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Soleil noir

"Les contes de fée n'apprennent pas aux enfants que les dragons existent. Les enfants le savent déjà. Les contes de fées apprennent aux enfants que les dragons peuvent être tués."

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Village de Brennenburg, Île Aveugle, North Blue
Une après-midi rayonnante

Elle est morte ?
Rigole pas ! M'fais pas rire ! BWAHAHAHA !
Si si, j'te jure ! L'vieux René m'a dit qu'son rejeton l'avait butée !
La baronne est morte ?
Impossib'. C'est une démone immortelle, tout l'monde le sait. Arrête d'mentir ou elle viendra te dévorer pendant tes cauchemars.
Ouais, BWAHAHAHA ! M'fais pas rire !


Dans la taverne du veau égorgé, les habitués rassemblés autour de leur table s'échangent des ragots : leurs gosiers fétides distribuent avidement les mots, les rires et les questions, la salle devient sanctuaire chaleureux au milieu du glacial souffle de l'hiver mourant qui expire à l'extérieur. Car ces rumeurs souvent morbides, souvent inquiétantes, toujours appétissantes, sont pour eux comme les choppes de bières frelatées à leurs poignets : une source d'infinie ivresse qui plonge dans l'oubli la douleur de leur existence misérable.

Le vieux fou a raison. Faut pas déconner avec ça. Tu te souviens pas de ceux qui l'ont fait avant toi ? Phillipe ? Orlak ? Benjamin ? Marcus ? Et tant d'autres. Ils ont provoqué les monstres qui siègent là-haut, dans les collines. Et la démone les a châtiés.
J'veux pas aller en Enfer ! Pardon, m'dame la démone !
BWAHAHAHAHAHA ! EN ENFER !
Mais on est sûr qu'les Brixius sont des démons ? On les as vu utiliser des pouvoirs magiques ?
Il paraît qu'la baronne Brixius rajeunit lorsqu'elle boit not' sang ! On est liés à elle ! Des filaments d'chair liés à leur mère !
PAS MON CORPS ! PAS MON CORPS ! J'SUIS PAS UN DÉMON !
Ouaip, c'est une succube ! J'pense qu'elle nous as tous enfantés. Ça expliquerait pourquoi m'souviens pas d'ma naissance, gnhyéhéhéhé !
N'importe quoi ! Moi j'vous dis qu'elle était bien humaine, et qu'en plus, bah elle est morte ! René a vu son gosse la balancer dans le puits !
Ah ouais ? P'têtre, alors. Après tout, y a qu'les démons qui peuvent tuer d'autres démons...


La tyrannie de la baronne Brixius a semé les graines d'une névrose superstitieuse dans l'étrange village de Brennenburg. Sous la nuit éternelle de cette île maudite de North Blue, ces paysans vivent d'une terre pauvre et malingre, assoiffée d'un soleil qui refuse de tremper ses rayons salvateurs dans ces contrées polluées par le vice et l'obscurantisme.

Les origines de cette malédiction, s'il s'agit bel et bien d'une malédiction, sont inconnues, mais ces pauvres hères jureraient sur la caboche de leurs enfants que la fuite du Soleil est liée à la présence de la famille Brixius sur ces terres. Des démons cruels, impitoyables, arbitraires, sadiques, vicieux, avides : leur réputation est à la mesure du sang d'innocents qu'ils ont déjà versé. Il est possible que l'Île ait absorbé toute la souffrance générée par les excès déments de ces nobles, décidant de se fermer au Soleil, décidant d'à jamais se fermer les yeux, pour cesser de contempler les folies perpétrées sur sa terre.

Pour rébellion envers l'autorité suprême représentée en la personne de la Baronne Béatrice B. Brixius, la sentence est l'écartélement public. Ou l'amputation méticuleuse de chacun des membres du coupable un à un avant la décapitation, selon ses humeurs.

Tout citoyen de Brennenburg se refusant à être déchu au statut d'esclave/bête de somme doit recevoir six cents coups de fouets dispensés par un bourreau certifié. De plus, ses ongles lui sont arrachés et il doit les ingérer. Par la suite, il deviendra tout de même esclave, bien entendu.

Ainsi est organisée la hiérarchie de l'île : sur la base de la plèbe, relégués au même rang que les bêtes agricoles, siègent les domestiques de la famille Brixius, disposant du formidable privilège de servir au plus près la noble caste dominante, puis plus haut encore survient Balthazar B. Brixius, l'odieux bâtard qui fit surnaturellement souffrir sa pauvre Mère lors de son accouchement.

Et au sommet de cette funeste pyramide, la baronne Béatrice B. Brixius, qui s'arroge le droit de vie ou de mort sur toutes les créatures stagnant en-dessous d'elle. Y compris son fils.

