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Carambolage sur la montagne

Le Matheson Sorrow voguait dans un parfait silence, si ce n'était les clapotis de l'eau qui résonnaient par moments sur sa coque. Au bord de la caravelle, l'équipage du Tyran au grand complet était de sortie. Sa carabine en bandoulière dans son dos, Moria faisait démonstration de ses talents de navigateur, secondé par Lily qui tenait une carte entre ses mains. Les autres se trouvaient sur le pont, concentrés et à l'affût, cherchant des yeux l'entrée de la Route de tous les Périls. La tâche s'avérait difficile avec la brume épaisse qui enveloppait le navire et les empêchaient de voir à vingt mètres en face d'eux.

Il les avait surpris à quelques kilomètres de Red Line. En quelques minutes à peine le Matheson Sorrow s'était fait engloutir par un épais brouillard, qui refusait de les lâcher depuis. A présent, l’œil rivé sur son compas, Moria tentait de rejoindre les coordonnées récupérées dans les archives de la Nouvelle Ohara.

 - Tu es sûr de ton coup Roy ? demandait pour la vingtième fois le navigateur inquiet à son capitaine.

 - Oui, répondit ce dernier d'un air exaspéré, il n'y a pas d'erreurs possibles je te dis, l'entrée de Grand Line est une montagne !

 - Non mais tu es sûr qu'il y a des canaux dans Reverse Mountain ? surenchérit Lily en tendant la carte au jeune homme. Regarde, c'est pas du tout indiqué dessus.

 - Encore une fois, cette montagne est reliée aux quatre mers bleues, il y a une voie à chaque points cardinaux. Il faut juste trouver celle de West Blue et ça nous fera grimper au sommet.

Une fois de plus, la belle femme-poisson qui tenait le bout de papier ne put s'empêcher de lâcher un râle exaspéré face à tant d'absurdité.

 - Et donc..., reprit Moria en faisant montre de plus de retenue que Lily, tu es sûr de ça, là, demanda-t-il en pointant du doigt la petite croix posée sur la carte par le capitaine.

Vexé du manque de confiance éhonté dont faisaient preuve ses compagnons, Roy se contenta de hausser du chef. Cette annotation était le résultat de ses recherches dans le gigantesque arbre/bibliothèque de la Nouvelle Ohara et désignait la position du canal d'entrée dans Reverse Mountain. Il avait vérifié et revérifié cette information de nombreuses fois, qu'est-ce qui était si difficile à comprendre ?

Occupé à maugréer intérieurement, le jeune capitaine mit un moment à se rendre compte que Lily l'observait avec insistance depuis maintenant plusieurs secondes.

Ooh je connais ce regard, pensa-t-il en étudiant les yeux de chatte obstinée de la femme-poisson.

 - Qu'est-ce qu'il y a ? se résigna-t-il finalement à demander après quelques secondes, sachant qu'elle ne comptait pas lâcher l'affaire.

 - On va grimper la montagne sur un courant ascendant ? demanda-t-elle au quart de tour, avant d'enchaîner quand il lui eut répondu d'un hochement de tête, tu en es s...

 - Silence, la coupa Merry Reed, un peu plus loin sur le bateau. Vous entendez ça ? reprit-elle ensuite quand ils eurent obtempéré.

Suivant son exemple, le reste de l'équipage tendit bientôt l'oreille, à l'affût du moindre bruit. Le silence aidant, ils perçurent bientôt un son étouffé, un léger brouhaha dont ils ne parvinrent pas à trouver l'origine. Comprenant qu'il y avait quelques choses aux alentours, ils continuèrent à écouter. Tandis que le Matheson Sorrow continuait son avancée dans le brouillard, le son et son origine se précisèrent. Bientôt, tous l'équipage avait la tête tournée loin en avant sur leur droite.

 - Des chants ? finit par conclure Lily en échangeant un regard avec Roy, un brin d'incrédulité dans la voix.

 - On prend de la vitesse, fit soudainement remarquer Mochi.

La tête penchée au-dessus du bastingage, le docteur de l'équipage observait les remous de l'eau en contrebas,  indifférent au tumulte ambiant. Surpris par cette information, Moria échangea un regard avec son capitaine avant de lever le nez vers les deux mâts du navire.

 - Tiens c'est étrange..., commenta-t-il simplement.

Suivant son regard, le capitaine finit par comprendre le commentaire de son second : les voiles du navire n'étaient pas du tout gonflées, il n'y avait pas de vent. Comment se faisait-il alors qu'ils soient en train d'accélérer ?

 - On est pris dans le courant de Reverse Mountain ! comprit instantanément le jeune homme, les yeux brillants. On se dirige vers le canal !


Dernière édition par Roy D. Aston le Mar 7 Mai 2019 - 19:52, édité 2 fois
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Mochi était en admiration devant la prise de vitesse du navire, il contemplait avec émerveillement les flots et le courant marin agressif qui les faisaient glisser, les approchant toujours plus de reverse moutain. De temps à autre, il jetait également un coup d'œil à la montagne mystique encore camouflée par la brume. Il se demandait par quel miracle de la science, de la physique il eut été possible qu'un tel courant ascendant et puissant ait pu voir le jour. Ses minces connaissances des courants marins ne lui apportaient aucunes réponses satisfaisantes, mais son étonnement n'en était que plus grand. Cette montagne avait quelque chose de magique et il sembla au toubib -Qui n'avait guère de connaissances de navigation- qu'ils n'auraient qu'à se laisser entraîner par la folie de ce courant marin pour arriver jusqu'à la montagne et grimper sur ces flots ascendants. Et ce qui les attendrait après ça. L'inconnu. La route mystérieuse de tous les périls, face à laquelle bien des pirates, bien des voyageurs se heurtèrent au cours des siècles. Le binoclard en tremblait d'excitation. Et dans le même temps, il tirait de ce constat quelque frayeur. Comme l'éveil de vieux démons qui le firent frémir au plus profond de son être, jusqu'à en faire vibrer le boulon qui lui traversait le crâne.

Et alors il se mit à regarder derrière. Le vaisseau, dont la vitesse de croisière allait croissant, laissait derrière lui une belle traînée d'écume, qui, ajouté à la puissance du courant, formait comme des petits tourbillons. Au derrière du navire, West Blue s'étendait à perte de vue. Il n'y avait là aucune île qui venait varier la teinte bleue de l'océan. Et s'il était empressé de rejoindre Grand Line, West Blue ne lui manquerait point. Il était trop heureux de laisser derrière lui la mafia de Las Camp, les sages d'Ohara, les pirates poètes farfelus.

Comme à son habitude, le reste de l'équipage s'agitait. Seule, Merry Reed semblait calme, ne se mêlant guère à l'euphorie des trois autres. Mochi n'avait pas vraiment conversé avec la nouvelle venue. Quand il était rentré de son escapade solitaire, il était tellement fatigué qu'il était resté cloué au lit. Tout ce qui pouvait en dire c'est qu'il la trouvait jolie. Une de ces beautés froides et arrogantes que dégage certaines femmes. Mais ce qui attira le plus son attention, furent les gueulards habituels de l'équipage. Moria en tête.

"Accrochez-vous bien, il va falloir négocier serré" hurla t-il.

"Pourquoi ne pas tout simplement se laisser emporter par le courant ?" demanda naïvement le toubib.

"Parce que si on fait ça, on risque de se fracasser contre un flanc de la montagne."

"Logique" conclut bêtement le toubib.

"Ouais enfin ... On est encore loin ... On peut se laisser porter encore un moment ..."

"On fait quoi alors ?" demanda le capitaine.

"Mochi, commence par remonter les voiles, faudrait pas qu'un courant d'air ne vienne modifier notre trajectoire. Il suffit de quelques mètres pour qu'on finisse éclaté par la roche !"

Le toubib s’exécuta et bondissant de vergue en vergue remonta les voiles, les attachants solidement à l'endroit approprié. Quand il fut au sommet, il fut à nouveau pris d'une crise contemplative et s'adossant au mât il admira silencieusement la vue.


Dernière édition par Mochi le Jeu 23 Nov 2017 - 15:56, édité 2 fois
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Pour la première fois de sa vie, Annabella allait emprunter Grand Line en passant par la « Grande Porte ». Ou du moins allait-elle essayer… au vu de l’explication fournie par son nouveau capitaine, elle ne se sentait plus très à l’aise et s’étonnait de pouvoir à présent penser au confort de la Flaque, quand les pirates devaient pour la plupart emprunter cette voie historique.

Les derniers jours à bord du navire s’étaient déroulés sans encombre. Facilement intégrée, l’agente n’avait pas tardé à dessiner les contours de son espace vital. Qu’elle fût Merry, Eleanor ou elle-même, elle ne pouvait se contraindre à dormir paisiblement dans les mêmes quartiers que ses compagnons. Le rituel s’était donc rapidement installé : toutes les nuits, lorsque les ronflements de son supérieur se faisaient trop denses, elle s’échappait pour dormir à la belle étoile, emmitouflée dans sa couverture. Ce n’était pas non plus agréable, principalement car elle ressentait les effets du froid de façon décuplée, mais le silence et la solitude étaient devenus des denrées rares qu’elle ne pouvait trouver qu’en ces simples instants.

