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Le télépathe !




Jaya - Salle d’interrogatoire - 1627




De longues journées se sont écoulées, pour ne pas parler de semaines. Des rapports que l’on m’a fait, Angelica a été enfermée, seule, dans une cellule miteuse, humide, où les repas sont rarement servis. Parfois, quand elle s’endort, de la musique à un volume sonore très élève est balancée pour la réveiller. Ou des douches glacées. Parfois encore, des hommes entrent dans la cellule pour la tabasser. Mais le pire dans tout ça, c’est qu’à aucun moment une personne n’est venue pour l’interroger, pour lui demander ce qu’on recherche. Elle le sait mais pourtant, si ce n’est moi, personne d’autre ne lui a demandé depuis qu’elle est enfermée.

C’est Niklas Aldo qui gère l’opération à présent. C’est lui qui a décidé d’agir ainsi. Avant même de demander quoique ce soit, il préfère détruire sa cible aussi bien physiquement que mentalement. C’est assez inhumain quand même mais ce n’est certainement pas moi qui vais y redire quoique ce soit. Dans le genre « je suis prêt à tout pour parvenir à mes fins », j’ai aussi ma part de saloperies. Puis c’est pas comme si j’étais particulièrement touché par le traitement qu’on lui fait subir. Je m'en carre l'oignon.

Aujourd’hui, je peux enfin sortir de mon lit et reprendre une marche tranquille. Mes plaies sont à peu près cicatrisées mais j’en garde tout de même une vilaine cicatrice. Ça me rappellera à tout jamais mon passage sur Marie-Joie. Enfin bref, c’est pas là que je voulais en venir. Aujourd’hui, Niklas Aldo, que je n’ai toujours pas rencontré, va enfin tenter une première approche avec Angelica. Je ne raterai ça pour rien au monde. Suelto m’a ramené une canne pour m’aider à marcher le temps de retrouver complètement mes forces.

Qui dit nouveau visage dit aussi nouveau look. Je traverse ainsi Jaya vêtu d’un pantalon noir skinny, d’une chemise blanche entrouverte, de bottes noirs. Exceptionnellement, fatigué, je n’ai pas pris la peine de coiffer mes cheveux. Ils se battent un peu dans tous les sens. Peut-être à l’image de mon esprit à l’heure actuelle. Je suis complètement amorphe depuis cette foutue mission. Je n’avais jamais été à ce point angoissé jusqu’ici. Puis la blessure subie a été plus grave que je ne l’imaginais. Foutus agents du CP9…

« Nous y sommes, Ragnar, me dit Suelto dont j’avais oublié la présence. »

Assez surpris, me dégageant aussitôt de mes songes, je me retourne vers lui.

« - Merci. J’imagine que tu ne peux m’accompagner plus loin ?
- Tout juste. Faut pas l’approcher ton Niklas, puis on y manipule une source des plus sûres, alors un pauvre type comme moi n’y a pas à sa place. Puis franchement, j’suis bien content de ne pas y être convié.
- Suelto…
- Non j’t’assure. C’est trop d’pression, trop d’paperasses, trop d’comptes à rendre à telle ou telle personne… J’aime ma petite vie tranquille.
- Suelto, j’ai compris. Je te ferais un rapport dans la mesure du possible. Après tout, t’es un peu le cerveau des opérations au sein de l’équipage… Et mon bras-droit par défaut, aussi. »
- Héhé. J’ai toujours su que j’pouvais compter sur toi. »

Et c’est tout content qu’il se retire. Quelle commère ! Je ne sais pas si c’est réellement du commérage ou seulement des infos qui lui permettent de prendre des dispositions. Ce rouquin a plusieurs coups d’avance et c’est probablement grâce à lui que je suis encore en vie. La réincarnation de Stanislas Montenegro, je trouve cette théorie de plus en plus vraie. Ou plutôt un fantasme. Du coup, ça n’a absolument rien à voir, mais je rentre dans ce bâtiment désaffecté où Othar m’attend. Othar, c'est celui qui m'a appris l'empathie sur Dead End, et qui depuis lors un As de la révolution spécialisé dans la formation de nos armées sur Jaya.

