Enchères

Quelque part...
North Blue


Leur approche était excessivement prudente. Pourtant, ce n'était pas une bombe qu'ils s'apprêtaient à désamorcer mais juste un navire à aborder. Ils n'étaient pas moins d'une cinquantaine d'hommes et de femmes lourdement armés répartis sur une flottille de canoës. Le navire dont ils avaient débarqué prit position en face, les canons prêts. Ils jetèrent des grappins pour accrocher le bastingage et commencèrent l'abordage. Tout était anormalement calme, autant la mer que le navire. Sur son flanc droit était inscrit en grosses lettres dorées "La Cour des Grands". Comme il tanguait peu, ses trois étages furent faciles à grimper. Dès qu'ils touchèrent le pont, l'horreur les assaillit. Des morts, partout. Le parquet autrefois en rosier blanc était maculé de sang séché. Les cadavres étaient enchevêtrés, les uns sur les autres, morts dans des positions diverses. Quant à l'odeur... Indescriptible. Ils furent tous surpris de n'en avoir pas perçu les relents avant de monter. Le chef de file s'entoura le nez d'un mouchoir et ordonna à ses hommes de se disperser, de vérifier tout le navire. Mais déjà, Silvio savait ce qu'ils y trouveraient. Que des morts. Ses poings se contractèrent, il bouillit de colère. C'était l’œuvre des Confédérés, mais de quelle faction ? Il l'ignorait. Avec précaution, il enjamba les trainées de sang, les cadavres et les centaines de douilles laissées là. Ils étaient venus pour tuer, les morts portaient toujours leurs parures d'or et leurs bijoux.

- M'sieur ! V'nez voir, s'youplait.

Le sbire le conduisit dans les entrailles de la bête. Partout, il y avait les traces de la violence qui s'était déchainées là. Silvio révisa son jugement. Ils étaient venus pour tuer et pour couler leur affaire. Les machines à sous, les flippers et toutes les machineries indispensables au fonctionnement du casino avaient été endommagés, irrémédiablement détruits. Les assaillants voulaient s'assurer que rien ne remarche après leur passage. Le chaos était partout, les liasses de billets répandus sur les comptoirs, les bouteilles d'alcools dans les bars étaient brisées, les jetons par terre...
Le sbire l'emmena jusqu'au dernier étage en dessous, dans la cale. La quille qui supportait l'ossature du bateau avait été minutieusement sectionnée en plusieurs parties. C'est bien ce qu'il pensait, quelqu'un était décidé à ce que La Cour des Grands ne serve plus jamais et il avait réussi. Silvio beugla une série d'injures et donna un coup de pied rageur dans le cadavre d'un croupier lacéré dans le dos. Dans la plus grande salle du premier étage, le crime avait été signé. Un Joly Roger décorait les murs.



[...]

Lavallière, Boréa

- C'est bon Loth, on a repéré un autre navire casino. Le Hasard croise en ce moment au large de Luvneel, déclara Émeline en déboulant dans le salon. On remet ça ?
- Qu'Elijah et ses gars s'en chargent. Donne-leur l'ordre.
- Bien compris.
- Où est Dena' ?
- Chui là, répondit-il, la tête émergeant d'une porte. Quoi ?
- Comment ça "quoi" ? Je t'ai confié un boulot depuis une semaine non ?
- Ah oui, l'Mur. N'est pas facile à trouver.
- Le quoi ? fit Émeline intéressée.
- Daemon Wall.
- Le pirate qui a tué Marscapone "Bouche Cousue" ainsi que le comptable des Tempiesta sur Manshon ?
- Je le recherche, j'ai une affaire à lui proposer.
- Et pourquoi je ne suis pas au courant ? rétorqua-t-elle d'une voix pleine de reproche.
- Tu avais beaucoup à gérer ces derniers temps, j'ai donc délégué, s'excusa Loth.
- Nan, je suis ta dauphine, je dois être au courant, même si je ne participe pas !
- Ça ne se reproduira plus madame, répondit Loth, sarcastique.
- Je suis sérieuse ! Et en plus, je suis pas d'accord ! Tu prévoies de t'allier avec un pirate ? Ce type secondait Mahach, un ancien saigneur. C'est pas le genre d'ami que je veux pour nous. C'est pas le genre que tu veux toi-même. T'as des codes !
- Certes. Mais c'est le genre de fou furieux que je lâcherai volontiers sur les Tempiesta. Je ne pense pas à une alliance mais à une collaboration ponctuelle. Il a tué des Tempiesta pour X raisons, je pourrais l'engager pour qu'il recommence.
- Nos hommes sont parfaitement rodés pour.
- Je prépare une opération à laquelle je ne veux pas mêler nos hommes. Lady Ombeline et ses Bêtes de l'Ombre sont de sortie depuis l'affaire dernière. Essayons de les éviter au maximum.
- Hmmmmm, marmonna-t-elle pas convaincue.
- Donc Déna’ ?
- Z'avez f'ni la dispute d'couple ? Bian. Donc, mes p'tits cafards m'ont causé d'une ruelle à Manshon, près d'l'allée des pendus. T'y sais, là où nos potes Tempiesta pendent haut et court leurs amis. On dit que l'Mur s'y cach'rait.  
- Dans ce cas... Dis à Edison de préparer l'Antarès. Nous mettrons le cap sur Manshon dans deux heures.
- NON ! tonna la jeune femme qui se rapprocha si près de Loth qu'il pouvait compter ces cils.
Tu te rends compte qu'il n'y a pas d'endroits plus dangereux pour toi en ce moment que Manshon ?
- Je vais me déguiser et si je me fais prendre, à la bonne heure.
- Arrête d'agir impulsivement, ça te ressemble pas.
- Je plaisantais, calme-toi. Je vais y aller quand même mais sans déclencher de grabuge. Je sais bien qu'ils sont des milliers de partisans Tempiesta là-bas. J'irai pour voir Wall, c'est tout. Nous avons fait pire, nous jeter dans la gueule du loup, c’est notre spécialité maison.
- Non, je crois pas.
- S'attaquer aux Lunes de Boréa ? A Ashura ? A Carcinomia ? Au Réseau Damam ? A...
- C'est bon, ça suffit, coupa-t-elle.
- En fait, on fait que des trucs d'timbrés, héhéhé. J'contacte ma source pour lui dire que t'y viens ?
- Non, personne à part vous deux ne doit le savoir.
- Et je peux savoir ce qu'est cette opération dans laquelle tu vas impliquer ce pirate ?
- Quand ce sera mûr, je t'en parlerai. Pour l'instant, je n'ai qu'une sorte d'ébauche en tête.


[...]

Manshon

Manshon n'était qu'une ville unique étendue sur l'intégralité de l'ile éponyme. Grâce aux mafieux qui en firent une sorte de terre sainte et de zone de non-agression, la ville prospéra pendant plusieurs années jusqu'en 1625 quand la guerre entre les organisations mafieuses de North Blue éclata. C'est à Manshon que naquit la discorde qui vint sous la forme du Gila, le maitre spirituel de Loth, celui qui l'initia et le forma dans l'underground. Quand il débarqua sur place pour négocier un traité entre les guildes mafieuses de South Blue et le crime syndiqué de North, la Marine l'apprit et imposa un blocus à l'ile. Le Gila n'était pas qu'un simple truand, c'était aussi l'oncle de l'Impératrice Pirate, Kiyori Tashahari. La Marine le voulait et somma les mafieux -qui bénéficiaient jusqu'alors d'un laisser-passer troublant- de le lui livrer. Ce fut la cause de la dissension qui mena à la guerre. Tout puissant parrain de North Blue à l'époque, Manuel Tempiesta alias Don Carbopizza préféra trahir le Monstre et sauver sa peau. Décision que contestèrent une poignée de familles liguées derrière la famille Venici. Ils réussirent à extraire le Gila des griffes de ceux qui voulaient le vendre puis le sortirent de l'ile grâce à l'intervention de la Triade des Quatre Bambous d'East Blue (que dirigeaient plusieurs élèves du Gila) et de Shoti Shota. L'action du commandant de la troisième flotte de Kiyori fut décisive en ce sens qu'elle réussit à briser le blocus donnant l'opportunité aux révoltés de fuir avec le Gila.

La confrontation entre marines et pirates, mafieux et mafieux conduit à la ruine de Manshon. Le port et les quartiers portuaires furent ravagés, les touristes autrefois nombreux à profiter des attractions de la ville la désertèrent, l'économie s'effondra. A tout cela, il fallait ajouter la révolte populaire, des gens du commun qui se soulevèrent pour afficher leur ras-le-bol des mafieux. Manshon n'était plus que l'ombre de lui-même.
Le submersible Antarès émergea dans une crique quelque part sur la côte septentrionale de l'ile. Manshon était aussi dangereux que Las Camp ces derniers temps, sujette aux règlements de compte entre truands, aux agressions diverses. Malgré nombre de revers subis au début de la guerre, les Tempiesta revenaient en force reprenant chaque jour la mainmise qu'ils avaient sur l'ile avant la venue du Gila. Émeline avait raison, se faire prendre ne serait pas fameux, il serait obligé de combattre et c'était le piège à éviter. Tout avait changé dans le coin, même la Marine. Autrefois conciliante avec les criminels en col blanc, le nouveau colonel muté à la tête de la garnison changea radicalement de politique. En tout cas il essayait, contre vents et marrées. Les racines des Tempiesta voguaient loin et ils tenaient dans leurs poches de puissants notables de cet océan à même de court-circuiter une opération Marine contre leurs intérêts.
La Marine ne devait pas le voir, se dit Loth, et ses ennemis non plus.

C'était simple, énoncé comme tel. Pour passer inaperçu quand on avait la célébrité de Loth, il fallait y mettre du sien. D'abord, faire appel au Retour à la Vie et stimuler sa capillarité. Concentrer les regains de vitalité sur le visage et s'y faire pousser une barbe drue, hirsute. Faire de même avec les cheveux pour que le résultat final ressemble à un homme des cavernes ou à un hipster. Loth était rodé à cette transformation. La partie la plus problématique de son anatomie étaient les longs-bras distinctifs de sa race. Même avec le Retour, impossible de ressembler à un humain "normal", aussi opta-t-il pour une cape dans laquelle il se draperait intégralement pour cacher le moindre morceau de peau. Et pour avoir le moins d'ennui possible, il rajouta un faux badge à l'effigie du drapeau du Gouvernement. Un mec, barbu, emmitouflé dans une cape par ces temps-là, pin's du Gouvernement sur le torse, se déplaçant furtivement, n'importe quel type penserait à un agent secret très cliché. Peu de raisons donc de lui chercher des noises. En tout cas, il se fit le plus discret possible jusque dans les venelles malfamées entourant l'Allée des Pendus. Loth était à un carrefour quand il entendit un coup de feu puis perçut des vibrations familières dans le sol. Celles de deux individus ou plus qui se coursaient. De la ruelle à sa droite déboula un homme d'apparence simple, la quarantaine portant une chemise à fleur. Visiblement, il était paniqué et après avoir regardé à gauche et à droite décida de continuer tout droit.

Loth fit un pas pour se dégager de chemin tant il courrait comme un dératé. Il le dépassa sans mot mais juste avant de s'engager dans la rue en face, une autre détonation retentit. Le type à la chemise à fleur s'écroula dans le sol boueux, l'épaule trouée par une balle. Son bourreau sortit de la même voie que lui, un fusil à pompe sur les épaules. Un cigare au bec, drapé dans un costume bon marché, borsalino sur la tête, il était autant un cliché de mafieux que Loth en était un d'agent secret en ce moment. Comme si le Moine Hérétique n'existait pas, l'homme au borsalino fit encore feu sur la chemise à fleur, réduisant ses rotules en bouillie. L'homme se lamentait, gémissait mais point de demande de grâce. Au contraire, dans ses yeux, le défi et la hargne. Il maugréa quelque chose, un mélange de jurons et de profession de foi, qui se libellait : « Sale fils de chienne, t'auras beau me descendre, t'éteindras jamais la flamme qui brille dans le cœur de la résistance ! Je suis qu'un homme, sale fils de putain vérolée à trois Berry ! On n'est jamais mort, tant qu'il y a des gens pour suivre vos idées ! »
Deux "Bang" plus tard, la cervelle de l'homme se mélangeait à la boue. Le Borsalino repartit d'où il vint sans cure de Loth. Ce dernier demeura dans la ruelle quelques secondes de plus, sourire aux lèvres, fasciné par ce règlement de compte en plein jour, comme si aucune loi n'avait court. En effet, il n'en régnait aucune en ces lieux. C'est ce genre de côté impuni du crime organisé qui l'attira dans ce monde, il ne s’en rappelait que trop bien. Mais depuis qu'il y avait les deux pieds, il était de moins en moins charmé par ces tueries. Mais elles demeuraient un moyen de se tailler une place. Et puis, se dit-il en bifurquant à gauche vers l'allée des Pendus, les faibles étaient voués à mourir. Ce type en chemise à fleur était faible.

Toc ! Toc ! Toc !
Loth toqua à la porte d’un vieux moulin où le contact de Dena' lui avait dit qu'il trouverait le pirate. Sans prévenir, la belle journée avec un soleil éblouissant devint ténèbres, comme si quelqu'un avait recouvert le monde d'un suaire du noir le plus pur. Comme si le Moine Hérétique était subitement devenu aveugle. Il s'y attendait, cependant, il ne pouvait pas s'être renseigné sur Daemon Wall sans avoir entendu parler de son pouvoir. D'ailleurs, c'était une des raisons de sa présence, il avait besoin de ce pouvoir. Instinctivement, Loth s'entoura d'un cocon de cheveux hérissés de pointes aussi dur que de l'acier. S'il n'y voyait rien, il pouvait au moins se protéger.

- Je suis venu en paix Daemon Wall. J'ai du boulot pour toi.
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Ce gars venait me déranger et prétendait venir en paix ?

- Tu dis venir en paix… ?! Alors, pourquoi te protéger avec ce manteau des plus originaux.

Cependant, j’avoue qu’il m’intriguait avec son histoire de boulot. Je marchais autour de lui, essayant de remarquer les failles de son manteau. Je finis par m’allumer une cigarette, tirant une latte avant de reprendre la parole.

- Qu’as-tu à me proposer ? Quel est ton job ? Et dans cette histoire je gagne quoi ?

Il fallait que j’y vois mon intérêt pour participer à son petit boulot, sinon, je voyais pas pourquoi il viendrait me voir pour me demander de faire un boulot gratos.
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Quelque part...
North Blue


- En une semaine, on a perdu La Cour des Grands, le Hasard et le Vegas ! tonna Manuel Tempiesta en martelant la table à chaque syllabe. Le point de contact entre son poing et le bois devint tout carbonisé.
Quelqu'un m'explique ?!
- C'est Shadow Law, Don. C'est Loth Reich, fit Silvio alias L'enragé, un homme de haute stature dont le visage était balafré par une méchante estafilade.

Rabid Silvio

- Je sais que c'est lui et sa bande de joyeux lurons ! Je veux savoir comment ! D'ailleurs, la dernière fois, on l'a tellement mis à mal qu'il a préféré s'enfuir en se jetant à la mer avec une quarantaine de ses hommes à moitié morts ! Pourquoi il ne s'est pas noyé ? Hein ?
- ...
- Vous l'ignorez ? Très bien. Comment a-t-il fait pour détruire trois de mes casinos neufs malgré la protection dont ils jouissaient hein ?
- Ils sont très bien armés, bien plus qué les escortes des casinos, Don, répondit un homme ventru habillé d'un simple pyjama. Cé ma faute.

Renato Da Villa

- Non, c'est la mienne. C'est moi qui ai monté la protection.
- VOS GUEULES ! VOS GUEULES PUTAIN ! Je ne veux pas de procès ! Je veux comprendre pourquoi ! Si vous pensez que vous êtes à blâmer, taillez-vous la carotide et débarrassez-moi le plancher ! Non ? Pas assez coupables pour mourir ? Alors vos gueules et écoutez-moi ! Je veux le scalpe de Loth Reich ! Je le veux mort !
- ...
- ...
- J'crois savoir que plusieurs attentat contre lui ont été tentés sans succès, dit la quatrième personne de la réunion qui n'a pas pipé mot depuis. Un observateur étranger l'aurait juste pris pour un tas de vêtements tellement aucune partie de sa peau n'était visible. Il parlait sans crainte, toisant directement le Don quand les autres le fuyaient.
- Tu dis quoi, Seb ?
- J'dis que t'as déjà essayé de l'tuer et que tes gens s'sont ramassés. Reich n'est pas un homme qu'on assassine dans une ruelle, t'as dû t'en rendre compte après l'avoir affronté y a deux semaines. Tu penses que tes hommes auront une chance ?
- Tu proposes quoi ?
- D'adopter la même stratégie d'usure que lui, proposa le dénommé Seb. C'qu'il nous fait actuellement, c'est un coup d'pied dans nos boules. Il tape au portefeuille, là où ça fait l'plus mal. L'a raison, c'est plus de quatre cent millions d'envolés avec ces trois casinos.
- On né sait pas où sont les usines dé Shadow Law, répliqua Rénato Da Villa l'homme en pyjama.
- Et ben TROUVEZ-LES ! somma Don Carbopizza. J'en ai ma claque d'entendre excuses sur excuses ! Ils produisent de la Dance Powder, ça se cuisine pas dans un hutte ! TROUVEZ-LES et détruisez-les ! Il faut le ruiner !
- Bien maitre.
- Si j'peux encore, on d'vrait s'atteler à ruiner son alliance avec les Martico. Ils t'ont combattu ensemble y a deux semaines, j'pense qu'ils ont mené ensemble ces opérations contre les casinos, reprit paisiblement le dénommé Seb.
- Sur ce point, y a un truc à faire ouais. J'allais en causer ! intervint Silvio en appuyant lourdement sur les deux derniers mots. Selon mes espions, ils sont sur le point d'inaugurer une nouvelle structure dédiée à la contrebande de fossiles. Y a un gros marché pour ça.
- Développe ? fit le Don en se rasseyant.
- De ce que j'en sais, ils ont réussi à trouver une espèce de carrière où des fossiles de dinos sont en masses. Un squelette complet d'un dino’ aussi gros qu'un clebs par exemple, ça peut taper dans les vingt millions aux enchères. C'est un marché très porteur où les collectionneurs sont prêts à des folies. Surtout parce que c'est rare. Bref, si mes infos sont vraies, et je suis sûr qu'elles le sont, ils vont se faire des couilles en or avec leur nouvelle orga'. Pour mieux financer leurs actions contre nous.
- Si tu en parles c'est que tu as un moyen d'empêcher ça ? demanda le Don d'un ton qui n'incitait pas à la négation.
- Bien sûr mon Don. Je travaille sur ça. Les Martico ont la mainmise sur les ventes illégales aux enchères, comme vous le savez. Leur plus grande richesse, c'est la confiance de leur clientèle. C'est un monde très fermés même pour nous autre, qu'on ne peut percer que si un de ses habitués des salles d'enchères vous introduit. Mon plan c'est de saper la confiance qu'ont les habitués de telle manière que même si les Martico venaient à présenter un morceau de soleil dans une enchère, pas un chat ne viendrait. Ils seront ruinés et nous, on sera là pour les consoler, conclut-il avec un rire carnassier.
- T'y a un mode opératoire ? s'enquit Renato.
- Je travaille dessus, répondit L'enragé en appuyant encore une fois sur le "Je".
- Ça suffit les luttes intestines, IL SUFFIT ! Silvio, tu es mon bras gauche. Renato, mon bras droit. Si vous ne travaillez pas ensemble, je suis au moins sûr d'une chose, vous allez mourir ! lâcha-t-il en virant au rouge. Littéralement. De son corps se dégageait un panache de fumée. La température de la pièce monta de plusieurs degrés.
Vous allez mourir, mais pas de mes mains mais de celles de nos ennemis ! Ce que veut Loth c'est nous diviser. Cette guerre a lieu parce que le syndicat du crime est divisé ! J'en ai trop bavé pour me reconstruire, je vous ordonne de travailler main dans la main !
- Bien mon Don.
- Compris, mon Don.  


[...]

Boréa

- Comment s'est passé ton entrevue avec Daemon Wall ? demanda Émeline en baillant.
- Plutôt bien. Je l'ai trouvé intéressant. Il correspond parfaitement à ce que je cherche.
- T'as affiné le boulot qu'il doit remplir pour toi ?
- Non, toujours pas. D'ailleurs, je sors.
- Là ? Il est une heure du matin. Tu vas où ?
- Voir une copine.
- Ha ! Ha ! Ha ! Très drôle. Tu vas où ?
- Quelque part où je n'ai pas besoin d'escorte armée, tu peux aller dormir. J'ai un vieil ami à voir.

