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Le vase de Kompéito

- Au voleur ! hurla une femme démunie.

Ni une ni deux, un yakuza en costume impeccable s'élança à la poursuite du fugitif. Sac en toile rouge et doré, il courrait plutôt vite mais ce n'était pas assez. Petit à petit, Myokoryu grignotait l'espace qui les séparait. Bien qu'il n'était pas très grand, son explosivité était telle qu'il parvenait à maintenir une vitesse de pointe assez impressionnante. A une intersection, alors que le voleur tenta une déviation à gauche inopinée il se fit plaqué par l'homme du clan Hanamori. Tous deux planèrent sur quelques mètres avant de s'écraser lourdement au sol.

- Lâche ça !
- T'es qui t.. commença l'homme avant de recevoir un coup de clé à molette sur la tempe gauche, tombant ainsi pour un sommeil profond d'une bonne dizaine de minutes.

Le mafieux reçu les éloges de la jeune femme et en profita pour se faire un peu mousser. Cependant il ne s'attendait pas à ce que cela fonctionne, si bien qu'il fut dérouté quand elle lui proposa d'aller boire un verre. Finalement les deux inconnus se rendirent dans une petite roulote proposant de délicieux ramens et prirent une bière à base de riz. La boisson était très légère, les bulles agréablement fines mais l'alcool était bien là et les guetta de près. Si bien qu'après en avoir bu plusieurs chacun, leurs langues étaient parfaitement déliées. Ils parlaient de tout, de rien mais surtout de n'importe quoi. Ils flirtèrent même un instant avant que tout ne s'accélérèrent. Tous deux allèrent chez la jeune femme nommé Mikawa, discrètement, et passèrent une nuit torride dans la chambre de celle-ci.

- Lendemain matin -

Le crâne embrumé par l'alcool, le front douloureux et les yeux peinant à s'ouvrir, Myokoryu sentait qu'il avait passé une nuit trop festive. Le flou de sa vue dégagée après quelques secondes, il remarqua quelques décorations absolument sublimes qui trônaient au plafond. Il n'était donc pas chez lui. Son bras droit était ankylosé, il ne le sentait quasiment plus et tenta de le bouger une nouvelle fois. Or un poids l'empêchait de se mouvoir, puis en se posant quelques fractions de seconde il sentait un corps chaud, un souffle serein. Il tourna la tête et il remarqua la jeune femme, assez moche il fallait le dire, collé sur son torse. Elle avait un nez porcin, une petite moustache discrète et elle bavait dans son sommeil. Comment avait-il pu ?
Il chassa des visions malsaines qui le répugnaient de son esprit puis se décida à partir. Il soutint la tête de son affreuse conquête pour dégager son mort à moitié mort, puis la reposa doucement. Soudain la jeune femme ronfla, crasseusement, faisant presque vomir le yakuza. Il n'avait pas pu, ce n'était pas possible.
Dégouté, il se rhabilla tant bien que mal et tenta de sortir par la première fenêtre, totalement débraillé. Seulement celle-ci étant coincée il ne pu que se rabattre sur la porte d'entrée. S'il croisait quelqu'un il n'avait qu'à courir dans tous les cas.

Finalement, partant sur la pointe des pieds il tourna la poignée et sortit sans un bruit. Puis, passant dans une pièce à vivre richement décorée, il se rendit compte qu'il n'était pas chez n'importe qui. Les peintures, les pièces d'orfèvres, l'or, les dorures. Il en était sûr, il était dans la demeure de la famille Kompéito, l'illustre famille qui fit fortune dans le commerce du thé, et ce bien avant le nouvel outsider : thé Tonray. Soudain il entendit du bruit, des pas qui venaient dans sa direction. Sans perdre un instant il ouvrit un coffre en osier et se jeta dedans en espérant ne pas être découvert. Par les trous des mailles il arrivait à distinguer deux paires de chaussures.

- Bon Byakuma allez réveiller ma fille, elle m'exaspère… commença une voix plutôt sévère.
- Oui monsieur, j'y vais de ce pas !

Une paire partit tandis que la seconde resta à sa même place. Cela ressemblait au bas d'un costume de tailleur, surement un tailleur d'Honnoji. Ce bleu était profond et trahissait un vêtement très coûteux, d'autant que les chaussures semblaient être de toute première qualité. C'était sûr, il s'agissait bien de la famille Kompéito. Du coup les idées fusèrent et forcément il décida, d'instinct, de s'échapper de ces lieux avec un objet de grande valeur. Rapporter de l'argent au clan, voilà ce pourquoi il était fait. Il patienta donc quelques dizaines de minutes, assistant à la vie de l'une des familles les plus argentées de Shimotsuki. Il entendit le père réprimander la jeune femme, puis quelques désobligeance sur celle-ci. Finalement, tous repartirent de la salle, vacant à leurs occupations respectives. Myokoryu saisit sa chance en sortant de sa cachette, puis prit la direction de la porte d'entrée de la demeure. Là, il attrapa un katana fait entièrement d'or et prit s'enfuit, alertant au même moment les majordomes de la famille. Escaladant une magnifique portail d'acier, il pu s'échapper sans que l'on ne le rattrape ni même que l'on voit son visage. Il l'avait échappé belle, mais il reviendrait le soir même.

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- Trois jours auparavant -

- Je vais quitter les Hanamori (cf post n°6 paragraphe 2 de de ce rp) Mysaki, je te le promet… avoua Bento, la tête reposant sur les genoux de sa femme pendant que celle-ci soignait ses blessures au visage.
- C'est vrai ? fit-elle enjoué. Quand est-ce que tu t'en va de ce merdier ?
- Aiee… ça pique ton truc là !
- Fais pas la chochotte et n'évites pas la question ou j'en met une deuxième couche ! se moqua Mysaki en jouant avec une solution qui sentait très fort les herbes.
- Je veux une dernière mission, récupérer un petit paquet d'fric et après j'arrête tout !
- Pfff, on en a pas besoin arrêtes maintenant !
- Chérie, laisse moi ça, ce clan c'est une partie de moi alors laisse moi lui dire au revoir comme il se doit !
- De toute manière tu vas le faire bourrique ! Tu voudrais faire quoi une fois que tu les auras quitté ?  Pêcheur, marchand, forgeron… ?
- Eleveur de vers, annonça-t-il en provoquant la surprise chez sa bien-aimée.
- Hein, éleveur de quoi ?! bégaya-t-elle sous la stupeur.
- Oui oui, éleveur de vers ! Je veux créer de la soie ! On pourra la revendre ou même créer nos propres tissus avec ! reprit le yakuza avec de la suite dans les idées.
- Heu.. ouaiiiis, commença Mysaki loin d'être partante, tu es sûr que tu veux pas plutôt travailler autre chose ?
- Non vraiment, je me suis renseigné un homme pourrait m'aider pour m'installer ! Puis ça pourra être une entreprise familiale où on serait tous ensemble, tout le temps !
- Mouais, bon on en reparle chéri ?
- Ah bah c'est toi qui t'échappe de la discussion cette fois ? se moqua-t-il gentiment. Aiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiie c'est pas drôle arrête ! hurla-t-il de douleur alors que sa femme se vengeait en rigolant.