Voici l'ambiance dans laquelle les résidents du domaine Brixius évoluent depuis des décennies : dans l'oppressante obscurité imposée par des nobles inhumains, ils tâtonnent et cherchent une issue dans le noir le plus complet. Abandonnez tout espoir, vous qui pénétrez ici. Si le Diable se cherchait une résidence secondaire terrestre, il y a fort à parier qu'il installerait sa chaise longue ici.


Si elle était vraiment morte, le Soleil se serait levé.
Ouaip, pas d'faux espoirs, les potes. Au lieu d'rêvasser, j'devrais d'jà être à la récolte...
T'as pu tirer quelque chose des terres ?
Une tomate, hier.
Bwéhéhé, la nature reprend ses droits sur les démons !
BWAHAHAHA !
Pas si fort ! Elle pourrait t'enten...
Arrêtez d'parler d'elle comme si c'était l'Diable !
Mais elle l'est...
Nan, c'une humaine, foi du Jacques ! Et si René dit vrai, cette humaine est tombée dans l'trou du cul des enfers à l'heure qu'il est, précipitée par son marmot ! C'est p'tetre le jour idéal pour lever la malédiction !
Qu'elle soit vraiment une démone ou une simple sorcière, j'vois pas la différence. Si elle est crevée, son spectre doit hanter l'château. P'tetre même qu'elle possède le corps du Balthazar, qui sait ?
Ouais, j'ai pas envie d'être plus hanté que j'le suis déjà. J'reste ici. La bière, on est sûr qu'elle nous fera pas d'mal !
Vas-y, trinques !
BWAHAHAHAHA ! TRINQUONS !
Longue vie aux démons Brixius ! Bhyéhéhéhéhé !
Les gars...
Laisses tomber et sers-toi une autre choppe, Jacques. T'sais bien comment finissent les trublions ? Alors les révolutionnaires...
Ça serait con qu'on t'retrouve pendu avec tes tripes en partant cueillir nos moisissures dans la forêt tout à l'heure. Berk, ça shlingue les cadavres...
BERK ! BWAHAHAHA !

Jacques enrage de la lâcheté de ses frères de malédiction : il n'a pas osé leur pourfendre le coeur en le déclarant à voix haute, mais ils le dégoûtent. Ne les gratifiant d'aucun autre mot, il quitte la taverne, en claque la fragile porte en bois : les gonds grincent. Les ruelles froides accueillent cette créature humaine dans un pénible carcan glacial. Le printemps arrive bientôt, mais ici, à Brennenburg, on sait déjà qu'il sera sans Soleil. Alors à quoi bon sourire ?

Il a toujours été comme les autres, Jacques. Un serf sans âme, un pantin commun usé jusqu'aux os par une cruelle marionnettiste. Trente ans il a travaillé dans les champs, s'est démené à tirer quoique ce soit d'un sol putride afin d'aider sa famille à survivre. Son père mort de tuberculose il y a deux ans, sa mère déchiquetée par la baronne depuis bien longtemps, sa femme vidée de son sang lors de l'accouchement de Will, son fils, le seul qui a tenu bon face aux innombrables sévices de la Faucheuse, de la Baronne et du jeune baron à Brennenburg.

Bien sûr, Jacques peste, très souvent, conchie son sort et ceux qu'il en juge responsable, les aperçoit culminer là-haut et rêve de les voir tomber entre ses griffes. Il sait que s'il attrapait la Baronne, ou même son immonde progéniture nauséabonde, il sait qu'il leur ferait goûter au centuple toutes les horreurs qu'ils ont infligé aux siens.

Il bout d'une rage qu'il n'a jamais eu l'occasion d'exprimer. La rage d'un esclave qui se contrefiche de périr dans un flot de sauvagerie qui le propulserait directement dans le collimateur de Dieu, tant son existence terrestre est déjà un Enfer.

Mais Jacques ne peut rien faire seul. Il ne peut pas abandonner Will, sept ans, tout juste capable de semer des graines mortes-nées.


QUELQU'UN ?

QUELQU'UN SAIT QUE LA BARONNE EST MORTE ?


Mais rien ne lui répond. Les vieilles baraques de pierre constellée de mousse restent muettes.

SORTEZ ! N'AYEZ PAS PEUR ! Y A PLUS QUE L'BALTHAZAR ET LES DOMESTIQUES AU CHATEAU ! ON PEUT S'LES FAIRE ! AVANT QU'ILS S'ORGANISENT ! VITE ! EN AVANT ! En avant ! En avant...

Rien ni personne.

