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Voir Parisse et mourir


Je n'ai jamais mis les pieds à Parisse avant, mais clairement il s'est passé quelque chose depuis la derniére fois que je suis tombé sur un dépliant du coin sur papier glacé. On dirait que Parisse ville lumière souffre d'une sacré panne de courant, ou plutôt d'un gros couvre feu. Même pas besoin d’être un ancien de la marine pour comprendre ce qui se trame ici, comme dirait Baker, la guerre, toujours la guerre. Et alors que j'avance le long des rails au rythme usant des couinements mécaniques de la manivelle de ma draisine, je n'ai qu'a lever la tête pour remarquer partout autour de moi les stigmates connues que laissent tous les grands et beaux conflits.
Maisons effondrées dont il ne reste que des murs noircies par les flammes, façades aux fenêtres aveugles, criblées d'impact de balles et aux vitres soufflés par les explosions. De loin en loin des barricades de fortunes sont dressés un peu partout, on a arrachés les panneaux indicateurs, transformés les espaces verts en bois de chauffe, on survit en se planquant dans les caves et seuls les militaires se baladent encore à l'extérieur pour autre chose que simplement chercher à survivre.
Tout le coin pue la mort qui rode, les francs tireurs embusqués, les tirs d'artillerie qui tonnent au petit matin et rasent un quartier de plus, les fusillades rapide sur les places publiques et les charrettes de cadavres vers les fosses communes.

Pour un peu je me croirais revenu a Saint Uréa a l'époque de la révolution. Je ne sais pas si c'est vraiment bon signe d'avoir des souvenirs nostalgique de ce genre de moment. Probablement qu'un psy aurait beaucoup à en dire...

La voix sur laquelle j'avance est étonnamment épargnée par les traces de la guerre civile en cours, pas de trous béants ouvert au milieu des rails, pas de trains renversés et de carcasses de locomotives incendiés, pas d'engins explosifs planqués dans les travées. J'ai l'impression que la voie est l'une des frontières qui délimite un no man's land entre les deux camps, et que ceux ci ont, comme souvent, décidés d'un commun accord que l’accès à l'extérieur était vital pour tout le monde, et qu'il valait mieux gaspiller des obus sur des objectifs moins universels. Dire qu'il y a toujours des gens qui pensent que la destruction est aveugle...

Les voies se multiplient et se resserrent et me voila en vue de la gare. Encore un bâtiment presque épargné, mais qui a visiblement été bien assiégé. Fini les grandes zones ouvertes et accueillantes, le coin est entourée de casemates couvertes de sacs de sables, les fenêtres sont murées et garnies de postes de tir d’où pointent des armes, et il n'est clairement plus question d'y poinçonner un billet.

Cessant de pomper je laisse la draisine ralentir lentement sur son erre et s'immobiliser dans le noir. Couvre feu ou pas je sens que le coin grouille d'humains planqués un peu partout. Reste a en trouver qui soient disposés a ne pas me tirer dessus à vue, et qui ait encore quelque chose à becter.

Sautant de mon engin j'avise une immeuble dont la façade effondrée laisse voir des caves maintenant à ciel ouvert, et un mur sur lequel s'agite les reflets d'une flamme lointaine. Quelqu'un la dessous est en train de cuisiner un truc. Je crois que j'arrive au bon moment.


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Je dors, paisiblement. Je rêve. Je rêve que je suis dans un endroit paisible, une petite maison avec un jardin dont les effluves florales me charment les narines. Je sens des fruits aussi. Et surtout, j'entends mon fils jouer dans l'herbe. Son rire remplit mon cœur, mon âme, ma vie. Je les entends, les pas qui arrivent derrière moi, mais je ne suis pas inquiète, au contraire. Une paire de bras d'homme m'entoure et me serre tendrement. Des lèvres charnues déposent un tendre baiser sur ma joue. Je me surprends à sourire. Je me tourne vers lui, je sens son visage se pencher vers le mien et …

Splash!

De l'eau. De l'eau glacée vient de m'asperger la figure. C'est horrible de tirer ainsi les gens de leur sommeil. Encore plus quand leur vie ressemble à un affreux cauchemar. Je peste, je jure, je maugrée, je grogne en me redressant. Pas assez vite au goût de mon geôlier que m'envoie son poing caleux s'écraser contre mon visage. J'ai la joue meurtrie, et j'ouvre grand ma bouche pour faire craquer ma mâchoire. Je me hâte donc de me mettre debout. Les gens ici ne me considèrent même pas comme un être humain. La preuve le collier en granit marin qui orne mon cou et m'écorche les chairs. L'homme tire sur une sorte de laisse reliée à cette entrave pour me contraindre à le suivre. Ca m'arrache une grimace de douleur alors j'obtempère. Il ne me parle pas. Pas besoin.

Comment suis-je tombée si bas?

C'est pas vraiment original en fait. Il y a un peu plus d'an de ça. Shoma, ses Immortels et moi, on a fait route vers le Nouveau Monde. Shabondy, puis l'île des Hommes-Poissons, où j'ai confié mon enfant à des amis que je ne pensais pas trouver là, mais, c'est une autre histoire. En enfin, la dernière moitié de Grand Line. Avec comme objectif de vaincre le Malvoulant. On ne pensait juste pas qu'on allait tomber sur lui aussi vite. Ce fut aussi rapide que brutal. Malgré le nom de notre flotte, beaucoup périrent. Et puis, vint le moment du choix. Sauver ma peau, ou sortir Mantle de ce mauvais pas. Je ne sais toujours pas pourquoi aujourd'hui, mais j'ai choisi mon capitaine. Grâce aux capacités de mn fruit du démon, je lui ai ménagé une porte de sortie que je l'empresse d'emprunter. C'est ainsi que je finis captive aux mains des pires scélérats que ce monde maudit ait enfanté. Ils se préparaient à me passer au fil de l'épée quand l'un d'entre eux percuta qui j'étais. Jeska Kamahlsson, ancienne soldate de la Marine, membre de feu l'équipage des Rhinos Storms, celui qui avait fait tomber Flist de Jaya.

Je fus donc menée devant le Malvoulant en personne. Et si, au début, il se demanda si c'était juste une blague de très mauvais goût. Il fut ensuite ravi d'apprendre qui j'étais. Flist, de tous ses subordonnés, était son favori. Depuis la reprise de Jaya par la Marine, l'Empereur rêvait secrètement de mettre la main sur Lilou B. Jacob, ou alors Oswald Jenkins afin de venger l'affront qu'on lui avait fait. Malheureusement, ces deux-là demeuraient introuvables. Et le reste de l'équipage avait eu des destins plus ou moins funestes. Il passa donc sa frustration sur ce qu'il avait sous la main. Moi, en l'occurrence. Il m'arracha les ailes, ainsi que de nombreux cris de douleur, et finalement, il finit par se lasser de me tourmenter. je fus donc envoyée à l'Asile pour y être suppliciée jusqu'à la fin de mes jours. Avec l'interdiction de me laisser mourir. Je fus donc amenée dans le pire endroit du monde.

Là bas, j'y retrouvais une vieille connaissance. Arturo. Comme quoi, les spectres de Jaya continuent de me hanter. Après ton, Shoma avait vaincu ce manchot avec mon aide, je lui avais même volé le fruit du démon qu'il se gardait au chaud. Bref, encore quelqu'un ravi de me voir. Lentement, entre les tortures, l'air vicié, les cris des autres suppliciés, je perdis lentement le compte des jours. Si au début j'eus l'orgueil d'essayer de mettre fin à mes jours en cessant de m'alimenter, je fus gavée comme une oie. Finalement, incapable de savoir si c'était le jour où la nuit, je finis par devenir comme un zombi. Incapable de penser. Je sentais mon propre esprit commencer à s'éroder. J'oubliais des choses, des lieux, des gens. A ce rythme, j'allais finir par devenir un corps sans âme, comme une coquille vide. Tout ce qui faisait de moi une personne allait disparaître! Ce fut le déclic pour moi. Je refusais d'abandonner. J'étais Jeska Kamahlsson! Je devais m'en souvenir! Ce fut long, mais je finis par reprendre pleinement conscience de moi-même. Seulement, j'étais toujours captive. Il me fallait absolument sortir. Je devais trouver un moyen. Alors, je feignit la soumission. Je devais jouer la fille brisée. Endormir leur méfiance. Et garder l'esprit bien ouvert, je devais trouver un moyen de leur fausser compagnie.

