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Une famille indésirable - 1624



Saint-Uréa - Domaine familial des Ragglefield - 1624


Déjà habillé d’une tenue traditionnelle de la marine, je descends d’un air nonchalant en direction de la salle à manger, où à cette heure si matinale, le petit-déjeuner doit déjà être entreposé. Les escaliers si grands, je n’ai jamais compris pourquoi ils l’étaient autant. Je n’ai même jamais compris pourquoi la maison était si grande alors même que nous sommes si peu nombreux. Enfin, les membres du personnels étant bien plus nombreux que nous, ils peuplent relativement bien notre demeure.

À table, mon père et mon grand-père, celui qui a bâti tout cet empire et son digne héritier. Il me regarde m’installer à l’autre bout de la table. D’un signe de la main, je les salue accompagné d’un simple « salut les vieux » qui n’est pas aux goûts du grand-père. Mon père, lui, est étrangement fasciné par ma nonchalance depuis quelques temps. Il ne m’a jamais accordé de réelle attention, mais contrairement à ma mère et à mon frère, ce dernier n’a jamais été méchant avec moi.



Ragglefied "Maréchal" Shiva
Chef suprême de la famille









« Gamin, surveille ton attitude envers moi. Ton père te laisse peut-être certaines libertés, mais je ne serais pas aussi clément que cet imbécile. dit le grand-père d’un ton massacrant. »

Tenant un minimum à me garder envie, je ne dis rien et bois tranquillement mon café. Bien sûr, cela est prit comme un manque de respect. D’un déplacement que je suis incapable d’observer à l’oeil, mon grand se trouve sur la table, face à moi, et d’un mouvement aussi rapide que son déplacement, mon verre se retrouve brisé en deux, le café se versant sur mes habits blancs. L’instant d’après, il se tient droit et range la fameuse lame familiale, une lame que je convoite depuis quelques temps. Alors mes yeux se mettent automatiquement à s’écarquiller.

« - Tu as de la chance que ton frère ne soit pas un épéiste, sans ça l’épée lui serait automatiquement attribué. Quel génie. Il est véritablement un Ragglefield. Dire qu’un enfant raté comme toi ose me manquer de respect, à moi, celui qui a bâti tout cet empire et bien plus encore…
- Bien plus ?… demandé-je intrigué par cette annonce.
- Un mot de plus et je t’égorge, sale raté.
- Père, calmez-vous donc un peu, allons terminer notre discussion dans le jardin, voulez-vous ? tempère mon père. »

Ils se rendent tous deux vers la sortie, mon père me fait un clin d’oeil au passage. Mon grand-père ne daigne même pas me lancer le moindre regard. À ses yeux, je ne suis qu’un vaurien, le raté de la famille qui se complait dans son rôle de lieutenant de la marine. Il n’a de yeux que pour mon frère, le génie de la famille après mon père, et ma soeur qui est juste derrière pour le tempérer. Je sais pertinemment que Lydia n’a jamais eu de telles intentions, elle fait ça seulement pour surveiller ce connard de Jamal.

Bon, merci au vieux, je n’ai plus qu’à retourner me changer. Dans ma chambre, je cherche une autre tenue similaire, mais je me rends compte qu’elles sont toutes dans la laverie… L’enchaînement de missions n’a pas toujours que du bon. Pas question qu’un lieutenant se permette de venir avec une tenue différente, on va encore me parler de ma famille et j’en ai plus qu’assez. En prenant une voix de malade, j’appelle le QG pour leur annoncer mon absence du jour à cause d’une bactérie que j’aurais chopé lors de mon dernier déplacement.

Je compte malgré tout profiter de la journée ensoleillée. Notre jardin est immense alors s’en servir. Un short, une chemise à moitié ouverte, je suis fin prêt à bronzer toute la journée. Mais quand je termine de descendre une seconde fois ces gens escaliers, je reçois un cri d’avertissement et quand je me retourne… trop tard. Une silhouette apparaît, une jambe m’arrive en pleine, j’ai peine le temps de me protéger avec mes bras placés en protection.

Le coup me projette vers la porte de sortie, qui s’explose à mon contact, continuant mon envol dans le jardin. Je parviens tout de même à me réceptionner avec élégance, devant la paternel et son vieux. D’ailleurs, papi caresse sa barbe et semble sourire en tournant son regard vers mon opposant. Ce sale chien qui n’est autre que mon frère, Jamal Ragglefield Levi, le génie de la famille, le digne successeur de mon père.

