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"Protection."

1623- Shell Town


Le navire de la Marine avait effectué une traversée sans encombre depuis le Don des Saints. Une course de routine pour le navire et l'équipage qui avait déjà l'habitude d'emprunter cette route, il effectuait presque une fois par mois une mission de ravitaillement pour approvisionner la base de Shell Town.
D'accoutumer, les marchandises transportées étaient assez banales pour une base de cette envergure, quelques vivres, munitions, uniformes et autres outils d'usage. Mais pour cette fois, l'équipage du "Fendant" avait embarqué sur ordre express un des membres du Cipher Pol sept. Il s'agissait de l'agent Danikka Zu Heltzer, une agente gouvernementale en formation. La formation, c'était justement pour cette raison que l'agent était présent sur ce navire-ci.

L'un des supérieurs et formateur du moment, avait reçu un ordre de mission très clair de la part d'un des Dragons Céleste lui-même. Si ce dernier avait gardé le nom pour lui, il avait quand même profité de la situation pour donner un exercice en situation réelle à son apprentie. Le Dragon avait expressément demandé la protection d'un de ses partenaires d'affaires au cours d'une soirée qui devait se dérouler à Saint-Uréa. Le formateur avait saisi la mission mineure comme une aubaine pour offrir une formation de qualité à son agent. Elle se souvenait encore des mots de son supérieur.

"-Vous devrez assurer la sécurité d'un partenaire commercial d'un des Dragons, inutile de savoir de qui il s'agit. Cependant, j'ai réuni pour vous le dossier de votre "cible", étudiez le longuement puis brûlez le. Vous avez carte blanche pour accomplir votre mission, les risques sont minimes mais existants. Entourez-vous de qui vous voudrez pour organiser un protocole de protection rapprochée adaptée à votre cible et aux risques auxquels elle est exposée. Vous avez, je le répète carte blanche. Tous les détails de la réception ainsi que la date, sont à disposition dans ce même dossier. Si vous passez ce test, soyez sûr que votre avenir au sein du CP-7 sera presque assuré. Je vous fais confiance Zu Heltzer... Ne me déçois pas !"

Le navire était désormais à quai, et le bruit des débardeurs qui vider le navire de fond en comble avait tiré la belle de ses pensées. Elle était en mission officielle et s'était donc pliée au protocole en matière d'habillement, elle était donc vêtue d'un tailleur noir, le seul signe distinctif, c'était ce petit pins accroché sur le col, une représentation du symbole du gouvernement mondial. Elle avait aussi cette magnifique paire d'escarpin noir verni, et la clémence du temps lui avait permis de ne pas enfiler une paire de collants. Sa silhouette s'était élancée dans la ville, éblouie par le soleil, elle n'avait pas eût d'autre choix que d'enfiler sa paire de lunettes aux verres fumés. Il ne lui avait pas fallu beaucoup de temps pour atteindre le poste de vigie de la base où le soldat avait pris grand soin de contrôler ses papiers. Une fois les formalités passées, l'agent gouvernemental s'était retrouvé dans une salle d'attente, elle avait obtenu un rendez-vous sans faire jouer son statut d'agent du CP afin de pouvoir rencontrer le Colonel de la Base.
Le Colonel Alheïri S. Fenyang.

L'idée de le contacter lui et pas un autre pour l'épauler dans sa mission lui étaient rapidement venus comme une évidence. Il était la coqueluche des supérieurs en ces troublés et c'était un personnage mondain et de notoriété publique, il était un choix stratégique majeur de par son expérience, de par son grade et de par sa présence, il serait un homme rassurant et qui montrerait que le Gouvernement Mondial prenait les choses aux sérieux. C'était aussi ça être CP, pensez aux retombées et conséquences politiques. Lorsque le partenaire d'affaire ferait son petit compte rendu de la soirée au Dragon Celeste, ce dernier serait sûrement, on ne peut plus, satisfait de savoir que le Colonel était présent pour chapeauter la soirée et sa sécurité. La théorie était posée, mais la pratique serait tout autre chose, Nikka en était à sa première mission organisée seule et dont les retombées pour elle seraient plus ou moins importante. Mais il restait un détail majeur à régler désormais, convaincre le Colonel de se joindre à elle pour la protection de la cible.


" -Madame, le Colonel va vous recevoir d'ici quelques minutes."

Nikka avait simplement hoché de la tête et avait prit soin d'ôter sa paire de lunettes pour les ranger dans sa poche interne, elle avait aussi regardé l'allure de la secrétaire, une belle plante, une femme aux formes généreuses sans pour autant être difformes, elle avait de l'élégance et du charme était-ce là l'un des signes avant-coureurs des goûts du Colonel ? Elle ne le voyait pas en pervers, les rapports étaient bien trop élogieux pour le dénigrer de la sorte. Plus loin, dans le couloir, des bruits de pas lourds résonnaient.


Dernière édition par Danikka Zu Heltzer le Lun 9 Jan 2017 - 13:39, édité 1 fois
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- « Gouvernement mondial ? »

- « Oui. Une femme, colonel ! »


Mec, j’ai presque sauté de mon siège ! Dans ma tête, il n’y avait qu’une meuf qui pouvait venir me rendre visite sans escorte ou autre. Dans ma tête de gros libidineux, un film se dessina et c’est la bave aux lèvres que je me mis à rêvasser de Shaïness. Car je ne voyais qu’elle. Avec ses cheveux roses bonbons, son énorme poitrine, ses cuisses pleines et son cul de génisse… Bref ! Un bon parti que jamais je n’oublierai et qui m’avait charmé dès les premières secondes ! Le type qui avait été envoyé par ma secrétaire pouffa de rire ! Il voyait de loin ce qui se profilait. Je le surpris en train de se marrer et lui tirai une joue comme un paternel qui surprenait son gamin en train de faire une petite bêtise, puis j’abandonnai mon matériel de pêche pour remonter rapidement la pente qui me menait à la base que je gérais depuis maintenant un an. Ça passait vite, tout ça. Je voulus m’allumer une clope, mais je me rappelai que ma belle et douce Raven-Cooper n’aimait pas l’odeur du tabac. Or, vu que j’voulais sauter sur elle comme un gosse, j’avais intérêt à ranger le tout. J’eus un soupir de lassitude. Mais après, le tabac contre une partie de jambes en l’air… Y’a pas à réfléchir deux fois quoi. L’optique même de la foutre dans mon pieu me faisait pratiquement planer !

- « Hein ? Mais vous êtes qui vous ? »

Sauf que dix minutes plus tard, tristesse. Plutôt que d’être en face de la plantureuse Shaï, j’étais planté devant une rousse que je ne connaissais ni d’Adam, ni d’Eve. La déception décomposa complètement mon visage, qu’on aurait presque dit que j’allais chialer. Ou foutre un poing à cette meuf. Sauf que non. Je n’étais pas comme ça. Personnage pervers, fétichiste de croupes bien fournies, mais pas violents avec les femmes, ni un pleurnichard quand même. Mais tout de même ! C’était tout un monde qui s’écroulait. J’eus donc un lourd soupir que je ne cherchai même pas à camoufler, avant de sortir une clope de la poche de mon jeans bleu. Je l’allumai avec tout le plaisir du monde, avant de profiter de la première taffe comme un gamin avec sa glace. Délice. Puis je posai une nouvelle fois mon regard sur le visage de la meuf là. Une rousse hein… Bah, pourquoi pas… Par contre, le tailleur tout ça… Ça devait donner des idées à pas mal de personnes… Sauf que moi pour l’instant… Juste non quoi. J’avais fantasmé sur Shaï et sur personne d’autres. Je me voyais presqu’en lune de miel avec elle, sauf que cette illustre inconnue avait gâché tous mes espoirs, toutes mes attentes. Non. On partait presque du mauvais pied là. Presque hein.

- « Si vous êtes venue pour me faire chier, autant repartir. J’ai déjà reçu la visite d’une agente du gouvernement qui a procédé à une inspection il n’y a pas si longtemps. Quant au Léviathan, aucun problème. Je le défends comme si ma vie en dépendait… »

Le Léviathan. C’était actuellement le plus gros navire (volant qui plus est) de la marine jamais construit aux abords de l’île et je supervisais le chantier depuis le début de l’an. Ledit chantier avait subi plusieurs attaques et le GM avait même pensé, fut un moment, à envoyer un sous-amiral -rien que ça !- pour tout surveiller, mais mes prouesses sur le terrain avaient mis tout le monde d’accord. J’étais fort. J’avais à n’en point douter la force d’un contre-amiral ou même d’un sous-amiral. Il ne me manquait que quelques coups d’éclats dignes d’un gars de l’amirauté, mais ça viendrait. Je n’étais pas pressé et j’étais encore relativement jeune. Par contre, qu’on m’envoie encore une agente de ce satané Gouvernement, là, ça me faisait chier. L’éthique aurait voulu que je la reçoive dans mon bureau, mais non. J’en avais pas envie. Alors, fumant comme un pompier et sans me gêner un seul instant, je posai mon cul à même le sol, en face de la demoiselle. On aurait pu croire que j’voulais mater sous sa jupe, mais non. L’idée ne m’avait même pas effleuré l’esprit une seule seconde. D’ailleurs, je ne l’avais pas encore détaillé du regard pour la "jauger". Ce qui m’intéressait, c’est ce qu’elle allait me raconter. Du coup, mon regard était planté dans le sien. Et pas ailleurs.