Plus d’une fois, elle s’était surprise à souhaiter que sa mission se terminât promptement, mais en attendant elle ne pouvait que taire ses pulsions derrière un sourire factice, lorsque les occasions s’y prêtaient.

« - Ces chants… j’ai le sentiment qu’on s’en rapproche au fur et à mesure que l’on suit le courant. » marmonna la jeune femme, agrippée au bastingage, les yeux perdus dans l’horizon brumeux.

La visibilité était terrible, raison pour laquelle elle étendit rapidement, et en secret, son aura pour tenter de deviner l’origine de ces sons étranges. Ce qui était au départ un murmure désarticulé devenait progressivement une suite d’intonations harmonieuses et masculines. Des notes à l’accordéon, des bruits de bottes frappant le plancher. Et tandis que les oreilles de l’albinos peignaient le portrait des quatre navires au loin, son haki en dessinait les silhouettes.

Non, ça ne pouvait pas être de simples marchands qui passaient par là. De plus, ils se dirigeaient dans la même direction qu’eux, cela ne faisait aucun doute.

« - Vous entendez encore quelque chose, Mademoiselle Read ? » demanda finalement Roy, qui s’était jusque-là occupé d’assister son navigateur en organisant l’affalement des voiles ; le vent risquait désormais de les faire dévier du courant et de les précipiter dans les falaises selon lui.

Quelques jours plus tôt, le capitaine avait demandé à sa subordonnée s'ils pouvaient se tutoyer. Si Anna n'était pas spécialement attachée au vouvoiement par principe plus que par désir de mettre de la distance entre son interlocuteur et elle, elle saisit toutefois sa chance pour faire comprendre au capitaine qu'il était probablement encore un peu tôt pour avoir ce genre d'intimité. Cette façon de communiquer s'était donc installée entre eux, à la manière des équipages de pirates traditionnels auxquels Éléanore était davantage acoquinée, finalement. Les formalités « Mademoiselle » et « Monsieur » sonnaient d'ailleurs drôlement dans leurs bouches, tandis qu'Anna était habituée à vouvoyer sans pour autant utiliser de formules de politesse : Angelica en faisait souvent les frais.

En guise de réponse, donc, l’agente posa simplement son index sur ses lèvres pour faire signe à son compagnon de se taire un instant. Au bout de quelques secondes de silence, la litanie pouvait à nouveau se faire entendre distinctement, entre le clapotis des vagues et l’approche des falaises de la ligne rouge contre lesquelles celles-ci venaient brutalement mourir. Cette seconde analyse n’était connue que de l’armurière qui cartographiait à présent la zone et évaluait les distances, pour sa propre sécurité plus que celle de l’équipage. Cette capacité, comme tant d’autres, devait être tue au profit de son infiltration.

« - Ce sont des chants pirates ?

- C’est vous le spécialiste. Mais il est vrai que ces tonalités ne sont pas vraiment dans le registre des Musiciens de la Flotte, si vous voulez mon avis.

- Vous pensez qu’il se dirigent vers Reverse Mountain ?

- S’il s’agit de pirates, alors ça ne fait aucun doute. Il n’y a pas grand-chose qui vaille le coup d’être visité dans le coin. Et d’après ce que je sais, l’entrée de la Flaque n’est pas vraiment dans ce secteur que l’on dit plutôt délaissé. »

Le capitaine affichait désormais un visage songeur, l’index et le majeur de la main droite en clé-à-molette autour de son menton, tel le Penseur de Ravin. Cette fameuse statue que l’on pouvait trouver sur la Place des Louves à Marie-Joie.

« - Dans le doute, est-ce que vous pouvez veiller à ce que les canons soient bien opérationnels et prêts à tirer ?

- C’est dans mes cordes. Autre chose ? »

Le Westrien se gratta vivement le chef, avant de saisir un épais cordage relié au grand mat et à le tendre à la jeune femme.

« - Si jamais nous devons les prendre de vitesse, il va falloir que nous soyons bien attachés. Je vais prévenir les autres, vous pouvez déjà commencer à nouer cela autour de votre taille. »

Opinant vivement, Anna se passa la corde autour d’un bassin qu’elle noua grâce à un solide nœud plat, avant de s’en retourner à son observation. Tandis que Red Line devenait de plus en plus visible, l’origine du brouillard humide qui les avait mouillés de la tête aux pieds s’expliquait désormais : il s’agissait plus d’une forme de condensation liée à la forte pression des vagues qui s’écrasaient contre la roche et projetaient des gouttelettes dans les airs, à la manière d’un arroseur automatique. Or, plus la montagne se rapprochait et plus ils s’en prenaient plein la tronche.

Heureusement ou malheureusement pour eux, ils n’étaient pas les seuls. Les autres équipages chantaient plus pour se donner du courage, à l’approche de la terrible épreuve qui les attendait, qu’autre chose.

Et tandis que la bruine dense et lourde assommait presque les membres de l’équipage du Matheson, les yeux d’Anna purent enfin percer à travers le fin voile de brouillard pour voir les quatre vaisseaux et l’épais mur rouge… constellé de carcasses n’ayant pas eu la chance de passer de l’autre côté.

Une seconde plus tard, une voix retentissait sur la proue du navire : celle de Lilly, équipée d'une longue vue qui faisait la vigie tandis que le navigateur jouait le rôle de timonier.

« - Jolly Rogers à l’horizon ! Quatre navires unis sous le même pavillon… et ils se dirigent eux-aussi vers Reverse Mountain !

- Bon sang, c’est bien notre veine ! Que fait-on Roy ? Tu n’espères tout de même pas continuer à foncer tête baissée alors que… Oh non je connais ce visage. C’est ton visage du préparez vous on va avoir des problèmes Roy ! Ton visage de on va avoir de foutus problèmes ! »


Dernière édition par Annabella Sweetsong le Jeu 2 Nov 2017 - 12:14, édité 1 fois
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- Foncer tête baissée ? répéta le jeune capitaine avec un sourire. Ce n'est pas une mauvaise idée, commenta-t-il ensuite avec innocence, s'attirant immédiatement un grognement exaspéré de la part du navigateur. Non sans rire, reprit-il ensuite avec un peu plus de sérieux, il y a moyen de faire autrement tu penses, passer tranquillement entre eux ?

En réponse, les mains du blondinet lâchèrent le gouvernail. Fusil à l'épaule, Moria regarda au travers de sa lunette de visée, étudiant les navires au loin. La brume alentour perdant peu à peu en intensité, la visibilité s'améliorait par les secondes et il était clair qu'il n'y avait pas d'obstacles immédiats en avant. Premier de l'équipage à les avoir aperçus, le navigateur était maintenant en train de détailler ce qui semblait être une petite flotte pirate.

 - Je ne sais pas trop, hésita-t-il sans détacher ses yeux du viseur, ils naviguent à la file indienne et on est exactement au niveau du navire de tête. Si le canal est trop étroit on risque de se retrouver un peu serré j'en ai peur.

 - Quels navires ? demanda Merry sur le pont, haussant le ton pour se faire entendre par-dessus les chants marins des pirates, de plus en plus sonore à mesure qu'ils se rapprochaient d'eux.

 - Trois sloops en avant et un brick qui ferme la marche, répondit le navigateur. Plus qu'à savoir si...

 - La vache c'est une grosse montagne ! le coupa Mochi à la proue du navire.

Tous se tournèrent en direction du docteur et, voyant qu'il contemplait intensément quelque chose droit devant, ils suivirent son regard. Le spectacle qui s'offrit soudain à eux les pétrifia sur place, tous autant qu'ils étaient.

 - Red Line, parvint à souffler Roy après quelques instants.

Ils la distinguaient enfin, une immense montagne s'étendant en ligne droite d'un horizon à l'autre. Levant les yeux, les pirates novices restèrent bouche bée devant l'écrasante démesure de la paroi grimpant au ciel jusqu'à perte de vue. La mer venait se fracasser contre le mur, provoquant des torrents d'écumes et une fine et constante bruine, laquelle devait avoir facilité l'apparition du brouillard qui les avait jusque-là enveloppé.

 - Et voilà l'entrée, enchaîna Mochi en levant un doigt.

Plissant les yeux, le reste de l'équipage regarda dans la direction pointée par le docteur. Effectivement, ils aperçurent une voie dans la montagne, un canal perçant la roche et qui semblait parcourue d'eau.

Ni une ni deux, le navigateur pointait son fusil en direction de la voie.

 - Mmh..., lâcha-t-il après quelques secondes, il me semble qu'il y a assez de place pour notre caravelle et l'un de leurs sloops, mais ce sera juste.

Les yeux fixés vers la flotte pirate sur leur droite, Roy hocha la tête tout en étudiant leurs options.

 - Ça me semble risqué tout de même, on ne peut pas simplement leur passer devant ? demanda-t-il à Moria.