« - Qu’est-ce que c’est que ça ? Yumi m’a raconté un peu ta mésaventure mais je ne pensais pas te retrouver dans cet état.
- Ils n’avaient pas l’air de vouloir rire sur Marie-Joie… J’suis resté archi courtois pourtant, toujours souriant, très cordial.
- T’es revenu vivant de cet enfer…
- Oh, c’est pas grand chose. Il suffit juste de… euh ? Qu'est-ce que tu fous là ? »

Avant que je ne puisse terminer ma phrase, cet enfoiré me prend dans ses bras. Encore trop fragile, je suis dans l’obligation de supporter ce désagréable moment. J’ai prévu d’avoir une discussion avec lui une fois que toute cette merde sera terminée. En espérant que mon train de vie se calme par la même occasion, j’aimerais souffler un peu. On a le droit à des vacances ? Je ne me souviens pas avoir vu mentionné quelque chose de ce genre.

Assez rapidement, nous parvenons dans une salle fraîchement aménagée d’où l’on a une vue sur la salle d’interrogatoire. De dos, je vois un homme un vêtu de manière assez élégante, d’une bonne taille et d’une silhouette assez svelte. Très élégant. Il est tranquillement assis sur une chaise, face à une table où semble dressé son repas de midi. Et de l’autre côté de la table… Merde.

« Elle ne ressemble en rien à celle que j'ai capturé, dis-je le regard perdu vers ce corps en décomposition. »

Elle est méconnaissable. Angelica Browneye, le visage encore plus massacré que lorsque je l’avais frappé. Sa perte de poids est également flagrante. Déjà qu’elle n’était pas très fine, là c’est carrément glauque. Et l’autre qui mange tranquillement en face d’elle. Aucune parole n’émane d’une des deux personnes. La prisonnière tremble, elle est frigorifiée, enrhumée, fatiguée… Le plus triste dans tout cela, mais finalement assez logique, c’est qu’elle est la première à prendre l parole face au désintéressement du télépathe.

« - Qu… Que m’voulez-v… vous ? demande-t-elle frigorifiée.
- Une demoiselle aussi brillante que toi sait pertinemment ce que nous désirons. Tu as déjà rencontré l’un de nos agents, n’est-ce pas ?
- Ra… Ragnar ?
- Quelle perspicacité. Cet imbécile n’est même pas foutu de conserver une couverture. »

Je l’déteste déjà ce connard.

« - De ce fait, tu sais déjà ce que nous voulons. Je t’écoute.
- J-Je ne… sais pas… où s’trouve Man-Man… drake.
- Les gardiens ne t’ont pas servi à manger ce midi ? À moins qu’il s’agisse là de ton repas, dit-il en se saisissant ses couverts. Tu ne veux pas fournir le moindre effort, dis-moi pourquoi j’en ferais.  
- Je… Je…
- Gardiens ! Ramenez-la dans sa cellule. Mon repas se refroidit et la demoiselle ne semble pas apprécier notre petite entrevue.
- J-j-je…
- Nous nous reverrons lorsque je repasserais ici à l’occasion. J’ai du boulot ailleurs. Ravi d’avoir pu faire votre connaissance, Angelica, dit-il avant que les gardiens ne l’emmène. »

Quel horrible personnage. Après avoir fini son assiette et s'être essuyé, il nous rejoint dans la salle d’observation. Maintenant que je l’aperçois de face, faut dire que le type est charismatique. Sa prestance n’est plus à prouver. L’homme supposé mort, celui qui est encore plus recherché que le guide en personne. Niklas le télépathe, un don extrêmement dangereux à protéger coûte que coûte. Il ne perd d’ailleurs pas de temps à enclencher la discussion.

