret devant une souche coupée de champignon, Yoru s’essayait à un repas exotique de pétales de fleurs et de racines. En face du restaurant se dressait le champignon caserne du port. Des soldats, certains équipés d’armures couvertes d’épines, ne cessaient d’y rentrer et d’en sortir.

    Le marine hésitait sur la façon de procéder. Personne, sur le port, n’avait aperçu de géant. Chercher au hasard dans les champs n’avait rien donné. Il ne pouvait pas parler à l’équipage du navire de transport qui avait été arrêté et conduit pour être interrogé dans la caserne face à lui. Le fait qu'ils battaient pavillon Marine n’avait pas plu aux locaux. Le gouvernement mondial n’était en effet pas toléré sur cette île, ce qui signifiait que Yoru nr pouvait pas non plus solliciter l’aide des forces de l’ordre locales sans risquer de lui-même se retrouver au trou.
    Autrement dit, un géant mystérieusement volatilisé et pas le début d’une piste à explorer.

    Le samouraï se consolait avec la nourriture qu’il trouvait délicieuse lorsqu’un détachement entier de soldats armés sortit de la caserne.

    « ça y est, ils y vont, constata une serveuse qui lui apportait sa boisson.
    - Qu’est ce qu’il se passe ?
    - Un groupe d’étrangers arrivé ce matin au port n’arrête pas de poser des questions sur un bateau de la Marine qui s’est échoué près d’ici. Ils recherchent un géant apparemment. Tenez, ils sont même venus ici me questionner !
    - Et ça ne plait pas à la Garde ?
    - Il faut croire que non. Vous savez, le Sultan n’aime pas trop le Gouvernement. Alors des individus que se montrent trop curieux à propos d'un navire de la Marine, c’est louche. Ici les arrestations peuvent aller vite. Il vous faudra autre chose ?
    - Un peu de pain de champignon pour ma sauce, s’il vous plait. »

    Le marine infiltré suivit des yeux le détachement de soldats jusqu’à ce qu’il disparaisse dans les rues du port en fronçant les sourcils. Qui pouvaient bien poser des questions sur le même géant que lui-même recherchait ?
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    C'est un vrai petit coin de paradis, cette île. Si on oublie les gardes qui maintiennent une oppression constante sur les civils bien entendu. Mais au niveau des plantes, c'est impressionnant. Chaque médecin propose ses propres potions et déballe une panoplie de mucus et de sirop dont les composants ne poussent qu'ici. Malgré notre expérience dans l'herboristerie, on ne connait même pas la moitié des ingrédients proposés. Il faudra absolument qu'on revienne quand la mission sera terminée pour faire des achats. Il va falloir qu'on accélère l'élevage de larves SanSan pour pouvoir tester tout ça. Enfin, trêve de lèche vitrines, on est là pour enquêter. On flâne à l'intérieur du magasin, comme un véritable touriste avant de finir par nous approcher du vendeur. C'est un homme âgé, d'une soixantaine d'années. Petit bouc blanc qui lui couvre la pointe du menton, lunettes rondes et crâne lisse comme un œuf. Il arbore un sourire franc en nous voyant arriver.

    -Alors mon bon monsieur? Vous trouvez votre bonheur?
    -M'en parlez pas, j'ai envie de me poser et de vivre ici. Mais...
    -Mais ? Comment ça? Vous n'allez pas me faire croire que vous ne trouvez pas ce que vous cherchez ! C'est impossible.
    -Hum... J'en ai bien l'impression pourtant.

    Le vendeur prend un air choqué, presque insulté. Il se confond en excuse mais aimerait bien savoir ce qu'on pourrait rechercher qui ne se trouve pas dans sa boutique. Héhéhé, il a fait plus que mordre à l'hameçon celui-là. Il l'a gobé, digéré et déjà chié.

    -Et bien, je cherchais des pétales de Xylothancia. C'est une fleur assez rares mais aux vertus extraordinaires.
    -Xylothancia? Je ne connais pas. Vous êtes sûr de ce nom ?
    -Ah oui, certain. Je suis même venu ici parce qu'il paraîtrait qu'il y a eu un arrivage hier. Par un navire de la Marine. Vu la valeur de ces pétales, ils sont bien gardés.
    -Mince ! Il y a bien des marins qui sont arrivés au port hier mais...