« Ethan… S’pèce de connard… Grand-père a dégainé sa lame devant toi ! Il ne l’a jamais fait avec moi malgré nos nombreuses confrontations ! T’es MORT. conclu-t-il d’un air sanguinaire. »

Sérieusement, c’est ton problème ? Si ce n’est que cela, je te le laisse ton papi, j’ai absolument rien demandé. Moi qui voulais profiter de ma journée pour me reposer, je sens que ma mort est finalement plus proche que prévue.


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« Jamal, s’il te plaît, ne sois pas plus débile que tu ne l’es. dis-je d’un air hautain. Penses-tu réellement que j’aurais défié papi alors que je ne fais pas le poids face à un minable comme toi ?

Mais alors que je pensais avoir calmé la situation, le père de mon père, celui qui a aussi le même sang que moi, vient inévitablement de rendre la situation plus désastreuse que jamais.

« Jamal, si tu me tues ce vaurien, je dégainera ma lame dans un affrontement que nous opposera tous les deux. »

Le regard de celui qui s’apparente comme étant mon frère vient de se transformer.

« Comme si c’était fait, papi. affirme-t-il. »

Mon père détourne le regard vers l’horizon. Il n’approuve pas vraiment ce qu’il se passe, comme s’il avait déjà pressenti l’issue du combat. Malheureusement, il ne peut contredire les voeux de mon grand-père aussi facilement, surtout après l’altercation de ce matin. Ma vie est si pénible quand je suis chez moi. Je ne comprends même pas comment tous ces types puissent vivre dans la légalité, ils dégagent tous cette aura sanguinaire qui me répugne un peu plus chaque jour.

« JAMAAAAAAL ! CESSE TES GAMINERIES ! hurle Lydia, essoufflée. »

Mon rayon de soleil, la seule et l’unique qui m’apporte un peu d’amour dans cette famille de dégénérée : Lydia Ragglefield Levi. Malheureusement, une autre silhouette sort de l’ombre, pointant son flingue sur la tête de sa propre fille, Nadya Ragglefield Levi. Elle, c’est probablement la pire de tous ici. Une soif sexuelle inépuisable, des pulsions sanguinaires permanente, c’est une véritable malade mentale. Extrêmement intelligente certes, mais totalement tarée. Pour des criminels, c’est un génie. Pour sa famille, c’est un monstre. Enfin, seulement pour moi.

Sans perdre un instant, Jamal réduit la distance qui nous sépare d’une seule traite. Ce chien va probablement souhaiter me défigurer, c’est pour cela que son poing se dirige aussitôt vers ma tronche, comme son pied précédemment. J’esquive son poing qui frôle mon oreille, vers l’extérieur, puis je frappe violemment son menton avec mon poing à l’intérieur. Un joli contre enseigné par notre formateur en stratégie de combat. Jamal valse sur quelques mètres au sol.

Il se relève, hurle de colère et tente de retourner à la charge, mais il se voit presque paralysé. Frapper au menton est la cible de tous les boxeurs. Cette zone paralyse momentanément l’adversaire, une histoire de nerf, j’ai pas tout compris. Alors qu’il réalise sa situation, j’en profite pour lui asséner une panoplies de coups en un temps record. Je prends de nouveau mes distances, un coup de plus et j’étais probablement mort.

« ‘tain… C’est qu’il a prit la confiance c’lieutenant d’merde. ‘Than j’vais te tuer grande merde, tu l’sais ? »

Le pire, c’est qu’il va vraiment me tuer dans l’intention. Ma mère se fiche de perdre le plus naze de ses enfants, grand-père veut m’éliminer, père est bloqué par son grand-père, Lydia est probablement la plus meurtrie dans cette situation. Je la vois au loin, en sanglot avec mère qui la menace de son pistolet à silex. La voir ainsi me rend complètement dingue, mais perdre mon contrôle face à ce chien c’est annoncer ma mort.