- Retour au présent -

Kenichi était seul chez lui, un pinceau et de l'encre noir entre les mains. Face à lui, dans ce vide blanc, une feuille trônait sur une petite tablette de bois. Respirant lentement il effectuait des gestes à la fois précis et ample. Son outil ne semblait même pas toucher le papier mais rapidement de magnifiques caractères traditionnels apparaissaient. Tout cela n'était pas forcément une passion pour lui, mais il cela faisait partie de l'entraînement. Maître Chun lui avait fournit, avec Vinz, une formation complète. Les deux gamins avaient appris le maniement d'un sabre, l'art de la calligraphie, la méditation mais également la cérémonie du thé. Tant de choses qui, mises bout à bout, permettaient de donner naissance à un guerrier aussi puissant que sage. Ainsi, le borgne ne dérogeait pas aux recommandations de son maître, il voulait devenir meilleur et travaillait dur pour cela.

A vrai dire cette petite parenthèse lui permettait de souffler un peu car il avait un rendez-vous important. Il devait se rendre au siège du clan pour y voir l'un des membres éminent. Enfilant son épais manteau blanc qui le distinguait si bien de n'importe quel autre yakuza, le fils d'Amarok prit son nodachi qu'il coinça à sa taille. Claquant la porte de son appartement vide, il ne mis que quelques minutes pour arriver à destination. Là il poussa la porte de la maison de jeux, un monde fou s'entassait pour tenter de gagner quelque chose. Ils étaient locaux, étrangers, fauchés ou riches, il y avait de tout ici. La prestance naturelle de Kenichi fit se retourner pas mal de monde, mais ceux-ci retournèrent vite à leurs roulettes et autres jeux de hasard. Le yakuza-samouraï monta à l'étage, gardé par deux de ses collègues. Après une petite accolade amical ils le laissèrent passer.

- Viktoro est dans son bureau Tokoma ?! dit-il au premier homme de main qu'il vit.
- Heu ouais j'crois bien, vous voulez que je vous annonce ?!
- Oui s'il te plaît ! le remercia Kenichi.

La salle d'accueil du clan était sublime. Des bonzaïs, de magnifiques peintures murales représentant les paysages de Shimotsuki, un peu d'encens et un éclairage maîtrisé, ce lieu était relaxant quand on était pas ici pour se faire couper un doigt.

- Vous pouvez y aller monsieur Shinoda !
- Merci Tokoma !

Kenichi entra dans le bureau du chef administratif du clan et ferma la porte derrière lui. Il savait que tout ne serait pas très agréable, alors il s'était préparé.

- Bonjour monsieur Marianochi !
- Kenichi, comment vas-tu ? répondit l'Intraitable avec un grand sourire carnassier.
- Bien et vous même ?!
- Merci tout va bien, veux tu un thé ?
- Non merci, fit-il en utilisant sa main en guise de stop.
- Bon tu sais pourquoi tu es ici je suppose !
- Evidemment, c'est le bilan mensuel n'est-ce pas ?
- Très juste, sais-tu où tu en es ce mois-ci ? commença Viktoro en s'affaissant en arrière dans son fauteuil, les mains et les jambes croisées.
- Honnêtement non, mais je suppose que ce n'est pas exceptionnel !
- Effectivement tu es en perte de vitesse ! Ton petit groupe avec Tanaka et Bento ne rapporte plus comme les mois précédents ! Que vous arrive-t-il ?
- Je ne sais pas, rien n'a changé.. enfin pas que je sache !
- Faire une sorte d'équipe élargie avec Myokoryu de manière occasionnelle était une bonne idée, mais je pense qu'il devrait prendre les rennes des opérations. Il est bien plus performant que vous trois à lui seul !
- Pff.. on a fait quelques belles prises tout de même ! Nous n'avons pas besoin qu'il chapeaute les opérations !
- Ce n'est pas ce que les chiffres disent, enfin tu n'as pas l'air d'accord ! Regarde moi ce registre et dis moi si tu es d'accord ! rétorqua Viktoro en donnant la feuille enregistrant l'argent rapporté par Kenichi et ses hommes ce mois-ci.
- Effectivement il y a un problème ! annonça Kenichi en étant surpris. Ces chiffres ne sont pas bons !
- Pourtant les chiffres ne mentent pas, les hommes si ! L'un de vous a menti ! Je hais les menteurs ! J'ai bien peur que…
- Je m'en occupe, le coupa Kenichi avant que l'administrateur ne s'énerve. Je vais enquêter et vous ramener la somme.
- Il y a intérêt, celui qui sera désigné fautif aura affaire au clan !
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Tanaka ne comprenait pas ce qu'il se passait, il avait longuement lu ce livre sur "comment gagner aux dés sans trop tricher" et pourtant voilà qu'il avait déjà perdu dix mille berries. Il ne saisissait pas pourquoi sa fameuse combinaison magique quatre et trois ne sortait jamais. Sa mâchoire commençait à se serrer, ses poings tremblait au fur et à mesure qu'il perdait de l'argent. Son âme de joueur le forçait à rester à cette table, pensant inlassablement qu'il pourrait se "refaire". Pourtant rien ne venait jamais. Si bien qu'il perdit jusqu'à sa dernière pièce, n'ayant plus un sous pour finir les dix derniers jour du mois. Une main devant une main derrière, il se fit mettre à la porte de la maison de jeu. Il était là, à la rue et sans un sous. Son envie première fut de retourner chez lui, mais il n'avait plus rien. Récemment il avait vendu ses derniers meubles pour jouer aux dés mais il avait déjà tout perdu cette fois-là. Désormais il n'avait plus qu'une seule solution, quémander "plus haut". Son ventre criait famine, il rêvait d'un bon bol de nouille avec un jus succulant comme en faisait le petit restaurant près de son appartement. Enfin bon, sa note était déjà bien trop remplie, il préférait se faire discret auprès d'eux, qui sait peut-être oublieraient-ils un jour sa dette.
Ainsi, poussé par le besoin il se rendit au quartier-général du clan. Il avala sa salive, se répéta une dernière fois son petit argumentaire avant de grimper à l'étage. Il fut envoyé au bureau du Saiki-komon, Viktoro qui le fit rapidement entrer. Quelques minutes plus tard il ressortit, une belle liasse en poche. Soulagé, son entretien n'avait pas été de tout repos mais il avait réussi à être convaincant, une aubaine pour lui.

