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Piécettes et petite monnaie.

J'ai l'impression de vivre cette scène des centaines de fois.

Assis sur un lit, le dos appuyé contre le mur froid de la chambre, une cigarette au bec et un verre de rhum ambré dans la main. Le regard perdu au dehors, au travers de la vitre, l'unique. Pensif, abattu, fatigué. Les yeux explosés, l'esprit retourné. Sur la petite commode à ma droite, de quoi consommer mon opium, celui que je ne mélange pas au tabac de mes cigarettes améliorées. Un cendrier, pour écraser ces dernières et y déposer les cendres. Je me suis défoncé à l'alcool et la drogue pendant des jours et des nuits, y'a des cadavres de bouteilles qui traînent un peu partout sur le sol. La notion du temps à foutu le camp depuis longtemps, et la douleur l'a gentiment suivie, ce qui me soulage et c'est foutrement bon de plus rien sentir. Les doigts de ma main libre effleure l'épaisse couche de bandages compriment mon estomac. C'est encore douloureux, aussi bien physiquement que psychologiquement.

Salopards de révolutionnaires de merde.  

Cette cicatrice au bide, ce mal de chien qui ne veut pas s'atténuer autrement que sous des litres de gnôle et les effets de stupéfiants, je le dois à ces fumiers. En y réfléchissant bien, je leur dois la totalité de l'échec du job. Si le boulot a foiré, si la cargaison a pas été livrée, c'est de la faute de ces trois fils de putes. Leurs mères auraient mieux fait de serrer les cuisses et rafraîchir leurs ardeurs la fois où elles ont conçu trois pourritures pareilles. Ils m'ont foutu dans une merde pas possible, en plus d'avoir bien failli me crever et d'avoir tué certains de mes hommes, dont Azraeli, mon frère d'arme...

Mes dents se serrent et le poing se resserre, la dextre se porte à hauteur de lèvres et j'enquille ce qu'il reste de liquide dans le verre pour faire passer le mal qui me ronge.

Celui-ci pourtant, c'est peine perdu que d'essayer de le faire partir. Il est bien trop encré en moi, on appelle ça la culpabilité. Ça a les dents longues et un appétit vorace, très friand d'âme torturée comme la mienne. 'Faut dire aussi que je suis bon client, je lui donne régulièrement de quoi allègrement se repaître, c'est pas la famine qui risque de lui tomber sur le nez à celle-là. Culpabilisé, avoir des regrets, s'en vouloir, rejeter toute la faute sur ma poire, c'est ma façon d'être, et je le fais très bien. Boire, fumer, c'est un moyen comme un autre d'essayer de me soustraire à tout ça, ma porte de sortie. Éphémère, j'en ai bien conscience. Quand t'es sobre à nouveau, c'est une grande claque dans la gueule.

Des claques, j'en ai trop pris dans la vie, ça me laisse un peu sur les rotules à la longue. Ne jamais abandonner, ne jamais se laisser abattre, ça devient difficile de s'y tenir quand tous les enfoirés de la terre ont mis un contrat sur ta pomme. Par moments, de faiblesse ou de lucidité, le suicide est envisagé. Mettre un point final à tout ce merdier en se foutant en l'air. Une balle dans le crâne de ce pistolet qui repose sagement contre ma cuisse, se défenestrer, foutre le feu à la piaule, m'empoisonner, ce ne sont pas les moyens qui manquent. Le cran ? C'est bien ce qui fait toute la différence à chaque fois, j'ai pas les couilles de passer à l'acte. 'Paraît que j'aime bien la vie, quand même et que je suis pas pressé de la perde.