« - Ragnar, je présume ? Niklas Aldo. Vous m’envoyez désolé pour vos blessures, mais je vous garantis que votre dévouement ne sera pas vain. Avez-vous observé quelque chose durant mon entretien avec l’agent du CP9 ?
- Elle n’est plus la même fille.
- Je n’apprécie guère ces méthodes. Pour tout vous dire, j’en vomissais au début. Avec le temps, j’ai réalisé…
- Que nous sommes en guerre et que nous ne valons pas mieux que notre ennemi. Chacun défend son idéal…
- J’y aurais mis un plus de subtilité mais nos idées se rejoignent.
- Pourquoi ne pas l’avoir laissé parler à la fin ? Elle semblait vouloir dire quelque chose.
- Je veux l’affaiblir le plus possible, voire même la détruire pour mieux rentrer dans sa tête. Dans une semaine, je reviendrais la voir et recommencerai.
- Ne va-t-elle pas mourir ? Ou tenter de mettre fin à ses jours ?
- C’est également le but. Nous la maintenons légèrement en vie pour qu’elle ai envie de se tuer elle-même. Le problème, c’est qu’elle n’aura rien pour essayer. La nourriture est jetée en pâture à même le sol, sans le moindre couvert. Quand elle refuse de manger lors de ses rares repas, elle reçoit des transfusions. »

Il me raconte tout ça avec une éloquence parfaite. À aucun moment il n’est dérangé par ce qu’il me dit. Je sais qu’il m’évalue et qu’il est probablement en train de filtrer tout ce que je pense, mais bon Nous n’aurions pas à faire tout ça si la vie était plus simple. Angelica n’est pas n’importe qui, c’est quasiment indispensable d’adopter ce genre de procédures avec ces individus. Alors, je me résigne à accepter tout cela.

Le télépathe reste statique quelques instants à me scruter.

« - Émilie m’avait fait une description légèrement différente de votre personne, constate-t-il en souriant légèrement.
- Hùhù. Je ne sais pas ce qu’elle a bien pu vous dire, mais j’ai subi une…
- Je suis au courant pour l’opération, dit-il en me stoppant. Je ne parlais pas de votre physique. Honnêtement, je suis agréablement surpris. »

C’est ainsi que se termine cette première session. Ma rencontre avec Niklas fut limite plus productive que l’entretien avec Angelica. Si lui-même est forcé d’utiliser un si long processus, je comprends que je n’aurais pas pu en obtenir davantage tout seul sur Marie-Joie. Par mesure de sécurité, le membre du conseil des dragons préfère rester dans ce bâtiment et ne pas trop en sortir. On le croit mort, seules des rumeurs parlent de lui, autant que ça reste ainsi.

De mon côté, je ressors grandi de cet enfer.



Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Mer 20 Juin - 22:00, édité 1 fois
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Les jours passent et je n’ai de cesse de penser à Angelica. Et non. Je vous vois venir, petits malins. Son état est le cadet de mes soucis, et pour ce que ça vaut, elle pourrait mourir que ça ne m’empêcherait pas de dormir. Je m’impatiente seulement de connaître l’emplacement de la prison où se trouve Mandrake. Cette enquête ne peut échouer maintenant. J’ai voyagé partout dans le monde à la recherche d’un indice, j’ai infiltré le centre du monde au péril de ma vie, j’y ai ramené une source détenant l’information tant désirée.

Je n’ai pas de liens particuliers avec ce Mandrake, j’en ai probablement davantage Émilie Knox, mais le retrouver serait l’aboutissement de tout un travail. D’autant plus qu’il détient des informations capitales qui ne peuvent être en possession de l’ennemi, sans quoi je vous laisse imaginer la suite des événements. Autant vous dire que j’espère être loin de tout ce merdier si tous nos secrets sont révélés.

Voilà maintenant une semaine depuis la première confrontation entre Niklas et Angelica. Durant tout ce temps, nous avons compris le traitement qui lui a été réservé. Combien de temps un individu peut résister à ce genre de traitement ? Aussi entraîné soit-il, à un moment donné, l’être humain cède forcément à la torture. À moins de mourir, nous cédons tous un jour ou l’autre à la pression. Pour sa santé physique et mentale, certainement déjà bien engagée, je commencerai à parler à sa place.

Me voici seul dans cette salle d’observation, à la même place que la semaine passée. La seule différence est qu’Othar doit passer quelques examens d’aptitudes aux nouveaux arrivants. C’est un bosseur contrairement à moi. Il refuse catégoriquement d’effectuer des missions à l’extérieur, mais il s’investit pleinement sur Jaya à présent. C'est une véritable plus-value pour la cité.

