
Exact town. Après de multiples péripéties sur les îles et les mers, je me retrouvais sur Hat Island. Ma soif d'aventure avait diminué par rapport au début. Je me souviens encore de l'odeur du petit déjeuner le matin, mes amies, mes vêtements, bref l'aisance dans laquelle j'étais encrassée, me paraissais bien loin désormais, par rapport à la galère ambiante dans laquelle j'évoluais. J'aspirais à un minimum de bien-être un jour, afin d'être tranquille financièrement. Quelle idée avait bien pu me traverser l'esprit ? De temps à autre, j'usais de mes charmes pour convaincre d'être logé gratuitement, mais jamais, je n'usais de mon corps.
J'arrivais sur cette île ne sachant guère à quoi m'attendre. Le nom "Hat" me paraissait assez fashion. Je me disais que les habitants de cette île auraient un certain goût vestimentaire. Quelle fut ma déception de les voir habillés en cow-boys ? Je trouvais leurs looks hors du temps, et ils avaient tous des chapeaux assez moches. Mais je me gardais de leur faire savoir. Marché sur des routes de terre avec des talons dix centimètres n'était pas chose aisée, mais ma maîtrise dans ce domaine ne me posait aucune difficulté. Une fois arrivées en ville, les seules boutiques étaient des saloons. Ok, je sais boire, mais quand même. Après, cela pouvait me rapporter un peu d'argent si des concours d'alcool pointaient le bout de leurs nez.
Je me lançais d'un pas décidé à faire une entrée fracassante. Je pris un profond élan, et poussais doucement les portes qui se refermaient presque sur moi. Malgré cette entrée il y eut quelques visages qui me dévisagèrent de haut en bas. Je me dirigeais en direction du bar pour commander un whisky. J'étais friande de ce genre de breuvage. Whisky, bière, bref que des alcools d'hommes, mais je m'en fichais. Je me dirigeais vers le bar en bois. Quand on examinait la déco, tout était en bois. C'était simple, rustique, ça faisait paysan à mes yeux, mais faute de mieux, je n'avais pas le choix. Mes talons claquaient sur le parquet et apparemment ma robe assez courte faisait de l'effet. Bon sang, si je n'avais pas de soucis avant la fin de la journée, je serais chanceuse, surtout parmi ces nombreux hommes.
Une fois assise et les jambes croisées, je ne pus m'empêcher de voir un homme qui arrivait vers moi. Le genre de gros lourdauds qui se prenait pour un caïd. Je pris mon verre de whisky sans glaçon, et regardais cet homme. Il était assez grand avec un chapeau et des habits de cow-boys. Il portait une moustache, avait des mains fourrées dans les poches. Il avait quelques cicatrices au visage et mâché un étrange truc, qui le faisait saliver régulièrement. J'étais persuadée qu'il m'accosterait. Il me fixait du regard comme s'il venait de voir un morceau de viande sur une grille de barbecue. Il commanda un verre et me l'offrit. Dans un silence de plomb je le fixai et refusai poliment.
-Hé ben la gazelle, on ne veut pas faire plaisir à Butch? Tu sais tu devr...
-Ecoute mon grand je n'aime pas les gros lourds dans ton genre, donc t'es gentil pour le verre mais dégage.
Il me regardait avec des yeux assassins. S'il pouvait, il me liquiderait sur place mais je pense que mon charme devait opérer chez lui. La salive qui sortait de sa bouche en était un signe. Il contenait sa rage et d'une voix douce et calme me dit:
- Tu sais ma gazelle c'est pas bon de s'en prendre à Butch. Allez viens-la, viens faire un bisou à tonton.
Il me prit par le cou et me forçait à l'embrasser. Son haleine sentait l'alcool à 20.000 lieues et cette personne me degoutait au plus haut point. Il fallait que je me dégage de son emprise et quoi de mieux que de lui balancer un bon vieux coup de genou dans les parties intimes. Il se tordait de douleur et dans un souffle de douleur me menaçait, son gros doigt pointé sur moi :
-Alors là ma petite tu sais pas ce que tu viens de faire!