 - Négatif, lui répondit ce dernier, grâce au manque de précision d'une certaine personne (il leva la carte et la secoua devant le visage du capitaine qui se renfrogna instantanément) on arrive en diagonale et eux en ligne droite, même s'il y avait du vent pour faire parler la vitesse du Matheson Sorrow, on ne parviendrait pas à les dépasser.

 - On peut ralentir alors, jeter l'ancre le temps qu'ils nous passent devant ? proposa Roy en réponse.

 - Hors de question, le navire finirait disloqué par la chaîne, le courant est bien trop fort.

 - Zut... peut-être qu'ils nous laisseront nous glisser dans le passage en même temps que l'un des sloops alors ? se demanda alors le jeune capitaine optimiste pour lui-même.

 - Mouais, je compterais pas trop là-dessus, commenta Moria en triturant nerveusement la roue de direction, inquiet. A leur place j'éviterais de prendre un tel risque pour des inconnus et je coulerais le navire de trop avant qu'il soit trop prêt pour poser problème.

 - Ils ont arrêté de chanter en tout cas, commenta Lily à côté d'eux. Soit c'est Reverse Mountain qui leur a cloué le bec, soit ils nous ont aperçus et ça les a distrait.

Vérifiant ses dires, les deux hommes se mirent à écouter attentivement. Effectivement, les intonations des pirates ne raisonnaient plus dans l'air, seule restait l'énorme bruit de vrombissement d'eau qui se faisait de plus en plus assourdissant à mesure qu'ils approchaient du canal.

 - Tu as une bonne oreille dit donc, fit remarquer Roy à Lily, un sourire narquois sur le visage.

Comprenant l'allusion à peine voilée au fait que techniquement, elle ne possédait pas d'oreilles (en effet, elle avait à la place deux petits trous de chaque côté de la tête, dissimulés par ses branchies), la belle
femme-poisson lui tira la langue, non sans qu'un léger gloussement ne lui ait échappé au préalable.

 - Que fait-on alors ? demanda Merry un peu plus loin, occupée à charger les canons d'abordages en proue.

 - On tente l'approche à l'amiable pour commencer, décida le navigateur, reprenant la moins désastreuse des idées du capitaine, sans se soucier de lui demander son avis.

Roy ne fit pas de commentaires, conscient que son second savait ce qu'il faisait. Les mains expertes de ce dernier tournèrent le gouvernail, modifiant la trajectoire du navire qui se mit à avancer vers le canal en ligne droite, en diagonale par rapport à la falaise et à la petite flotte pirate.

Le silence s'installa rapidement sur le Matheson Sorrow, l'équipage du Tyran attendant anxieusement la réaction des quatre navires inconnus face à leur approche régulière. L'enjeu était de taille : telle que les choses se présentaient, à moins que les pirates adverses - dont la trajectoire pour atteindre le canal était parfaite -  n'acceptent de leur faire une place aux côtés d'un de leurs sloops, ils allaient se fracasser sur la montagne. Prudent, Moria ne cessait de faire des allers-retours du regard entre l'entrée de Reverse Mountain et la petite flotte, ses mains serrant fermement le gouvernail. En silence, il nota que le vent se levait à l'approche du canal, comme si un immense courant d'air s'engouffrait à l'intérieur. La force du courant allait également crescendo à mesure qu'ils progressaient vers la montagne.

 - Quelle poisse..., grinça-t-il finalement des dents, si seulement ils n'avaient jamais été là... on aurait pu passer sans le moindre problème.

Comme en réponse à son souhait, tous les canons de la flotte entrèrent en action au même moment. Exprimant clairement le refus des pirates à la demande implicite du Matheson Sorrow, une pluie de boulets de canons fusa dans l'air dans un concert de détonations. Jurant dans sa barbe, Moria donna un grand coup de gouvernail sur la gauche, faisant instantanément bifurquer la caravelle à bâbord. Dans un même mouvement, Roy et Mochi dégainèrent leurs armes et se tinrent prêts à intercepter les projectiles, Merry jurant en se cramponnant au bastingage, Lily s'agrippant à une corde au milieu du pont.

Heureusement pour eux, les pirates avaient mal calculé leur coup. D'une part ils n'avaient pas attendu assez longtemps que la caravelle se soit suffisamment approchée. D'autre part, avançant en ligne droite vers le canal, ils s'étaient retenu de dévier de leur trajectoire, ce qui avait eu pour conséquence un mauvais ajustement de leurs tirs. Ainsi, la quasi-totalité des tirs de canons atterrirent dans l'eau autour du Matheson Sorrow. Les quelques rares boulets menaçant le navire se firent tous intercepter en plein vol par le duo le plus puissant de l'équipage du Tyran : Roy et Mochi qui se firent un devoir de trancher les projectiles à coup d'aiguilles ou de sabre.

La première salve se fit immédiatement suivre par une seconde, plus désordonnée, les temps de rechargements entre les différents sloops et le brick n'étant pas les mêmes. Indifférent à leur agitation, la caravelle abandonna sa trajectoire en diagonale et continua son chemin, droit vers la falaise. Moria avait eu vite fait de les remettre hors de portée des tirs.

 - On va rater l'entrée, commenta simplement Merry sur le pont du navire, assez calme compte tenu de la situation.

 - Je sais ce que je fais, rétorqua le blondinet en poursuivant sa manœuvre.

A l’affût du moindre boulet de canon pouvant les atteindre, le capitaine et le docteur ne firent pas de commentaires. Tout reposait sur le navigateur à présent.

 - Je vais essayer de ralentir et passer derrière eux, lâcha ce dernier, déterminé à les sortir de cette fâcheuse situation, autrement on devra passer en force. Je nous maintiendrais hors de portée le plus longtemps possible mais tôt ou tard il faudra qu'on rejoigne le canal, tenez-vous prêt à intercepter les boulets, dit-il à l'intention du duo de surhomme. Lily, donne-moi une demi-voile, on va mettre ce vent à profit pour ralentir.

Assignée au cordage, par la force des choses, la femme-poisson mit à profit la force supérieure sa race. En forte contradiction avec sa délicate apparence, la comptable obtempéra et tira sur une lourde corde avec une déconcertante facilité. Pendant ce temps, le Matheson Sorrow déviait encore un peu plus sur la gauche, s'éloignant carrément de la flotte pirate cette fois-ci, ainsi que de l'entrée de Reverse Mountain. Le reste de l'équipage échangea des regards inquiets, mais laissa quand même le soin au navigateur chevronné de faire parler ses talents. Ainsi, ce dernier tenta le tout pour le tout en essayant par tous les moyens de freiner l'avancée du navire, inexorablement entraîné par le courant qui convergeait vers le canal.

En temps normal il aurait bêtement fait des zigzags qui leur auraient fait perdre du terrain par rapport à la flotte ennemie, mais à quelques centaines de mètres de la paroi il n'en avait plus le temps. Aussi les hommes et femmes du Tyran assistèrent en silence à la manœuvre osée de Moria, qui adopta une trajectoire courbe jusqu'au canal. Continuant d'abord tout droit, le Matheson Sorrow commença lentement à bifurquer sur tribord. Leur avancée se mua en un arc de cercle qui les amena bientôt à longer la montagne,. Ils étaient à l'abri des tirs de canons ennemis et avançaient vers l'entrée du canal, mais malgré cela la mine du navigateur s'assombrit au fur et à mesure des secondes qui s'égrenaient.

 - Je vais pas y arriver..., grogna-t-il finalement quand il apparut clair que la caravelle n'allait pas passer derrière le brick.

Un rapide calcul mental et le navigateur comprit qu'ils atteindraient le canal en même temps que le troisième sloop. Il en informa le capitaine, lequel fit un moulinet de son sabre ponctué d'un sourire féroce.

 - On passe en force alors, conclut Roy en faisant signe à Mochi de l'accompagner à la proue du navire.

Un air d'envie sur le visage, le jeune capitaine vit le premier sloop ennemi disparaître à l'intérieur de la montagne. Déterminé à se frayer à son tour un chemin dans le canal - il était hors de question que le début de son aventure sur Grand Line se termine ainsi -, il se prépara tout comme le docteur à ses côtés. Depuis le temps leurs adversaires devaient avoir réalisé leur plan. Le Matheson Sorrow avançant en plein dans le flanc des pirates, il fallait s'attendre à essuyer une nouvelle salve d'un moment à l'autre. A une cinquantaine de mètres à peine de l'entrée de Reverse Mountain, le courant était maintenant d'une terrible puissance. De ce fait, bien que la caravelle avance de manière quasi parallèle à la paroi, elle se faisait inexorablement attirer vers les rochers.

Une fraction de seconde avant qu'il passe à son tour dans le canal, le deuxième sloop lâcha une bordée. Les boulets de canons fusèrent sur l'équipage du Tyran, mais situés en première ligne, Roy et Mochi étaient prêts. Agissant à une vitesse surhumaine, ils interceptèrent les projectiles au vol, déviant ou découpant tous ceux qui menaçaient de démolir leur bâtiment. Le navire adverse passé dans la voie, les deux surhommes retombèrent sur leurs pieds juste à temps pour voir le troisième sloop arriver à la suite de son prédécesseur.