- « Si je fais fausse route, vous n’avez qu’à me dire ce que vous voulez. Dans les grandes lignes. Et si ce que vous dites m’intéresse, la discussion continuera dans mon bureau. Si et seulement si… »

Habituellement, j’étais pas aussi mal accueillant. Mais le GM me cassait un peu trop les couilles ces derniers temps.

Pas de bol pour elle.
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Nikka ne savait pas vraiment où se mettre, et s'était même mis à rougir légèrement tant le Colonel semblait être désappointé par sa venue. Dans un premier temps, elle regardait son tailleur, peut-être y avait-il une tâche, un trou ou quelque chose de choquant qui aurait pu choquer le supérieur de la Marine. Mais il n'en était rien, et là, Danikka avait immédiatement compris qu'elle n'était pas la personne que pouvait attendre le Colonel, ou pas aujourd'hui. Devant cet accueil froid et gênant, un long silence s'était installé pour faire profiter à tous le magnifique "tic-tac" de l'horloge suspendu au-dessus de leurs têtes. Elle n'avait certes, qu'un module de base en psychologie, mais elle avait clairement compris aux dires du Colonel qu'elle n'était pas la bienvenue et que sa requête n'aboutirait sûrement pas. D'un ton assuré et de sa voix suave, elle avait décidait d'entamer les présentations et les raisons de sa visite.

"-Mon Colonel. Je me présente, agent Danikka Zu Heltzer, Cp-7. Je suis ici sur demande officielle de mon supérieur. Je ne suis ni ici pour effectuer un contrôle et encore moins pour connaître l'état des défenses ainsi que les plans d'intervention du Léviathan. Je suis ici, car, je suis en fin de cursus de formation au sein de mon unité. Comme vous le savez certainement le Cp-7 est affecté à la sécurité des Dragons Célestes, toutes leurs demandes doivent être traitées dans l'instant. Il se trouve que, l'un de nos Dragon souhaite que nous assurions la sécurité de l'un de ses partenaires. Et vous avez un rôle crucial à jouer dans cette mission, cependant, pour des raisons évidentes, je ne peux en dire plus ici. Je souhaiterais donc que nous allions dans votre bureau afin de pouvoir donner tous les détails utiles avant d'avoir votre approbation ou votre refus."

Était-ce donc cela dont parler ses collègues ? De la continuelle jalousie, malveillance des membres de la Marine envers les CP ? Était-ce là ce que sa carrière lui réservait, des joutes verbales toujours plus virulente pour obtenir raison ? Elle ne voulait pas en arriver à de telles extrémités et encore moins se mettre à dos un Colonel dont tout le monde semblait bon d'encenser. Toujours était-il que Danikka était là, plantée comme i en attendant de savoir si oui ou non, elle aller devoir utiliser d'autre méthode pour convaincre le Colonel en charge de la Base.

"-Bien entendu, votre nom sera cité dans le rapport et pourrait vous attirer les bonnes grâces de notre supérieur en matière de contrôle de la base mais, bien que j'en doute fort, le Dragon demandeur de la mission pourrait lui aussi lire le rapport et voir votre nom."

Peut-être que de faire miroiter des récompenses pourrait faire pencher la balance, au moins pour que celui-ci écoute ce que la jeune femme avait à lui proposer. Il était évident qu'elle était la seule ici à avoir besoin de lui, mais si ce dernier n'avait de cesse que de s'obstiner dans la négation, elle jouerait alors un tout autre jeu.
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- « T’as de gros boobs. »

En un clin d’œil, je m’étais retrouvé à genoux devant elle, entrain de palper ses gros seins. Ça n’avait pas été du soru, loin de là, mais juste de la vitesse pure et simple. Si elle avait peut-être pu me suivre des yeux, elle n’avait pas pu réagir, ce pourquoi je me retrouvai là, à lui palper les nénés comme si de rien était. Et pour ponctuer le tout, j’avais un sourire non pas pervers (Pour une fois !) mais malicieux ! « Ils sont naturels hein ? Y parait que beaucoup de femmes se font refaire les seins ! » Je me mis à ricaner. Ils n’étaient pas aussi énormes que ça, mais ils tenaient bien dans la main. Un beau bonnet D ! Ils avaient la belle vie, au Cipher Pol. Je les pelotai alors pendant de bonnes et très longues secondes, avant de consentir à la lâcher pour aller me rassoir à même le sol contre le mur. J’avais beau être un officier supérieur, que ce genre de choses ne me gênait aucunement. Le culte de l’image ? Pas mon kif…

- « Mais y’a pas à dire, je préfère les gros culs ! Tu vois… Ces croupes voluptueuses, bien fournies, sur lesquelles on peut foutre des baffes, des bisous, tout ça ! Les seins, une fois que vous approchez la quarantaine, ça tombe et ça devient moche, ennuyant… »

Paumes ouvertes vers le ciel, je les levai à hauteur de mes épaules que je haussai également, non sans avoir un gros soupir. C’était comme si je soulignais une évidence. Les seins, jamais, ne vaincraient les fesses dans mon cœur ! Mais là n’était pas la question. Je m’égarais. Sciemment, mais je m’égarais, ce qui devait perdre la jeune femme devant moi. Elle devait me prendre pour un fou, un gros pervers, ou même s’énerver vu que je prenais son histoire à la légère. A la légère hein ? Enfin… C’était pas le bon mot… Mais peu importe : « Agente en formation, hein ? » Je finis par avoir un air sérieux en répétant ce mot, puis je finis par lever les yeux au ciel non sans fouiller l’une de mes poches pour dénicher mon paquet de cigarettes. C’est que c’était marrant. Une telle mission flanquée à une agente de formation ? Marrant et curieux. Serait-ce parce qu’il s’agissait d’une escorte d’un partenaire plutôt que d’un dragon ?

- « Sinon, tu te méprends sur une chose, gamine. J’ai déjà le contrôle total de la base. Vous n’êtes juste que des enquiquineurs qui pointez vos nez dans mes affaires juste à cause du Léviathan. Y’aurait pas eu ce chantier titanesque, que vous m’auriez royalement ignoré. Quel intérêt représente un pauvre colonel sur une île plus que paumée des blues ? Du coup, j’en ai vraiment rien à foutre… Des bonnes grâces de tes supérieurs. »

Si la marine était le bras armé du gouvernement, il était tout de même autonome au niveau de sa gestion. Il y avait bien entendu quelques rares cas où des pontes du Gouvernement Mondial fourraient leurs nez dans nos affaires, mais l’amirauté avait toujours le dernier mot quant aux dossiers propres à notre faction. Ces bases-là, cette gamine devait le savoir. Du coup, je me demandais bien pourquoi elle s’était bêtement amusée à me faire miroiter des promesses qui, personnellement, ne m’apporteraient pas grand-chose… Parce  que oui, je n’étais pas un vendu. Ni un opportuniste corrompu. Mes promotions, j’allais les choper de façon intègre, à la sueur de mon front, sans attendre les faveurs d’une quelconque personne. Je finis par me rallumer une deuxième clope que j’entamai aussitôt sans gêne. Toute cette réflexion aboutissait maintenant à une question que j’aurai dû lui poser depuis la fin de son speech :

- « Pourquoi moi, d’ailleurs ? Il y a beaucoup d’officiers assez puissants pour t’épauler non ? Qui refuserait un tel service à une rousse aussi belle et plantureuse que toi ? »

Je ne m’étais même pas rendu compte, mais j’étais passé du vouvoiement au tutoiement pendant notre petite conversation. Sans doute à cause de son statut d’agente de formation. Somme toute, il ne s’agissait que d’une gosse qui n’avait encore « aucun poids » et qui se débattait pour s’en sortir. Qui plus est, le CP7 était l’un des plus « sales » et l’un des plus dangereux de ce que je savais. Derrière cette bouille d’ange devait se cacher une tigresse qui aiguisait encore ses griffes et ses crocs. D’ailleurs, le compliment de tout à l’heure n’avait pas pour but de la flatter pour la pécho, mais pour l’inciter à aller tenter sa chance ailleurs. S’il était vrai que j’aimais les meufs bien foutues, seules celles qui avaient un gros popotin m’intéressaient. « Ah et puis merde… J’veux même plus savoir… » Et puis, sans la congédier, c’est d’un pas las que je pris la direction de mon bureau, que je m’y engouffrai pour me servir un verre de vin.

Sauf qu’une fois mon cul posé sur mon siège, derrière mon bureau, je constatai que je n’avais pas fermé la porte derrière moi.