Échappant au regard courroucé d’Émeline qui détestait qu'il lui cache des choses, il sortit de la suite royale qu'il occupait à Lavallière, prit son ascenseur personnel et descendit dans les sous-sols du palace. Celui qu'il devait rencontrer était arrivé à Boréa le matin même et logeait lui aussi dans une suite royale. Émeline ne le connaissait pas mais Loth nota de les présenter un de ces quatre. Vrai que cet homme tenait tellement à sa discrétion que les personnes qui connaissaient sa véritable identité devaient se compter sur les doigts d'une main. Loth était de ceux-là, parce qu'ils furent collègues un an durant, après qu'il eût quitté le Gila pour travailler pour la Triade des Quatre Bambous d'East Blue. D'ailleurs, c'est pour leur compte qu'il était en infiltration quand survinrent les événements de Manshon. Il n'apprit qu'un mois plus tard ce qui arriva et mit immédiatement le cap sur North Blue à la recherche de son maitre. En vain.  

Les sous-sols étaient occupés par des carrosses, des berlines et toute sorte de voitures hippomobiles plus somptueuses les unes que les autres. Elles n'étaient pas attelées en ce moment, quand un client voulait se déplacer, les chevaux étaient ramenés ici pour les besoins de l'attelage. Loth se mit à scruter le parking à la recherche d'une berline en particulier. En réalité, il ne savait pas ce qu'il cherchait mais saurait la reconnaitre quand il la verra. C'était le propre de l'Alchimiste, il y avait toujours quelque chose de volontairement surfait dans son style qui le trahissait aux yeux de ceux qui le connaissaient.
« Ben voyons... » murmura-t-il en s'arrêtant devant une berline dorée. Les armoiries sur les portes représentaient une flute de pan entourée de notes de musiques sur champ écarlate. Cela ne voulait rien dire pour un profane... Loth rentra et s’essaya.

- Bonsoir Eldred, fit-il.
- Bonsoir Loth. Comment ça va depuis tout ce temps ? répondit l'unique occupant de l'habitacle.
- Rien n'a changé, c'est toujours la guerre.
- Ben si, des choses ont évolué. Avant, on rendait des comptes. Maintenant, on donne les ordres.
- Tu donnes des ordres à qui ? Je croyais que tu étais un éternel solitaire ?
- Au moins je ne reçois plus d'ordre, c'est déjà ça. Sauf ceux de mes clients mais l'argent est notre maitre à tous alors je m'incline.
- J'ai plusieurs ordres à te soumettre alors.
- Dans quel domaine ?
- Dans celui que tu excelles le plus.
- Pour combien de personnes ?
- Je ne sais pas. C'est flottant. Une trentaine. Je te donnerai un chiffre exact quand je serai fixé.
- Ça va te couter cher.
- Combien ?
- Un million par individu.
- Ça me semble correct. A bientôt Eldred.


[...]

Deux journées après cette rencontre, Loth fut invité à Sanderr, sur l'ile forestière de Krong où ses alliés du clan Martico avaient leur base. Leur projet far du moment, j'ai nommé "Jurassic Parc" avait donné des fruits dont il fallait parler. Sous la forme d'une petite organisation détenue à parts égales par Shadow Law et les Martico, Jurassic Parc se donnait comme objectif de monopoliser le marché de la contrebande de fossiles en tout genre. Jusqu'alors, cette niche n'était occupée par personne en particulier. Une fois par an, un chercheur ou un institut découvrait des fossiles qui pouvaient se retrouver au marché noir et déclencher la convoitise des collectionneurs. Il n'y avait pas d'approvisionnement continu. Cela était sur le point de changer depuis la précédente affaire quand ils recrutèrent la géologue Farida Faouzi, une femme qui avait développé une méthode scientifique pour certifier la présence de restes fossilisés dans un certain périmètre. Au lieu de prospecter à l'aveugle comme 99.99% des chercheurs du domaine, Jurassic Parc forait uniquement quand il était certain de trouver des choses, minimisant ainsi les charges, maximisant le bénéfice. Une fois sortis de terre et ayant subi toutes les procédures de restauration et de stérilisation en vigueur dans le monde scientifique, les os étaient mis en vente durant les enchères dans les salles Martico.

- Comment allez-vous, Don Martico ? fit en Loth.

C'était purement rhétorique comme question, le vieux allait mal depuis la mort de son héritière Lyanna quand Loth et les forces Martico affrontèrent Don Carbopizza et ses sbires durant une bataille marine sanglante. Ses yeux étaient cerclés de cernes bien sombres, sa peau étaient devenue flasque et pendante tout à coup, comme un obèse qui aurait maigri à vive allure. Il hocha la tête de façon quelconque et perdit son regard quelque part dans la cheminée. A ses côtés, la jumelle de Lyanna, Brianna "Cat's Eye" le secondait. Elle n'était pas la préférée, c'était plutôt le mouton noir de la famille, d'où son surnom de "Noire Chouette" en référence à l'oiseau de nuit qui blasonnait l'étendard des Martico. Maintenant que la Blanche Chouette était morte, Brianna devenait la seule héritière, au plus grand dam du vieux Fernando. Fallait dire que loin des coutumes de discrétion et des codes ancestraux de la famille, Brianna était non seulement connue et primée mais s'en fichait royalement de l'honneur si cher à son grand père. Dans le pouf à leur droite se tenait leur précieuse partenaire, Farida Faouzi, un petit bout de femme rousse aux cheveux bouclés. Une autre personne lui tenait compagnie, un homme d'aspect famélique coiffé d'une coupe en banane et portant des lunettes fumées aux formes étoilées.

- Faouzi a travaillé sans relâche depuis... a travaillé sans relâche depuis notre accord, finit-t-elle par ajouter, la gorge nouée. Elle ne pouvait pas dire "depuis la mort de Lyanna".
- Z'ai exhumé quatre ozements d'Iguanodon, de mégalodon, de vélociraptor et d'ornithocheirus, déclara la rousse avec un fort zézaiement.
- Ça fait beaucoup de dinosaures différents pour un seul site, non ? remarqua Émeline. Vous les avez tous trouvés dans le site de Hat Island ?
- Y a pluzieurs sites sur Hat et on creuze ailleurs aussi. Bref, ils sont prêts à la vente.
- Dans quel état sont-ils ?
- Y a que l'ornithocheirus qui soit presque complet. Les autres sont fragmentaires mais on pourra en tirer de très bons prix.
- Faut organiser la vente. Ce sera la première depuis qu'on a officiellement déclaré la guerre aux Tempiesta, donc il sera sous haute tension, fit Cat's. Nous mouchards chez eux pensent qu'ils préparent un truc contre nos salles.
- S'ils réussissent à attaquer une vente, ils pourront effrayer nos clients, on fait la même chose en s'attaquant à leurs casinos flottants, observa Émeline. Quels sont les moyens qu'on mettra en œuvre pour que tout se déroule sans accrocs ?
- C'la raison d'notre présence. Lui, c'est Leveinard, répondit Cat's en présentant enfin le type aux lunettes d'étoiles. C'est not' commissaire-priseur qu'organisera la vente. Faut voir ensemble les mesures de sécurité, on peut pas s'foirer ! claironna-t-elle.

Brianna Martico "Cat's Eye"

Loth devina qu'elle désirait aussi faire ses preuves en tant qu'héritière et recevoir la bénédiction de son grand père.
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Loth découvrit qu'organiser une vente aux enchères de l'ombre passait par une série de procédures. Bien sûr, pas de publicité dans le journal d'annonce légale. C'était un réseau et l'information y transitait. C'était le monde du bouche à oreille et il fut surpris de voir que c'était un autre monde fermé à l'intérieur de leur monde. D'abord, il convenait de choisir une salle autre que celles où les enchères étaient habituellement organisées. Il fut décidé que la vente se déroulerait sur un navire, un galion brise-glace de la famille avec toute l'escorte armée que ça requérait. Le Jour J, les clients accostèrent à un point fixé sur la côte de Sanderr avant d'être embarqués vers le galion. Durant leur dernière confrontation, les Tempiesta utilisèrent des bateaux enrobés évoluant sous l'eau pour les surprendre. Ils désiraient à tout prix éviter un scénario similaire, aussi ancrèrent-il le brise-glace dans une baie rocheuse peu profonde tandis qu'en mer, les sous-marins de Loth patrouillaient.

Sous les coups de neuf heures, les premiers clients débarquèrent. Avant la guerre, les participants aux enchères venaient avec armes et argent. Malgré cela, les salles demeuraient un lieu tacitement neutre. Y faire du grabuge signifiait non seulement avoir les Martico sur le dos mais aussi l'intégralité des Sept Familles. Aujourd'hui, cette force de dissuasion n'était plus, au contraire, c'est justement l'action de plusieurs de ces familles qui étaient crainte. Les enchérisseurs furent donc fouillés et désarmés avant d'être convoyés sur le bateau. La salle de vente était grande et occupait la moitié de l'énorme galion. Elle était aménagée façon amphithéâtre, ce qui donna l'impression à Loth d'être dans une de ses classes de criminologie. Dans ses cours, il apprenait à ses élèves à combattre le crime, pas à en côtoyer les cadors. Le Moine Hérétique prit place au fond à droite d'où il avait une excellente vue sur l'estrade où se tenait Leveinard, commissaire-priseur. La salle de plus d'une centaine de places semblait étrangement vide avec sa trentaine d'invités seulement. Ce faible nombre était la cause de deux facteurs : tout d'abord la singularité des produits proposés et bien sûr, la guerre qui n'incitait personne à prendre activement partie en s'affichant avec tel ou tel.

- Hohô, bienvenue gentes dames, gentilshommes ! claironna Leveinard de sa voix de stentor tout en gesticulant les bras écartés, comme s'il voulait prendre tout le monde dans ses bras.
Ça fait bien longtemps que je ne vous avais pas vu...
- Qu'est-ce qu'il raconte, ils sont tous masqués ! chuchota Émeline à côté de Loth.
- Peut-être qu'il les connait à travers les masques.
- ... des lots fabuleux à proposer aux connaisseurs ! Et c'est pour ça que vous êtes là, hohô ! finit-il après un bavardage d'un quart d'heures. Sans plus attendre, on va passer au premier lot !
- Mouais, c'est pas trop tôt, commenta Ombeline. J'ai bien cru qu'il s'arrêterait jamais de parler !

Il semblait qu'une bonne partie de l'assistance partageait son avis. Malgré la pénombre (seule l'estrade était éclairée), ils virent beaucoup trépigner d'impatience sur leurs sièges. Leveinard prit un air théâtral avec son micro : « Hohô ! Hohô ! Chers clients ! Imaginez-vous, il y a 80 millions d'années. Une époque où North Blue n'était pas plus étendue qu'un fleuve moyen mais était trois fois plus profonde qu'aujourd'hui à cause de la Faille de San Andréas où baignait son lit. Et dans ces profondeurs insondables où la lumière ne perce jamais, un monstre ! Que dis-je. LE MONSTRE ! Le Gardien des Abysses, le plus grand requin que l'évolution ait jamais créé, j'ai nommé, le MÉGALODON ! » Son long index dégingandé pointa un endroit de l'estrade où s'ouvrit une trappe. Lentement, par un effet mécanique, un crane aussi gros qu'une maison apparut sur un piédestal. Sa mâchoire était si impressionnante que la créature aurait pu ne faire qu'une bouchée d'un éléphant. On aurait dit le précurseur des rois des mers. Il était tout blanc, possédait plusieurs rangées de dents aussi grandes d'un avant-bras humain et semblant aussi acérées que des scalpels. Ses orbites semblaient luire d’une vie de jadis à cause des spots jaunes placés à l’intérieur. L’ensemble avait un aspect presque fantomatique. Un « Oooooooh » d'admiration naquit dans l'assistance. Beaucoup de flashs d'appareils photos crépitèrent puis commencèrent les enchères. Le prix de départ fut fixé à un modique dix milles Berry qui devint cinq millions une minute plus tard. Silencieusement, les enchérisseurs faisaient des signes de la main pour augmenter le prix.

- Sept, sept millions par ici ! Qui dit mieux ? Qui dit mieux ? Sept une fois, sept deux fois, sept... Huit, huit millions pour la dame à droite ! Hohô, Huit, vous allez vous laisser marcher dessus ? Allons, réagissez messieurs Hohô ! Neuf pour monsieur au centre, oui ! Hohô !

Loth regarda dans la direction qu'indiquait Leveinard et constata qu'il n'y avait personne à cet endroit. En fait, le commissaire-priseur enchérissait parfois tout seul, histoire de faire monter la sauce. C'étaient des requins et pour les exciter, il fallait toujours plus de sang dans la mer. Le tout était fait avec art, le parfait milieu entre la folie des grandeurs et le juste prix. Les clients mordirent à l'hameçon et au final, le crâne partit à quinze millions de Berry. Une petite femme replète aux cheveux de paille remporta les  enchères sous les ovations respectueuses de ses concurrents. Après le crâne du requin préhistorique, ce fut autour d'un fémur d'iguanodon qui fut raflé à trois millions. Ensuite, ce fut autour d'une moitié supérieure de crâne où on distinguait nettement les trois cornes d'un tricératops. Bien que très connu dans la culture populaire grâce à la vulgarisation, les fossiles de ce dinosaure restaient rares. Pour la seconde fois, la petite femme dodue remportant le lot à huit millions de Berry ce qui provoqua une indignation polie d’Émeline. « Là tout à coup, j'ai envie de voir à quoi ressemble sa maison. Sûrement à un musée sentant le moisi et les vieux os... D'ailleurs, ça m'étonnerait pas qu'elle ait les ossements de ses ancêtres exposés dans des vitrines à côté de ceux des dinos qu'elle achète... »
Rigolant de cette médisance gratuite, le Moine Hérétique lui fit signe de se taire. Après plus d'une demi-heure d'enchères, le clou du spectacle arriva enfin. Ils étaient tous venus pour lui. Lui, c'était l’ornithocheirus.

- Hohô ! Nous voici au Main Event ! lança Leveinard. Hmph ! Hohô ! Dix ans que je fais ce métier et j'ai jamais vu ça ! Vous n'avez jamais vu ça ! Personne n'a jamais vu ça dans notre monde !
De son vivant, c'était la plus belle créature qui ait jamais pris son envol. Sans partage, il a régné sur les cieux, a plané et a volé de long en large sur un monde dirigé par les dinosaures ! Je vous présente, le Roi du Firmament !

Sans conteste, il était magnifique. Avec une envergure de plus de douze mètres d'un bout d'aile à l'autre, l'ornithocheirus obligea Leveinard à descendre de l'estrade pour lui faire la place. Le squelette ne provint plus d'en dessous cette fois-ci mais du dessus, via le toit ouvrant qui donnait sur le pont. Les acclamations se firent nourries au fur et à mesure que le squelette descendait à une lenteur millimétrée. Qu'il fût découvert dans une zone à forte concentration de phosphore où qu'il fût enduit d'un produit phosphorescent, l'effet était réussi, pensa Loth. Il n'y avait pas un pan du squelette qui ne scintillait pas d'une pâleur verdâtre spectrale. « Hohô ! C'est le premier squelette complet d'ornitocheirus à être découvert ! Trois cent quatre os exactement ! Ils sont tous là ! Qui dit combien ? »

Tout à coup, on aurait dit que quelqu'un avait ouvert une boite à pétards. Oubliant que c'étaient des enchères silencieuses, tous se mirent à parler en même temps, au grand bonheur du commissaire-priseur qui les laissa surenchérir par eux même. La fièvre monta exponentiellement, chacun voulant acheter à qui mieux mieux. Plusieurs fois, Loth vit certains participants parler nerveusement à l'escargophone avant de beugler un prix plus conséquent que celui de leurs voisins. Recevaient-ils des ordres d'ailleurs où vérifiaient-ils l'état de leurs comptes bancaires ? Mystère. Ceux qui arrivèrent à la limite de leurs capacités financières s'asseyaient rageusement en proférant des insultes tout bas puis regardaient d'un œil triste leurs concurrents continuer d'ajouter toujours plus de zéros.

- HYAOUUUUUUUUU ! s'écria sans retenue la blonde grassouillette quand elle remporta sa troisième enchère de la soirée.
- Hohôhô ! Nous avons notre grande gagnante ! Le roi des airs est parti à CENT FUCKING MILLIONS DE BERRY ! Oh Yeah ! s'extasia Leveinard, agrémentant le tout de pas de danse.
- C'est insensé... C'est pas un fruit du démon, juste un tas d'os... marmonna Émeline. Dans quel hobby tu pourrais dépenser autant, Loth ?
- Je l'ignore. Mes centres d'intérêts ne requièrent pas forcément de telles dépenses, mais je crois que si je venais à tomber sur une collection de livres particulièrement rare... Comme des écrits datant du siècle oublié par exemple, sans que ce soient ces illisibles ponéglyphes, je n'hésiterai pas.


[...]

Des heures plus tard...

- C'parfait, on va trinquer à Jurassic Parc ! Une merveille d'vache à lait qui va nous rapporter un max ! fit Brianna.
- Hic ! Cent vingt-six millions de Berry pour... Hic ! moins un peu plus d'une semaine de travail, le crime paie ! ajouta Farida Faouzi, pompette.
- Ce ne sera pas toujours ainsi, vous vous emportez.
- Toi... Hic ! T'es... un rabat-zoie de Hic ! binoclard !
- Bah ouais ! On craignait une attaque, tout s'est bien passé. Nos clients sont partis comme ils sont v'nus, c'était trop peace, gâche pas notre joie, Myope ! rétorqua Cat's Eye. On trinque à l'alliance SM ! Youhooooou !
- Arrêtez avec "SM". Personne ne pensera à Shadow Law-Martico en attendant ça. Plutôt Sado-Maso... susurra Loth.
- Hohô ! Les clients ont adoré en tout cas, et moi aussi ! Jamais eu des frissons comme ça, en plus on avait affaire à des connaisseurs ! dit Leveinard qui participait à la fête improvisée où seul manquait Don Martico.
- D'ailleurs, c'est qui la petite grosse blonde là ? s'enquit Émeline. Elle a remporté trois lots sur quatre.
- On demande jamais ! Hohôhô ! Notre rôle, c'est de vendre, c'est tout.
- Vous allez me faire croire que vous ne connaissez pas vos clients réguliers ?
- On connait quelque uns bien sûr, hohô ! Mais s'ils portent des masques, c'est pas pour qu'on les connaisse ! Et moins on en sait sur eux, mieux se portent les affaires !
- Quelqu'un qui dépense cent vingt-trois millions pour des ossements, moi j'aimerais bien en savoir plus sur lui, dit-elle.  
- Vous faites l'erreur de tous les débutants de notre monde, miss, Hohô ! Je mettrai ma main à couper que cette dame n'était qu'une intermédiaire.
- Je m'en doutais, fit Loth. Beaucoup d'entre eux maintenaient des conversations escargophoniques.
- Y avait sûrement des vrais acquéreurs venus pour leur propre compte dans la salle, mais la plupart du temps, hohô, c'est juste des porte-voix. Si ça se trouve, la dame a acheté pour trois clients différents, que sais-je.


[...]

De retour à Lavallière...
Boréa


- Y a quoi au sous-sol ? Et pourquoi on doit y aller au plus profond de la nuit ? s'enquit Eme' pendant que l’ascenseur descendait en grinçant.
- Nous sommes des criminels, nous faisons nos affaires dans des lieux sombres, c'est ça le cliché.
- On n'est pas dans un écrit à deux balles.
- Et pourtant... J'aimerais te présenter un ami qui est sur le départ. La prochaine fois que j'aurais besoin de ses services, tu t'occuperas de le contacter.
- Okey...
- Nous sommes arrivés. Tiens, il ne se dissimule pas aujourd'hui, commenta Loth.
- C'est lui ? fit Émeline perplexe en voyant l'homme qui se tenait à quelques maitres d'eux. On dirait un oiseau tropical aux plumes multicolores, ajouta-t-elle à cause du mélange détonant de couleurs tapageurs des vêtements de l'inconnu.
- C'est elle ?
- Oui, c'est lui. Oui c'est elle. Elle, c'est Émeline Reus, tu peux avoir toute confiance, autant qu'en moi. Lui, Eme', c'est Eldred. Tu ne dois pas avoir confiance.
- Hey ! s'indigna Eldred.
- Et Eldred, c'est ? demanda la dauphine.
- Tu le connais sous un surnom particulier. L'alchimiste.
- Oh putain ! marmonna-t-elle en faisant un pas en arrière. The Alchimist ? Celui d'East Blue ? Le même primé à soixante-quinze millions de Berry ?
- C'est qu'il n'a pas la gueule de sa prime.
- Mais hey !
- C'est une prime pour la dangerosité que le Gouvernement lui alloue, renchérit le Moine. Comme tu le sais, l'Alchimiste est considéré comme le meilleur faussaire des Blues depuis bien des années.
- Mes faux sont plus vrais que nature, je transforme le papier en or. Je suis l'Alchimiste !
- Et il est également très modeste, ajouta Loth.
- Enchanté Miss, dit-il en enlevant son chapeau à plume dans une gracieuse courbette.  
- Euh... Enchantée aussi.
- J'espère qu'on travaillera ensemble à nouveau. J'étais là.
- Au revoir Eldred, répondit Loth alors que son interlocuteur disparaissait déjà dans un angle droit.
- Wut ? Quoi c'est tout ? s'étonna Émeline.
- J'ai dit que j'allais te présenter, ce que j'ai fait.
- Je m'attendais à... plus. Il voulait dire quoi par "travailler ensemble à nouveau" ? Il était là pour toi ?
- Oui. Je l'ai engagé pour me faire une trentaine de fausses identités.
- Et j'étais trop occupée pour être au courant, c'est ça ? lâcha-t-elle, les dents serrées.
- Si je t'informais de tout ce que j'entreprenais comme action pour contrer nos ennemis et mettre en œuvre mes plans, tu serais déjà surmenée.  
- Donc, je peux savoir à quoi vont servir ces identités ?
- Pas pour l'instant, fit Loth en rigolant. Tu comprendras plus tard, je tenais juste à te présenter Eldred. Où en est le rapport que tu dois me faire sur les alliances des Venici ? Le topo' sur leurs sources de revenus ?
- Pas encore commencé, mes hommes peines à rassembler les éléments.
- Tu vois ? Tu es débordée. Occupe-toi du pôle Venici, moi je me charge des Tempiesta.
- Donc, les identités, c'est pour œuvrer contre eux ?
- Oublie les Tempiesta, je dis !


