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- Dans les batteriesThomas Solomon
La journée de Thomas avait commencé sur les quais de Logue Town, bien avant que le soleil ne se lève. Il avait commencé ce travail récemment, pour financer le loyer de la maison après la mort de son père. C'était loin d'être une sinécure mais il avait au moins la possibilité de s'échapper de son domicile où sa mère avait plongé dans un alcoolisme sans borne. Il souffrait de cette situation qui pesait sur sa conscience en plus de cette cruelle réalité qui voulait que son temps sur terre soit rigoureusement compté. Lever des caisses lui permettait donc de libérer son esprit en mettant en action son corps. Cette nuit-là, un navire chargé de rhum était arrivé pour ravitailler les tavernes qui pullulaient sur la dernière île avant Grand Line. C'était presque une étape obligatoire pour tout les forbans qui marchaient dans les traces de Monkey D. Luffy ou encore avant lui, Gold D. Roger. Deux illustres pirates qui avaient éblouis leur époques de leurs exploits. Le jeune chroniqueur aurait rêvé d'appartenir à cette génération pour relater les aventures de chacun, mais il devait se contenter de la sienne. Et de toute manière il était bloqué sur cette île ad vitam aeternam. Le soleil commençait à poindre à l'horizon quand le jeune manutentionnaire passa les portes du port pour aller se reposer un peu avant de rejoindre son premier travail. Il rentra chez lui et ne croisa pas sa mère, sûrement endormie dans sa chambre après une éternelle cuite. Il put dormir quelques heures avant de se lever de nouveau et de se diriger vers la librairie.
Il entra par la porte de derrière et commença immédiatement à travailler. Madame Pomat n'étant pas encore là comme à son habitude, Thomas eut tout le luxe de commencer son activité doucement. Ils avaient reçu un arrivage tout récent de livre médicaux que le jeune homme commença à classer avant de les mettre sur l'étagère. Il les posa sur une petite table et commença à vaquer à ses occupations diverses. Son esprit n'avait pas tardé à être envahi par une discussion qu'il avait eu pendant son travail quelques jours auparavant avec son employeuse. Elle concernait un fameux livre, qui disait-on n'existait qu'en sept exemplaires à travers le monde. Un ouvrage, écrit par un illustre inconnu, qui portait comme titre "Pérégrinations d'un médecin." On disait que c'était un récit passionnant du fait de la plume extraordinaire de son auteur qui pouvait passionner spécialistes comme néophytes. Le jeune homme se trouvait dans la réserve quand la cloche de la porte d'entrée tinta légèrement. S'attendant à ce que la libraire se dévoile, il ne prit pas la peine de se déplacer dans la boutique en elle-même. Cependant, après quelle instants, il entendit un bruit de bouquins tombant au sol assortis d'un juron. Il passa la porte et tomba nez à nez avec un homme en train de ramasser les livres qu'il n'avait pas rangés. Il se précipita pour aider.
"Ne vous inquiétez pas, je vais les ranger! Si je ne les avaient pas laissé sur cette table ce ne serait jamais arrivé!"
Le chroniqueur en devenir attrapa les livres des mains du client et lui offrit un franc sourire ainsi que ses services. Il en profita pour détailler celui qui semblait être un scientifique. Il portait une blouse par dessus ses vêtements, bien plus classiques. Il était assez difficile, quand on portait son regard sur son visage, de ne pas remarquer l'espèce de vis qui sortait de son crâne ainsi que la cicatrice qui parcourait sa joue en passant à côté de son œil. Il ne s’attarda néanmoins pas sur ces détails. Il était lui aussi dans un sens un personnage étrange, encore plus pour un médecin. Ce dernier était resté silencieux, probablement gêné par la situation.
"Je suis Thomas, je tiens la boutique pour Mme Pomat! Je peux peut-être vous aider, monsieur..."
"Mochi! Je suis désolé pour les livres, je m'attardais devant votre étagère médicale et j'ai tout renversé..."
"Comme je vous l'ai dit, il n'y a pas de problème avec ça."
Le médecin sembla enfin se détendre et regarda les quelques ouvrages que Thomas s'était enfin décidé à ranger avant qu'un autre incident n'arrive. Il ne trouverait certainement pas le livre qu'il recherchait parmi ceux-là. Il se tourna alors vers le jeune libraire et sembla hésiter, presque déçu par avance de la réponse que pouvait lui donner Thomas. Il finit néanmoins par se lancer une bonne fois pour toutes.
"Je suis à la recherche d'un livre plutôt rarissime. "Les pérégrinations d'un médecin" si ça vous dit quelque chose?"
Le jeune assistant de librairie décrocha un sourire sans équivoque.
"Nous ne l'avons pas entre nos mains, cependant nous pourrions peut-être essayer de déterminer un moyen de le trouver?"