Bah, c’était sa chance quoi…

Enfin, si elle ne s’était pas déjà cassée après ma dernière phrase…
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Avait-elle simplement rêvé, où doter d'une vitesse dépassant l'entendement, le Colonel s'était retrouvé derrière elle pour profiter de ses formes ? Et c'était ça l'élite de la Marine ? C'était ce Colonel dont tout le monde ne tarissait d'éloges à son sujet. C'était donc cet officier qui était promu à un brillant avenir ? Lui qui n'avait ni pris en compte les demandes d'un collègue, lui qui avait préféré réaliser des attouchements, lui qui avait préféré l'envoyer paître pour partir dans son bureau ?

C'était une totale désillusion pour la jeune femme, elle avait toujours vu la Marine comme une institution droite, censée, fédératrice et porteuse de valeurs. Et pourtant, voilà qu'un des piliers de la hiérarchie ne se conduisait pas mieux qu'un pirate de seconde zone. Outre les gestes déplacés, il avait tenu aussi des propos insultants et peu cohérents en rapport à son grade, sa mission et sa réputation. Elle ne voyait pas comment elle aurait pu convaincre une telle énergumène de la rejoindre pour accomplir sa mission. Bien sûr, un refus n'était pas un drame en soit, elle aurait très bien pu faire comme l'avait suggérer le Colonel, aller voir autre part, faire d'autres demandes. Mais sa détermination et sa façon de faire lui en empêcher, qui plus est, le Colonel était mondain et sa présence rassurerait la plupart des convives et le compte-rendu du VIP serait sûrement élogieux ce qui pourrait permettre à Zu Hletzer de se forger de solide armes de départ au sein du Cipher Pol. Renoncé ? Non, elle ne pouvait s'y résoudre et agirait de manière à ce que le Colonel ne lui refuse pas sa demande. Le Cipher Pol Sept avait beau détenir un large budget, il n'en n'avait pas moins des problèmes d'effectifs.

Jusqu'ici, le Colonel avait été rude, il avait insulté, humiliée, manquer de respect à la jeune agente. Bien qu'elle soit en formation, elle ne restait pas moins une agente gouvernementale et avait passé avec brio ses examens, il ne manquait plus grand chose en terme de pratique pour que cette dernière ne devienne une agente confirmée. Il fallait donc agir en tant que tel. Remise de ses émotions, elle avait rougi au contact de l'homme puis la colère s'était emparée d'elle, mais n'était pas ressortie, l'énervement n'était jamais une aide propice aux négociations. D'un pas déterminé et d'une démarche sûre. Remise de ses émotions, elle avait rougi au contact de l'homme puis la colère s'était emparée d'elle, mais n'était pas ressortie, l'énervement n'était jamais une aide propice aux négociations. C'est ainsi qu'elle avait apostrophé la secrétaire qui l'avait fait patienter auparavant.


"-Le bureau du Colonel ? C'est où ?"


"-Je ne suis pas sûre que le Colonel apprécie que..."

"-Pardonnez-moi. Je reformule. Où est le bureau du Colonel ? Maintenant ! Je n'ai que faire de ses états d'âmes."

La secrétaire avait indiqué du doigt l'une des portes du couloir, la jeune s'était alors avancée et sans même frapper à la porte, elle était entrée avant de s'asseoir en face du Colonel, visiblement affairé à son bureau. Le protocole ne semblant pas être la carte maîtresse de son interlocuteur, elle jouerait selon ses règles, elle avait alors entamé son plaidoyer, un ton neutre, mais un timbre de voix assuré.


"-Bien, je vais déjà passer outre le fait que vous ayez réalisé des attouchements sur moi et que vous manquer cruellement de politesse et de rigueur qui sont l'essence même de votre poste. Passons maintenant à votre petit monologue, puisque vous avez visiblement préféré fuir les problèmes plutôt que t'entendre ce que j'ai à vous dire. Voilà comment les choses vont se passer. Vous avez effectivement le contrôle total de la base, vous avez une réputation en or, vous êtes incontestablement une pointure et vos états de service parlent pour vous. Mais, vous semblez oublier quelques petits détails. Bien que la Marine soit relativement indépendante, vous êtes sur South Blue, pas sur Grand-Line. Si le Gouvernement mondial devait exiger des choses de vous, il le ferait et vous obéiriez comme on vous l'a appris. Vous me direz "Mais que raconte cette conne ?" Ce que j'essaie de vous dire, mon Colonel, c'est que je suis du Cipher Pol, monté des dossiers embarrassants pour couler quelqu'un ou au contraire faire disparaître des casseroles d'officier rebus, c'est mon métier. Alors oui, vous n'êtes qu'un Colonel de South Blue et effectivement tout le monde ce fiche pas mal de vous ! Alors estimez-vous heureux que quelqu'un s'intéresse à vous et tente de vous faire sortir de votre trou à rat. Maintenant, j'ai votre attention ? Nous devons discuter de cette mission dont j'ai tenté de vous parler ? Pour une soirée, avec beaucoup de femmes avec des "Gros popotins" comme vous dites..."

Inutile de préciser que l'agent du Gouvernement était pleinement capable de réaliser ce dont elle parlait, reste à savoir cependant si c'était possible sur le Colonel et quand bien même elle ne serait pas sûre d'y arriver, mais peut-être que le simple fait d'exposer ses "tripes" suffirait pour obtenir toute l'attention et la déférence que le Colonel pouvait offrir à la jeune femme.
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- « En fait… T’as un gros cul toi aussi… »

Le niveau de différence était assez fatal. Entre nous deux, il n’y avait qu’un gouffre béant. Un gouffre béant qui devait d’ailleurs la complexer vu qu’elle venait de demander mon aide. Et un écart de niveau dont elle devait s’être rendue compte puisqu’encore une fois, j’étais derrière elle, accroupi, pour lui peloter les miches. Oh, celui-là, il n’était pas énorme non… Mais bien ferme, bien rebondi avec les hanches qui vont avec. Le juste minimum de mon point de vue quoi. Elle était pas si mal finalement, cette rousse ! Bien entendu, elle ne valait pas ma préférée du Cipher Pol, mais on ne pouvait pas nier qu’elle était plutôt jolie. Après, elle était pourrie. Pourrie et vicieuse à l’intérieur…

- « T’es une salope quoi, sinon. Au même titre que la plupart des Cipher Pol. Et après on s’étonne que les braves marines n’aiment pas les CP, halala… »

Je finis par me relever, puis je me collai à la jeune femme. C’est qu’elle sentait bon en plus. Je resserrai mes bras contre elle pour l’immobiliser complètement et j’approchai mes lèvres des siennes pour murmurer : « Je peux te tuer là, maintenant… Et puis il me suffirait d’inventer quelque chose pour me blanchir. » Je m’amusai même à mordiller l’un de ses lobes… Avant de la lâcher et à refaire le tour de mon bureau, tranquillement, comme si de rien était. Comme elle pouvait le constater, j’étais calme. Horriblement calme. Je cédais rarement à la panique, moi. Elle était donc tombée sur la mauvaise personne. Sérieux quoi… Quelle idée de venir me faire du chantage. Elle paniquait trop vite…

- « Heureusement que je ne suis pas comme toi hein… Mais bon. Je vais revenir point par point sur ce que tu viens de me dire… Ah, déjà petite gamine pourrie, va falloir revoir tes leçons de géographie pour être crédible. On est à East Blue, pas à South Blue… »

J’eus alors un rire. Un rire moqueur qui en disait long sur ce que je pensais d’elle. Ce genre d’erreurs gâchait tellement sa crédibilité que c’en était marrant ! Là, quelque chose germa dans mon esprit… Et si ? Et si je jouais avec elle ? J’avais le temps d’y réfléchir, mais j’allais avant toute chose la remettre à sa place. « Tu fais surtout erreur sur une chose. Je ne fuis pas les problèmes, parce que ce ne sont pas les miens, tout simplement. Si j’avais été assigné à cette mission de façon officielle, je n’aurai pas bronché, mais… » En laissant ma phrase en suspens, je pris mon verre et je le vidai cul sec. C’était bon l’alcool ! Surtout après la déception que je me suis essuyé tout à l’heure en pensant à une autre…

- « Mais pour le coup, tu viens de ton propre chef me demander mon aide. Ou au nom du CP7, je sais pas trop. Sauf que je n’obéis pas directement aux ordres des dragons célestes ni à celui de ta faction, mais bel et bien à ceux de l’amirauté. Donc… »

Je haussai mes épaules en ricanant. Elle avait bien compris que j’étais libre de refuser sa demande d’aide. J’étais pas un bon samaritain pour ce genre de choses, surtout quand ça concernait le cul des dragons célestes et de leurs potes. Qu’ils aillent se faire foutre. Ceci dit, elle avait raison sur un point. Si le GM voulait que je fasse un truc, je n’aurai d’autres choix que de le faire. Seulement, pour me l’ordonner, ils étaient eux aussi obligés de passer par mes supérieurs, qui eux me relayeraient l’ordre en me donnant des indications et une marche à suivre. C’était tout simplement dans l’ordre des choses. La logique quoi. Nous n’étions pas des chiens du gouvernement. La soumission pure, on la laissait aux CPs…

- « Ah, et regarde ça… »

Tout sourire, je lui pointai l’escargophone de surveillance accroché à l’un des coins de mon grand bureau. Il avait tout enregistré, bien entendu. Ses menaces tout ça… Bien entendu, j’en avais encore un autre camouflé que je me garderai bien de lui montrer. En gros, celui qui était dans la merde jusqu’au cou, c’était pas moi quoi. « Encore en formation tu disais ? Là, je te crois sur parole, parce que t’es vraiment qu’une amatrice, hahahaha ! Les bons Cipher Pol auraient observé leur environnement avant de procéder à des menaces ! » J’eus un petit rire nerveux, avant d’aller chercher un autre verre que je vins remplir de vin et pousser devant elle. Comme elle pouvait le voir, je n’étais plus fermé à la conversation.