[...]

Le lendemain, quelque part en mer
North Blue...


- Cette liste est-elle sûre ?
- Plus que sûr, mon Don, répondit Silvio avec révérence. J'ai un espion haut placé chez les Martico. Même si leurs clients se font discrets, y a toujours un moyen de remonter à eux. Il a fait le job.
- Noms et adresses, carrément. Je suis le seul à trouver ça suspect ? persista Don Carbopizza.
- C'est normal chez les Martico, Don Carbo. Les enchères comprennent un service après-vente pour la livraison gratuite des produits mis en vente. C'est comme ça qu'ils connaissent les adresses personnelles de leurs clients parfois. D'ailleurs, moi-même j'ai mis mon réseau sur le coup, tout est clean.
- Cé une occasion dé frapper fort l'ennemi. Faut pas hésiter mon Don, appuya Renato Da Villa, Bras Droit.
- Dommage que Seb ne soit pas dans le coin, j'aurais aimé son avis, souffla Manuel Tempiesta.
- Cé Seb qui a proposé cette stratégie dé revanche et dé sabotage de leur clientèle.
- Allez-y, ordonna Don Carbo. Avec toute la diligence habituelle. Ni vu ni connu, mais ils doivent savoir que c'est nous.
- Ils le sauront, Don, ils le sauront ! Oh oui, ils vont m'entendre ! proclama Silvio.

En tant que Bras Gauche du Don, il était chargé de la guerre. Et depuis les déconvenues successives entrainant la destruction de trois casinos flottants, il avait hâte de rendre la monnaie de sa pièce à l'alliance SM.
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- Loth, c'est une catastrophe !
- Oh bonjour Eme', bien dormi ?
- Je plaisante pas, ça chauffe ! Tiens, on a Cat's en ligne.
- Myopy ! tonna la Martico.
- Arrête de m'appeler comme ça ! Qu'est-ce qui se passe ? Tu n'as pas fini de fêter le succès de la vente ?!
- Mec, ils sont tous cannés !
- Qui ça, ils ?
- Nos clients pardi ! Ceux qui ont participé à la vente hier sont en train de s’faire descendre !
- Attends, attends, fit Loth en essayant de rassembler ses idées. Les clients d'hier étaient masqués et personne ne connaissait leur...
- On connait leurs noms !
- Qui ça "on" ? Émeline vous a demandé hier, le commissaire-priseur a dit...
- J'sais ce qu'il a dit, j'étais là. Il a arrondi les angles, d'accord ? On connait leurs identités.
- Ça c'est révoltant ! s'emporta la dauphine. Nous sommes alliés ! Ça coute quoi de mentir honteusement, sinon raccourcir notre confiance ?
- Quand on a négocié l'alliance, Lyanna vous a donné accès à nos salles, pas à nos clients n'est-ce pas ? Bah, c'est toujours la même politique, c'est pas parce qu'elle est morte que ça tient plus.
- Dans ce cas, c'est votre problème ce qui se passe, renchérit froidement Loth. Ça regarde pas Shadow Law, gérez ça seuls. Raccroche Eme'.
- Non, attends ! Ça concerne pas Shadow mais ça concerne Jurassic ! Et Jurassic c'est nous et vous ! Ronald Hold, Amadeus Lopple, Regina Tikkle, Hamid Ben Moussa, Paulo Amadeni ! Ils ont tous été retrouvés morts ! Et ils ont tous participé aux enchères d'hier !
- Intéressant.
- J'dirais pas qu'"intéressant" est l'mot juste !
- Arrête de vociférer ! asséna Émeline. On n'est responsable en rien, y a une fuite dans tes rangs. Trouve-là ! Tu veux qu'on fasse quoi même ?
- Bah nous aider à arrêter le massacre, quoi d'autre ?! S'ils continuent à c'rythme, ils vont zigouiller tous nos clients d'hier. Et il s'passera quoi quand l'bruit s'répandra que les clients des Martico s'font trucider après les ventes ? Jurassic dépos'ra l'bilan ! Vous avez investi soixante millions dans cette affaire, vous voulez pas la défendre ?!
- Présenté comme ça... Après cette histoire, on reparlera du partage d'information. Quel est ton plan ? Vous n'avez pas leurs contacts pour les prévenir du danger, qu'ils plient bagages ?
- Dès qu'on a eu vent des deux premiers cas, on a averti ceux dont on avait les numéros, comme Loople et Moussa par exemple, mais ça les a pas empêchés de s'faire pecho ! Sept se sont cachés grâce à nos appels et attendent qu'on vienne les chercher pour les mettre en lieu sûr. Comme j'sais pas qui nous trahit, j'préfère confier l'job à des gens extérieurs.

Dans un laps de temps très court, Loth rassembla une centaine d'hommes qu'il divisa en plusieurs équipes, chacune avec la mission de retrouver un des clients et de le sécuriser. Chemin faisant vers sa propre cible à exfiltrer, le Moine Hérétique continua de recevoir un flot d'informations actualisées à intervalle régulier de la part de Brianna Martico. Apparemment, c'était un coup prémédité et soigneusement préparé des Tempiesta puisque les cinq premiers meurtres eurent lieu presque simultanément dans autant d'endroits différents. Les autres suivirent tout juste après et sans la réactivité de Cat's Eye, ils ne se seraient aperçus de l'hécatombe que bien trop tard. Une heure et demie s'étaient écoulées depuis le début de l'effusion de sang et déjà onze meurtres étaient à dénombrer. La précision chirurgicale de l'attaque confirmait la théorie de la taupe. Brianna s'occuperait de faire le ménage chez elle et de pallier à cette grave crise sécuritaire qui n'était pas une surprise pour le Moine. La trahison faisait partie intégrante de ce métier.
« Merde ! » jura un élément de l'équipe de Loth. La grotte où était censé se réfugier le nommé Ryu Kanaga dans une zone portuaire en principauté de Barbean était maculée de sang, du sol au plafond granitique. Le pauvre hère fut retrouvé au plus profond de la caverne, débité.

PULUPULUPULUPULUPULUPULUPULUPULU !!!

- Allô, L' ? Ça se passe de ton côté ? fit la voix désincarnée d'Émeline.
- Kanaga, en morceaux. Tes cibles à Zaun ?
- Démembrées aussi.
- Quoi les deux ? s'étonna Loth. Ils n'étaient pas dans deux endroits distincts ?
- Ben, ils ont été découpés dans leurs cachettes. On dirait que la taupe se fiche qu'on l'identifie.
- Attends, j'ai un double appel de Brianna. Elle a peut-être trouvé qui c'est. Vérifie nos autres équipes. Ils ne peuvent pas tous avoir été massacrés, bon sang !

PULUPULUPULUPULUPULUPULUPULUPULU !!!

- Alors ?
- Tu as trouvé ta taupe ?
- Non, pas encore. Et vous ? Vous avez sécurisé les...
- Il n'y a pas de sécurisation qui tienne, les cachettes étaient compromises depuis longtemps. Le félon est haut placé dans ta hiérarchie.
- Oh non non non ! NON BORDEL ! Me dis pas, que vous n'avez retrouvé personne indemne putain ?!
- Trois sont morts pour sûr. Émeline s'informe pour les autres. Pour trouver la taupe, tu dois croiser la liste de ceux qui étaient au courant de l'identité des clients avec la liste de ceux qui étaient au fait des lieux sécurisés.
- Leveinard...
- Rapide ton recoupement !
- Ce fumier est le seul ! Ils étaient cinq à connaitre la liste des clients ! Moi-même je la connaissais pas. Et c'est lui qui a fait le listing de nos caches diverses qu'on pourrait leur conseiller ! Le fils de pute !
- Où est-il maintenant ?
- J'vais l'trouver et lui faire regretter sa duplicité, bordel ! ragea-t-elle avant de raccrocher violemment.

Plus les heures passèrent cette journée-là, plus ils constataient leur impuissance. Avant midi, vingt-huit des enchérisseurs présents sur le galion furent retrouvés morts, dans seize endroits différents répartis sur onze iles disséminées dans tout North Blue. A part les directs concernés, personne d'autres ne ferait le lien avant longtemps tant la zone à couvrir était grande et le transit de l'information compliqué, se dit Loth, mais les presses locales feraient leurs choux gras dessus, évidemment. Malgré l’horizon qui s’obscurcissait pour leurs affaires, il y avait une petite raison de sourire grâce à l'exfiltration réussie de Tamata Jones, la grassouillette femme qui rafla trois des quatre squelettes. Cet exploit in extremis fut l’œuvre d'Elijah, l'homme-poisson requin bulldog qui commandait l'escouade homme-poisson du Moine Hérétique. Ils arrivèrent au même moment qu'un escadron de la mort Tempiesta avec laquelle ils décousirent violemment avant d’en triompher. Si choquée qu'elle bégayait sans cesse, Tamata fut escortée à Lavallière dans la suite de Loth. Sanderr était compromis à présent. Brianna les y rejoignit, reconnaissant à demi-mot que le commissaire-priseur avait détalé bien avant qu'elle ne perçât son identité.

- C-c'était qui ces g-gens là ? Pou-p-rquoi ils voulaient m-me tuer ?! demanda-t-elle d'une voix si aiguë que bientôt, seules les chauves-souris pourraient l'entendre.
- C'sont nos ennemis, répondit Cat's entre blasée et navrée.
- Ennemis ? Ennemis ? reprit Tamata de la même voix perçante hystérique. J-je s-savais pas que c-c'était si dan-dangereux de p-participer à vos enchères !
- C'est plus le contexte global... intervint Émeline.
- Le contexte ?! Quel con-contexte ?!
- La guerre des mafias, bien sûr !
- Qu'est-ce qu'on en a à faire, hein ?! On est cl-client ! Entretuez-vous mais lai-laissez-nous tranquille ! siffla-t-elle à bout de nerfs.

Elle fut impossible à calmer. Sa crainte évolua au fil du temps et avant le crépuscule, elle perdit complètement son self-control, hurlant à tout va, faisant les cent pas dans l'appartement. Quant à savoir ce qui allait se passer "maintenant", personne ne fut capable de répondre. En effet, que faire ? Ils étaient des truands, pas un programme de protection des témoins. Même s'ils pouvaient fournir une nouvelle identité à Tamata Jones, cela ne garantirait pas sa sécurité pour autant. Et l'Alchimiste était parti la veille. Certains comme Elijah proposèrent de riposter en s'attaquant à d'autres intérêts Tempiesta mais pour Loth, ce n'était la solution appropriée.
Le capital-confiance des clients de longue date fondit comme neige au soleil. Mystérieusement, ils furent tous injoignables quand Cat's Eye tenta de les appeler pour les rassurer. « Arrête, ce n'est pas comme cela que tu arriveras à regagner leur confiance » dit Loth quand elle eut l'idée d'organiser d'autres enchères dans les jours à venir pour constater la désertion de visu. A force de cogiter dessus, et de voir ses scénarios se terminer dans une impasse où dans une cuisante défaite, il finit par adopter l'idée de son homme-poisson. Réagir dans le même ton que leurs assaillants, à défaut de faire directement revenir les clients, pourrait les rassurer au moins sur leur réactivité. Afficher qu'ils n'étaient pas que des victimes. Montrer ses muscles était aussi important que l'action en elle-même, dans ce monde où tout dépendait du paraître.


[...]

- Tchintchin ! Ça a marché comme sur des roulettes, Don ! On leur a massacré leurs clients !
- Cé la plus bonne nouvelle dépuis longtemps ! Chin chin !
- Ne vous réjouissez pas trop vite. Reich et Cat's vont contrattaquer.
- On les attend de pieds fermes Don. Grâce à notre Bienfaiteur, nos casinos flottants ne sont jamais loin d'un bâtiment de la Marine et nos installations à terre sont ultra sécurisées. J’suis curieux de voir ce qu'ils vont nous trouver comme idée. Mais ils vont échouer, c'est sûr ! confia Silvio.
- Quelle est la suite ? demanda Tempiesta.
- On va attendre qué ça pourrisse non ? suggéra Renato. Shadow Law fait du commerce dé la Dance, cé surtout lé Martico qué nous avons touché avec cé massacre. Ils vont dépérir rapidément, cé qui va les pousser à faire beaucoup d'erreurs.
- Sinon, on peut profiter du répit pour renforcer notre armée, non ? Le commodore Bright a parlé d'un endroit sur Calm Belt où trouver des armes de hautes de technologies.
- On s'occupera de ça plus tard. Y a pas de répit qui tienne, le répit, c'est quand tous nos ennemis seront morts et ensevelis ! On continue à maintenir la pression sur l'alliance SM. Définissez-moi d'autres cibles à atteindre pour les mettre à genoux. Les usines de Shadow Law, c'en est où ?
- C'est plus compliqué d’retourner un mec de Shadow Law qu'un Martico, mon Don. Mais j’vais tout faire pour. J’pense en localiser une bientôt, dans les environs de...
- Pas de blabla, coupa le parrain. Je veux des résultats, pas des paroles !
- Bien.


[...]

- Loth, c'est une catastrophe !
- Oh bonsoir Eme', pas encore endormie ? fit-il d'une voix pâteuse. Pourquoi j'ai l'impression de vivre une journée en boucle ?
- Parce que les catastrophes s'enchainent.
- Il est deux heures du matin, bon sang ! Même les criminels ont besoin de congé. Qu'est-ce qui se passe encore ?!
- Tamata Jones a disparu.
- Par "disparu" tu entends... ?
- Partie d'elle-même. Elle a échappé à la vigilance du garde en faction, elle s'est tirée en laissant une lettre : "Je suis profondément convaincue que vous ne pouvez pas assurer ma sécurité. Si c'est la loi du plus fort qui prime alors autant travailler avec le plus fort, ce que vous n'êtes pas, à l'évidence. Je n'ai pas l'intention de passer ma vie à me cacher et si vos ennemis sont plus intelligents que vous alors je leur ferai une offre qu'ils ne pourront pas refuser. Sans rancune. Tamata Jones, Intermédiaire."
- Alors là, on est mal. Très mal.
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Le lendemain...
Manshon


Rabid Silvio s'extasiait à s'en rompre le diaphragme. Décidément, les cieux étaient avec lui. Aux premières lueurs de l'aube, ses hommes capturèrent une femme rodant près du quai nord où était stationné un des casinos flottants. Il s'avéra ensuite que c'était la survivante du massacre aux enchères, la vingt-neuvième participante que leur escadron n'avait pas réussi à éliminer. La tuer à cet instant n'avait aucun intérêt, une victime de plus ou une de moins, leur but était atteint : l'horreur avait déjà pénétré le secteur. Il ne savait que faire avant qu'elle n'avouât être venue volontairement se mettre au service des vainqueurs. Suspectant le coup fourré, il découvrit que la rondelette femme était animée d'une peur panique de la mort. Elle semblait penser que les Tempiesta étaient décidés à éliminer tous les clients des Martico et que sans leur prêter allégeance, elle passerait toute sa vie à regarder par-dessus ses épaules. L'enragé joua le jeu et se rendit compte que cette Tamata Jones était la mine qu'il recherchait. Celle qui lui permettrait de damer le pion à Renato Da Villa. Don Carbopizza était naïf de penser qu'ils travailleraient main dans la main. Seule comptait l’ascension personnelle. Il crut bon de la présenter au Don et son rival était là pour constater sa nouvelle bonne idée. Son triomphe.

- Mon Bras Gauche m'a parlé de toi. Il parait que tu désires nous aider ?
- O-oui, parrain, bégaya-t-elle en tripotant nerveusement ses doigts dodus.
- Pourquoi ? Tu nous mènes peut-être dans un piège et il serait plus sage de te tuer là, non ?
- N-non ! S-surtout pas. Vous pe-perdrez une opportunité d'affaire ! Je suis une intermédiaire moi.
- Ce que j'ai cru comprendre. A quel genre de clients tu es connectée ?!
- Toute s-sorte de gens. Des hommes politiques, des amateurs, des professionnels, des cri-criminels, j'ai beaucoup de contacts. Je suis v-venue proposer à Bras G-gauche Silvio de mon-monter une affaire. De reprendre le marché des M-Martico.
- Explicite.
- Vous n'êtes pas sans savoir que les Martico dominent depuis plusieurs générations la niche des ventes aux enchères sur North Blue. Ils se sont constitués au fil du temps un colossal portefeuille de clients assidus dont vous avez brisé la confiance avec la boucherie, dit-elle d'une traite après une profonde inspiration. Maintenant qu'elle maitrisait son sujet, le trac avait disparu.  
- Je sais tout ça, raconte-moi un truc que j'ignore. Comment nous lancer sur ce marché ? Les enchères et ses lois sont une galaxie à part dans l'univers du crime organisé. Et tu l'as bien dit, les Chouettes dominaient ce marché, ils n'en avaient pas le monopole. Ce qui signifie qu’il y a d'autres poissons plus petits dans le jeu, qui vont se jeter sur la place vacante ; et aussi petits soient-ils, ils sont de métier mieux positionnés que nous. Autant faire rentrer de l'argent, que ce soient de gros montants. Je n'ai que faire de miettes.
- Savez-vous pourquoi les dernières enchères des Chouettes ont été un franc succès, parrain ? demanda Tamata.
- J'ai cru comprendre qu'ils proposaient des articles inédits.
- Exact, monsieur. Tout le monde peut organiser des enchères avec un vide grenier par exemple, mais peu peuvent fournir de vrais produits rares qui attisent la convoitise. La seule façon de vous tailler directement la place du lion dans notre galaxie, c'est par la qualité et la rareté de la gamme d'articles que vous vendrez. Et c'est là où en tant qu'intermédiaire, j'entre en scène.
- Tu as toute mon attention, fit le Don alors que Renato ouvrait la bouche.
- Les Martico ne sont pas que des vendeurs, reprit-elle. Ce sont avant tout les meilleurs voleurs des Blues, d'où leur surnom de silencieux comme la chouette. Parfois, ils volent aussi sur commande et c'est ce que je vous propose. Mes clients me font part de reliquaires, d'objets de collection qu'ils aimeraient acquérir plus que tout. Vous en accaparer signifierait à coup sûr de les voir participer, via moi, à vos enchères. Et plus rares seront vos offres, plus forte sera votre cote. Si dès votre première vente vous étalez des objets uniques, vous frapperez un gros coup dans l'imaginaire de ce monde et les demandes afflueront.
- Ça m'intéresse, finit par dire Don Carbo après un moment de réflexion. Tu as une liste de choses mais on doit d'abord les voler ?
- Oui, la plupart sont détenus bien au secret.
- Le vol organisé n'a encore jamais fait partie de notre domaine d'expertise. Mais on va se débrouiller, on a les talents pour.  
- C'est sûr, Don. J'peux dénicher des voleurs d’exception ! assura Silvio avec un plaisir rageur. C'est une bonne opportunité hein ? rajouta-t-il.
- Sans doute, mais tu ne vas pas la piloter, fit paisiblement le Don. Tu es chargé de la guerre, des alliances et des menaces, Silvio. Tu as des dossiers déjà très chauds, je n'ai pas envie de te voir te disperser. Les affaires, c'est le rayon de Renato. Il chapeautera ce nouveau projet.
- Mais Don... marmonna-t-il, si hébété qu'on aurait dit qu'il avait été frappé par la foudre.
- Jé vais m'assurer qué tout s'enclenche rapidément, Don Carbo, minauda Renato d'une voix mielleuse. Jé vous présentérai un avant-projet d'ici démain.  
- Très bien. Mais on n'a pas encore parlé de la rémunération de la miss. Je suppose que tu ne nous aides pas uniquement parce que tu as peur de la mort ou que tu veux travailler avec les plus forts ?
- Il y a des articles que même les Martico ne peuvent pas voler et si j'arrive à les trouver pour mes clients, mes honoraires en seront décuplés. Mais comme je vous aide à vous lancer sur une nouvelle niche, j'entends me faire payer, bien sûr. Le tarif habituel pour un apport de marché.
- Dix pour cent des ventes ?
- Quinze.
- C'est dix pour cent le tarif, corrigea le Don.
- Les cinq pour cent supplémentaire, c'est pour l'achat de ma liste qui n'a rien à voir avec les clients que je vous apporte.
- Bien sur qué si ! Sans la liste, pas dé clients ! Cé lié ! objecta Renato.
- Ça me va, trancha Manuel. Tant que c'est un succès, on fidélisera la clientèle, c'est un bon investissement. Mettez en branle la machine, moi je vais consulter mon propre réseau. Bon boulot Silvio, je m'en souviendrai, rajouta-t-il en tapotant l'épaule de son Bras Gauche qui s'était renfrogné dans un silence dégoûté.