Puis, j'ai toujours eu dans un coin de la tête ce stupide espoir que je réussirai un jour à la changer, en faire quelque chose de bien. Déserteur et désormais criminel au sein du famille mafieuse, c'est une sacrée réussite, y'a pas à dire... Pire, je suis un malfrat à deux doigts de se faire liquider par sa propre famille, c'est très fort ça. J'ai merdé, et le Padre a pas vraiment apprécié le paquet de thunes que je lui ai fait perdre. Si j'ai survécu à mes blessures, me retranchant dans cette petite taverne méconnue de Manshon, c'est bien pour avoir une chance de me rétablir avant que cette saloperie à la gueule amochée d'Anatoli me mette la main dessus. Forcément qu'il me cherche ce gros con, 'fait des années qu'il attend le bon prétexte pour m'égorger.

Va chier sale enculé de merde.

Toc. Toc. Toc.

Enfoiré de karma de merde, ça toque à la porte. Sciavonnache, déjà ? C'est bien son genre de m'endormir pour mieux me saigner.
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Plus d'instinct que de ma propre volonté, je me suis emparé de mon flingue pour le braquer en direction de la porte. Si Sciavonnache ou ce qui ressemble de près ou de loin à un tonton flingueur se pointe, je lui en colle trois dans le crâne.

Peeter... Plus d'une année qu'on ne s'est pas vu et tu m'accueilles comme ça ? Toujours aussi dur.

J'avale ma salive, mon cœur rate un battement, j'ai la main qui tremble et suis pris d'un violent coup de chaud. Je sais pas si j'hallucine ou si elle est vraiment là, debout dans l'encadrement de la porte, à me fixer de son regard rempli de reproches, mais si apaisant à la fois. Me trouve comme un con, à bégayer mentalement, à croire que je deviens fou, ou que je suis tellement désespéré que mon esprit me la ramener. J'hésite un instant à tirer, pour vérifier, m'assurer que j'ai pas un problème, mais rejette immédiatement cette idée la seconde suivante, en m'insultant intérieurement d'avoir pu y penser. Incapable de sortir un son, ni un mot, mon bras fini par retomber et l'arme avec lui, plus rien ne venant menacer mon invitée totalement inattendue. Elle parle, mais je n'écoute pas.

Parce que y'a cette putain de question qui tape partout à l'intérieur de mon crâne et y provoque un vacarme assourdissant.

Qu'est-ce que tu fous là... ?

Ouais. Raté du con. Tu pouvais pas faire mieux comme première phrase, ça va parfaitement avec le canon de pistolet que tu lui calais devant les yeux y'a quelques secondes. Elle grimace, ne se vexe pas étrangement, mais aurait espéré mieux comme réponse. Elle a toujours espérée mieux de moi, pour tous les deux, c'est dans mes habitudes de la décevoir. Je me suis révélé particulièrement efficace dans le domaine durant les quelques mois que notre relation a duré.

Piécettes et petite monnaie.  43e68510

Talia Euraled. Bordel ce qu'elle est toujours aussi belle. J'ai les yeux qui se perdent en contemplation de son visage, depuis le temps, ça m'avait manqué de la contempler. Ses cheveux ont poussées, que je remarque. Ils étaient moins longs avant, et avec cette ondulation qui leur est propre, ça les rend encore plus magnifiques qu'à l'époque. Ce que j'aimais y passer mes doigts depuis le haut de sa tête, et redescendre lentement jusqu'aux pointes... Et l'embêter quand mes doigts bloquaient sur des nœuds, ce dont elle avait horreur, que je tire dessus pour les défaire.

T'as l'air complètement ailleurs Peet'... T'es chiant à te défoncer comme ça...

Je souris, elle m'a appelé Peet'. Dieu ce que ça m'avait manqué, ce que ce petit surnom peut faire du bien à entendre venant de sa bouche. Tiré de ses lèvres, ses douces lèvres que j'adorais embrasser... Talia, elle, est loin de sourire. Ce qu'elle voit ne lui plaît pas, mais elle sait très bien pourquoi j'en suis rendu là. Elle pénètre de son plein gré dans la pièce, sachant pertinemment qu'il ne fallait pas attendre que je l'y invite, auquel cas elle serait restée dehors. Les sentiments sont toujours là, ils ne sont jamais allé bien loin. Mais la rancœur les accompagne de très près, trop près. C'est valable pour elle, comme pour moi.