***

Étrange scène dans l'un des interminables couloirs du château des Brixius. Le jeune Baron, Balthazar, statique face au portrait de sa Mère décorant l'entrée de la tour Est. Il murmure, innocemment, comme s'il s'agissait d'une invocation silencieuse, le surnom qu'il a apposé sur la seule personne qui fut chère à son coeur putride incapable d'aimer.

Maman.



Maman.






Maman.




Maman.


Le jeune homme, enfermé dans sa redingote trop petite pour lui, bariolé de bleus et de balafres qui lui rappellent toute l'affection que sa Mère lui portait, griffe le portrait dessinant celle qui fut la maîtresse de ces lieux maudits. Une relique d'un passé cristallisé : cette époque bénie des châtiments corporels, des humiliations, des tortures et des épreuves insoutenables qui sont les seules méthodes à pouvoir bâtir un héritier stable et prêt à prendre la relève d'une noblesse centenaire.

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Des larmes s'écrasent sur ses joues creusées par l'éducation de sa Mère.

J'ai besoin de toi. Pardonnes moi.
Non.
Reviens.
Non. Non.
Qu'est-ce que j'ai fais...
Reviens, Maman...


Il a occis sa Mère parce qu'il en avait assez des horreurs qu'elle lui faisait subir.
Mais voici que déjà, il regrette terriblement la disparition de la femme qui gouvernait sa vie.
A chaque seconde, son esprit s'émiette un peu davantage. Il ne parvient plus à penser à autre chose qu'à sa félonie. Qu'au déshonneur qui assiège sa famille. Et à sa Mère. Et à Maman. Et à la seule personne à laquelle il tenait, malgré son insondable cruauté.

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Déboussolée. Douleur au sommet du crâne. Elle parvient à se relever lentement, les genoux endolori. Il fait entièrement nuit. Entourée d’arbres morts, elle n’a absolument aucune idée de l’endroit où elle se trouve. Quelque chose bouge près d’elle, dans l’ombre. La seule chose qu’elle sait, c’est qu’elle doit courir.

* * *

Quelques minces filets de lumières traversaient les épaisses feuilles des buissons entourant le champ. Une lanterne. L’homme qui la tenait de sa main parcourait ses terres, vérifiant chaque pousses, sans méticulosité aucune. Il suffisait d’un simple coup d’œil à l’ensemble de la plantation pour remarquer que tout était mort. L’homme pesta, cracha au sol – ce qui provoqua chez lui une toux aussi violente que répugnante -, avant de s’éloigner et de rentrer dans la petite maison de brique à l’allure délabré. Des ronces et du lierre recouvraient partiellement la petite bâtisse dont les petites fenêtres sales et brisées permettait de voir, pendant encore quelques temps, la lumière de la lanterne. Lorsque les dernières lueurs de la flamme se dissipèrent, quelque chose se faufila entre les buissons et pénétra dans le champ.

Le sol était boueux, et les plants semblait avoir subis plusieurs années de pourriture. La petite silhouette qui s’enfonçait dans les terres pris soin de ne pas les piétiner. Visiblement pressé de sortir de l’endroit, elle n’avançait pourtant pas en ligne droite, mais traça plutôt un arc de cercle, la tenant ainsi le plus éloigné possible de l’étrange épouvantail qui servait de gardien des lieux. Parfaitement inquiétant, l’homme de paille n’effrayait pas que les rapaces. Et semblait bouger. Mais ce n’était probablement que l’effet de la légère brise qui secouait la végétation environnante.

La silhouette rejoignit la maison à pas de loup. Haute comme trois pommes, elle se hissa sur ses pieds pour regarder discrètement à travers la vitre brisée. Rien ni personne. A vrai dire, elle n’y voyait quasiment rien. Seul quelques formes grisâtres se dessinaient devant ses yeux. ; Une large table poussiéreuse, des meubles tout aussi sales, et pour la plupart quasiment vide. Prenant soin de ne pas croiser le verre brisée, la silhouette s’engouffra à l’intérieur.

La plupart des placards étaient vides. Elle fouilla méticuleusement chaque meuble et recoin de la pièce dans laquelle elle se trouvait. Rien. Ou si peu.

Et lorsqu’elle voulu repartir par là où elle était venue, elle sentit une main tenter de la saisir.

* * *

Petit village éclairé par plusieurs lanternes allumées ici et là sur les murets qui entourait la route de terre. L’endroit était étonnamment vivant, pour un lieu plongé dans l’obscurité de la nuit. Plusieurs personnes s’avançaient sur le chemin. Ils se ressemblaient. Car si Ils n’avaient pas le même visage, ils partageaient pourtant certains traits : crasseux, fatigués, cernés, frêles. L’un d’eux criait à plein poumon en direction des maisons environnantes, mais ne recevait aucunes réponses, si ce n’est des volets qui se fermait en entendant ses dires.