« ‘Than. Tu sais que les seules raisons qui m’empêchent de tuer sont père et Lydia. Mère ! dit-en direction de la tarée. Laisse donc Lydia nous rejoindre. »

Quoi ? Pourquoi concerner Lydia à ce combat ? Attends, enflure, qu’essaies-tu de faire ? Ma formidable accourt à mon secours. Je tente de crier pour qu’elle cesse sa course, mais c’est bien trop tard. Jamal s’est déjà violemment interposé. Un coup de poing dans le bide si puissant qu’elle décolle du sol, sans compter sur le coup qu’elle se prend dans la foulée. Et comme ce n’est pas assez, il y retourne avec beaucoup de joie. Pourquoi me délaisser soudainement ?

Pris d’une rage incontrôlable, je cours au secours de ma soeur. Cette fois-ci, c’est elle qui use de ses dernières pour hurler, sauf que c’est une fois encore trop tard. D’une course que je n’ai pas été capable de lire, Jamal parvient à se retrouver face à moi et à me foutre son coup de pied en pleine gueule. Sur une distance de deux mètres, je m’envole en vrillant sur moi-même, incapable de contrôler quoique ce soit. Sonné, je relève ma tête mais Jamal est déjà, prêt à m’en foutre une.

Pis le poing armé, ce dernier m’arrive droit à la figure, m’obligeant à fermer les yeux, impuissant. Un son, aucune douleur. C’est en ouvrant les yeux que je comprends que le poing de Jamal s’est logé sur le pied de père. Attends, il m’a réellement sauvé ? Je ne comprends pas réellement. Je suis pourtant le plus raté de ses enfants, que ce soit physiquement ou techniquement, un tel raté ne peut être conservé. Pourtant, il m’a épargné.

« Ethan, qu’importe la situation dans laquelle tu te trouve, je t’interdis formellement de fermer les yeux. dit père en gardant un regard monstrueux en direction de Jamal. »

Jamal tremble. Pour la première, je vois ce sale enfoiré devant le regard de père.

« - Te concernant, Jamal, tu ne seras jamais mon héritier en conservant une attitude aussi impitoyable. Ethan reste ton frère et Lydia ta soeur.
- Oï, enfoiré, joue pas le héros devant ‘Than. Il sait c’que tu mijotes partout dans l’monde, hein ? »

Sans prendre la peine de lui parler, père lui colle un puissant direct du droit qui l’envoi valser jusque dans les jupes de mère. Celle-ci devient alors hystérique.

« Prometheus ! Qu’as-tu fait espèce de sale connard ?! Mon pauvre fils, bébé… dit-elle d’une voix douce et harmonieuse. »

Qu’elle aille crever cette vieille sorcière. Mais quand grand-père intervient, l’histoire prend un tournant un peu plus cruel.

« - Tu as choisi le pire de tes fils, Prometheus. Ce merdeux te fera regretter ton choix. Aussi intelligent soit-il, saisir l’étendue de nos affaires pour un membre de la marine est tout bonnement impossible. Dire qu’à leur âge, je vous ai laissé vous entretuer, ton frère et toi. Ces pauvres enfants n’ont pas eu la chance de connaître leur oncle… Mouahahaha-
- Un mot, un rire de plus et tu es mort, père. Rappelle-toi notre combat pour la succession de l’entreprise si tu ne me crois.
- Hùhù. Ne le prend pas comme cela, fils. Pis tu as de la chance, veinard. »

Trop de données à analyser. Père avait un frère qu’il aurait dû tuer ? Père et grand-père se sont ensuite affrontés pour la direction de l’entreprise familial ? Et père aurait épargné grand-père au dernier moment ? C’est ce qui nous attend également, c’est ça ? Lydia étant une femme, j’imagine qu’elle sera épargnée d’office et je remercie dieu pour cela. De mon côté, bien que détruire cette soit mon voeu le plus cher, je pense qu’il est de momentanément me faire davantage petit.

- Jamal, Ethan, soyons clairs. Tant que je ne vous l’aurais pas ordonné, vous avez interdiction de vous entretuer. Me suis-je bien fait comprendre, Jamal ?
- Ouais, c’bon. rétorque-t-il, câliné par mère qui me foudroie du regard.
- Ethan, mon fils, relève-toi. Nous partons nous promener. »

Une initiative inédite. En vingt ans de vie, jamais père n’a proposé une telle activité avec moi.

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Nous marchons longtemps. On quitte carrément les zones habitables, jusque dans les plaines d’hautes herbes menant sur les cotes de Saint-Uréa. Nous nous arrêtons au bord d’une de ces magnifiques falaises, culminant la magnifique plage déserte de l’île et le reflet su soleil sur ce vaste fond bleu. Ouais, visuellement c’est intéressant, sauf que j’aurais très bien pu le faire tout seul si l’on ne m’avait pas gâché ma journée.