Ma chance finit par arriver. Arturo eut besoin de moi. Enfin de mon odorat de limier surtout. Me pensant docile, il me sortit de ma cellule et me fit prendre la mer direction Parisse. Apparemment, un autre échappé des geôles du Malvoulant s'y trouvait et le retrouver était devenu la priorité absolue.

De retour au jour présent. Mon gardien me mène à l'extérieur. Pour la première fois depuis longtemps, je peux respirer un autre air que celui de cet Asile ou de ma misérable cellule dans le navire qui m'avait amené là. Mais c'est trop risqué d'en profiter. Pour le moment, je dois encore jouer la comédie. L'endroit n'est guère joyeux, mais c'est toujours mieux que là d'où je viens. Ca sent les combats, la poudre, et aussi, la mort. Quel endroit charmant! J'entends la démarche d'Arturo s'approcher de moi. Il me colle un vieux bout de tissu sous le nez.

"Cherche!"

Je m'imprègne de l'odeur de cet homme. Et c'est alors que je réalise que c'est le moment. Rapide comme un serpent, je tire brusquement la chaine vers moi, le geôlier, un pauvre PNJ sans réelles capacités, ne s'y attend pas et lâche prise. Le temps de sourire au manchot, je disparais d'une soru. J'enchaîne les déplacements rapides. Il faut que je mette le plus de distance entre eux et moi. Filant comme dans la ville en ruines, je ne sais pas vraiment où je vais. Ailleurs. Oui, n'importe où mais plus aux mains de ces malades. Motivée par l'idée de ce qui m'attends si j'échoue, je redouble d'efforts. Quand soudain, une odeur rudement agréable me titille les narines. De la nourriture! Un vrai repas! Pas un de ces gruau infâmes qu'on ma forcé dans l'estomac depuis plus d'un an. Mon ventre se met alors à gargouiller et à obscurcir ma pensée. Il faut que je mange. Déjà parce que, vu mon état, je n'irai pas bien loin sans m'alimenter, mais surtout que j'ai faim. L'endroit est une sorte de vielle cave qui a été éventrée par des tirs d'artillerie. J'arrête ma course pour observer les environs. Un petit groupe de types fait cuire une sorte de pot au feu. Je salive comme jamais. L'odeur est si bonne. Je déglutis lentement, et j'ai déjà l'impression de goûter le plat. Cependant, mon odorat m'indique aussi la présence de poudre. Des soldats? Il y a un an, je me serais présentée comme une miséreuse et j'aurais essayé d'apitoyer ces homme pour un peu de nourriture. Mais, je ne suis plus cette personne. J'ai bien trop peur d'être recapturée pour me hasarder à la négociation. Silencieusement, je me glisse dans les ruines et je m'approche d'eux. Je déploie toute la force de ma volonté pour ne pas tout gâcher en allant trop vite. Pas à pas, je me rapproche à pas de loup. Puis, soudain, j'attaque. Là encore, pas un grande opposition, les cinq types gisent au sol, morts. Encore une fois, l'ancienne moi aurait fait preuve de clémence, mais je crois bien que j'ai laissé toute la foi que j'avais dans le genre humain aux mains du Malvoulant.

Cette fois, je peux enfin manger. Je prends une écuelle, que je remplis de bouillon, de légumes et d'un bout de viande. Je ramasse une cuiller et je prends un gros bout de carotte. Ouch! C'est chaud! Mais comme on dit sur South Blue, les vrais gourmands se brûlent toujours. Cette première bouchée, je la savoure, je la laisse m'emplir la bouche de ce petit goût sucré. C'est un plat bien basique en réalité, mais pour moi, c'est divin. Je sens que sous le coup de l'émotion, mes yeux débordent de larmes. Je suis libre, et jusqu'à la fin de mes jours, la Liberté aura goût de carotte!

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Dire qu'il y a des gens qui croient encore que la nature sauvage a le monopole de la cruauté et de la violence subite et brutale, qui parlent de l'enfer vert et de ses lois de survie cruelles, qui racontent l'horreur de coin comme l'archipel Vert ou Little Garden. Ceux la n'ont jamais mis les pieds dans un royaume déchirée par une guerre civile, ils n'ont jamais croisés des gens que la survie a transformés en fauves, et réduits a des extrémités qu'aucun animal n'accepterait. Ouais, quand il s'agit de survivre, l'homme est un animal qui n'a pas d'égal. Et que le marin qui n'a jamais bouffé un mousse après un naufrage me jette la première pierre.

En tout cas ce soir, je tombe sur quelqu'un qui a encore plus faim que moi, bien trop en tout cas pour s’embarrasser encore des encombrantes conventions humaines. Les pauvres types en train de cuisiner se font massacrer par surprise, éliminés sans même avoir le temps de brandir une arme pour se défendre et protéger leur bouffe, et probablement sans même comprendre ce qui leur tombe sur la gueule. Chouette soirée non ? Une minute on est la entre amis avec ses potes soldats, surveillant la cuisson d'un repas de fortune surement durement gagné ou volée a une famille de loqueteux, et la minute suivante on est étendu par terre, les yeux vides et se vidant de son sang sur la terre battue pendant que la bête humaine qui vous a tués bouffe tranquillement votre diner à votre place, sans même prendre le temps de vous ranger gentiment à l'écart.

Ce soir en ville, comme tous les soirs, c'est mangé ou être mangé.

Mais s'il y avait de la soupe pour cinq, il en reste probablement assez pour deux non ?

Attentif à ce que je perçois de la cave, ses hommes qui n'en finissent plus de mourir doucement et cette joie intense et étrangement pure que ressens celui qui vient de causer le carnage, je me glisse à mon tour dans les ruines de la bâtisse, sautant par la brèche béante dans le sol pour retomber deux étages plus bas, dans une cave enfumée que n'éclaire que le bidon incendié qui sert de foyer et de cuisine.

Réaction immédiate, la créature accroupie dans un coin de la pièce réagit avec une vivacité que j'associe le plus souvent à l'Empathie, sautant d'un bond dans les ténèbres d'un couloir à l’instant ou je touche le sol, non sans me laisser apercevoir suffisamment pour me faire une idée...

Une femme, un collier métallique de prisonnier du gouvernement, des larmes dans les yeux et une assiette à la main. Finalement avec ma semaine de poisson cru j'ai l'impression que j'ai quand même passé de bien meilleurs moments que certains. Et je n'ai clairement pas assez fin pour liquider n'importe qui pour un bol de ragout.

Levant une main devant moi, paume brandie vers les ténèbres dans un symbole aussi universel que possible, j'attends quelques secondes sans me recevoir de brique, de coup de feu, ou d'avertissement de danger imminent de mon mantra, et j'entreprends de me déplacer à pas comptés et lents vers la marmite en train de cuire.

-Du calme miss,je ne te veux aucun mal et je suis sur qu'on doit pouvoir partager sans avoir a rajouter de cadavres par terre... Hein ? Qu'est ce que t'en dis ?


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Je réponds à l'homme qui vient de tomber du ciel par une sorte de grognement. Je voulais prononcer un "Oui", mais ma voix, trop abimée à force d'avoir hurlé de douleur me semble comme étrangère. Cependant, je n'ose m'approcher et je laisse l'individu se servir et commencer son repas. Moi aussi je mange mon ragoût de mon coté. Restant à distance respectable pour fuir si jamais il s'avérait être une menace. Je ne suis pas à l'aise. En fait, je ne suis plus à l'aise. J'ai trop souffert. Malgré le fait que je ne le classe pas comme "hostile", je ne peux décemment pas prendre le risque. Après tout, il bosse peut-être pour Arturo ou le Malvoulant. Ou les deux, qu'en sais-je? C'est alors que ma gamelle se vide. Et que la faim n'est pas repue. Je suis alors déchirée entre le désir de m'alimenter et la crainte de cet homme. Lentement, je me glisse hors de ma cachette et m'approche du foyer. Partagée mon attirance pour la nourriture et la crainte que m'inspire cet être, plusieurs fois, je m'arrête, je fais un pas en arrière et j'attends. Il s'écoule bien un bon quart d'heure. Pendant ce temps, l'incongru m'observe. Il ne dit mot et se contente de manger et de m'observer.