On m'avait pas menti, t'es dans un sale état...

Elle se mord la lèvre inférieure, ses yeux s'humidifient en constatant l'étendue des dégâts. Surtout l'épais bandage sanguinolent qui entoure mon ventre. Celle-ci a du mal à cicatriser.

C'est rien, t'inquiètes. Je vais déjà mieux.

Elle me fout un coup de poing en plein sur la blessure, agacée. La douleur me plie en deux et m'arrache un juron. Bordel de merde.

Guéri, hein ?! Ce que tu peux m'énerver quand tu fais ça ! Si on m'a dit de venir, idiot, c'est parce que t'es loin d'aller mieux ! Pourquoi tu dois toujours jouer les durs ?! Faire semblant que rien te blesses ?! C'est insupportable !

Elle commence à vider son sac, déjà. J'aurais préféré qu'elle attende un peu avant de hausser le ton et faire pleuvoir les reproches, histoire qu'on passe quelques minutes au calme, juste elle et moi. Je suis stupide d'avoir cru qu'elle était venue jusqu'ici avec la hache de guerre enterrée bien profondément depuis le temps. Oh non, elle l'a bien en main et il en faut pas beaucoup pour qu'elle me fende le crâne en deux avec. 'Faut dire qu'on a pas vraiment eut le temps de se dire les choses, la dernière fois qu'on s'est vu, elle est juste parti sans me calculer. Je crois qu'elle était tellement déçue et en colère contre moi cette fois, qu'elle ne voulait même plus me voir ou m'entendre. J'ai bien essayé de la retenir, mais j'ai rapidement compris que c'était plus un mal qu'un bien que de m'acharner.

S'en est suivi une année d'ignorance totale, et ça putain, ça fait foutrement mal.
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Qui ?
Quoi, qui ?
Qui t'as dis de venir ?
Hm, Mathias. Mais ils s'inquiètent tous, ça fait deux semaines.
Je suis pas mort, je récupère.
Tu te planques, et tu guéris pas parce que tu préfères souffrir que de faire cicatriser cette plaie correctement. N'en veut pas à Mathias, il a bien fait.


Je lui en veux pas au trentenaire moustachu, c'est un gars sur qui j'ai toujours pu compter. Un de ces gars de confiance pour qui je donnerai ma vie. Il était avec moi dans ce merdier qui a coûté la vie à Azraeli et qui a bien failli m'enlever la mienne. Si j'avais pu, si je pouvais, je l'échangerai contre celle de mon ami tué par cette saloperie de révolutionnaire. Jacob Longdrop, j'oublierai jamais ce nom. Ni la promesse faite cette nuit-là, la promesse d'une vengeance. Jacob, sa pétasse de partenaire maniant l'arme blanche, leurs proches, amis, familles, tous les vider de leur sang.

Bon, laisse-moi voir cette plaie de plus près.

Je sursaute au contact de ses doigts gelés sur ma peau fiévreuse. Talia est doctoresse, soigner les gens, leurs blessures du quotidien, leur mal être, c'est son domaine. Plus rarement, elle est appelée par la garnison de son île pour intervenir sur des blessures plus sérieuses, comme une balle logée dans la peau, une plaie ouverte. Je ne suis pas le premier type qu'elle rafistole de ce type de dommages, elle sait comment s'y prendre et mes gars le savent. Ils n'ont pas fait appelle à elle pour rien. Je vais pour autant pas les remercier, j'ai honte de l'avoir laissé me voir dans cet état. L'idée c'était pas de paraître plus minable que je pouvais déjà l'être à ses yeux.

Peet'...

Elle semble hésiter, attristée. Me regarde un instant, compatissante. Elle vient de se rendre compte que si je suis encore en vie, c'est grâce à la chance. La veine que l'autre pouffiasse ne soit pas parvenue à m'embrocher correctement, et surtout que le temps joué pas en sa faveur pour prendre le soin de me crever proprement. Rien que d'y penser, j'en ai la rage. La gueule que j'aurais eu si je serai mort là-bas, sans même avoir tenue parole auprès de mes gars. 'Va falloir s'endurcir, et se perfectionner. Casser plus de bouches, et mieux.