 - Moria ?! appela Roy après quelques secondes, quand il apparut clair que la caravelle et le bâtiment ennemi allaient se percuter à l'entrée du passage.

Réagissant dans un juron, le navigateur lâcha le gouvernail des mains. Dans un même mouvement, il cala son pied sur la roue de direction afin de la maintenir en place et décrocha son fusil. Tandis qu'un peu plus loin Merry Read actionnait l'un des canons de chasse à l'avant, faisant sauter le mât du navire adverse avec brio, Moria visa en une fraction de seconde et tira.

Le timonier du troisième sloop ne sût jamais ce qui lui tombât dessus. Fauché d'une balle en pleine tête, il s'écroula sur sa propre roue de direction qu'il entraîna dans sa chute. Cela arriva au moment le plus crucial de l'entrée de la Route de tous les Périls : le passage dans la voie où la moindre erreur de navigation risquait de vous précipiter dans la montagne. Avant que les compagnons du timonier défunt ne prennent conscience de ce qui s'était passé, le navire bifurqua sur la droite et fonça dans la première des arches qui ornaient l'entrée du canal.

Au même instant, Moria lâchait son fusil et reprenait les commandes du navire. Avec un grognement féroce, il fit rouler le gouvernail sur sa gauche alors que le Matheson Sorrow arrivait au niveau du canal. Dans un tonnerre de craquement de bois, comme si elle protestait contre cette manœuvre brutale, la caravelle fit un virage serré sur bâbord - quasiment à quatre vingt dix degrés - et se retrouva dans la position idéale pour s'engouffrer dans Reverse Mountain. Emportée par son élan, elle ponctua son mouvement en percutant le sloop avec une force considérable, flanc contre flanc, prenant effectivement sa place à l'entrée du passage.

Les deux navires pénétrèrent la voie simultanément, le Matheson Sorrow en plein milieu, le sloop déporté de force sur la droite par l'action conjuguée de son timonier mort et de la charge de la caravelle. Jetés à terre par le choc précédent, les membres de l'équipage du Tyran se relevèrent juste à temps pour voir le navire ennemi percuter de plein fouet le pilier de l'arche à leur droite.

Le choc fut terrible. Un bruit assourdissant se réverbéra à des kilomètres à la ronde tandis que la montagne tremblait littéralement sur ses fondations. Dépassant la carcasse du sloop qui s'était instantanément disloqué à l'impact, la caravelle poursuivit son chemin dans le canal et entama son ascension. Encore secoués par leur entrée miraculeuse, les membres de l'équipage du Tyran n'eurent que quelques secondes pour intégrer le fait qu'effectivement, ils étaient  en train d'escalader une montagne à bord d'un navire, porté par un courant ascendant surpuissant. Les picotements qui leur parcouraient l'estomac, sensation aussi intense que nouvelle, étaient assez explicite. En silence, ils échangèrent quelques regards émerveillés, trop heureux d'avoir passé ce premier obstacle qui leur mettait les nerfs à vif depuis une bonne heure déjà. 

Ils furent brusquement ramenés à la réalité par un bruit dans leur dos. Une main plaquée sur le gouvernail pour maintenir le cap, Moria tourna la tête en arrière juste à temps pour voir le brick à leur suite - quatrième et dernier bâtiment de la flotte ennemie - fracasser la carcasse du sloop sur son passage avant de leur emboîter le pas dans le canal. Les yeux emplis d'horreur, le navigateur remarqua sans peine l'éperon brillant du navire tandis qu'il gagnait rapidement de la vitesse sur eux.

 - Toute voile dehors ! hurla-t-il instantanément, reportant son attention en avant.

Obéissant sans réfléchir, Lily tira un coup sec sur une corde et libéra toute la voilure du bâtiment. Un vent puissant soufflait dans le canal, si puissant que la caravelle sembla littéralement bondir en avant, forçant une fois de plus ses passagers à se cramponner pour éviter de passer par-dessus bord.

Le Matheson Sorrow était un navire étudié pour la vitesse. Tout de sa conception jusqu'à sa création avait été pensé pour améliorer son tirant d'eau et jusqu'à présent, il avait honoré cette vision en faisant montre d'une remarquable vélocité, très inhabituelle pour un vaisseau des mers bleues. Cela n'était rien en comparaison de la vitesse qu'il atteint en cet instant. Le vent puissant, associé à la force impérieuse du courant démultiplia les qualités du navire, qui fusa au travers du canal et distança sans peine le brick à ses trousses, ainsi que son éperon menaçant.

Les yeux rivés en avant, Moria ne distinguait pas le sommet de la montagne et n'avait de ce fait pas la moindre idée du temps qu'allait prendre l'ascension (encore une information qu'avait omis de récupérer son estimé capitaine). En revanche, il voyait très clairement les deux sloops qui les avaient précédé dans le canal : la caravelle gagnait rapidement du terrain sur eux et n'allait pas tarder à les percuter. Très rapprochés l'un de l'autre étrangement, les navires ennemis se côtoyaient presque, comme s'ils avaient chacun peur de continuer sans l'autre.

Une horrible idée traversa l'esprit de Roy à cette vision. Dévisageant le docteur de l'équipage et se remémorant ce que ce dernier lui avait expliqué à propos de son pouvoir, il mûrit instantanément son plan et fit signe à Moria de continuer à pleine vitesse. Tandis que la caravelle continuait son ascension fulgurante de la montagne, le duo aller se placer tout à l'avant du navire, à l'extrémité de la proue et attendit là qu'ils aient rattrapé les sloops. Quelques secondes avant de les percuter, ce fut le moment que choisit le navigateur pour faire signe à Lily de remonter la voilure. La femme-poisson avala des mètres de corde en un instant et affala les voiles du navire.

Ce dernier perdit de son accélération et freina brusquement, ce qui eut pour effet de projeter Mochi et Roy en avant. Non content de ne pas se cramponner à un cordage de la caravelle, les deux hommes accompagnèrent carrément le mouvement d'une brusque impulsion des jambes, bondissant loin au-devant du Matheson Sorrow.

Leur vol plané sembla durer un temps infini. Les eaux tumultueuses du canal déferlant en dessous d'eux, ils parcoururent des dizaines de mètres dans les airs, emportés par l'élan initial que leur avait procuré la caravelle. Autour d'eux, seul le sloop adverse leur apparaissait clairement, les parois rocheuses aux coins de leurs yeux réduites à un flou marron et informe. Comme au ralenti, leur altitude par rapport au navire diminua progressivement tandis qu'ils se mettaient à survoler son pont, sur lequel ils finirent par atterrir avec souplesse.


Dernière édition par Roy D. Aston le Mar 2 Jan 2018 - 5:06, édité 2 fois
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Fraîchement embarqué sur le pont du navire qui devançait le leur, ils furent accueilli par une bande de brigand hostile vociférant -A raison sans doute- contre les nouveaux arrivants. Et très vite, ils furent assaillis par une marée humaine et belliqueuse de guerrier armé de mousquets et de sabres en tout genre. Mais avec une habileté sans pareille, Roy et Mochi évitaient les coups qui leurs étaient portés et rendaient au centuple les attaques qu'on tentait misérablement de leur infliger. C'est avec une aisance notable qu'ils combattaient dans cette lutte quasi unilatérale. Et ils semblaient danser, virevoltant entre l'armée ennemi comme s'il s'agissait là d'un spectacle ordonné et préparé à l'avance. Et plus ils mettaient de ces gars au tapis et plus il en débaroulait d'autre, qui continuaient, par centaine, à s'approcher vigoureusement.

Mochi se régalait de ses nouveaux pouvoirs et, plutôt que de terrasser ses adversaires, il les cousait. Il voyait des milliers de possibilité et d'usage à son fruit. Au sabreur il cousait les pieds aux planches du navire. Aux tireurs, il cousait les mains sur leurs armes de tel sorte que la gâchette leur fut inaccessible. Certains il les liait entre eux, ce qui avait pour effet de les déséquilibrer et de les faire, lamentablement chuter. Il s'amusait, littéralement, cherchant les limites, les failles de son nouveau pouvoir. Tout ce qu'il s'imaginait pouvoir faire, il le tentait. Il s'amusait. Si bien qu'il en oubliait ce qu'il faisait là, qu'il oubliait pourquoi il se battait. Il ne pensait plus au Matheson Sorrow qui avançait, toujours plus rapide et qui menaçait de se fracasser contre les deux navires qui le devançait.

"Mochi !" Hurla le capitaine, qui d'un coup d’œil en l'air le rappela du pourquoi de leur présence sur ce rafiot. Empêcher le choc.

"Qu'est ce que t'as en tête exactement ?!"
hurla en réponse le toubib. Et comme il posa la question, la réponse lui vînt immédiatement à l'esprit, sans que Roy n'eut à répondre.