– LA BARONNE EST MORTE ! JE VOUS LE DIS ! LE SOLEIL SE LÈVE, LEVEZ VOUS AV-
– Arrête donc tes conneries Jacques, tu vas tous nous foutre dans la merde…
–  Vous pleurez votre sort chaque secondes qui passent, et maintenant que…
– Que quoi ? Arrête de crier, elle pourrait nous entendre.
– Qui ça ? La baronne ? Écoute moi bien, la baronne est m-

Il s’interrompit. Il venait de tourner la tête et d’apercevoir, au milieu de la route, une jeune fille, tout aussi frêle qu’eux, mais la similitude s’arrêtait là. Car elle, elle paraissait vivante.

Soleil noir 1488375753-klarapetiote

– Rentre chez toi, petite, fit le plus silencieux des deux. Tu vas t’attirer malheur.
– Elle n’est pas d’ici, remarqua Jacques. Regarde là.
– Petiote, reviens !

La troisième voix s’éleva depuis l’horizon, à quelques dizaines de mètres derrière elle. A la vue de l’homme, la jeune fille recula contre l’un des murs d’une des maisons aux volets fermés.

– Qu’est-ce que tu fous, Frolic ?
– Elle s’est faufilé chez moi, comme une saleté de…
– De ?
– J’sais pas. Une saleté, quoi.
– C’est qui ?
– J’sais pas.
– Elle est perdue ?
– T’es perdue, p’tite ?

Elle l’était.

– R’gardez là, elle vient pas d’ici. Pas de chez nous en tout cas. Elle est propre.

Elle ne venait pas d’ici. Ni du village, ni de l’île. Elle était venue en bateau. Elle reprenait ses esprits. Elle était venue par bateau, accompagnée de la seule personne au monde à qui elle parlait. Et maintenant, elle était seule.

- Et elle a des vêtements propres aussi. Riches même.

Elle ne portait rien de riche où d’ostentatoire.

– Attends… P’tête qu’elle vient de là-bas.
Elle t’a entendu Jacques, fit le second homme, prêt à décamper d’ici au plus vite. J’vous jure, j’ai rien fait !
– Arrête tes conneries !
– On dirait un fantôme. T’as vu ses cheveux ?
– N’importe quoi.
– Ouais, et ses yeux… C’est pas naturel, moi j’m’y connais. Le vieux Gilles de la ferme d’à côté, il m’a raconté des histoires.
– C’est une sorcière ?
– C’est qu’une gosse…
– Elle vient de là-bas, du château. Regardez là.
– Envoyée pour nous punir. Je te l’avais dis Jacques, je te l’avais dis.
– Ferme là. Petite, viens. Tu risques rien.
– Qu’est-ce que tu fais ?!
– On peut pas la laisser partir.
– Elle va aller dire. On a blasphémé. On va se faire brûler vifs, ou pire encore. Je te l’avais dit.

Elle les regardait un à un, balançant son regard entre les trois paysans.

– On peut pas la laisser partir.
– Si c’est une sorcière, je m’approche pas.
– C’est qu’une gamine.
– Si c’est une sorcière, elle prend l’apparence qu’elle veut, c’est le vieux qui me l’a dit. Les sorcières, elle font ça.
– Petite, viens. Tu vas pas rester là toute seule, dans la nuit.

Celui qui répondait au nom de Jacques s’approcha lentement, la main tendue vers elle. Un faux sourire parfaitement répugnant sur le visage, dévoilant ses chicots dont même la nuit ne pouvait cacher l’ignominie.

Il ne s’attendit pas à ce que la jeune Klara ne lui fonce dessus pour le repousser, et courir sans s’arrêter en suivant le seul repère qu’elle avait trouvé, la longue tour noir qui s’élevait parmi les arbres.

* * *

Elle s’était écroulée pendant sa course. Oui, elle s’était cognée. Tout simplement. Mais maintenant, elle doit continuer. Elle ne cesse d’entendre des mouvements autour d’elle. Les paysans, ils sont encore là. Elle en est certaine. Dans sa course, elle passe par dessus des restes de ce avait dû être, dans une lointaine époque, une magnifique barrière.

Finalement, ce n’est pas un paysan qui l’attrape. Elle venait de pénétrer chez les Brixius
.


