- Je vois déjà grand. Je veux ouvrir une ligue de hockey.
- Pourquoi faire, Loth ?
- Je veux divertir les gens, Eme’.
- Leur pourrir la vie avec la Dance Powder, ça suffit pas ?
- Rigole bien mais tu verras. Dans pas longtemps, je lancerais les premières esquisses de la NHL ! La North Hockey League ( ???). Ça va être une tuerie. Nous allons construire un stade, commencer petit puis exporter l’idée. Des équipes de plusieurs iles, de plusieurs races, s’affrontant pour la beauté d’un sport fédérateur, ça ne te dit rien ?
- Que dalle.
- Je te rappelle qu’on a même pas fini avec Ashura ! Qu’on vient de déclarer la guerre aux Tempiesta ! Qu’on a Dieu seul sait combien d’ennemis différents ! Arrête juste de brasser plusieurs trucs en même temps. Tu peux pas te dédoubler.
- J’aimerais bien.
- Je pense à l’après. Il faudrait blanchir l’argent que nous rapportera le trafic de Dance Powder. Je suis devenu un héros populaire, si je roule sur l’or sans justificatif, même le plus imbécile de mes fans se demandera d’où provient mon opulence. Et puis, j’ai les sœurs Santana sur le dos aussi. A Bliss, Ashura blanchissait ses milliards grâce aux paris hippiques. Je veux faire différent et plus grand.
- Tu connais au moins les règles du hockey ? T’as déjà joué au hockey ?
- Non et non.
- Argh…
- Ne fait pas ce visage exaspéré. Tout s’apprend, Emeline.
- C’est bon, on peut rentrer ? Quand tu m’as dit que tu voulais me montrer quelque chose, j’imaginais pas que tu me trainerais dans la steppe avec ce vent mordant juste pour m’indexer un espace vide.
- Je veux acquérir ce terrain auprès du Baron Middlestow et y construire un terrain d’envergure et puis… Hey mais tu m’écoutes ? Où diable vas-tu ?
- Je rentre à la datcha. Continue à parler seul, avec un peu de chance, le blizzard qui se lèvera dans une heure te répondra.
- Pffff, si peu d’enthousiasme, ça me tue.
- Non, mon cher, ce qui risque de te tuer, ce sont les balles des Tempiesta. On vient d’assassiner le cousin à Don Carbo ! Est-ce que nous sommes prêts à une guer….
- A quoi bon refaire le match ? Je voulais venger mon maître trahi par Manuel Tempiesta. Ce type est de la pire engeance, poignarder aussi lâchement dans le dos, même dans la mafia, doit y avoir des règles. Je ne le regrette pas une seule seconde. De toute façon, j’ai eu envie de lui en coller une dès la première fois que j’ai vu son visage lisse, ses cheveux anarchiques couleur paille, ses lunettes fumées de jeune premier, sa veste de marque…
- A quelques exceptions près, je jurerais que tu te décris.
- Bah j’ai souvent envie de me coller des baffes.
- Haha ! Raconte-moi Loth.
- Quoi donc ?
- Notre nouvel ennemi. Sa réputation n’est plus à faire mais je le connais que via ça en fait. Qui est-il ? Quels sont ses points forts et faibles ? Quel lien as-tu eu avec lui ? Qui sont ses alliés véritables ? Qui peut lui tourner le dos ? Quelles sont nos chances de détourner ses propres gras ?
Je veux tout savoir. Pourquoi tu souris, j’ai dit un truc drôle ?
- Oh rien. Juste que je suis content que tu prennes ton rôle de dauphine autant à cœur.
- Si je le prends pas à cœur, c’est une balle que ce cœur va recevoir ! On est dans la même merde donc, vas-y, dis-moi tout.
- Attention au marchepied, le second grince.
- Ouf ! Maudites steppes ! C’est bien d’être au chaud dans des fauteuils moelleux. Tu ferais mieux de lancer une compagnie de carrosses !
- Avec le train à côté ? Je vais être sur la paille avant même le lancement.