- « Allez, pose ton gros cul sur le siège, bois et amuse-moi encore ! Tu m’plais bien gamine ! Y’a moyen que je puisse changer d’avis, qui sait ! »

Et je me remis à éclater de rire. Foutage de gueule complet.
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Une fois de plus humilier par les gestes déplacés et les insultes a répétions du Colonel, c'était une totale désillusion qui avait envahi l'intégralité de son esprit. C'était donc ça la Marine ? Une bande de marins et scouts indisciplinés qui se cache derrière leur ego débordant et leur vanité enfantine ? Sous prétexte que l'on est doté de solides états de service et que l'on jouit d'une réputation des plus embellies, on peut alors se permettre ce genre d'actes dégradants ? La jeune femme qui s'était voulue compréhensive, ne l'était plus. À cause de ce Colonel imbus de lui-même, elle s'était ancrée dans le crâne l'image d'une Marine dégradante et vantarde, une Marine sans honneur ni fierté. Elles étaient bien loin, ses idées préconçues sur la Marine, fierté, honneur, droiture. Tout, absolument tout s'était envolé pour elle et elle voué d'avantage un culte au Cipher Pol qui arborait toujours selon elle, des valeurs plus fédératrices. Fraternité d'armes, droiture, préservation de la population. Tout ceci ne la faisait que se conforter dans l'idée émise par ses supérieurs. La Marine n'est une boîte pleine de pantins, utilisables à volonté, et une fois le travail accompli, bonne à jeter. Il était temps de s'endurcir l'esprit vis-à-vis de cette Marine polluée, et de sa façon de voir dépassée. Le Cipher Pol était l'avenir de Nikka et pas la Marine, elle devait se détacher de tout ça et apprendre à passer outre.

"-Tu sais... Je crois que toi aussi, tu n'as pas bien saisi. Pas le personnage non, tu m'as parfaitement bien cernée. Je suis une amatrice, c'est vrai, c'est même la seule vérité que tu es émise jusqu'ici. Mais tu te trompes sur le reste... "

La jeune femme avait sorti de sa poche interne, un paquet de cigarettes et un briquet doré aux fines gravures, un cadeau de ses parents. Elle avait porté l'une de ses fines cigarettes à sa bouche avant de l'allumer et d'avaler l'âcre fumée pour la recracher dans le bureau. Toutes ses manières s'étaient subitement modifiées. Plus de "Mon Colonel", plus de vouvoiement, et encore moins de respect et de politesse. Le ton de sa voix était plus dur, plus cassant et teinté d'ironie. Elle s'était même offert le luxe d'un petit rire narquois.

"- Je suis autant une salope, que vous êtes un sale con. Je suis du Cipher Pol, je fais les plans machiavéliques et les petites mains de la Marine comme toi, obéisse bêtement. J'ai vendu mon âme au diable hein ? Mais je suis encore plus ou moins libre, toi ? Tu dépends de ton amirauté ? Amirauté qui est sans cesse mise sous pression par le Gouvernement Mondial, et aussi par les Dragons, donc l'un dans l'autre. Nous avons le même employeur, tu veux te voiler la face pour dire "Je n'ai rien avoir avec ça", certes, c'est un choix et c'est ton problème. Tu peux me tuer ? Non, absolument pas. Et pour une seule et bonne raison, c'est que vous avez cette faiblesse... Vous êtes un homme droit sous vos allures de gangster de la Marine, et vous seriez incapable de transgresser un ordre ou quelque chose qui y ressemble."

Elle se voulait particulièrement fougueuse et violente dans ses propos, elle avait beau être une amatrice, elle n'en n'avait pas pour autant oublier les fondements de ses premières heures de cours. Toujours, et en toute circonstance être informée sur sa cible. L'avantage du Cipher Pol était présent dans la suite de sa tirade, elle avait eut accès à différent dossier pour choisir son partenaire, et elle avait pu lire tout ce qui n'était pas raturé dans le dossier du Colonel.

"-Le vrai pouvoir, ce n'est ni la puissance brute, ni me secouer votre Den Den mushi à la figure, ni ton petit jeu d'humiliation, et encore moins vos menaces. Le vrai pouvoir, c'est le renseignement, l'argent, et le pouvoir, c'est tout bonnement être au-dessus de tout. Je travaille pour le Cipher Pol Sept, les Dragons ont la main mise dessus, c'est eux qui dictent quoi faire. Toi... Toi, tu n'es que le petit Colonel d'une petite Base tellement paumée que je ne sais plus sur quelle mer, elle se trouve. Tu as du pouvoir ici, et un petit peu dans la Marine grâce à ta réputation. Mais tu ne vaux pas mieux moi. Tu n'imagines pas un seul instant tout le pouvoir que détient le CP, pas moi, le CP. Mais moi, tout ce que je peux faire, et tu as raison... Ce n'est pas grand chose... Juste quelques rapports bien placés..."

Elle était la "Salope" du Cipher Pol, il l'avait dit, un être pourri et vicié qui ne cherche qu'à faire le mal et à arranger les intérêts de la Noblesse et du Gouvernement Mondial. Peut-être avait-il raison, mais elle n'avait pas vécu, ni subit de mission qui aurait pu lui prouver. Dans son esprit, pour le moment, son rôle était la défense du Gouvernement qui représentait sa patrie et le dernier rempart contre l'oppression Pirate, l'anarchie Révolutionnaire. Mais, profondément vexée et touchée par les façons d'agir et de parler du Colonel, Nikka voulut enfoncer le clou, il fallait lui montrer qu'elle n'était pas forcément la gentille et frêle créature qu'il croyait. Et pour cela, elle n'hésiterait pas à utiliser des éléments déstabilisant pour le Colonel.

"-Oui... Je ne peux faire que des rapports... Des rapports comme, "Le Colonel développe des syndromes post-traumatiques suite au décès de sa femme, survenu en 1620. J'émets plusieurs craintes quant à la sécurité du Léviathan." Ça sonne plutôt pas mal ça non ? Rachel, ça vous parle ? Vous ne voudriez pas que son avancement dans la Marine s'arrête subitement hein ?"

Consciente qu'elle y était allé un peu fort, elle avait décidé de calmer le jeu cette fois en redorant le blason de son interlocuteur, son petit jeu n'était là que pour lui faire comprendre sa détermination et son envie d'avancée avec lui dans une parfaite collaboration et entente. Toujours la cigarette aux lèvres.

"- Mais, contrairement à toi je ne suis pas stupide. Je prends du recul, j'analyse les choses. Agir de la sorte serait regrettable, pour toi, comme pour moi. Je perdrais un allié pour ma mission, et peut-être qui sait, un futur collègue et ami dans de prochaines opérations. Et toi, et bien, toi, tu aurais ennuis sur ennuis. Contrôle sur contrôle, et le simple fait que des agents gouvernementaux ne viennent sans cesse nuirait à ta réputation à la longue. Je suis prête à faire l'impasse sur tes actes déplacés, tes remarques profondément stupides et aller de l'avant. Mais la vraie question, c'est, es-tu prêt à être sérieux ? Es-tu prêt à me soutenir comme tu l'as fait jusque-là avec tes hommes ? Tu as de la chance, pour une fois, de pouvoir "changer" à ta convenance une CP qui n'a pas encore intégré le système. Profites-en pour me forger, non ?"

Elle naviguait en eaux troubles, elle s'était surpassée dans sa défense et ses divergences d'opinions et d'idées l'avaient peut-être aidé à marquer un grand coup sa personnalité. Elle avait dû asseoir ses convictions et sa vision des choses pour imposer un minimum de sérieux au Colonel. Elle n'attendait pas forcément une réponse positive, mais au moins de l'attention et que celui-ci se prête à écouter le briefing avant d'accepter ou de refuser catégoriquement sa demande. Partir sans avoir combattu, ce n'était pas le genre de la jeune femme et de sa force de caractère.
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- « Pour forger un CP7 hein ? Mais tu délires… »

Je me mis à rire. Un rire gras et sonore qui résonna dans toute la pièce. Je m’attrapai le ventre et failli même tomber de mon siège dactylo, mais je finis par me rattraper in-extrémis, avant d’essuyer une larme à l’œil. L’affaire dura plus ou moins cinq minutes avant que je ne me reprenne tranquillement. Je n’avais jamais été autant confronté à la hargne d’Un Cipher Pol, ceci dit. Bah, il fallait une première fois à tout et je n’étais pas forcément mécontent.