Niklas est installé sur sa chaise, attendant patiemment que la prisonnière fasse son entrée. À côté de lui se trouve une autre chaise, en plus de celle placée en face pour Angelica. Quand celle-ci arrive enfin, je suis complètement sonné par son état qui s’est encore dégradé. Mon camarade qui se trouve à quelques centimètres d’elle, doté un bon fond, doit forcément être touché par cette image. Mais pour le bien de la mission, il ne montre rien et reste stoïque. Il n’a pas usurpé son rang. Probablement qu’il en faudrait plus des comme lui.

« Bien le bonjour, Angelica. Je vous en prie, installez-vous, dit-il en lui indiquant la chaise de libre. »

Il attend ensuite qu'elle s’installe.

« - Allons droit au but. Où se trouve Jonas Mandrake ? Vous aviez parlé d’une prison avec Ragnar.
- Je… Je n-ne…
- Prenez votre temps. Cette salle est chauffée. Difficile de parler quand on est congelé, je comprends. » 

De longues minutes passent avant que celle-ci se décide de prendre la parole.

« Tout c-ce que j-je sais… C-c’est qu-qu-qu’il est sur Grand Line. »

Grand Line ? Dites-moi qu’elle se fout de nos gueules… Grand Line est bien trop vaste. Jonas peut être n’importe où sans qu’on ne le retrouve un jour.

« Il m’en faut davantage, Angelica. Je ne sais pas si vous essayez de jouer la montre, mais personne ne viendra vous chercher ici. Mais comme vous êtes particulièrement peu coopérante, il se peut que Ragnar décide de rendre visite à votre soeur. Je n’ai aucun pouvoir sur les agissements de ce dernier, un véritable tueur sanguinaire. »

Il me fait alors signe de la main de le rejoindre. Je comprends la présence de la chaise supplémentaire. J’entre et m’installe aux côté de mon collègue. Contrairement à ce dernier, je suis installé de manière plus décontractée que la sienne, accoudé au dossier et légèrement de profil. Je redresse ma tête et dirige mon regard en direction de celle que j’ai capturé, affichant toujours ce sourire mesquin que je traine avec moi.

« - Ne fait-il pas un peu chaud ici ? Je te trouve bien pâle par rapport à la dernière fois, Angelica.
- Ragnar… Qu-quel plaisir, dit-elle en grelotant encore un peu.
- Plaisir partagé. Enfin, si ça ne tenait qu’à moi tu serais déjà morte après avoir subi certaines choses peu archaïques… Heureusement pour toi, ce cher Niklas semble avoir un peu d’empathie pour ta personne. »

Puis je frappe violemment du poing sur la table en rapprochant ma tête contre celle de l’agent du CP9.

« Mais malheureusement pour toi, je ne suis pas du genre à rester sagement assis, et tu comprendras bien vite que le corps humain est bien plus résistant qu’on le croit. Et ta bouffonne de soeur subira exactement la même chose. Et s’il faut chercher ta cheffe, on ira la chercher et elle subira aussi la même chose. On ramènera autant de personnes que nécessaire pour obtenir cette information. »

Mon sourire se diabolise.

« Et tu sais quoi ? Toutes ces personnes crèveront sous tes yeux. Tu seras tellement déshydratée que tu ne pourras même pas pleurer leur mort. Et puis comme vous ne représentez rien à mes yeux, vos corps serviront de repas à mes chiens. Ou aux rats qui peuplent ce lieu. »

Le bâtiment désaffecté est rempli de rats sauvages.

« Gardes ! »

L’un d’eux ouvre la porte et attend l’ordre.

« Ramenez-moi un rat, un sceau métallique et un chalumeau, s’il vous plait. »

Niklas détourne légèrement la tête, comme s’il était embarrassé. Je sais que ce n’était pas prévu, mais va falloir montrer à cette demoiselle que nous ne sommes pas n’importe qui. D’ailleurs, je commence à ressentir pas mal d’anxiété, qui n’était jusqu’à maintenant pas du tout présente chez elle. C’est là que le « télépathe » se retourne discrètement vers moi, ressentant également la même chose. Nous tenons peut-être quelque chose que nous devons absolument manipuler minutieusement.