- Le train ne circule pas dans les quartiers d’une même ville, encore moins dans les ruelles. Boréa manque de carrosses dignes de ce nom. Le nôtre a une cheminée intégrée, c’est le pied. Mais beaucoup se caillent dans le leur.
- Fais le business plan, je lirai.
- Mon rayon c’est l’expansion, les alliances et la guerre. Tu viens de recruter une DAF non ? Ben demande-le lui.
- Ce sera fait.
- Donc Manuel Tempiesta ? Commence depuis la genèse.
- C’était il n’y a pas si longtemps, quand je l’ai rencontré pour la première fois ma chère. En 1623, J’étais jeune, insouciant, innocent.
- Hum hum.
- Plus innocent que maintenant.
- Mouais.
- J’étais ambitieux…
- Rien n’a changé depuis…
- Tu vas me laisser raconter mon histoire oui ou non ?
- Désolée.
- Mon ambition m’a conduit à Saint-Uréa, dans les griffes du Gila. Je voulais connaitre le Milieu, m’approprier ses règles, y prospérer. Au lieu de me lancer tout azimut dans un quelconque trafic, je choisis d’abord d’apprendre, me familiariser avec la réalité du terrain. Et plus que tout, je voulais apprendre avec le meilleur. Et le Gila était ce qui se faisait de mieux dans ma South Blue natale.
- J’imagine comment tu as dû te sentir. Le Gila a quand même formé Kiyori Tashabari, improbable Impératrice pirate avant sa majorité.
- Le seul hic c’est que bien avant que je vienne quémander ses leçons, le Monstre s’était retiré des affaires. Il avait dirigé la pègre de Saint-Uréa, la plus puissante de South, mais fatigué par des décennies de complots, de business et de règlements de compte, il prit sa retraite.
- Comment t’as fait donc ?
- Dans le Milieu, la seule retraite, c’est le tombeau. C’est l’une des premières règles qu’il m’a enseigné. En plus, il ne vivait pas en ermite, pas plus qu’il ne s’est retiré dans le trou du cul du monde. Non, il est resté à Uréa, dans son château, protégé par sa richesse et ses contacts. Périodiquement, quelqu’un venait solliciter ses conseils, son expérience, son coup de main. C’est ainsi que le Gila devint une sorte de consultant.
- Un consultant XXL. Doctor es pègre ?
- C’est l’idée. D’ailleurs à cette époque, on le surnommait aussi le Médiateur du crime parce qu’avec son répertoire et son charisme, il faisait le train d’union entre des organisations qui ne se connaissaient pas ou qui se seraient foutues sur la gueule dans d’autres circonstances.
- Mais il faisait tout ça lui-même ? Se déplacer partout ? Gérer les crises ? Ca sert à rien la retraite dans ce cas.
- Justement. Il ne bougeait pas d’un poil. C’est ainsi qu’il s’est entouré d’une petite armée. C’était un véritable pot-pourri, il y avait de tout : des indéfectibles du temps jadis où il était parrain tout puissant, des ennemis reconvertis, des tueurs et brutes espérant gagner leur pain quotidien en restant dans son ombre et surtout il y avait des arrivistes de tout poil. J’étais de ceux-là.
- Ah !
- Même dans ma catégorie, il y avait des sous-groupes. Des arrivistes grands, bêtes et méchants qui désiraient profiter de ses contacts pour monter rapidement ; des arrivistes trouillards et faiblards qui n’aspiraient qu’à la servitude toute leur vie ; il y avait même des arrivistes qui voulaient entrer dans son giron pour le tuer et se faire un nom.
- Sans dec ?
- Ceux-là ne vivaient pas longtemps.
- J’imagine bien.
- Puis il y avait la dernière catégorie, celle des arrivistes qui s’étaient fixés un plan de carrière. Apprendre le mieux possible, gagner en expérience et partir fonder leur propre entité mafieuse. J’étais de ceux-là et nous n’étions pas très nombreux. Etrangement, j’aurais pu me mettre dans la catégorie de ceux qui désiraient le tuer. J’ai bien failli réussir d’ailleurs.
- Tu plaisantes ?