- « Tu te trompes toi aussi sur pas mal de points, gamine… Déjà, la hiérarchie, c’est pas fait pour les chiens. On ne la saute pas comme ça pour faire ce qu’on veut. L’amirauté dépend d’une certaine façon du conseil des cinq, mais si ce même conseil ne l’oblige en aucune façon à faire quoique ce soit, l’amirauté ne fera rien. C’est tout à fait logique, non ?

J’vais pas bouger mon derche tant que je n’en ai pas reçu l’ordre, sans compter que c’est chiant et que je n’ai pas spécialement envie de servir les intérêts d’un dragon céleste, bien que je le fasse d’une certaine manière.

Je t’épargnerai volontiers les croyances des gars de la marine, divergentes en tous points de celle des CP. On a une fierté mal placée, je te l’accorde, mais qui a dit que ça nous gênait, hé ? Je suis fier de penser que je ne sers que la vraie justice, la vraie, plutôt que celles de tes employeurs directs. Si je me fourvoie, tant pis pour ma gueule. Ça ne me gêne pas vraiment d’être pris pour un con ou d’être manipulé tant que je défends au quotidien la veuve et l’orphelin. Tant que j’agis de façon concrète sur le terrain dans le but de maintenir la paix et la quiétude d’honnêtes citoyens.

Vision simpliste ? Ouais, je ne m’en cache pas. Tout comme je suis ne suis pas du tout frustré par ma situation actuelle. Si pour toi, servir dans une base foutue sur une île paumée au fond d’un trou, c’est juste que de la merde, pour moi non. Bien entendu, je suis aussi ambitieux que n’importe quel autre officier, mais pas au point de faire n’importe quoi. Pas au point de me salir les mains à la moindre opportunité. C’est pas ma façon de voir les choses et ça ne le sera jamais.

Je suis pas un toutou, gamine. Pas un soumis. Si c’est ton cas, ne nous fous pas dans le même panier.

D’ailleurs, t’as un peu trop l’air de minimiser le poids d’un colonel. Si t’essayais de foutre de la merde dans mes dossiers et de ceux de Rachel, qui crois-tu qu’on croira ? Un colonel expérimenté dont les actions parlent pour lui et qui en plus, à des preuves qu’on cherche à le nuire ? Ou une petite salope pas encore agente certifiée qui a multiplié des erreurs de débutant ?

Tu penses vraiment que les autres CP se sentiront responsables de toi ? Qu’ils essayeront de me chercher des noises parce que j’aurai réussi à te foutre dans la merde ? Tu crois à ce point en la solidarité entre Cipher Pol, vraiment ?

Moi je pense qu’ils riront de toi. Qu’ils se débarrasseront d’une agente incompétente qui n’aura même pas réussi à convaincre ou embobiner un colonel. Un "petit" colonel comme tu le dis toi-même. Avoue que ce serait quand même la honte hein !

Une CP qui ne peut même pas surmonter sa colère et verser rapidement dans les menaces…  N’est pas une vraie CP. Si t’es prête à falsifier, à fomenter des coups, à plonger dans la merde jusqu’au cou pour tes vénérables dragons célestes, c’est pas de petits attouchements et provocations qui devraient venir à bout de toi comme ça. Ou bien… Tu t’es pas encore faite péter le cul par un gars totalement dégueulasse pour le bien d’une mission importante ? Y’a pas à dire, t’es vraiment qu’une débutante si t’es pas prête à mettre de côté ta putain de fierté qui te rend si condescendante.

D’ailleurs, si tu montes des dossiers contre moi alors qu’on t’as pas donné l’ordre de le faire, y’a moyen que tes supérieurs sachent que tu cherches juste à me foutre dans la misère, et ce gratuitement. Ils sont pas stupides. Ils ne le cautionneront pas forcément… Et même s’ils le font, ce sera eux contre mon amirauté qui me défendra si je brandis les preuves de ta connerie, ma chérie. Au final, aucune faction ne gagnera et t’auras exacerbé la rivalité entre nos groupes pour rien, ce qu’on ne te pardonnera peut-être pas. Tandis que moi… Eh bien… Je serai peinard dans mon trou paumé, héhé.

Et qui est-ce qui te dis que je n’ai pas d’alliés au sein de ta faction ? T’as oublié ce fait…

Soyons clairs. Je n’ai jamais minimisé le pouvoir du Cp, petite gamine pourrie gâtée. Seulement, ce même pouvoir n’écrase pas forcément celui de la marine. On obéît aux mêmes personnes après tout.

Je ne prétends pas être un homme bien. Je m’en fous de ça. Ce qui compte, ce sont mes faits d’armes. Point. Des marines sanguinaires et véreux, il y en a des milliers dans nos rangs, après tout.

Je ne cherche pas non plus à avoir raison. Mes avis ne concernent que moi et si tu crois que je suis dans le faux, tu peux toujours me déclarer la guerre. Je te répondrai avec tout mon amour. Après tout, il faut bien que je fasse honneur à ton gros cul, non ?

Ah ! Et une dernière chose… »


C’est avec un sourire tout à fait flippant que je dégainai mon meitou, avant de le poser sur l’une de mes épaules.

- « Encore un seul mot sur ma femme et sur Rachel et je défigure comme jamais… Si tu me crois pas… T’as qu’à essayer pour voir. Tu te rendras au moins compte d’une chose : Que je suis pas un menteur. »

Voilà qui était clair.
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Elle savait pertinemment qu'il avait raison sur toute la ligne, mais que pouvait-elle bien faire ? Elle n'avait ni le poids, ni l'expérience, ni la façon d'agir pour convaincre le Colonel de lui venir en aide. La seule chose qu'elle avait pu montrer, c'était du cran, ou un brin de folie. Il était clair désormais que tout aller empirer, son caractère et son manque de respect permanent n'avaient cessé de taper sur les nerfs de la jeune agente gouvernementale. Comment pouvait-il être aussi imbus de lui-même et ne jamais se remettre en question ?
Comment pouvait-il être aussi imbus de lui-même et ne jamais se remettre en question ?
Elle avait montré les crocs, ça n'avait pas fonctionné, elle avait aussi abordé de manière officielle et prompte au respect de son grade, là aussi, échec total.
Que pouvait-elle faire de plus ? Abandonner bien sagement et repartir vers d'autres officiers ? Elle perdrait toute crédibilité devant le Colonel aux avis bien tranché, il aurait une nouvelle raison de railler le Cipher Pol et de se pavaner. Aucune femme n'avait voulu lui résister ? Et bien, Nikka serait la première et pour ça elle avait un plan parfaitement rôdé. La fin justifie les moyens, et les moyens, elle les avait et des gros.


"-Je vois... Je vous présente mes excuses pour ça."


Elle s'était assise à même le bureau, dévoilant un peu plus ses cuisses galbées et les formes de son fessier, le tissu de la jupe était complètement plaqué, laissant une vision on ne peut plus suggestive. Croisant les jambes, elle avait plongé sa tête dans une de ses mains avant de se mettre à sangloter.

"-Je suis tellement désolé. C'est que... Avec le stress des examens, la pression des supérieurs, l'éloignement avec ma famille... Je perds un peu les pédales, je suis tellement navrée de vous faire perdre tout votre temps."

Impossible pour le coup, de savoir si elle parlait franchement où si là encore elle tentait une quelconque machniation, sachant que les précédentes avaient échouées. Ce monde était rude, dur, brutal. Peut-être trop pour la petite fille de Water Seven, la petite fille banale, celle qui servait de la soupe aux pauvres, celle qui faisait jouer les enfants du quartier. La petite fille bourgeoise et modèle de Water Seven qui avait toujours connu le confort subissait désormais pour la première ce que l'on appelait le "Refus". Elle avait toujours tout eût, tout posséder et le croyait une fois plus que cela pouvait suffire à ce que tout lui soit dû ? Elle avait eût tort sur toute la ligne, le Colonel, lui, avait raison. Le Cipher Pol n'était peut-être pas fait pour elle, peut-être n'avait-elle pas encore assez enduré son entraînement ou subit le feu d'une mission pour avoir ce déclic, ce léger traumatisme qui lui dirait.

"Tu vois, changes, ou subis."

Elle ne l'avait pas eût non. Après avoir essuyer brièvement ses larmes, elle s'était relevée pour saluer en s'inclinant poliment.

"- Je vous présente encore mes excuses. Mon comportement n'était pas digne de votre rang et de votre fonction. Si vous n'avez plus besoin de moi, je souhaiterais prendre congé de vous. Je dois chercher un nouvel officier. Vous avez raison sur toute la ligne, j'ai failli à ma tâche et à votre honneur."