Ce qu'il voit de moi est assez terrible. Mes longs cheveux noirs sont hirsutes, crasseux et fourchus. Mon visage est encore plus pâle qu'à l'accoutumée, zébré ça et là d'ecchymoses bleutées et vertes. Les joues creusées et des cernes indiquent clairement que j'ai manqué de de nourriture et de sommeil. Mes lèvres, jadis si fines ne sont maintenant qu'une espèce de gerçure striées de crevasses. Sur mon corps, les cicatrices, les bleus et la crasse forment un étrange motif qui serait presque artistique. Mes membres malingres se terminent par des mains aux doigts tordus à force d'être brisés et dépourvus d'ongles. Pour finir ma tenue, une sorte de guenille informe plus sale qu'une serpillère qui aurait servi à nettoyer un cuirassé, tellement usée que des trous béants laissent voir mes côtes et mes hanches décharnées. Enfin, un bandage me couvrait les yeux. D'ailleurs mon invité devait se demander comme je faisais pour me repérer le regard ainsi occulté.

C'est ainsi que moi, qui était jadis un être humain, m'approcher de Red qui lui aussi avait perdu de sa superbe, mais ça, à ce moment précis de l'histoire, je l'ignorais. Je me racle la gorge. J'essaie de parler, mais le seul son qui sorte est une espèce de gargouillis infâme. J'essaie de sourire avant que mes gerçures ne m'en dissuadent. Je me sers à nouveau du pot au feu et je m'assois pas trop loin de mon invité. Je perçois alors son odeur et je ne peux cacher une certaine stupéfaction. C'est exactement la même qu'Arturo m'a fait humer tout à l'heure! Cette fois-ci, j'arrive à articuler.

"Vous êtes l'homme que le Malvoulant cherche!"

Cette fois, c'est lui qui est surpris. Je comprends très bien pourquoi. Sans doute est-il inquiet. Comme moi il y a peu. Alors, je poursuis.

"Je me nomme Jeska Kamahlsson et je viens de fausse compagnie à ses sbires il n'y a une heure de ça à tout casser. Vous lui avez fait quoi au grand malade pour qu'il vous en veuille autant?"

J'essaie maladroitement de briser la glace. Qui que soit cet homme, il peut s'avérer être un allié! Car, après tout, on a un ennemi commun.

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Comme quoi dés qu'il y a assez de bouffe on arrive a ne pas s'entretuer, de quoi redonner foi en l’humanité non ? Non, probablement pas. Mais le Cipher Pol a bien raison d'enseigner que le meilleur poste pour s'infiltrer quelque part est d’être un bon cuisinier, un type qui a le ventre bien remplit n'a pas le cœur a se méfier de qui que ce soit. Et alors qu'on bâfre avec joie ce ragout infâme qui nous semble la meilleure nourriture du monde, l'ambiance se détend notablement malgré les cadavres à nos pieds.

En tout cas on fait une paire qui colle parfaitement dans le décor de fin d'époque qui nous entoure. Entre l'allure de la dame qui me rappelle la joie et la bonne humeur qui régnait dans les cellules d'Impel Down la dernière fois que j'y ai fait une tournée d'inspection, et ma gueule de naufragé revenu de tout, amaigri par une nourriture ni riche ni variée, manchot, la gueule couverte de plaques de sel séchées et complétement rougie et cuite par le soleil, la barbe hirsute, sale et taillée grossièrement au couteau et les lèvres gercées par le sel et les embruns.

Amusant de se dire que malgré notre mimétisme pour nous mettre au diapason de l'ambiance locale, nous ne sommes finalement ni l'un ni l'autre des produits de la débâcle Parissienne mais des purs touristes étrangers.

-Le Malvoulant hein ? Alors il est déjà au courant...

J'aurais aimé avoir un peu plus de temps mais je ne peux pas dire que ce soit vraiment une surprise. Qu'il me retrouve si vite oui. Cela dit, depuis un an, quel qu'ait été le résultat de notre affrontement pour lui, il a nécessairement eu le temps de se refaire une santé, et assez d'hommes et de navires à sa botte pour en dépêcher un sur chacune des iles ou j'aurais pu m'échouer, alors Parisse...

Parrise et Jeska Kamahlsson. Non ça ne me dit rien. Mais sur la route de tous les périls ou les réputations se font sur un coup de dés, mon absence d'un an ne me laisse pas beaucoup de connaissances encore utile au niveau des noms, a tous les coups je ne dois même pas pouvoir citer les quatre empereurs sans me tromper. Et si le nom de ma nouvelle compagne d'infortune ne me dit rien, le bandeau sur les yeux me donne au moins une indication utile. Si elle m'a vu arriver avec ça, c'est qu'elle doit disposer d'atouts intéréssants, voir de Haki intéressant. Et si ce collier autour de son cou s’avère être en granit...

-Je dirais que je suis passé plus prés que beaucoup d'autres de l'enterrer définitivement. Pas suffisant hélas, pas suffisant...

Tu dis que tu leur as échappé hein ? Alors ils sont tout proches, sur tes traces ? Fort ? Nombreux ?


D'une pensée je déploie mon mantra autour de moi. C'est comme se retrouver soudain projeté au dessus de la scène, une scène ou s'allument partout ou je porte mon regard, des étincelles brillantes qui sont autant de sources de vies qui nous entourent. Et parmi tous ceux la je me mets à chercher des pirates, un groupe d'esprits durs à la tache, coriaces, violents, focalisés sur mes traces...

La ! Tout prés de nous...

-Je vais devoir y aller. Si tu veux, je peux probablement te débarrasser de ça. Disons que ce sera un paiement pour la soupe et l'avertissement.

Et de la main je désigne le collier qui lui enserre le cou.


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Avant de poursuivre la discussion entre Red et moi. Revenons un peu en arrière dans le temps. Auprès d’Arturo et ses sbires. Ce dernier semble passablement contrarié de la fuite de l’aveugle. Le malheureux qui a laissé filer la captive git d’ailleurs non loin. Après tout le manchot adore s’amuser avec elle. Le Malvoulant aussi. Ce qui aurait normalement dû lui causer un certain stress. Pourtant il est détendu. D’un calme olympien, il fixe un petit bout de papier dans sa main qui tremble légèrement dans une direction. Un sourire mauvais déchire la face de ce pirate. Grâce à cette vive card, il pourra la trouver. Toujours. Et jamais elle ne pourra lui échapper. Guidant ses homme dans la cité en ruines, il imagine déjà quel sévices il va lui infliger...

Revenons maintenant au temps présent. Il me propose de me libérer de cet encombrant collier.

"Ce serait une riche idée!" acquiesce-je sans hésiter.

Je le laisse s’approcher de moi et user de ses talents pour me retirer mon entrave. Ce n’est que lorsque cette dernier tombe en cliquetant sur le sol que je réalise que la personne en face de moi prétend être passée tout près de vaincre le Malvoulant. J’ai du mal à le croire. Même Shoma, le type le plus costaud que j’aie connue s’est fait balayer. Je me garde bien de le lui faire remarquer. D’autant plus que cet homme ne s’était pas présenté alors que moi, si. Mais bon, nul besoin d’être copain comme cochon pour tisser une alliance de circonstance.

"Vous savez, monsieur. Le gros des gens qui m’ont amené ici ne sont pas des pointures. Mais il y a parmi eux deux types assez costauds. Le premier s’appelle Henry, c’est l’ancien quartier maître de Teach. Le second est un supernovae. Arturo. Avec Shoma, il nous avait donné du mal sur Jaya. Mais c’était dans une autre vie... cependant il reste une menace à sérieuse et son Haki de l’armement est bien supérieur au mien.