- C’est comme cela que je suis rentré à son service. Il y avait une défaillance grave dans sa protection et le fait que j’ai réussi à l’atteindre lui en a fait prendre conscience. J’ai morflé après cette tentative d’assassinat évidemment, je l’ai payé cher mais au moins, il ne m’a pas fait tuer. Et c’était exactement le genre d’homme de qui je voulais apprendre. Un homme qui respecte la force et l’ingéniosité et qui ne se drape pas dans son manteau d’orgueil. J’ai tout de suite été conquis. C’est la seule fois où j’ai attenté à sa vie. Résultat, il m’a intégré à son équipe et de succès en succès, je fus sélectionné pour participer à ce qui promettait à l’époque d’être un véritable massacre. La guerre des mafieux de North Blue.
- Ouais, parlons-en même. Il était sur South le Gila, donc comment ? Ses liens s’étendaient jusqu’au Nord ?
- Au Nord, à l’Est, à l’Ouest et même dans le Nouveau Monde via cette personne dont nous avons parlé plus tôt. Le Gila est un Monstre sacré du crime. Il a vagabondé sur tous les océans, me confia-t-il. Dans sa prime jeunesse, il a fait les quatre cents coups dans les organisations criminelles de Grand Line. Bref, il avait des contacts partout et puis, North Blue, c’était quand même la terre sainte de la mafia. Les Sept Familles étaient le tout premier syndicat du crime des Blues, c’est à North qu’a germé cette idée de syndicalisation du crime. Bref, le Gila nous y envoyait. Nous, c’est-à-dire cent de ces meilleurs hommes.
- Cent ? Ah ouais, quand même ! Il était bien entouré le mec !
- Ce n’est pas un mec, c’est un Monstre.
- Okey, il était bien entouré le Monstre !
- Nous qui travaillions pour le Gila à l’époque étions surnommé ses Ecailles. Le Reptile mandat donc Cent Ecailles pour soutenir la Famille Tempiesta dans la guerre qui se profilait. Ce n’était pas une mission normale, pas plus que ce n’était une consultation. Le Gila payait un dû qu’il devait au père de Manuel Tempiesta mort depuis longtemps. C’est le genre d’homme qu’il est. Loyal.
- Je commence à comprendre tes boules quand ils l’ont trahi en 1625. Deux ans plus tard seulement en fait…
- Pour moi, fouler le sol de Manshon était presque un acte de foi. C’était la Mecque de la mafia. Là où elle avait vu le jour et prit forme sur les Blues. J’étais toute chose et je n’étais le seul. L’excitation se lisait, nous allions participer à quelque chose d’énorme. Beaucoup y voyaient une occasion de se faire un nom, une liste de contacts en côtoyant de nombreuses autres organisations et leurs membres. C’est dans cette atmosphère que je débarquai à Manshon avec mes collègues Ecailles.
- Chevalier d’écailleeeeeeeeeeeeuuuuuux et de vinyle !
- Quoi ? Pourquoi tu chantonnes ce générique tout pourri ?
- Il n’est pas pourri, t’as fumé du sel ou quoi ?! Ce héros a bercé mon enfance. Un looser mangeant le Zoan de la Tortue qui devient un héros ?! Trop classe !
- Bon, j’avoue qu’elle est géniale cette chanson mais je n’ai jamais été fan de ce héros. Vas-y continue. Qu’est-ce qui se passait donc sur North Blue ?
- Ne fais celle qui l’ignore. L’unité des Sept Familles était ébranlée parce que l’une d’entre elle avait eu les yeux plus gros que le ventre. Non seulement, elle avait empiétée sur le terrain de ses consœurs mais pire, elle ne leur déclarait que 45% de ses revenus. Tu sais bien comment fonctionne le crime organisé sur North Blue.
- Ouaip ! Au premier niveau, toutes les organisations paient des dîmes aux Sept qui se les partagent ; au second niveau, six des sept Familles paient à leur tour des dimes à la Famille dirigeante. Aux Tempiesta donc.