Accompagnant ce regard aérien, le toubib redécouvrit les mâts des deux navires ennemi qui s'entrechoquaient. Causant à chaque fois un bruit fort mais largement camouflé par le bruit puissant de l'eau. Aussitôt, le binoclard abandonna ses coutures et, prenant appui sur la tête du le plus proche, bondit au pied du mât qu'il escalada promptement. Il y grimpa prestement, avec une aisance de macaque, pendant qu'en bas, le tyran le couvrait, continuant son combat contre la foule hostile.

Parfois, le navire frappait un rocher avec une violence telle, que le toubib glissait, mais jamais il ne tomba totalement du mât auquel il s’accrochait comme si la vie lui en coûtait. Si bien que, bondissant d'argue en argue, il finit par attendre le sommet. La une sentinelle était accrochée, épée en main. Le toubib s'approchant pour frapper ne put rien faire, car le bonhomme largement secoué vomissait tout son dernier repas, menaçant de lui dégobiller à la gueule. Mais l'endroit -tout à fait approximatif- où les deux mâts se heurtaient, surplombait d'un mètre à peine là tête du malade. Et Mochi n'était pas dans un angle suffisamment favorable pour bondir au dit point. Alors, bravant le péril et prenant l'immense risque de se faire gerber dessus, il bondit sur le malade et lui asséna un léger coup à la nuque. Suffisant néanmoins pour qu'il tomba dans les vaps. Il laissa là le bonhomme, dans une position telle, qu'il eut pu continuer de vomir, tout inconscient qu'il était, sans s'étouffer non plus dans l'immonde dégueulis qui quelques heures plutôt devait ressemblait à un appétissant clafoutis. Ou, du moins, une part de clafoutis.

Passant son chemin par dessus le malade, le toubib n'était plus qu'à un petit mètre de l'endroit ou les mats avaient tendance à s'entrechoquer. C'était, bien entendu, une estimation approximative, car en réalité, le point exact de la rencontre entre les deux piliers variaient à chaque coup. En outre ces coups n'étaient pas à intervalles réguliers et ils variaient plus ou moins. Assujettis aux fluctuations aquatiques. Le toubib, s'agrippant au solide bout de bois se hissa un peu plus haut, prêt à coudre. Mais il rata le premier heurt. Pour le deuxième, le toubib se tint prêt. Il avait enroulé ses jambes et son bras gauche autour du mât, pendant que son bras droit, libre, tenait une aiguille. Il avait déjà planté une fois dans le pilier auquel il était accroché et se tenait tout à fait prêt pour le planter dans le second dès le prochaine secousse. Et quand les mâts frappèrent, il commença, aussi vite qu'il put, mais dans sa position, il ne pouvait faire preuve de la même vélocité qu'à l'accoutumé et le mât s'éloigna à nouveau faisant exploser les quelques coutures qu'il était parvenu à tisser.

La troisième touche fut accompagnée d'une secousse si violente, que le boulonné glissa sur, manquant de peu de s'exploser les valseuses. Il se reprit vite et jeta un regard au pied du mât. En bas, Roy se castagnait encore avec les pirates. A l'arrière, la situation était plus inquiétante, le Matheson Sorrow approchait encore, et il était tout prêt de frapper l'arrière des deux navires. L'équipage sur le pont se démenait, mais Mochi ne put exactement déterminer ce qu'il s'y tramait. Et d'ailleurs, il n'en avait pas le temps. Remontant sur le mât, il eut l'idée d'une nouvelle tentative. Il allait coudre avec les deux mains.

Pour cela, il fit apparaître deux fils deux coutures et cousu ses chaussures au mât du navire. Delà il se dressa à la verticale. Ou plutôt, à l'horizontale. Pareil à une barre de flèche. Il s'accroupit alors, pour se rapprocher du mât et armé de ses deux aiguilles il attendit. A peine six secondes plus tard, les mâts se touchèrent et le toubib, avec une habileté peu commune et une célérité incroyable, cousu finalement les deux mâts ensemble.

Jusqu'à présent, les navires ne se frottaient qu'en cet endroit et ce choc avait pour effet de préserver le reste du navire ou plus particulièrement de l'ensemble des voiles et mâts, qui ne se touchaient point en d'autres endroit qu'en celui qui venait d'être cousu. Mais maintenant ce n'était plus le cas. La voiles, le mât et toutes ses branches se heurtaient en des endroits divers. Le toubib alors se décrocha et bondit sur chacun de ses points. Un à un il les cousait. Il cousu en tant d'endroit que bientôt, les voiles des deux navires ne faisaient plus qu'un.

Empêchant ainsi les coups, le toubib empêchait l'éloignement des deux sloops, les deux navires se rapprochaient toujours plus. Si bien que les coques des rafiots commençaient à se frotter l'un l'autre et la pression qui les attiraient inexorablement se faisait toujours plus forte et les bois de chaque bâtiment craquaient en des bruits destructeurs.

Le processus de destruction des navires n'en resterait pas moins long. L'histoire de quelques minutes au moins. Et le Matheson Sorrow était désormais à porté de saut -Un saut sans utiliser quelques élans comme ils le firent precedement- et il semblait au binoclard que le Matheson percuterait les deux sloops bien avant que ceux ci ne soient envoyés dans les profondeurs de la montagne.


Dernière édition par Mochi le Mar 21 Nov 2017 - 16:59, édité 2 fois
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Aussi rapidement que sûrement, le navire filait vers son destin. Si le navigateur tenait fortement la barre et parvenir à garder une trajectoire rectiligne, la perspective prochaine de percuter les deux sloops en amont ne le rassurait absolument pas.

« - Ils ont intérêt à assurer. avoua-t-il à la jeune femme qui se tenait à ses côtés, occupée à préparer les derniers canons.

- Je n’ai pas bien saisi leurs objectifs, cependant… Mais une chose est sûre, si l’on doit se frayer un passage à coup de canons, ça ne va pas être de la tarte. »

Outre leurs petites calibres, les canons de douze livres chargés à bord manquaient cruellement de puissance : s’ils avaient été entretenus jusque-là avec les connaissances rudimentaires du personnel de bord, c’était principalement leur qualité bon marché qui pêchait. Toutes les meilleures maintenances du monde ne pouvaient pas rendre un mauvais matériel plus performant. Que des pirates naviguassent sur un rafiot mal armé, la directrice ne pouvait que s’en satisfaire ; mais qu’elle dût se trouver sur ce même rafiot la plongeait dans une panique certaine.

« - Bon sang, si ça continue il va falloir employer les grands moyens !

- Tu as dit quelque chose ? »

Dans les gréements, la jeune femme-poisson au teint bleuté la regardait fixement. Depuis le départ de Mochi, visiblement parti en reconnaissance avec le capitaine, elle assistait le navigateur dans ses multiples opérations.

Sur le point de répondre, l’agente fût promptement interrompue par un grondement soudain, en amont de leur position. Les trois visages des membres d’équipage pivotèrent alors comme d’un bloc pour admirer le spectacle. Sous leurs yeux étonnés, une silhouette blanche se baladait dans les voiles ennemies… et les cousait ensemble. Bientôt, ce furent les deux navires qui furent fusionnés l’un à l’autre par les curieux filins. L’œuvre du médecin de l’équipage… celui d’un fruit du démon.

« - C’était donc ça leur plan… » laissa échapper Brittania tout en maintenant le cap.

Passant donc à proximité des deux navires, désormais repliés sur la droite du canal et lamentablement en train de s’échouer progressivement, le Matheson réceptionna Mochi puis Roy. L’approche avait été une manœuvre nécessaire, mais particulièrement risquée et le blondin ne tarda pas à s’en rendre compte, lorsque les deux sloops s’écrasèrent contre l’une des falaises adjacentes dans un craquement monstrueux.

Soudainement, le navire des Tyrans se mit alors à tanguer dangereusement, secoué par un contre-courant l’amenant à une vitesse vertigineuse vers le versant opposé du canal.

« - Fait chier !

- Qu’est-ce qu’il se passe ?!

- Il se passe que le gouvernail ne répond plus et que nous allons percuter la montagne à cette vitesse !! »

La situation était soudainement devenue catastrophique : tandis que les deux pirates partis à l’abordage s’accrochaient tant bien que mal au bastingage, à tribord, le timonier pesait lui sur tous ses appuis pour freiner la collision et Lily tentait tant bien que mal de ne pas tomber. Alors que chacun semblait avoir le regard vrillé sur sa propre priorité, Anna gagna sans grande difficulté les cordages noués au parapet gauche pour observer la côte se rapprocher à vue d’œil et libéra, aussi discrètement que possible, une onde sismique pour à la fois repousser le navire du danger imminent et produire une vague assez puissante pour les ramener au centre du fleuve.

Retrouvant soudainement du mou dans son gouvernail, Moria ne chercha pas une seule seconde à comprendre le pourquoi du comment et profita de la force du courant pour mettre le navire hors de danger. Satisfaite, l’agente se permit de souffler tout en essuyant son front moite de sueur avant de vérifier que personne ne l’avait vue agir. Par chance, chacun semblait encore perturbé par ce qu’il venait de se passer et leurs regards étaient désormais rivés vers les amas de roches contre lesquels ils avaient failli s’écraser.

« - Bon sang, j’ai cru venir notre fin !