[...]


« Quel mal est-ce qu'elle peut nous faire ? On s'en fout, qu'elle rampe devant les Tempiesta si elle veut ! » tempêta Cat's Eye quand elle apprit la désertion de l'intermédiaire. Tout allait mal et c'était un coup de poignard de plus. Elle savait pertinemment qu'en ces temps où leurs clients les lâchaient un par un désirant plus que tout vivre et ne pas s'attirer la colère des maîtres de North Blue, les intermédiaires aussi fournis que Tamata ne pouvaient rallier les ennemis. Le lendemain de sa fuite, il y eut un moment très pénible où le vieux Fernando Martico passa à Brianna le pire savon qu'on puisse recevoir, pointa sa méconnaissance dans la gestion d'une famille et de ses affaires, arguant notamment que sa défunte sœur n'aurait jamais permis que des liens aussi puissants que ceux qui les unissaient à leurs clients soient brisés. Au bord de l'apoplexie, il s'engagea à remettre personnellement les affaires sur les rails grâce aux relations privilégiées et personnelles qu'il maintenait avec leurs plus gros acheteurs. Malheureusement, même les accès VIP du parrain Martico ne purent les protéger du désastre qu’ils virent pointer sans pouvoir le contrer. Durant la semaine qui suivit, plusieurs gros casses firent la une des journaux.

D'abord la Chevelure de Boa, une relique qui aurait été prélevée sur la dépouille de l'impératrice Boa Hancock cent ans plus tôt, fut dérobée au musée de la Piraterie dans la République indépendante de Kiji. Puis, on entendit parler de la rocambolesque disparition de la Sonate du Diable jalousement gardée au conservatoire de Bliss, South Blue. Selon les tabloïds, tout le monde se promenait à Bliss avec des bouchons d'oreilles à présent, de peur d'entendre les mélodies de cette sonate qui avait la réputation de tuer dès ses premières notes. A Myrannah, East Blue, des voleurs d'un ineffable culot réussirent à vandaliser les coffres de la principauté et à s'enfuir avec un des trésors nationaux : la Clava Thessara Infinitas. La Clé des trésors infinis... Cette dernière nouvelle fit particulièrement mal à Loth, il se souvint exactement dans quelle condition il avait obtenu ce reliquaire qu'il offrit à la princesse Mirabella Greengrass de Myrannah. Dans une base ultra-sécurisée de la Brigade Scientifique, des cambrioleurs réussirent à voler les Yeux Écarlates, une dizaine de paires d'yeux ayant appartenu à des membres du célèbre clan disparu des Kourouchiwa. Certains journaux firent le lien entre ces cambriolages de haut vol puis supposèrent qu'un groupe interocéanique de voleurs se serait nouvellement formé.  

- Les connards ! Ils sont en train d'se procurer des trucs rares, ils envisagent d'nous siphonner nos clients ! s'irrita Cat's. Elle donna un coup de poing dans un pilier.
C'pour ça qu’ils nous ont attaqué, en fait ? Pour prendre nos clients ?
- Impossible, ils pouvaient pas savoir que Tamata Jones les rejoindrait, rétorqua Émeline. Avec ses relations plus l'expertise de ce traitre de Leveinard dans le domaine sans compter ce qu'ils sont en train de se procurer, ils vont nous mettre sur la paille ! On peut même pas réagir ou nous aider de la Marine comme le fait Loth parfois. Quatre océans, de nombreux pays, les Marines vont enquêter en ordre dispersé. Personne ne fera de vrais liens.
- Les Mouettes ? Depuis quand ils y comprennent quel'que chose ?

[...]
En mer...
North Blue


Brianna Martico se trompait lourdement. Assise sur le bastingage de son croiseur Achéron immobilisé au milieu de nulle part, la commandante d’Élite Lady Ombeline alias "L'épée du Matin" ressassait les derniers événements du mois. En se lançant sur la trace d’Olusegun Soljäer, elle n'imaginait pas être embarquée dans une aventure à rebondissement impliquant une organisation jusque lors inconnue, un tueur en série surnommé "L'embaumeur", un commodore retraité félon et une géologue du nom Farida Faouzi. Elle mena conjointement cette investigation avec sa sœur commandante d’Élite de la garnison de Boréa et Loth Reich. A la fin de l'enquête, des affaires latentes de bureaucratie l’empêchèrent de fliquer le Moine Hérétique. Où était-il ? Que traficotait-il ? L'épée du Matin n'avait pas perdu espoir de l'attraper en flagrant délit. Et ce jour-là, elle aurait enfin une raison de combattre Loth Reich à mort. A cette pensée, elle frissonna d'excitation. L'étendard de son équipage claqua au vent et on pouvait y lire la maxime des Bêtes de l'Ombre :

Rien n'est plus excitant que la chasse à l'homme... Et ceux qui ont longtemps chassé des êtres humains, qui ont aimé ça, ne trouvent plus goût à autre chose.

Les Bêtes de l’Ombre chassaient donc autre chose ces temps-ci à défaut de courser du Reich. Ombeline reçut les semaines passées un nombre impressionnant de rapports dispatchés sur d'horribles homicides survenus un peu partout sur North Blue. Ces meurtres attirèrent son flair de par le laps de temps très court dans lequel ils s'opérèrent : sept heures et cinq minutes. Durant cet intervalle, vingt-huit personnes dans seize localités différentes sur onze îles de North furent horriblement découpées, démembrées. Elle pensait que ces crimes étaient liés et synchroniquement orchestrés par une puissante organisation qui réglait ses comptes. Et étant donné le contexte global de guerre des mafias qui ensanglantait North, elle orienta ses radars en ce sens et obtint du QG de chapeauter les différentes enquêtes en rapport avec ces meurtres. Lady Ombeline était une investigatrice exceptionnelle et les Bêtes de l'Ombre avaient à leur actif une dizaine d'organisations criminelles démantelées depuis leur arrivée en mer du Nord en provenance d'East Blue, il y a un an seulement. L'épée du Matin poursuivait un gros objectif : Annihiler les Sept Familles.

Elle dispatcha son équipage à la recherche du moindre indice qui lui permettrait d'en savoir plus pendant qu'elle même retraçait la victimologie. Cette science naissante qui faisait désormais partie intégrante de son travail d'enquêtrice, elle s’en était accoutumée en côtoyant Loth Reich dans plusieurs enquêtes depuis 1619. Se renseigner sur les victimes, savoir pourquoi elles avaient été choisies et pas d'autres donnait de cruciales informations sur le tueur. Surtout dans le cadre d'un contrat ou d'un règlement massif de comptes. Plus elle creusa durant ces jours-là, plus elle se heurta à des trucs... bizarres. Quelque chose clochait avec les victimes et elle mit du temps à savoir quoi. Deux semaines après le carnage, elle identifia enfin l’accroc quand elle retrouva au fin fond de Luvneel, le mari de la dénommée Regina Tikkle. L'épée du Matin eut du mal à contenir son excitation quand le frêle bonhomme lui déclara d'une voix faible :

- Régina est morte depuis dix ans, voyons. Je comprends pas ce que vous dites. Qui êtes-vous déjà ?
- Lady Joëlle, journaliste à l’ARP, avait-elle répondu. L’homme souffrait d’Alzheimer au tout premier stade. Donc votre femme est morte de... ?
- Cirrhose du foie à force de bouteiller. Régina disait toujours : "mourir de ça ou mourir d'autre chose..." Elle est morte de ça...
- Je suis désolée.
- Pourquoi vous dites qu'une Régina Tikkle a été assassinée au Taldor ? C'est où ça déjà ?
- Une confédération insulaire assez loin d'ici. Bon soit y a méprise sur la personne, soit on a affaire à un cas d'homonymie... Je peux voir une photo de votre femme, s'il vous plait ?

Ses lèvres se retroussèrent et découvrirent ses dents blanches à l’instar d’un prédateur en appétit devant une proie très juteuse. Ombeline était en émoi. La femme sur le cliché était élancée avec une chevelure auburn. Sur son bras droit musclé de fermière, elle arborait un tatouage en forme d'épouvantail. Machinalement, elle sortit de sa poche une autre photo retrouvée au domicile de l'assassinée. Elles ne se ressemblaient pas du tout. La Taldorienne était borgne, avait un nez crochu et des cheveux tellement coupés à ras le crane que le coiffeur aurait pu avoir son scalpe par mégarde. Était-ce réellement un cas d’homonymie ? Pour le savoir, il fallut explorer plus en profondeur. Loin d'être isolé, le cas Tikkle s'avéra être assez commun aux autres victimes du massacre. Ils retrouvèrent un Wolfgang Lopple qui les conduisit jusqu'à la tombe de son père, Amadeus Lopple décédé d'une crise cardiaque, cinq années auparavant. Étrangement, le Amadeus Lopple occis ne partageait aucun trait de ressemblance avec le cardiaque.

- Lady ?
- Hmmm ? fit-elle évasivement en sortant de sa rêverie. T'as les conclusions de l'enquête ?
- Oui, répondit le Lieutenant-colonel Euron Bear, second des Bêtes de l'Ombre. Sur les vingt-huit victimes, on a localisé les familles de six d'entre elles sur la base de leurs noms mais personne ne les connaissait et surtout, ceux qu'on peut appeler les "vrais" étaient morts depuis longtemps. Y a pas à douter, ça sent l'usurpation d'identité.
- Une usurpation bien étrange. Ils avaient juste besoin de leurs noms, pas de leurs visages sinon ils auraient fait un effort pour ressembler aux originaux. Que donnent les enquêtes de voisinage ?
- Pas grand-chose. Certains vivaient en solitaire, d'autres avaient des métiers itinérants -marchands, marins, saltimbanques...- et n'avaient pas de domicile fixe. On nous a renseigné que Hamid Ben Moussa venait juste d’emménager au sixième étage d'un immeuble d'appartement dans la mégalopole de York ; idem pour Ronald Hold qui habitait depuis deux semaines seulement le loft dans lequel on l’a retrouvé.  
- Au final, t'as trouvé aucun témoin pour nous certifier que nos victimes ont toujours porté leurs noms hein ? s'enquit Ombeline, une main sous le menton.
- Non. J'ai lancé plusieurs requêtes d'identités au QG mais si les découpés n'ont commis aucun crime de leurs vies, on va pas les identifier de sitôt. Je suis perplexe, avoua le Lt-col. Pourquoi ces gens auraient-ils pris les identités de gens normaux décédés si c'est pour mourir de cette manière ? Et qu'est-ce qu'on doit penser de leurs papiers plus vrais que nature ?  
- C'est l'Alchimiste... murmura Ombeline.
- Sérieux ? s'étrangla-t-il. Le faussaire d'East Blue ?
- Avant de former l'équipage, j'ai eu à travailler sur ses faux et comme tu le dis, ils sont plus vrais que nature sinon, il serait pas primé à soixante-quinze briques. Fausses identités, titres de propriétés, bons du trésor gouvernemental, faux billets, il fait de tout. Si je me fie aux rapports que j'ai lus sur lui dans nos bases, il a l'habitude d'utiliser les noms de défunts pour ses identités contrefaites.
- Okey. Donc l'Alchimiste serait sur North Blue et a créé vingt-huit fausses identités. Pourquoi ? Et qui sont ces gens pour se faire tuer de façon aussi horrible ?
- La guerre des mafias. Y a beaucoup de trahison, je serai pas étonnée que ce soient des repentis  cherchant un nouveau départ. Leurs anciens boss les auront retrouvés et faits exécuter, proposa Lady.
- Ils auraient trahi pour le compte de qui ? On aurait déjà eu l'info si c'était pour notre compte. Puis la Marine n'aurait pas engagé l'Alchimiste, si c'est bien lui.
- Évidemment. Il faut continuer à creuser. Et pour les cas des vols en réunion ?  

Les vols. Voici une autre problématique qui intriguait énormément l’Épée du Matin. Que penser de ces multiples vols qualifiés un peu partout sur tous les Blues ? Une guilde de voleurs se serait-elle nouvellement formée comme le voulait l'hypothèse de la presse ? Coïncidence ou pas, ces larcins avaient commencé peu après le massacre. Ils volèrent des objets d'arts, des objets uniques, des reliques et reliquaires, des textes sacrés et des antiquités. « Nan, malheureusement. On n'a pas trouvé la moindre ressemblance dans leurs modes opératoires. Ils se sont adaptés au système de sécurité, je dirais. Par exemple, chez le Vicomte Buffalo, ils sont passés par un tunnel pour voler "Le Cri", dernier œuvre du peintre Dan Dogh » dit Euron en consultant ses notes. « Ils ont pris en otage la famille du directeur du conservatoire de Bliss, ce qui leur a permis d'obtenir facilement la Sonate du Diable ; A Hinu, ils ont intercepté dans le désert un convoi de l'Institut d’Histoire et d’Archéologie des Sables pour voler L'éventail des Trois Soleils. Les complices arrêtés décrivent des commanditaires différents. On n’a pas mis la main sur un seul. » ajouta-t-il.  

- Le recel a toujours été un marché porteur mais là, ils franchissent un nouveau cap. Opérer comme ça sur les quatre Blues demande forcément de puissantes connexions.
- Je comprends pas, dit le Lt-col.
- Jusqu'à preuve du contraire, il n'existe encore aucune organisation criminelle majeure à l'échelle des quatre Blues ; en plus, elles sont différemment typées selon les océans. Sur North, ce sont des Familles mafieuses ; sur West, des Cartels ; à East, des Triades et à South, ce sont des Guildes. Par exemple, Euron, imagine que le cerveau de ces vols soit une Famille de North. Elle n'ira pas opérer sur le territoire d'une Triade d'East Blue sans risquer une guerre interocéanique. Donc, elle a intérêt à sous-traiter, histoire de surtout bénéficier des liens et de l’assise de l'organisation locale. Des connexions interocéaniques de ce genre nécessitent un puissant pouvoir de négociation et ça se tisse pas en quelques jours.
- C'est sur North Blue qu'on a les plus anciennes communautés du crime.
- Si on couple ça avec les massacres, tout désigne North, effectivement, conçut Lady. Mais faut pas qu'on s'étrique l'horizon. La plus puissante organisation criminelle des Blues en ce moment, c'est la Triade des Quatre Bambous d'East Blue. Avant de travailler en solitaire, l'Alchimiste était une de leurs pontes. Je n'écarte pas non plus le Cartel Capital de West ou la Guilde de Medellin.
- Ça s'annonce compliqué comme enquête... souffla Euron Bear.
- Ça tombe bien, je n'aime pas les proies faciles, rétorqua-t-elle, un sourire carnassier aux lèvres. Rien n'est plus excitant que la chasse à l'homme...


Dernière édition par Loth Reich le Dim 13 Aoû 2017 - 12:43, édité 1 fois
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Manshon

C'était une totale réussite dont se flattait Renato Da Villa. Devant lui, délicatement emballée dans des papiers bulles et posée sur une grande table, la quinzaine d'artéfacts dérobés un peu partout sur les Blues. Le Bras Droit fêtait la confirmation de sa position et sa victoire sur son rival Bras Gauche, le plus délicieux étant qu'il lui avait ravi son projet telle une hyène. Avec la bénédiction du Don qui plus est. Grâce aux relations de longues dates du parrain avec les autres empires du crime des quatre océans, organiser ces casses fut moins ardus. Renato ignorait ce que le Don leur avait offert en échange de leur sous-traitance mais le résultat était là : de magnifiques reliques à vendre aux enchères.
Les enchères justement, il fallut les organiser. Où ? Selon les informations de Leveinard, les dernières des Martico avaient eu lieu sur un navire. Fallait-il les imiter ? Manuel Tempiesta rejeta cette idée et décida que les ventes se tiendraient à Manshon. Le Bras Droit se mordilla les lèvres et manifesta poliment son désaccord à son parrain. Manshon n'était plus le paradis qu'il fut. Les citoyens s'étaient soulevés contre les mafieux qui s'entretuaient, la Marine dirigée par Enrique Corazon "L'incorruptible" n'était plus dans les petits papiers des Tempiesta. Organiser les adjudications à Manshon signifiait regarder à trois-cent soixante degrés à la recherche d'ennemis de tous bords. Et bien sûr, l'alliance SM ne manquerait pas une telle occasion de leur rendre la pareille.

- Et alors ? répliqua Don Carbo. Depuis que mes ancêtres ont posé les premières pierres du crime organisé, Manshon a toujours été associé à notre nom. Quand on entend Manshon, y a Tempiesta qui va avec. C'est ici que nous sommes nés et avons atteint notre apogée. C'est ici qu'a commencé notre déclin avec ce maudit Gila. Et c'est ici que nous renaitrons ! Cette criée est un évènement d'une telle importance que l'organiser ailleurs serait un aveu d'impuissance. "Pourquoi pas à Manshon ?" se demanderont nos invités. "Ils ont peur, ils ne sont pas capables d'assurer leur propre sécurité, ils ne dominent pas tant que ça", répondront-ils. Ce sera ici et nulle part ailleurs !
- Compris, Don, marmonna Renato qui savait inutile de discuter.
- Le second niveau de la Coupole, c'est le meilleur endroit pour ça, suggéra le parrain. On demandera à nos alliés Grante de faire jouer un opéra au premier niveau, avec la totale, les meilleurs orchestres et ballets qu'ils ont dans leurs livres. Ce sera notre diversion. On glissera nos invités dans les leurs et on les orientera au niveau souterrain. Silvio ?
- Oui, maitre ?
- Tu t'assureras de la sécurité conjointement avec la Famille Grante. Je parlerai avec Aleopoldo Grante pour l'informer qu'il nous servira de couverture.
- Très bien.
- Si, si, je peux intervenir ? fit Tamata Jones.
- Oui ?
- Cette salle souterraine, je peux la voir ? Leveinard vous le dira mais bon, il faut des dispositions particulières, sons et lumières pour la mise en scène. Et il faut un ameublement particulier aussi, question luxe.
- Hohô, elle a raison, messieurs, confirma le commissaire-priseur tourne-casaque.
- La salle souterraine n'est pas emménagée à ce que je sache. Occupez-vous en, intima le Don qui les congédia d'une moue. Reste Renato, nous devons parler des casinos.
- La constructionne di Milan avance bien, dit le Bras Droit après que Silvio eut fermé la porte non sans un dernier regard jaloux dans la pièce.
- C'est pour autre chose que tu es là.
- Ah ?
- Qu'est-ce que ça sent tout ça ?
- Pardon, mon Don ?
- Je dis, qu'est-ce que tu penses de tout ça ? Les vols, les enchères. Tu ne trouves pas que tout marche comme sur des roulettes ?
- C'est lé signe de notré bonne étoile. On a enclenché un truc et l'effet domino a fait lé reste. En fait, parfois, jé mé dis qu’on n’aurait pas dû tous les tuer. Certains auraient pu nous être utiles. On pouvait pas prévoir qué Tamata nous sérait d'une telle aide !
- En effet, on ne pouvait pas le prévoir. Nous non, mais Loth Reich...
- Eh ?
- Notre ennemi est très retors et je me flatte de l'être plus que lui. Depuis la trahison du commissaire-priseur, j'observe l'enchainement des événements avec perplexité. La venue de Tamata, les clients offerts sur un plateau, les reliques listées... Mon père me disait que si tout te semble trop beau pour être vrai, c'est qu'il y a surement anguille sous roche. Donc, où est-ce que ça merde ?
- Eh... marmonna Renato assez choqué. J'avoue qué jé n'ai pas pensé à ça. Mé... Cé Leveinard, cé lui qui nous a donné les noms des participants... Vous pensez pas qu'ils auraient volontairement sacrifié des clients pour... pour quoi ?
- Je n'ai pas les réponses, répondit paisiblement le parrain. Je dis juste que ça pue la merde et j'ai assez étudié Reich pour savoir que les plans tordus, c'est son dada. L'année passée, il s'est volontairement fait empoisonner jusqu'à être dans un état proche de la mort, s'est même fait enterrer pour pouvoir découvrir un traitre. J'ai aussi étudié les Martico et le vieux parrain est connu pour sa prudence et son intelligence. Donc, je te charge de découvrir leur plan.
- Il... Il né vaut pas mié faire appel à Seb pour ça ?
- Seb ? Tu sais comment on le surnomme ?
- Bien sûr. "Machété" Seb "De Pleur".
- De Pleur. Machété. Ce ne sont pas les surnoms d'un enfant de chœur. S'il mène cette enquête, il ne restera plus rien des suspects. Idem pour Silvio qu'on surnomme "L'enragé". Je ne veux pas attenter à leur intégrité physique, au cas où je me tromperais parce qu’on a encore besoin d’eux. Donc la violence est à proscrire.
- Jé comprends.
- Toi, tu diriges ta propre famille de commerce de filles de joies. Tes hommes et toi arrivez à convaincre des campagnardes de partir vers les villes avec vous en quête de meilleures conditions de vie. Résultat, elles finissent dans tes bordels. C'est ce doigté dont j'ai besoin pour démêler les intrigues de Reich, on se comprend ?