- Le manque à gagner depuis des années était colossal ! Ils se sont sentis insultés, humiliés et surtout floués. Fou de rage, Don Carbo les a désavoués, exclus des Sept puis a signé leurs arrêts de mort. Toutes les Familles ont été obligées de suivre. Certaines avaient déjà la haine et pour les autres, il fallait laver l’honneur des Sept sali par la famille dissidente. La guerre prit le nom d’Opprobre par la suite. De par les Blues, la rumeur s’est propagée ainsi, les débiteurs et les alliés des Tempiesta se sont joints à la mêlée. Voilà le contexte.
- Merci. Aide-moi à descendre.
- Il ne manque que les parures et les bijoux pour que nous ayons l’air d’un couple de la noblesse revenant d’un salon de thé.
- Ne me parle de chaleur après m’avoir exposée à la steppe !
- C’était pour te montrer un projet visionnaire !
- Garde le pour toi ton projet à la noix ! Pffff !
- Bienvenue chez-vous monsieur.
- La bonne journée Teddy ?
- Calme. Miss Zéro est arrivée au manoir.
- Oh, super ! Je vais justement lui exposer mon rêve.
- Tsss ! Continue ton récit !
- Là j’aimerais manger le Fruit de la Clairvoyance et partager mes souvenirs avec toi.
- Tiens, t’étais comme ça il y a trois ans ?
- Comment ça "comme ça" ?
- Le même look, la même coupe, je veux dire. Physiquement, t’étais différent ? Faut que je te visualise.
- Ah non. A cette époque, j’étais chauve.
- QUOI ????
- La boule à zéro, je te dis.
- Comme les moines.
- J’aurais pu en devenir un, si je n’avais pas quitté le monastère pour faire carrière justement. Et loin du cardigan, de la veste en cachemire trois pièces ou du borsalino, j’étais souvent vêtu du kimono traditionnel des Moines Servites.
- Je tuerai pour avoir une photo… Loth chauve… Hahahahahaha !
- Arrête de te fendre la gueule !
Donc, c’est par une nuit étoilée où la lune s’était voilée que nous arrivâmes à Manshon, excités comme des puces à l’idée de participer à la dératisation de la famille Auddifredi !
- Pourquoi faire, Loth ?
- Je veux divertir les gens, Eme’.
- Leur pourrir la vie avec la Dance Powder, ça suffit pas ?
- Rigole bien mais tu verras. Dans pas longtemps, je lancerais les premières esquisses de la NHL ! La North Hockey League ( ???). Ça va être une tuerie. Nous allons construire un stade, commencer petit puis exporter l’idée. Des équipes de plusieurs iles, de plusieurs races, s’affrontant pour la beauté d’un sport fédérateur, ça ne te dit rien ?
- Que dalle.
- Je te rappelle qu’on a même pas fini avec Ashura ! Qu’on vient de déclarer la guerre aux Tempiesta ! Qu’on a Dieu seul sait combien d’ennemis différents ! Arrête juste de brasser plusieurs trucs en même temps. Tu peux pas te dédoubler.
- J’aimerais bien.
- Je pense à l’après. Il faudrait blanchir l’argent que nous rapportera le trafic de Dance Powder. Je suis devenu un héros populaire, si je roule sur l’or sans justificatif, même le plus imbécile de mes fans se demandera d’où provient mon opulence. Et puis, j’ai les sœurs Santana sur le dos aussi. A Bliss, Ashura blanchissait ses milliards grâce aux paris hippiques. Je veux faire différent et plus grand.
- Tu connais au moins les règles du hockey ? T’as déjà joué au hockey ?
- Non et non.
- Argh…
- Ne fait pas ce visage exaspéré. Tout s’apprend, Emeline.
- C’est bon, on peut rentrer ? Quand tu m’as dit que tu voulais me montrer quelque chose, j’imaginais pas que tu me trainerais dans la steppe avec ce vent mordant juste pour m’indexer un espace vide.
- Je veux acquérir ce terrain auprès du Baron Middlestow et y construire un terrain d’envergure et puis… Hey mais tu m’écoutes ? Où diable vas-tu ?
- Je rentre à la datcha. Continue à parler seul, avec un peu de chance, le blizzard qui se lèvera dans une heure te répondra.