Le garde revient quelques courtes minutes plus tard avec la commande. Le sceau contenant le rat est posé en face d’Angelica, le chalumeau dans ma main.

« Tu es maintenant apte à communiquer de manière à être suffisamment audible, dis-je en souriant toujours à celle-ci. Dans quelle foutue prison de Grand Line se trouve Jonas Mandrake ? »

Malheureuse. Elle reste silencieuse, ne se doutant de l’animosité qui peut m’habiter en une fraction de seconde. En un instant, je suis debout et la table est retournée. Plus rien ne me sépare de ma cible. Je la plaque violemment au sol avec le pied. Elle tente de se débattre en sachant pertinemment que c’est inutile. Je place le sceau avec le rat à l’intérieur au niveau de son abdomen et je m’amuse à allumer et éteindre le chalumeau. J’esquisse ensuite un vilain sourire.

« - Tu sens le rat bouger sur ton ventre creux ?
- Ne faites pas ça… J-je vous dis que je n’en sais pas plus, dit-elle désespérément.
- Ta vie vaut-elle si peu de chose, Angelica ?
- Je ne sais pas où il est, je ne sais pas où il est, je ne sais pas où il est, continue-t-elle de répéter sans cesse. »

Elle commence à flancher. Son pouls s’accélère de manière exceptionnel, elle répète une phrase pour se persuader elle-même qu’elle ne dispose pas de l’information. Nous ne sommes pas en train de nous frotter les mains mais presque.

« Ce rat recherche tristement un moyen de s’échapper. Pour le moment, ça va puisque la température est bonne et qu’il n’y a pas de danger apparent. Qu’arrivera-t-il lorsque la température augmentera à l’intérieur ? La pauvre bête cherchera à sortir de ce merdier. Et par où va-t-elle passer ? Le sceau métallique est bien trop solide pour ses griffes et ses dents, alors il ne restera plus qu’une seule issue… »

Je commence à rigoler d’excitation.

« Il creusera la paroi la plus souple, à savoir ton ventre. Un rat rampant dans ton corps, qui cherchera à s’enfuir en creusant encore et encore… Il va déchirer tes entrailles et peut-être ressortir par la voie bucale. C’est tout un processus. J’ai déjà vu ça dans le sous-sol d’un bar sur Logue Town, c’est impressionnant, dis-je en me retournant vers Niklas qui ne semble pas très emballé par l’idée. »

Je place le chalumeau au-dessus du sceau et commence l’expérience. Malgré un corps déjà recouvert de bleus, ensanglanté, maigre, fatigué, je vois malgré tout un visage qui se transforme et qui prend peur. Si elle a compté la durée de sa détention, elle constate probablement que le temps passe et que personne ne vient la secourir. Elle constate que chaque semaine qui passe est plus épouvantable que l’autre. Elle aimerait pleurer mais elle en n’est tout simplement incapable.

Quatre minutes et trente secondes. C’est le temps que met le rat à réellement s’agiter. Angelica le sent gesticuler de manière agressive et on peut lire la crainte sur son visage. Six minutes. C’est à partir de là que commence le spectacle. On ne peut rien voir, on imagine seulement dès l’instant où cette femme, jusqu’à présent peu bavarde, se met à hurler de toutes ses forces. Un véritable martyr. Elle me supplie d’arrêter, m’insulte entre deux, enfin ça n’a complètement aucun sens. Je reste de marbre en observant attentivement ses réactions.

« - Elle a d’la voix, la petite, dis-je en me retournant vers mon collègue du jour.
- Je crois qu’elle est surtout inconsciente à présent, dit-il en la pointant du doigt.
- Ah oui !… Merde ! Oy ! Réveille-toi ! »

Naturellement, je cesse de jouer avec le chalumeau et relire le sceau immédiatement. Le rat a bien creusé, c’est dégueulasse mais ça reste encore correct. J’ai beau lui mettre quelques tartes dans la gueule, rien à faire. Complètement dans les vapes, la visage bloqué, la bouche grande ouverte. Entre tout ce qu’elle a enduré ces derniers jours et ça, je comprends qu’elle soit à bout. Je vérifie tout de même qu’elle soit réellement inconsciente et qu’elle soit aussi bien attachée. Niklas demande ensuite qu’elle soit transportée en soin, puis dans sa cellule.