Le regard du Don se fit si intense que Renato eut l'impression de se faire transpercer. Il déglutit avec difficulté et son cœur battit la chamade. Villa pensa qu'il y avait un air entendu dans les prunelles de son maitre ce qui lui ficha encore plus la trouille.
Tempiesta pouvait-il savoir... ? Non... Nul ne savait... Il avait tout faire pour.
Au lieu de se trahir à cause de conclusions hâtives, le Bras Droit prit la mission à bras le corps et assura le parrain qu'il ferait tout pour décortiquer ce qui se tramait. Mais il se promit de faire plus attention désormais, Don Carbo était un calculateur redoutable et si jamais il venait à apprendre qu'il possédait ce pouvoir... C'en serait fini de lui. Essuyant de grosses perles de sueur sur son front, le ventru Villa quitta le bureau du Carbonisateur. Il manda Tamata Jones et Leveinard auprès de lui. Avec son pouvoir et sa capacité, découvrir des traites serait aisé et si un plan machiavélique était à l’œuvre comme le paranoïait Manuel, il aurait vite fait de le démasquer. Et gagnerait encore plus de prestige auprès du Don.

[...]

Trois semaines plus tôt...
Sanderr


Tel un animal blessé, le vieil Fernando Martico se lamentait. Depuis la mort de sa petite fille quatre jours auparavant, ses larmes étaient intarissables. Assis en face de lui, le regard fixé sur ses genoux, Loth était plusieurs fois meurtri. Dans les aventures qui menèrent à cette fin tragique, il avait également perdu Modeste Banquiz, un excellent élève de sa classe à l'université de Jalabert. Mais au moins, il avait pu le venger en supprimant de ses propres mains l'ex marine responsable de sa mort. Le coupable de la disparition de Lyanna Martico n'était autre que Don Carbopizza. Naturellement, le vieux parrain hurla à la riposte mais de toutes les Sept Familles, les Martico étaient les moins armés à une guerre frontale. C'étaient des voleurs et des receleurs. Silencieux comme des chouettes, privilégiant la furtivité à la violence. Si Loth s'était allié à eux, c'est pour les possibilités d'affaires qui en ressortiraient. Quant à eux, ils espéraient bien profiter de la puissance militaire de Shadow Law. A cause de ses blessures après la bataille navale où périt Lyanna, le Moine Hérétique manqua les funérailles de la Blanche Chouette. Aussi, dès qu'il fût rétablit, il vint présenter ses condoléances au vieux et lui assurer que sa quête de représailles était aussi la sienne à présent.

- Que va devenir ma Famille ? Que vont devenir les Martico ? gémit-il entre deux bruyants éternuements.
- Brianna est toujours là.
- Diantre ! Ne me parle pas de cette anarchiste ! rabroua l'ancêtre d'un geste dédaigneux de la main. Elle est l'antithèse de Lyanna, ne fait qu'à sa tête, méprise nos traditions !
- Avant, oui. Mais avec la mort de sa jumelle, je pense qu'elle est assez choquée pour rentrer dans les rangs. Dans ma course au zérométal, Brianna et moi étions ennemis, c'est pour ça que je reconnais sa force et son abnégation. Pour moi, elle est prête à diriger une Famille. La vôtre, je l'ignore, vous seul pouvez lui passer le flambeau.
- Haaa, tu ressembles tellement à Pedro ! Mon fils, ajouta-t-il face à l'air incompréhensif de Loth. Le père de Lyanna et de Brianna. Il était brillant, un voleur d'exception, tout taillé pour me succéder mais une maladie foudroyante juste après la naissance des filles me l'a arraché et maintenant c'est Lyanna...
- Nous devrions rendre la monnaie de leur pièce aux Tempiesta, dit Loth après avoir laissé le parrain geindre pendant un temps indéfinissable. Avant tout ces malheurs, j'ai initié une série d'attaques sous-traitée avec des mercenaires. Le Macao était un de leur navire-casino, le premier d'une nouvelle classe de casinos flottants. Je l'ai fait couler. Mes espions m'ont appris que cinq nouveaux bâtiments de ce genre sillonnent désormais les mers. Si nous parvenons à les couler, ce serait nous attaquer directement à leurs portefeuilles.
- Argphf, je veux du sang ! Le sang de Don Carbo !
- Il n'est pas facile à atteindre, comme le roi sur un échiquier. Il faut d'abord affaiblir les défenses de sa forteresse et le ruiner financièrement fait partie de la stratégie. Surtout qu’il monte en puissance.
- On dirait que tu as un plan bien précis ?
- Oui, un gros plan que j'ai mijoté depuis notre défaite durant cette bataille. Je vais m'attaquer à ce que Don Carbo a de plus précieux. Et quand il s'en apercevra, il sera déjà trop tard. Mais pour ça, j'ai besoin de votre concours. Écoutez bien...

[...]

- Wow ! Wow ! Wow ! Mais c'est...
- Diabolique ? Sournois ? Retors ?
- Machiavélique ?
- La guerre, c'est de l'art, Don. Mais nous avons affaire à un autre artiste en face. Il faut marcher sur des œufs. Vous pensez que c'est faisable ?
- Je ne suis pas certain... douta le vieil homme. Avec ton plan, tu vas violer un grand tabou de la mafia. Même dans le crime organisé, il doit y avoir des règles.
- Vous êtes old school, comme mon maître le Gila, répondit Loth avec mépris. Je suis de la nouvelle génération de mafieux, celle qui s'en torche des règles tacites. La guerre, c'est la guerre, Don Martico ! Seule la fin justifie les moyens. A quoi ça sert de mourir tout en se disant qu'au moins on a "respecté les règles" ? Allez parler d'honneur à Lyanna au fond de sa tombe actuellement ! L'honneur, ce qu'une illusion que les premiers mafieux ont instauré parce qu'ils n'avaient pas les couilles de se faire la guerre totale ! Moi, j'utiliserai tous les moyens à ma disposition pour détruire Don Carbopizza.
- Ha ha ha ! ricana la Grande Chouette, son chagrin oublié un instant durant. Décidément, vous les jeunes ! Je ne vais pas essayer de te dissuader, Reich. Fais ce qui te semblera juste. Par contre, je veux amender la partie du plan où Brianna t'épaule.
- Ah ?
- Ne la mets pas dans le secret, elle ne doit pas être au courant.
- Pourquoi ?
- Je veux voir comment elle gèrera cette situation de crise. Ainsi, je déciderai si elle est digne de me succéder ou pas.
- Hmmm, je ne pensais pas que ma machination deviendrait un bizutage pour elle.
- Il faut la tester et c'est le meilleur moyen pour ça. Partageons une coupe de vin pour sceller à nouveau cette alliance Don Reich.


[...]
Manshon

Leveinard pensa distraitement que le bureau du Bras Droit ressemblait à cabinet de psychologue. Tout y était simple, une chaise pour le boss et deux transats moelleux en face, peut-être pour les thérapies de couple. Le bedonnant Renato Da Villa les invita chaleureusement à s’asseoir dans les transats puis décapsula un dix ans d’âge qu'il leur servit. Ensemble, ils trinquèrent à Don Carbo et à leur victoire sur leurs ennemis. Ils se mirent à converser sur les préparatifs de la criée et l'état du second niveau de la Coupole. « Les dimensions sont correctes, les mêmes qu'au premier mais l'entretien ? Épouvantable ! On voit bien qu'aucune représentation n'a été faite là-bas depuis des lunes ! » s'indigna Tamata Jones. « Mais heureusement, je connais une petite société d'ameublement et de décoration avec la discrétion requise. Croyez-moi, ils vont faire des merveilles ! » A mesure qu'ils parlaient détails, les deux invités se sentirent détendus, très détendus. De plus en plus détendus. Si détendus qu'ils s'affalèrent sans pour autant en avoir donné l'ordre à leurs corps. Ils se rendirent compte qu'ils ne pouvaient plus bouger un seul muscle à part ceux du visage. Ils pouvaient tourner de l’œil, parler, respirer tiens. Mais au lieu d'être dans un état de panique total, ils se sentaient... flegmatiques. Presque comme si la félicité elle-même les avaient enlacés. Ils virent le visage souriant de leur hôte se pencher au-dessus d'eux pour vérifier leurs réflexes pupillaires.  

- Parfait, parfait. On pé commencer.
- Qu'est-ce que... Vous avez fait ? hacha Tamata.
- Dé fois rien. Dans lé vin, y avait un pétit cocktail dé décontractant musculaire, d’anxiolytique et dé sérum de vérité. Jé dévéloppé une méthode personnelle dé persuasion et d'interrogatoire. Regarde par ici, Tamata.

Dans la main du Bras Droit, un moulin à vent en papier. Il souffla dessus et les hélices du jouet se mirent à tourner dans le sens des aiguilles d'une montre. « T'y es détendue, Tamata. Toutes té forces t'ont abandonnée. T'y n'a pèr dé rien, t'y es en sécurité. Jé compte jusqu'à dix et t'y oubliera toute volonté dé résistance. Un... deux... cinq... sept... dix ! T'y es une âme simple dans une coquille. T'y réfléchis pas, t'y répondras aux questions instinctivement, la vérité, rien que la vérité. » Tamata acquiesça, le regard vite, perdu par-delà des horizons inatteignables pour le commun des mortels. A ses côtés, impuissant, Leveinard ne put que la regarder en coin. Lui-même était toujours incapable de bouger et ressentait cet état où la panique lui semblait être un sentiment inconnu. Comme lorsqu'on essaie de décrire le son à un sourd. Pourquoi donc s'en faire ? C'est quoi "s'inquiéter" ? Que veut dire ce mot ? Ils étaient en sécurité...
« Commençons par lé début. C'est à vous dé qué jé pose la question. Cé quoi vos noms ? Les vrais. » s'enquit Renato avec un tact professionnel.

- Nancy Sarre.
- Claude... Leveinard.
- Jé vois... Vous faites quoi dans la vie ?
- Commissaire-priseur.
- Chimiste.
- Tré intéressant. Chimiste, hein "Tamata" Nancy ? Jé croyais t'y étais intermédiaire ?
- Non, répondit-elle d'un trait, la bouche légèrement entrouverte.
- Ah ? T'y n'as jamais fait l'intermédiaire ?
- Non.
- Pourquoi t'y t'es présentée ainsi ? Sur ordre dé qui ?
- Loth... Reich.
- Figlio di puttana ! jura-t-il. Et toi, Leveinard. T'y as réellement trahi à notre profit ?
- Non.
- T'y as pas coupé les liens avec les Martico ? T'y es sous les ordres dé qui ?
- Don Martico.
- Bastardi !

N'arrivant pas à croire que sans la méfiance et le calcul de son Don, il se serait fait entuber, Da Villa lâcha une série d'insultes plus impressionnantes les unes que les autres. Comment était-ce possible ? Il concentra son interrogatoire sur le commissaire-priseur puisque c'est de lui que venait la première brèche. Il lui avoua tout. Qu'il fût appelé par Don Martico et Loth Reich qui l'informèrent qu'ils fomentaient un complot pour porter un coup de taille aux Tempiesta. Dans ce plan, ils allaient s'attaquer aux casinos et au portefeuille de Don Carbo pour l'inciter à faire de même. Ensuite, ils organiseraient une vente aux enchères avec des squelettes factices et sculptés de toute pièce d'animaux préhistoriques pour souligner la rareté de leurs stocks. Il fallait faire en sorte que le bruit parvienne jusqu'au Tempiesta pour les inciter à attaquer la vente. Mais leur rendre la tâche trop facile susciterait la méfiance alors il était de bon de corser les choses et de les aiguiller vers une solution. « Mé cé Seb qui a proposé d'attaquer vos clients ! T'y vas pas mé dire qu'il est mouillé lui aussi ! » fit-il horrifié. Leveinard ne connaissait pas de Seb mais lui demanda : « Quelle autre solution y avait-il ? Dès lors qu'on vous avait poussé à réfléchir comme nous, à attaquer notre fonds de commerce ? C'était ça le plus important pour Reich et le Don. Vous devriez être résolus à vous en prendre à nos clients et comme vous n'aviez pas pu localiser le lieu de notre enchère, vous alliez forcément trouver un moyen de les atteindre hors de notre portée. D'ailleurs, c'était plus facile comme ça. »

- C'est là que je suis entré en scène, continua le commissaire-priseur d'une voix monocorde. Il ne fut pas difficile de laisser entendre sur le marché des rumeurs qu'il y avait un vénal ripou chez les Martico. J'ai été contacté par un de vos rabatteurs et de fil en aiguille, j'en suis venu à vous vendre la liste des clients.
- Oui la liste, parlons-en ! Cé quoi lé hic ?!  
- Ben elle était bidon ! Hohô ! dit-il, avec une pointe de condescendance.
- Comment ?!
- Rien de plus facile, notre monde vous est inconnu. Puis, Reich n'est pas du genre à bâcler ses mises en scène. Il a fait appel à l'Alchimiste d'East Blue pour créer des fausses-vraies identités. Les hommes de pailles ont été installés, on leur a donné un background pour résister à toute enquête de votre part. Mon rôle s'est arrêté là mais je me tenais prêt si jamais vous me sollicitiez encore, ce qui s'est passé... Je suis loyal à Don Martico, à la mort...
- Et toi, Nancy, à qui va ta loyauté pour qué t'y acceptes dé té faire tuer ? Tous tes camarades y sont passés.
- Les risques du métier, répondit-elle, un filet de bave coulant sur son menton... J'étais chimiste pour Ashura avant que Reich ne détruise l'organisation... Puis, j'ai travaillé pour le vainqueur... On n'a pas tous retrouvé du boulot directement, Shadow Law est en cours d'expansion... Mais on est payé comme si on travaillait... Toujours correct avec nous Boss Reich... On demandait que ça... Travailler, le servir... Quand Boss est venu nous voir pour que vingt-neuf d'entre nous se fassent passer pour des intermédiaires et des collectionneurs, on n'a pas hésité... Pas moi en tout cas, l'ennui risquait de me tuer avant de problématiques ennemis... Boss Reich nous avait dit que c'était une mission classée S, qu'on avait 99% de chances d'y rester... Mais on a une assurance vie imbattable... Que nos familles recevront... Boss est un homme de parole... Les risques du métier...
- Ouais, ouais, jé compris. Pourquoi t'y es la seule ayant survécu ? Pourquoi t'y es venue nous voir ?
- J'étais la Survivante Désignée, comme le disait le Boss... Des vingt-neuf, j'étais la meilleure actrice... Je devais survivre, je bénéficiais d'une protection rapprochée très discrète, contrairement aux autres... Quand votre escadron est arrivé, mes gardes sont sortis de l'ombre et les ont vaincus... Mais tout devait être millimétré, qu'on croit à l'in extremis...
- Ensuite t'y es venue nous proposer ton aide. Puttana ! Mé cé quoi l'objectif derrière ?! Même si ceux qu'on a massacré étaient faux, vos clients vous ont lâché non ?
- Encore dé la poudre aux yeux... marmonna l'hypnotisée. Don Martico entretient des liens très étroits avec tous ses clients... Les a prévenus... Que des périodes de troubles arriveraient sous peu... Mais que les Martico en sortiraient plus grands...
- Cé quoi l'objectif ?!
- Vous massacrer, tous...


Dernière édition par Loth Reich le Dim 13 Aoû 2017 - 13:22, édité 1 fois
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- Comment ça ? fit Renato de plus en plus hébété.
- Boss avait prévu que Don Carbo aurait invité tous ses amis les plus prestigieux, que les chefs des autres Familles alliées aux Tempiestas seraient là... Il comptait tous les éliminer d'un coup... On devrait attendre que les enchères commencent pour canarder la salle...
- Canarder ? Pssss, par quel moyen vous pensiez entrer dans la salle avec armes ? demanda-t-il, moins impressionné tout à coup. Vous seriez jamais passés !
- Nous non... Les tables, si...
- Pardon ?
- J'ai proposé de veiller à l'aménagement de la salle... Vous vous souvenez... J'ai dit que je connaissais des décorateurs qui s'occuperaient du luxe... Le plan de Boss, c'étaient les meubles...
- Des mé-bles truffés d'armes ? On aurait aussi vérifié tout lé matériel venu dé l'extérieur ! Vous nous prénez pour dé z’amateurs ?!
- Pas truffés d'armes... Non... Des meubles-armes... Le zérométal rend cet exploit possible... Vous auriez vérifié sous toutes les coutures, vous n'auriez vu qu'une simple table... Mais avec la pression adéquate, uniquement connue de nous, elle se serait transformée en mitraillette.
- Mais... bégaya-t-il horrifié. Pour lé faire fonctionner ? C'est pas automatique ?
- Non... Faut des hommes... Et justement, mes "contacts" étaient censés venir participer personnellement aux enchères... Don Carbo y tenait... Pour les rencontrer, étendre son réseau... Boss Reich l'avait prévu aussi... Ils auraient tous été des tueurs qualifiés de l'alliance SM... Prêts à faire feu avec leur table...

[...]

- C'est à peine croyable... souffla Silvio, tombant de haut.
- Ce Reich est définitivement un problème, murmura Seb De Pleur, toujours emmitouflé dans son tas de vêtements qui ne laissait paraitre aucun bout de sa peau.
- Hahahaha ! C'est du pur génie ! J'adore ! s'exclama Don Carbopizza en se levant de sa table. Tu as bien fait de tout enregistrer sur audio dial, que j'entende leurs confessions moi-même. Du très beau travail, Renato, vraiment excellentissime. Mais on est sûr qu'ils ont tous dit, ou qu'ils n'ont pas mélangé fantasmes et réalité ? Je me méfie des sérums de vérité.
- Cé pour ça que seul Leveinard était sous sérum. J'ai hypnotisé la fille pour comparer leurs versions. Elles concordent.
- Très bien. Tu m'avais caché que tu t'y connaissais en hypnose.
- Eh...
- Parfait, parfait. Continue de me surprendre de comme ça. J'adore !
- On peut revenir à Reich ? fit Seb en déclenchant les regards courroucés des Bras Droit et Gauche. Décidément, il était bien impertinent devant le Don...
- Tu es trop impatient Seb ! minauda Manuel sans s'emporter. Il faut savourer chaque moment, notre victoire approche à grands pas ! Reich est un adversaire hors pair mais il m'a trop sous-estimé en pensant que je ne me douterais de rien. Faut dire que c'était bien pensé aussi. Il a fait massacrer ses hommes exprès... Des tables-armes... Hahahaha ! C'est délicieux !
- Comme vous l'avez entendu à la fin, ils séront dix en tout à venir sous lé couvert des contacts dé Tamata. Ils vont usurper les identités dé quelques notables dé North Blue. Reich et Cat's Eye séront parmi eux.
- On peut encore utiliser Tamata et Leveinard. J'espère que tu ne les a pas tués ?
- Non non, Don.
- Super. Tu peux leur effacer la mémoire ? Où les hypnotiser pour qu'ils ne se souviennent de rien du tout ? Il ne faut pas laisser à Reich le soin de comprendre que son plan est compromis.
- Cé faisable.
- Alors attèle-toi-y. Ensuite, renvoie-les à leurs tâches habituelles, qu'ils emménagent la Coupole comme prévu.
- Maitre ? intervint Silvio. Comment on va les désarmer ?
- On ne va rien faire du tout. Si on change de meubles en douce, ils pourraient s'en rendre compte en s’asseyant à côté.
- On fait quoi alors ?
- Ce qu'on sait faire de mieux Seb. On les tue avant qu'ils nous tuent ! Je ne pense pas que Loth aurait mis tous ces œufs dans le même plat, cela dit. Il est trop malin pour ça. Tamata a révélé que le massacre commencerait avec la mise aux enchères N°5, la Clava Thessara Infinitas. Si j'étais Reich, j'aurais donné une information différente aux exécuteurs au cas où mes deux infiltrés seraient compromis. Remarquez aussi que les deux n'ont pas donné plus de détails que ce dans quoi ils étaient impliqués. Leveinard ne savait rien des missions de Tamata, inversement. Il y a forcément une autre machination en arrière-plan. Donc on les tue juste après les présentations. Nos invités devraient apprécier ! Hahahahahaha !

[...]

PULUPULUPULUPULUPULUPULUPULUPULU !!!