    Ah ! On commence à se rapprocher, le pépère sait des choses. On le pousse un petit peu plus et il finit par nous expliquer qu'un de ses assistants, Berice, était là au moment où les marins ont débarqué. Ils étaient épuisés et transits de froid après avoir passé tant de temps à nager pour rejoindre la terre ferme. Le navire à sombré au large. On fait semblant de pester, comme si le chargement de Xylothancia était perdu à jamais. L'homme nous regarde avec une mine déçue. Entre amateurs, on se comprend. Il aurait bien aimé découvrir une nouvelle variété de plantes médicinales, lui aussi. Par courtoisie, on prend des nouvelles de l'équipage.

    -Pensez-vous, c'est la première chose que Bérice a demandé aux naufragés. Visiblement, ils étaient tous sains et saufs.
    -Ils n'ont rien dit d'autre ?
    -Je ne sais pas. Ils n'ont pas eu le temps de causer longtemps. La garde a débarqué et les a emmené.
    -Je vois. Avec un peu de chance, on peut encore sauver les pétales. Ils sont transportés dans des boîtes hermétiques pour préserver leur fraîcheur. Où puis-je trouver ce Bérice?
    -A cette heure-ci, il doit surement être au "Poney qui tousse", un bar-restaurant sur le port. Il y fait la plonge pour arrondir ses fins de mois.
    -Je vous remercie. On se revoit bientôt, beaucoup de vos articles m'intéressent.
    -Merci, au revoir.

    Bien, bien, bien. J'ai pas appris énormément, mais déjà, j'ai une piste ce qui est sûrement mieux que la plupart de mes compères qui se sont précipités dans la gueule du loup. L'équipage dit qu'il n'y a eu aucune victime, c'est bon signe. Mais la perte d'un esclave, pour certain, relève plus de la perte matérielle. Donc, ne crions pas victoire trop vite, si ça se trouve ce géant est au fond de l'épave, enchaîné, dans la cale. Ce serait vraiment dommage mais au moins, ça expliquerait sa disparition. Normalement, un géant, ça se trouve assez facilement. Difficile de le planquer sous le tapis.

    On se dirige donc vers le port à la recherche du fameux "Poney qui tousse". Il y a beaucoup d'agitation, mais n'étant pas du coin, on est bien incapable de dire si c'est habituel ou non. Un groupe de soldats, armés et visiblement pressés passe en petite foulée dans un rythme impeccable. Tenir une telle cadence en portant ces armures d'épines qui semblent peser des tonnes, c'est remarquable. Soudain, on remarque qu'ils tiennent un prisonnier, bien immobilisés entre six soldats. C'est Denis, le petit fayot de la classe ! On se retient d'exploser de rire de justesse. Ce dernier nous aperçoit et se met à hurler notre nom comme un connard. Mais on continue notre chemin comme si de rien n'était et on n'entend plus que ses cris de détresse tandis qu'il s'éloigne vers des lieux que l'on préfère ne pas connaître. Quel délice. Il fallait pas cacher sa feuille quand essayait de copier, Denis. Non, il ne fallait pas. Combien se sont déjà fait interpeller ? Sûrement pas mal. C'est bien, ça nous laisse le champ libre.

    On finit par trouver l'établissement. Au dessus de l'entrée, il y a un petit poney qui lève la tête en hennissant et de sa gueule se dégage une épaisse fumée qui provient en fait des cuisines. C'est sympa. On entre en poussant la porte battante. La lumière est assez tamisée, les murs étant faits de la chaire d'un gros champignon gris. Au plafond, des pétales de toutes les couleurs apportent un peu de gaieté mais aussi de kitsch. On aime pas. Ca fait coin de rencontre pour pédales. La salle est loin d'être bondée. Un petit couple se bécote dans un coin, un ivrogne semble s'être endormi, une choppe d'alcool local à la main et un jeune homme juste derrière la vitrine regarde à l'extérieur d'un air sévère. On pose notre cul et on attend qu'une serveuse se ramène pour nous servir.


    -Bonjour, vous désirez boire quelque chose?
    -Mettez moi une liqueur de coulemelle et un elixir de macrolepiota. Et dîtes à Bérice que je veux lui parler. Vous serez gentille.

    Le garçon arrive quelques minutes plus tard, nous apportant lui même les boissons. Il a l'air étonné. Il s'attendait sûrement à voir une connaissance. On l'incite à s'asseoir sur un petit champignon et on commence à lui expliquer la situation. On lui sort le même speech qu'au vendeur et il marche tout pareil. Le fait de savoir qu'on a parlé à son patron avant le rassure.

    -Alors dis-moi. Est-ce qu'ils auraient parlé d'un chargement ?