« - On m’avait décrit un type totalement barjot, et au vue de cette entrevue, je constate que l’on ne m’avait pas menti.
- Je n’allais pas la tuer, voyons, rétorqué-je en souriant. Il fallait simplement passer à la vitesse supérieure.
- Hem… Probablement. Quoiqu’il en soit, tu as comme moi ressenti certaines choses ?
- Nous touchons au but. La peur, l’angoisse, l’anxiété s’installent. Elle ne sera bientôt plus maître de son corps, la folie prendra le dessus.
- Elle s’est déjà énormément battue à mon goût, lance Niklas comme horrifié par la scène.
- Boarf. C’est un agent du CP9, rien d’étonnant.
- Penses-tu que ramener sa soeur soit utile ? demande le télépathe.
- Non. C’est trop de risques pour peu de résultats. Bien sûr, si elle est là, ça changerait totalement la donne. Mais on perdrait trop de temps à la kidnapper sur les blues, si tant est qu’on y arrive.
- Je suis du même avis. Attendons encore quelques jours, qu’elle cicatrise ne serait-ce que partiellement. Le traitement dans sa cellule s’intensifiera comme chaque semaine. Je te laisserai aménager la salle d’interrogatoire, que je mènerai cette fois-ci, de sorte à l’emmener petit à petit vers notre objectif. »

Me laisser aménager la salle d’interrogatoire ? C’est probablement la pire chose à faire. J’ai déjà quelques idées en tête. C’est horrible mais ça me fait sourire. J’ai pu voir « comment détruire une personne » en quelques temps avec ce type. C’est tout un art, je vous assure.





Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Mer 20 Juin - 22:41, édité 1 fois
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Le jour J, dans la salle d’interrogatoire, je suis l’architecte. Je demande que l’on me ramène un chevalet, deux cylindres à chaque extrémités, ainsi que des lames placées sur le chevalet pour taillader le dos de ma victime. Ses membres seront reliés par des cordes aux deux cylindres, qu’il faudra enclencher pour apprécier ce beau spectacle. Ça me rend presque cynique ces conneries. J’en viens à apprécier mon travail alors que ça va tout bonnement à l’encontre des traitements humains que l’on défend. Enfin, j’aurais été catégoriquement contre, c’est peut-être un peu moins vrai maintenant, héhé.

Mais encore une fois, nous sommes en guerre, et la guerre c’est plutôt impitoyable. Niklas me rejoint quelques temps plus tard, assez surpris par voir ce qu’il se trouve en face de lui. Toujours aussi élégant, vêtu d’un costume, il reste statique quelques instants. Son regard se retourne vers le mien, puis de nouveau vers l’installation de torture. Il se tient le menton et réfléchit quelques instants, et ce jusqu’à ce qu’il décide de s’installer sur sa chaise. Pas un « bonjour », rien du tout, il s’installe simplement en continuant de tenir son menton.

« - Bon, Ragnar, que l’on soit clair : pas de démembrement aujourd’hui, dit-il finalement assez directement.
- Oh ? Un amateur d’engin des anciens temps ? Hùhù.
- Sérieusement, jeune homme. Si par malheur l’envie te venait de me désobéir, en plus de faire échouer la mission, je te destituerai de tous droits actuels. Tu n'es pas sans savoir ce qu'il pourrait t'arriver ensuite.
- C’est de suite moins amusant, dis-je en parlant dans ma barbe. Ne t’inquiète pas, patron. Je serais le plus exemplaire des salariés, continué-je en prenant un ton léger. »

Niklas ne semble pas spécialement convaincu mais il sait également qu’il n’a pas d’autre choix pour l’instant. La prisonnière arrive quelques instants après et le temps libre est maintenant écoulé. Angelica, frigorifiée, fatiguée, asséchée à l’intérieur mais trempée de l’extérieur, est installée sur son engin de mort. À peine attachée, celle-ci commence déjà à hurler. La faute aux lames placées sur la table qui s’enfoncent tout doucement dans son dos. Elle est méconnaissable, c'est effrayant. Ses yeux partent dans tous les sens, souhaitant seulement être tranquille.