- Pffff, si peu d’enthousiasme, ça me tue.
- Non, mon cher, ce qui risque de te tuer, ce sont les balles des Tempiesta. On vient d’assassiner le cousin à Don Carbo ! Est-ce que nous sommes prêts à une guer….
- A quoi bon refaire le match ? Je voulais venger mon maître trahi par Manuel Tempiesta. Ce type est de la pire engeance, poignarder aussi lâchement dans le dos, même dans la mafia, doit y avoir des règles. Je ne le regrette pas une seule seconde. De toute façon, j’ai eu envie de lui en coller une dès la première fois que j’ai vu son visage lisse, ses cheveux anarchiques couleur paille, ses lunettes fumées de jeune premier, sa veste de marque…
- A quelques exceptions près, je jurerais que tu te décris.
- Bah j’ai souvent envie de me coller des baffes.
- Haha ! Raconte-moi Loth.
- Quoi donc ?
- Notre nouvel ennemi. Sa réputation n’est plus à faire mais je le connais que via ça en fait. Qui est-il ? Quels sont ses points forts et faibles ? Quel lien as-tu eu avec lui ? Qui sont ses alliés véritables ? Qui peut lui tourner le dos ? Quelles sont nos chances de détourner ses propres gras ?
Je veux tout savoir. Pourquoi tu souris, j’ai dit un truc drôle ?
- Oh rien. Juste que je suis content que tu prennes ton rôle de dauphine autant à cœur.
- Si je le prends pas à cœur, c’est une balle que ce cœur va recevoir ! On est dans la même merde donc, vas-y, dis-moi tout.
- Attention au marchepied, le second grince.
- Ouf ! Maudites steppes ! C’est bien d’être au chaud dans des fauteuils moelleux. Tu ferais mieux de lancer une compagnie de carrosses !
- Avec le train à côté ? Je vais être sur la paille avant même le lancement.
- Le train ne circule pas dans les quartiers d’une même ville, encore moins dans les ruelles. Boréa manque de carrosses dignes de ce nom. Le nôtre a une cheminée intégrée, c’est le pied. Mais beaucoup se caillent dans le leur.
- Fais le business plan, je lirai.
- Mon rayon c’est l’expansion, les alliances et la guerre. Tu viens de recruter une DAF non ? Ben demande-le lui.
- Ce sera fait.
- Donc Manuel Tempiesta ? Commence depuis la genèse.
- C’était il n’y a pas si longtemps, quand je l’ai rencontré pour la première fois ma chère. En 1623, J’étais jeune, insouciant, innocent.
- Hum hum.
- Plus innocent que maintenant.
- Mouais.
- J’étais ambitieux…
- Rien n’a changé depuis…
- Tu vas me laisser raconter mon histoire oui ou non ?
- Désolée.
- Mon ambition m’a conduit à Saint-Uréa, dans les griffes du Gila. Je voulais connaitre le Milieu, m’approprier ses règles, y prospérer. Au lieu de me lancer tout azimut dans un quelconque trafic, je choisis d’abord d’apprendre, me familiariser avec la réalité du terrain. Et plus que tout, je voulais apprendre avec le meilleur. Et le Gila était ce qui se faisait de mieux dans ma South Blue natale.
- J’imagine comment tu as dû te sentir. Le Gila a quand même formé Kiyori Tashabari, improbable Impératrice pirate avant sa majorité.
- Le seul hic c’est que bien avant que je vienne quémander ses leçons, le Monstre s’était retiré des affaires. Il avait dirigé la pègre de Saint-Uréa, la plus puissante de South, mais fatigué par des décennies de complots, de business et de règlements de compte, il prit sa retraite.
- Comment t’as fait donc ?
- Dans le Milieu, la seule retraite, c’est le tombeau. C’est l’une des premières règles qu’il m’a enseigné. En plus, il ne vivait pas en ermite, pas plus qu’il ne s’est retiré dans le trou du cul du monde. Non, il est resté à Uréa, dans son château, protégé par sa richesse et ses contacts. Périodiquement, quelqu’un venait solliciter ses conseils, son expérience, son coup de main. C’est ainsi que le Gila devint une sorte de consultant.