- Bon boulot Moria ! applaudit le capitaine tout en se redressant.

- Mais… je ne comprends pas… je n’ai absolument rien… bredouilla le concerné, les yeux vides et le regard perdu.

- Il est peut-être encore un peu tôt pour se réjouir… »

Grimpant sur le gaillard arrière, le médecin de bord n’avait pas tardé à identifier la tâche sombre du brick ennemi gagnant inexorablement du terrain sur le Matheson. Son éperon saillant semblait définitivement vouloir venger les carcasses éventrées des trois sloops perdus lors de la traversée du canal.

« - Il est encore un peu loin mais… oui, à cette vitesse et avec cet angle ça pourrait fonctionner !

- Hein ? »

Elle l’avait remarqué, quelques jours plus tôt. Généralement dissimulé par une épaisse bâche noire, le canon singulier installé au centre du pont n’avait pourtant pour elle aucun secret. Il s’agissait de l’un de ces canons qu’elle avait d’ores et déjà contemplé en état de marche sur plusieurs champs de bataille : à Bulgemore, à Karantane et aux Pythons Rocheux. Dévastateurs, ils avaient toutefois l’inconvénient de posséder une portée réduite.

Saisissant donc le drap imperméable, la jeune femme dévoila sans peine la silhouette noire du mortier que le capitaine avait eu la bonne idée d’installer à bord.

« - Lily, peux-tu me donner la position du navire ennemi ? » demanda l’albinos tout en faisant pivoter le canon sur ses gonds, avant de l’armer judicieusement en poudre et en boulet.

S’effectuant, la femme-poisson évalua la distance qui se réduisait entre le brick et la caravelle, tandis que la canonnière ajustait précautionneusement l’angle de tir, en prévision de la position future du bâtiment ennemi. Ce après quoi elle enflamma la minuscule torche soigneusement entreposée à côté du mortier et envisagea de mettre le feu à la mèche du détonateur. Puis se résigna.

Près d’elle, le capitaine Roy la regardait faire avec un mélange de curiosité et d’émerveillement. Toutefois, à mieux y réfléchir, ce n’était pas à elle que revenait l’honneur de réaliser ce dernier tir. Et par choix de se faire bien voir, elle se redressa pour tendre la torche à son supérieur.

« - À vous l’honneur, capitaine Roy.


Dernière édition par Annabella Sweetsong le Mer 15 Nov 2017 - 3:13, édité 1 fois
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Les yeux brillants, Roy se saisit de la torche qu'on lui tendait et se précipita immédiatement sur la mèche. Une fraction de seconde avant de l'allumer cependant, il suspendit son geste.

 - Je l'allume maintenant là ? demanda-t-il en se tournant vers Merry, pris d'un doute.

La caravelle eut un soubresaut avec la force du courant. Tandis qu'une gerbe d'éclaboussures explosait autour d'eux, la flibustière cligna plusieurs fois des yeux, le temps que son esprit assemble ce qui venait de se passer.

 - Mais évidemment pas dans trois heures ! s'écria-t-elle finalement, provoquant un sursaut chez le capitaine pirate qui abaissa enfin sa torche.

Dans une gerbe d'étincelles, la mèche se consuma en moins d'une seconde et le mortier expulsa son projectile. Tandis que Roy et Merry grimaçaient de douleur, momentanément assourdis par la puissante détonation, Lily et Mochi suivirent le projectile du regard tandis qu'il fusait haut dans le ciel. Prenant en compte la vitesse relative des deux navires ainsi que leur vélocité dans le canal, la flibustière avait expertement dirigé le canon vers l'avant du Matheson Sorrow. Arrivant au sommet de sa trajectoire, haut dans le ciel, le boulet se mit lentement à chuter une cinquantaine de mètres en avant de la caravelle.

Se demandant si Merry avait bien calculé son coup, les deux pirates craignirent un instant que le boulet n'atterrisse sur le navire du Tyran. Toujours porté avec force par le courant de Reverse Mountain cependant, ce dernier atteignait une vitesse vertigineuse, telle qu'il était plus rapide que le tir de mortier. La caravelle dépassa bientôt le point de chute du boulet et les deux compagnons reportèrent leur attention sur le brick qui les suivait de près. En silence, ils observèrent le navire ennemi s'aventurer sous la trajectoire du projectile pile au moment où celui-ci terminait sa chute.

Ce qui aurait pu être un coup de maître eut néanmoins sur un résultat des plus décevants. En retard de quelques secondes semblait-il, le boulet n'atterrit pas en plein milieu du brick comme l'avaient escompté les pirates du Tyran. Chutant sur la poupe dans une redoutable explosion, le tir de mortier érafla l'arrière du navire sans provoquer de dégâts de majeurs, bien qu'il eut soufflé quelques pirates ennemis à l'impact.

 - C'était un joli tir, commenta bientôt Mochi sur le pont du Matheson Sorrow.

 - Moui, renchérit Lily à son tour, vous leur avez gratté les fesses, c'est déjà pas si mal.

Se retournant de concerts, ils quittèrent des yeux le brick aussi fier et pimpant que précédemment avec son éperon brillant, et reportèrent leur attention sur Merry et Roy, lesquels étaient maintenant occupés à se disputer.

 - Je suis désolé c'était pas clair comme instruction ! protestait le jeune capitaine face à sa subalterne furibonde.

 - Quand je vous ais tendu la torche j'ai dit "A vous l'honneur", je l'ai pas dit ça peut-être ?! s'insurgeait-elle en réponse.

 - Ouais je vois pas ce que ça a de clair comme instruction ! Comment j'étais censé savoir qu'il fallait tirer là maintenant tout de suite ?!

 - Quoi vous avez le cerveau en panne ?! Le simple bon sens vous échappe ?!

 - Moi au moins quand je dis des trucs on pige ce que je raconte !

 - RAAAH vous êtes viré vous entendez ?!

 - Ah ouais ?! Eh ben vous êtes TOUS viré ! Bande de nazes !

Tandis que le regard de Moria faisait la navette entre la route et le brick qui les poursuivait, le docteur et la comptable de l'équipage continuaient à flâner sur la rambarde du gaillard arrière. Ils profitaient tranquillement du spectacle, observant la flibustière se mettre à recharger le mortier tout en invectivant copieusement son capitaine, lequel le lui rendait bien.

 - C'est marrant Roy devient malpoli quand il s'énerve..., commenta Mochi au bout d'un certain temps.

 - Bon si on attend ces deux corniauds pour nous sortir de là on sera jamais rendu..., intervint le navigateur derrière eux, le seul qui semblait encore conscient du danger, il va falloir se bouger si on veut échapper à ce brick.

Rappelés à l'instant présent, les deux membres d'équipage se redressèrent à contrecœur. Tandis que Roy et Merry continuaient de se pouiller la tête un peu plus loin, Lily attrapa une corde du gréement et Mochi se saisit d'une longue-vue pour observer le navire ennemi.

 - On est plus rapide qu'eux et la voie est dégagée maintenant, lâcha la femme-poisson immédiatement après, je donne toute la voile et on les distance ?

Une moue peu satisfaite traversa la mine du navigateur à cette idée.

 - Je ne sais pas, je préférerais qu'on en finisse ici et maintenant, si on attend d'être redescendu de la montagne pour les combattre on sera exposé à leurs rangées de canons.

 - Il nous suffit de continuer notre chemin et de les fuir, problème réglé !

Avec le vacarme provoqué par le courant et les embruns qui leur fouettaient régulièrement le visage, ils étaient parfois obligés de hausser le ton pour se faire entendre.

 - Ouais mais j'ai envie de m'arrêter au Cap des Jumeaux moi et probablement notre capitaine aussi... comment ça se présente Mochi ?

 - Ils ont l'arrière un peu noirci mais dans l'ensemble le brick en est ressorti parfaitement intact, raconta le docteur en observant au travers de sa longue-vue. Quoique... leur timonier a quelques problèmes avec sa roue de direction on dirait.

Ce dernier détail piqua l'intérêt du navigateur, qui reporta son regard en avant d'un air pensif.

 - Dans tous les cas ce n'est pas comme si un second tir de mortier - même avec le bon timing - allait les couler, commenta Lily un peu plus loin, impatiente. Je ne vois pas pourquoi tu hésites, le pressa-t-elle, donnons toute la voile et allons-nous-en.

 - Quels genres de problèmes Mochi ? demanda le navigateur en ignorant sa remarque. Leur roue de direction tu as dit ?

 - Oui, acquiesça le docteur en plissant les yeux, elle a dû être endommagée par l'explosion ou un éclat de bois, le type a du mal à la contrôler semble-t-il.

 - Très bien, fit le blondinet, prenant sa décision, Lily, affale les voiles.

 - Pardon ? s'étonna la jeune femme en écarquillant les yeux.

 - Fais ce que je dis s'il te plaît, on approche bientôt du sommet de la montagne, ça va se jouer très serré.

Consciente que cela allait faire ralentir le Matehson Sorrow et les mettre à la merci de leurs poursuivants, la femme-poisson hésita de longues secondes. Pressée par le blondinet cependant, elle finit par obtempérer. La mine soucieuse, elle manipula les cordes en silence et bientôt, la caravelle se mit à perdre de la vitesse.