« P-p-par pitié !… TUEZ-MOI !!! »

À ce point… J’ai du mal à m’en rendre compte. Je me gratte l’intérieur de l’oreille, comme assourdi par ses hurlements.

« - Ouais, ouais, ça viendra. Avant, parle-nous un peu de Jonas Mandrake, on aimerait toujours savoir où il se trouve, demandé-je presque lassé.
- Mademoiselle Browneye, coopérez avec nous et votre situation s’arrangera de manière radicale.
- Ce que veut te dire le monsieur, c’est qu’on ne sera plus obligé de voir ton sac d’os de corps nu et maigre. Tu mangeras, tu dormiras, tu pourras même continuer de t’instruire, et qui sait, peut-être qu’un jour tu seras libérée sous certaines conditions. Enfin, ça reste de l’ordre du rêve pour le dernier cas…
- Hem…
- Toujours est-il qu’il vaut mieux être une prisonnière de luxe plutôt qu’une pauvre merde que l’on torture tous les jours, non ? »

Je noircis volontairement mon comportement pour l’intimider davantage. Elle voit ainsi que son état ne m’affecte absolument pas et que je suis capable de bien pire. Je ressens en elle le désespoir, l’envie d’en finir rapidement. Une sorte d’impatience. C’est tout à fait compréhensible après toutes ces semaines. Sa fidélité envers le gouvernement n’est plus à remettre en cause, elle aurait donné sa vie si on le lui avait permis. Sacrée femme.

« Bien. À supposer que Jonas soit effectivement sur Grand Line, j’imagine qu’il doit être dans l’une des trois prisons les plus sécurisées ? demande le télépathe. »

Malgré le fait qu’il tente de dissimuler ses sentiments, je ressens tout de même une pointe d’amertume du côté du révolutionnaire qui n’a pu aider son vieil ami. Du côté de celle qui combattait du côté du gouvernement, c’est silence radio. Je crois qu’elle n’a pas tout à fait saisi le pétrin dans lequel elle est. Pour remettre un semblant de terreur à cet entretien, j’enclenche le mécanisme qui étire les membres de la demoiselle. Elle hurle à nouveau. Le collègue repend ses esprits.

En réalité, nous avons tous deux obtenus une réponse de sa part en « lisant » dans sa tête. C’était comme si elle voulait contenir la réponse mais qu’une partie d’elle souhaitait lâcher prise.

« Je crois que mon collègue t’a posé une question. À moins que cela ne provienne que de mon imagination… Allez, répond qu’on en finisse une bonne fois pour toute. »

Elle se met enfin à articuler un mot.

« - OU-OUIIII ! 
- Oui, il s’agit d’une des trois grandes prisons sur Grand Line ?
- O-Oui, dit-elle en pleurant quand le mécanisme cesse de fonctionner.
- Vous serez bientôt libérez de cet instrument, Angelica. Poursuivons, s’il vous plaît, termine Niklas avant de me laisser la parole.
- Ma chère Angelica, dis-moi dans quelle prison se trouve-t-il et où se trouve cette prison.
- J-Je ne p-peux pas v-vous do-donner cette in-information.
- Comme tu veux. »

J’active de nouveau le mécanisme. Les lames s’enfoncent davantage dans son dos et ses membres commencent à craquer, la peau à se déchirer. Elle hurle. Elle implore qu’on la tue. Elle implore que l’on cesse. Je me montre impénétrable, intransigeant, impitoyable et insensible. Je la regarde en esquissant un sourire, presque pour accentuer son désespoir.

« IM-IMPOSS… »

Je stoppe le mécanisme.

« - Pardon ?
- Imp-po-ssible d-de vous y rendre.
- Pourquoi donc ?
- L-Les portes… E-Elles ne s’ouvriront pas.
- Bah c’est normal. Quel abruti ouvrirait la porte d’une prison à des criminels ?…
- Elle parle probablement des portes de la justice, Ragnar, corrige Niklas. N’est-ce pas, Angelica ? »

Elle ne dit rien. Sauf que cette fois-ci, je n’enclenche pas l’engin de mort. Sa manière de détourner le regard, son combat intérieur, cette hésitation… Tout cela ne peut exprimer qu’une chose : le fait que le télépathe a probablement raison.