    Dernière édition par Dan Ki Qong le Dim 30 Oct 2016 - 21:36, édité 1 fois
      «  Oui monsieur. Ils avaient même l’air très inquiets de l’avoir perdu. Mais ils n'ont pas parlé de vos fleurs, désolé. »

      Le jeune homme se gratta la tête, l’air un peu perplexe.

      « Ils avaient plutôt l'air de chercher quelqu'un. " Si on ne le retrouve pas, on va avoir de sacrés problèmes ", qu'ils répétaient, "des problèmes géants !" " Qui ?" je demandais. Ils ne voulaient pas me répondre. Bizarre non ? »

      Il tritura son torchon puis se pencha en avant avec une mine de conspirateur.

      « C’est là qu’ils m’ont avoué que le type qu'il cherchait... Il était enchaîné ! Si vous voulez mon avis, monsieur, vous devriez laisser tomber vos pétales… Je pense que ces marines transportaient un prisonnier ! Et un dangereux, vu comment ils en avaient peur !»

      Le gamin roula des yeux en hochant vigoureusement la tête. Il répondit encore à quelques questions, donna les précisions qu’il put sur ce qu’il avait tiré des naufragés. Il vida son sac jusqu'à ce que le patron du bar ne se pointe, saluant bien courtoisement le client mais traînant par le bras son employé qui avait encore du travail.

      « Bonjour. »

      Le samouraï tira une chaise pour s’installer à la table de Dan. Il allait entamer la conversation avec ce type qui cherchait la même chose que lui lorsque la porte de l’établissement s’ouvrit brusquement sur cinq miliciens en épines. Ah, songea Yoru en les voyant scruter avec attention les clients attablés, surement encore un apprenti enquêteur qui va se faire chopper. L’élite m’a bien formé, finalement !

      " Vous, s’exclama l'un des soldats en pointant un doigt accusateur sur le samouraï. Je vous arrête. Vous êtes accusé d’avoir espionné d’honnêtes paysans dans un objectif louche en rapport avec «une mission pas urgente » et d’avoir proféré des menaces incendiaires. Suivez moi en silence ! "

      Yoru les observa pensivement encercler la table, choisit après quelques instants de réflexion de suivre sagement les soldats. Il se laissa menotter et emmener pendant que la milice s’intéressait de près à son complice. Effectivement, l’autre type assis à sa table devait surement être de mèche avec lui.
      Le marine fut entraîné hors de l'établissement sans savoir comment le type mystérieux s'en était tiré.


      ~~ ~~


      Seule un peu de lumière extérieure filtrait par la vitre noire de crasse du petit vasistas dans la salle d’interrogatoire dans laquelle le samouraï avait été conduit. Assis de l’autre côté d’une petite table occupant presque tout l’espace, un officier dardait sur lui un regard agressif.  

      « Si tu me parlais de ta mission ?
      - Je suis à la recherche d’une cargaison.
      - De celle du navire du gouvernement qui s’est échoué près de nos côtes, je suppose. Il y a du monde sur le coup décidément. »

      Yoru haussa les épaules.

      « Vous devez parler de mes hommes. Ils ne sont pas tous discrets, je vous l’accorde. J’ai été un peu pris de court, j’ai dû recruter ce qui me tombait sous la main.
      _ La Marine n’est pas connue pour sa finesse.
      _ La Marine ? répliqua le guerrier de Wano en fronçant les sourcils. Je ne bosse pas pour eux. Je suis chasseur de prime.
      _ Chasseur de prime ? Vraiment ? Et tu débarques si vite après que le navire du gouvernement se soit échoué. Sacré timing.
      _ Avoir de bonnes informations, c’est le nerf de la guerre dans notre métier. Ce n'est pas à vous que je vais apprendre ça. Il me semble qu’une bonne partie des soldats d'ici étaient mercenaires avant de bosser à plein temps pour cette île, non ?
      _ Et qu’est-ce qu’il y avait dans ce bateau ?
      _ Je vois que l'on répond toujours à l’appel du gain, en bon mercenaire… remarqua Yoru en ricanant doucement. Ce que je peux vous dire, c’est que je suis à la recherche de quelque chose de bien particulier qui n’a de la valeur que pour la personne qui m’a engagé. Beaucoup de valeur. Suffisamment, à mon avis, pour que la récompense soit encore très substantielle même partagée entre plusieurs personnes… »

      Yoru jeta un regard significatif au gradé, secouant doucement ses mains entravées de menottes. Le soldat se rencogna dans sa chaise, croisa les bras et toisa le samouraï un certain temps. Il se leva finalement, libéra son prisonnier qui pu se masser les poignets.