Dernière édition par Klara Eilhart le Mar 21 Mar 2017 - 1:50, édité 1 fois
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Trahie par la chair de sa chair, par un brasier de folie qu'elle a attisée, la Baronne Brixius vit la Mort surgir de là où elle s'y attendait le moins. Par la main putride de la descendance qu'elle pensait avoir dompté. Lorsqu'elle chuta à travers le puits ténébreux et humide qui s'élève arrogant dans la cour du château noir, ses dernières pensées, si elle eut le temps d'en avoir, furent sûrement quelques cruelles malédictions destinées à ce grand enfant qui résolut son complexe d'Oedipe d'une manière bien à lui. On la pensait sorcière ou démone et jamais l'idée de l'abattre n'effleurait les pensées des malheureux rats qui squattaient ses terres : on redoutait souvent bien plus ce qu'elle pourrait devenir en mourant, et on acceptait que vivante, elle dispose des vies de ses sujets comme de simples carpettes sur lesquelles essuyer ses pieds sales ; car c'est une démone après tout.

RODOLPHE ! AU PIED !

Sa patience consumée par le volcan qui bouillonne en lui.

DOIS-JE CASSER L'HARMONIEUSE HARPE QUI ME SERT DE CORDES VOCALES POUR QUE TU DAIGNES ACCOURIR, RODOOOLPHE ?!
Mes excuses, jeune maître. J'étais pris par la lingerie de votre Mère.
Elle...
Oui ?
Je.
Comment ?


Il ne peut pas. Il ne peut pas confesser son péché. Il croyait pouvoir offrir son aveu sur un plateau à son majordome. Mais le grand barrage de la Honte lui bouche la gorge et sur lui s'écrasent tous les mots qu'il croit trouver. Les mots qu'il voudrait poser sur l'innommable.

Morte.
Parbleu, jeune maître... Que s'est-il passé ?
Mère est partie. A jamais. A-A...
Jeune maître !

Livide, pâle comme la lingerie de sa Mère, Balthazar sent ses muscles se vider un à un de toute essence puis son crâne également, un avant-goût édulcoré de la Mort. Menaçant de s'écrouler sur le parquet glacial, il est rattrapé par la poigne exercée de Rodolphe, habitué à transporter des cadavres. Un Vivant est bien plus léger qu'un maccabée, le départ de la volatile âme laissant le laborieux poids de la matière triompher. La Mort n'est pas très ponctuelle, elle arrive souvent en avance.

Dois-je faire venir notre médecin ?
Ça ira.
Vous dites que madame la Baronne... Comment ?
Un ACCIDENT. QUE JE NE TE DÉCORTIQUERAI PAS. Un malencontreux...

Un malencontreux meurtre. Balthazar a beau travestir la vérité, il la reconnaît peu importe l'accoutrement qu'elle arbore.

Ses domestiques dressés par l'assurance de manger, boire, dormir, autant que leurs corps en avaient besoin pour continuer à être usités par la famille Brixius, la Baronne était parvenue à en faire une meute de chiens loyaux opposés aux volontés des paysans. Car la division est l'arme suprême de tout tyran. Huit représentants de la maigre élite de l'île : les plus forts, les plus savants, les plus dangereux ; ceux qui seraient susceptibles de lever l'aube s'ils n'étaient pas sous contrôle. En leur offrant un travail des plus prestigieux, cirer les bottes et le parquet d'une famille noble, assortis de ce privilège dément qu'est la survie sans effort en ces terres si hostiles, la Baronne transforma ces huit troubles-fêtes dangereux en serviles et redoutables cerbères.

D'entre tous, Rodolphe était sans conteste celui à la fidélité la plus robuste. Majordome de la famille depuis plus de soixante ans, il passa autant d'années à débarrasser son âme de la sotte culpabilité qui accable tous les nouveaux laquais durant leurs premiers jours à assister aux odieuses routines de la caste dominante, à ces vices et ces excès terribles qu'ils s'offrent tout en se persuadant qu'ils culminent malgré tout au-dessus de la masse grouillante de leurs frères humains.

Rodolphe a vu, ici en ce château, se dérouler stupre, lucre, orgies gourmandes, de chair, parfois des deux, meurtres, des humiliations sans bornes qui sèment la ruine dans les esprits, viols, tortures, des bains de sang, des mers de sang, des archipels de cadavres sur des océans de sang, des expériences ludiques qui nourrissaient des curiosités malsaines, mutilations, de très nombreuses mutilations, la Baronne Brixius savait en infliger de très impressionnantes tout en condamnant à ses victimes l'issue libératrice qu'est la Mort.

Mais Rodolphe n'a jamais rien connu d'autre et se sent à son aise, sous les ordres des fous. Enfant précoce enlevé très tôt à sa famille, il servit le grand-père, le père, la Mère, aujourd'hui le fils, son exceptionnelle endurance -cinquante ans sans fatal faux pas !- et son expertise des goûts et des "valeurs" de la famille à laquelle il a prêté allégeance ont sculpté un majordome d'élite dont l'existence entière n'est que grand satellite autour du noir soleil Brixius.