Kenichi descendait les escaliers, passant obligatoirement dans la salle de jeux gérée par le clan quand il fut "interpellé". En fait le mot juste serait "sauté dessus. En effet, Tanaka lui avait foncé dessus comme un fou.

- Boss j'ai b'soin d'toi !
- T'es fou il est où ton problème ? grommela Kenichi en s'époussetant.
- Bah j'ai plus un berries, tu peux me filer un coup de main ? fit Tanaka, un dés dans les mains l'air désemparé.
- Je t'ai déjà dit d'arrêter de jouer, lui répondit Kenichi désespéré.
- Nan mais c'est lui là, dit Tanaka en pointant le lanceur de dé de la table principale, c'est un gros voleur !
- Pfff c'est juste que t'es mauvais ! Allez viens on va parler de ça dehors !
- Merci boss t'es l'meilleur !

Les deux yakuzas marchaient dans la rue comme des citoyens lambda, seulement ils n'en étaient pas. Eux faisaient partie de la face sombre de Shimotsuki, cette face peu connue mais pourtant bien présente. Tanaka commença à raconter sa journée à son supérieur puis vint rapidement à ses soucis d'argent et du fait qu'il venait d'expédier l'avance que Viktoro venait de lui faire. Il était dégoûté, mais sa dépendance était trop forte et là encore, s'il avait le moindre berries il irait le jouer aussitôt. Puis il disgressa quelques instants en disant avoir croisé Myokoryu. Les deux hommes avaient procédés à une accolade avant de se raconter quelques futilités et se séparer.
Puis ce fut Kenichi qui survola quelques éléments de son entretien avec l'Intraitable. Il accentua surtout sur le fait qu'ils devaient amasser de l'argent assez rapidement. Ils ne pouvaient faire autrement. Tanaka montra sa main gauche à laquelle il manquait déjà l'auriculaire et fit remarquer qu'il savait très bien que la situation était urgente. Lui avait perdu son appendice à cause d'une soirée trop arrosée. Le saké coulait à flots et il jouait, c'était son soir de veine. Puis il acheta de l'opium à un trafiquant, seulement il ne passa pas inaperçu et ternit l'image du clan. Ayant enfreint l'une des neufs règles, il du sacrifié deux phalanges, n'en laissant plus qu'une seule là où avant se dressait un doigt.
Il n'était pas amère, non il savait qu'il avait fauté et qu'il méritait ce châtiment. En effet il s'était engagé dans le clan corps et âme et en connaissait parfaitement les règles. Il n'y avait donc rien d'injuste là dedans.

Soudain, au croisement de l'une des rues principales d'Honnoji deux hommes débarquèrent sur la droite des yakuzas. Il s'agissait de deux Marines dont l'habit était quelque peu adapté aux mœurs de l'île. Des kimonos arborant les écritures justices, bleu et blanc ainsi qu'une casquette leur permettaient de ne pas trop dénoter du reste de la population.

- Messieurs veuillez nous suivre ! ordonna le plus vieux des deux.
- Hein ? Mais on a rien fait ! s'insurgea Tanaka aussitôt.
- Venez on vous a dit ! insista le second soldat.

Tanaka posa la main sur la garde de son katana, ce que firent également les deux représentant de l'ordre mondial tandis que Kenichi, bien que plus imposant que ses ennemis ne fit pas preuve d'une once d'agressivité.

- Très bien on va vous suivre ! dit il calmement en posant sa main sur l'épaule de son ami.

Tous les quatre prirent donc la direction d'un grand bâtiment d'architecture assez similaire avec celle de Shimotsuki. Des arcs inversés pour les toits, un mélange de rouge et de marron plutôt réussi, mais encore et toujours ces "Justice" écrit en gros. Ainsi que le fameux insigne de la mouette accompagné du fameux symbole du Gouvernement Mondial. Ils s'y rendirent et les deux mafieux furent emmené dans un bureau vide.

- Nous allons procédé à une fouille, veuillez enlever votre manteau s'il vous plaît ! indiqua le soldat à Kenichi qui s'exécuta aussitôt. Récupère leurs sabre s'il te plaît, dit-il à son compère.
- Vous n'avez rien à signaler de particulier ?continua le second.
- Une seconde s'il vous plaît, que croyez-vous ? De quoi sommes nous le sujet ? questionna légitimement le borgne.
- Des passants nous on signalé que vous possédiez une arme à feu ! Ceci étant absolument prohibé sur Shimotsuki nous nous devons de vous fouiller !
- Une arme à feu ? Mais vous êtes timbré ! s'énerva Tanaka dont le sang bouillonnait depuis quelques minutes déjà.
- Ne levez pas le ton s'il vous plaît !

Le jeune soldat commença par tâter Kenichi au travers de ses vêtements sans pour autant trouver quoi que ce soit. Puis il commença sa recherche sur Tanaka et tiqua quelques instants. Tombé sur quelque chose il alla chercher l'objet dans la poche, assez profonde, du pantalon du yakuza et en ressortit une arme.

- Attends attends c'est quoi ce bordel ? fit Tanaka ahurit, mais également énerver de se faire piéger.
- Tanaka... ?
- Non je te promet que ce n'est pas à moi, d'ailleurs je l'avais pas c'est vous qui venez de me le mettre dans la poche ! accusa Tanaka plus révolté que jamais.
- Bon monsieur calmez-vous ! Nous allons attendre qu'un supérieur vienne ! Votre jugement sera effectué ici, sans délai ! Tout ce que vous pourrez dire pourra être ut..
- Enculez !!! hurla Tanaka.
- La ferme ! ordonna Kenichi d'une voix si ferme qu'elle fit même taire les soldats de la Marine.

Imposant, borgne et possédant une voix si autoritaire et puissante il n'en fallait pas plus pour que les deux soldats commencent à avoir peur. Ils firent donc rappliquer du monde pour être sûr que la situation ne tourne pas en leur défaveur.
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Les deux yakuzas furent emmené dans une nouvelle pièce accompagné d'une dizaine d'hommes en armes. Les mains menottés dans le dos, ils avaient été dépossédés de leur sabre. Tanaka suait à grosses gouttes, il ne comprenait rien à ce qu'il s'était passé. Il savait pourtant qu'il n'avait pas de pistolet, il n'était pas assez fou pour ça. Qui plus est, il était un citoyen de Shimotsuki intègre et vouait une aversion viscérale pour ce genre d'arme.
Pourtant ils en étaient là, tous les deux. A cause de lui, il savait qu'il merdait en ce moment. Que ce soit l'argent, la dernière mission ou même aujourd'hui. Comment tout cela pouvait être possible ? Touchait-il le fond ? Le yakuza perdait pied dans tout ça et avait entrainé Kenichi dans sa dégringolade.