      « Je t’écoute. »


      ~~ ~~


      « Debout les gars ! »

      Les mains sur les hanches, dressé dans l’encadrement de la porte de la cellule, Yoru toisa le groupe de prisonniers qui se protégeait de la lumière soudaine avec leurs bras.

      « Ecoutez-moi bien, tas de grosses billes ! Je croyais avoir engagé une troupe sérieuse de chasseurs de primes, pas un banc entier de tanches incapable de se renseigner pour moi sans se retrouver immédiatement en taule ! Alors si vous voulez être payé, il va falloir donner un peu plus dans la performance ! »

      De toute évidence, les gars qui le regardaient maintenant l’air hagard ne comprenaient rien malgré les clins d’œil répétés que leur lançait le samouraï.

      « Par chance, en bon chef que je suis, je me suis entendu avec celui de cette base, de chef. Un homme brillant qui est d’accord pour nous aider dans notre tache. Alors maintenant vous sortez de là et vous continuez vos recherches un peu plus efficacement. Et en silence, je ne veux pas entendre l’ombre d’une excuse lamentable sortir de vos bouches ! »

      Le samouraï s’écarta de la porte en espérant que ces types, qui qu’ils soient, allaient être assez futés pour le suivre sans faire d’histoire.

      Si pour le moment le gradé avait choisi de lui faire confiance, il lui avait évidemment collé une escorte de gardes épines. « Pour l’aider dans ses recherches ». Yoru n'était donc plus libre de ses mouvements et risquait à tout moment de se retrouver de nouveau menotté au moindre doute des soldats. S’il parvenait à sortir de la caserne sans encombre, il allait devoir trouver un moyen de parler avec ses « hommes » discrètement pour savoir qui ils étaient vraiment et ce que eux voulaient au géant qu'il recherchait.
      Mais pour ça, les types devaient le suivre.
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      Tout s'est passé très vite. A peine Bérice est-il retourné dans l'arrière salle que le jeune qui regardait dehors est venu s'asseoir à coté. Il a à peine eut le temps de dire bonjour que des gardes locaux, ceux avec les armures recouvertes d'épines, sont entrés et l'ont embraqué sans lui laisser l'occasion de s'expliquer. Tant mieux, on avait pas franchement envie de parler. L'enquête avance bien avec les renseignements qu'on vient d'obtenir alors il faut surtout pas perdre de temps. Comme on dit, faut boire la bière avant qu'elle soit chaude. Mais bizarrement, les gardes pensent qu'on est un pote à ce type ou un complice ou une connerie comme ça. Deux connards nous attrapent par les coudes et nous immobilisent. On commence par les envoyer chier mais ils se montrent insistants alors on finit par montrer les dents. On va pas se laisser emmerder parce qu'un trou de balle est venu squatter notre table, hein! Le problème, c'est qu'on montre nos dents, ben ils sortent leurs sabres. Ca fait mal de l'admettre, mais sur ce coup-là, c'est eux qui ont la plus grosse. Alors on calme le jeu.

      -Putain, il y a une serveuse, d'autres clients et même le plongeur qui peuvent témoigner ! Ce type vient juste de se foutre à ma table, je l'connais pas bordel !

      Les gardes des épines montrent un semblant de bonne volonté et demandent aux témoins de confirmer, ce qu'ils font. Ils finissent par nous lâcher et par foutre le camp. Ca tombe bien, on avait vraiment pas envie d'attirer l'attention, voilà qui est raté... On a plus trop intérêt à se retrouver mêlé de près ou de loin à un type louche. Connard de samouraï à la con... Qu'est-ce qu'il a bien pu vouloir venir faire à notre table ? On lui a rien demandé. On jette quelques berrys sur la table avec un pourboire à l'intention de notre informateur et on sort sur le quai. Ce gamin a confirmé nos informations. Le géant était bien à bord du navire et il est inutile d'aller interroger les membres d'équipage vu qu'ils ne savent pas non plus où il est. Pourtant, quelque chose ne colle toujours pas dans cette histoire. Un géant, pour être transporté, nécessite des navires de proportions titanesques, pouvant supporter les centaines de tonnes de la créature. Alors que le navire qui a sombré semble être parfaitement normal. Du moins, personne n'a fait mention d'un bateau particulièrement grand. On commence à se demander s'il n'y a pas un truc foireux dans cette mission.