- Boss Reich ?
- Alors ? C'est prêt Nancy ?
- Ils ne doutent de rien. Tempiesta a invité ses plus prestigieux amis à la soirée. Elle sera organisée au second niveau de la Coupole de Manshon. La famille Grante jouera un opéra au-dessus pour les couvrir.
- Astucieux.
- Les meubles ont été acheminés, tout est prêt.
- Beau boulot. Combien d'invités à part nous ? s'enquit Loth.
- Deux cents.
- Ça en fait du beau monde. Il y aura des pointures ?
- Si, si. Y aura Alvaro Gonzalès, le Duc de Moovard ; l'altesse Sérénissime William "L'oiseleur" de Blancherive ; la reine Heavy Mamalomanana III de Lémurie ; les industriels Bill Hall, Slim Carlito, Gate Portes...
- Tous blanchissent l'argent de Manuel, susurre le Moine. Dès qu'on les aura supprimés, Don Carbo ne s'en relèvera pas, même si on ne parvient pas à se débarrasser de lui dans la foulée.
- Les enchères commenceront le vendredi prochain à 23h.
- C'est un vendredi 13... C'est un jour parfait pour mourir. A bientôt Nancy.

[...]

- C'est bon, j'ai été comment ? demanda la blonde hypnotisée d'un ton monocorde, les prunelles ternes, comme si quelqu'un y avait placé un voile.
- Impec', Tamata. Impec', se réjouit Don Carbo. Je n'ai jamais été autant d'accord avec Reich. Le Vendredi 13 sera un beau jour pour mourir. Hahahahahahahaha !

[...]

En mer
North Blue


- Les gars, r'gardez à tribord ! Un drôle d'piaf ! L'premier à s'le faire gagne 100 000 Berry !
- Le descendez pas, bandes d'idiots ! vociféra Lady Ombeline.

La créature ailée au plumage terne fondit sur l'Achéron. Elle lâcha le paquet qui se trouvait dans ses serres avant de s'enfuir à tire-d’aile, loin de cet équipage de déments qui lui avait tiré dessus. Ombeline se précipita sur l'enveloppe qui ne contenait qu'un simple parchemin où quelqu'un avait griffonné des mots et une invitation imprimée sur de la soie.

Vendredi 13 à 23h. Si vous tenez à savoir qui a massacré les hommes et femmes sur lesquelles vous enquêtez, si vous tenez à savoir ce que deviennent les objets razziés ces derniers temps sur les Blues, rendez-vous à la Coupole de Manshon.

Habillez-vous selon les convenances. Comme l'indique l'invitation personnalisée que vous trouverez dans l'enveloppe, vous serez la marquise Augusta Malefoy de Gringotts. A l'entrée, vous commanderez un Grindelwald Firewhisky. C'est le mot de passe pour accéder au niveau deux. Vous allez apprécier.

Un amateur de votre travail.

- C'est quoi ce délire ? s'étonna le Lt-Col Euron qui lut en même temps que sa commandante.
- Ça, c'est du Binocle.
- Loth Reich ? Pourquoi...
- Je le sais, c'est tout. Je sens son cynisme et son sarcasme transpirer de chaque mot de cette lettre. En plus, la marquise Malefoy existe vraiment, nous l'avons interrogée tous les deux durant l'enquête du Roi aux Trois Mornilles. Cet enfoiré de myope...
- Lady, qu'est-ce que ! marmonna-t-il avant de s'éloigner en catastrophe en percevant l'aura meurtrière qui émanait d'elle.
- Il veut m'utiliser pour faire son sale boulot, pour que je me débarrasse de ses ennemis... Qu'est-ce qu'il espère ? Me mettre directement en orbite sur ses méfaits ? Ou me faire comprendre que jamais je ne l'attraperais ? Ce fumier putain, un de ces quatre, j'vais me le faire !!!
- Ombeline calme-toi, tu gèles le navire !

[...]

Boréa, Lavallière

- C'est quoi ce plan de merde ?! s'indigna Émeline.
- De merde, carrément ? Ben ne te gènes surtout pas ! Je pensais que tu me couvrirais d'éloge, ça m'apprendra à te mettre au parfum !
- Inclure Ombeline dedans est de la pure folie ! Tu sais que tout ce qu'elle cherche c'est une raison de trancher en fines lamelles. D'ailleurs, ces derniers temps, elle t'a attaqué sans raisons ! Elle est complètement instable et cinglée !
- Ombeline, Émeline... Je sais que j'ai un problème avec les "Line"... rigola Loth.
- Me compare pas à elle ! Elle est plus dangereuse pour nous que tous les mafieux réunis ! Je préfère encore affronter dix Don Carbo !
- Elle te fout vraiment la frousse.
- Toi aussi, tu devrais en avoir peur !
- C'est parce qu'elle est dangereuse pour moi que je la parachute sur la gueule de Don Carbo. Comme tu le dis, quand elle plante ses crocs dans une cible, elle ne la lâche plus. Elle m'a déjà mordu depuis 1619. Il est temps que mes ennemis goûtent au tranchant de L'épée du Matin !
- Oh la la, je sens que ça mal finir cette histoire...
- Pour les Tempiesta.

[...]

Vendredi 13. Le Jour J.

Dans sa vaporeuse robe argentée, une majestueuse pleine lune luisait sur Manshon et éclairait ses recoins les plus sombres. C'était un jour de grande festivité, où la Coupole accueillait Thoven l'Opéra Rock, la troupe de théâtre de Notre Dame des Narcos et l'orchestre philharmonique de Koneashima. La presse people avait fait ses choux gras de l'événement et quand elle avait cherché à en savoir plus, on lui avait rétorqué que rien de particulier n'était fêté, juste que le directoire avait décidé de mettre les petits plats dans les grands en alignant les plus grandes superstars du moment. « De quoi redonner le sourire à notre belle île qui traverse une passe difficile ! » chantonna le secrétaire de la Coupole. Plus satirique que ses confrères, Mouette Hebdo avait pointé le prix exorbitant des places. « Le sourire ne doit se lire que sur les lèvres de la noblesse ! » avait ironiquement conclut le tabloïd. Il avait raison, dès vingt-deux heures, des berlines et carrosses attelés battirent le pavé et déversèrent sur le tapis rouge une exquise clientèle en mal de distraction dans sa vie mondaine trop monotone. Dans le port, plusieurs quais furent réservés pour leurs luxueuses embarcations.

- Aleopoldo Grante n'en a pas trop fait, là tu penses ? demanda Seb.
- Un peu trop. La presse, on pouvait éviter ça, mâchonna Silvio.
- La représentation en haut couvrira les coups d'feu. Viens c'est l'heure, la salle est presque pleine. Don Carbo va commencer.

[...]

Les pur-sang qui tractaient son carrosse s’immobilisèrent. Le cocher déroula le marchepied et Loth attrapa la main de sa cavalière pour l'aider à descendre. Les flashs crépitèrent, il salua la foule avant de fouler le tapis rouge. Plusieurs journalistes le hélèrent et il se sentit obligé de les approcher. Les paparazzis mitraillèrent de plus belle et quelques fans hystériques essayèrent d'avoir un autographe et de le toucher. Loth Reich était une super star sur les Blues et à vrai dire, il ne savait plus trop ce qu'il avait exactement fait pour mériter autant d'attention. Sa célébrité avait échappé à son contrôle en quelque sorte. « Loth, que pensez-vous de cette soirée ? » lui demanda avec entrain une journaliste. « Ce que j'en pense... C'est une bonne initiative que nous devons saluer. Toutes les recettes iront à des organismes de bienfaisance. C'est une goutte d'eau mais c'est essentiel que nous le fassions. Pour donner l'exemple. En plus comme le dirait un vieux dicton, ce soir, le sang va couler ! » Il s'arracha aux serres des journalistes et échangea quelques amabilités avec les autres stars présentes avant d'entrer dans la salle de spectacle et de s’asseoir à la table 13 qui lui était réservée, aux côtés du roi de Boréa.

[...]

Sur l'estrade, Don Carbopizza marchait de long en large, un escargo-micro dans la main, vêtu d'un costume trois pièces rouges, cravate et chapeau haut de forme noirs, gants et escarpins écarlates. Il observait l'assistance avec un plaisir sauvage. Loin des amphithéâtres des Martico, sa salle avait un aspect plus convivial, plus intimiste. Les invités étaient regroupés à cinq ou sept autour de tables rondes d’où débordaient les victuailles et la bonne chère. Les distingués invités portaient leurs plus belles parures et lui souriaient. Il était le centre d'attention, il était le maitre absolu. Quand il promena son regard la foule mondaine, il ne s'attarda pas plus que de raisons sur les tables 5, 13, 24, 33 et 40 bien qu'il sût que Reich et ses gens y étaient attablés. Les bougres ignoraient que ce soir, la terre sainte des mafieux s'abreuvera de leur sang.

- Mes chers amis, bienvenue à Manshon la Belle ! Rarement, nous avons tous été réunis au même endroit, nous qui animons la vie souterraine de cet océan ! J'aurais aimé dire que cette vie est un long fleuve tranquille mais vous savez pertinemment que c'est faux. Nous sommes ébranlés, nous avons mis un genou à terre, mais ce soir, mesdames et messieurs, nous nous relevons ! » claironna-t-il sous un tonnerre d'applaudissements. Personnellement, je n'ai jamais participé à des enchères. C'est un plaisir charmant, un bon moyen de dépenser son argent en trop et de montrer à son voisin que vous avez la plus grosse ! Donc dorénavant, je participerai plus souvent à des enchères mais pour ce faire, vous devez dépenser sans compter ici pour que je me remplisse suffisamment les poches, comme ça, je pourrai dépenser sans vergogne ! ajouta-t-il sous les rires de la salle. Nous avons des articles et des objets très rares à vous proposer, mes chers amis. Alors je n'ai qu'une seule chose à dire : Profitez bien des enchères du Vendredi 13 !

BANG ! BANG ! BANG ! BANG ! BANG ! BANG ! BANG ! BANG !

Des pétarades se noyèrent dans les salves d'applaudissements. Puis graduellement, les convives se rendirent compte qu'il se passait quelque chose. A certaines places de la salle, des invités étaient couchés, effondrés sur leurs tables, dégoulinant de sang. A côté d'eux, d'autres convives étaient armés d’armes à feu. Ils avaient tiré sur eux. Ils avaient tiré. Quelques femmes crièrent d'effroi, les gens se levèrent brusquement mais avant que la panique ne gagne la salle, la voix joyeuse de Don Carbo couvrit les rumeurs. « Ne vous inquiétez pas chers amis, ça fait partie du spectacle ! Allons, asseyez-vous, tout va bien. Archiduchesse, je vous en prie, reprenez votre place. Comte, prenez un Bloody Mary pour vous calmer, c'est dans le ton de la soirée, hahaha ! Tout va très bien ! » assura-t-il en flânant parmi les tables. Sa bonne humeur semblait contagieuse et aussi soudainement que l'agitation était survenue, elle se dissipa. Après tout, ils étaient tous habitués au sang.

« Quand je vous ai dit que nous nous relèverons ce soir, je parlais de ça ! Ils sont bien morts hein, ne vous y trompez pas. Mais ça fait partie du spectacle comme je l'ai dit. Ces gens sont des ennemis, ceux qui empoissonnent nos vies et nous rongent nos empires de l'intérieur. J'ai découvert un complot visant à ensanglanter cette belle soirée. Mais je viens de le déjouer en abattant les conspirateurs. Chers compère en mafia, cet homme n'est pas le vice-roi Noud Papanoïda de Gringotts ! » lança-t-il en prenant par les cheveux un des cadavres à la table 13.

- Veuillez reconnaitre, le Chien de Givre, le Moine Hérétique, Loth Reich !

D'un coup sec, il tira sur la crinière brune du vieil homme. Son visage se souleva piteusement, dégoulinant de la bouillabaisse dans laquelle il s'était affalé. Quelque chose clochait. Don Carbo tira encore une fois, espérant arracher cette ridicule perruque et ce masque de latex mais... Silvio quitta la table voisine et prit la relève de son Don dans la tâche. Mais rien n’y fait. Deux minutes plus tard, il semblerait bien que le corps soit sans artifice supplémentaire. Choqué, le regard de Manuel Tempiesta s'arrêta sur le sceau aux quadruples trèfles qui blasonnait le bracelet en or pur du défunt. Se pourrait-il que ce soit le vrai... ? Non. Impossible...

« DON CARBO ! » hurla Rabid Silvio en poussant son maitre hors de la trajectoire. Une chaise avait bougé, quelque chose avait étincelé. Un battement de cœur plus tard, une puissante douleur fulgurait Bras Gauche au thorax. Du sang éclaboussa une nouvelle fois les nappes d'une blancheur de kaolin. L’enragé s'effondra aux pieds de son assaillant, une femme qui jusqu'à présent portait l'étiquette d'Augusta Malefoy. Lentement, dans un moment surréaliste où le temps semblait s'écouler à vitesse d’escargot, sa cape de fourrure, ses colliers, son chapeau, toutes ses parures glissèrent et révélèrent un corps à moitié dénudé et un visage ô combien célèbre sur les Blues. La sanguinaire Lady Ombeline.

Lady Ombeline "L'épée du Matin"

Celle qui avait démantelé le réseau Damam sur East Blue, la Cellule Révolutionnaire Seagul Blood, la Triade des Dragons de l'Ouest, le Cartel du Vesprée, les Chevaliers des Ziggourats et plus récemment El-Tigre. Elle était le cauchemar de tous ceux qui avaient un truc à se reprocher. Normal alors qu'une fois le temps de latence induit par la stupeur passé, le chaos embrassa la salle. Hurlements, déplacements anarchiques, bousculades... Nul ne voulait être pris par les Bêtes de l'Ombre en de si mauvaises compagnies. « Don… Car... bo... pizza... » chuchota Ombeline la tête penchée d'un côté, en détachant chaque syllabe, comme si elle les appréciait, s'en délectait, indifférente au capharnaüm que sa seule apparition avait déclenché. « Je crois que Binocle t'a joué un bien mauvais tour en me servant ta tête sur un plateau. Qu'est-ce qu'il a encore fait le chenapan hein ? Comment t'a-t-il enculé bien profond ? Laisse-moi deviner, il t'a embarqué dans une trame où tu croyais avoir la main, puis dans un concours de circonstances, tu as découvert que tu étais manipulé et tu as agis en conséquence hein ? Mouais, c'est sa spécialité, plusieurs intrigues imbriquées les unes dans les autres. Telles des Matriochkas. C'est ce qu'il appelle... »

[...]

-... Contrôler le scénario ! compléta Loth avec un gros sourire, exposant les détails de sa machination à sa cavalière Aella Madoff, une autre de ses dauphines, celle qui dirige Shadow Law.

[...]

Aguicheuse, le meitou d'Ombeline ricocha contre une autre lame au moment où elle s'apprêtait à découper un Don Carbo au visage insondable. Un tas de vêtements fripés venait de s'interposer, protégeant Manuel Tempiesta. La chose en haillon renchérit avec vigueur obligeant L'épée du Matin à reculer sur ses appuis. L'acier crissa contre l'acier et naquirent des étincelles. Le plafond de la salle explosa par endroit et des Marines descendirent en rappel le long de cordes. Le vis-à-vis de la Commandante d’Élite avait du répondant, ce qui l'amusa plus que tout. Décidément... Ceux qui ont longtemps chassé des êtres humains et qui ont aimé ça... ne trouvent plus plaisir à autre chose.

"Machété" Seb "De Pleur"

Son meitou fendit obliquement l'air, une onde de fond lacérante en naquit. Sans se précipiter, son adversaire tournoya sa machette comme une hélice et dissipa le coup d'épée aussi facilement qu'un souffle éteindrait une bougie d'anniversaire. La bouche d'Ombeline forma un "O" de stupéfaction polie aussitôt remplacée par une envie carnassière qui enlaidissait son beau visage. Pour exciter un requin, rien de tel que du sang. Elle fondit sur le fripé.

Et tout à coup. Tout devint ténèbres.


Dernière édition par Loth Reich le Dim 13 Aoû 2017 - 14:19, édité 1 fois
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Les ténèbres émergeaient dans la salle, les secondes paraissaient être des minutes, les minutes des heures et les heures une éternité. Je me relevais, accompagné de Brianna et du « Transporteur », j’essuyais à l’aide d’une serviette que j’avais piqué sur la table le faux sang qui dégoulinait encore de ma chemise. Mes compagnons, m’ayant touché l’épaule, pouvaient voir tout comme moi.

La salle on nous nous situions c’était transformée en champ de bataille, la Marine débarquait de partout, Ombeline et l’autre porte manteau se combattaient. Les invités dans la salle bien qu’aveugle dégainaient leurs flingues et autres armes pour se défendre. A mon tour je prenais mon pistolet et tirais sur les personnes dans notre passage. D’après le plan que l’on s’était procuré, la salle où les Tempiestas entreposaient les objets dérobés, c'était une porte sur un côté de l’estrade juste en face de nous où se tenait d’ailleurs le spectacle d’un affrontement d’une gradé de la Marine et d’un porte manteau.

Sans plus hésiter, dans ce capharnaüm je m’enfonçais en tirant contre le premier venu qui était un Marine, son ami devant moi qui braquait son arme désespérément dans les directions des bruits qui l’entouraient, je lui assénais un violent coup de pied dans les côtes l’expulsant sur une table qui finissait sous son poids et la puissance de mon coup cassée en deux.

Une balle fusait à côté de mon oreille, m’arrachant une grimace à cause du son aigüe de son sifflement.

Il ne fallait pas que l’on tarde, les soldats n’hésitaient pas à tirer de partout tout comme les clients des Tempiestas, le moindre bruit de pas, le moindre toussotement, n’importe quelle respiration un tir va droit dessus.

Je fis signe à Brianna et Dimas, ce fameux transporteur de me suivre, pour atteindre un maximum de taux de réussite pour cette mission nous avions choisi d’y aller que nous trois et pas accompagnés de plus de personnes sous peine de risquer de se faire découvrir.

Que faisais-je au beau milieu de ce bordel ? Beh contre trente millions de berrys je devais assurer la protection de Lyanna et de Dimas pour qu’ils volent des objets de valeur déjà dérobés. Mais cela ne s’arrêtait pas là, je devais aussi les accompagner dans leurs fuites et voler un navire sur le port, un de grosse taille de préférence pour ensuite le refourguer à mon employeur.

Autant dire, malgré mon casse qui m’avait ramené vingt millions de berrys en poche je n’étais pas contre trente millions de plus.

Je m’allumais une clope au milieu de la bataille, profitant que tout le monde se chamaille.

Suite à ça, je chopais un fusil d’un soldat mort au combat, je le tendis à Dimas, histoire qu’il puisse m’aider à tirer quelques bastos pour trouer les ennemis sur notre chemin.

- Qu’est-ce que tu fous ? C’est à toi de nous protéger. Moi j’suis là juste pour embarquer les enchères.

Une grimace déformait mon visage, je regardais sa tête, ses yeux étaient plissés de nature, je crachais un énorme mollard par terre, ramenant le fusil à moi.

- Ecoute moi  bien face de citron, j’laisse rarement passer ce type de remarques avec ceux que j’connais pas et qui ont une gueule de citron pressés comme la tienne alors j’vais faire comme si je n’avais rien entendu car si j’botte ton cul de niakwé à l’heure actuelle, j’ai 30 millions putain de berrys qui s’envole sous mon piffe.

Après lui avoir envoyé ces mots, je commençais à viser avec le fusil, devant nous, trois tables, une dizaine d’invités et une vingtaine de Marine avec en prime la folle furieuse actuellement sur l’estrade qui était confrontée à ce tas d’habits, bordel, ce machin chouette me gênait ! Je ne savais pas ce que c’était ! Merde !

Après avoir brièvement analysé la situation, je devais me ruer sur la prochaine table pour déjà bien avancer vers notre objectif, sachant que nous allions nous faire tirer dans tous les sens il fallait que j’ai une petite idée en tête et… il se trouvait que j’en avais belle et bien une. Je rangeais le fusil dans mon dos grâce à sa bandoulière.

- Oye, la bonasse, le turban, suivez-moi, restez vraiment derrière-moi ! Et là, d’accord ou pas j’m’en fous complet ! C’est pour votre survit ! Même si j’ai masse d’argent en jeu, j’m’en fous, si je réussis la mission au pire sans vous j’pourrai peut-être tout de même les toucher.

C’était alors, bien motivé, j’attrapais le pied la table ronde où nous étions pour l’incliner de manière horizontale, ainsi, la partie ronde, formant le plat de la table nous servait de bouclier, je cachais derrière ma tête avec d’autres parties de mon corps, à vrai dire, j’étais protégé à peu près jusqu’en haut des cuisses, pour cette raison, je m’accroupissais légèrement pour m’abriter au maximum.

- Vous êtes prêts ? A trois on y va… QUARANTE DOUZE !

Lorsque je criais ce chiffre totalement inventé, j’entamais ma course entièrement grotesque jusqu’à la prochaine table, mes compagnons n’ayant pas compris tout de suite essayaient de me suivre du mieux qu’ils pouvaient.

- Il est où le trois là-dedans connard ?! Grogna la fille Martico.

Une fois la tablée atteinte, je pris de l’élan avec la table avant de la fracasser violemment sur deux invités que je visais avec. Pourquoi eux ? Ils étaient sur mon chemin. Ayant frappé trop fort sur les premiers coups, par la suite je me retrouvais vite avec seulement en main le pied carrément dénudé de sa partie supérieure, restées dans le crâne des malheureux.