« Les portes s’ouvrent et on entre dans le courant Taraï, je me trompe ? »

Angelica tente de le cacher, mais les propos du collègue semblent avoir provoqué un pic émotionnel. De l’étonnement ? De la surprise ?

« La prison se trouve donc quelque part dans ce courant, suggère Niklas en laissant basculer sa tête vers l’arrière. »

Et là, contre toute attente, Angelica semble triste. Non pas qu’elle est heureuse depuis qu’elle est ici, mais il restait toujours une part d’elle qui souhaitait se battre, qui résistait à chaque journée, ou du moins elle pouvait parfois être vide et ne désirer que la mort. Là, c’est presque complètement différent. Elle s’en veut amèrement et semble avoir complètement abandonnée le combat. C’est clairement pas assez. Ça peut être encore n’importe où dans ce courant.

L’agent du CP9 comprend que nous lisons ses émotions, c’est pour quoi la petite flamme qui subsiste encore en elle tente de se battre en déjouant notre lecture. Cependant, ces semaines de tortures impitoyables ont eu un impact significatif sur cette dernière. N’importe qui aurait été touché d’une quelconque manière. Le télépathe cuisine sa proie et guide ses questions de sorte qu’elles soient orientées vers des descriptions de la prison.

Cela dure quelques moments. C’est long et fastidieux. Pour ne pas l’endormir, je suis contraint de mettre des coups d’étirements, histoire qu’elle n’oublie pas où elle se trouve. À force, je crois qu’elle ne sent même plus les lames pourtant profondément enfoncées dans sa chaire.

« Dans quelles conditions emprisonnent-ils Jonas ? Hum… Dans une chaleur extrême, peut-être ? Bof. Mon ami aime bien trop les fortes températures pour ça. Par contre, s’il y a bien une chose qu’il ne supporte pas, c’est le froid polaire. N’y avait-il pas un projet d’une prison conçue sur un iceberg ? »

Ses yeux s’écarquillent. Pas un mot ne sort, mais son corps cesse de se débattre et reste totalement statique. Quand il s’agissait d’une prison chaude, elle n’a pas du tout réagit, mais là ça semble être la bonne direction.

« Héhé. Cette prison est-elle plus froide que ta cellule ? demandé-je. »

Absence de réponse.

« Que dirais-tu d’y retourner pour te rafraîchir la mémoire ? »

La puce se remet à s’agiter.

« - N-non ! V-vous avait dit que…
- … nous te traiterons dans de meilleures conditions si tu coopérais, reprend Niklas. Cela n’a pas été très visible, mais disons que nous avons eu réponses à nos questions. »

Le gradé révolutionnaire se lève et se rapproche l’ancienne agent du gouvernement.

« Jotunheim, hein… La célèbre prison de glace. »

Angelica détourne le regard et pleure. L’art de détruire une personne et obtenir tout ce qu’elle sait. Sans une bonne culture du monde, c’est un travail périlleux, mais cet homme manie cela à la perfection. J’esquisse alors un sourire en réalisant que je n’ai été que le chien de garde de ce dernier. Il fallait une brute qui exécute, un bon avec plus de recul et un rôle de superviseur. Ça fonctionne plutôt bien.

Il faut tout de même noter que cela a duré de nombreuses semaines et que nous n’avons pas du tout été tendre avec elle. N’importe quel individu craquerait après un tel châtiment sans la moindre chance de mettre fin à sa vie. L’être humain s’adapte à beaucoup trop de choses, mais quand on cherche constamment à éviter la douleur, ça peut rapidement devenir insupportable. Angelica a continué de se battre jusqu’au bout et il est certain qu’elle en gardera des séquelles. Son corps est calciné, je n’ose pas imaginer son état psychologique.

Cela veut aussi dire que Jonas Mandrake peut craquer, si ce n’est pas déjà le cas. Niklas semble l’apprécier, je ne le connais pas particulièrement me concernant. Je ne peux cependant pas m’empêcher de penser aux intérêts de la révolution. Un homme de sa trempe est probablement capable de cuisiner ceux qui l’interrogent, au moins quel temps temps.

Courage, Jonas.





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