      Enfin, si c'est le cas, ben il reste plus qu'à le prouver. Ca fait aussi partie du travail d'investigation d'un CP. On suit donc le quai en tâchant de nous faire le plus discret possible. Se fondre dans la foule, paraître insignifiant. C'est ce qu'on nous apprend à l'école de Cipher. Il faut qu'une personne qui nous regarde se dise : "Ce type semble vraiment sans le moindre intérêt". De cette manière le cerveau n'imprime pas l'information et personne ne se souvient nous avoir croisé. Et il faut bien admettre que c'est difficile lorsque l'on a la moitié du visage et un bras qui sont constitués de métal brillant. D'ailleurs, plusieurs personnes se retournent sur notre passage ce qui a le don de nous énerver très rapidement. Heureusement, on quitte la ville et la population se fait de moins en moins dense jusqu'à ce qu'on  se retrouve entièrement seul, sur un petit chemin de terre. La nuit commence doucement à pointer le bout de son nez et la visibilité baisse. On trébuche à plusieurs reprises sur des racines et des pierres mais on parvient à rejoindre la plage.

      L'idée serait de retrouver les traces d'un géant et de les suivre. D'après les témoignages, il n'a pas débarqué au même endroit que le reste de l'équipage, il est donc inutile de nous approcher de la carcasse de navire, entourée de plusieurs gardes aux épines. Ce serait également très dangereux. Vu leur méfiance dans le restaurant, aucun doute qu'on se ferait embarquer sans autre forme de procès si on venait à être vu ici à fouiner. On décide donc de rester dans la forêt, à la lisière de la plage. Avec notre costume noir, on ne risque pas d'être repéré d'aussi loin.

      Alors qu'on continue d'avancer entre les arbres, on entend un bruit, juste sur notre gauche. Plus un geste, comme si on jouait à un deux trois soleil, on tend l'oreille. Deux hommes discutent tout en avançant doucement sur le chemin.


      -Il compte nous faire poireauter sur cette plage jusqu'à quand?
      -La ferme ! Commence pas à critiquer les décisions du vizir, sinon ca va barder pour nous !
      -Nan mais sérieusement, toute cette opération juste pour capturer ce type? Il a quoi de spécial?!
      -Mais j'en sais rien moi ! Mais s'il était transporté sous aussi bonne garde par autant de marines, il doit bien valoir quelque chose !
      -Il est peut-être juste dangereux! Si ça se trouve il va exploser sa cage et on aura plus qu'à lancer une chasse à l'homme à travers toute l'île !
      -Ba justement, on tient notre poste jusqu'à ce qu'ils viennent le chercher et on aura plus à s'en soucier!
      -Encore faut il qu'ils arrivent. Quelle idée de le foutre à Tricastin?
      -Ba on allait pas le foutre sur la place centrale avec marqué en gros dessus "Plan illégal du vizir en cours, ne pas approcher" ! Réfléchis un peu !
      -Mouais...

      Les deux hommes finissent par s'éloigner tellement qu'on entend pas le reste de la conversation. On se relâche et on tombe au sol. Rester immobile aussi longtemps, une jambe en l'air, ça fout des crampes horribles... On a plus vingt ans, hein. Bon, bref. Cette histoire devient de plus en plus étrange. Ces gardes de mes deux auraient capturé le fameux prisonnier recherché. Mais pourtant, ils ne voient pas ce que ce type a de particulier. Bordel, mais un géant, ça se voit normalement, non? Si ça se trouve ce n'est pas du tout de la même personne que tout le monde parle ! Après tout, rien ne dit qu'il n'y avait qu'un seul esclave à bord du navire. L'inverse serait même étonnant d'ailleurs, ce genre de personnes voyagent habituellement à cent, cloîtrés dans des endroits exigus pour rentabiliser la traversée. Toujours est-il que c'est une piste. Direction donc, Tricastin !


      Dernière édition par Dan Ki Qong le Mar 15 Nov 2016 - 15:58, édité 1 fois
        Les dômes blanc et les flèches de la ville forteresse se distinguaient au dessus des arbres. Malgré son sobriquet méprisant de "Triste catin", la ville blanche paraissait imprenable. Ses puissantes murailles renfermaient plusieurs milliers de têtes de l'armée sans bannières, la force militaire du sultanat.