« Tu dois sûrement te demander la raison pour laquelle je t’ai amené ici. me demande-t-il. »

Se moque-t-il de moi ?… J’ai quasiment envie de me foutre en l’air à cause de ces conneries. Si je me débrouille légèrement en combat, c’est uniquement pour survire à l’autre taré et protéger Lydia.

« S’il n’y avait que cela. Tant de mystères tournent autour de vous, mère, de cette famille aux coutumes des plus étranges… Je ne demande qu’une simple vie, oisive, pleine de savoirs et d’amour. Suis-je réellement votre enfant ? Vous m’avez certainement adopté. Quel amour existe dans cette famille ? Mère, frère, grand-père, vous-même, à quel moment m’avez-vous donné ne serait-ce que le moindre signe d’affection ? J’ai passé l’ensemble de mon enfance à me faire tabasser par mon grand frère sous les yeux impuissants de ma soeur que je vois pleurer tous les jours. Mère, quant à elle, n’a eu de cesse de passer derrière pour me cracher dessus. C’est cela l’amour qu’une mère porte à son enfant ? Mon appétence était incroyable autrefois. Maintenant, la seule chose que je désire est simplement de mourir. Tuez-moi, père, cela serait un honneur pour que de mourir de vos mains plutôt que celles de Jamal ou de Shiva. »

À chacune des phrases, des gouttes coulent de mes yeux, puis ces gouttes deviennent un torrent. À la fin de ce monologue, je vois complètement trouble, aveuglé par cette cascade qui déferle devant moi. Alors j’ai peut-être l’air d’un homme ringard au corps frêle, mais je suis surtout un homme anéanti par cette vie misérable que je mène. Je ne comprends pas ce que l’on attend de moi. Je ne demande rien d’autre que la paix. C’est alors que père passe la main sous mes cheveux avant de me prendre dans ses bras.

« Personne ne mourra ce soir ou demain. Ethan, mon fils, il est temps pour toi d’apprendre certaines choses que tu étais le seul à ignorer jusqu’à présent. Je m’en excuse car ma volonté a toujours été de t’en protéger. À présent, je me rends compte que cela te dessert plus qu’autre chose. Tu es prêt ? »

Si je suis prêt ? J’en sais foutrement rien. Mes larmes finissent par cesser de couler, pis comme je suis un homme fier, je tente de reprendre le contrôle. Ce qu’il va me dire a-t-il pour but de me libérer de ces chaînes qui m’empêchent d’avancer ? Ou alors au contraire m’enchainer davantage dans les abimes des enfers des Ragglefield ? J’accepte simplement d’un hochement de la tête.

« Comme tu l’as sans doute supposé ou deviné, j’avais autrefois un frère. Il était comme toi, adorable, attentionné, amoureux des arts, intelligent, mais il n’exerçait pas son corps plus que cela. De mon côté, j’étais un peu comme Jamal, j’aimais plus que tout me battre mais en gardant tout de même un certain contrôle sur mes actes. Je ne battais pas mon frère. Je le dénigrais certes, mais je ne levais pas la main sur lui. Je préférais me battre contre ton grand-père qui est un incroyable combattant. Aujourd’hui encore d’ailleurs… »

T’inquiète pas, il ne m’a pas fallu longtemps pour le savoir. Nous baissons tous deux la tête, désespérément, en constatant la puissance du vieux papi.

« Puis un jour, Shiva nous regroupa pour annoncer quelque chose d’incroyable : la malédiction des Ragglefield. Qu’importe le nombre d’enfants, il y aura toujours deux frères qui devront s’entretuer. Je n’ai jamais connu mon oncle et vous ne connaitrez jamais le votre. Mon frère n’était pas intéressé par cela et seule ma soif de grandeur me guidait à cette époque. Il aimait tellement la vie qu’il refusait de devoir mourir et il commença à s’entraîner de manière assez sérieuse, à tel point que je le voyais progresser à une vitesse affolante. Le génie que j’étais commençait effectivement à avoir peur. Le jour de l’affrontement arriva. Mon frère, Thanatos, dégageait quelque chose de totalement différent. Le combat démarra et il fut d’une intensité inouïe. Aujourd’hui encore, en y rependant, je tremble. Probablement l’un de mes affrontement les plus extrêmes à ce jour. Thanatos a su hisser son niveau au-dessus du mien. Tous deux essoufflés, on se préparait à lancer la dernière offensive. On s’élançait en donnant tout ce qu’on avait, puis au moment de la collision, mon frère abandonné tout esprit combattif, me laissant lui transpercer le coeur. Impossible d’arrêter ma course, c’est comme s’il avait tout prévu. Il me dominait tout le combat, il l’a forcément fait exprès. Ces derniers furent : « Ne laisse pas cette famille te ronger. Je t’aime. » J’ai réalisé à cet instant seulement ce qu’il venait de se passer, comme si j’avais été un pantin tout ce temps durant. »