Je donne beaucoup d’informations sur les ennemis. Mais aussi sur moi. Parce que je me sens en sécurité. Oui. Certainement. Après tout, j’ai bien senti que ce type est au moins en aussi bon état que moi. Il lui manque même un bras ! C’est pour dire à quel point il n’est pas une menace. Mais c’est surtout par inadvertance. Je n’ai pas parlé depuis tellement longtemps ! Je n’avais pas le droit. Alors là, je me lâche sans doute un peu trop. D’ailleurs, je me sens tellement en confiance que je rajoute.

"Si je peux me permettre, il ne serait pas judicieux pour vous de partir sans moi. Après tout, vous êtes un infirme ! Mais ne vous inquiétez pas, même si je n’en ai pas l’air, je pourrais vous protéger des petites frappes sans problème. Par contre, si on tombe sur les deux poids lourds, faudra sans doute fuir, enfin, si ils nous en laissent le temps."

Je l’attrape délicatement mais fermement par sa main valide et je commence à le guider vers l’extérieur. Je n’ai aucun mal à me diriger dans la bâtisse en ruines, grâce à mon Echo Sonar Wave notamment. On progresse même à bon rythme. Seulement, une fois à la surface, je réalise que les hommes du Malvoulant sont bien plus proches que je l’espérais.

"Nom d’une biscotte ! Ils sont bien plus proches que je l’aurais cru. On ne pourra pas sortir sans qu’ils ne nous repèrent."

C’est alors que l’évidence me frappe, il y a un moyen.

"Je vais faire diversion. Il ne recherchent que moi pour le moment. Ils ne savent pas que je vous ai trouvé. Vous devez saisir cette chance et filer. Si vous avez vraiment failli occire ce salaud, alors votre vie a bien plus de valeur que la mienne."

Je ne lui laisse pas le temps de protester et je sors. Je ne provoque pas les hommes de Teach, afin qu’ils ne se doutent pas du subterfuge. Mais je me laisse volontairement repérer. Et très vite un jeu du chat et de la souris se met en place. Je fais de mon mieux pour les éloigner de Red. Malheureusement il ne me faut pas cinq minutes pour tomber sur une paire d’os.

Arturo et Henry.

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Visée, tension de l'index, pichenette dans l'air en direction de la miss, cling, la ferrure autour de son cou se fissure d'un coup sec, brisée net par mon shigan. Le rokushiki c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas, et j'ai finalement pas trop perdu la main...

-Shoma ? Tu étais dans l'équipage de Shoma ? Il y a combien de temps ? Tu étais à Navarone ?
-Je suis rentrée dans l'équipage plus tard...

Shoma... Voila un nom que je connais bien, une proie que j'ai longtemps traqué au Cipher Pol, un allié de fortune lors de l'attaque de Navarone, mais bien trop solitaire pour venir se mettre à quai sur Armada. Pas le genre a abandonner un membre de son équipage à l'ennemi non plus, ce qui signifie probablement que lui aussi n'a pas passé la déferlante du Nouveau Monde. Encore un nom a passer dans la colonne cadavre de mes listes de connaissance. Pas un que je pleurerai beaucoup évidemment, mais quand même, ça fait quelque chose.

Et voila que la demoiselle se met à me protéger ? Sympa. En tout cas nous voila bien, l'aveugle guidant le manchot dans les ruines de Parisse, on a tout ce qu'il faut pour faire un sujet parfait pour un tableau de Goya. Et alors qu'elle m'entraine dans les ruines je note malgré tout que si elle semble bénéficier de bien plus que la vue pour se diriger, niveau mantra elle manque encore un peu d'entrainement, ou d'envergure. Car quand elle m'abandonne pour filer jouer les appâts, elle ne capte que trop tard qu'elle se jette en fait tout droit dans une nasse.  

-Alors poupée, tu croyais que tu pouvais nous échapper comme ça ?

Dans l'avenue parcourue par les rails, et qui fait comme une longue  tranchée à travers la ville, de la mer jusqu’à la gare à quelques centaines de mètres de nous, des silhouettes se pressent autour des deux hommes surgis des ténèbres et qui viennent rajouter à l'absurde de la scéne en nous plongeant un peu plus en pleine cour des miracles. Franchement, un nain unijambiste et un autre manchot ? On frise le grotesque...

En tout cas leurs gueules ne me disent rien, mais entre le taré et sa main momifié à la ceinture, et le gnome en train de faire tourner son crochet en bavant avant de le jeter sur Jeska, il n'y a guère besoin de tergiverser. Et pendant que Jeska se prépare a affronter ses bourreaux pour me donner du temps, j'agis. Sifflant dans l'air comme un vrai boulet de canon, un pavé d'au moins cinq kilos tout frais extrait du sol vient frapper le gnome en plein milieu du front et l'envoie rouler en bas du talus du chemin de fer.

-Red !
-Henry? Ou alors tu es Arturo ?
-Je suis celui qui va ramener ta tête au Malvoulant !
-Je crois que j'ai déjà entendu cette ligne de dialogue...

Concentration. Je fermes les yeux une seconde, posé sur mes appuis, retrouvant les sensations que j'ai passé une vie à inculquer à mon corps à force de baston et de séances d'entrainements. Et rouvrant les yeux, je frappe dans le vide paume ouverte devant moi. Compressant l'air pour lâcher dans l'espace qui me sépare du pirate, une bourrasque dévastatrice apte à terrasser d'un seul coup tous ces minables..

Les rails s'arrachent du sol, les pirates s'effondrent comme autant de quilles, une façade de bâtiment s'effondre, et en face de moi, le type brandit une lame, fend l'air avec et ne bronche pas d'un pouce. Finalement j'ai peut être un peu perdu. Ou alors j'aurais du faire un flash back avant de taper...

Autour de nous quelques centaine de fusils se braquent sur nous.

-Vers la gare Jeska !

C'est le moment de se remettre au Tekkai.



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Vers la gare? Il en a de bonnes ce type! Elle est où cette satanée gare, hein?

"Dans quelle direction?" lui réponds-je en criant. Pas par colère, mais pour couvrir le bruit du bâtiment qui s'effondre.

Apparemment, le type en question peut très bien se protéger sans moi. Ce qui semble donner du poids à ce qu'il a dit auparavant, mais que je refuse toujours de croire. Quoique, j'ai bien entendu Arturo appeler cet homme Red. C'est bien ma veine! Je quitte un fou furieux pour un autre grand malade… enfin de ce qu'on m'a dit Parce que du peu que j'ai pu vivre avec lui, il ne me semble pas si mauvais bougre que ça. Seulement, si j'avais su, je ne me serais pas embêtée à essayer de me sacrifier pour lui. Mais en fait, je pense que mes gênes de Marine ne m'auraient pas permis de le laisser se mettre en danger seul. D'ailleurs, j'entends sa voix m'indiquer la direction à prendre pour fuir. Je n'hésite pas et je tourne les talons et file vers la gare. En fait, il me suffit de suivre la voie ferrée.

Les balles sifflent à mes oreilles alors je ne me fais pas prier, d'un soru je rejoins mon camarade. Il a de la chance qu'Arturo soit sûr de sa force et trop fier pour appeler Teach. Dans le cas contraire, on serait allé vers de gros soucis! Enfin, ce n'est pas le moment de perdre du temps. Il faut se dépêcher de filer avant de se faire tirer comme des lapins! Ma voix se fait plus rapide qu'à l'accoutumée.

"On utilise le geppou et le soru pour filer par les airs? Ils ne s'attendront pas à ça, ça peut nous faire gagner quelques précieuses secondes."