- Veuillez entrer ! ordonna l'homme qui les avait fouillé tout à l'heure.

Ils s'exécutèrent sans discuter, le borgne entrant en premier. Il était assez impressionnant par rapport aux autres, mais quelques soldats n'avaient pas à rougir de sa carrure. Puis eux au moins étaient libres et armés. La salle était une sorte de petit auditoire où des jugements pouvaient être rendu. D'ailleurs c'était bien le cas aujourd'hui.

- Le nouveau commandant arrive, Commandant de la Marine régulière Gyoga Totsuo ! annonça l'un des soldats.

Les quelques gradés qui étaient assis se levèrent puis les deux accusés furent placé face à eux. Pendant ce temps, un homme vêtu de noir arriva. Seul une veste bleue et blanche était déposée sur ses épaules pour indiquer son appartenance à la Marine. Sabre à la ceinture, il était froid. Son regard n'était pas celui d'un homme simple, non il ressemblait plus à une bête qu'à autre chose. Kenichi ne sentait pas cet homme, il était surement là pour faire tomber des têtes et bien se faire voir. Il transpirait le zèle, il n'était pas de ceux que les yakuzas pouvaient essayer d'apprécier.

- Commandant, cet homme, commença le soldat en pointant Tanaka du doigt, a été pris avec une arme à feu et à donc violé la loi de Shimotsuki ! En tant que garant de l'ordre sur l'île, un procès immédiat est ouvert.
- Très bien continuez, je vais observer tout ça ! répondit sèchement le nouvel arrivant en prenant place un peu à l'écart au fond de la pièce.

Il était simplement là pour observer, non pas pour agir ce qui rassura Kenichi l'espace d'un instant. A peine affecté ici, il devait apprendre les mœurs si particulières de Shimotsuki, sans quoi il ne resterai pas longtemps.

- Présentez-vous !
- Je m'appel..
- Kenichi Shinoda à la barre, 23 ans, je travaille dans la maison de jeux Hanamogame ! le coupa le borgne l'air déterminé.
- Moi je suis Tanaka Ukyo, 28 ans et je travaille au même endroit que mon confrère ! enchaîna-t-il en remerciant Kenichi dans sa tête.
- Les charges retenues contre vous sont gravissimes ! Détenir une arme à feu étant prohibé, vous risquez jusqu'à 3 ans de réclusion ! Avez-vous quelque chose à dire pour votre défense ?! entama un homme vêtu en noir.
- J'ai effectivement récupérer cette arme et l'ai introduite dans la poche de Tanaka ici présent ! Je l'avais volé à un pirate juste avant, j'espérais ne pas me faire prendre !
- ... ? Tanaka en avait le souffle coupé, il ne savait ni ne pouvait dire quoi que ce soit. Il était tout simple bouche-bée.
- Très bien vous reconnaissez les faits ! Laissez donc sortir monsieur Ukyo s'il vous plaît ! ordonna le magistrat.
- Attendez ! le coupa un soldat. Regardez sa main gauche ! s'écria-t-il.
- Emmenez monsieur Ukyo également, il sera condamné à une semaine de travaux forcés, son implication est probable ! Les Yakuza, de quel famille faites vous partie ?!
- Je travail pour le clan Namigasa ! fit Tanaka avec aplomb.
- Quel menteur, le Hanamogame appartient aux Hanamori !
- La peine de monsieur Ukyo est rallongée à six mois pour dissimulation d'informations sur un groupe armé ! Monsieur Shinoda sera lui condamné à la peine maximale, 3 ans dans la prison de Keimu Sho ! ordonna-t-il en donnant un coup de marteau officialisant la clôture de la séance.

Tanaka remercia son ami dès qu'il le pu puis fut emmené dans une autre pièce avant d'être conduit à l'extérieur d'Honnoji.
De son côté, Kenichi retourna dans la salle où on les avait fouillé. Là, ils récupérèrent son nodachi et le mirent dans une boîte en bois, scellée.

- Prenez-en soin ! dit gravement Kenichi en intimidant les soldats qui s'y affairaient.

Puis il fut conduit dans une calèche, tiré par deux beaux chevaux noirs comme la nuit et accompagné de cinqs hommes armés. Il s'en allait au pénitencier, n'ayant pourtant rien fait qui le méritait. Il était parfaitement serein, calme comme à son habitude. Il savait où étaient ses objectifs et que jamais, ô grand jamais, il ne les abandonnerai.
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- La nuit tombée -

- Retrouvez-le ! hurla un soldat de la marine, une lampe à huile à la main.

Les ténèbres ayant investies Shimotsuki, trouver un fugitif devenait de plus en plus compliqué. Deux autres hommes de la Marine commencèrent alors les recherches, tandis que les autres, gisaient dans un bain d'hémoglobine. Quelques instants plutôt, le convoi qui emmenait Kenichi vers la prison de Keimu Sho fut attaqué par surprise. En effet, une flèche habilement tirée se planta dans la cuisse du cheval de droite qui entra en collision, à cause de la souffrance, dans celui de gauche. L'attelage s'écroula et les bêtes se déchirèrent chaires et muscles en tombant. Une grande coulée rouge foncée s'étendit donc, tandis que la calèche fut elle aussi prise d'assaut. Deux flèches tuèrent chacune un soldat, n'en laissant donc plus que trois en plus du yakuza. Ils n'avaient donc pas eu le temps d'appeler des renforts qu'ils furent laissés au sol. L'appareil étant dans la poche de l'une des victimes, prit dans l'action et sous la crainte de se prendre un projectile ils n'eurent pas encore l'idée d'aller le chercher.

- Putain d'merde ! cria le soldat tout en regard partout autour de lui.

Soudain une grande masse sombre lui fonça dessus, c'était un homme, armée d'une arme contondante et le coup lui parvint rapidement dans la mâchoire. Il s'éteignit aussitôt, assommé par la violence du coup. Puis un homme, bien plus grand cette fois-ci, attrapa un sabre qui trainait au sol. Ni une ni deux, il trancha l'un des soldats qui n'eut même pas le temps de s'en rendre compte. Le second tenta alors le tout pour le tout et l'assailli mais il n'était pas assez fort. Après une délicate esquive, le fugitif donna un coup horizontal sec et puissant. Un bruit sourd d'objet tombant s'en suivit, puis le corps tomba également suivant le reste.