Elle attendait désormais, bien sagement que l'officier lui dise de partir, et cette phrase serait l'ultime témoin de son cuisant échec.
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- « Aaaaah, ça va… »

C’était ça, le point faible du colonel. Mon point faible le plus dégueulasse. Les femmes tout court. Certains hommes après cette joute verbale aurait bandé et crié victoire, mais c’était pas vraiment mon cas-là. C’est pas comme si j’avais quelque chose à prouver à cette gamine, même si j’avais bien fait de la remettre à sa place. Et puis, évoquer Rachel et ma défunte épouse, ça avait été une mauvaise idée. Très mauvaise idée. J’eus donc un soupir, avant de rengainer ma lame et me lever, un peu peiné. Ce n’était non pas la plénitude de ses cuisses et la volupté de son cul qui m’avaient touché, mais bien ses pensées et sa manière de réagir. Après, je n’étais pas complètement dupe. Son revirement avait été trop rapide. On frisait le théâtre, carrément et venant d’une CP, ça se tenait. M’enfin bon…

- « Eh merde… Assieds-toi, va… Par contre, t’es pas crédible quand tu me montres ton cul et que tu feins les pleurs… »

On avait pas idée de mettre ses formes en valeur et faire exprès de chialer par la suite, sérieux. S’écraser pour avoir ce qu’elle voulait ? Je devais avouer que ça marchait bien. Quel mâle Alpha dans toute sa splendeur y résisterait ? Je fis le tour de mon bureau et la forçai à se rassoir en ayant un autre soupir. Je ne saurai dire si elle jouait totalement la comédie, mais son petit manège avait tout de même fonctionné. Oui, j’avais fait fort, moi aussi. Je savais me remettre en tort. Ceci dit, pas devant une petite conne qui avait eu le culot de proférer des menaces en mon encontre. Je n’appelais pas ça un brin de folie. Enfin, après, il s’agissait d’une meuf pas encore expérimentée. Qui aurait eu des résultats immédiats si elle était directement passée au charme après ma lassitude apparente. Elle avait un « gros » potentiel…

- « Bois ton verre, calme-toi et explique-moi tout concernant ta mission. Si je ne la trouve pas absurde, je vais consentir à t’aider. Sinon, je te redirigerai chez quelqu’un d’autre… »

Voilà. Je n’avais pas encore accepté de l’aider, mais j’étais maintenant prêt à l’entendre. En attendant qu’elle sèche ses larmes de crocodile, je partis fermer la porte de mon bureau à double tour, avant de revenir me poser sur mon siège et me servir un autre verre de vin. Je pointai celui que je lui avais servi et qu’elle n’avait pas encore touché, trop occupée à me menacer pour que j’accepte de l’aider, qu’autre chose : « Bois-le pour te calmer. C’est pas empoisonné ou drogué. » J’eus un petit rire sec. Une CP7 n’aurait quand même pas peur de l’alcool, si ? Ça par contre, ça me ferait bien marrer. Mais j’étais sûr que non. J’avalai alors un verre cul sec, avant de rougir de bonheur et de reporter mes yeux sur elle.

- « Ah… Et je répète ma question de tout à l’heure. Pourquoi moi et pas un autre ? Outre ma force, tu dois avoir des raisons bien précises, non ? Pis… Vu que t’as déjà eu le toupet de me tutoyer, continuons sur ce registre. Tu seras pas du tout crédible si tu me vouvoies maintenant… »

Elle avait maintenant toutes les cartes en main.
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Son petit jeu avait marché ? Mais s'agissait-il véritablement d'un jeu ? Non, l'agente avait complétement craqué, elle n'était pas assez solide encore et le stress des premières missions l'avait totalement submergé. Elle n'avait pas su dire halte à ses propres émotions et elle n'avait pas pris le recul et le sang-froid nécessaire. Elle devait paraitre bien pitoyable pour craquer devant quelqu'un qui était dans son camp, qu'est-ce que ce serait devant l'adversité ?

Mais le Colonel avait fait preuve de compassion et lui avait intimer une série d'ordre rapidement, elle avait eût du mal à tout saisir et avait tenté de s'exécuter dans l'ordre. D'abord, le verre d'alcool, ce n'était pas vraiment sa tasse de thé, mais elle se devait bien de faire honneur au précieux breuvage du Colonel. Il fallait maintenant répondre au Colonel, mais avant cela, elle avait pris le plus grand soin à s'allumer une nouvelle cigarette.


"- Et bien pour commencer, je t'ai choisis vous pour plusieurs raisons. Selon mes cours, nous, les agents du Cipher Pol, nous devons jouer sur plusieurs tableaux. L'aspect infiltration et renseignement, la militarisation, la politique, et bien d'autres encore. Pour ma mission, tu étais la cible parfaite. Tu possèdes les qualités de stratégie et de combat qui font que, en cas de problème, tu seras parfaitement à même d'organiser une défense et une exfiltration. Militairement, tu remplis donc les critères. C'est une soirée mondaine, et les gens n'ont pas forcément confiance au premier Marine qui voient, toi, tu es un visage connu et mondain, ainsi les gens se penseront en sécurité car tu es présent. De l'autre camp, si quelqu'un voulait tenter quelque chose, ton nom ajouté à la dernière minute pourrait faire pencher la balance et faire annuler une attaque par ta simple présence. Socialement, tu remplis les critères. Pour ce qui est du reste, tu gères des projets colossaux, la base ici, le Léviathan, tu es un atout de poids politiquement pour qu'une certaine strate des invités te reconnaissent et t'apprécie, de ce fait, dire que tu es ici en soutien du Cipher Pol Sept, nous offre une certaine crédibilité. Je n'ai vu aucun officier à part toi, remplir la totalité de ces critères."

Elle avait ses raisons de vouloir agir de la sorte, tout devait être parfait. Les Saints ne plaisantaient pas avec la sécurité de leurs convives et il fallait avoir un certain standing et des critères de sécurité, mais aussi de bluff, qui devaient être optimal. Mais, elle n'avait répondu totalement au Colonel, il restait un élément important à prendre en compte : La mission en elle-même.


"-La mission est "simple" en apparence, puisque je me vois confier son organisation. Il ne s'agit pas de la protection d'un Dragon ou de quelque chose d'important. Non, un haut dignitaire et partenaire économique actif d'un des Dragons donne une importante réception sur le Don des Saints. Tout le bottin mondain sera présent, mais le Saint à insisté pour que le CP-7 s'occupe de la sécurité des invités tout au long de la soirée. Il y a visiblement des animations prévues au cours de cette même soirée, mais le Saint n'a pas voulu détailler plus... Tout ce que je sais, c'est que le manoir privé, doit accueillir pas loin de deux cents personnes, et qu'il faut assurer la sécurité de leur entrée et de leur sortie et pendant la soirée. Il n'y a pas de risques majeurs..."

En réalité, Nikka avait une ou deux idées de ce qui pourrait se tramer ce soir là. Mais, sans certitude il ne valait mieux pas alarmer le Colonel avec de futile détails.
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- « Ooooh, c’est donc ça… »

Après son petit speech, je l’observai d’un air réfléchi. L’heure n’était plus aux taquineries et autres moqueries, mais à la réflexion. Plusieurs questions affluèrent dans mon esprit, même s’il y avait déjà plusieurs évidences : Le CP7 avait mieux à faire que d’assurer la sécurité d’une soirée mondaine. Raison pour laquelle on avait foutue une bleue sur le coup. Cependant, ladite bleue jouait gros : Son avenir au sein du Cipher Pol. C’est ce qui expliquait sa méfiance et ses craintes. Si elle admettait elle-même qu’il n’y aurait pas de gros risques majeurs, c’est qu’il pouvait y avoir des risques mineurs qui pourraient la dépasser somme toute. Comme quoi, le risque zéro n’existe pas. Et puis, si ce saint avait ordonné directement au CP7 de s’occuper de cette affaire, c’est que lui et son partenaire redoutaient quelque chose. Il y avait donc un ou plusieurs petits détails qui m’échappaient dans cette histoire. Je pouvais toujours la secouer pour qu’elle m’avoue tout, mais il risquait peut-être de craquer complètement. Galère…

- « Merci pour éloges, mais je suis sûr que tu omets quelque chose pour ce qui est de mon profil ! »

J’eus un sourire. La p’tite rousse avait cru que tout se déroulerait parfaitement bien. Si elle avait dressé un tableau plutôt élogieux de ma personne, elle avait oublié de mentionner mon penchant pour le cul. Cul qu’elle n’avait pas hésité à mettre bien en évidence tout à l’heure, quand j’y pense. Un bel arrière-train d’ailleurs… Sauf qu’elle avait surprise de voir que je résistais, d’où ses réactions disproportionnées. Ce n’était pas que de l’amateurisme. Elle avait trop compté sur sa joliesse. Bah après, ça aurait certainement eu son petit effet en temps normal. Surtout si Shaï ne l’avait pas précédé. Enfin… « Je comptais diner ce soir, en ville… » Je laissai ma phrase en suspens pour me saisir de mon escargophone pour appeler ma secrétaire. Celle-ci accourut aussitôt, entra et s’excusa de n’avoir pas pu stopper la gouvernementale. La pauvre avait l’air terriblement désolée. Elle avait dû entendre les voix criardes depuis son poste de travail. Je haussai mes épaules, avant de me lever et m’étirer carrément. Ça faisait du bien !