Sans attendre l'aval de mon partenaire en affaires, je file dans les airs. Je sais qui est Red, c'est une des crapules les plus connues des mers. Je connais donc son triste pédigrée. Mais aussi de quoi il est capable. Je suis donc certaine qu'il est en capacité de me suivre. Notre disparition soudaine ne manque pas de surprendre les forbans. J'entends leur stupéfaction. Mais, Arturo, encore lui, a vite fait de nous relocaliser. Heureusement pour nous, nous sommes à présent trop loin pour les fusils des pirates.

Mais pas pour ceux des Marines qui se servent de la gare comme d'un Quartier Général. "Halte-là!" entends-je de la part d'un soldat autoritaire. Je n'ai pas besoin de beaucoup plus pour savoir qu'on a affaire aux soldats de la mouette. Personne d'autre n'userait d'un langage si formel. Surtout en pareilles circonstances. A rebondir comme ça, à plusieurs mètres au dessus du sol, difficile de se faire passer pour d'innocents civils. Mon cerveau mouline aussi vite qu'il peut et sort la première chose qui traverse mon esprit.

"Laissez nous passer, je suis le Sergent Pandore de la 102ème d'élite et j'escorte le Colonel d'Elite Jakku Kattar. Nous avons été blessés par des pirates, laissez-nous rentrer, c'est un ordre!"

Un gros mensonge. Enorme même. Mais comme Red est souvent vêtu de rouge, sur un malentendu, ça pourrait passer!


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Jakku Kattar hein ? Celle la fallait l'oser. Parce que pour avoir déjà croisé le colonel de visu je suis tout a fait persuadé qu'il préférerait être mort que se présenter autrement qu'en grand uniforme devant des soldats. Même des soldats autre que ceux du gouvernement mondial.

Cela dit, l'important ce n'est pas tant nos identités que les balles qui sifflent à nos oreilles pendant que l'équipage d'arturo délivre un feu nourri sur la rangée de sac de sable derrière laquelle on vient de plonger à l'abri avec des soldats un peu désemparés et surpris par notre arrivée soudaine. Une attaque qui a le mérite de nous rendre tout a fait secondaire aux yeux des soldats qui ripostent dans le noir a l'aveuglette, pendant qu'autour de nous tout le monde sonne le branle bas de combat.

Pour peu qu'Arturo et ses sbires ne comprennent pas dans quel fourmilière ils ont mis le pied, et attaquer cette position pourrait bien leur couter sacrément cher, parce que quel soit ces soldats, ils ont l'air prêt à se battre pour leur bout de gare.

Faisant un signe de tête a Jeska, je l'invite à continuer vers l’arrière, et laissant la les types en train de tirailler nous nous avançons un peu plus loin dans les rangées de barricades de fortunes qui entourent la gare, jusqu’à tomber sur un type dont le calot et les épaulettes indiquent un grade mineur, pour l'instant fort occupé à hurler dans son den den pour couvrir le bruit des tirs.

-Lieutenant dites moi ce qui se passe !
-Pas la moindre idée monsieur ! Mais nous sommes attaqué par l'est !
-L'est ?! Par les voies ? Alors ces salopards de la RIP nous ont contournés ! A tous les coups ils essayent d'atteindre les prisonniers !
-C'est possible monsieur, je ne saurais dire. Pour l'instant c'est très confus !
-Tenez votre position lieutenant ! Et donnez moi une estimation des forces ennemies !
-Au moins trois cent types.
-Au moins trois cent hommes monsieur !

Une quintuple explosion ravage les positions extérieures pendant qu'une pluie de pavés, de terre, et de bouts humains divers en uniformes nous retombe sur le râble. J'ai l'impression que j'ai sous estimé la puissance de feu amené par Arturo.

-Et ils ont des canons de marine...
-Des canons de marine ?!
-C'est ça, vous devriez le dire à votre officier.
-Monsieur ?! Ils ont des...
-Vous m'avez dit trois cent hommes ?! Alors ce n'est pas une attaque, c'est une diversion ! Tenez bon de votre coté ! Nous allons immédiatement lancer une contre attaque préventive avant qu'ils ne nous tombent dessus !
-Mais monsieur ! Monsieur ?
-Il a raccroché hein ?
-Oui...
-Et ben bonne chance soldat.  
-Vous partez ?
-C'est pas notre guerre. Désolé.

L'officier sort son sabre et commence à rallier ses hommes. Dans la bâtisse une série de clairons se mettent à gueuler et à appeler les braves bidasses à se bouger le cul de leurs lits, choper leurs armes et aller percer le lard des braves bidasses d'en face. Sur la façade toute une série de projecteurs s'allument et illuminent la nuit, nous offrant une vue magnifique sur le nord de la gare, une immense place piétonne qui n'est plus qu'un vaste champ de ruines, de barbelés et de cratères d'obus, avec la bas, a moins ce cent mètres, le même réseau de défenses qui s'éveille aussi en comprenant que bordel c'est fois ça y est, c'est pour cette nuit !

Et pendant que dans les lointains les canons se mettent à tirer au hasard, que des fusées éclairantes repoussent la nuit, et que des cotés des centaines d'hommes a peine réveillés s'élancent vers l'ennemi en tirant et en hurlant. J'entraine Jeska à l'intérieur de la gare.

-Avec un peu de chance ça suffira a occuper tes potes, on va se chercher une autre sortie pendant que ça s'étripe.

Si tu étais avec Shoma, ou est ce que tu as appris le soru ?




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Apparemment, plus la couleuvre et grosse, plus facilement on la gobe. Tant mieux! Je n'ai pas envie d'avoir à me battre avec les gens devant moi tandis que ceux derrière veulent aussi ma peau. Puis, ça se met à tirer dans tout les sens. Apparemment l'ennemi de mon ennemi est mon ami. Ce gens, que j'ai supposé en premier lieu être des soldats de la Marine, sont nos alliés providentiels contre Arturo et sa clique. Red lui, y voit une opportunité de filer à l'anglaise au nez et à la barbe de nos poursuivants. Soudain, il m'amène à l'écart, dans le bâtiment. Le hall de gare et grand, et devait être magnifique avant que la guerre ne le ravage. Bien que je n'en sache pas grand chose, hormis que mes pieds foulent un sol en marbre massif. Ce qui me laisse a penser que l'endroit était richement décoré. Après tout, on ne met pas tout le budget de sa maison dans les planchers, non? Bref, je divague. Mon camarade, une fois loin des combats me confie son plan. On les laisse se tuer entre eux. C'est moralement discutable, mais stratégiquement judicieux. C'est là que je réalise que le type en face de moi n'est pas un enfant de cœur. Qu'il utilisera tous les moyens à sa disposition pour accomplir ses objectifs. Je me demande alors combien de temps il va se passer avant qu'il ne m'abandonne. L'abandon, c'est un peu l'histoire de ma vie. Mes parents, mon mentor, mes amis de l'Académie, Salem, les Rhinos Storms, Phoenix, Shoma... pour ne citer qu'eux. Finalement, Red pourrait tout à fait être un homme parmi tant d'autres. Pourtant, paradoxalement, il aurait largement pu fuir plutôt que de sauver ma couenne. Il aurait même dû. Et d'un autre coté, tous les hommes en lesquels j'ai cru m'ont d'abord subjugué avant de laisser tomber. Argh! Je ne sais pas ce que je dois faire! Puis soudain, une question. Une question des plus logique. Comment conciliais-je des connaissances sur le rokushiki et mon appartenance à un équipage de pirates.

"J'ai été Marine avant." réponds-je simplement.

Je n'ai aucun besoin de lui mentir. Si on reste ensemble, il l'apprendra tôt ou tard. Alors autant que ce soit maintenant et de ma bouche plutôt qu'à un moment où ça pourrait me porter encore plus préjudice. Faisant comme si ma vie passée n'était qu'accessoire, je passe à la préoccupation la plus urgente. Fuir l'endroit avant qu'Arturo n'arrive. Et marcher sur ce sol dallé de marbre m'avait appris quelque chose.

"Il y a un tunnel d'évacuation des eux usées qui passe sous nos pieds. L'entrée est pas loin. On peut l'emprunter. Mais avant..."