- Bento ? Comment est-ce possible ?! s'étonna Kenichi.
- Boss c'est Voko qui vous a vu partir avec la Marine, on a rapidement pris les armes et on a volé une calèche qui est plus loin !
- Merci ! Sans vous je m'éterniserai en prison !
- Y'a quelques Namigasa en plus là-bas, ils vous auraient mené la vie dur ! rigola Bento.
- Merci mon ami, eh Voko ! interpella Kenichi, merci à toi aussi ! Toujours aussi habile avec ton arc !
- Oui ahaha merci Kenichi !
- Bon maintenant on cache tout ça ?!

Ils s'occupèrent de dissimuler au mieux les cadavres, tantôt dans les buissons, tantôt en creusant un peu sur le bas-côté. La petite équipe fit au plus vite, puis quitta les sentiers tracés pour éviter de se faire repérer. L'alerte serai bientôt donnée, il n'en faudrait pas plus pour que les soldats rappliquent. Tenant la caisse de bois où était scellé son nodachi fermement entre ses mains, Kenichi ordonna à Bento de la fracasser grâce à son jitte. L'arme de son collègue ne se fit pas prier pour éclater le bois pourtant dur. Heureux, le borgne et ses acolytes reprirent la route. Ils ne prenaient pas forcément la route pour Honnoji, il fallait qu'ils disparaissent quelques jours.

- Le lendemain en début de soirée -

La nuit s'était installée, les familles prenaient leur repas au chaud chez eux tandis que deux hommes erraient. Ils entrèrent dans un bar où locaux et étrangers se mélangeaient autour de la boisson. Une ambiance assez festive qu'ils appréciaient tant. Rapidement ils dirent bonjour à quelques connaissances, leur réputation les précédait quelque peu. Les frères Kobayashi, leur costume parfaitement cintré, du violet pour Aki et du gris pour Taka, leur marque de fabrique.
Ils commandèrent du saké puis ils commencèrent à sympathiser, à festoyer comme les autres le faisaient déjà. Comme à son habitude Taka se dirigea vers la gente féminine à qui il racontait tout un tas d'histoires fantastiques. Beau parleur, il n'hésitait pas à dire qu'il était yakuza. Ce côté mauvais-genre lui allait si bien. Sa plastique aidant, il savait charmer et à chaque fois qu'il sortait, il savait qu'il rentrait avec une femme.
De son côté, son frère n'était pas en reste niveau excentricité.

- Yo tu crois qu'tu peux me teste ?
Je suis l'boss toi tu n'es qu'une peste !
Les Yaku s'font ciblé par les mouettes
J'irai les piller voici ma quête !
La zonzon m'a mis du plomb dans la tête !
Désormais c'est moi le best !

- Alors c'est plutôt pas mal, hein ? Bon après là je suis pas au max tu vois, je suis tranquille pour l'instant !
- Mouais…. disons que.. ton univers n'est pas trop accessible ! s'excusa un homme.
- Pfff tu n'y connais rien toi casse toi ! C'est l'âme de la rue ça ! Clochard va ! l'insulta Aki dégoûté par ce fan haineux.

Les deux frères se fondaient tellement bien dans la masse que rapidement tous oublièrent qu'ils étaient des yakuza dangereux mais surtout vicieux. Taka retourna au bar et fit un clin d'œil à son frère. Après avoir demandé une bière de riz, il attendit sagement au comptoir. Le tenancier des lieux se baissa pour récupérer la bouteille quand il se fit attraper par les cheveux. Pendant ce temps là, Aki donna un concert improvisé de rap. Bien qu'il exaspérait tout le monde à cause de sa nullité sans nom, il captait l'entière attention de son public mécontent. Ceci permis à Taka de menacer le propriétaire afin que celui-ci lui donne la caisse. Tout se passa si vite que personne ne s'en aperçu. Puis une fois le butin obtenu, il s'en alla et son frère le rejoignit quelques instants plus tard. Ils se tapèrent dans la main, encore une mission trop facile pour eux.
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Les frères voleurs avaient commis leur méfait de la soirée, ils n'en était plus à leur coup d'essai et étaient surement les meilleurs voleur de leur clan. Les Namigasa pouvaient compter sur eux pour ramener de quoi subsister, encore et encore. D'ailleurs il était temps pour eux de se rendre au quartier-général, ils devaient aller voir la hiérarchie. Ils zigzaguèrent dans les rues jusqu'à finalement se trouver face à une armurerie particulière. Le magasin était fermé, mais une petite porte dissimulée à droite du bâtiment leur permis de rentrer. Deux sumotoris attendaient là, faisant office de véritable mur face aux non-membres. Ils reconnurent immédiatement les frères fantasques et s'inclinèrent en guise de respect. Aki et Taka étaient des stars pour les membres de leur organisation, leur réussite un exemple. Aussi, dans ce bâtiment résolument tourné vers l'armement ils se rendirent immédiatement vers le bureau du fond, celui avec deux portes, surveillées par un garde jour et nuit. L'intérieur de ce lieu était assez traditionnel, des sculptures, des poteries, quelques peintures et surtout, des armes accrochées aux murs.

- On peut voir le boss ? demanda Aki au garde du corps.
- Oui bien sûr, répondit-il aussitôt en ouvrant la porte d'une main.
- Entrez ! ordonna l'homme qui se tenait assis en tailleur, contemplant un bonzaï qu'il venait de tailler.

Les deux frères avancèrent et prirent place devant leur chef. Celui que l'on surnommait " Le tanuki " avait une sacrée réputation. Puissant, violent et cruel, il était capable de toutes les abominations pour dominer les autres. Aussi, vicieux et calculateur il avait tellement de fois trompé ses ennemis comme ses alliés que son épithète fut tout trouvé. Les cheveux court, le regard perçant il paraissait paisible mais sa réputation faisait qu'on le craignait en chaque instant.

- Que voulez-vous ?
- C'est un beau sabre que vous avez-là ! commença Aki en pointant du doigt un katana fait d'or et de pierres sublimes, qui était accroché au mur.
- Il est neuf, c'est l'autre qui me l'a apporté ! A croire qu'il devient plus fort que vous !
- Pfff c'est un amateur Oyabun, il n'a aucune finesse, aucune classe ! pesta Taka à l'encontre de cet "autre".
- Prouvez-le ! tonna Minamoto Namigasa. La propriété Kompéito, un artefact se trouve là-bas ! Ramenez-le moi ici et vous grimperez dans les échelons ! ordonna-t-il.
- C'est comme si c'était fait !

- Dans une forêt à mi-chemin entre Honnoji et Kawaï -

La végétation plutôt dense permettait au petit groupe de trois de se dissimuler au mieux. Ils avaient eu Myokoryu à l'escargophone, à la capitale on parlait d'un accident impliquant des soldats de la Marine, il n'avait rien eu de plus croustillant. Aussi, l'ami d'enfance de Kenichi arriva au plus vite pour aider ses compères. Une fois qu'ils furent enfin quatre, ils commencèrent à échafauder un plan, ils ne pouvaient continuer ainsi à se terrer indéfiniment.