"Et qui tiendra la boutique pendant ce temps?"
Mme Pomat se tenait dans le cadre de la porte, un livre à la main. Elle avait ce sourire malicieux qui la caractérisait.
Dans les batteries
Thomas Solomon
Un fracas se fit entendre alors qu'un boulet de plomb était propulsé par l'explosion et s'élançait droit en direction du patrouilleur de la Marine qui voguait non loin de là. D'autres détonations suivirent avant que le ballet des artilleurs ne reprenne. Les forbans firent reculer les canons de fonte et usèrent de leurs batons pour tasser une nouvelle couche de poudre au fond des fûts. Thomas guettait au travers de la mince ouverture les mouvements du navire ennemi, attendant les ordres pour permettre au canon de cracher son projectile. On l'avait assigné à l'allumage de la pièce d'artillerie, ce rôle ne requérant finalement aucune expertise particulière. Le jeune homme souffrait d'un stress intense alors que ses compagnons faisaient leur maximum pour remettre à leur puissance de feu de se manifester à nouveau.
"Préparez-vous à faire feu!"
Korb se tenait au milieu de la rangée et gueulait ses ordres aux différents groupes qui géraient l'artillerie. Soudain, il ordonna l'allumage et Thomas gratta une allumette pour mettre le feu à la corde qui lancerait la détonation. Alors q'une fois de plus les canons grondaient, des masses de fonte vinrent percer la coque en projetant du bois à l'intérieur du navire. Le jeune homme fut bousculé au sol par le cadavre de l'homme devant lui et un éclat de bois se planta dans sa jambe. Lâchant un cri de douleur, il retira le projectile et se rapprocha du canon comme leur chef leur demandait de le faire. Des cinq forbans qui manoeuvraient le canon, un avait passé l'arme à gauche et l'autre ne le tarderait pas au vu de l'absence soudaine de son bras droit. Thomas était pétrifié, dans l'incapacité de se relever. Il observa assez passivement que le navire décrivait un virage pour exposer son autre flanc, ce qui leur laisserait le temps de recharger. L'un des flibustiers se saisît alors du jeune chroniqueur et le releva avant de le pousser à réagir.
"Bouge toi Solomon! Si tu veux pas finir comme Burt va falloir nous aider!"
Ne lui laissant pas le loisir de répondre et devant l'absence continue de réaction du jeune pirate, il lui colla une puissance droite dans le visage qui eut le mérite de tirer le jeune auteur de son mutisme. S'excusant tout soudainement, il attrapa deux sacs de poudre et en enfonça un dans le tube creux posé contre le fût. Il plongea l'outil dans la gueule du canon avant d'attraper un baton pour extraire en douceur le sac de poudre et le placer au fond de la pièce d'artillerie. Il retira le tube et se recula pour laisser le forban qui l'avait tiré de sa frayeur engager un boulet dans l'orifice. Il plaça de nouveau un sac de poudre à l'embouchure du tube et une fois le projectile en place il recommença la manoeuvre. Le troisième apprêta le dispositif de mise à feu et ils attendirent. Les hommes de l'autre bordée allumèrent alors la batterie d'artillerie et les bruits d'impacts furent rapidement suivis de cris de réjouissance sur le pont. Les canonniers levèrent la tête de l'armement, curieux, alors que Korb montait en vitesse les quelques marches qui le séparaient du pont. Quand il reparut, il annonça la bonne nouvelle qui avait suscité tant d'enthousiasme. Le navire ennemi avait perdu son gouvernail du fait de la dernière salve.
"Bien joué les tribords! Babords, vous gardez les munitions classiques mais après tout le monde passe au boulet à chaîne. Ils peuvent encore bouger mais plus manoeuvrer alors on va les plumer les salauds!"
Un cri poussé à l'unisson retentît dans le pont d'artillerie et le navire engagea un deuxième virage, qui allait amener la bordée de Thomas juste en face de leur objectif. Le chroniqueur pouvait voir par l'interstice devant lui le navire des mouettes filer droit sans aucun moyen de dévier son cap. C'était une occasion rêvée pour les pirates d'en finir avec leur ennemis. Korb leur demanda de se préparer et le jeune homme s'apprêta à mettre le feu aux poudres. L'ordre fut donné et les boulets allèrent achever la batterie de tribord ennemie. Le chef artilleur leur demanda alors de charger les boulets à chaînes dans les canons en lieu et place des projectiles normaux. Ces bijoux étaient fait pour abattre les mats adverses et ainsi stopper les navires dans leur course, mais il étaient aussi redoutables pour l'équipage sur le pont. La procédure restant la même, ils apprêtèrent les canons, prêts à tirer de nouveau.
Dernière édition par Thomas Solomon le Mar 2 Mai 2017 - 15:56, édité 27 fois