Mon nez ne me trompe pas. Je sens l'odeur de la poudre à canon. Je guide mon compagnon vers l'arsenal de nos hôtes. Et il me vient une idée démoniaque. Et je crois qu'il comprend ou je veux en venir aussi. On déplace quatre barils vers la bouche d'égout. Ils sont un peu gros, mais, on arrive quand même à les y faire passer. On démonte un pistolet et on récupère du fil. Un système bête mais efficace. Quand nos poursuivants déplaceront la plaque en bronze, ils tireront sur le fil qui actionnera le mécanisme du pistolet qui finira par faire exploser la poudre.

Une fois notre piège posé, on fuit par le conduits d'évacuations. Ils sont assez larges pour qu'on puisse se tenir debout sans problème. Par contre, l'odeur y est pestilentielle. Il y fait sombre aussi, mais moi, ça ne me pose aucun problème, mais j'espère que mon ami à pris de quoi s'éclairer.

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-Marine hein ? Et Shoma t'as pris dans son équipage ? Étonnant, j'aurais juré qu'il était plutôt du genre a massacrer sauvagement tous les déserteurs. En tout cas ça nous fait un point commun, j'ai passé un moment sous l'uniforme aussi. Dans une autre vie.

Je suis Jeska dans les tunnels qui s'ouvrent sous la gare. Assez à l'aise grâce au Haki pour suivre l'aveugle et me diriger sans faillir dans les ténèbres. Et qu'est ce que la pénombre des tunnels d'entretien quand on a déjà plongé dans celle du plus noir de tous les fruits ? Je marche sans mal et pourtant je m’arrête. Et sentant ma pause, Jeska fait de même devant moi.

-Cette odeur, c'est curieux. Ça ne pue pas les égouts négligés par la guerre, ça sent l'humain, la maladie, la promiscuité et la mort. Il y a des gens dans le coin...

Déployant mon haki je m’imprègne des lieux, me projette dans les tunnels, dans la gare. Je peux presque voir les hommes qui se battent la haut, la marée de soldats qui jaillit de la gare pour aller s'empoigner a coups de sabres et baïonnettes avec ceux d'en face, je sens les pirates sur le flanc, l'équipage d'Arturo qui terminent d'assaillir les barricades, achevant au couteau leurs adversaires avant de se glisser comme des ombres sur nos traces, et je sens surtout une misère humaine bien plus ordinaire et sordide, empilée sous la gare comme des sardines dans un baril de sel. Évidemment, en temps de guerre civile, qui dit garnison dit prisonniers. Et au delà des combats de la surface, nous nous trouvons visiblement à deux pas de ce qui doit tenir lieu de prison politique a la bande de joyeux traine sabre de ce coté la de la ville.

A deux pas, et guère plus d'un unique mur un peu épais.

Je me tourne vers le mur le plus proche, l'effleurant pour en éprouver le contact, l'épaisseur, la résistance. Et je frappe, plaquant ma paume contre la pierre pour y délivrer une onde de choc qui s'y propage comme les ondes laissés dans l'eau par la chute d'une pierre. Et une seconde plus tard, tout s'effondre, le mortier s'effrite comme s'il n'était plus que sable, la pierre se brise et se morcèle, et de l'autre coté, la poussière se dissipe en retombant sur tout ce qu'on peut rassembler de misère humaine.

Des centaines de gens entassés dans des salles souterraines voutées et bardés de grilles de fer, des miséreux, affamés, aux visages amaigris, aux regards aveugles, aux corps blessés, meurtris et torturés. Des miséreux qui relèvent la tête quand le mur s'effondre pour nous laisser la place. Et dont les regards se font soudain plus durs, plus acérés, plus avides.

Et c'est encore a saint Uréa que je me retrouve. Abandonnant Anastasia en prison, quittant les lieux en laissant derriére moi dans les geôles un millier de types promis à la corde et qui me prenaient pour un frère d'armes. C'est dur de vieillir, on vit dans le passé et tout se répète sans cesse...

Dans le couloir au delà de notre cellule une poignée de gardes déboulent, attirés par le bruit, et d'une série de shigan je troue les pauvres types de l'escouade, avant d'arracher du mur la grille qui nous sépare des corps.

-Je crois que je n'ai pas envie de fuir finalement. Je suis sur que les soldats la haut ont tout ce qu'il faut pour nourrir tout le monde ici.

D'un coup de poing je défonce et arrache de ses gonds une autre grille, puis la suivante. Hésitant d'abord puis de plus en plus décidés, les pauvres hères autour de nous se glissent dehors, achèvent un soldat, s'emparent des armes.

Et quand le piège laissé par Jeska se déclenche et qu'une terrible explosion secoue tout le bâtiment, éventrant le sol de la gare sur toute la longueur d'un quai et pulvérisant les rares verrières encore intactes, et nous ouvrant une brèche béante vers le hall de la gare, l’atmosphère autour de nous n'es plus que haine et envie de vengeance.

Encore une fois. ça m'avait manqué.


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En effet, après avoir passé un an dans un endroit oublié de Dieu, moi aussi je trouve que ces égouts sentent presque bon. Cependant, d'un autre côté, j'ai senti tellement d'horreurs à l'Asile, que je n'avais pas vraiment fait attention. Il faut que ce soit Red qui me le fasse remarquer pour que je comprenne que non, si je ne suis pas incommodée par l'odeur ici-bas, ce n'est pas que mon nez s'est habituée aux odeurs méphitiques, mais bien que le fumet de l'endroit est inhabituel.

J'observe alors mon compagnon d'infortune faire. C'est une drôle de technique dont il dispose. Mais ma stupéfaction face aux pouvoirs de Red n'est rien comparé à ce que le mur dissimulait. Des gens. Des hommes, des femmes, et même des enfants. Dans un état de délabrement alarmant. Jusqu'à présent, en tant qu'aveugle, je n'avais jamais trop compris le concept du miroir. Mais, là, je me retrouve comme face à moi-même. Face à ma propre souffrance. Je défaille d'abord. Le choc est violent. Je manque de tomber. Mon année de calvaire me revient en plein visage, de façon si rapide et si intense que, l'espace d'un instant, je crains de ne pouvoir tenir le coup.

Pourtant, je suis là, debout, un peu cruche à mon avis, à coté de Red qui occis les gardes à distance avec une variante du shigan qui me laisse à penser que j'ai bien des progrès à faire en matière de rokushiki. Il faudra que je pense à lui demander de m'aider à me perfectionner, d'ailleurs. Il est fort probable qu'il refuse, mais, je ne le saurai pas si je ne le demande pas. C'est alors que je réalise que je pleure. Des gouttes salées perlent sur mes joues et mes poings se serrent. Je suis en colère. Non. C'est pire que ça. Je suis ivre de rage. Oui c'est ça. Furieuse, au point d'en perdre la raison. Comment peut-on faire ça à ses semblables? A des enfants? J'ai envie de les venger, et de me venger aussi par la même occasion. Je suis donc le mouvement de foule initié par Rossignol.

Puis l'explosion. Et voilà que les bourreaux du dessus se retrouvent avec les victimes du bas. Les soldats de la base, aux prises avec les hommes d'Arturo, soudainement précipités au milieu des détenus. Dont certains sont armés. Dans une espèce du mugissement bestial, les prisonniers se jettent à corps perdu dans la bataille, la rendant encore plus confuse. Et les pirates, ne sachant pas si ces types étaient amis ou ennemis, décident, par précaution, des les considérer comme ennemis. Dans cette danse à trois où, finalement, tout le monde est adversaire, le combat devient boucherie. Je ne sais pas pour Red, mais je pense que notre intérêt et de profiter du chaos et de filer en catimini. Seulement, je ne suis plus lucide. Ivre de rage, c'est bien ce que j'ai dit plus tôt. Je sens mon sang s'échauffer dans mes veines. Il tambourine contre mes tempes. Un bruit sourd, mais entêtant.

Et je me jette dans la mêlée.