La plaie s'est infectée, normal que ça ne se referme pas... Il faut changer tes bandages et nettoyer régulièrement pour que ça marche, tu sais.

La remarque fait mouche, on sait tous les deux de quoi elle parle. 'Vrai que je me suis un peu laissé crever ces derniers temps... C'est là tout le paradoxe avec un abruti dans mon genre. Je me laisserai bien crever, m'abandonnerait bien à mes envies suicidaires, mais je me terre au fond de mon trou pour échapper à la main assassine de cet enfoiré de Sciavonnache. Mourir oui, mais pas lui offrir ce plaisir à l'autre con.

Cela fait plusieurs minutes qu'elle s'affaire à nettoyer tout ça, et plusieurs minutes que je ferme ma bouche. C'est dingue ce que je peux être lâche. Elle est là, tout proche de moi, sa seule présence suffisant à faire tambouriner mon cœur et je suis pas foutu de lui adresser la parole. La honte, la rancœur, la fierté, et sûrement d'autres choses négatives qui me verrouillent dans un mutisme profond. J'aimerai avoir la force de m'excuser, au moins, mais même ça j'en suis incapable. Elle a fait le déplacement depuis son île exprès pour me venir en aide malgré la situation compliquée entre nous, et moi, je me comporte encore comme un gros connard.

Tu veux un verre ?
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Un verre putain. Mais bordel, j'suis vraiment qu'un abruti. Elle est en train de me rafistoler, tu crois vraiment que c'est le moment de la saouler ? Elle a pas besoin d'ouvrir la bouche pour me faire comprendre que la question était stupide. Déjà parce que je m'en suis rendu compte tout seul dès l'instant où je lui ai proposé, mais surtout parce que ses yeux me fusillent avec une telle intensité que j'en ai des sueurs. J'viens de passer pour un gros gland, ou un pauvre type, au choix. Et elle abaisse la tête, se concentrant de nouveau sur son travail qui touche à sa fin. Elle est toujours aussi douée, avec ses doigts délicats et ses gestes habiles et maîtrisés, elle s'en est vraiment bien sortie. Si le silence était gênant tout à l'heure, celui-ci l'est d'autant plus que ma dernière intervention a enterrée toute chance de réconciliation avec Talia. En supposant qu'il en subsistait toujours au moins une. Enfermée dans une dimension parallèle, gardée par un chien à six têtes, peut-être.

J'ai terminé, tu devrais cicatriser correctement maintenant.
Merci Talia...
A condition de pas faire le con jusqu'à ce que tu sois complètement rétabli, hein.
Reçu...
Arrête de me dire reçu...


Son agacement s’accroît et je la sens à deux doigts de m'en coller une. Elle a horreur que je m'exprime encore comme un militaire. On s’observe un moment, sans rien dire, et pourtant tellement de choses passent à travers cet échange silencieux. Si tu savais combien je suis désolé, si tu savais... si tu pouvais comprendre à quel point je me sens con de t'avoir traité de la sorte...  Je pouvais pas... Je voulais pas que ça se passe de cette façon, encore moins que ça se termine ainsi... Mais j'y arrivais pas... ils me bouffent tu sais, ces démons que tu voulais chasser de mon esprit. Ils sont si forts... si solidement encré dans ma tête, à me grignoter tous les jours... J'entends leurs voix, leurs murmures... ils me veulent du mal. Ils sont nocifs, m'empoisonnent, y glissent des idées malsaines, morbides, si noires... Elles t’ont repoussé, je t'ai repoussé... pourtant tu étais parvenu à m'apporter de la lumière. Une chaleur si forte que j'en étais revigoré, apaisé, soulagé.