- « Mais diner tout seul, ça va être chiant. Tu m’accompagnes ? Ce serait l’occasion parfaite pour nous de se connaitre un peu plus. Et puis, ça pourrait peser sur ma décision de t’aider ou non… Décision que je te donnerais demain matin, parce qu’il me faut un temps de réflexion, ce que, je suis sûr, tu comprends parfaitement ! Un de mes hommes viendra te chercher pour le diner de ce soir. Libre à toi d’accepter ou de décliner l’invitation. »

J’eus un moment de silence, avant de me tourner vers ma secrétaire.

- « Emmène notre invitée dans une chambre d’invitée s’il te plait. Dis au chef de lui servir ce qui se fait de mieux pour le déjeuner ! »

Puis je pris mon arme, avant de sortir tranquillement de mon bureau, sans aucune pression :

- « A tout à l’heure j’espère, Dannika. »

Il ne tenait qu’à elle de saisir l’occasion et de me montrer ce qu’elle avait dans le ventre.

Jusqu’où elle était prête à se salir et s’avilir pour faire une bonne CP.


***


Les heures furent vite passées et vint le soir, enfin. J’étais dans un restaurant assez chic de Shell, si ce n’est le plus chic. Ma table était près d’une cheminée et j’avais déjà un verre de vin en main. Code vestimentaire ? Assez simple, comme toujours. Une chemise blanche sans prétention qui mettait mes muscles en valeur, le pantalon noir qui allait avec, des chaussures assortis au tout et mon manteau de colonel sur mes épaules. Tout dans la simplicité. Je regardai le feu d’un air vague. Dire que je ne l’attendais pas serait un mensonge, mais ce n’était, bien évidemment pas, une attente d’amoureux ou de pauvre puceau qui misait gros pour avoir sa chance. J’eus un rire à cette pensée. J’aurai pu directement l’obliger à coucher avec moi en échange de ce qu’elle voulait, mais non. C’était pas marrant comme ça. Par contre, la voir sous un angle moins professionnel pencherait p’être la balance en sa faveur. Sans compter que c’était également comme elle me l’avait dit : Elle pouvait devenir une alliée de poids. Une informatrice de choix.

Je n’avais rien à perdre dans cette histoire.
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Tout s'était passé à une vitesse folle. L'arrivée de la mission, le briefing, le départ pour Shell, l'altercation avec un Colonel pervers au possible mais légendaire en soit. Et là voilà maintenant en route pour un restaurant pour dîner avec un Colonel de la Marine. Si elle était paranoïaque, elle pourrait croire que c'est son supérieur CP qui la teste.
Mais il n'en n'était sûrement pas ainsi et la belle s'était retrouvée aux côtés d'un soldat de la Marine, qui devait s'arranger pour accompagner l'agente auprès du Colonel. Plutôt inhabituel comme technique pré-opérationelle. Mais c'était là, les façons de faire et d'agir du Colonel qui avait significativement plus d'expérience qu'elle, il ne s'attendait sûrement pas à un dîner galant et encore moins à ce qu'elle soit ouverte, aimable et détendue, cependant, les manières avaient obligé la dame à s'habiller pour l'occasion.

Une petite robe noire, cette robe noire que toutes les femmes devraient avoir dans leur garde aux robes, et une petite paire de talon, par trop voyant ni trop haut, il fallait rester sobre tout en étant chic. Bien entendu, elle s'attendait à une remarque sur sa tenue et trouverait le mensonge adéquat à lancer au visage du Colonel le moment venu. Mais elle était bien là pour le moment, devant ce restaurant de la ville de Shell. Elle se doutait bien que ce ne fût pas la première fois que le Colonel s'y rendait et que la clientèle des lieux le connaissant, ainsi que les employés, Nikka serait peut-être même bien vite catalogué comme "Coup d'un soir" du Colonel. Mais elle n'en n'avait que faire, il lui fallait une réponse à sa question, elle ne s'était pas donné tout ce mal pour rien.


"-Bonsoir Colonel."


À peine était-elle entrée qu'elle avait salué. À peine était-elle entrée qu'elle avait salué. Était-ce là le charme de la séduction et de l'adrénaline d'une opération ? Probablement, rester à savoir maintenant ce qu'attendait véritablement le Colonel. Sur le qui-vive, la jeune femme ouvrit le bal, tout en prenant place et en dépliant sa serviette pour la poser sur ses genoux.

"-Pour ce qui est de l'apéritif je prendrais un Whiskey port-Ellen, sans glace. Pour le vin et les plats, je te laisse le choix ! Je ne suis pas une experte dans ce milieu-ci. J'avoue ne pas être habituée à ce genre de sortie et l'idée de passer dans ce restaurant après une multitude d'autres de tes conquêtes ne m'emballe pas vraiment. Mais soit, je me prête au jeu des questions et des connaissances. Que voudrait savoir le Colonel Alheïri S. Fenyang ? Même si je suis quasiment sûre que tu as profité de l'après-midi pour faire jouer tes relations et obtenir mon dossier..."

La jeune agente avait profité d'un bref instant de silence pour observer les lieux, c'était un lieu modeste, en accord avec sa tenue, mais l'endroit était typique de la région et possédait un certain cachet, les murs en attique, la cheminée crépitante et le comptoir en bois vernis, offrait véritablement un cadre chaleureux et apaisant. C'était des moments que la CP et le Colonel se devaient d'apprécier, ils avaient des métiers difficiles que ne leur permettaient pas souvent de profiter du cadre de leur lieu de travail.
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- « Tu me déprimerais presque… »

J’eus un soupir, puis un sourire, avant de faire un signe de tête à l’une des serveuses du coin qui s’en alla aussitôt. Elle avait compris pour la commande. Il ne s’agirait pas de mon menu habituel de gros bucheron, mais d’un tout. La jeune femme n’aurait qu’à piocher, tout simplement. Je n’avais pas envie de lui imposer un plat en particulier qu’elle rendrait plus tard. On sait jamais avec ces meufs. D’autant plus que celle-là semblait assez jeune. 25 piges à tout péter, très certainement. Ceci étant dit, l’autre-là était aussi jeune qu’elle et peut-être bien plus chiante, en fait…

- « J’ai passé ma journée à glander, tu sais. L’idée de me renseigner sur toi ne m’a même pas effleuré l’esprit une seule seconde. N’aie pas peur… »

Très franchement, j’avais été à deux doigts de la remettre à sa place. C’est qu’elle s’accordait beaucoup trop d’importance la demoiselle ! Aller jusqu’à me renseigner sur elle... Sur une agente en formation… Mouais. Jamais ! Surtout pour le paresseux que j’étais. Je gardai quand même un petit sourire en l’observant sous toutes ses coutures. Rien à dire. C’était tout de même une belle plante. Elle devait en faire tourner, des têtes et qui plus est, sobre. Dire que je pensais qu’elle mettrait ses atouts en valeurs… Sans compter que sa franchise sur un certain point m’avait interpellé.

- « Sinon ? Qu’est-ce qui est vraiment gênant ? Le fait que tu puisses être considérée comme une énième conquête du colonel ? Ou bien la perspective de coucher avec lui en guise d’ultime alternative ? »

Je venais de poser la question qui tue sans la moindre gêne. J’avouais la titiller un peu, mais il était inutile de prendre des gants avec elle. En crevant l’abcès aussi rapidement, j’avais dû déconcerter la pauvre jeune femme ne serait-ce qu’un peu. N’importe qui serait chamboulé. « Enfin… Si on considère que tu t’es pas encore fait un nom et que tu te fiches éperdument de cette ile paumée, les rumeurs ne devraient te faire ni chaud, ni froid. » Ce n’était pas comme si elle était reconnue sur les blues. Ce n’était comme si elle avait été mutée dans le coin. Ce n’était pas comme si elle allait y vivre…

Donc…

- « Je pense donc que c’est ta dernière carte qui te fait chier : Devoir écarter les cuisses pour t’assurer mon soutien. Enfin… Etre une conquête potentielle parmi tant d’autres doit te taper sur le système d’une manière ou d’une autre. Quelle femme n’aime pas être traitée de façon spéciale et singulière ? »

J’eus un sourire en lui posant la question tandis que la serveuse était venue lui servir son whiskey. Je m’étais tu le temps que ladite serveuse fasse son boulot, avant de reprendre parole lorsqu’elle s’éloigna de sorte à ne pas pouvoir m’entendre : « Coucher avec toi ne me dérangerait pas. Ça m’occuperait bien cette nuit. Mais c’est pas forcément de cette façon que t’auras mon soutien. » Je fouillai mes poches et me permis d’allumer un gros cigare. Vu qu’elle avait déjà fumé devant moi, il n’y avait pas de raisons que je me gêne. De plus, cette soirée n’était pas un rendez-vous galant, loin de là

- « Si je raconte toutes ces cochonneries dès le début, c’est pour que tu sois un peu tranquille. Et plus que jamais naturelle. En gros, pas besoin d’user de tes charmes pour t’attirer ma sympathie. On part sur de bonnes bases. Du coup, parle-moi de tout c’que tu veux. Tes hobbies, c’que t’aimes bouffer, tes ambitions, ta raison d’être au Cp, ton type de mec etc… Tout ce qui te vient à l’esprit quoi ! »

La soirée était pour ainsi dire lancée.
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Toujours cet aspect brutal dans les propos du Colonel, il n'y avait jamais l'art et la manière, il n'y allait ô grand jamais avec le dos de la cuiller. C'était toujours des paroles brutales et des propos cinglants, s'était à se demander comment il avait pu devenir Colonel avec un clapet pareil.
Toujours des questions sans gêne auxquelles il fallait répondre dans l'immédiat pour satisfaire sa personne. Mais, l'agent gouvernemental avait, elle aussi sa fierté et son petit caractère, elle se voulait calme et stable, bien que jusqu'ici, elle ait démontré le contraire. Il fallait tout de même jouer la carte de la prudence.