- Un consultant XXL. Doctor es pègre ?
- C’est l’idée. D’ailleurs à cette époque, on le surnommait aussi le Médiateur du crime parce qu’avec son répertoire et son charisme, il faisait le train d’union entre des organisations qui ne se connaissaient pas ou qui se seraient foutues sur la gueule dans d’autres circonstances.
- Mais il faisait tout ça lui-même ? Se déplacer partout ? Gérer les crises ? Ca sert à rien la retraite dans ce cas.
- Justement. Il ne bougeait pas d’un poil. C’est ainsi qu’il s’est entouré d’une petite armée. C’était un véritable pot-pourri, il y avait de tout : des indéfectibles du temps jadis où il était parrain tout puissant, des ennemis reconvertis, des tueurs et brutes espérant gagner leur pain quotidien en restant dans son ombre et surtout il y avait des arrivistes de tout poil. J’étais de ceux-là.
- Ah !
- Même dans ma catégorie, il y avait des sous-groupes. Des arrivistes grands, bêtes et méchants qui désiraient profiter de ses contacts pour monter rapidement ; des arrivistes trouillards et faiblards qui n’aspiraient qu’à la servitude toute leur vie ; il y avait même des arrivistes qui voulaient entrer dans son giron pour le tuer et se faire un nom.
- Sans dec ?
- Ceux-là ne vivaient pas longtemps.
- J’imagine bien.
- Puis il y avait la dernière catégorie, celle des arrivistes qui s’étaient fixés un plan de carrière. Apprendre le mieux possible, gagner en expérience et partir fonder leur propre entité mafieuse. J’étais de ceux-là et nous n’étions pas très nombreux. Etrangement, j’aurais pu me mettre dans la catégorie de ceux qui désiraient le tuer. J’ai bien failli réussir d’ailleurs.
- Tu plaisantes ?
- C’est comme cela que je suis rentré à son service. Il y avait une défaillance grave dans sa protection et le fait que j’ai réussi à l’atteindre lui en a fait prendre conscience. J’ai morflé après cette tentative d’assassinat évidemment, je l’ai payé cher mais au moins, il ne m’a pas fait tuer. Et c’était exactement le genre d’homme de qui je voulais apprendre. Un homme qui respecte la force et l’ingéniosité et qui ne se drape pas dans son manteau d’orgueil. J’ai tout de suite été conquis. C’est la seule fois où j’ai attenté à sa vie. Résultat, il m’a intégré à son équipe et de succès en succès, je fus sélectionné pour participer à ce qui promettait à l’époque d’être un véritable massacre. La guerre des mafieux de North Blue.
- Ouais, parlons-en même. Il était sur South le Gila, donc comment ? Ses liens s’étendaient jusqu’au Nord ?
- Au Nord, à l’Est, à l’Ouest et même dans le Nouveau Monde via cette personne dont nous avons parlé plus tôt. Le Gila est un Monstre sacré du crime. Il a vagabondé sur tous les océans, me confia-t-il. Dans sa prime jeunesse, il a fait les quatre cents coups dans les organisations criminelles de Grand Line. Bref, il avait des contacts partout et puis, North Blue, c’était quand même la terre sainte de la mafia. Les Sept Familles étaient le tout premier syndicat du crime des Blues, c’est à North qu’a germé cette idée de syndicalisation du crime. Bref, le Gila nous y envoyait. Nous, c’est-à-dire cent de ces meilleurs hommes.
- Cent ? Ah ouais, quand même ! Il était bien entouré le mec !
- Ce n’est pas un mec, c’est un Monstre.
- Okey, il était bien entouré le Monstre !
- Nous qui travaillions pour le Gila à l’époque étions surnommé ses Ecailles. Le Reptile mandat donc Cent Ecailles pour soutenir la Famille Tempiesta dans la guerre qui se profilait. Ce n’était pas une mission normale, pas plus que ce n’était une consultation. Le Gila payait un dû qu’il devait au père de Manuel Tempiesta mort depuis longtemps. C’est le genre d’homme qu’il est. Loyal.