Tu me répétais de me battre, de lutter, et bon dieu de merde j'ai fais tout ce que je pouvais pour ne pas les laisser tout foutre en l'air. T'as pas l'air d'avoir remarqué, mais je l'ai fait. J'avais pas confiance en moi, encore moins en toi... Mais putain ton départ, ton absence étaient la dernière chose que je voulais dans ma vie. C'était comme me tirer une balle dans le pied que de te faire partir, me jeter dans les bras de ces bestioles tapis au fond de moi. Je vis avec maintenant, tu l'as remarqué. Et tu t'en veux de m'avoir laissé à mes problèmes, de m'avoir abandonné à mon sort. Pourtant, je t'en veux pas. Et tu sais comme moi que tu as pris la bonne décision. Toi et moi, c'était pas possible, je t'aurais fais sombrer avec moi.

Je t'en voudrais jamais d'avoir choisi de sauver ta vie, je veux que tu sois heureuse et que tu accomplisses tes rêves.

Peet', je...
C'est rien. C'est pas grave, maintenant.


Elle me prend la main, je lui caresse tendrement la joue de mes doigts libres. Les traits de son visages se détendent progressivement, sa barrière s'abaisse, les émotions prennent le dessus, l'affection mise dans ce geste lui font beaucoup de bien.

Il faut que j'y aille...

Ça ne me plaît pas, me blesse de l'entendre et me fait plus de mal encore d’acquiescer, sachant que c'est la bonne chose à faire. Le Peeter qu'elle aimait n'est plus et il ne servirait à rien de déraper ici. Quelques heures de nostalgie et d'un échange charnel ne suffiront pas à compenser l'énorme peine qui va me tomber sur la gueule après avoir couché avec elle. Mieux vaut en rester là,

Elle se lève, récupère ses affaire et après un instant d'hésitation, se retourne en direction de la porte. Une sensation désagréable me secoue les tripes, me serre le cœur et les mâchoires. Je me retiens de la retenir.

Dis-lui que tu l'aimes.

Elle murmure quelques mots qui se perdent dans la pièce.

Dis-lui que tu l'aimes, fais pas le con.

S'avance vers la sortie, quelques pas seulement la séparant de l'encadrement.

Mais putain, dis-lui que tu l'aimes !

Passe l'encadrement, fait volte face, espérant capter une dernière fois mon regard.

Si tu lui dis pas que tu l'aimes, tu vas jamais te le pardonner.

Elle semble attendre quelque chose, espérer une réaction de ma part.



Dernière édition par Peeter G. Dicross le Dim 12 Avr 2020 - 11:11, édité 1 fois
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La détonation retentit dans tout le bâtiment, me colle une claque mentale dont l'impact me fait sursauter, apeuré et surpris.

D'où est-ce que ça a bien pu provenir ?!

La réponse est sous mes yeux, mais mon cerveau bloque encore l'image comme pour m'épargner du choc psychologique. Il n'y a pourtant pas besoin de chercher bien loin. Le canon du pistolet, puis l'arme en entière tenue d'une main gantée sont apparus quelques millièmes de secondes avant le départ du coup.

Talia s'est écroulée l'instant suivant, le visage figée dans une expression d'effroi, sur le bois du plancher composant le couloir. Du trou formé par la balle de plomb venue se loger dans la tempe de la demoiselle, s'écoule un flot de sang s'éparpillant tout autour de la dépouille. Elle est morte sur le coup, sans avoir eu le temps de souffrir, ni même d'espérer survivre. Du maigre visuel qu'offre l'encadrement de porte, je ne vois plus que la partie inférieure de son corps, inerte. Je n'ai pourtant aucun doute quant à ce qu'il vient de se passer.

Talia est morte.

Cheh-eh-eh-eh-eh... !