- Ken', je suis désolé mais il faut que je t'apprenne quelque chose ! commença Myokoryu.
- De ?
- Viktoro m'a parlé de vos soucis, je me suis dis que c'était bizarre et j'ai donc mené ma petite enquête... c'est Tanaka qui s'est servit dans le butin avant que celui-ci ne soit envoyé au clan.
- Arrête c'est impossible.. espérait Kenichi en le disant.
- Pourtant si, il cumule les dettes, il joue tout le temps ! Il dépense tout son fric c'est une plaie !
- Oui mais il ne nous aurait pas volé ! gromela Bento.
- Moi je vous dis que si, il a volé dans le pot commune et s'est même procuré un flingue. Vous savez pourquoi ? Il l'a volé pour le revendre à des pirates pour, une fois encore, éponger ses dettes !
- C'est pas possible...

Le doute saisit tout le monde, Tanaka était leur ami mais il avait effectivement une grosse addiction aux jeux. Se pouvait-il qu'il commette un tel affront envers le clan ?

- Le clan ne laissera jamais passé ça ! soupira Bento.
- Et il a déjà un doigt en moins !
- Bon il lui reste une chance alors, au pire il lui manquera juste un second doigt !
- Nan mais il est aux travaux forcés ! Y'a quelques Namigasa qui y sont également, j'ai vu qu'il n'était pas bien lorsqu'on s'est fait "jugé" de manière éclair. S'il "vendait" la moindre information nous serions mal ! s'inquiéta Kenichi.
- Nan mais il ne pourrait pas faire ça..
- Quand je l'ai croisé au Hanamogame il venait de claquer l'avance qu'il avait reçu de Viktoro pour le mois prochain...
- Il ne pourrait pas, après tout ce n'est pas une balance !
- On fait comment alors ? On attend qu'il rentre et on le choppe pour savoir ce qu'il s'est passé ? On le kidnappe ? proposa Bento énervé. Tanaka était son meilleur ami, il n'arrivait pas à croire ce qu'il entendait.
- On demande au clan.. il n'y a pas d'autre moyen ! annonça Kenichi fermement. Myo', tu vas au QG et va demander à Botamoto ou à l'Oyabun, il nous faut une solution claire ! Ecoute moi, tu leur explique qu'on a un soupçon sur l'implication de Tanaka sur les pertes du butin, qu'il est aux travaux forcés et qu'il n'a pas l'air très fort psychologiquement. On a peur qu'il dise quelque chose de regrettable ! D'accord ?
- Oui mon ami, je reviens avec la réponse demain d'accord ? Tu peux compter sur moi t'inquiète pas ! lui promis Myokoryu avant de s'en aller, sourire aux lèvres.
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- Le lendemain matin -

Myokoryu, fidèle à lui-même se déplaçait avec sa démarche assurée, presque robotique. Il ne s'attardait pas à admirer la beauté du hall du quartier-général du clan Hanamori. Il n'en avait rien à faire car il n'avait pas la moindre sensibilité à l'art. La seule chose qui comptait était son objectif. D'ailleurs ce matin il était simple, discuter avec le bras-droit d'Hogozo, un homme nommé Botamoto de la famille Higamo.
Les parents de ce dernier vivaient dans la misère des champs de Kawaï, il décida donc il y a trente ans de changer sa vie à tout jamais. Un vrai bagareur, un homme aux coups de sang ravageur, le bras-armé d'Hogozo Hanamori. Dans son bureau, assis au niveau d'une fenêtre il fume un cigare mal roulé. Une fumée épaisse et blanche s'en échappait doucement, il rêvassait. Enfin, il se questionnait sur sa propre vie, se demandant si le décès de sa femme n'était finalement pas un juste retour du baton. Veuf depuis moins de dix jours, il n'avait cependant pas lâché une seule larme depuis. La vision du corps inanimé de sa dulcinée, gisant au sol le traumatisait certes, mais il n'en montrait pas la moindre blessure. Un dur à cuir, l'un de ces hommes que la vie ne pouvait ébranler. Son coeur lui faisait mal depuis plusieurs jours, la veille il avait cru faire une crise cardiaque, tout comme sa femme, mais son muscle ne s'était jamais arrêté pour de bon. Perdu, à fleur de peau il était plus démoniaque que jamais. Pourtant, ce matin c'était dans un spleen profond qu'il était plongé, comme si ses émotions commençaient à le tirer dans les tréfonds d'un monde qu'il ne connaissait pas encore.

La tête baissée, le cigare tombant, les yeux même de Botamoto traduisaient une peine incommensurable. Son sabre de bois n'avait pas tâter de crâne depuis quelques jours déjà, un véritable exploit. Comme si toute envie avait quitter ce corps, laissé à l'abandon par son esprit.

Myokoryu entra dans le bureau, fier et orgueilleux mais tomba nez à nez avec un être plus bas que terre. Surpris il ne dit rien en entrant, ferma la porte derrière lui puis avança discrètement vers son supérieur. Pendant que le bras-droit était prostré là, contemplatif du vide, l'acolyte de Kenichi s'adossa contre le mur à ses côtés.

- Elle te manque ?
- Pff qu'est-ce que tu racontes Myocouille ?! répondit automatiquement Botamoto, une larme au bord de l'œil gauche.
- Arrête de faire l'fier c'est bo...

Sans qu'il n'ai le temps de finir sa phrase, le second du clan Hanamori passa à l'action. D'une balayette il mit Myokoryu au sol puis il plaça la pointe de son boken sur la pomme d'adam du fauteur de trouble.

- J'tai dis qu'ça allait connard ! Tu veux quoi ?
- Arghh, lâche ma gorge… il faut que je te parle de Tanaka !
- Oh oui, alors du nouveau ? fit Botamoto en aidant son subalterne à se relever.
- Justement oui, je suis allé discrètement là où on le faisait travailler ! J'ai eu la confirmation de mes doutes, d'une il a bel et bien dissimulé des fonds pour se les garder et jouer aux jeux, et en plus il a "parlé" à des hommes de Namigasa !
- S't'enflure… tu es sûr de toi ?! commença à s'énerver Botamoto qui serrait déjà la mâchoire. Pour lui la loyauté était LA qualité première d'un homme.
- Il faut qu'on prenne une décision, ce gars il a trop de problèmes à cause de son addiction...
- Tu as raison, faut que je réfléchisse à comment agir là, j'ai pas la tête droite ! rétorqua le second en s'assayant et en tirant quelques bouffées de l'épaisse fumée blanche que produisait son cigare.
- Tu vois, je te disais bien qu'il y avait un truc ! Allez lâche un peu..
- Ferme là !
- Ok ok, bon pour en revenir à Tanaka, ses problèmes d'argent nous on déjà causé du tord, il a volé le clan c'est pas rien !
- Un truc comme ça ça va lui coûter plus qu'un doigt... disait-il pensif.
- Puis surtout le problème c'est qu'en parlant aux Namigasa, et je peux te dire qu'il ne leur parlait pas du beau temps, il met en péril le clan en entier. Cette trahison doit être arrêtée et punit sur le champs, enfin ce n'est pas à toi que je vais l'apprendre !
- Tu as raison, il doit disparaître ! On ne peut risquer de perdre du terrain face à l'ennemi à cause d'un traître ! Tu te charges de l'éliminer ? Penses à prévenir Kenichi, avant ou après je m'en fous mais il faut que tu le fasses !
- Bien évidemment, je m'en charge tout de suite !