J'élimine mes premiers ennemis à mains nues. Béni soit le shigan! Mais, très vite, je me saisis d'une lame sur un cadavre, et là, je laisse libre cours à ma haine. Lorsque j'étais encore dans la Marine, je me battais de façon assez scolaire, protocolaire pourrait-on même dire. Là, tout est différent. J'étripe. J'égorge comme la pire des bêtes. Et encore que non. Parce que les animaux, eux, ne tuent que par nécessité. Jamais par cruauté. Quant à moi, je devrais me sentir choquée de faire preuve de tant de sauvagerie. Et bien non! Rien. Rien de rien. Rien. Je ne ressens rien. Ni le bien. Ni le mal. Tout ça m'est bien égal. Je tue comme un fonctionnaire remplirait des formulaires. Sans même la satisfaction du travail bien fait. Je fends les rangs ennemis, laissant derrière moi un sillon de sang et de viscères. Je file droit vers l'odeur du manchot. Pas Red, l'autre. Celui qui m'a torturé pendant presque un an. Arturo. Mais il n'est pas seul. il y a Henry avec lui.

Dans mon état normal, j'aurais sans doute fui. Mais là, je dois bien l'avouer, je ne suis plus du tout moi-même. Lentement, j'arrive devant eux alors qu'ils éliminent quelques prisonniers. J'entends les deux pirates dire quelque chose. Mais je m'en fiche. Je veux juste me battre. C'est pourquoi je me jette tête baissée dans un deux contre une qui pourrait m'être fatal.


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Dans le hall de la gare que la guerre civile a transformé en caserne et en prison, se livre un affrontement aussi confus que furieux. Pris a revers par cette attaque venue de l'intérieur, marée de prisonniers hirsutes, hurlants et revanchards, les soldats déjà partagés entre l'attaque sur les positions d'en face et la percée brutale des hommes d'Arturo se retrouvent complétements perdus et submergés. La tuerie prend de l'ampleur pendant que le sang coule dans la gare et que les corps s'entassent autour de nous. Des prisonniers s'emparent de baïonnettes entassées en fagot et se jettent sur des soldats encore en train de se lever de leurs couchettes pour les poignarder sauvagement à mort. Un officier descend d'un coup de pistolet une femme qui tente de le lacérer de ses ongles avant de se faire ensevelir et massacrer a coups de poings et d'objets divers par une dizaine de furieux. Les soldats qui depuis les postes de tir, couvrent leurs camarades qui s'étripent devant la gare sont alpagués par derriére par des mains vengeresses, égorgés, étripés, privés de leurs armes et balancés à l'extérieur. Et même les pirates hésitent soudain devant la horde dépenaillée jaillie des prisons.

Pas longtemps évidemment. Mais alors que l'instant de flottement causée par la surprise se dissipe, Jeska surgit des rangs en semant la mort partout ou elle passe, avec brio, avec sauvagerie, avec une rage aveugle et une méthode ou je reconnais malgré tout la marque et la concision élégante et la façon terriblement mortelle de bouger du rokushiki. Celle la n'a pas été que soldat dans la marine mais probablement bien plus haut dans la hiérarchie... Et dans la transe omnisciente que m'offre le haki, je me demande brièvement ce qui l'a amené la.

Une histoire a creuser probablement, bientôt, un jour, une fois que nous aurons achevé la tache du jour, tuer, tuer et tuer encore et nous couvrir une fois de plus du sang de nos nouveaux ennemis.    

Suivant la danse meurtrière de ma partenaire je me plonge moi aussi dans le carnage, je suis loin de ma meilleure forme, mais quelle différence ici ? Comparé à mes talents, même diminués, les soldats et les pirates locaux ne sont que des moutons qu'on mène à l'abattoir, et les abattre n'est guère que fastidieux et répétitif. Je me déplace si vite que la plupart ne me voient qu'au moment ou je plante ma lame dans leurs gorges ou leurs ventres offerts, qu moment ou mon sabre leur décolle la tête, tranche leurs membres, répand leurs viscères fumantes sur le sol. C'est un travail glissant, salissant, ingrat...

Le hurlement de rage et de douleur de Jeska me détourne du type qui s'accroche à mon poignet en gémissant pendant que je dégage ma lame. La bas, la miss vient de retrouver des pirates qui lui tiennent à cœur, mais alors qu'elle s'empoigne avec Arturo, le nain que mon pavé n'a visiblement qu'éborgné vient de lui enserrer la gorge d'une chaine de fer, et entreprend maintenant de la maintenir pour l’offrir a son patron...

Jetant mon sabre sur le nabot pour le distraire un instant, je me jette a mon tour dans la mêlée. Empoignant la chaine d'une main noircie par le Haki pour en broyer les maillons et libérer Jeska et envoyant le crochet qui en nanti le bout se planter vilainement dans le gras du nabot avant de m'interposer pour faire face a l'assaut d'Arturo.

Arturo.

Il est rapide, il est teigneux, il est décidé a m'abattre. Et quand son couteau se brise en me frappant en plein cœur, son acier incapable de lutter entre nos deux hakis, le sixième sens me révèle aussi tout ce que j'ai a savoir de sa puissance.

Je me demande depuis combien de temps ce genre de terreurs m'est devenu si indifférente. Depuis Toji ? Tahar ? Greed ? Drake ? Tetsuda ? Kenora ? Quelle importance. Je serais manchot que nous ne jouirons quand même pas dans la même cour. Mais les gars comme Arturo ne comprennent ça qu'en allant rejoindre les innombrables cadavres qui tapissent les océans sans jamais avoir touché du doigt l’objectif qu'ils étaient sur d'atteindre.

Les gars comme Arturo ?

Je me demande jusqu’à quel point je suis l'Arturo de Teach...

Arturo dégaine une nouvelle arme et attaque encore, incapable de se rendre compte du fossé qui nous sépare, incapable de réaliser qu'il a déjà perdu. Il attaque encore quand je lui fait sauter son arme des mains, il hurle des insultes quand je lui brise le poignet puis le bras, puis il se tait quand mon poing lui défonce la mâchoire avant de lui enfoncer la poitrine.

Je ne sais pas pourquoi Shoma a laissé ce type en vie. Probablement pour prouver qu'il ne le craignait pas. Qu'il l'avait vaincu une fois et pouvait le refaire. Une bravade de pirate.

Je n'ai pas cette prétention ou cette envie de faire mes preuves. Moi mes ennemis, je les tue.


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Je suis surprise. Surprise car malgré tout ce qu'ils m'ont fait subir, ils arrivent encore à me faire mal. La chaine d'Henry m'entrave et m'asphyxie tandis qu'Arturo en profite pour m'envoyer un coup en traître sur une vieille blessure. Ce qui est d'autant plus facile pour le supernova que c'est lui qui me l'a infligée, cette blessure. Je crie, malgré moi. Je ne voulais pas leur donner ce plaisir. Pourtant, j'entends le rictus de mon tortionnaire. Il jubile. Derrière aussi, ça rigole. Ce satané nain. Même avec les miettes de moi qu'Arturo lui laissera, il trouvera quand même moyen d'assouvir ses perversions. J'en suis persuadée. Mais je refuse de me soumettre. Je me débats, je hurle, je griffe dans le vide. Puis soudain, je sens la prise du nabot faiblir. Ce mouvement, cette odeur, c'est Red. Je lui dois une fière chandelle. Instinctivement, comme de vieux compagnons d'armes, chacun prend un adversaire. Lui s'occupe du manchot et moi d'Henry. Je n'ai pas le temps de m'ébahir de cette complicité presqu'innée qui se met en place entre nous. Il me faut agir, et vite.