Formant de cette sorte une batte, je l’encastrais dans la tête de l’invité juste à côté faisant partie lui aussi de cette table.

Je m’éclatais comme un petit fou, le sang jaillissait de tous les côtés, d’ailleurs la plupart du liquide rougeâtre qui salissait mes vêtements n’était pas le mien. Un Marine cherchait une cible, pas loin, il était deux mètres sur ma gauche, il me regardait avec son fusil, enfin, vu qu’il était aveugle il ne me regardait pas vraiment, il regardait effrayé la zone d’où le bruit provenait. J’empoignais le fusil ramassé plus tôt par le canon, je l’extirpais de mon dos et j'abattais de toutes mes forces la crosse qui éclatait en milliers de morceaux sur la tête du pauvre connard de soldat.

Plus que deux tables ! Notre objectif allaient être prochainement atteint !


Dernière édition par Daemon Wall le Lun 22 Mai 2017 - 13:32, édité 1 fois
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Juste avant les ténèbres...

Le plafond de la salle souterraine explose. Les débris composés de morceaux de parquets, de chaises et divers tombent sur les convives déjà en panique. Le mouvement de foule se fait plus intense, les gens plongent de tous les côtés. Certaines Mouettes descendent en rappel le long de cordes, pendant que d'autres, utilisateurs de Geppou amortissent d'un bond leur chute. Ils arborent les armoiries de la garnison de Manshon et de l'équipage des Bêtes de l'Ombre. Les miliciens Tempiesta sortent leurs armes et font feu, de quoi aiguiser encore plus l’appétit des hommes de L'épée du Matin. « Morsure d'l'homme bête ! » hurle le Lt-colonel Euron Bear alias le Fauve, second de l'équipage en se jetant dans la mêlée avec une vivacité qui déconcerte les flingueurs Tempiesta.

Ses ongles acérés de la taille de griffes de félin les tailladent, le sang gicle. Les coups de feu crépitent, de gens tombent et succombent sans qu'on puisse affirmer qu'il s'agisse de marines, de mafieux ou de convives. Oberyn, l'énorme berger polaire qui ne quitte jamais le Colonel aboie férocement puis se jette sur un milicien qu'il déchiquète d'un coup de mâchoire. In extremis, il empêche son cerbère de laminer un autre individu. C'est pas un nervi Tempiesta, mais un convive, tellement apeuré par la férocité du molosse qu'il mouille son pantalon. Il est livide, blême, tremble comme un épileptique. Euron le reconnait. « Amilcar Fletcher, Baron des Ardennies. On vous soupçonnait d'couvrir la contrebande d'poudre à canon mais on n'a jamais eu d'preuve formelle d'votre lien avec le Milieu... Ne vous inquiétez pas, avec les Bêtes, vous serez en sécurité... Au fond d'un violon ! »

Un coup de semelle plus tard, le baron est dans les vapes. « J'sais que c'est pas habituel pour nous mais les ordres d'Ombeline ont été très clairs, les invités, on doit tout faire pour les capturer vivants. T'as compris ? » explique-t-il à son chien qui aboie une fois pour acquiescer. Ce sera le plus gros coup de filet  jamais fait par les Bêtes, se réjouit le Fauve qui se lance à nouveau dans les combats. Dans les convives, il y a quelques souverains, des nobles, des gens de pouvoirs, des agents corrompus soutenant le crime organisé. Depuis toujours, mafia et autorités s'entremêlent, l'un permettant à l'autre de prospérer contre dîmes. Ceux qui sont là sont les soutiens des Tempiesta et les écrouer permettrait de faire avancer bien nombres d'enquêtes différentes.

Le Fauve évite une rafale, saute, roule sur le sol, se réceptionne et d'un coup de pied sauté, envoie valser un gros lard qui sert de garde du corps à une frêle et belle damoiselle blonde. Même s'il ne l'identifie pas immédiatement, il l'assomme, la menotte puis la planque sous une table pour plus tard. « CARBOPIZZA ! » hurle une voix tonitruante. Euron se retourne et voit le Colonel Enrique Corazon, commandant de la garnison de Manshon se ruer sur Manuel Tempiesta qui s'éloignait à pas de course d'Ombeline occupée à combattre un type ensaché dans un tas de vêtements. Le bond de Corazon est stupéfiant, de l'autre bout de la salle, il avale la trentaine de mètres qui le sépare du parrain d'un seul saut, aidé par la formidable puissance de détente que lui allouent ses longues jambes. Il tournoie majestueusement dans les airs et cible Carbo avec un coup de pied cisaillé qui promet de faire très mal...

Puis, le noir le plus pur envahit la salle.  

Après les ténèbres...

Les ténèbres, les Bêtes de l'Ombre aiment ça. Mais pas celles qui les aveuglent et les privent de leur second sens. Une sorte de suaire noir emprisonne plus de la moitié de la salle. Quand elle apparait subitement, tout le monde s'arrête dans son combat, et regarde la chose, médusé. Euron Bear est à l'extérieur de la chambre noir, mais entend les cris qui en proviennent. La surprise mêlée à l'effroi. Ombeline, Don Carbo, le tas de vêtement et le colonel Corazon y sont prisonniers. Les coups de feu en fusent, ce que le Fauve trouve idiot et extrêmement dangereux. Ils n'y voient rien mais se permettent de tirer au risque de toucher un allié ? « Continuez la mission, vous approchez pas de la bulle ! » aboie-t-il aux marines restés à l'extérieur.

Que se passe-t-il à l'intérieur ?
Ombeline dévie les deux machettes de son adversaire. L'éphémère étincelle qui nait du contact de l'acier contre l'acier est vite avalée par ce manteau anthracite. L'épée du Matin est aveugle, à l'instar de tous les prisonniers de ce pouvoir. « Daemon Wall... » que murmure-t-elle, au fait des récentes actions du pirate conte les Tempiesta et de son pouvoir du démon. Que vient-il faire là ? Est-il descendu avec les Marines où était-il déjà présent dans la salle ? Le second cas est plus probable... Dans ce cas, ça signifie qu'il était au courant de cette vente. N'est-ce pas le Binoclard qui a poussé les Tempiesta à l'organiser dans le but de les piéger ? Wall est-il un opportuniste profitant de la porte ouverte ou est-il de collusion avec Reich ?

Avant de perdre plus de temps en tergiversation, Ombeline se concentre intensément puis, irradie d'une énergie invisible à l’œil nu. Un autre sens vient de naitre, celui de la perception, comme si elle fait corps avec son environnement. Les individus y sont représentés par la "voix" qui émerge de leur corps, quelque chose de plus primaire que la voix provenant des cordes vocales. Comme si chaque âme s'est mise à parler... Doté de ce sens nouveau, elle n'a nullement besoin de la vue. Elle sent son adversaire fripé à trois mètres qui attend sur des charbons ardents une prochaine attaque. A peu près douze mètres d'elle, elle entend Don Carbo aux prises avec Corazon qui peut aussi utiliser l'Empathie. Le parrain n'irradie pas de la même énergie mais parvient étrangement à éviter les attaques du marine. Rien d'étonnant pour l’Élite, il existe une pléthore d'arts martiaux permettant aux aveugles de se débrouiller sans leur vue. N'ayant jamais rencontré Daemon Wall, elle ne peut directement identifier sa voix. Mais connaissant les implications du Fruit de la Chambre Noire, elle cherche quelqu'un qui se déplacerait un peu trop aisément dans cette prison, sans utiliser d'artifice. Quelqu'un qui n'est pas gêné par l'obscurité. Dans la foule, elle identifie une voix très singulière qui la pétrifie d'excitation. Une voix qui lui échappe depuis cinq ans. Dimas, le Transporteur de la pègre ! Il n'est pas seul, il est en présence d'une voix féminine inconnue et tous deux suivent une troisième voix qui se déplace... aisément. Daemon Wall ! Et tout à coup, tout devient clair pour l’Épée du Matin.

- Vous êtes venus voler les artéfacts... susurre-t-elle. Mange ça Dimas !
Style de la Lame Fleurie, Tempête de Pétales !

Elle tournoie, son meitou fend l'air et libère multitude de lames d'air aux formes de pétales de roses dans toutes les directions. Elles noient la chambre noire, déchiquètent matériels et humains. « C'est insensé, Ombeline ! » qu'aboie le colonel Corazon qui perçoit des voix alliées et ennemies s'éteindre brusquement, fauchées par la violence absurde et la portée de l'attaque. Dimas esquive la tempête en rétrécissant à la taille d'une balle de tennis. Wall et l'autre femme ont moins de chance, ils subissent de plein fouet la déferlante de pétales qui les lacère et les projette contre une paroi. Même privé de sa torche humaine dans l'obscurité, le Transporteur avance vers l'estrade en conversant sa petitesse. On aurait dit un Elfe. « Tu veux pas te battre, hein, Dimas ? » tonne-t-elle. Elle n'a guère le temps de se lancer à la poursuite de sa cible, son fluide détecte la menace de l'homme de main de Manuel Tempiesta qui, apparemment, peut se battre sans la vue. Elle pare le double coup de machettes puis, inopinément...

C'est un flash.
Ça dure moins d'une seconde.
Moins d'un battement de cœur.
Moins qu'un battement d'aile de colibri.
Un laps de temps infinitésimal. Qui pourtant semble durer des heures.
Ombeline se voit. Aux prises avec ce type, machettes contre meitou. Puis, des mains ennemis naissent des espèces d'ondes cerclées multicolores qui fusent et la touchent.

 

Quand elle revient à la réalité, elle a moins d'un clignement de cil pour empêcher sa prémonition de se réaliser. Les ondes prédites apparaissent, ne lui laissant aucune marge de vitesse malgré son agilité féline. L'adversaire est au corps à corps et les ondes à cinq millimètres de sa peau. Derrière son masque, l'emmitouflé doit sourire de sa victoire prochaine. Il l'a piégée. Croit-il.
Ombeline se contorsionne comme jamais dans sa vie. Son corps entier ne semble alors être fait que de papier, ce qui lui permet de se distordre, de se tortiller comme un mollusque. Kami-E. A moins d'un cheveu, les ondes la loupent. Elle exulte, son vis-à-vis accuse le coup, il n'a pas anticipé cette esquive.

Pas plus que le Soru qu'elle s'imprime avant d'assener un magistral coup de pied retourné au plexus de son adversaire. Sous ce violent contact, la couche de vêtements n'offre qu'une dérisoire protection surtout qu'elle se givre intégralement et se craquelle. La semelle atteint la peau nue qui subit la morsure du froid arrachant un cri au supplicié. Il valse dans le décor ténébreux. « T'es pas le seul maudit du coin. De Pleur ! » lance-t-elle, avec la certitude d'avoir enfin identifié son antagoniste. « Cette dextérité à manipuler les machettes, le visage dissimulé derrière un foulard, les fringues qui ne laissent même pas voir un bout de peau... Me suis dite que ça me rappelait vaguement quelqu'un, puis me suis souvenu de ce fameux tueur en série d'il y a onze ans. Celui que les journaux ont surnommé "Machété" mais pour la population et tes victimes, t'es resté "De Pleur". »

- Ça t'va bien d'pointer mes meurtres. Et toi, combien en as-tu tué exactement, Omb'line ? lance-t-il dans le noir.
- J'ai arrêté de compter à partir du premier. Toi, t'es pas censé être incarcéré sur le ponton Guantánamo ?
- J'ai pris des vacances. J'les mérite après d'si durs labeurs nan ?
- Sûr. Avec 50 millions de prime sur les Blues, t'as pas dû chômer tous les jours. Laisse-moi t'offrir un repos éternel.
- Essaie mieux qu'ça alors. Ta p'tite engelure n'a fait qu'm'égratigner. C'quoi comme pouvoir d'ailleurs ? L'logia d'Ao Kiji ?
- Les logia, c'est pour les tapettes.
- Héhé.

[...]

Dimas "Le Transporteur"

Loin de la portée d'Ombeline occupée avec son puissant adversaire, le minuscule gnome file entre les meubles. L'empathie aidant, il évite tous les marines ou civils hagards dans le noir, vociférant, pleurant. Toujours, ses missions, il les a remplies en solitaire. C'est pour ça qu'il est le meilleur livreur de la mafia. La pléthore d'ennemis plus puissants les uns que les autres a forcé Reich a le flanquer d'un garde du corps et d'une aide-mission. Mais il n'a ni besoin d'un babysitteur, pas plus d'un planton. "Face de citron" l'appela-t-il ? Heureusement pour lui, le Transporteur n'est pas homme à s'emporter pour une insulte. Autrement, il aurait directement refait le portrait de ce jeune blanc bec qui faisant encore des châteaux de sable quand il travaillait déjà pour le père de Don Carbopizza. Aujourd'hui, il travaille contre le fils. Rien de personnel, aucune loyauté, juste une affaire de business. Demain, il fera peut-être une livraison qui nuira aux intérêts de Reich. La loi du milieu. Il emprunte les escaliers menant à l'estrade. Dix voix occupent les lieux. Le Transporteur reprend sa forme normale.

Pour avoir mémorisé les plans, la porte où sont entreposés les artéfacts se trouve sur le côté à sa droite, à à peu près trois mètres du bord du podium. Mais nul besoin d'avancer à tâtons, il entend trois autres voix qui l'aident à localiser la chambre. Des miliciens Tempiesta qui gardent les trésors ? Autant rapidement s'en débarrasser. Sauf que c'est là où la chambre noire se limite. Le Livreur de la pègre émerge de l'obscurité et se retrouve face non pas à des porte-flingues mais à des Bêtes de l'ombre. « Tu t'amuses bien ? » que lui demande Ricard West, un lieutenant d'élite. « Aaah. Ombeline, cette plaie. Elle avait prévu que quelqu'un viendrait dérober les objets ou elle voulait juste les récupérer au nom de la Marine ? » Sûrement les deux, connaissant l’Épée du Matin. Voilà la situation type à laquelle ne voulait pas être confronté le Livreur, être obligé de se battre. Les objets sont entassés dans différentes caisses, derrière les deux Élites. Ce ne sont pas des quiches et à deux, Dimas s'attend à un combat compliqué. Mais surtout, il ne faut pas abimer les reliques. Où est Daemon Wall quand on en a enfin besoin ? Comme si la situation ne s'est pas assez dégradée, quelqu'un d'autre jaillit de la nappe noire et se pose dans le chambranle de la porte. Tout vert, il ressemble vaguement à un hybride homme-tortue avec une carapace diamantine sur le dos.

- Ah ! Ha ! ahane le nouveau venu, une main sur une sanglante estafilade qui lui court le torse. Vous voyez pas d'inconvénient à ce que je me joigne à vous ?
- Cette blessure, ta balafre et cette crinière blonde, tu serais pas celui qu'Ombeline a découpé ? Rabid Silvio ? demande Aemon Roose, l'autre Bête.
- Ha ! Ah ! Elle m'a surpris, c'est tout. J'ai pas eu le temps de me transformer avant de protéger mon Don de mon corps. Ah ! Ah !
- Très noble de ta part. Zoan Tortue. Jamais vu autant de maudits concentrés à un endroit. Et toi, Aemon ?
- Non plus, avoue l’Ingénieur en chef.
- Les gars, je propose que vous vous cassiez sans grabuge et que vous laissiez là les trésors qu'on a si durement amassés, propose le blessé.
- Volé tu veux dire ? réplique Ricard West. Je suggère autre chose. Que tu te laisses gentiment capturer parce que bon, t'as quand même 40 millions de Berry de prime. J'ai d'ailleurs jamais vu de si gros primés dans un même lieu. Toi tes couilles valent combien, Dimas ?
- 45 satanés millions, je crois, répond Aemon.
- Bon, décidons-nous les gars. On continue à papoter où vous vous laissez attraper ?

Dimas, coincé entre Bêtes de l'Ombre devant lui et Rabid Silvio derrière, réfléchit intensément. Si seulement il pouvait s'emparer des reliques avant que la bagarre ne commence... Où diable sont passés Wall et Cat's Eye ?

Spoiler:


    Je poussais un léger cri d’agonie, ma respiration s’était accélérée, je me sentais légèrement sonné. Cette tornade m’avait entaillé partout, malgré une migraine soudaine, j’observais le champ de bataille qui m’entourait. Je tournais la tête lentement de droite à gauche, voyant du sang, les cadavres autant des invités que des soldats gisant sur le sol encore chauds.

    En continuant cette rotation, j’apercevais Brianna, étalée sur le sol, je me ruais sur son corps, cherchant le moindre signe de vie, je n’avais pas tellement besoin de chercher, je voyais bien qu’elle respirait bien que ce soit faiblement. Dommage que Léonardo n’était pas là, j’aurais eu besoin de ses talents de médecin.

    Cependant, la force était avec moi, je la soulevais lentement et la déposait sur mon épaule gauche. Il m’en manquait un, ce Dimas, ce qui était une bonne chose c’était qu’il ne gisait pas sur le sol parmi les morts. J’espérais qu’il s’était concentré sur notre objectif de haut vol.

    Sans attendre une seconde plus je m’élançais, des pas lestes et amples, en direction de la pièce qui contient nos objectifs, je déplaçais vers l’encadrement de la porte, dans laquelle se trouvait un des mafieux, bordel.

    Je secouais Brianna pour voir si elle était consciente, j’avais besoin d’elle pour rentrer dans la pièce, il fallait qu’elle immobilise ce Borsalino pour que je lui foute une sacrée rouste pour pouvoir atteindre nos objectifs.

    Réveillée, elle commença à se débattre, cette fille était chiante ! J’hésitais à la renvoyer d’où elle venait mais aux vues de la situation, j’avais absolument besoin de ses capacités.

    - Dis, plus tôt tu m’as dit que tu possédais la rope action ? Bah utilise-la contre ce gars, là-bas et les autres derrière-lui. Lui disais-je en pointant du doigt le gaillard dans l’encadrement à travers la zone d’ombre. Une fois que tu les auras immobilisés je vais les neutraliser et on atteindra enfin notre objectif !

    Je déposais la ravissante jeune femme lentement sur le sol, elle s’exécuta, de longues cordes s’étendirent jusqu’à l’homme, agrippant ses pieds pour qu’il ne puisse pas bouger, je me ruais de ce pas sur l’individu à travers la masse ténébreuse qui me suivie, elle commençait à se diviser dans les deux pièces, couvrant notre fuite de la salle principale et notre arrivée dans la salle des enchères.

    L’homme tortue s’étonnait, il se demandait ce qu’il lui arrivait, il n’avait plus la mobilité de ses jambes, avant qu’il ne réagisse ou qu’il alerte les autres, je lui assénais un violent coup de crosse dans la nuque l’assommant, un bruit sourd résonna sur le sol, recouvert par le bordel général de la grande salle.

    Bien que je voulais me faire discret, ma bulle noire recouvrait l’entièreté de la salle des enchères et plus de la principale, les hommes à l’intérieur immobilisés par le rope action de Brianna doutait bien que je n’étais pas loin.

    J’observais les soldats présents dans la salle, nous tenions pour ainsi dire les « chefs ». Je me faufilais vite fais à travers la bande, une fois ma course finie, je pris la main de Dimas pour la mettre sur mon épaule, comme ça, il voyait de nouveau dans la zone d’ombre.

    J’avançais ma bouche à côté de son oreille pour lui murmurer rapidement notre plan que l’on avait répété.

    - Je te laisse quelques-minutes devant-toi pour tout piquer, après ça, tu te transformes en super géant, tu me propulses toi et Brianna vers le port et directement après ça miniaturise toi et attrape la corde pour nous suivre dans notre vol.

    Après ces brèves paroles, je ne perdus pas une seconde de plus, je déposais Brianna à côté de Dimas et je fonçais droit sur les immobilisés qui ne comprenaient rien à la situation. Hélas, petit à petit le temps contre nous, ils retrouvaient peu à peu leurs mobilités, peu à peu libérés du rope action.

    - Où es-tu Daemon Wall ?!

    - Désolé d’avoir interrompu votre petite réunion des bons toutous de la Marine mais nous allons devoir partir plus vite que prévu.

    - Vous ne vous échapperez pas ! Tirez !

    Les soldats s’étaient préparés, ils visaient tous dans notre direction, avaient-ils prévu que j’arrive ? Sans doute.

    Je plongeais derrière une caisse de bois, attrapant Brianna au passage, laissant Dimas faire son boulot tranquillement, lui était plutôt tranquille vu qu’il était déjà abrité. Les balles fusaient pas bien loin à côté de nous ou ricochaient notre caisse. Les cons ! Eux aussi gagnaient du temps pour se libérer. Un sourire carnassier déforma mon visage, je lançais les clous et les punaises à l’intérieur de ma sacoche devant notre abri et la ligne adverse. Alors que les soldats commençaient à s’avancer, les gradés qui entendaient les bruits de métal les stoppèrent.

    - Stop, il a lancé quelque-chose.