Ressentant ce changement, Roy et Merry cessèrent enfin leur dispute et tournèrent la tête vers leurs trois autres compagnons. Curieux et inquiets - soudain le brick adverse leur paraissait beaucoup plus proche et continuait de gagner sur eux -, ils s'enquirent de ce qui était en train de se passer, seulement pour récolter un ordre aussi bref que sec de la part de Moria, qui leur intima de préparer le mortier.

Jetant à intervalles réguliers de brefs regards en arrière, le navigateur évaluait la position du brick à mesure qu'il s'approchait, éperon en avant. Les informations récoltées par son capitaine bien en tête, il avait une idée à peu près claire de ce qui les attendait au sommet de la montagne. Le canal était assez large pour accueillir le brick et la caravelle côte à côte, tout cela lui avait donné une idée qu'il était à présent en train de mettre à exécution.

Le navire adverse avançant au maximum de sa vitesse, le Matheson Sorrow lui faisait purement et simplement une faveur en le laissant le tâtonner, lui permettant même de le rattraper à une lenteur savamment calculée. Quand l'éperon se fût approché à moins d'une dizaine de mètres (naturellement, vu leur vitesse relative il n'y avait que peu de danger pour la caravelle en cas d'impact), Moria enclencha la seconde partie de son plan et ordonna à Lily d'affaler complètement les voiles.

Évitant de reproduire la même erreur que son capitaine un peu plus tôt, la femme-poisson n'hésita pas et avala des mètres de corde en un instant. Cette fois-ci, la caravelle perdit beaucoup de vitesse et le brick derrière sembla littéralement leur bondir dessus à l'équipage du Tyran. C'était sans compter leur navigateur qui immédiatement donna un grand coup de roue sur la droite, esquivant de justesse l'éperon des pirates ennemis.

Quelques instants plus tôt, Moria avait déplacé à dessein la caravelle près de la paroi gauche du canal, attirant le brick dans son sillage et libérant de la place sur la droite des navires. Le Matheson Sorrow avait donc toute la place du monde pour passer à côté du vaisseau ennemi, ce que personne sur Reverse Mountain ne semblait avoir réalisé à part le blondinet. Ce dernier sourit férocement tandis que le navire du Tyran s'engouffrait dans le passage que leur avaient involontairement laissé les pirates, laissant le brick les dépasser sans leur laisser le temps de réagir.

Durant quelques secondes, les deux navires sillonnèrent le canal côte à côte. Tandis qu'un unique canon du vaisseau adverse faisait feu à bout portant dans le flanc exposé du Matheson Sorrow, une partie de l'équipage ennemi (aussi désorganisé qu'il était surpris) eut la présence d'esprit de faire feu sur les occupants de la caravelle. Tandis que Lily et Merry plongeaient se mettre à l'abri derrière le mât, Roy et Mochi accueillirent la pluie de tir à coups de sabre et d'aiguilles, le premier en profitant même pour abattre trois pirates à coups de revolver à silex. Moria quant à lui, bien que toujours à la barre ne fût pas en reste. Sans même regarder où il visait, il attrapa son fusil d'une main et le pointa sur sa gauche avant de faire feu, son autre main guidant toujours la caravelle dans cette périlleuse manœuvre. Un deuxième timonier trouva la mort sous le feu du navigateur en cette journée, une fois de plus fauché sans jamais réaliser ce qui lui était arrivé.

 - Le sommet ! hurla Roy tandis que le brick achevait de leur passer devant.

Le regard porté loin en avant, le reste de l'équipage aperçut à son tour ce dont parlait le capitaine. De leur point de vue, le canal semblait se terminer en un immense geyser projetant l'eau de mer loin dans le ciel. C'était le point culminant de Reverse Mountain, l'endroit où les quatre courants des Blues se rejoignaient avant de se déverser dans la Route de tous les Périls. Tous autant qu'ils étaient, ils ne purent se retenir de déglutir devant ce spectacle.

Le brick ennemi fût le premier à atteindre le sommet. Emporté le courant, il se fit littéralement soulever et éjecter dans les airs sous les yeux ébahis des occupants du Matheson Sorrow, qui le suivait une dizaine de mètres en arrière. A son tour, la caravelle pénétra dans le geyser et fût immédiatement repoussée vers les cieux, son équipage se faisant plaquer au sol par la force pure de l'impulsion. Durant un court instant le monde cessa d'avoir du sens à leurs yeux, l'eau explosant des deux côtés de leur navire pour les envelopper dans un cocon aquatique qui les priva de toute visibilité. Puis aussi sûrement qu'ils étaient apparus, les deux murs d'eau se muèrent en une gerbe d'éclaboussure avant de disparaître, révélant un panorma immaculé aux occupants du navire.

Se redressant sur leurs pieds, ces derniers contemplèrent médusés le spectacle qui s'offrait à eux. Le Matheson Sorrow volait dans les airs, des dizaines de mètres au-dessus de Reverse Mountain et la vue était à couper le souffle. Tout était visible d'un bout à l'autre de l'horizon, à des milliers de kilomètres à la ronde. D'un simple mouvement de tête, ils pouvaient passer d'une Blue à l'autre et bien évidemment, la Route de tous les Périls se révélait à eux dans toute sa splendeur. Une avalanche d'émotions traversa l'esprit de Roy à ce spectacle, avant qu'il ne soit soudain distrait par l'ombre qui enveloppa soudain la caravelle.  Quelques dizaines de mètres au-dessus de leur tête, projetant des gouttelettes d'eau sur l'équipage du Tyran, le brick les surplombait avec arrogance, cachant la lumière du soleil en cet instant unique.

 - FEU !!! hurla Moria au même moment.

Tournant la tête vers le mortier, Roy aperçut Merry qui semblait avoir compris le plan du navigateur avec un temps d'avance par rapport au reste de l'équipage. Brandissant une torche, la flibustière enclencha la mise à feu de la pièce d'artillerie.


Dernière édition par Roy D. Aston le Mar 2 Jan 2018 - 5:07, édité 1 fois
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Dans un terrible vrombissement le mortier en un net mouvement de recul cracha un boulet qui fusa, -quasi à la verticale- fendant les airs jusqu'à atteindre la poupe du navire qu'il percuta en grand fracas, remuant puissamment le brick. L'impact néanmoins ne parvint pas à altérer la trajectoire du navire. Et si le trou dans l'arrière du bâtiment était gros, il n'avait pas suffit à mettre le bousin en pièce.

"Encore !" hurla Merry.

Et Mochi, attrapant un boulet vînt armer le mortier, pendant que la pirate changea la mèche du canon. Et immédiatement alluma la nouvelle mèche. Encore une fois, un boulet jaillit puissamment et une fois encore fondit vers le brick qui n'avait pas encore commencé sa chute et qui grimpait encore. Mais cette fois, un homme massif apparut à l'arrière du brick, armé d'un boulet qu'il balança à main nues sur le boulet des tyrans avec une précision telle que les boulets se percutèrent en un bruit plus tonitruant encore que tous les tirs de canons qu'il y avait eu jusque là. Forçant, même les pirates à se boucher les oreilles de peurs de se voir crever les tympans. Mais surtout, un immense écran de fumée vint s'interpose, opaque, entre les deux navires. Et si le brick ennemi était largement au-dessus du nuage noir, la caravelle des tyrans, elle, se dirigeait tout droit dans l'obscurité poussiéreuse. Avant qu'ils n'atteignent le nuage, quatre boulets de canons apparurent, que Roy et que Mochi découpèrent ou dévièrent.


"C'est pas bon, dans le nuage on n'y verra plus rien"
cria la femme poisson.

Et en effet quand ils entrèrent dans l'épaisse mélasse noire, les membres de l'équipage n'y voyait plus rien, ils ne pouvaient même plus distinguer l'emplacement de chacun d'eux. Et ils ne pouvaient discerner non plus, la moindre attaque en provenance des cieux.

"On voit plus rien !" déclara inutilement le timonier.

"Chut" fit Mochi en plaçant son doigt sur ses lèvres comme si cela eut été suffisant pour instaurer le calme à bord.

Et il tendit l'oreille, espérant entendre le moindre sifflement qui aurait pu indiquer une attaque. Roy, comprenant le numéro du boulonné, tendit l'oreille à son tour. Très vite, ils entendirent les sifflements stridents d'au moins dix boulets. Dix. Et le bruit, permettait de manière approximative de déduire leurs emplacements. Roy sortit son sabre et bondit coupant net l'un des projectiles et il continua à tendre l'oreille. Mochi en dévia quelques-uns. Ils agirent avec tant de dextérité qu'ils parvinrent à se protéger de l'ensemble des boulets. Tous ? Non. L'un d'entre eux, qui à l'impact sembla plus petit, ne produisait pas le même son strident et passa inaperçu. Ce dernier et irréductible projectile vînt se fracasser dans le bastingage tribord du navire à un mètre à peine de la femme poisson qui cria en sautant vers le timonier.