        La file de prisonniers encadrée par les gardes épines s'immobilisa devant la poterne. Des gardes vinrent vérifier les documents officiels de transferts qui émanaient du capitaine du QG de Rosetta. Comme tout était en règle, ils les laissèrent entrer. A peine les murailles passées, la procession s'éloigna des axes principaux qui menaient aux palais et au centre d'affaire de l'aristocratie pour s'enfoncer dans des ruelles détournées. Au bout de quelques minutes, ils arrivèrent devant une nouvelle muraille : celle du QG de l'armée sans bannière. De nouveau, le passage se fit sans encombre avec la présentation des documents. Finalement, la file termina ses péripéties en pénétrant dans un immense bâtiment : les prisons de Tricastin.

        Des escaliers s'enfonçant sous terre les conduisirent dans un labyrinthe de couloirs. Les murs de ces sombres souterrains étaient jalonnés de portes solides qui lassaient entrevoir, par de petites ouvertures fermées de barreaux, des prisonniers roulés en boule sur le sol ou faisant les cent pas dans un espace qui leur en permettait à peine quatre ou cinq. En comparaison, la cellule dans laquelle les nouveaux prisonniers furent jetés était assez spacieuse puisqu'ils pouvaient tous y tenir. Dans un bruit sourd, la porte se referma, laissant le silence et la pénombre s'installer au fur et à mesure que les gardiens s'éloignaient avec les torches.

        " Bon ! fit soudain une voix. On peut enfin parler. Qui êtes-vous ? "

        Le plan du samouraï s'était bien déroulé jusque là. Bien sûr, les gardes épines que le capitaine du QG du port lui avait collé sur le dos n'avaient pas été ravis de devoir le laisser seul mais s'étaient finalement laissés convaincre, fidèles à leur chef qui leur avait ordonné de se rendre utile pour retrouver le géant disparu. Comme quoi, le pognon savait bel et bien motiver les mercenaires. Et ils avaient tout de même reconnu que faire emprisonner le samouraï et ses hommes dans la même prison que là où devait, normalement, se retrouver le géant en question, était plutôt une bonne idée.

        " Bon, les gars, se serait cool d'être plus bavards. Vous bossez pour qui ? retenta le samouraï en déverrouillant ses menottes avec la clé discrètement laissée par les gardes.

        Les types qu'il avait tiré de prison au port l'avaient suivi sans rien dire et fait comme s'ils étaient ses hommes mais Yoru ignorait toujours leurs identités. Il était temps de l'apprendre et de découvrir pourquoi ils cherchaient le même géant que lui.
        Des bruits métalliques indiquèrent que les gars avaient eux aussi enlevés leurs menottes.

        Un coup frappa aussitôt après le guerrier de Wano au ventre puis un second le cueillit à l'épaule quand il se plia par réflexe pour diminuer l'impact de l'attaque. Une main lui attrapa le col et commença à le tirer au moment précis où le samouraï décida qu'il en avait marre de servir de punchingball.
        Le type qui l'avait saisit se retrouva soudain genoux au sol à grogner de douleur à cause de la clé de bras avec laquelle le sergent d'élite l'immobilisait. D'un coup de pied de le dos, Yoru le dégagea ensuite droit dans ses potes qui s'écartèrent pour ne pas trébucher dessus. Le samouraï commença alors à distribuer mandales et orrions.

        Au bout de trois ou quatre minutes d'agitation, le silence revint dans la cellule. A quelques gémissement prêt.

        " Bon, au moins, ça répond à ma question, constata Yoru en se massant l'épaule. Vos mouvements sont brouillons et hésitants mais ressemblent fortement à l'art martial enseigné au CP. Vous vous mettez à table maintenant ou on se refait un round ? "

        ~~ ~~

        " Donc, j'avais raison. Au moins vous suivez bien les cours.... "neutraliser les menaces avant qu'elles ne découvrent votre identité ", c'est dans le manuel de l'espion, non ? "

        La langue des étudiants du CP s'était enfin déliée, surtout quand ils apprirent que le samouraï était aussi de la Marine.

        Les gardes épines qui les aidaient n'avaient pas fermés la porte de leur cellule. Tout en maugréant sur l'absence de communication entre les différences services du gouvernement mondial, Yoru l'ouvrit et scruta les couloirs qui s'étendaient à gauche comme à droite. Du silence, à peine un peu de lumière jetée par des torches au mur à intervalles réguliers.

        "Les gars, c'étaient sympa de faire votre connaissance, marmonna le guerrier de Wano, mais il est temps qu'on se mette au boulot. On a un géant à retrouver."
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