    Je sortis de mon abri pour abattre un soldat avec mon pistolet, provoquant une nouvelle salve sur nous. Brianna commençait à trembler, pendant que les balles nous atteignaient pas, je pris sa température, elle avait pas mal de fièvre, merde. Elle allait bientôt lâcher prise. Alors que je commençais à paniquer vu que l’ennemi à un atout, un soldat canin ou je ne savais quoi, je vis Dimas grandir, prenant Brianna et moi dans sa main, il élança son poing en arrière, Brianna lâcha nos adversaires pour préparer la corde qu’agrippera Dimas.

    - Accrochez-vous. Home Run !

    Et nous voilà lancer à toute vitesse dans les airs, dans la direction du port, Dimas s’en suivit au plan et Brianna restait encore consciente et assez forte pour tendre la corde à Dimas.
    Prochaine étape, notre fuite au port !
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    Que diable vient-il de se passer ? se demande le lieutenant Ricard West en sectionnant les cordes qui le retiennent. Une minute plus tôt, dans le noir, ces cordes presque vivantes l'avaient saucissonné sans qu'il puisse rien y faire. L'action fut trop rapide et bien sûr, le Transporteur en profita pour miniaturiser les  reliques et les foutre dans son corps. Le maudit ! Les Bêtes de l'Ombre laissent exploser leur colère en massacrant les sbires à leur portée. Que dire de leur commandant en second, le lieutenant-Colonel Euron Bear, à l'extérieur de la bulle noire ? Totalement interdit, il vit Dimas se transformer en géant puis balancer ses compères à travers le trou béant dans le plafond. Il le vit se miniaturiser avant d'attraper la corde que lui lançait la jeune femme blonde en plein vol.

    - Euron ! lui hurle Ombeline à l'autre extrémité de la salle.

    Le Fauve sait ce que sa commandante attend de lui. Alors il bondit aussi vite que lui permet son agilité féline, toutes griffes dehors. La corde, il la secte mais trop tard, le mini-Transporteur est agrippé à la partie supérieure. Daemon Wall et la fille sont déjà à l'étage au-dessus et se frayent un chemin dans le chaos qui règne là-bas où les marines affrontent les hommes de mains Grante et Tempiesta. Le Fauve déteste qu'une proie lui échappe, comme toute Bête de l'Ombre. Trop obnubilé par la chasse qu'il doit donner aux fugitifs, il ne pressent que trop tard l'attaque qui vient de son angle mort. Un violent coup dans les côtes l'estomaque et l'envoie bouler sous les tables. Oberyn son chien se jette sur son assaillant mais fini repoussé et maltraité lui aussi.

    Piteusement, il s'effondre en sang dans un déchirant glapissement. Bras Gauche Silvio, Silvio l'enragé, Silvio l'homme-tortue a le triomphe modeste et la rage à son paroxysme. Lui aussi a été surpris par les cordes émergeant du noir, lui aussi en veut à mort au trio et n'a pas l'intention de laisser aux Bêtes la primeur de leur chasse. Il rentre ses membres dans sa carapace pour encaisser les rafales que lui desservent les marines. Même pas mal, sa protection est aussi dure que du diamant. A ses trois heures, son parrain décoche un coup de poing explosif au Colonel Enrique Corazon qui lui répond avec une valse de ses longues-jambes. De l'extrême opposé, De Pleur est en plein échange furieux avec Ombeline. Leurs lames dansent les unes contre les autres et envoient des lames d'airs dans toutes les directions.

    - Les gars ! On décolle ! crie Don Carbopizza.

    Si ces combats s'éternisent, ils ne peuvent qu'être perdants alors ils décident de s'enfuir. Tout truand qui se respecte a toujours une porte de sortie quelque soit le lieu ou la situation, c'est le b.a.-ba si on faire long feu dans le métier. Don Carbo crée une diversion puis s'engouffre dans une trappe aménagée. L'entrée explose juste après qu'il s'y soit glissé empêchant Enrique Corazon de l'y poursuivre. Quant à Machété Seb De Pleur, il disparait dans une porte dérobée après avoir mitraillé la salle de ses Noro Noro Beam, obligeant Ombeline à se planquer. Plusieurs hommes de mains le suivent à travers cette ouverture qui s'effondre aussitôt derrière eux. La Tortue n'est pas en reste, elle se débarrasse des Mouettes, blesse le Lt Ricard West d'une estafilade avant d'escalader à toute allure les pans de murs en y plantant des canifs. Il disparait dans le trou fait au plafond.

    - Euron, tu t'occuperas d'Oberyn plus tard ! intime Ombeline, dépitée et plus enragée que jamais.
    - Il faut se séparer et les poursuivre. Ils vont tous au port, c'est sûr. Tu prends lesquels ? demande Enrique.
    - Arrrrghhh putain de dilemme ! Bon, mes gars et moi on s'occupe de Dimas et de Wall. Ça fait trois ans que j'essaie de coincer Dimas et par trois fois, il m'a échappé de justesse.
    - On prend les mafieux alors. Les abattre est la raison de ma nomination à la tête de cette garnison !

    [...]

    La pleine lune resplendit sur Manshon et illumine ses venelles crasseuses. L'atmosphère festive des premières heures de la soirée a laissé place à la peur et à la consternation. La rumeur de l'assaut donné par la Marine à la Coupole s'est propagée comme une épidémie donnant lieu à de différentes réactions. Il y a ceux qui ne veulent rien avoir dans ces histoires et qui se sont barricadés chez eux et le Front, ce mouvement initié par les habitants qui en ont ras-le-bol de subir à chaque fois les dommages collatéraux de la guerre entre mafieux et marines. Ceux là sont sortis en masse dès l'annonce de la nouvelle bagarre, torches et tisons à la main, scandant des slogans haineux. Dans sa course effrénée vers le port, Ombeline et ses hommes se les prennent de plein fouet au détour d'une grande avenue. Ils sont des centaines, armés d'armes blanches, décidés à en découdre. Difficile de dire à qui ils en veulent le plus mais toujours est-il qu'ils prennent les Élites pour cible et les bombardent de cocktails Molotov.

    - Ah putain, mais ils me goooooooonflent ! Par les toits les gars, on touche pas aux civils aujourd'hui !

    Tels des ninjas, les voilà qui se arpentent à vive allure les toitures et les faits des habitations, évitant la vague protestataire qui a infecté les rues comme une gangrène. Distraitement, la tueuse de Révolutionnaires en Ombeline se dit que c'est un mouvement qu'il faudrait étudier de plus prêt. Que les autochtones s'en prennent aux mafieux, okey. Mais la Marine également ? Il y a dans cette colère des germes Grises qui ne lui plaisent pas du tout. Elle ne manquera pas de faire un rapport dessus dès la fin de cette opération. Par contre, la bonne nouvelle c'est que si la foule les a ralentis et forcés à changer de route, elle a dû en faire de même pour les fuyards. « Bingo ! » s'écrie-t-elle en indexant au loin un croisement à une rue du port où la marée humaine est plus compacte que jamais. Au centre du carrefour, une bulle de ténèbres en mouvement leur indique que leurs cibles essaient elles aussi de se soustraire aux émeutiers.

    - On les tient ! Euron, coupe leur toute retraite au port ! Aemon, localise et détruit leur navire ! Moi, je me jette dans la mêlée.

    Avec un Geppou, elle prend de la hauteur puis sans cure des dommages collatéraux balance une gigantesque lame d'air en direction de la foule et de Chambre Noire. L'inconscience des Bêtes de l'Ombre dans toute sa splendeur.

      Cinq minutes après l'assaut des Marines...
      Manshon



      Le port de Manshon était plus profond que ne l'aurait cru Elijah. Le commandant de l'escouade sous-marine de Loth fit un signe de la main aux siens. Sous les flots, les quatre-vingts dix neufs homme-poissons qui le secondaient s'immobilisèrent. Ils avaient fait un long chemin depuis Luvneel jusqu'ici, sur ordre express d’Émeline Reus la dauphine de leur boss avec deux mots d'ordre : protéger la fuite du trio dépêché sur l'ile. Le second était plus exotique compte tenu de leurs activités jusqu'à présent. « Chiper un navire ? » avait répété l'homme-requin, interloqué, peu sûr d'avoir bien compris les ordres. Émeline confirma. Loth lorgnait un navire en particulier, celui du Haut-Préfet de Cresnow. L'objectif fut décidé sur le tas, dès que le Moine Hérétique prit connaissance des personnalités qui seraient présentes aux enchères. Elijah hocha la tête avec amusement, l'opportunisme abusée de son boss le prenait de court à chaque fois. Le commandant donna quelques ordres et plusieurs de ses hommes se dispersèrent puis revinrent moins d'un quart d'heure plus tard.

      - SHAHAHAHAHAHA, Alors ? s'enquit-il lové sur un lit d'algues.
      - Le Carthage est ancré à la jetée N°8, à l'ouest. C'est là où sont parqués tous les bateaux VIP.
      - Moi j'ai r'péré l’Achéron et l'Styx des Bêtes au large.
      - Comme l'a prévu l'Boss SHAHAH ! ricane Elijah. Omb'line s'attend à c'que des mafieux z'y échappent donc elle y place ses rafiots en mer. Mais avec deux seul'ment, y pourront toujours s'y brosser pour couvrir 360 degrés ! Et la Marine d'Manshon ? Y racontent quoi ?
      - J'ai zieuté quatre croiseurs rapides et quelques patrouilleurs qui font la ronde.
      - La 257e Division n'a jamais été puissante tout'façon ; rien n'y a été reconstruit d'puis l'blocus, même les murs d'la garnison s'y portent encore les cicatrices des combats.  
      - Faut s'magner quand même chef, ça chauffe déjà. J'crois qu'l'assaut est en cours là !  
      - Bon bande d'poiscailles, formez-y moi dix unités d'dix branleurs. Pinkscale, tu m'y prends deux unités, vous vous la jouez discretos et vous m'y placez des mines sous les quilles des bateaux d'la 257e. Même r'frain pour toi Rascaille, tu t'y charges des Bêtes d'l'Ombre. Z'y s'app'l'ront bientôt les Bêtes Noyées SHAHAHAHAHAHA !
      - HAHAAH ! L'était bonne chef !
      - Ta gueule putain ! Bon, moi-même, j'me charge d'y pirater l'mastodonte pour l'boss. Trois unités m'y suivent ! L'reste, dispersez-y vous et soyez'y prêts à trouer tout c'qui y boug'ra en surface ! M'avez-vous y compris, bande d'puceaux décérébrés ?
      - CHEF OUI CHEF !

      [...]

      Boréa, Lavallière

      - Donc, tu as fait croire à tout le monde que tu voulais massacrer Don Carbo et ses plus proches clients ? récapitule Aella en sirotant son vin. C'est ça, "contrôler le scénario" ?
      - En quelque sorte. Bien sûr, si je pouvais tous les tuer grâce au plan, je signerai tout de suite, tu t'en doutes bien. Mais comme j'ai estimé ce dénouement très peu probable, j'ai bricolé un autre objectif bien dissimulé derrière celui apparent et classique de les faire tuer. C'est une guerre d'usure que nous nous livrons depuis un an. Nul n'était dans le secret à part le vieil Fernando Martico, bien qu'il fut très réticent.
      - Si ce n'est ni la mort de Don Carbo, ni celle ses alliés présents aux enchères que tu vises, pourquoi as-tu lâché les Bêtes de l'Ombre sur eux au lieu d'y aller toi-même... ? Oh ! Je vois, je vois. Inutile de m'expliquer.

      Intuitivement, elle comprit et redressa ses lunettes sur son nez. « Tu as osé ? » murmura-t-elle en toisant Loth d'un regard plein de reproches. Le même dont le gratifia Don Fernando Martico quand il lui explicita son plan. Dans la mafia, il est des règles tacites encore plus contraignantes que l'Omerta. L'une d'entre elles en particulier interdisait à tout mafieux de s'en prendre à la notoriété publique de son adversaire, quelque soit le grief qui les désunissait. Il était permis d'étriper, de chaparder et répandre les morceaux de son ennemi aux quatre vents mais on considérait comme déshonorant de compromettre sa couverture. Une vieille maxime dans le milieu transcrivait cette philosophie en ces mots : "le linge sale se lave en famille". Loth était de ceux directement concernés par cette loi, un mafieux qui utilisait sa bonne réputation pour couvrir ses activités. Idem pour Don Carbo.

      - Non mais tu te rends compte de ce que tu viens de faire ?!
      - Tu penses que je n'ai pas pesé le pour et le contre avant ? répliqua le Moine Hérétique.
      - Je pense surtout que tu fais trop confiance à Ombeline. Imagine qu'elle échoue dans la capture de Don Carbo ?
      - J'ai estimé à 80% les chances qu'elle échoue effectivement. Tempiesta est sur son terrain, en plus il y aura Wall, Cat's et surtout Dimas qui pourraient détourner l'attention de l’Épée du Matin.
      - Dans ce cas, permets-moi de te dire que tu es fou à lier ! éructe-t-elle d'une voix glaciale. Comment as-tu pu t'engager dans cette manœuvre en estimant aussi élevées les chances de survie de Carbo ? En mettant Ombeline en orbite direct sur lui, tu as donné à la Marine les preuves de ses malversations, de sa connivence avec le monde criminel. La réputation de Don Carbo est morte !
      - Justement. Ses entreprises de jouets, toutes ses possessions légales vont être saisies, il n'aura plus un sou ! En plus ce soir, il y avait ses alliés, ses soutiens de l'ombre. Des gens respectables aux premiers abords, des notables, des rois. Ils vont tous tomber ! Ce sera le plus gros scandale depuis très longtemps. Je porte un coup mortel aux Tempiesta.
      - Presque mortel, Loth ! Presque ! Si Don Carbo sort de cette épreuve vivant, il n'aura de cesse de te rendre la pareille ! Il va t'exposer nu au monde comme tu viens de l'exposer !
      - Grand bien lui fasse, répondit le Binoclard en redressant à son tour ses lunettes qui prirent une teinte lumineuse. Ma popularité est bâtie sur du roc, je le défie de l'effriter.
      - Tu pêches par orgueil, Loth ! Ton assurance te perdra. Te souviens-tu de ce temps pas si lointain où nous étions ennemis ? Où tu étais un jeune détective sans envergure et moi le N°2 de la plus puissante organisation de contrebande de Dance Powder des Blues ? Tu étais une fourmi et moi une lionne, sûre de son intelligence et sa puissance, lui rappela son amie. L'orgueil m'a aveuglée pendant le déni me fournissait des munitions pour me saborder.
      - Et j'ai appris de tes erreurs, Aella. Je ne commettrais pas les mêmes. Je sais à quoi je me frotte ; ne vois-tu pas que je mène mon ennemi à la baguette depuis le début ? C'est parce que je me suis attaqué à ses casinos qu'il a désiré à son tour me frapper au portefeuille en massacrant mes clients ! Regarde où il en est maintenant !
      - Ouais...
      - En brisant ce tabou, je forcerai de nouveau Manuel Tempiesta à jouer selon mes règles. S'il ne le fait pas, tant pis, nous continuerons la guerre sur d'autres fronts. Mais comme tu l'as dit, c'est plus logique de penser qu'il va forcément essayer de me rendre la monnaie de ma pièce, de me décrédibiliser, de me criminaliser comme lui-même le sera à l'issue de ce piège que je lui ai tendu. De ce fait, il va jouer sur un terrain que j'ai miné d'avance. Je suis prêt pour la bataille médiatique.
      - On verra bien si toutes tes bonnes œuvres seront à l'épreuve des linges sales qu'il te sortira. En attendant...
      - Blablablabla ! fit Maximilian Nordin en s'incrustant. C'est la fête les enfants ! Quelle discussion d'intello vous anime autant hein ? demande le souverain de Boréa d'un œil malicieux.
      - Nous songeons à avoir des enfants. Moi, j'en veux six plus quelques remplaçants, histoire de former une équipe de hockey, monseigneur. Elle, aucun. Madame ne veut pas "déformer son divin corps".
      - Hahaha !
      - Il raconte n'importe quoi, Votre Majesté. Me feriez-vous l'honneur d'une danse ?
      - Avec ta permission, Loth ?
      - Bien sûr, Majesté.

      Loth se resservit un douze ans d'âge en les regardant s'éloigner à petites valses, mains dans le dos, mains sur la hanche. La soirée mondaine ne faisait que commencer, Loth allait ensuite donner de sa personne, de son sang pour une "bonne cause". Une petite action dans l'océan de donations et de services que le Moine Hérétique avait rendu non seulement à Boréa, mais à une multitude de nations des Blues. Contrairement à Manuel Tempiesta, il avait misé sur la confiance populaire pour ériger son empire médiatique. Pendant que le Don graissait en sous-main les pattes de puissants notables, le Moine préféra être un héros populaire, sauver la veuve et l'orphelin pour se faire un nom. L'heure H arriverait bientôt ou le sort et la stratégie décideraient de qui aura misé juste. En attendant, à plusieurs miles marins de Boréa, les machinations de Loth finissaient de défaire tout ce que Carbopizza mit tant d'année à construire. Et cela lui procurait un indéfinissable plaisir.
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      Il nous faut rejoindre le port désormais, vite, vite, la Marine est à nos trousses ! Je continuais ma route jusqu’à rencontrer ce gars de la Marine qui nous bloquait la route, bordel, ils avaient décidé de nous faire chier jusqu’au bout ces enfoirés !

      Alors qu’un maudit enculé me bloquait la route j’entendis des cris dans mon dos, une foule totalement folle, j’eus le temps de tourner ma tête que je vis cette lame d’air foncer sur moi ! Sans réfléchir je sortis mon sabre et bloquais cette masse d’air qui tranchante, sa puissance était telle quelle me fit glisser sur plusieurs mètres en arrière tout en la bloquant, mes pieds commençaient à s’enfoncer dans le sol. C’était un monstre qui l’avait envoyé ! Il avait même réussit à entailler mon sabre, je me remercie de maîtriser mon sabre pour équilibrer la puissance libérée sur ma lame.

      La situation était si problématique qu’une goutte de sueur perla sur mon front, il fallait à tout prix que j’aille au port pour voler le galion dont Loth m’avait parlé !

      Dimas et Brianna de peu avait évité cette lame d’air dévastatrice en se jetant au sol, la foule quant à elle pour le moins chanceux se retrouvaient coupés en deux ou pire… et les plus chanceux presque indemnes ! Je me retournais vers le soldat qui nous bloquait la route, cette sorte de prêtre à deux balles, je lui flanquais un coup de pied genoux dans les parties génitales, j’attrapais Dimas et Brianna par leurs cols et sans plus attendre j’entamais une folle course parmi la foule en les traînant derrière-moi, la mort était à mon cul, je courais comme si les flammes de l’enfer elles même me brûlaient les fesses.

      Une lueur d’espoir s’offrit à nous lorsque j’entrevoyais à travers les espaces entres les bâtisses des mâts et un horizon bleu ! Nous y voilà ! Le port !

      Je continuais de courir, esquivant les multiples attaques de nos assaillants, bien plus facile depuis que Dimas cette raclure s’était remis à courir, je portais que la petite chieuse. Normalement, une fois aux quais des Hommes-Poissons devraient nous aider mais nous devions nous dépêcher sinon c’était cuit pour nous !

      Une ampoule vint s’éclairer au-dessus de ma tête. Je lançais un regard chaleureux à Dimas.

      - Relances-nous ! Mais cette fois-ci sur notre navire cible ! Tu vas pouvoir le voir une fois que tu seras grand et comme tout à l’heure, Brianna te lancera la corde !

      Il répliqua d’un simple hochement de tête, écarquillant les yeux, comme-ci je venais de prédire une divination ! Eheh y’en a dans la caboche !

      Sans perdre un instant nous voilà projeter et dans la trajectoire de notre navire cible ! D’en haut j’apercevais les Hommes-poissons qui avaient déjà fait le ménage ! Dimas avait chopé la corde et du coup nous suivait de près.

      - AAAAAAATTEEEEENNNNNNTIIIIIIOOONNNN !!! ECARTEZ-VOUS !

      Nous atterrîmes sur le navire avec plus de peur que de mal bien que j’avais traversé le pont pour atterrir dans la cale. Fort heureusement pour moi que les sacs de patates ont fini en purée, sinon c’était fini de moi. En me relevant, j’avais mal un peu de partout, bordel ça faisait mal tout de même ! Je remontais sur le pont, découvrant plusieurs cadavres inertes sur le sol et les Hommes-Poissons me dévisageant.

      - QUOI?! Vous n’avez jamais vu un homme tomber du ciel ?! Tch. Aller on se casse et vite ! Avant que ces fous rappliquent !

      De cette façon, nous quittâmes le port à bord du Galion, les gars de notre ami nous rejoignirent plus loin par l’eau, la Marine essayant de nous poursuivre ne pu rien faire, ils avaient saboter toutes les barres des navires de la Marine et piégés avec des explosifs ce qui créa un magnifique feu d’artifice.

      Une fois la rencontre avec Loth faîtes et les échanges effectués, j’eus un beau petit pactole comme promis à ma disposition eheh ! Ce fut une affaire bien bénéfique pour moi !
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