- En début d'après-midi -

Kenichi était complètement abasourdi tout comme Bento d'ailleurs. Le cerveau du borgne était en ébullition, il avait comme des bourdonnements dans la tête. Une sensation de chaleur était entrain d'envahir tout son corps tandis que l'impression de tomber dans le vide le saisissait en plein cœur. Il n'arrivait pas à y croire, tout cela était de trop. Son rythme cardiaque fusait à vitesse grand V tandis que ses mains devenaient moites.
Tanaka, son ami, il n'arrivait pas à le réaliser. Devant l'attitude déconcertée et complètement muette de son supérieur, Bento enrageait.

- On peut aller vérifier nous même nan ? On l'enlève, on le passe à tabac s'il le faut ! proposa Bento pour éviter la mort à son ami de toujours.
- Oh les gars, c'est un traître ! On ne peut pas tolérer ça ! Les ordres ont été donnés, il ne manque plus que de les exécuter ! clarifia Myokoryu à ses deux compères.
- Hein Kenichi, t'en pense quoi toi ? demanda désespéremment Bento dont les nerfs commençaient à lâcher totalement.
- Les ordres sont les ordres ! MERDE !
- Mais va te faire ! hurla Bento en poussant Myokoryu violemment.

Ni une ni deux l'ami d'enfance de Kenichi envoya une droite à l'homme au jitte qui ne pu ni la bloquer ni l'esquiver. Un bruit de craquement au niveau de son nez sortit le samouraï de ses pensées.

- Vous pensez pas que là situation est déjà assez compliqué putain ?!
- Explique lui que les ordres sont les ordres !
- Va chier Myokoryu, Tanaka c'est un membre de notre famille, c'est un frère ! On ne tue pas un frère comme ça !
- Kenichi, c'est LA décision qu'a prise le clan, le clan passe avant tout ! le persuada encore une fois Myokoryu.
- Ken..., le regard de Kenichi en disait tellement long sur la douleur qu'il ressentait actuellement que Bento compris. Il prit son arme, la posa sur son épaule et s'en alla sans dire un mot de plus. Juste avant de définitivement quitter la discussion il cracha au pied de Myokoryu qui parvint à se contenir.

L'homme à l'arc, compagnon de Bento décida de le suivre car, de toute manière, l'ordre ne le concernait pas le moins du monde.

- C'est bien, là tu agis en chef Ken ! P't'être même que tu va rapidement arriver au même niveau de Vinz ! fit il en posant sa main tapant l'épaule de son ami borgne. La différence de taille entre les deux empêchant Myokoryu de posa sa main sur son épaule comme il aurait voulu le faire.
- ...
- Je te laisse donc préparer ton plan pour le tuer ! J'ai un coup assez intéressant pour toi, on s'en charge ce soir même ça te vas ?
- Ma lame.... elle tuera donc un ami... commença Kenichi, toujours perdu dans un mélange amère de tristesse, de haine et de culpabilité. Tu me parles de quoi là encore ?!
- Tu as déjà entendu parler du vase de Kompéito ?
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L'espace, le temps, plus rien n'avait de sens. Le goût, le toucher, l'odorat, l'ouïe, la vue, il ne lui restait plus rien. Prostré là tête baissée, front appuyé contre la tusba de son nodachi, Kenichi était vide. Son cœur était tiraillé, mais sa décision était déjà prise. Il aurait pu succomber, comme beaucoup l'auraient surement fait, à sa tempête intérieure lui criant de désobéir. Seulement il n'était pas de ceux-là. Les principes, les valeurs et tous ces préceptes inculqués depuis tant d'années étaient beaucoup trop important pour un yakuza tel que lui. La première règle concernant le clan fut que celui obtenait la primauté sur tout le reste, famille y compris. Alors dans ce cas, il était impensable pour le borgne d'aller à l'encontre de l'ordre dispensé. Les yeux fermés il faisait le vide, il en avait terriblement besoin. Se détacher de ce monde matériel qui, ce jour là, le débectait. Jamais il n'en voulu au chef de clan, ni même au moindre supérieur. A vrai dire il s'en voulait à lui-même et à lui seul. Il n'avait pas assez soutenu son ami, il n'avait pas su le protéger de tout cela et maintenant, il avait pour ordre de l'éliminer sans sommation.

Ce fut donc la rage au ventre et la désolation dans l'esprit qu'il partit de sa planque à l'extérieur de la ville. Les forces de l'ordre ne l'avaient pas trouvé, il était temps pour lui de réapparaître. Il ne savait pas si on le cherchait encore, mais dans tous les cas il ne pouvait se terrer à vie. Il prit donc la direction d'Honnoji, enfin plus précisément le lieu d'affectation de Tanaka. Au nord-est de la ville, un chantier public employait des repris de justice, une simple histoire d'économies sur le personnel. La route avait subies de nombreux dommages au fil des années et cela faisait quelques jours que ceux ayant évité la prison travaillaient à la remettre en état. Evitant tout de même d'emprunter les grands axes de passage, le samouraï parvint à se rapprocher de la capital assez rapidement, toujours accompagné de Myokoryu. Les deux étaient inséparable, de vrais frères.

Pendant ce temps là, Tanaka piochait dur et sans discontinuer. Lui était chargé de finir de casser le revêtement existant pour qu'une seconde équipe s'occupe de remplacer les pavés. Il avait enlevé son haut, arborant de maigres abdominaux et des bras peu convaincant. A côté de lui quelques mecs bien plus baraqué avançaient deux fois plus vite que lui, ce qui lui valu le surnom de "gringalet" qui avait le don de l'énerver. Pourtant il se taisait, il ne bronchait jamais lorsqu'on le chahutait. Il le savait, même si ces accusations étaient totalement fausses il avait déjà causé trop de soucis à Kenichi et au clan. Ses problèmes avec les jeux avaient pris trop de place, il ne pouvait plus s'endetter ainsi. Ainsi il s'était promis de ne plus toucher à un dé, ni même à une grille de bingo. Il ne voulait plus de tout cela. Ses longues heures de travail forcés lui avaient permis de réfléchir. Cette vie qu'il menait ne lui convenait plus, enfin plus de cette manière là. Il avait pour nouvel objectif de rester dans le clan, mais d'être un homme nouveau. Un homme assagit. Il faisait donc de ce séjour une force plus qu'autre chose, un véritable effort pour lui et son immaturité qui faisait sa marque de fabrique. Tanaka était totalement transformé.