Qu’est-ce qu’il essaie de me dire ? Que Jamal doit me tuer pour redevenir moi-même ?

« Vient ensuite le mariage avec ta mère… »

Oh là. Je ne suis pas vraiment certain de vouloir en parler. Mais je suis tellement en train de me questionner dans ma tête qu’aucun mot ne parvient à sortir.





Dernière édition par Ethan R. Levi le Jeu 22 Fév 2018 - 16:59, édité 1 fois
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« - Ma femme, ta mère, disons-le clairement, notre union n’était que purement économique. Les Ragglefield et les Levi unis par un mariage, l’occasion était trop belle. Je ne l’ai jamais vu se battre, disons qu’elle n’en jamais eu besoin, mais au vue de ses réactions démoniaques et de son penchant pour le sang, j’ose imaginer qu’elle a des bases. Elle est excellente en ce qui concerne la torture, l’intimidation et le renseignement du coup. Un élément très utile mais incontrôlable
- Pourquoi me raconter cela, père ?
- Parce qu’un jour ou l’autre, cette femme, ce diable te sera utile.
- Je ne saisis pas réellement la portée de vos propos.
- Ethan. Ces deux prochaines années, je m’occuperai de ta formation. Dans deux ans, tu seras si bon, et en tous les domaines, que tu recevras de nombreuses récompenses de la marine. Durant ces deux années, je vais développer en toi des ressources mentales que tu ne soupçonnais même pas. Je suis bien conscient que cela n’a jamais été ta vocation. Je tiens également à te dire que je ne le fais pas pour que tu sois un haut gardé de la marine, mais seulement pour que tu puisses te protéger de ton frère. Je ne tiens pas particulièrement à ce que tu suives le même chemin que mon défunt frère. Tu as une longue et belle vie devant toi, mon fils. Certes semée d’embuches, mais merveilleuse malgré tout. »

Je n’ai même pas la force de le contredire, ces mots ont du sens pour moi et c’est probablement ce qui me dérange le plus.

« - Quels sont les buts de vos activités ?
- Comme me l’a brillamment suggéré ton grand-père, je ne peux pas t’en parler. Je peux simplement te dire que nous faisons fortune sur de l’import-export.
- De l’import-export ? dis-je en esquissant un sourire hautain. J’enquêterai dessus plus tard. »

Cette réponse provoque un petit rire de la part de mon père.

« Commençons. Dans un premier temps, tu dois impérativement développer les ressources physiques et énergétiques de ton corps. Tu es bien trop fragile et c’est le cas de le dire, aujourd’hui encore en fut la preuve. En plus d’être un génie, Jamal bosse pas mal, l’écart est bien trop grand. »

Un à un, père énumère chacun de mes défauts. Ils sont nombreux. L’instant suivant, il me consigne des exercices de renforcements musculaires. Abdos, gainage, pompes, tractions, soulevés de terre… Un énorme circuit d’entraînement, préparé auparavant, à moins que…

« Comme tu l’as peut-être deviné, mon fils, c’est ici que je passais mon temps à m’amuser… »

Une salle de musculation, d’exercices d’agilité en plein air. C’est énorme. Peut-être l’équivalent d’un terrain de foot. Les engins sont tellement énormes que, dans un premier temps tous les poids sont retirés. Je m’exerce à vide pour effectuer correctement les mouvements. Puis honnêtement, c’est déjà bien lourd pour mon petit corps tout frêle. J’en chie terriblement. Les gouttes de transpiration viennent obstruer ma vu.

« Allez Ethan ! Tu as toute l’après-midi pour trois fois le tour du circuit. À chaque tour, j’ajoute des poids. »


Gniiiiien !?


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