Comment puis-je vous contenter, Baron ?
Ne m'appelles pas comme ça.
Avec le décès de feu-votre Mère, le titre de Baron vous échoit, Baron.
JE T'ORDONNE DE T'EN TENIR AUX VIEILLES FORMULES !
Mes excuses, jeune maître.

Le Pardon n'est qu'un fantasme chez les Brixius. Une grossière chimère qui justifie maladroitement les faiblesses de coeur et d'esprit. Rodolphe le sait, Balthazar encore davantage. L'assassinat qu'il a commit est irréparable et il ne lui reste plus qu'à prier, si quelque chose là-haut daigne l'écouter, pour que son destin ne soit pas aussi sombre, humide et sanglant que ne le laissait présager le passé.

Le ciel obscur de l'île Aveugle coince toute prière. On y subsiste sans le moindre espoir. Balthazar en est conscient. Sa vie est sans issue... son futur est scellé. Existes-t-il crime plus abject que l'assassinat de la créature qui nous a couvé ? Son âme est tâchée du sang de sa Mère.

Il est désormais aux commandes de l'Enfer qu'elle façonnait avec élégance et raison. Il est l'héritier de quatre lourds siècles de folie.

Mais Balthazar n'a de noble que le sang bleu gâté, ce bâtard n'est que l'héritier d'un karma bariolé par la folie de ses ancêtres. Il ne conçoit qu'une seule manière de succéder efficacement à sa psychotique bergère de Mère : devenir le loup du village.


P-Prépares ma monture.
Votre mulet, jeune maître ?
Non. Il me faut plus. Plus impressionnant...
... Nous n'avons que votre âne et la jument de votre Mère de vivants, en écurie.
Mais... les canassons annexés aux bouseux ?
Ils ont été mangés hier.
Fais seller la jument de Mère.
Hmm ?
QUOI ?
Comme il vous siéra.
Je descends au village.
Dois-je déployer votre escorte habituelle ?
Si ça te chante. Je devrais en empaler quelques uns pour asseoir mon autorité. Les rumeurs voyagent vite en cette étroite île. Voir les tripes de leurs camarades pendre du haut de leur clocher leur confirmera que je suis disposé à être tout autant implacable pour faire respecter MA LOI sur MON TERRITOIRE QUE...
que Mère...
Ce serait judicieux. La Baronne était d'une énergique sagesse. Je ne doute pas que son décès va bouleverser la région.

Tu emportes le fragile manteau d'hiver tendu par ce laquais écervelé, ce vieux manteau délavé que les mites squattent comme un palace, tes bottes s'abattent sur le tapis rouge du sang versé par tes aïeuls et tu tentes, sur la route de l'écurie, d'élever tes épaules et d'endurcir ton regard, tu travailles ta dominance. Regardes-toi, Balty. Chaton minable qui s'exerce à rugir comme un lion. Tu n'as ni grâce, ni prestance. Tu n'inspires pas la crainte, mais le dégoût. Déformes ton corps à ta guise, il ne ressemblera pas moins à la croûte dégénérée qu'une grossesse malvenue a engendré. Ton futur n'est qu'un furoncle purulent sur le point d'éclater. Et son jus s'étalera sur ta figure, et tu le boiras car c'est le seul avenir auquel tu peux, Ignoble chacal, prétendre.

Tu
Tu m'as parlé ?

... Ma foi, non.
TES INGRATS MURMURES ne tromperont pas mes sens, rapace !
Je vous le jure. Je n'ai fais que vous tendre vos habits, puis vous suivre dans le couloir.

Mu par une inquiétude qui dépasse les fallacieuses frontières du rationnel, Balthazar balaye le couloir de ses yeux nerveux, angoissés, son coeur se comprime sous le poids d'un stress insondable, sa cage thoracique est une chaudière en surchauffe, la viande brûle. Et ses oreilles se tendent pour capter à nouveau signe des terrifiants parasites qui l'ont visité. C'était une violente voix féminine, embuée d'une haine glaciale, vociférant de sordides vérités qu'il n'était pas prêt à affronter.

Jeune maître ? Vous tremblez...
Ne restons pas ici. DÉPÊCHES-TOI ! VAS RASSEMBLER TOUT LE MONDE !

Quelque chose ne tourne pas rond. Les ombres semblent se liguer contre lui. Il sait que son fragile trône est des plus bancals, mais se persuade qu'une force obscure, que la main calleuse du destin s'apprête à infliger un violent coup à son siège. S'il tombe, il est certain qu'il ne se relèvera jamais.

L'Art de jouer au funambule sur du cordage effrité au-dessus d'une mer de sang et d'immondices.
Prends garde, Balty : il ne te reste plus beaucoup de fil.