"-Aucune des deux perspectives n'est gênante. En fait, je pense que tu es dans le faux depuis le début avec moi. Ce n'est pas tant d'être une conquête. Ce n'est pas de coucher avec quelqu'un de si prétentieux et effronté qui me gêne. Ce qui me gêne, c'est la conquête. Pourquoi tout doit être si facile et si simple ? Alors que le jeu, le jeu de la séduction est si palpitant, semer d'embûches, de sentiments mêlés et d'adrénaline ? Pourquoi ne pas vivre le combat ? C'est comme si, nous ne vivions pas et que nous préférions aller à la mort subitement non ? Et puis tout ça, soulève un second point "gênant". Nous nous lions, nous partageons quelque chose d'intime, et tu tomberas forcément fou amoureux de moi. C'est indéniable. Et que se passera-t-il si nous avions à combattre ensemble ? Fomenter des plans ? Agir dans des opérations ? Nos métiers sont étroitement liés vois-tu ?"


Elle aussi, voulait jouer l'arrogante éhontée et était prête à jouer des coudes verbalement avec le Colonel, après tout, elle pouvait utiliser son sarcasme elle aussi. Elle avait pensé chaque mot, c'était sa façon de voir les choses et contrairement a ce que pouvait bien penser le Colonel, Nikka n'était pas du genre à prendre ce genre de jeu à la légère. Mais les prochaines paroles du Colonel et ses questions avaient quelque peu déstabilisé la jeune femme. On aurait pu croire que la première question l'aurait fait sortir d'elle où complètement déstabilisé, mais non, c'était bien la question qui visait à en apprendre plus sur elle qui l'ennuyer.  

"-Ca peut paraître stupide... Mais... Enfin, je suis née sur Water Seven. J'ai grandi là-bas, toute ma jeunesse, je n'ai fait qu'aider les gens. Les gens dans le besoin, et je n'ai vu dans la misère que la bonté d'âme. Alors stupidement, j'ai voulu m'engager dans la Marine pour "aider" à une plus grande échelle. Mais j'avais le potentiel CP, alors j'y suis allé, en me disant que si je faisais partie de ces soldats de l'ombre, je pourrais aider d'avantage à mon niveau. Pour le moment, j'ai bien l'impression de m'être trompée et je regrette presque d'être ce que je suis pour le moment. Mais c'est le début, peut-être que mes missions seront plus gratifiantes par la suite... Je voulais juste aider, et j'étais persuadée que la Marine et le Gouvernement Mondial étaient les deux seuls remparts dressés contre la piraterie, l'anarchisme de la Révolution et que c'était nous les "gentils", ceux qui aident les populations dans le besoin. Maintenant... Je ne sais pas. Je veux juste devenir plus forte, plus solide pour endurer les épreuves et avoir assez de poids pour faire mes propres missions et aider les gens, mais je ne suis pas sûre d'y parvenir..."


Elle n'aimait pas dire ce qu'elle pensait à propos d'elle et du Cipher Pol. Elle pensait sincèrement ne pas mérité sa place et encore moins qu'elle était dans la bonne unité. Elle était membre du CP-7, ceux qui s'occupe des affaires des Dragons Céleste, quel genre d'horreur serait-elle amené à voir ou faire pour leur compte ? Elle ne le savait pas encore, mais elle savait que tout serait difficile pour elle et que la route serait longue. Elle était en constante opposition entre sa personnalité et sa fonction, mais tôt ou tard l'un aurait le dessus sur l'autre allant même effacer le souvenir du côté dominé.
Visiblement anxieuse, elle changea rapidement de sujet.



"-Pour ce qui est de mes hobbies, j'aime nager, je joue de la harpe. Et j'aime un peu trop aidé les gens et je ne pense pas assez à moi-même. Et j'ai une sainte adoration pour le Whiskey, je pense être une fine connaisseuse en la matière. Mais, et vous ? Comment le Colonel Fenyang s'est retrouvé comme étant la coqueluche du Gouvernement et de la Marine sur Shell ? Hm ?"



Après tout, pourquoi serait-il le seul à pouvoir poser des questions ? Il avait beau être Colonel, il n'en restait pas moins un homme, il était sûrement un grand homme mais il avait les pieds tout aussi bas que ceux de Nikka.
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Pouvait-on vraiment parler de jeu de séduction lorsqu’il y avait un enjeu important ?

Bonne question que voilà. Certes, mêler l’utile à l’agréable était possible, mais ce n’était pas comme si Danni avait le loisir de s’amuser. Le tout ressemblait à une promotion canapé. Certaines personnes n’y consentaient pas par jeu, mais bel et bien par nécessité. De ce fait, je trouvais son raisonnement assez bancal. Le contexte ne s’y prêtait donc pas. Cependant, j’eus un sourire amusé lorsqu’elle affirma que je pouvais tomber amoureux d’elle. C’était impertinent, mais pas forcément irrespectueux ; ce qui avait l’art de m’amuser. Si elle avait continué sur cette voie ce matin, elle aurait certainement eu mon respect ainsi que gain de cause. Enfin, je n’allais pas revenir sur les mêmes sujets tout le temps…

- « La coqueluche de la marine hein ? J’irai pas jusque-là. Quoique… Qu’est-ce que tu en penses toi ? Sachant que mon père est un vice-amiral bien connu, j’ai peut-être été pistonné non ? »

Puisqu’elle voulait jouer, soit. On allait bien s’amuser. Dans tous les cas, je ne perdais pas grand-chose. En attendant qu’elle réponde, deux serveurs étaient venus avec des plateaux chargés de victuailles. Des salades en tout genre, des fruits de mers et surtout de la viande. De la viande ! A la vue du steak qui m’attendaient, mes yeux s’illuminèrent comme ceux d’un gosse et j’eus presque la bave aux lèvres. Rien de mieux que la bonne bouffe, vraiment ! Après une disposition en bonne et due forme, je leur fis signe de s’en aller. Je m’emparai de la bouteille de vin avant de sourire. Du würzburger stein ! Un peu aigre et un peu épicé sur les bords, mais tout ce qu’il fallait pour cette soirée. C’était plus que parfait !

- « Sinon ? Que dire ? Je suis juste un petit colonel aux allures de gangster, prétentieux, effronté, macho, grossier et terriblement pervers. Le genre à aimer les meufs bien foutues quoi. Le genre qui sait pas se tenir à table, tout ça… Le genre d’officier paresseux qui fait honte à la marine ! Non ? »

J’eus un petit rire moqueur. Je ne la rabaissais pas, mais je la taquinais juste pour cette fois. Rien de vraiment méchant en somme. Cette image de moi me faisait quand même marrer et j’en jouais beaucoup. Si pour elle, j’étais un ramassis de merde, tant mieux. Ce n’était pas comme si j’avais quelque chose à lui prouver. Malgré son verre de whiskey encore plein, je lui servis un verre de vin pour qu’elle y goute si jamais elle y avait envie, puis j’en pris aussi avant de le savourer. Pour la bouffe, elle avait l’embarras du choix. Elle pouvait donc se servir sans gêner. Quant à moi, je vidai mon verre à moitié, avant d’avoir les joues toutes rouges. Rien de mieux que ce breuvage ! Et quel breuvage ! Il était exquis !

- « Pour la ville de Shell, disons que c’est un concours de circonstances. C’est aussi la ville natale de ma première femme. Je t’épargne les détails… »

Rien de vraiment difficile à deviner. Je finis d’ailleurs par poser mon verre et mon regard se perdit dans le vague. Nous avions tous nos démons, nos moments de doutes. Elle. Moi. C’est d’ailleurs à cet instant précis que je me mis à repenser à sa gêne lorsqu’elle me parla de sa fonction, ses croyances, ses ambitions et autres perspectives d’avenir : « Et si tu devenais marine ? » Inutile d’argumenter plus loin en lui crachant à la figure qu’elle n’était pas faite pour être la chienne de ces pervers qui ne daignaient même pas respirer le même air que nous. A mon sens, elle était faite pour la justice, la vraie. Et c’est avec un regard plus ou moins sérieux que je lui proposais d’abandonner le Cipher Pol et de me rejoindre.

Après toute la merde que je lui avais dite.

Plus culloté que moi à cet instant précis, tu meurs.
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