Le capitaine sembla quelque peu affecté que son navire, acquisition toute récente soit ainsi endommagée. Heureusement, ce n'était pas grand chose, un coup superficiel. Il n'eut pas le temps de chercher l'endroit exact de l'impact qu'ils sortirent du nuage et enfin ils virent. Un ciel bleu et dégagé. Vierge de tout bateau. Excepté le leur. Il semblait au toubib par quelques effets d'optique qu'il ne put expliquer qu'ils frôlaient les nuages.

"Ils sont retomber !" cria Moria.

Et tous les pirates coururent vers le bastingage pour regarder en bas. Et le brick ennemi, en effet avait amorcé sa chute. L'on pouvait voir les membres d'équipage s'affoler sur le navire. Et maintenant qu'ils y prêtèrent attention ils pouvaient distinguer les hurlements désespérés de ceux qui se trouvaient plus bas. Ils ne s'intéressaient plus du tout aux tyrans et même le gros balourd qui avait tiré sur eux, semblait se morfondre dans son coin. Quelques-uns tout de même, semblaient s'activer à chercher une solution.

"Au moins, on est débarrassé d'eux ..." déclara le timonier qui revînt la barre.

"Depuis qu'on a commencé à voler ils ne sont plus vraiment notre problème. Ou est ce qu'on va amerrir hein ?"

"Calme toi, on va trouver une solution" répondit le capitaine sur un ton extrêmement serein.

"C'est pas la chute qui me fait peur, c'est l'atterrissage !"


Mochi, qui était le seul à regarder encore le navire ennemi, remarqua que dans l'accélération inexorable de la chute, les objets plus légers et non attachés commençaient à s'envoler. Non pas en réalité qu'ils volaient, mais leurs poids, plus faible, rendaient leurs chutes plus lente. Ainsi plusieurs canons, caisses et autre semblaient prendre leur envol, quittant le pont. Il en était de même pour les pirates, ceux qui n'avaient pas eu la présence d'esprit d'agripper un objet fixe avait quitté le plancher. Et dans le même temps le Matheson atteignit lui aussi son point culminant.


"On va retomber !" cria Moria.

"Accrochez vous" dit doucement le docteur.

"Quoi ?" demanda Merry qui était la seule à avoir entendu.

"Accrochez-vous !!!" hurla le toubib sur un ton pressant et paniqué qui n'était pas de son habitude.

Et ceux qui commençaient à le connaître furent surpris de cet état de panique qui n'était pas de lui. Néanmoins -Et le toubib avait omis ce détail- Tous s'étaient déjà attachés quelque part, exceptés Roy et lui même, qui du fait de leur petit numéro sur le brick ennemi ne s'avaient point pris cette mesure de sécurité. Roy ainsi s’accrocha fermement au bastingage bâbord qui était tout proche de lui. Mochi de son côté, sortit une aiguille à coudre, respira un grand coup, histoire de reprendre son calme et avec une célérité peu commune se mit à courir sur le pont, cousant chacun des objets mobiles et qui à coup sûr auraient, pendant la chute, dégringolé. En moins d'une minute, il avait cousu tout ce qui sur le pont était susceptible de se faire la malle. Et lui, qui ne s'était encore accroché à rien, commença à s'envoler. Si rapidement en réalité qu'il ne put rien faire.

"Mochi !!!!" cria désespérément Lily.

Comme il s'envolait, le toubib approchait du sommet du grand mât et quand il arriva enfin là haut, il s'y agrippa fermement. De là, il avait une vue plus dégagée sur ce qui se passait plus bas. Pour se libérer, il lia ses pieds au mât et se redressa, droit comme un i. De là, il voyait bien le courant descendant vers lequel ils se dirigeaient. Et le brick retomba dans un grand "plouf" dans l'eau du canal. Et il sembla au toubib que déjà, tout en avançant, il s'enfonçait, doucement dans les profondeurs du canal. Sans doute, cela était dû au trou que Merry avait fait dans la coque du navire.
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S’enfoncer était pourtant un euphémisme, face à la véritable destruction de la carcasse par les flots tempétueux du courant de Reverse Mountain et aux cris suraigus qui en émanaient. Plus bas, des hommes mouraient, noyés et brisés, bouclant la boucle de cette flotte qui n’arriverait jamais jusqu’à Grand Line.

Cela aurait pu être eux, même si Anna aurait trouvé un moyen de survivre, de reprendre le contrôle. Pourtant, elle n’avait jamais été aussi proche du danger. Car sa vie était aussi entre les mains du navigateur, du capitaine, du médecin et même de la comptable.

Elle n’avait jamais fait ça avant.

A son tour, le Matheson s’écrasa de tout son long dans la largeur du canal, terminant son vol plané dans un torrent d’éclaboussures. Chaque personne à son bord en fit les frais.

« - Bon sang… Moria ! se reprit l’albinos en s’essuyant le visage, voyant soudainement poindre devant elle l’une des falaises bordant le canal.

- Tout est sous contrôle, mentit le blondin tout en manœuvrant brutalement le gouvernail. Continuez de vous accrocher, on n’est pas encore sortis de l’auberge ! »

L’agente ne put s’empêcher de relâcher ironiquement un petit rire tendu, tandis que la caravelle effectuait à présent un angle droit ou presque dans le canal. Le stress était à son comble, mais finalement les compétences du pirate suffirent à ramener le navire dans le bon sens et à lui faire reprendre une allure correcte. S’ils avaient été à deux doigts de chavirer à un moment, désormais ils filaient tout droit vers la sortie de Reverse : le Cap des Jumeaux, que l’albinos connaissait comme sa poche.

Une longue minute de silence précéda alors l’exclamation de Mochi qui ne tarda pas à déclencher l’exultation générale de l’équipage.

« - On… On l’a fait !

- C’était pas facile, mais on y est arrivés les gars ! C'est du beau boulot.

- Et une jolie entrée en matière de ce que Grand Line nous réserve... Je dois dire que je ne suis pas déçue. »

Chacun y allait alors de son compliment à bord, encadrant le timonier qui tenait toujours fermement la barre en recevant tant bien que mal les félicitations de ses compagnons. Seule Anna demeurait silencieuse, postée à l’avant du navire, mantra déployé, secrètement occupée à vérifier que d’autres obstacles n’allaient pas se mettre sur leur route.

Si elle avait déjà connu bien pire, elle arrivait difficilement à se remettre de la proximité des eaux qui auraient pu les avaler et les broyer à tout moment. Jamais la malédiction de son fruit du démon ne lui avait semblée aussi dévorante : elle en tremblait. De peur. Une chose assez rare pour lui faire perdre ses moyens et la plonger dans une certaine catharsis, ce qui n’avait visiblement pas échappé à la femme-poisson qui eut le malheur de la surprendre, tandis que l’agente s’agrippait au bastingage.

Une vague surgie de nulle part vint alors soudainement s’exploser contre la coque, faisant légèrement basculer le navire.

« - Woooooh, moi qui croyais que l’on ne risquait plus rien… Tout se passe bien, Merry ?

- O-oui. J’ai du mal à croire que nous soyons encore en vie, mais oui, marmonna la jeune femme tout en remettant l’une de ses mèches rebelles derrière son oreille.

- Haha, ne t’en fais pas, on fêtera ça comme il se doit une fois arrivés au Cap. »

Anna regarda longuement la comptable qui lui fit un clin d’œil amical avant de s’en aller s’assurer que Moria n’avait plus besoin de son aide. L’agente la considéra longuement avec un regard légèrement sceptique : la femme-poisson semblait se croire proche depuis son arrivée au sein de l’équipage. Contrairement aux autres, elle n’avait pas l’aura d’une criminelle. En réalité, c’était même une personne sympathique et positive, contrairement au personnage de Merry qui était plutôt sombre et pessimiste. Anna déteignait un peu sur chacune de ses couvertures, mais les émotions véhiculées par Lily semblaient avoir encore plus d’influence.

Imperceptiblement, elle hocha la tête.

« - Nous y voilà : les phares des Jumeaux. Nous n’en sommes plus très loin désormais, encore quelques minutes. »

Chacun était désormais de retour à son poste. Anna s’assurait que les canons utilisées soient bien propres pour leur prochain usage, tandis que Roy scrutait l’horizon avec sa lorgnette en sautillant presque d’impatience. Une fois sa tâche terminée, l’albinos ne put s’empêcher de le rejoindre.

« - C’est votre première fois au Cap des Jumeaux ?

- Bien sûr, quelle question ! Pas toi ?

- Oui. Je veux dire : non. Je n’y ai jamais été, » répondit maladroitement la directrice, encore bouleversée par la traversée de Red Line.

Cette dernière phrase ponctua leur conversation, en même temps que le courant perdait brusquement en intensité et que la pente devenait plus horizontale. Au bout du canal, deux bras de roche ocre se séparaient alors de la montagne pour s’enfoncer dans la mer. A leurs extrémités, deux infrastructures cylindriques servant traditionnellement à guider les marins parvenus à franchir ce cap.

Les phares leur souhaitaient la bienvenue sur Grand Line.
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