***
L'air de l'île est glacial, le froid est carnivore et dévore petit à petit la chair des êtres vivants, tandis que la nuit perpétuelle boit leur énergie. Les bottes de Balthazar foule une terre stérile de laquelle dépassent de temps à autre une brindille jaunie qui aura été plus coriace que ses soeurs. Le silence est aussi gouverneur en ces lieux, et dans les parages, rien d'autre ne vient le perturber que la voix démente du fils Brixius et les hennissements d'une bête peu coopérative.

RESTES EN PLACE, VIEILLE CARNE !
Hum. Votre Mère l'avait dressée pour qu'elle ne réponde qu'à elle, elle seule.

Je suis son FILS ! SON SANG BLEU FUSE DANS MES VEINES ! IL IMPOSE LE MÊME RESPECT !

Il sait très bien qu'il n'a rien à voir avec sa Mère. La Baronne était crainte par ses sinistres oeuvres et son tempérament, lui n'est que méprisé depuis sa plus tendre enfance. Déjà acculé au fond de son berceau, il recevait des mots fourchus qu'un bambin ne devrait pas avoir à entendre à son adresse, et recevait des coups qui auraient pliés plus d'un adulte. L'éducation corsée de Balthazar ne l'avait jamais rendu plus solide, fort ou tenace, encore moins brave. Il a simplement fini fou. Son statut noble est aujourd'hui tout ce qui le sépare de la masse grouillante et sournoise des petits gens.

Ça, et une impétueuse milice en la personne des domestiques de sa Mère.


DÉPÊCHES-TOI D'ALLER RASSEMBLER TOUT LE MONDE ! NOUS PARTONS EN GUERRE, RODOLPHE ! Je dois renforcer au plus tôt les divines fondations de mon trône !
Si je puis vous donner un conseil...


Rodolphe a toujours été de bons conseils.

Méfiez-vous de tout le monde, jeune maître, même de ceux qui semblaient autrefois si acquis à leur servitude.
Pourquoi me trahiraient-ils ? Mère leur concédait des privilèges ! De la pitance ! Des soins ! ET MÊME DES LITS !
RODOLPHE ! RÉUNIS-LES ! EXPLIQUES LEUR LA SITUATION ! ET ANNONCES BIEN A CES MARAUDS INGRATS QUE SI UN SEUL D'ENTRE EUX SE RÉVOLTE CONTRE SON DIEU, C'EST TOUTE LEUR CASTE ET LEURS FAMILLES QUI SOUFFRIRONT DU CHÂTIMENT !

Cela devrait fortement diminuer les risques de trahison. Une stratégie digne de votre Mère.


Diviser pour mieux régner.
Chaque despote tient cette devise comme règle d'or.
Tu deviendrais presque digne de t'asseoir sur le même trône que moi, Balty.


Q-QUI OSE ?!
Hum ?
UN OUTRECUIDANT BRIC IMITE LES JUSTES SERMONS DE MERE !
Je n'ai rien entendu, jeune maître, je suis désolé.
N'est-ce pas le vent ?


Oh, non, le vent n'a rien à voir là-dedans.

Cependant, nous sommes effectivement observés.
Q-Que dis-tu ?
Une fillette, là-bas, à l'entrée de l'écurie.


Le regard brûlant de Balthazar se fiche sur elle.

Obéis à mes ordres, Rodolphe. Je vais m'occuper de ce grossier chérubin !
Voici un échauffement approprié !


Rodolphe consent. Il s'en va, laissant seul le fou avec la fillette.
Balthazar se hisse sur le cheval maternel.


GROTESQUE PETITE DEMOISELLE !
JE CROIS QUE TU AS SÉVEREMENT OUTREPASSÉ TES DROITS EN T'INVITANT ICI !
SAIS-TU CE QUE MERE RÉSERVE AUX DÉLINQUANTS DE TON ACABIT ?


Elle ne le saura pas immédiatement, car la jument récalcitrante, dans une ruade colérique, projette Balthazar contre une poutre.
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Elle ne sut quoi faire face à une telle menace. Se cognant contre la poutre de bois qui le précédait, le jeune homme qui se tenait devant Klara jura et pesta.

– QU’AS-TU FAIS A MON DESTRIER, SORCIÈRE ?!

Elle n’avait strictement rien fait. Si les paysans était tout à fait repoussant, le Baron dépassait tout ce que la jeune fille avait vu jusqu’ici. Balafrée, malade, blafard, elle ne sût choisir l’adjectif qui le qualifiait le mieux. Est-ce qu’il est contagieux ?

– JE M’EN VAIS T’ÉTRIPER ET TE PENDRAIS BIEN AVEC TES PROPRES TRIPES, SI TU N’ÉTAIS PAS AUSSI MAIGRE QUE CES REJETONS DE PAYSANS !