Je ne laisse par le temps à mon adversaire de réagir et je lui envoie mon genou droit lui embrasser le menton. Dans un crissement de dents et d'os, je le sens décoller du sol. Je l'entends retomber lourdement sur le sol de marbre. Immédiatement, je me jette sur lui et je fais pleuvoir les coups de poing sur sa face grasse et ronde. Il couine comme un porc. C'est assez dérangeant, mais ça ne me calme pas pour autant. Par contre, le bout de marbre qu'il m'écrase sur la tempe y arrive très bien. Sonnée, il en profite pour me faire basculer sur le dos et reprendre le dessus. Un, deux, trois autres coups viennent me fendre le crâne. Je saigne, abondamment. Et je sens qu'il prépare un dernier coup, plus fort que les autres. Dans un mouvement désespéré, j'essaie de le repousser. C'est alors que je me saisis du crochet, son crochet. Celui que Red a retourné contre lui. Et je tire d'un coup sec. La douleur lui arrache un cri strident. Et une insulte sur ma mère aussi. Cependant, ça me donne l'opportunité le repousser et de m'éloigner un peu pour reprendre mes esprits. Et j'ai bien l'impression qu'en face, il fait la même chose.

En temps normal, je pense que je n'aurais pas eu de mal à me débarrasser de ce genre d'adversaire, mais là, dans mon état, il va falloir que je fasse vite. Car je risque de manquer de jus si jamais le combat dure trop. Ce qui tournera inévitablement en faveur de mon opposant. Heureusement, je dispose d'un arsenal de capacités pour me donner l'avantage. Je pense d'abord au poison que je peux produire grâce à mon fruit du démon, mais je ne sais pas trop pourquoi, je suis en panne sèche. Alors je disparais de la vue d'Henry afin de passer dans son dos. Le Rokushiki, c'est très pratique pour expédier un combat qu'on ne souhaite pas voir traîner. Seulement, quelle n'est pas ma surprise quand mon shigan ne rencontre aucune résistance. J'ai loupé mon coup? Je suis assez surprise. Pas assez cependant pour ne pas sentir le contre sournois que me réserve mon ennemi. Et au bout d'une série d'une bonne dizaine de parades/esquive, je réalise que, d'une façon ou d'une autre, ce satané nain dispose d'une capacité similaire à la mienne.

J'aurais pu en être contrariée, pu pire, décontenancée. Mais au contraire, une sorte de sourire carnassier déchire mes traits d'ordinaire si fins. Je sais exactement comme l'avoir. En fait, j'ai plein de possibilités. Par exemple, je pourrais aller tellement plus vite que lui n'aurait pas le temps de réagir. Seulement, dans mon état actuel, c'est peu probable que j'y parvienne. Mais il me reste la surprise. Alors je le laisse venir me frapper. Puis, au dernier moment, j'use du tekkai et du haki de l'armement. Le choc pour lui est rude. Je sens les os de ses phalanges se briser contre moi. J'imagine sa tête stupéfaite. Maintenant pris au dépourvu, c'est moi qui jubile. D'un mouvement ultra rapide, je lui plante son crochet dans l'entre-jambes. J'entends sa douleur. Et je m'en repais. Je la savoure. D'un mouvement sec du poignet, je laboure encore plus profondément sa virilité. Puis ma main gauche le saisit par le col et je le soulève bien haut, avant de l'abattre avec force sur le dallage en marbre.

Une fois.

Deux fois.

J'entends son crâne qui se fend comme un gros œuf.

Et de trois!

Puis quatre!

Sa tête ne fait plus le même bruit. On est passé d'un "poc!" à un "splouitch!" d'éponge mouillée.

Pour le cinquième coup, je bondis dans les airs et dans un mugissement de bête sauvage je finis par abattre le malheureux (sans doute déjà mort d'ailleurs) sur le sol dans un bruit qui me rappelle fortement celui d'une fiente qui s'écrase au sol. Sauf que j'ai oublié que la merde, ça éclabousse. Je me retrouve donc avec des restes d'Henry sur le corps, dans les cheveux, sur le visage, et même dans la bouche.

"Peuh!" Je crache par terre un bout de cette ordure en faisant la grimace. "Je savais que c'était une merde, mais pas qu'il en aurait le goût, beurk!"

Quant à la bataille qui se passe autour de nous, il semble que ce soit la fin. Les derniers tortionnaires se font balayer par l'effort combiné des gars de l'extérieur et de l'intérieur. Puis un drôle de silence se fait. Les types s'éloignent de nous. Il faut dire qu'après ma prestation de furie, je ne les comprend que trop bien. Je les entends. Ils chuchotent. Ils se demandent qui ont est. Si on est des amis, des ennemis. Ils nous craignent. Ils nous ont vu à l'œuvre après tout. Ils se demandent s'il vaut pas mieux pour eux de se débarrasser de nous. Quelle bande d'ingrats! Mon poing se serre et une nouvelle envie de meurtre m'envahit. Vraiment, les humains… quelle engeance pitoyable! Sans m'en rendre compte, je me suis mise à avancer vers eux. Et j'entends les fusilleurs me mettre en joue.

"Sérieusement?" lance-je avec défi.

La situation est sur le point de déraper.

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On s'écarte avec crainte et méfiance d'une Jeska couverte de sang qui tourne comme une bête fauve en cage, prête à sauter à la gorge du monde entier. Autour de nous les soldats du coin sont morts ou en train de le faire, et les nouveaux arrivant qui arrivent aux brèches dans le mur après avoir traversé le no man's land ne comprennent visiblement pas le tableau, et pourquoi leurs ennemis baignent déjà dans leur sang au milieu de leur baraquement alors qu'une horde de gueux crasseux les menace de leurs armes.

Jeska peste et deux murs de fusils se lèvent de part et d'autres de la pirate. Par acquis de conscience je tente une nouvelle fois de faire appel a mon pouvoir disparu. Encore un fois en vain, le fruit des ténèbres continue a me planter dans le dos et a me priver de ses dons. Alors quoi ? Il faut renégocier le pacte avec le démon ? En tout cas une fois de plus, ça manque...

Je m'avance entre les deux rangées de types en arme, posant une main protectrice sur l'épaule de Jeska pour lui éviter de charger dans le tas. Avant de fixer les nouveau arrivants.

-Vous êtes qui vous ?
-Quatrième brigade de la RPP !  
-RPP ?
-La République Populaire de Parisse. Les gris, les chiens de la révolution.

La réponse vient de derriére moi, des prisonniers. D'un geste de la main je montre un des cadavres, dont l'uniforme me semble tout aussi gris que celui des trouffions en face de nous. Il  doit y avoir un sacré paquet de tirs amis dans les ruelles sombres de Parisse.

-Et eux ?
-Eux c'est le RIP, la République Internationale de Parisse, les chiens du GM !
-Et vous ?
-Nous on est personne. Personne et tous les autres, ceux qui n'ont pas de camp et qui s'en foutent de savoir si c'est un camp ou l'autre qui nous tue.

Retour au militaire républicain dont les hommes se font de plus en plus pressant devant les murs, et dont les fusils se font nerveux et tremblotants pendant que les doigts se rapprochent des gâchettes.

-Tirez vous d'ici.
-Nous venons prendre possession de cette gare au non de la  République Populaire de Parisse !
-Non. Cette gare est nous.  
-Vous ? Et c'est qui vous ?
-Quelle importance. Faites demi tour, retournez à vos tranchées, vous pouvez même dire que vous avez gagné. Mais ici, maintenant c'est à nous.
-Épaulez !

PARTEZ !


La violence du haki frappe la ligne humaine comme le ferait la déflagration d'une batterie d'artillerie. Sous le coup de fouet mental les hommes trébuchent, s'effondrent, reculent, soudain frappés d'une incompréhensible et prégnante terreur

PARTEZ !


Un homme s'effondre, du sang lui coulant du nez et des oreilles, un autre le suit, et quand l'officier lâche soudain son arme pour tourner les talons, c'est toute la troupe qui se replie en désordre, fuyant ventre à terre à travers les décombres de la place et les restes des fortifications de la gare.

-Qu'est ce que vous leur avez fait ?!
-Peur.

La bataille est finie et le reste n'est que routine. Achever les blessés ennemis, soigner les nôtres, rassembler le butin et compter les troupes avant de s'assurer que la gare est bien sous notre unique contrôle.

Et pendant que je m'occupe de ses gens que je ne connais que trop, je me demande ou Arturo a amarré son navire. Et s'il n'y aurait pas dans le coin un quartier des officiers un peu mieux pourvu en bain que les dortoirs de la troupe...


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