- Deux heures plus tard -

Myokoryu et Kenichi était rentré par effraction dans un petit appartement, surplombant le lieu de travail forcé de Tanaka. Par la fenêtre de la chambre ils pouvaient observer le membre de leur clan, enfin ex-membre, qui trimait dur avec sa pioche. Kenichi ne tentait pas de voir son camarade, il méditait depuis maintenant quelques minutes, concentré comme jamais auparavant. Un coéquipier, un frère, il aurait pu tuer avec sang froid n'importe qui mais là c'était différent. Son âme lui cria d'arrêter cette folie mais il la fit taire aussitôt. Soufflant profondément comme pour se purifier de l'intérieur il réouvrit les paupières, serra son fidèle nodachi de sa main droite puis se releva. Son manteau blanc, ses bracelets d'or, sa longue pipe richement décorée, son sabre à la ceinture. Il était LE Kenichi Shinoda que le monde entier finirai un jour par connaître. Sauf que pour une fois, il n'était plus vraiment sûr de lui.

Regardant par la fenêtre en direction du sol il aperçut Tanaka, calcula sa trajectoire et recula. Prenant ainsi son élan il se mit à courir et traversa la fenêtre dans un fracas de bris de verre. Protégé par ses vêtements il ne se blessa pas et atterrit lourdement à moins d'un mètre de son ami. Se dépliant, il croisa le regard de ce dernier tandis que tous étaient abasourdit par la situation. Ce regard plein d'espoir, la libération, le renouveau de Tanaka... et pourtant rien.

- Arhhhhhhhg cria Kenichi tout en sortant sa lame de son fourreau avant même que les soldats encadrant ce travail forcé ne puissent réagir.

L'incompréhension, la peur, voilà ce qui transparaissait désormais des yeux de Tanaka. Son ami, pourquoi cette aggressivité.

- Qu'est-ce qu'il.... commença Tanaka avant de se faire couper la parole et trancher le torse de tout son long par la même occasion.

L'homme cracha du sang, de sa blessure il se vidait et ne put même pas parler, s'étouffant avec son hémoglobine. Sa dernière vision fut Kenichi, sabre à la main l'ayant tué. Son ancien supérieur qui ce jour-ci devenait son assassin. Pour le borgne, bien que stoïque une larme coulait seule de son oeil droit faisant un contraste impressionnant avec son visage qui ne trahissait nul émotion. Un déchirement, surement l'acte le plus difficile de sa vie entière. Un monde entier s'écroulait autour de lui.
Ses oreilles se bouchèrent, il entendit vaguement des hurlements des soldats surpris par l'attaque surprise qui souhaitaient l'appréhender. Il ne cherchait pas le combat, ni même le sang, il y en avait eu bien trop en cette triste journée.
Sans demander son reste il prit la fuite par la gauche. Les autres forcenés ramassèrent le corps sans vie de Tanaka, les yeux dans le vide et la peur figé sur le visage. Des quelques soldats présents aucun ne parvint à le rattraper, les grands jambes du samouraï lui permirent de prendre de longues foulées d'avance. Se dissimulant au croisement d'une ruelle derrière quelques grandes planches de bois défoncées, il attendit de ne plus entendre le moindre bruit de pas tandis qu'une larme coulait le long de sa joue. Il voulait se flageller, se seppuku même mais il ne le méritait même pas. Comment pouvait-il prétendre à cette fin noble alors qu'il venait de tuer un ami, de créer une famille orpheline d'un homme drôle, attachant et si dévoué ?

Le dégoût, la honte et plein d'autres de ces sentiments néfastes le hantait désormais. Il avait la gorge nouée, le ventre serré. Kenichi attendait, mais aurait préféré disparaître de la surface du monde cette fois-ci.
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Les deux voleurs vedettes du clan Namigasa étudiaient, du haut d'un grand bâtiment la fameuse demeure de la famille Kompéito. Ces fortunés avaient apportés leur pierre à l'édifice de la construction de Shimotsuki à leur échelle et de nombreuses histoires et légendes parlaient d'eux. L'une des plus connues, celle du vase de Kompéito parlait avant tout de l'un de leurs ancêtre, grand collectionneur et entrepreneur de talent. Pour sceller sa réussite, il fit créer une pièce spéciale pour agrandir sa collection. Un vase, issu des mains d'orfèvres de nombreux artisans de l'île et d'ailleurs. Une pièce unique, si belle qu'elle fut considérée comme l'une des plus grandes merveilles de Shimotsuki. Il trônait en plein centre du salon de la famille et resta là pendant quelques décennies avant qu'un homme, une pirate voleuse émérite prénommée "La pie" s'en saisissent et disparaisse avec.
Pourtant aujourd'hui il était à nouveau là, présent au sein de la demeure de cette famille. Une coïncidence improbable permis aux mafieux de découvrir cela, il y a peu. Un homme, Myokoryu était au centre de toute cette histoire. Les Namigasa et les Hanamori étaient au coude à coude, le premier réussissant son cambriolage prenant ainsi le pas sur l'autre.

Aki et Taka vérifiaient les points d'entrée, les points de sorties et tous les paramètres pour ne pas se louper. A vrai dire, à l'heure actuelle ils étaient les deux meilleurs voleurs de toute l'île. Leur tableau de chasse était impressionnant et ils n'avaient jamais loupé un coup. D'ailleurs ils n'étaient pas tendu, n'arboraient pas la moindre once de pression. Sûr d'eux, ils étaient en pleine conscience de leurs capacités. Leur méthode consistait à bien observer les lieux avant chaque casse. Ils paraissaient décontractés, légèrement "jemenfoutistes" mais en réalité ils travaillaient dur et cela payait en général.

A ce jour ils avaient le meilleur palmarès de tous les mafieux de l'île, ils étaient indétrônable et pourtant, ce coup là était une première pour eux. Le vase de Kompéito, un artefact dont la valeur les ferait passer dans une autre dimension. Ils en salivaient déjà. Leur Oyabun les avait prévenu, un autre homme était sur le coup. C'était à qui serait le premier, le plus efficace et le plus malin.

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