Il ricana. Il semblait pourtant encore plus maigre qu’elle. Jusqu’ici légèrement pétrifiée par la présence du Baron, Klara récupéra le contrôle de ses mouvements lorsque celui-ci revint sur ses deux pieds, véritablement prêt à mettre ses menaces à exécution. Elle n’hésita plus.

* * *

Si le village qu’elle avait traversé plus tôt n’avait rien de rassurant, ce n’était rien face au domaine des Brixius, qui semblait être tiré tout droit d’un conte d’horreur qui effrayent les enfants la nuit. Et si Klara n’en avait jamais vraiment eu peur, elle dût ici se rendre à l’évidence : c’était probablement l’endroit le plus angoissant qu’elle ait jamais vu. Peut-être était-elle tout simplement dans un cauchemar, et qu’elle se réveillerai au moindre choc.

Mais mieux valait ne pas tenter. Elle parcouru le plus vite possible la partie extérieur du domaine ; si il y avait eu un jardin ici un jour, tout s’était certainement fané il y a des siècles. Il n’y avait pas vraiment de ruines à proprement parlé. Tout était juste morne, et mort. Personne de saint d’esprit ne peut vivre ici.

– REVIENS, ENGEANCE DU VICE, COMMENT OSE-TU PE-

Elle n’entendit pas la suite. Poussée par la voix hideuse et perçante de son poursuivant, elle couru de plus belle jusqu’à arriver vers le pire endroit qu’elle pouvait atteindre.

Des stèles de pierres étaient disposées, ici et là, de manière irrégulière. Presque rien ne poussait, si ce n’est des mauvaises herbes. Encore pire que le champ qu’elle avait visité quelques temps plus tôt. La flore était plus morte que les cadavres enterrés dans ce cimetière lugubre. Pourtant, tout n’était pas sauvage, au contraire ; le macabre de l’endroit semblait être presque parfaitement organisé. Devant elle se tenait un épais chemin de dalles à moitié enterrée dans la terre qui menait vers l’arrière de l’endroit, plus effrayant encore. Derrière elle, arrivait à toute hâte le Baron. Elle n’avait pas le choix.

Elle entendit, au loin, devant elle, des raclements. De la terre que l’on retournait. Et de sombres murmures qui pouvaient tout aussi bien n’être que le vent.

Elle s’avança. Rapidement d’abord, continuant sa course effrénée. Puis elle ralentit. Doucement, petit à petit, tandis que se découvrait devant elle l’arrière du cimetière. Là ou étaient enterrés ceux qui n’étaient pas digne de recevoir leur pierre tombale.

Les raclements cessèrent. La fosse commune qui se trouvait devant la jeune fille était remplie de cadavres puants et décomposées. Elle s’était complètement arrêté. Car devant elle se trouvait, debout au dessus des cadavres, quelqu’un de bien vivant. Ou du moins, quelqu’un de mouvant.

Portant une robe noire rapiécé, la tête recouverte d’une large capuche, l’homme jeta sa pelle sur le côté avec dédain, avant de prendre dans sa main ridée et sale une faux acérée, qui compléta le tableau avec brio.


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Si la mort avait un visage, elle se trouvait devant Klara. Sauf que lui n’en avait pas, de visage. A la place, un large monceau de peau lui recouvrait toute la tête, ne laissant apparaître qu’une large cicatrice ovale, dégoûtante et encore rouge. Il n’avait pas d’yeux, mais il tourna la tête vers elle comme s’il pouvait la voir.

Peut-être sentait-il tout simplement sa présence.

Il était grand, très grand. Il l’était de plus en plus, car il s’approchait. A pas lourds, lentement mais sûrement. Derrière elle, le Baron qui l’avait rattrapée ricana.

Elle aurait pu essayer de fuir, mais la simple vision du visage inexistant de la Mort la paralysa de tout son corps, et rester debout était déjà bien trop pénible pour qu’elle ne puisse tenter quoi que ce soit d’autre.

– Hinhin, te voilà face à ton DESTIN. La MORT ! LE GARDIEN ANCESTRALE DE CES LIEUX ! Il reste encore de la place pour ton cadavre ! MAIS-
– Jeune maître…
– QUOI ? NE T’AI-JE PAS DONNER UN ORDRE, RODOLPHE ?
– J’ai réuni vos humbles serviteurs. Nous n’attendons plus que vous, jeune maître.
– SOIT ! Ces maudits insectes ont décidé d’envoyer leurs rejetons FOUINER, et bien parfait ! Qu’ils soient témoin du châtiment que je leur réserve ! TU VIENS, adressa-t-il finalement à la jeune fille, blafarde.

Qu’avaient-ils tous, avec elle ?

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