- Je commence à comprendre tes boules quand ils l’ont trahi en 1625. Deux ans plus tard seulement en fait…
- Pour moi, fouler le sol de Manshon était presque un acte de foi. C’était la Mecque de la mafia. Là où elle avait vu le jour et prit forme sur les Blues. J’étais toute chose et je n’étais le seul. L’excitation se lisait, nous allions participer à quelque chose d’énorme. Beaucoup y voyaient une occasion de se faire un nom, une liste de contacts en côtoyant de nombreuses autres organisations et leurs membres. C’est dans cette atmosphère que je débarquai à Manshon avec mes collègues Ecailles.
- Chevalier d’écailleeeeeeeeeeeeuuuuuux et de vinyle !
- Quoi ? Pourquoi tu chantonnes ce générique tout pourri ?
- Il n’est pas pourri, t’as fumé du sel ou quoi ?! Ce héros a bercé mon enfance. Un looser mangeant le Zoan de la Tortue qui devient un héros ?! Trop classe !
- Bon, j’avoue qu’elle est géniale cette chanson mais je n’ai jamais été fan de ce héros. Vas-y continue. Qu’est-ce qui se passait donc sur North Blue ?
- Ne fais celle qui l’ignore. L’unité des Sept Familles était ébranlée parce que l’une d’entre elle avait eu les yeux plus gros que le ventre. Non seulement, elle avait empiétée sur le terrain de ses consœurs mais pire, elle ne leur déclarait que 45% de ses revenus. Tu sais bien comment fonctionne le crime organisé sur North Blue.
- Ouaip ! Au premier niveau, toutes les organisations paient des dîmes aux Sept qui se les partagent ; au second niveau, six des sept Familles paient à leur tour des dimes à la Famille dirigeante. Aux Tempiesta donc.
- Le manque à gagner depuis des années était colossal ! Ils se sont sentis insultés, humiliés et surtout floués. Fou de rage, Don Carbo les a désavoués, exclus des Sept puis a signé leurs arrêts de mort. Toutes les Familles ont été obligées de suivre. Certaines avaient déjà la haine et pour les autres, il fallait laver l’honneur des Sept sali par la famille dissidente. La guerre prit le nom d’Opprobre par la suite. De par les Blues, la rumeur s’est propagée ainsi, les débiteurs et les alliés des Tempiesta se sont joints à la mêlée. Voilà le contexte.
- Merci. Aide-moi à descendre.
- Il ne manque que les parures et les bijoux pour que nous ayons l’air d’un couple de la noblesse revenant d’un salon de thé.
- Ne me parle de chaleur après m’avoir exposée à la steppe !
- C’était pour te montrer un projet visionnaire !
- Garde le pour toi ton projet à la noix ! Pffff !
- Bienvenue chez-vous monsieur.
- La bonne journée Teddy ?
- Calme. Miss Zéro est arrivée au manoir.
- Oh, super ! Je vais justement lui exposer mon rêve.
- Tsss ! Continue ton récit !
- Là j’aimerais manger le Fruit de la Clairvoyance et partager mes souvenirs avec toi.
- Tiens, t’étais comme ça il y a trois ans ?
- Comment ça "comme ça" ?
- Le même look, la même coupe, je veux dire. Physiquement, t’étais différent ? Faut que je te visualise.
- Ah non. A cette époque, j’étais chauve.
- QUOI ????
- La boule à zéro, je te dis.
- Comme les moines.
- J’aurais pu en devenir un, si je n’avais pas quitté le monastère pour faire carrière justement. Et loin du cardigan, de la veste en cachemire trois pièces ou du borsalino, j’étais souvent vêtu du kimono traditionnel des Moines Servites.
- Je tuerai pour avoir une photo… Loth chauve… Hahahahahaha !
- Arrête de te fendre la gueule !
Donc, c’est par une nuit étoilée où la lune s’était voilée que nous arrivâmes à Manshon, excités comme des puces à l’idée de participer à la dératisation de la famille Auddifredi !
Dernière édition par Loth Reich le Mer 6 Sep 2017 - 15:54, édité 4 fois