Spoiler:

Le rire, je l'entends pas. Talia est morte. J'ai bloqué, le cerveau a explosé et partout à l'intérieur ça vrille. Talia est morte. un bruit strident bloquant tout son de l'extérieur de pénétrer. Talia est morte. J'ai l'impression qu'un feu brûle au fond de mes tripes, dévorant mes entrailles. Talia est morte. Partagé entre le besoin de hurler ma colère et ma tristesse et l'envie de vomir, je ne fais rien. Talia est morte. Parce que mon cerveau est incapable d'envoyer un quelconque ordre à mon corps.

Talia est morte. Talia est morte. Talia est morte.

L'enfoiré de fils de pute pénètre dans la pièce le pas tranquille. Talia est morte. Le regard fier et le sourire narquois aux lèvres. Talia est morte. Large d'épaules malgré plusieurs couches de fringues et un gros manteau gris le couvrant, frôlant le mètre quatre-vingt-dix, barbe bien taillée et casquette bombée vissée sur le crâne, ce type pue le vice et la violence gratuite. Surtout, je l'ai jamais vu auparavant, je sais pas qui est ce connard.

TALIA EST MORTE, BORDEL !

Je m'en cogne de savoir qui c'est.

Talia est morte.

Je vais le buter.    

Touche à ce pistolet et la seconde est pour toi, Dicross.

Mon poing se serre, mes mâchoires se crispent, j'enrage. A défaut de pouvoir le plomber, je le fusille du regard. L'attitude lui plaît pas et il me tombe dessus, sa main gauche vient m'étrangler d'une poigne redoutable et le canon encore chaud de son arme presse mes bandages remis à neuf. Ça me fait un mal de chien.        

Le Brûlé a parlé d'un seul cadavre, mais si tu m'y pousses, je te troue la tête, capich' ?
Je vais te buter, connard.
Dans ton état ? Je crois pas. Tu vas juste fermer ta grande gueule et écouter ce que j'ai à te dire. Ou plutôt, ce que monsieur Bambana a à te dire...
Qu'il aille se faire enculer, Boule de Billard.
Tss... Tu fais aucun effort, Dicross...
Je t'emmerde. Quand je t'aurais crevé, j'irai balancer ta sale gueule de salopard aux pieds de l'autre gros lard avant de lui trouer la peau.
Breeeeeeef ! Je te coupe hein, tu l'ouvres trop pour un gars qui vient de perdre sa copine et une somme importante à son Boss.


L'enfoiré vient d'appuyer plus fort sur mes plaies récemment désinfectées, pour me forcer à la fermer.

Tu vois de quoi je parle, t'es pas con, sinon tu serai pas venu te planquer ici pour éviter que ce genre de situations arrivent. Pas de bol, je suis l'un des meilleurs dans le coin pour trouver les enfants de chiennes qui cherchent à esquiver leurs obligations.
T'es surtout un gros con ! Tu crois que j'ai pas l'intention de rembourser Caesar ?!
J'en sais rien moi, je suis pas payé pour réfléchir à ça !
Parce que tu sais réfléchir ?

Che-eh-eh ! T'es un comique, je te l'accorde ! Son front vient m'exploser le nez aussi brutalement que soudainement. Maintenant, pour la dernière fois, ta gueule.

C'est assez clair cette fois, avec le goût de mon propre sang en bouche.

Monsieur Bambana te laisses une chance de te racheter. Démerdes-toi comme tu veux, mais trouves un moyen de le rembourser en intégralité. Les intérêts, il m'a dit qu'il verrait ça avec toi si tu vis assez longtemps pour ça. Comprende ?
Ouais.

Bien. J'ai plus rien à foutre ici, qu'il dit en me relâchant et en s'éloignant déjà vers la sortie, oh et Dicross, m'oblige pas à revenir.  

La prochaine fois que tu vas te retrouver face à moi, je vais t'enfoncer le canon de ton flingue si profond dans ta gorge qu'il va ressortir par le fion.

Je tente un mouvement pour me lever, mais la douleur irradie dans tout mon être et me paralyse, la chaleur monte et des vertiges me prennent. Je n'ai qu'une seule pensée en tête alors que je me sens sombrer dans l'inconscience...

...

Talia est...
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